"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mardi 29 décembre 2009

Le Conseil constitutionnel annule la taxe carbone


Le Conseil constitutionnel a annoncé avoir annulé la taxe carbone qui devait entrer en vigueur le 1er janvier 2010, estimant que la loi crée trop d'exemptions, ce qui est "contraire à l'objectif de lutte contre le réchauffement climatique" et crée une inégalité face à l'impôt.

"Moins de la moitié des émissions de gaz à effet de serre aurait été soumise à la contribution carbone", en raison de ces multiples exemptions, selon les sages du Palais Royal.

Ainsi, relèvent-ils, "étaient totalement exonérées de contribution carbone les émissions des centrales thermiques produisant de l'électricité, les émissions des 1.018 sites industriels les plus polluants" (raffineries, cimenteries, cokeries...), "les émissions du transport aérien et celles du transport public routier de voyageurs".

"Ces exemptions auraient conduit à ce que 93 % des émissions d'origine industrielle, hors carburant, soient exonérées de contribution carbone". La taxe aurait donc "porté essentiellement sur les carburants et les produits de chauffage qui ne sont que l'une des sources d'émission de dioxyde de carbone".

Je ne peux que me réjouir, à titre personnel, de cette décision qui ne remet, bien évidemment, pas en cause le principe d'une taxe carbone que j'approuve, mais qui censure l'ensemble du régime (que j'avais dénoncé le 28 Août 2009 sur ce blog) relatif à cette contribution qui n'était qu'une application dévoyée et clientéliste d'une idée qui ailleurs a fais ses preuves. Espérons maintenant que lors du conseil des ministres du 20 janvier, François Fillon, présentera enfin un dispositif de taxe carbone, digne de ce nom, qui tienne "pleinement compte des observations du Conseil constitutionnel" et soit en accord avec les recommandations des écologistes pour permettre une réelle modification des comportements carbonés de toutes les composantes de notre société et non plus uniquement ceux des particuliers. Le débat est donc relancé et nous verrons bien si Mr S s'est vraiment et sincèrement attaché une conscience verte qui lui donne la volonté de faire passer l'intérêt climatique avant celui des capitalistes.

La balle est maintenant dans le camp du gouvernement, mais c'est à nous d'être attentifs et vigilents.

Photo : Cheminées d'usines Novokuznetsk, Sibérie, Russie © Peter Turnley/CORBIS

Du risque à s’élever dans les airs


pour répondre aux climato-sceptiques

A tous ceux qui ont entendus les propos de Vincent Courtillot, tête de file des climato-sceptiques, ami de Claude Allègre, et qui, depuis la conférence de Nantes se sentent ébranlés dans ce qu'ils croyaient savoir sur les causes anthropiques du réchauffement climatique, je propose, à leur lecture la critique de son dernier livre ("Nouveau voyage au centre de la Terre" Vincent Courtillot. Éditeur : Odile Jacob) par ma collègue et amie Valérie Masson-Delmotte, climatologue au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE UMR CEA-CNRS-UVSQ : http://www.lsce.ipsl.fr/). Certes la critique de 5 pages de Valérie n'est pas simple mais elle démontre, par cette prose précise et argumentée, sa volonté de prendre au sérieux ses lecteurs et de ne pas tomber dans les travers de la simplification et de la suffisance qui mènent tout droit à l'erreur et aux inexactitudes qui sembles être la marque de fabrique de Vincent Courtillot.

A lire sur :

Le frein, s'il vous plaît!

Difficile de savoir comment l'Histoire jugera notre époque et les deux siècles de révolution industrielle. Il y a quand même fort à parier que le terme "accélération" figurera en bonne position des descriptifs associés à cette période.

Même sans avoir le recul historique nécessaire, l'évolution de l'espèce humaine, depuis deux siècles, se caractérise par des accélérations en tous genres et tous azimuts. Puissance et rapidité de production, de transport, de communication et de consommation sont les piliers de cette ère. A cela, s'ajoute une colossale accélération démographique; sur les cinquante dernières années, la population mondiale est passée de 2,5 milliards à plus de 6 milliards.

Le futur historien relèvera peut-être l'insouciance de cette période, où tous les efforts n'ont été engagés que pour rendre plus performant l'accélérateur, sans jamais se préoccuper de la mise en place du frein.

Ainsi, cette tranche de l'épopée humaine pourrait se comparer à un véhicule pour lequel, les ingénieurs auraient dépensé toute leur énergie et tout leur savoir à améliorer la puissance du moteur et à optimiser sa pédale d'accélérateur. Imaginez alors, le pauvre conducteur de ce bijou technologique, qui, face au premier virage, se rendrait compte, effaré, que le véhicule ne possède pas de pédale de frein. Une seule solution pour lui, accélérer, accélérer... et espérer...

Aujourd'hui, tel ce conducteur à l'entrée de son premier virage, notre civilisation semble découvrir que le frein a été oublié... Que de débats pour réduire nos émissions de CO2, que de débats face au déclin de la production de pétrole, que de débats pour raisonner un modèle économique qui s'emballe.

Un des exemples très significatifs se trouve, sans doute, dans un des plus célèbres fabricants japonais de véhicules. Après plus de deux cents trimestres consécutifs de profits, il n'a fallu qu'un seul trimestre d'effondrement des ventes pour remettre en cause la solidité de cet édifice et entraîner de nombreuses suppressions d'emplois et un appel aux finances publiques. Cette entreprise, très performante dans la mise au point de véhicules hybrides, n'avait pas souhaité imaginer et mettre au point un système de freinage pour sa propre activité.

Dans quelques décennies, ou siècles, un auteur de bande dessinée illustrera peut-être notre époque par un conducteur affolé face à son premier virage. La bulle accompagnant son dessin se limitant alors à cette expression laconique "Heu, le frein svp...". .

Michel Sage

Echo Nature – N°26 Juillet-Août 2009
Photo : Hamaha

lundi 21 décembre 2009

Copenhague : le sommet de la honte, mais la mobilisation doit continuer !

Pas de contrainte. Aucun objectif à 2020 ni à 2050. Pas de calendrier ni de mandat pour la signature d'un traité l'an prochain. Difficile d'imaginer pire conclusion pour Copenhague que la déclaration présentée par Barack Obama et Nicolas Sarkozy en clôture du sommet. Cette déclaration ne vaut pas plus que la feuille de papier sur laquelle elle est écrit.

Pire, les quelques engagements chiffrés ne nous permettront pas de limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale à 2°C. On s'oriente plutôt vers plus de 3°C , donc vers un chaos inimaginable. Copenhague est une régression par rapport au protocole de Kyoto.

L'Europe n'a jamais joué le rôle de leader qu'elle s'était arrogée. Elle a été incapable de parler d'une seule voix. En témoignent les initiatives aventureuses et personnelles de Nicolas Sarkozy. Elle a refusé d'augmenter son objectif de réduction d'émissions de gaz à effet de serre et de chiffrer son soutien aux pays en développement après 2012.

De son côté, Barack Obama a terriblement déçu en s'inscrivant dans la droite ligne de George W. Bush, son prédécesseur à la Maison Blanche. Quant à la Chine, si elle n'a pas facilité les négociations, il faut admettre qu'elle n'a pas à assumer comme les pays riches la responsabilité historique de la situation de crise climatique actuelle. C'était à l'Europe et aux Etats-Unis de faire des propositions ambitieuses pour débloquer la situation. Rappelons qu'un Chinois n'émet que 4 tonnes de gaz à effet de serre par an, là où un Européen en rejette 10 et un Américain 20 !

Les dirigeants des pays riches ont cru être au G8, en annonçant la conclusion de l'accord puis en rentrant chez eux la tête basse. Ils ont juste oublié -fait significatif- que ce sont 190 pays du Nord comme du Sud qui doivent ratifier ce texte désormais. Face à ce désastre, Greenpeace condamne fermement l’arrogance des pays les plus puissants qui ont présenté un accord « à prendre ou à laisser ».

La seule touche d'optimisme au lendemain de ce fiasco, c'est la mobilisation de millions de personnes, au Nord comme au Sud, tous conscients de l'urgence climatique et réclamant plus d'équité ! Copenhague a soulevé d’immenses espoirs et réuni des millions de gens, partout dans le monde. Cette conférence est un échec retentissant, mais elle a ouvert la porte à un débat mondial sur la nécessité d’agir pour sauver la planète. C’est une première.

La prochaine étape, c’est Mexico fin 2010. Rien n'est terminé, les citoyens du monde entier ont exigé un réel accord avant que le sommet ne commence. Ils continuent de le demander.

Nous ne pouvons changer la science, alors changeons de politique ! Et si nous ne pouvons changer de politique, alors changeons d'hommes politiques !

http://www.greenpeace.fr

samedi 19 décembre 2009

Climat : ma déclaration en Conseil Municipal

Déclaration faite en fin de
Conseil Municipal des Ulis
le 18 décembre 2009


Mes chers Camarades,

Devant le risque de voir la conférence de Copenhague se terminer par un échec qui prendrait la forme d'une déclaration d'intentions - maintenir sous la barre des 2°C la hausse de la température moyenne de la planète – sans engagements contraignants pour les états, nous ne pouvons attendre qu'un autre sommet se déroule, dans un an, qui réitèrerait les mêmes atermoiements.

C'est pourquoi je pense et affirme que, dès à présent, nous ne pouvons plus que nous en remettre qu'à nous même et oser agir à la place de nos représentants nationaux. Nous devrons donc poursuivre notre engagement vers un vrai Développement Durable et renforcer notre politique écologique afin de participer à la préservation des équilibres biologiques et climatiques pour offrir, encore et toujours, une planète permettant une vie humaine digne et paisible.

Ainsi les villes et les régions d'Europe devront donc pallier aux défections des gouvernements et montrer, au monde, que les élus locaux ont pleinement mesuré les enjeux globaux.

Il nous incombe donc, à partir de maintenant, d'être exemplaires et volontaires.

Ce sera l'objet de mes voeux de cette fin d'années 2009 et pour les années à venir.

Je vous remercie et vous souhaite de passer de très bonnes fêtes de fin d'année.

mercredi 16 décembre 2009

Eliminez toutes les poches de résistance !

Quoi de mieux que de changer les règles pour garder le pouvoir, c'est bel est bien ce qu'est en train de faire Sarkozy avec sa réforme territoriale qui semble laisser indifférent nos concitoyens. Mais la course, avec le Front National, pour gagner le prix de celui qui aura fait basculer la France dans un système autocrate, stigmatisant et raciste (comme les différentes petites phrases de ministres UMP révèlent) est lancée. Si nous avions encore des doutes sur le coté "France bien blanche" à tendance fascisante, autoritaire et autocrate de la droite française, la réforme territoriale permet la mise en lumière de leur coté obscur.

Pourquoi je dis autocrate ? Pour la simple raison que la réforme territoriale (qui comprend, également, la si douteuse réforme de la taxe professionnelle), proposée par Balladur, vise à éliminer toute opposition représentée, aujourd'hui, par les collectivités territoriales, les régions et les départements et à recentraliser les pouvoirs vers un seul homme. En effet les élus locaux étant, dans notre système actuel, des acteurs politiques potentiellement contestataires avec une certaine latitude pour rectifier la barre d'une politique nationale jugée inacceptable, inique ou inapplicable, deviennent, à la longue, gênants pour un président qui ne supporte pas que l'on s'oppose à sa magnificence. Il fallait donc trouver un moyen de les museler puis de les éliminer. C'est tout le but de cette réforme. Qu'on se le dise ce billet n'est pas pour défendre quelques privilèges (fort peu par ailleurs pour l'élu municipal de base) d'élus, mais ce texte vise à alerter sur le risque de réduire à de simples protestataires, les forces politiques progressistes, muselant, ainsi, la parole démocratique et pluraliste des citoyens.

Ainsi le récent redécoupage des circonscriptions montre, selon toutes les projections (HD – 19 au 25 Nov 2009), que l'UMP gagnerait 18 députés supplémentaires sur la base des résultats des législatives de 2007. Plus fort encore, la réforme du mode de scrutin, vers un exercice uninominal à un tour, pour les élections de 90% des conseillers territoriaux (en replacement des conseillers régionaux et généraux), permettrait, dans un redécoupage territorial bien fait, de permettre à la droite, même en étant minoritaire en terme de pourcentage de votes, d'être majoritaire dans les assemblés. En effet dans le scrutin uninominal à un tour, celui qui arrive en tête, même s'il n'a pas 50% des suffrages sera élu. Dès lors le rouleau compresseur fade et à pensée unique qu'est l'UMP apparaîtra comme un avantage inattaquable face à la riche diversité de la Gauche. Pour contrer cela, la Gauche n'aura, comme alternative, que de se regrouper en un seul mouvement. Mais se regrouper autour de qui ou autour de quoi ? Autour du PS, parti majoritaire, pour le moment, à Gauche ? Personne à Gauche ne l'accepterait et pourquoi l'accepterions nous ? Dès lors c'est l'impasse pour la Gauche et pour la France condamnée à être gouvernée par une droite minoritaire. L'impasse ? Non si nous faisons preuve de raison et de courage politique qui pourrait nous permettre d'utiliser la force de l'adversaire pour gagner le combat du piège qui nous est tendue par les stratèges Sarkoziens, en nous forçant, enfin, à inventer un nouveau mode de relations et de fonctionnement au sein de cette criarde et indisciplinée Gauche Gauloise. Je me mets à rêver que ma vision d'une maison commune, créée en dehors de tous les partis, pourraient enfin devenir pertinente en regroupant toutes les forces agissantes d'Europe-Ecologie, du PCF, du PG et du PS. Dès lors nous ne tomberions pas dans l'ornière du bipartisme, qui aurait pour conséquences d'appauvrir le débat politique, car les partis resteraient ce qu'ils sont, avec leurs spécificités et leurs originalités philosophiques, mais seule la maison commune irait au feu des élections.

Mais la réforme territoriale ne s'arrête pas à vouloir museler l'opposition de gauche, elle vise également à réduire le nombre de communes en inventant les métropoles (agglomérations de plus de 450 000 habitants). Cette grossière ficelle est, pour autant, dans la lignée de ce qui vient d'être dénoncé plus haut : moins de communes, moins de conseillers municipaux, moins d'opposition potentielle, plus de liberté pour l'état de recentraliser l'action nationale. Ainsi, à terme, le texte prévois que les communes composant ces métropoles disparaissent. Pour comprendre il faut savoir que les communes vont toutes être obligées, d'ici peu, de se regrouper dans des intercommunalités. Dans un premier temps cela se fera sur la base de l'accord entres les villes et villages qui accepteront, ou non, le rattachement de leurs voisins-voisines à leur intercommunalité. Ceci est sans compter sur l'action d'un préfet qui peut, à tout moment, seul mais sur ordre du gouvernement, décider si oui on non telle ou telle commune doit se regrouper dans telle ou telle intercommunalité, et cela contre l'avis souverain des élus locaux. Ainsi si, dans un an ou deux, certaines communes ne sont toujours pas dans le giron d'une intercommunalité, l'état s'autorisera à imposer les entrées de celles-ci dans les intercommunalités de son choix. Et c'est là que l'entourloupe se fait. En effet il est à prévoir, qu'à partir de maintenant, nous allons voir des préfets refuser, à des communes de Gauche, d'entrer dans des intercommunalités de Gauche (C'est actuellement le cas des Ulis qui s'est vue refusée l'entrée dans la CAPS par le préfet de l'Essonne), pour se réserver la possibilité, ensuite, de noyer celle-ci dans une intercommunalité de droite. On poussera ainsi des collectivités à avoir des majorités voulues (de droite bien sûr !). Mais, comme si cela ne suffisait pas, le piège n'est pas encore complètement refermé. En effet le projet de loi prévoit qu'une "commune nouvelle" pourra être créée en lieu et place de intercommunalité. Ceci pourra se faire si les deux tiers des communes, représentant deux tiers de la population, sont d'accord pour que les communes s'effacent au profit de cette commune nouvelle. Autant dire que cela est un moyen très efficace de faire disparaître les villes rebelles, de nettoyer les dernières poches de résistance.

A la lumière de cette nouvelle étape vers la construction, petit à petit, d'une France pseudo-démocratique, je me dis qu'il est plus que d'actualité de battre la droite et de la mettre hors d'état de nuire en imposant, à la Gauche, une véritable stratégie de combats qui impliquera inévitablement des compromis sans compromission et des renoncements pour toutes les factions de la Gauche de gouvernement. L'urgence démocratique en vaut la chandelle.

Dessin : Uderzo

mercredi 9 décembre 2009

Mme Duflot : "l'écologie politique est de gauche"

Depuis leur percée aux européennes de juin, les Verts sont rejoints par tous les autres partis et par Nicolas Sarkozy sur le terrain de l'écologie politique. Les électeurs "ne sont pas dupes", affirme Cécile Duflot. A trois mois des régionales, la secrétaire nationale des Verts affirme leur ambition d'être une alternative au PS et marque sa volonté de passer devant Jean-Paul Huchon en Ile-de-France. En contre-pied de Daniel Cohn-Bendit qui annonce ses sympathies pour le MoDem, elle affirme : "l'écologie politique est de gauche".

Etes-vous confiante sur l'issue du sommet de Copenhague ?

Je suis moins pessimiste qu'il y a quelques semaines. On sent un ressaisissement collectif en Europe, aux Etats-Unis et même en Chine. Il ne faudra pas juger ce sommet sur les déclarations des uns et des autres mais regarder le degré de contrainte pour la réduction des émissions de CO2 et le montant des fonds de compensation qui aideront à la transition énergétique.

L'activisme de Nicolas Sarkozy sur le terrain de l'écologie n'est- il pas un handicap pour vous ?

C'est vrai qu'on est dans une drôle de période politique. Nicolas Sarkozy peut tout dire, il n'a aucun problème avec les mots. Que ce soient ceux du Front national, de la droite, de Jean Jaurès, des écologistes. Quand ce sont nos mots, c'est difficile d'être en désaccord mais nos compatriotes ne sont pas dupes de ce marketing politique.

On n'a pas bien compris votre position sur la taxe carbone. Vous êtes pour ou contre ?

Bien sûr qu'on est pour la fiscalité écologique mais ce n'est pas une taxe que l'on redistribue en donnant un petit chèque avant les élections. C'est une contribution que l'on affecte directement à des dépenses d'économies d'énergie.

Est-ce électoralement porteur de défendre, en pleine récession, la décroissance ?

La décroissance n'est qu'un mot. Ce que nous souhaitons c'est engager la conversion écologique de l'économie. Notre modèle de production et de consommation ne répond pas à un équilibre durable de la planète. Je veux bien qu'on nous donne des leçons mais je vous rappelle que le paquet fiscal de M. Sarkozy était fait pour attraper le troisième point de croissance avec les dents !

Pourquoi parlez-vous de décroissance et non de développement durable ?

A cause de la récupération politique. Aujourd'hui, tout le monde prône le développement durable et cela se traduit comment ? Par des rapports d'activité sur papier recyclé. Vous parlez d'un progrès !

Noël Mamère affirme que les Verts resteront à gauche. C'est aussi votre position ?

Oui mais pour moi c'est une question de valeurs, pas d'alliances. Une partie de la gauche a été contaminée par cette espèce de folie ultralibérale, dérégulatrice, qui s'appuyait sur l'idéologie de la croissance à tout prix et de la concurrence des années 90. L'écologie politique ne peut qu'être l'héritière de ceux qui ont défendu des projets de transformation sociale depuis que la politique existe. Dans ce sens-là, elle est de gauche. Pour moi, c'est une évidence.

C'est assez éloigné de ce que dit Daniel Cohn-Bendit sur la gauche "rétrograde".

Je suis une femme simple. Pour moi la politique, ce sont des valeurs, un projet et des propositions concrètes. Ce n'est qu'après que se pose la question des alliances. Aujourd'hui, quelles sont les valeurs et le projet politique de François Bayrou, à part être président à la place de Nicolas Sarkozy ?

Ne partagez-vous pas ses critiques sur l'hyper-présidence ?

Là-dessus, on peut être d'accord avec le MoDem et même avec une partie de la droite, mais ça ne suffit pas. Pour porter un projet de gouvernement commun, il faut être d'accord sur l'essentiel.

Si des primaires sont organisées à gauche, en serez-vous ?

Aux dernières nouvelles, elles ne concernent que les socialistes. Et je ne suis pas optimiste. Je ne sens pas de volonté au PS d'avoir un projet partagé. Les rivalités personnelles dans ce parti empêchent toute réflexion sur le projet. Vous avez dénoncé le fonctionnement "dépressif, dépréciatif et déprimant" du PS. C'est dur. Ce que je reproche aux socialistes, c'est que beaucoup préfèrent faire perdre leurs rivaux dans leur camp plutôt que de gagner tous ensemble. Ceci dit, ce n'est pas bon pour la démocratie que le PS soit dans cette situation.

Vous pensez que la recomposition de la gauche va se faire autour de vous ?

Non mais j'espère que les électeurs aux régionales vont déclencher un petit électrochoc, qu'en votant pour nous ils diront à la gauche : "c'est possible de gagner mais bougez-vous, changez !" Nous-mêmes avons connu nos années dépressives mais nous avons su en sortir. Je n'ai pas la solution magique, ni sur ce que doivent faire les écologistes après les régionales ni sur la rénovation de la gauche mais on réfléchit sur la méthode et les moyens.

Votre projet est-il de bâtir une maison commune ?

Il y a trois pôles dans l'opposition de gauche : les sociaux-démocrates, la gauche de la gauche, et les écologistes. Traditionnellement, le PS écrasait tout le monde en prenant un petit bout de chacun. Il existe maintenant, et c'est nouveau, une opposition centriste. La question est de savoir si on parvient à construire un équilibre différent entre ces sensibilités. Sans dire : "Il y a un truc moderne qui serait de faire avec le MoDem" et "une pensée ringarde qui serait d'agir avec la gauche".

Espérez-vous dépasser le PS dans certaines régions ?

Personne n'aurait imaginé qu'on pouvait faire élire Karima Delli, qui était en quatrième position pour les européennes en Ile-de-France. Il y a eu un déclic qui nous a dépassés. Alors qui sait ce qu'il va se produire cette fois ? Arriver à la tête d'une région pour changer les choses en matière d'emplois, se poser la question des transports, de la ruralité, ça m'intéresse ! Rêvons un peu : si au soir du 21 mars, on avait non pas deux ou trois mais dix présidents de région écologistes, alors on pourrait faire un véritable contrepouvoir. Peut-être y a-t-il de la part de certains une fatigue des responsabilités.

C'est un "Scud" contre le PS ?

Chaque président de région s'est replié sur son périmètre. Je ne sais pas si c'est dû à leurs querelles internes mais quand on voit la puissance financière et politique des régions pouvant agir ensemble, on se dit que c'est dommage.

Comment réagissez-vous au débat sur l'identité nationale ?

Ça me met en colère car ça réveille les mauvais réflexes en désignant des coupables sans se poser la question des solutions. Ce n'est pas un sujet sur lequel les politiques ont à prendre position. Si cela contribue à attiser les tensions sociales, il y aura des responsabilités à rechercher.

Vous n'avez pas hésité à défendre la rappeuse Diam's avec son voile. Pourquoi ?

J'ai été élevée dans une cité très mélangée. Dans ma classe de CP, on n'était que deux Blancs. Ça m'a donné une vision pragmatique de ces questions. Si Diam's avait décidé d'être bouddhiste, on aurait parlé de cheminement spirituel personnel. Mais là forcément, c'est du communautarisme. Pour moi, c'est une jeune femme qui est une super-musicienne et qui est en survêtement. Après, son foulard c'est son choix. On peut être ferme sur l'intégrisme et laisser les gens vivre leur choix religieux.

Propos recueillis par Françoise Fressoz et Sylvia Zappi
Le Monde.fr
Photo : AFP/Archives/Stephane de Sakutin

dimanche 6 décembre 2009

Dette climatique du Nord, dette financière du Sud

La thématique du changement climatique peut être extrèmement anxiogène. En combinant beaucoup d’éthique et un peu d’économie, O. Ragueneau, biogéochimiste marin au CNRS, nous propose au contraire une vision résolument optimiste. Loin de l’idée de repentance, la reconnaissance d’une dette climatique des pays du Nord, par son ampleur, pourrait constituer une chance peut-être unique d’affronter réellement le problème tout en repensant les rapports Nord-Sud, pour enfin s’engager vers un nouveau type de développement, équitable, dans tous les sens du terme.

A l’approche du sommet de Copenhague, force est de constater qu’il est encore trop peu de gens qui ont réalisé le caractère potentiellement dévastateur du changement climatique. Pourtant, ses conséquences sociales, économiques, géopolitiques, déjà visibles, seront bientôt insupportables. Même l’attribution en 2007 du Prix Nobel de la Paix au GIEC et à Al Gore, n’a pas permis de démontrer une bonne fois pour toutes, que c’est bien l’avenir de nos sociétés qui est en jeu. A travers de nombreux exemples régionaux, Jared Diamond s’est posée la question des facteurs qui font qu’une société décide, ou non, de sa survie. C’est la même question qui nous est posée aujourd’hui, mais de façon globale, et nous n’avons que très peu de temps devant nous pour prendre les décisions qui s’imposent. C’est que nous avons quelque peu traîné en chemin. Les limites au développement matériel, cause principale du réchauffement climatique, ont été posées depuis plusieurs décennies, que ce soit à travers l’idée de la finitude de nos ressources naturelles ou de l’aspect entropique de l’exploitation de ces ressources, à un rythme sans cesse accéléré. Le réchauffement climatique constitue en ce sens la parfaite illustration qu’il est vain d’essayer d’aller à l’encontre du second principe de la thermodynamique. L’énergie perdue sous forme de chaleur par le système contribue à l’augmentation du désordre global. Cette dimension a très tôt été perçue comme un frein au développement encore plus puissant que celui de la rareté. Ainsi donc, si notre but est la poursuite du développement de nos sociétés en évitant le chaos, tant social qu’écologique, il nous faut le repenser entièrement en tenant compte, non seulement de la rareté de nos ressources mais également, de notre incroyable capacité à modifier le climat et les équilibres naturels dont l’homme, du moins dans nos sociétés modernes, a oublié qu’il dépendait.

Repenser le développement… Vaste entreprise. Au Nord, le débat tourne autour de la question du développement technologique (la croissance verte) versus des changements de mode de vie (consommer moins, travailler moins, vivre mieux…). L’idée de décroissance, dans son acceptation positive, commence même à faire son chemin, alors qu’elle date aussi de quelques décennies. Au Sud, la question du développement se pose en termes souvent plus basiques : il s’agit avant tout de pouvoir accéder à la sécurité alimentaire, à la ressource en eau, à des systèmes de santé, d’éducation décents. Comment concilier les limites naturelles de notre planète, le sur-développement du Nord et le sous-développement du Sud ? Posée en ces termes, la question appelle une réponse très simple : un ré-équilibrage est indispensable. Il s’agit de redistribution entre Nord et Sud, avec une contrainte climatique extrèmement forte.

C’est une contrainte. Mais j’aimerais montrer que nous pouvons en faire une chance unique si l’on veut bien aborder de front les questions du changement climatique et de la pauvreté, qui par ailleurs s’auto-alimentent.

Mais quand on évoque l’idée de redistribution, on entend d’abord « utopie ». Or il est aujourd’hui urgent de convertir cette utopie en projet de société, pour des raisons tant physiques qu’éthiques. Physiques, parce que nous nous rapprochons chaque jour un peu plus des limites naturelles du système et qu’il n’est plus soutenable, ni écologiquement ni socialement. Ethiques, parce que les impacts du changement climatique induit d’abord par le développement du Nord, se font déjà sentir sur les populations les plus vulnérables, le plus souvent au Sud, qui n’ont que très peu contribué au problème. Toute l’idée des petits calculs qui vont suivre est de démontrer que nous avons, non seulement le devoir, mais également les moyens de réaliser cette utopie. A condition de le vouloir.

450 parties par millions (ppm). C’est la teneur atmosphérique en CO2 qu’il ne faudrait pas dépasser pour conserver 50% de chances de maintenir l’accroissement de température moyen, à l’échelle du globe, en-deçà 2°C. 2°C semble un compromis raisonnable, qui tient compte du fait qu’on va maintenant avoir bien du mal à rester en-dessous (compte tenu de l’inertie du système climatique) mais qu’on ne veut surtout pas passer au-dessus, en raison des risques majeurs de déstabilisation totale et d’emballement de la machine climatique. C’est l’objectif clairement affiché en vue du proche sommet de Copenhague. Comme l’a démontré W. Broecker (Lamont-Doherty Earth Observatory, USA) en 2007, la teneur en CO2 augmente de 1 partie par million (ppm) chaque fois que nous émettons 4 gigatonnes de carbone (Gt C, milliards de tonnes de carbone) dans l’atmosphère à travers nos activités (déforestation, combustion des énergies fossiles, production de ciment). Depuis le début de la révolution industrielle voici deux siècles et demi, nous avons émis près de 500 Gt C, entraînant une élévation des teneurs en CO2 de plus de 100 ppm. Alors qu’elles ont fluctué naturellement entre 180 et 280 ppm au cours des dernières centaines de milliers d’années, les voici rendues à environ 380 ppm, avec un rythme d’accroissement jamais égalé et toujours plus rapide. Nous ne sommes donc plus qu’à 70 ppm du seuil à ne pas franchir, ce qui correspond à une capacité de stockage dans l’atmosphère d’environ 280 Gt C. C’est ce qui définit ce que W. Broecker a appelé notre « tarte carbone ». C’est une expression bien trouvée parce qu’elle impose une limite claire (au rythme actuel de nos émissions, cette capacité de stockage sera épuisée en 2030) et elle pose tout de suite les bonnes questions, celles qui sous-tendent toutes les négociations actuelles en vue de la suite à donner, lors du sommet de Copenhague, au protocole de Kyoto : comment se partage t-on cette tarte ? Et comment finance t-on les efforts à réaliser pour s’adapter au changement climatique en cours et limiter nos émissions à venir, pour ne pas dépasser cette limite de 280 Gt C ?

C’est là que les négociations achoppent actuellement. Avec le développement des pays dits émergents (Chine, Inde, Brésil…), les émissions des pays dits de l’Annexe I et celles des autres pays sont à peu près équivalentes aujourd’hui, de sorte que le Nord exige que le Sud prenne part à l’effort. Mais lorsqu’on prend en compte l’ensemble des émissions passées de CO2, qui ont conduit au problème que nous connaissons aujourd’hui, il est clair que le Nord y a contribué pour environ 80%. Il est important de noter dès maintenant que les trois-quarts de ces émissions passées ont eu lieu depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, elles sont donc toujours présentes dans l’atmosphère aujourd’hui. Du coup, fort justement, le Sud pose la question de son développement dans ce contexte de changement climatique auquel il n’a historiquement que peu contribué et face auquel il est bien démuni. Ceci est vrai tant d’un point de vue adaptation que d’un point de vue atténuation : le chemin du développement dans une économie carbonée, bien que non soutenable et pas forcément désirable, est connu ; celui du développement « sans carbone » reste à construire.

J’aimerais démontrer, grâce à un peu de simple arithm-éthique, qu’il est possible de sortir de ce cercle vicieux, en reconnaissant la responsabilité du Nord et en en assumant les conséquences financières. Celles-ci doivent permettre d’aborder la nécessaire redistribution Nord-Sud en couplant les dimensions environnementales et sociales d’un développement équitable pour tous.

Pour tenir compte de la responsabilité historique du Nord, il nous faut modifier la taille initiale de la tarte Carbone de W. Broecker. Se pose immédiatement la question de la date à laquelle nous pouvons commencer à comptabiliser cette responsabilité. Kyoto a opté pour 1990, les américains aimeraient que ce soit 2005… Plusieurs raisons me font penser qu’il est équitable de choisir 1950. Tout d’abord, nous sommes alors un demi-siècle après qu’Arrhénius nous ait alerté sur les liens entre l’extraction de charbon, le cycle du carbone et le réchauffement. Dès 1910, dans son « évolution des mondes », ce Prix Nobel de Chimie (1903) prévoyait un réchauffement d’environ 4°C si l’on venait à doubler les teneurs en CO2 dans l’atmosphère. Les plus sophistiqués de nos modèles, un siècle après, ne disent pas grand-chose d’autre. Ensuite, au milieu du XXème siècle, la dimension entropique déjà évoquée du développement matériel et ses conséquences sur le climat est déjà connue, suite aux travaux pionniers de Vernadsky, Lotka, Georgescu-Roegen, bien qu’elle restera longtemps étouffée sous l’idéologie dominante, le mythe d’une croissance matérielle infinie. Enfin, depuis un demi-siècle que nous les mesurons directement, nous regardons les teneurs en CO2 augmenter dans l’atmosphère, la courbe de Keeling se construire avec une régularité remarquable, presque inexorable. Il suffit d’explorer qui se cache derrière ces quelques noms, pour comprendre qu’il ne s’agissait aucunement de « savants fous » mais plutôt de pères fondateurs de grandes théories voire même de disciplines nouvelles, qui n’ont simplement pas été écoutés.

1950 donc. Depuis cette date, nous avons émis 356 Gt C de sorte que la tarte carbone était initialement de 636 Gt C, à consommer avec modération entre 1950 et 2030, date à laquelle nous devrions avoir épuisé notre capacité de stockage pour les 280 Gt C qu’il nous reste à émettre. Combinons deux philosophies qui pourraient paraître contradictoires, celle des droits de l’homme et celle du marché. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme nous dit que nous naissons tous libres et égaux en droit. Disons donc que nous avons tous le droit d’émettre la même quantité de CO2 et répartissons ces 636 Gt C au prorata de la population : 20% pour les pays développés, 80% pour les pays les moins avancés et en développement. Avec cette répartition, le Nord a le droit à 127 Gt C et le sud, à 509. Or, ayant contribué à hauteur de 80% des 356 Gt émises depuis 1950, le Nord en a déjà émis 285 Gt C ! Nous avons donc déjà largement mordu sur la part des pays du Sud, pour environ 158 Gt C. Le sud, qui n’en a émis depuis lors que 71, devrait être en mesure d’en émettre encore 438 (509-71). Non seulement le Sud ne dispose t-il plus de son quota initial, mais on lui demande en plus de limiter ses émissions, sans lui en donner véritablement les moyens.

En parlant de moyens, faisons un peu de biogéo-économie… En octobre 2009, le prix de la tonne de CO2 sur le marché européen des quotas d’émission est d’environ 14 €, soit 51 € la tonne de C. Et là, si l’on se souvient que gigatonnes veut dire milliards de tonnes… on multiplie 158 milliards de tonnes par 51 € la tonne de carbone et on obtient quelques 8000 milliards d’euros ou 12000 milliards de dollars ! Il s’agit là d’une première estimation de ce qu’on pourrait appeler la dette climatique des pays du Nord aux pays du Sud, même si l’on peut débattre de la notion de « dette » à proprement parler, quand il s’agit plutôt d’un vol. Poussons cette logique de marché jusqu’au bout : si j’étais un pays du Nord, je paierais maintenant, avant que la tonne de CO2 ne soit multipliée par dix, pour atteindre les prix réclamés par le GIEC…

Même au prix actuel de la tonne de CO2, honteusement bas, le montant peut paraître vertigineux. De fait, il correspond environ à 1000 paquets fiscaux, à 100 fois le montant annuel de l’aide au développement, à 10 fois les dépenses militaires annuelles à l’échelle de la planète. Il représente surtout 10 fois le montant de la dette externe publique des pays du Sud, et 4 fois le montant total de cette même dette externe, si l’on y ajoute sa composante privée (data CADTM). Cette dette externe représente un frein au développement des pays du Sud, certain de ces pays consacrant une part plus importante de leur budget à son service, plutôt qu’à des dépenses sociales pourtant indispensables. Son annulation est réclamée depuis longtemps par de nombreuses ONG (CADTM, Jubile Sud…), en raison de son caractère odieux et illégitime. Ces ONG n’ont d’ailleurs pas attendu cette estimation de la dette climatique pour justifier cette annulation. Seulement voilà, dans la pratique, les créanciers du Nord (FMI, Banque Mondiale, Etats…) s’y refusent, ne consentant qu’à quelques allégements ici ou là. Le montant de la dette climatique pourrait permettre d’aborder ce processus d’annulation de la dette du Sud, sous un angle purement pragmatique : ayant perçu 12000 milliards de dollars, le Sud pourra en utiliser une petite partie pour rembourser sa dette et conserver encore la plus grande partie pour satisfaire à ses besoins essentiels tout en ayant la capacité de s’adapter au changement climatique en cours. A ce stade, il me faut ajouter un point important : ayant épuisé leur quota, les pays du Nord ne peuvent plus émettre de CO2, à moins de le racheter aux pays du Sud. En visant une phase de transition d’une vingtaine d’années, au rythme actuel de nos émissions (environ 4 Gt C pour les pays du Nord), ce rachat correspondrait à quelques 6000 milliards de dollars supplémentaires… Il s’agit là d’un levier extraordinaire pour le Sud, dans le cycle de négociations pour l’après-Kyoto.

Bien sûr, il ne s’agit pas de s’acquitter de cette dette climatique pour ensuite continuer comme avant, au nord, ni sans s’assurer de l’utilisation de ces sommes, au sud. Ceci implique d’abord une remise en cause totale des rapports Nord-Sud, souvent minés par le triptyque profit-dictature-corruption, au détriment des populations. Ceci implique également de s’assurer qu’un tel paiement ne conduise pas à un développement effréné, semblable à celui du Nord. Tout au contraire, une partie du paiement de cette dette climatique pourrait l’être sous la forme de transferts technologiques qui permettraient au Sud de se développer, mais différemment, avec une intensité carbone nettement moindre. Il faudra, au Nord comme au Sud, remettre le développement humain au centre de cette perspective et ramener le développement économique au rang qu’il n’aurait jamais du quitter, à savoir, celui de simple moyen.

Derniers petits exercices d’arithm-éthique, de l’échelle globale à l’échelle individuelle, pour simplement montrer que si nous nous devons de le faire, pour les populations du Sud et pour les générations à venir, nous le pouvons également… Prenons tout d’abord ces 18000 milliards, correspondant à notre dette passée et au rachat de nos émissions à venir. Répartissons-les sur les 20 ans à venir, cela représente quelques 900 milliards par an, soit environ 2% du PIB mondial. Est-ce réellement si énorme ? De la même façon, reprenons ces 900 milliards par an et répartissons les sur le milliard et demi des habitants du Nord. Nous obtenons un chiffre d’environ 2 dollars par personne et par jour. Loin de moi l’idée de dire que nous devons tous payer cette somme, qui représente beaucoup pour de plus en plus de gens dans nos pays. La façon de collecter ces fonds ferait sûrement débat, elle dépasse le cadre de cet article mais au fond, peu importe. Seule la volonté politique devrait compter. Et c’est l’ordre de grandeur qui m’importe ici. 2 dollars par personne et par jour. C’est le prix à payer pour un développement équitable, pour tous, qui tienne compte de la contrainte climatique. Nous trouvons que c’est beaucoup. 2 milliards de personnes sur notre planète n’ont pas ce montant pour vivre.

2% du PIB mondial ou 2 dollars par personne et par jour, ces ordres de grandeur permettent de poser la seule question qui devrait compter réellement : le voulons-nous vraiment ?

Olivier RAGUENEAU

Pachamama, le magazine gratuit d'écologie politique internationale

lundi 30 novembre 2009

Copenhague J-7 : Les engagements se précisent

Dans une semaine, la plupart des états de la planète se retrouveront à Copenhague pour relever l’un de leur plus grand défi : prévenir le réchauffement climatique dont les conséquences pourraient être dramatiques pour l’humanité, selon les climatologues et les experts du GIEC. Développement durable le journal fait le point sur les engagements en termes de réductions d’émissions de gaz à effet de serre des principaux pays pollueurs.

Premier pollueur mondial par habitant, les États-Unis proposent aussi l’un des plus faibles efforts des pays développés. La Maison-Blanche a annoncé mercredi 25 novembre une baisse de 17% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2020 et de 42% en 2030 par rapport aux niveaux de 2005 (soit, par rapport à 1990, environ 4% en 2020 et 22% en 2030). Dans la même tendance, le Canada souhaite réduire de 20% ses émissions de GES d’ici à 2020 par rapport au niveau de 2006, soit une baisse de seulement 3% par rapport à 1990. Le Parlement canadien fait toutefois pression pour relever ce chiffre : il vient de voter une motion pressant le gouvernement de Stephen Harper de s’engager sur un objectif de 25% par rapport à 1990. Une volonté comparable aux ambitions du Japon qui propose de réduire ses émissions de 25% en 2020 par rapport à 1990 en cas « d’accord très ambitieux avec la participation de tous les principaux pays ».

L’Union européenne est sans doute l’une des régions du monde les plus volontaires dans la lutte contre le réchauffement climatique. Avec son paquet climat énergie fixé en décembre 2008, elle s’est engagée unilatéralement dans les objectifs les plus importants des pays riches. Elle prévoit de réduire ses émissions de 20% d’ici à 2020 par rapport à 1990, précisant que ce chiffre pourrait être porté à 30% en cas d’accord international. L’UE s’est également fixée l’objectif de réduire ses émissions de 80 à 95% d’ici à 2050.

Les autres pays développés n’ont soit aucun objectif officiel, dans l’attente d’une avancée à Copenhague, soit des objectifs relativement modestes justifiés par des difficultés liées à la crise économique. La Nouvelle-Zélande prévoit ainsi une réduction de 10 à 20% de ses émissions de GES d’ici à 2020 par rapport à 1990, tandis que l’Australie vient de présenter un texte au Parlement qui prévoit une réduction comprise entre 5% et 25%, par rapport à 2000, en fonction des décisions qui seront prises à Copenhague. La Russie n’a pour sa part aucun engagement formel : selon la Commission européenne, elle serait cependant prête à s’engager sur une réduction de 20 à 25% d’ici à 2020 par rapport à 1990.

L’attente des pays émergents

Pays les plus fragiles face aux conséquences du réchauffement climatique, nombre de pays en développement attendent l’annonce d’un soutien technique et financier de la part des pays riches avant d’avancer des objectifs de réduction des émissions de GES, leur attribuant la responsabilité de la situation actuelle.

Certains états se distinguent cependant, en particulier le Brésil, véritable fer de lance d’une politique ambitieuse. Le gouvernement brésilien a annoncé prendre « l’engagement volontaire » de réduire de 36 à 39% ses émissions par rapport aux prévisions de 2020, grâce essentiellement à ses efforts pour lutter contre la déforestation de la forêt amazonienne, plus grande forêt tropicale de la planète. Mais, malgré le soutien de Nicolas Sarkozy, le pays peine à faire des émules et la rencontre organisée à Manaus jeudi 26 novembre avec les états d’Amazonie s'est soldée par un échec.

Plus gros pays pollueur au monde avec ses 1,35 milliards d’habitants et son activité industrielle galopante, la Chine rechigne à sacrifier sa croissance par des objectifs contraignants en matière de réduction d’émissions polluantes. Pour Pékin, les pays industrialisés doivent avant tout reconnaître leurs responsabilités historiques et fournir des technologies aux pays émergents. Le gouvernement chinois a néanmoins annoncé jeudi 26 novembre que la Chine prévoyait de réduire ses émissions de CO2 de 40 à 45 % par unité de PIB à l’horizon 2020 par rapport au niveau de 2005. Cet objectif ne signifie pas une diminution des émissions de CO2, mais que leur augmentation se ralentira.

Autre pays émergent pollueur, l’Inde affirme avoir pris des mesures « qui entraîneront des réductions significatives d’émissions de gaz à effet de serre » et indique qu’elle pourrait les quantifier dans un « chiffre indicatif », qu’elle n’a pas encore annoncé.

À noter également, l’Indonésie dont le programme national pourrait permettre de réduire les émissions de 26% en 2020 par rapport au scénario « business as usual », essentiellement grâce à la lutte contre la déforestation, selon le président Susilo Bambang Yudhoyono. Enfin, la Corée du Sud, s’est engagé à réduire de 4% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 par rapport à leurs niveaux de 2005, soit une inflexion de 30% de ses émissions polluantes par rapport aux prévisions d’augmentation « business as usual ».

Philippe Martin
30 novembre 2009,
http://www.developpementdurablelejournal.com/

vendredi 27 novembre 2009

Climat : "Notre objectif n'est pas de faire peur aux gens"

Vint-six climatologues de renom ont publié, mardi 24 novembre, un document d'une soixantaine de pages, synthétisant les travaux publiés sur le réchauffement climatique publiés depuis le dernier rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat) en 2007. Parmi eux, Nathalie de Noblet, directrice de recherches au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE : UMR CEA-CNRS-UVSQ), explique les raisons de cette publication, à quelques jours de la conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique.

Pourquoi avez-vous publié Copenhagen Diagnosis ?

L'idée était de faire un état des lieux des recherches à l'intention des décideurs et de toutes les personnes intervenant à Copenhague. Il y a eu plusieurs centaines de papiers publiés depuis les trois dernières années et nous souhaitions donner tous les éléments aux décideurs afin qu'ils puissent prendre les meilleures décisions possibles, en toute connaissance de cause.

Que disent ces dernières études ?

Elles montrent que ce qui avait été prévu dans les derniers rapports du GIEC concernant les augmentations de gaz à effet de serre, les fontes des glaciers, le retrait de la glace des mers, la montée du niveau des mers, est en train de se produire sur la marge haute des prévisions que nous avions faites jusqu'à présent.

Est-ce une réponse aux climato-sceptiques ?

Non. Les climato-sceptiques font beaucoup de bruit pour rien. Ils n'avancent aucun argument scientifiquement valable. Et nous on dépense beaucoup d'énergie pour leur répondre. En tant que scientifiques, nous continuons à observer la nature, à la modéliser en sophistiquant nos outils qui prennent en compte de plus en plus de rétroactions. Plus nous les complexifions, plus nous nous rendons compte qu'il se passe des choses. Notre objectif est que les décideurs puissent réagir correctement face à ce qui se passe. Si nous voulions contrer les climato-sceptiques, nous ne ferions plus que ça et nous ne travaillerions plus. Leur dernière action, d'aller fouiller dans les e-mails de climatologues, prouve bien qu'ils n'ont pas grand-chose à se mettre sous la dent.

N'avez-vous pas peur d'être trop alarmiste ?

Alarmiste, c'est l'interprétation qu'on en fait. Nous, en tant que scientifiques, nous restons factuels. Nous mesurons, nous simulons, et nous donnons nos résultats avec la meilleure précision et le meilleur encadrement d'erreur possible. Après, l'interprétation qu'on en fait peut être alarmiste : ce qu'il faut voir, c'est qu'il se passe des choses dont on ne mesure pas forcément toutes les conséquences parce que nous n'avons pas tous les moyens d'évaluer les conséquences de nos actes. Je pense qu'il faut prendre des décisions puisque l'on sait qu'à la base de ça il y a l'action de l'homme. Il faut que les cerveaux des scientifiques se mettent en route pour lutter contre la production de gaz à effet de serre, que la société prenne conscience qu'elle émet des gaz à effet de serre et qu'elle ralentisse sa production.

Notre objectif n'est pas de faire peur aux gens. Notre objectif, c'est d'être objectifs, de travailler et de faire avancer la science. On n'a pas cherché à créer des problèmes. C'est l'observation de la Terre qui nous a fait voir qu'il se passait des choses. Après, chacun a son interprétation en tant que citoyen. Je pense qu'effectivement il se passe des choses importantes qui n'ont pas été observées dans le passé et que c'est important de voir comment on peut lutter pour contrer ces effets-là.

En tant que citoyenne, quel regard portez-vous sur la conférence de Copenhague ?

Je ne sais pas. J'estime que les scientifiques ont fait leur boulot. Idem pour les médias qui ont relayé l'ensemble des informations parues depuis le rapport du GIEC de 2007. Les décideurs ont donc tous les éléments qu'il faut pour réfléchir. Sur la partie décisionnelle, c'est quelque chose qui ne m'appartient plus. En tant que citoyenne, j'espère qu'il sortira quelque chose de cette conférence. Je pense que la prise de conscience des gens sur leur mode de vie est importante. Il sera également important de soutenir les gouvernements s'ils prennent des décisions car ces dernières seront certainement douloureuses au début pour les citoyens. Il faut que les citoyens soient prêts à accepter ça.

Propos recueillis par Raphaëlle Besse Desmoulières
LEMONDE.FR

Tout petit pas de la Chine et des USA pour Copenhague

Le gouvernement chinois a annoncé jeudi 26 novembre que la Chine prévoyait de réduire ses émissions de CO2 de 40 à 45 % par unité de PIB à l’horizon 2020 par rapport au niveau de 2005. Après les Etats-Unis, plus gros pollueur par habitant, l’Empire du milieu, pays le plus pollueur de la planète avec ses 1,35 milliards d’habitants et une industrie en plein boom, abat ses cartes.

À neuf jours d’un Sommet qui se veut historique, les engagements américains et chinois peuvent certes débloquer les négociations mais sont bien loin des attentes du GIEC (réduction de 40% des GES d’ici à 2020 par rapport à 1990) ou des pays en développement qui subissent déjà de plein fouet, selon les experts, les premiers effets du réchauffement climatique avec des inondations et de fortes sécheresses. Les 17% de réduction de gaz à effet de serre d’ici à 2020 (par rapport à 2004) proposés par les États-Unis ne correspondent qu’à un effort d’environ 4% si on se place par rapport à 1990, comme le font l’UE, l’Afrique et le Groupe des 77. Quant à la Chine, son objectif annoncé ne signifie pas une diminution des émissions de CO2, mais que leur augmentation se ralentira. Ses objectifs en matière d’énergies renouvelables - qui doivent représenter 15% de la production d’énergie globale d’ici à 2020 - ne feront que limiter les effets d’un développement économique qui s’est accéléré depuis 2000.

Patrick Cros
27 novembre 2009,
http://www.developpementdurablelejournal.com/

jeudi 19 novembre 2009

Sarko mégalo ?

Ne dit-on pas que le rire est la politesse du désespoir ?

Paru dans Témoignage Chrétien N° 3369 du 5 Novembre 2009



Paru dans Témoignage Chrétien N° 3371 du 19 Novembre 2009

samedi 14 novembre 2009

Lancement des régionales d'Europe-Ecologie

Cette après-midi je suis allé au lancement de la campagne des régionales de la liste Europe-Ecologie en Ile-de-France, au Palais des Congrès d'Issy-les-Moulineaux, après-midi animée par Pascal Durand, porte-parole d’Europe-Ecologie.

Après l'introduction de Jean-Vincent Placé, directeur de la campagne d'Europe-Ecologie Région Ile-de-France, nous avons écouté et fortement applaudi les tables rondes qui abordaient trois thèmes capitaux, fers de lance des idéaux écologiques :

1. L'urgence climatique : réussir le rendez-vous du sommet de Copenhague, par : Alain Lipietz, ancien député européen Vert, Denis Baupin, maire adjoint au développement durable à Paris, Hélène Gassin, ancienne responsable de la campagne Energie de Greenpeace et Yves Cochet.

2. Le Grand Paris : quel projet pour l'Ile-de-France ? Par : Robert Lion, ancien président de Greenpeace, Dominique Voynet, Maire Vert de Montreuil, Stéphane Gatignon, Maire PCF de Sevran, Mireille Ferri, vice-présidente du Conseil Régional, chargée de l'aménagement du territoire

3. Sortir de la crise : répondre à l'urgence sociale, transformer l'économie. Par : Emmanuelle Cosse, ancienne présidente d’Act up, Jean-Marc Brulé, Maire Vert de Cesson, Francine Bavay, vice-présidente du Conseil Régional, chargée de l'économie sociale et solidaire, Pierre Larrouturou porte parole du Parti Socialiste

C'est vers 17h30 que Cécile Duflot, Tête de liste du Rassemblement des écologistes en Ile-de-France est venue clôturer avec brio le meeting.

A la suite de cette excellente après-midi je me suis dit qu'il fallait que je dise à tout ceux qui pourraient encore en douter, que ce rassemblement est un vrai rassemblement à Gauche où les notions de rupture avec le capitalisme et le productivisme, où les idées d'une question sociale indissociable de la question l'écologique, où les idées qui consistent à dire que l'on ne fait de l'écologie que pour les humains d'ici et d'ailleurs, d'aujourd'hui et de demain en se disant que c'est bien les plus faibles qui subissent, en premier, les conséquences des atteintes à l'environnement, où les idées de décroissance, de solidarité, de proximité ont été dites, clamées en engagements forts comme une profession de foi.

Je voudrais dire à tout ceux qui pourraient encore en douter que nous n'avons pas affaire à un rassemblement frileusement à Gauche, sous le joug du Parti Socialiste et lorgnant vers le MODEM. Nous avons affaire à un grand mouvement ouvertement ancré à Gauche. Un grand mouvement où l'environnement n'est pas un gadget secoué pour se racheter une verte virginité, mais où l'humain, dans son environnement, est bel et bien au cœur des préoccupations politiques et où l'économie est remise à sa place c'est-à-dire juste comme moyen d'arriver au Développement Durable et non plus un but en soit et qui asservirait des hommes et des femmes afin d'augmenter les bénéfices d'un minorité de capitalistes.

A ceux qui pourraient encore douter de l'ancrage à Gauche d'Europe-Ecologie, je dis qu'ils font insulte à ceux qui, comme les animateurs des groupes comme, les enfants de Don Quichotte, Act Up, ou bien encore Jeudi-Noir, qui se battent, tous les jours, pour réduire la misère sociale dans ce pays et qui ont rejoint le mouvement. Je dis à tous ceux qui pourraient encore douter de l'ancrage à Gauche d'Europe-Ecologie de venir écouter ce qui se dit au sein du collectif et vous y trouverez un vrai projet nouveau, original, non dogmatique, libre, indépendant, social, climatique et environnemental.

Bref enfin et comme aux européennes voilà un projet vraiment motivant qui donne envie d'être mis en avant. Voilà un projet qui, contrairement aux partis classiques, qui ne savent gèrer que le présent, prend en compte aussi le futur dans ses reflexions. Voici un mouvement qui ne cherche pas à faire plaisir aujourd'hui sans se soucier des concéquences de ses décisions sur les générations futures. Voici une démarche bien plus complexe que ce qui était en vigueur jusqu'à aujourd'hui, mais l'urgence climatique, environnementale et sociale nous oblige à cette conscience. La prise en compte des générations futures n'est pas nouveau chez les écolos, mais à l'heure du réchauffement glogale de la planète notre responsabilité est d'actualité. Militer pour que les écologistes prennent la Région Ile-de-France, région la plus riche d'Europe, plus grande que le Danemark ou la Suède ou bien encore plus peuplée que la Belgique, serait un signal fort pour enfin démarer une véritable Europe verte, moteur d'un monde enfin réconcilié avec son seul vaiseau spatial qu'est la Terre. Car en effet, au moment où les négociations risquent d'échouer à Copenhague, il est de notre responsabilité régionale de réaliser ce que nos dirigeants nationnaux sont incapable d'intégrer. Il en va de notre avenir et de celui de nos enfants.

Votez, aux régionales, Europe-Ecologie !

http://ile-de-france.regions-europe-ecologie.fr

vendredi 13 novembre 2009

Le Bel Espoir II


En 1951, le Père Jaouen avec le Père Gounon s'occupait des sorties des jeunes qui étaient en maison de rééducation. Il les emmenait prendre l'air à la campagne (et d'ailleurs déjà à l'Aber Wrac'h en Bretagne !) et avait acheté aux Domaines, pour l'occasion, un véhicule de transport en commun. La carte grise a été libellée au nom de "Aumônerie de la Jeunesse Délinquante" et le sigle AJD a été apposé, comme cela se faisait à l'époque, sur la plaque arrière du véhicule. Personne ne savait ce que AJD voulait dire, mais un jour, un curieux posa la question à un jeune qui n'était pas vraiment au courant; celui-ci répondit spontanément "les Amis de Jeudi Dimanche". C'était logique car c'était bien le jeudi et le dimanche, jours de sortie, que le Père Jaouen venait les chercher. Cette appellation, bien jolie, est restée.

L'A.J.D est une association qui existe depuis 1954 et a qui pour vocation d'organiser des stages de formation et de réinsertion pour des jeunes en difficulté et également des stages d'initiation à la mer ouverts à tous.

L'essentiel de la formation repose sur l'apprentissage des métiers de la mer et de la vie communautaire. Le Bel Espoir II, le Rara Avis, l'île Stagadon, le chantier AJD permettent d'accueillir des centaines de jeunes par an. Il n'y a que 3 salariés à l'association et des bénévoles. Celle ci tourne grâce à la présence constante du Père Jaouen, de quelques proches et amis, des stagiaires du moment.

En octobre de cette année, lors d'une de mes missions en rade de Brest, sur le Navire Océanographique du CNRS, "Le cote de la Manche", nous avons croisé Le "Bel Espoir".

Ce beau navire a été construit en 1944 à Svendborg, au Danemark, sous le nom de "Nette S" par les architectes navals Ring Andersen, pour le compte de la Compagnie maritime A.C. Sorensen. Le navire fut rebaptisé ensuite "Peder Most". Conçu et aménagé pour le transport du bétail entre Copenhague et Hambourg. Il pratiqua ce métier pendant dix ans. En 1955, une organisation anglaise, la "Outward Bound Trust", récupéra la goëlette pour servir à l'apprentissage maritime des élèves des "public schools". Elle fut transformée en navire-école et, baptisée le 30 juin 1965 "Prince Louis II". Le Prince Charles y fît paraît-il ses classes. C'est en mai 1968 que l'Association Amis de Jeudi-Dimanche en devient propriétaire. La goëlette arrive à l'Aberwrac'h et prend son nouveau nom "Bel Espoir II".

Le "Bel Espoir" est une goëlette à trois mats de 38,50 m de long et 7,20 m de large. Le tirant d'eau est de 2,80 m, il peut porter plus de 650 m² de voiles. Côté aménagements, on y trouve un poste central avec 9 cabines de 2 à 4 couchettes, un poste d'équipage entouré de 4 cabines de 2 couchettes, 2 toilettes, une à l'avant et l'autre dans le poste équipage. Sur le pont, le roof permet à une quarantaine de personnes de manger à l'aise, et sur l'arrière, la timonerie avec la cabine du capitaine en dessous précède la cuisine.

Que l'association, ses membres et stagiaires soient chaleureusement salués par ce billet.

http://www.belespoir.com/index.html

mercredi 11 novembre 2009

Mon Identité Nationale à moi - II


Mon Identité Nationale à moi c'est aussi l'image de ce peuple Black-Blanc-Beur qui se réapproprie, en 1998, le drapeau tricolore et le confisque à l'extrême droite qui voudrait en faire un drapeau nationaliste et fasciste à l'instar de croix gammée des nazis et que nous, les démocrates progressistes de gauche, nous aurions honte d'arborer, nous dépossédant, nous dépouillant ainsi d'un de nos symboles de notre république libre, égalitaire, fraternelle et laïque.

mardi 10 novembre 2009

Mon Identité Nationale à moi



En son temps Ferrat avait exprimé tout son amour pour la France à travers cette magnifique chanson, dès lors nul besoin de débat sur l’identité nationale car tout y était dit sur la tolérance, l’esprit de rébellion et de résistance, sur l’apport de l’autre ou sur ce qu’elle a de grand et d'admirable.

Il n’y a pas à dire la France de Ferrat est bien plus belle que celle que Sarkozy, Hortefeu et Besson nous préparent !

lundi 9 novembre 2009

Ailleurs que dans l'hexagone

Voilà un mois que j'ai un compteur de visites sur mon blog et je suis vraiment des plus heureux d'avoir pris cette initiative car, alors que je croyais écrire plus ou moins dans le vide – ce qui est profondément désespérant et démotivant - j'ai pu voir que j'étais lu.

En effet le service, qui me fournis ce compteur (Easy Couter : http://www.easycounter.com/) me permets d'avoir accès à certaines statistiques comme le nombres de visites par jours (15 en moyenne), par mois ou bien encore par pays. Et c'est là que mon étonnement a vraiment été grand car j'ai découvert que ma petite prose énervée diffusait ailleurs que dans l'hexagone. Ainsi si, c'était tout de même à prévoir, la majorité de mes lecteur est en France (70%) ceux qui me suivent des USA représentent 2% de mes lecteurs, 2 autres pour cent se répartissent entre le Canada, l'Espagne, la Hollande ou bien encore l'Australie, le reste non négligeable (26%) n'est pas reconnus par le serveur.

Que tous mes lecteurs, de par le monde, d'ici ou d'ailleurs soient salués, ce soir, par ce petit billet écrit afin de vous remercier car c'est vraiment beaucoup d'honneur que vous me faites en me lisant.

Cela me motive donc à poursuivre ma résistance, car même petite, cela est toujours de la résistance ... surtout si elle ne se fait pas dans le vide.

Merci, merci mille fois merci.

vendredi 6 novembre 2009

Climat : L’impossible consensus ?

Malgré un optimisme de façade, l’inquiétude plane à Barcelone sur le succès d’un accord mondial sur le climat avant janvier 2010. Le Sommet de Copenhague, qui se tiendra du 7 au 18 décembre, s’annonçait pourtant comme un moment historique il y a encore quelques mois. Nombre d’experts craignent aujourd’hui que les discussions ne débouchent sur un compromis peu ambitieux. Tous les partis laissent néanmoins la porte ouverte aux négociations, même l’Afrique qui avait menacé un temps de boycotter la conférence sous l’égide de l’ONU qui s’achève aujourd’hui dans la capitale catalane. (Correspondance)

Si les rencontres internationales se multiplient à travers la planète à 30 jours du Sommet de Copenhague sur le climat, les négociations semblent piétiner. À Barcelone, la dernière conférence internationale sous l’égide de l’ONU n’a pas débouché sur les résultats escomptés, sauf coup de théâtre de dernières minutes aujourd’hui. « Tout est encore possible », n’hésitent pas à répéter les négociateurs interrogés dans le Centre de convention de la capitale catalane qui a accueilli du 2 au 6 novembre plus de 4000 participants, dont les délégués de 181 pays. Les points de désaccords restent pourtant nombreux et un consensus difficile à réaliser. Le fossé entre pays émergents et États-Unis risque en particulier d’être difficile à combler. Comment concilier la demande d’une réduction de 40% des émissions de CO2 en 2020 par rapport à 1990 avec celle des USA dont le Sénat peine à voter un budget qui permettrait de réduire le CO2 de seulement 7% sur la même période ? « On demande aux nations pauvres de faire le choix entre pas de traité ou un mauvais traité », commente Natalie Curtis d’Oxfam. La volonté du G8, affichée en juillet dernier à L’Aquila en Italie, de contenir l’augmentation moyenne des températures sous la barre de 2°C a du mal à se transformer en acte. Au-delà, le dérèglement du climat aura pourtant des conséquences dramatiques sur la planète, selon les experts du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).

Inquiétude, deux ans après Bali

La délégation africaine avait tenté un coup d’éclat lundi 2 novembre pour l’ouverture des négociations de Barcelone, annonçant un boycott des discussions tant que les pays industrialisés n’annonceraient pas d’engagements chiffrés conséquents de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. La menace n’a pas été mise à exécution, les états africains cherchant avant tout à montrer leur désarroi face au « manque d’écoute » des pays riches dans les négociations. Si l’action n’a pas débouché sur un résultat concret, elle a cependant permis une meilleure prise de conscience du problème d’un continent en première ligne face aux menaces engendrées par le dérèglement climatique. « Cet accord n’est plus ni moins une question de survie pour l’Afrique », explique Grace Akumu, l’une des représentantes de l’African Group à Barcelone. « Tous les ingrédients sont là pour obtenir un accord, mais il manque une réelle volonté politique », commente Alden Meyer de l’Union of concerned scientists, groupe américain indépendant de scientifiques, membre de l’ONG international Réseau Action Climat. « Sans un sursaut des chefs d’État ou de gouvernement, le Plan d’action de Bali, qui annonçait un accord important fin 2009, ne tiendra pas ses promesses ».

Le financement en question

Si une entente mondiale sur un chiffre de réduction des émissions de gaz à effet de serre semble difficile à atteindre, la question du financement l’est encore plus. L’Union Européenne reste la seule à avoir fixé un montant d’aide public internationale pour soutenir les pays pauvres à réduire leurs émissions de CO2 et faire face aux effets climatique d’ici à 2020. Aucune autre puissance industrielle ne s’est encore risquée à le confirmer. L’argent est pourtant, selon tous les experts, le nerf de la guerre contre le réchauffement de la planète. « C’est une nouvelle révolution industrielle qui devra être accompli en seulement dix ans, explique Alden Meyer. « L’économie mondiale va devoir se transformer ». L’Afrique aimerait qu’une nouvelle structure de financement internationale complète, voire remplace, la Banque mondiale. Celle-ci rejette les critiques annonçant un effort de 1,1 milliard de dollars pour aider six pays africains via le Climate Investment Fund (CIF). Le Mozambique, le Niger, la zambie, le Maroc, l’Egypte et l’Afrique du Sud développeront des projets liés à l’énergie solaire ou éolienne et à l‘adaptation aux changements climatiques. « Nous espérons que nos différents programmes de financement inspirent les négociateurs sur des actions possibles pour un futur sans carbone », explique Katherine Sierra de la Banque Mondiale.

Envoyé spécial
6 novembre 2009, Patrick Cros
http://www.developpementdurablelejournal.com/spip.php?article5491

lundi 2 novembre 2009

Qui sème la misère, récolte la colère !

J'écris ce texte pour alerter, une fois de plus.

Une fois de plus j'écris un texte noir, mais j'y suis contraint, ne pouvant me résoudre à me taire. Et les sujets ne manquent pas depuis deux ans, c'est le résultat de la tactique de Sarkozy, qui consiste à attaquer sur tous les fronts, en même temps, divisant, par là même, les forces des opposants, qui se concentrent, alors, sur leurs sujets premiers et respectifs, ne pouvant être partout à la fois. Les syndicalistes et les militants s'essoufflent, ils sont usés d'aller dans la rue. Au final il n'y a plus d'opposition. Je ne suis pas mieux que les autres, je ne suis pas plus brave, je m'épuise aussi. Je suis épuisé de devoir toujours raller et ruer dans les brancards. Mais la nécessité faisant la loi, une fois de plus je reprends mon clavier et mon blog pour alerter. Pour alerter sur un projet dont tout le monde a entendu parler, mais qui ne semble pas émouvoir plus que cela les citoyens de ce pays. Cela fait se soulever tous les élus locaux, de Droite (qui n'en contestent que la méthode) comme de Gauche (qui, eux, contestent le fond), mais les citoyens ne semblent pas se rendre compte de la gravité de la suppression de la Taxe Professionnelle - puisque c'est de cela qu'il s'agit- sur leur vie, sur notre modèle français.

Sarko est en train de détruire, par ses intempestives et impulsives annonces de pseudo réformes de modernisation (en langage Sarkosien cela signifie régression sociale), notre pays à petit feu, dans l'indifférence totale.

J'écris ce texte pour alerter, pour essayer de mobiliser, avec mes modestes moyens, les citoyens de ce pays que j'aime et qui se meurt sous les coups de boutoirs d'un président dogmatique et inconséquent. J'écris ce texte pour alerter contre un projet qui va toucher la vie des Français très concrètement, violement et directement et ce, au quotidien.

Je voudrais dire qu'il ne faut pas s'y tromper cette mobilisation contre la suppression de la Taxe Professionnelle (TP) n'est pas juste une affaire de politiciens mais qu'il s'agit bel et bien de ce qui fait notre vie et des facilités que nous avons à faire telle ou telle chose en dehors du temps de travail. Ne nous y trompons pas la Taxe Professionnelle est, pour une commune, ce qui lui permet de subventionner la vie de ses habitants et de leurs enfants leur permettant d'avoir accès aux associations, à la culture, aux équipements sportifs.

Maintenant vous allez me dire qu'avec la perte des finalités philosophiques du travail qui sont, non pas d'avoir un quelconque honneur que l'on perdrait en cas de chômage, mais bel et bien de permettre aux gens de vivre une vie de famille, de loisir, de sport, de culture, tout cela n'aura plus de raison d'être. Avec la survalorisation testostéronée de "la valeur travail", tout ce qui fait la vie à coté, sera désuet pour ne pas dire honteux. Nous pourrons, dés lors, regagner le flot des travailleurs-esclaves qui n'ont, comme seul horizon de vie que celui du travail, de l'épuisement puis de la mort. Bonjour les perspectives de lendemains qui chantent. Merci à la Droite de préparer un troupeau d'esclaves travaillant pour que les classes aisées puissent jouir des douceurs de la vie comme c'était le cas au 19ème siècle en France ou bien en Chine aujourd'hui.

Ne nous y trompons pas, c'est bien ce qui risque d'arriver. Prenons comme cas concret une ville comme les Ulis. En effet, la ville des Ulis est, avec la TP est la 10ème ville la plus riche de l'Essonne mais sans la TP, juste avec les revenus des impôts locaux nous redescendons à la 3ème ville la plus pauvre de l'Essonne. C'est vous dire si cet arrêt de versement de TP va avoir un impact direct sur les activités des Ulissiens. Pour comprendre il faut voir qu'il est plus que probable que nous ne pourrons plus subventionner les associations qui devront, dès lors, augmenter leurs tarifs ou bien mettre la clef sous la porte. Dans les deux cas de figures, les associations seront condamnées à court terme car les Ulissiens ne pourront plus payer leurs participations. La ville ne pourra plus offrir une si belle médiathèque, des entrés peu chères à la piscine, des spectacles de qualités reconnues et bons marchés au théâtre, une ville aussi bien entretenue et verte, etc... Tout cela déséquilibrera les villes populaires comme la nôtre qui se sentiront légitimement stigmatisées et abandonnées par la Nation. Cet abandon qui entraînera, c'est à craindre, des débordements violents de citoyens qui n'auront plus rien à perdre et qui serviront, ensuite, d'alibi à une politique ultra-sécuritaire.

Alors dans un premier temps les Communes, les Conseils Généraux ou bien les Régions se verront dans l'obligation d'augmenter les impôts locaux pour essayer de compresser l'hémorragie, mais cela aura des limites car nous ne pourrons, indéfiniment, ponctionner le peuple. Mais en attendant il y aura eu transfert des solidarités des entreprises, sur les citoyens qui devront, une fois de plus mettre la main au porte-monnaie pendant que les plus riches, eux, empocheront le pactole. Cela est révoltant. Cela me révolte !

Il ne faut pas que les citoyens soient dupes des supercheries et des cadeaux (allègements de charges, les emplois aidés, exonération de Taxe carbone …) fais aux entreprises depuis de très nombreuses années afin que celles-ci soient, soit disant, plus compétitives. Ne soyons pas dupes, car cela n'a jamais amené d'emplois supplémentaires mais au contraire de plus en plus de délocalisations et de plus en plus de bénéfices dans la poche des actionnaires. On peut même se poser la question, en un triste rire, de savoir si les entreprises privées, à force d'aides de l'état, ne s'apparenteraient pas à des entreprises publiques ? Autant de capitaux qui ne vont pas dans les entreprises publiques et qui se meurent justifiant les pseudo-salvatrices privatisations. Avec la suppression de la TP les entreprises vont avoir un nouveau cadeau, emballé par l'argument de la compétitivité internationale, mais cela ne se traduira par, une fois de plus, aucun bénéfice pour les salariés, les embauches, les investissement vers une plus grande sobriété environnementale, mais vers plus de bénéfices pour les patrons et les actionnaires et plus de misère dans les villes populaires.

Comme pour prouver cette roublardise des patrons et de la Droite, regardons le dernier cadeau fait aux entreprises en date par la baisse de la TVA dans le secteur de la restauration. Baisse de la TVA que l'on nous a vendu comme étant la solution pour plus d'embauches, une baisse significative des prix et une redynamisation du secteur hôtelier. Qu'en est-il aujourd'hui ? Rien n'est venu. Aucun engagement n'a été tenu, en revanche on peut légitimement se dire que les bénéfices, entre les prix qui n'ont pas baissé et la baisse de la TVA, sont allés dans la poche, déjà bien pleine, des patrons et autres actionnaires.

Enfin et pour conclure inutile de dire que cette suppression de TP sera irréversible. Même si la Gauche revenait au pouvoir et qu'il lui venait l'idée de remettre la TP nous assisterions à une levée de bouliers du lobby patronal, maniant la menace des licenciements à tour de bras faisant que nous ne pourrions jamais rétablir ce qui n'aurait jamais du disparaître.

Ne nous y trompons pas l'heure est grave, levons nous, mettons tout en œuvre pour que cela ne se fasse pas, soutenez vos élus locaux qui doivent sentir que le peuple est en colère.

Dessin : Enki Bilal

dimanche 1 novembre 2009

L’insouciant paraître, le nouvel opium du peuple

Il existe des sujets qui ne prennent pas de rides. Des sujets qui continuent à engendrer des controverses stériles. Des sujets qui ressemblent à des marronniers télévisuels. Le sujet de la fourrure en est un bon exemple. La réflexion de ce texte m’est venue, alors que je roulais sur l’autoroute, vers Port-St-Louis du Rhône de 29 novembre 2008 pour rejoindre le Navire Océanographique Téthys II du CNRS qui nous accueillera pour 15 jours d’embarquement sur la Méditerranée et j'édite ce texte en ce début de novembre 2009, car le salon de la fourrure 2009 ouvrira ses portes à la fin de ce mois-ci et il est fort à parier que nous aurons le droit aux mêmes simagrèes. Je roulais donc et j’écoutais France-Inter qui relatait l’ouverture du salon de la fourrure. Je n’ai pu, alors, m’empêcher de me remémorer les affrontements d’il y a 20 sur ce même sujet. J’ai cru vivre un flash-back. Rien n’avait changé. Arrivé à la quarantaine, ce qui était, lors de ma jeunesse, était encore là aujourd’hui. Alors, sur les ondes nationales, se sont succédés les ineffables interviews des pro-fourrures et des défenseurs des animaux … et cela m’a énervé. Alors, une fois n’est pas coutume, je vais faire un billet, que certains pourraient classer d’écolo-animalier, sujet hautement glissant et décalé par rapport aux enjeux planétaires que nous vivons en ce moment et à l’heure de la remonté en crédibilité des Verts, traiter d’un sujet animalier est risqué. Mais bon, je m’y colle quand même, souhaitant que l’on ne me taxe pas d’autre chose que ce que je suis, c'est-à-dire un environnementaliste global qui se préoccupe de l’avenir durable de l’humain sur une planète aux équilibres climatiques, écologiques et biologiques préservés. Un écologiste conscientisé et non pas animalier.

Dés lors, la première réflexion qui m’est venue c’est qu’il était amusant de voir que les arguments avancés par les uns et les autres, dans le débat, n’avaient pas évolué d’un iota et ainsi, en effet, on a pu entendre les opposants argumenter que l’élevage des animaux étaient fait dans des conditions inadmissibles et que la mise à mort par électrocution (électrode dans la gueule et dans l’anus) pouvait plus s’assimiler à de la torture qu’à un acte professionnel et qu’il était possible, si l’on souhaitait vraiment porter de la fourrure, de s’acheter un manteau en fourrure synthétique.

Les partisans de la fourrure argumentant, alors, qu’il fallait mieux, pour le bilan carbone (ça c’est un argument récent soit dit en passant), acheter de la fourrure animale plutôt que de la fourrure synthétique car fabriquée à grand renfort d’énergie fossile et donc émettrice de GES. Les partisans de la fourrure achevant leur rhétorique par l’implacable argument que nous mangeons bien de la viande et que nos chaussures et vestes de cuir étaient bien des objets en peaux animales et que donc nous n'avons aucune leçon à donner puisque nous tuons aussi des animaux.

Les opposants demandant ensuite que soit étiquetée la provenance des fourrures afin que les acheteurs soient informés. Ouais ! Que dire !

Que dire face à ces positions enracinées dans des dizaines d’années de combats stériles ? L’un des problèmes vient, je pense, du fait que tous ces arguments sont valables, réels et recevables.

Il est réel que les animaux sont élevés dans des cages, misent à hauteur d’homme, aux planchers grillagés afin de faciliter le nettoyage des cages en permettant aux excréments de tomber directement au sol et il est réel, aussi, que pour les animaux (visons etc...) vivre, en permanence, sur un grillage entraine des plaies ouvertes, engendrées par le cisaillement des grilles, entre les « doigts » des pattes et donc de probable insupportables souffrances.

Il est vrais également que la mise à mort est cruelle.

Il est probablement vrais qu’il vaut mieux porter de la fourrure naturelle qui participe moins au réchauffement climatique que de la fourrure synthétique, même s’il faudrait faire un bilan carbone complet, des deux activités, pour pouvoir se prononcer de manière aussi définitive et catégorique.

Il est vrais également et évident que tous les vêtements en cuir provient de peaux animales. Personne n’en disconvient.

Mais alors quoi ? Et bien, ne pourrait-on pas faire la moyenne de tout cela ? Ne pourrait-on se dire que lorsque l’on abat une vache ou un cochon, pour s’en nourrir, il est plus intelligent et respectable de récupérer sa peau pour la valoriser ?

Ne pourrait-on pas légiférer pour que les fourrures, travaillées en Europe, proviennent d’élevages respectueux de la vie animale (cage à fonds plein, non surpeuplée, voir des enclos en plein air pour une vie plus agréable) ?

Ne pourrait-on légiférer pour imposer un mode d’abatage qui limite la douleur animale ?

Ne pourrait-on imposer un étiquetage avec un label indiquant que l’élevage est respectueux de la condition animale ?

Ne pourrait-on dire qu’il n’est pas possible de comparer l’utilisation du cuir et celle de la fourrure, car les démarches sont totalement différentes. La démarche d’utilisation du cuir est proche de celle des Inuits, de certains peuples africains ou bien encore des indiens d’Amérique du nord, qui n’ont jamais hésité à tuer un animal pour s’en nourrir, tout en ayant le total respect de celui qui a accepté de mourir pour qu’eux puissent survive, au point de ne rien gâcher et de tout utiliser (viande, os, peau). Alors que la production de fourrure, elle, n’est pas, vous en conviendrez, dans un objectif de survie, mais bel et bien dans celui du luxe et du paraître. On élève des animaux pour n’en prendre que la peau, que fait-on de la viande ? Mange-t-on du vison ? Ceci n’est-il pas que du gâchis comme nos sociétés de l’immédiat savent si bien en créer ? Ceci n’est-il pas une métaphore de ce que nous faisons subir à nos plus proches frères qui produisent, pour nous, de futiles et éphémères biens de consommations alors qu’ils ne font que survivent , concentrés dans des cages sans joies et sans avenir ?

Alors que conclure ? Que dire qui pourrait permettre de clore ce débat stérile afin que nous puissions passer à des choses bien plus impérieuses car, tout de même, l’inacceptable souffrance animal - puisque c’est le premier argument avancé par les protecteurs des animaux - est un sujet éminemment résolvable à coup d’obligations législatives, pourvu que nos assemblées veuillent bien y réfléchir un tant soit peu. Alors que conclure pour élever le débat et revenir à des problématiques plus ultimes ? Nous pourrions dire, par exemple, que ce combat est une image de plus dans l’album photo de notre société basée sur la consommation non vitale, basée sur le gâchis, la création mercantile d’envies et l’égoïsme. Nous pourrions dire que pendant que l’on se disperse sur des sujets solutionables on ne s’attache pas à répondre à l’ultimatum que nous posent les changements climatiques, la chute de la biodiversité, la pauvreté ou bien encore la sortie d'une société pétrolée. Nous pourrions dire que ces débats révèlent l’égoïsme de nos riches sociétés qui pensent qu’elles pourront durablement poursuivre leur train de vie sans se soucier de redistribuer leur richesse. Cela révèle l’insouciance de nos modes de vie qui pensent que l’on pourra s’isoler des autres peuples sans que cela n’ait d’impact sur les équilibres géostratégiques et sur la paix mondiale. L’insouciant paraître voici le nouvel opium du peuple c’est ce que m’inspire, au final, ce combat d’un autre âge et qui aurait déjà dû être résolu depuis de nombreuses années … passons à autre chose maintenant.

vendredi 23 octobre 2009

Les Ulis s'engagent pour le climat

Motion de soutien à l’appel pour

la conférence de Copenhague sur

l’ultimatum climatique

Maud OLIVIER

Maire des Ulis



Le Sommet de l’ONU sur le climat se tiendra au mois de décembre de cette année à Copenhague. Il aura pour principal objectif de donner une suite au protocole de Kyoto qui soit à la hauteur des enjeux environnementaux majeurs que nous allons, tous ensemble, devoir affronter dans les décennies à venir.

Les dirigeants du monde entier, confrontés au péril climatique, devront parvenir à surmonter leurs divergences d’intérêts pour se rassembler autour d’un projet politique mondial audacieux.

En effet, le climat constitue l’un des enjeux planétaires pour les décennies qui viennent. La communauté scientifique internationale considère qu’il faut stabiliser le climat à un niveau de réchauffement global inférieur à 2°C par rapport à 1990, sous peine de conséquences environnementales entraînant de graves déstabilisations de nos sociétés humaines et ce, sur l’ensemble de la planète.

Or chacun sait que toute crise entraîne débordements et violences ; c’est bien le sens du prix Nobel de la paix, décerné au Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) en 2007 qui nous rappelle qu’il faut se préoccuper du climat afin de préserver la Paix.

Mais il est à regretter qu'actuellement, les dirigeants mondiaux n’ont toujours pas réussi à dépasser les intérêts étatiques et restent prisonniers d’une vision économique mondialisée à court terme, incompatible avec les enjeux de la crise climatique.

Il est donc crucial que cette négociation internationale se traduise par des engagements forts, notamment de la part des pays industrialisés, qui ont une responsabilité historique et dont les émissions doivent impérativement décroître (le chiffre de 80% par rapport à 1990 d’ici 2050 a été avancé par le GIEC). C’est une condition impérative pour prévenir les atteintes environnementales qui toucheront tout le monde, mais bien évidemment en premier lieu les plus pauvres

Les pays émergeants ont également un rôle stratégique à jouer, afin que leur légitime aspiration au bien être se fasse dans le cadre de nouveaux modèles de développement, sobres en carbone et respectueux des équilibres planétaires.

Cette exigence, vitale pour la planète, s’accompagne d’une forte mobilisation citoyenne et associative, qui se traduit par de nombreuses initiatives dont l’appel « l’Ultimatum climatique » (www.copenhague-2009.com), lancé par une douzaine d’ONG françaises, en vue de peser sur l’engagement de la France dans les négociations de Copenhague

C’est pourquoi, le Conseil Municipal, après en avoir délibéré,

DECIDE de S’ASSOCIER à l’appel « L’Ultimatum Climatique » lancé par les ONG françaises et de PROMOUVOIR cette initiative ;

DEMANDE aux représentants de la France d'être des moteurs volontaristes et audacieux dans les négociations de Copenhague.

Motion votée à l'unanimité en Conseil Municipal le 23 octobre 2009

jeudi 22 octobre 2009

L'état découvre la nature ... des problèmes


-Le Préfet, oct 09 : "Hé ! les gars, on vient d'inventer l'eau tiède !"

C'est en substance la situation, au combien burlesque, à laquelle on assiste en ce moment.

L'état, via son chargé des basses œuvres (le préfet), découvre qu'il y a un problème environnemental en Bretagne. Qu'il y a un problème dû à une pousse excessive d'algues vertes qui s'amassent sur les côtes et que cela peut poser un problème sanitaire. L'état découvre que les atteintes à l'environnement peuvent porter atteinte à l'humain français et non plus uniquement aux habitants de Lagos (ancienne capitale du Nigeria) dont tout le monde se fout éperdument pourvu que l'on ait tous notre I-Pod (pour ceux qui ne comprennent pas l'allusion, allez voir "le syndrome du Titanic").

L'état découvre que ces déséquilibres environnementaux sont dues à l'activité humaine. Wouah ! Quelle découverte !

Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous !

Oui certes, mais cela a un petit goût d'amertume quand on sait que cela fait des décennies que nous (les écolos) alertons les autorités sur les impacts sur l'environnement que peuvent avoir l'utilisation excessive de fertilisants (sans parler des pesticides et autres herbicides), en agriculture, et ce, trop près des rivières et du littoral alors que l'on a détruit les zones tampons qui pouvaient absorber nos excès avant que ceux-ci ne se retrouvent dans l'environnement sauvage et ne le déséquilibre.

Cela fait des décennies que l'on alerte les autorités pour demander une réorganisation de nos modes de productions pour allier production agricole, protection des milieux et des espèces, protections des emplois, etc... Bref cela fait des années que l'on demande, avant l'heure, une démarche de Développement Durable.

Mais cela fait aussi des décennies que l'on nous rit au nez. Que l'on nous prend pour de doux rêveurs, que l'on nous dit de laisser les gens sérieux travailler et d'aller jouer ailleurs.

Amère ? Oh que oui, mais inquiet aussi, car là je ne vous parle que des algues vertes en Bretagne, mais l'image de cette très, mais vraiment très tardive prise de conscience est à l'image des autres sujets que nous dénonçons depuis trop longtemps : baisse de la biodiversité, utilisation de pesticides, pollution des eaux et de l'atmosphère, pic pétrolier, mondialisation inhumaine, croissance sans conscience et bien d'autres choses encore.

Putain, qu'ils sont lent à la comprenette ces décideurs bien calés dans leurs sièges de cuir noir.

A cette mise en lumière de leur incapacité à comprendre quoi que ce soit d'un peu plus dense que la reprise de la consommation des ménages, ma crainte est qu'ils ne comprennent, enfin, l'enjeu climatique que dans 30 ans. Qu'ils ne comprennent cela que quand il sera, cette fois-ci, vraiment trop tard pour agir et que nous n'ayons plus que nos yeux pour pleurer.

Ainsi et comme pour alimenter mes craintes j'ai vu le résultat, décevant, de la rencontre, au Luxembourg ce 20 octobre, des ministres des finances des Vingt-Sept. Cette réunion, qui se voulait la dernière ligne droite avant les négociations sur le climat avant Copenhague, n'a pas réussi à mettre d'accord les représentants des pays de l'Union sur le montant et la répartition des efforts financiers qu'il faudrait que l'UE consacre afin de lutter contre les changements climatiques. Je crains donc que l'ensemble de l'humanité ne soit condamnée par des technocrates qui n'entendent pas, persuadés, au mieux, qu'ils défendent les intérêts de leur pays alors qu'il ne réalisent pas que celui-ci est lié - de par son appartenance à cette planète - au sort que nous réserverons au reste de l'humanité et aux conditions environnementales que nous préserverons ou non.