"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

samedi 25 mai 2019

Le sable est surexploité et c'est une catastrophe environnementale selon l'ONU

Il est partout. Dans les infrastructures, les ponts, les routes, le verre, les cosmétiques... Le sable est la matière première la plus utilisée après l'eau. Or cette ressource n'est pas illimitée et son extraction a des conséquences désastreuses sur l'environnement. À ce rythme, d'ici 2100, la quasi-totalité des plages pourrait avoir disparu. Un nouveau rapport de l'ONU plaide pour un encadrement international de son utilisation.



C’est la matière première la plus utilisée après l’eau. Le sable, composant essentiel du béton, est utilisé partout. Dans les routes, les ponts, les immeubles, le verre et même les cosmétiques. Chaque année 40 à 50 millions de tonnes de sable sont extraites. La construction d’une maison moyenne nécessite par exemple l’utilisation de 200 tonnes de sables. Or, la demande de cette ressource ne cesse d’augmenter, alerte un nouveau rapport de l’ONU.

"Déplacement, habitudes de consommation, croissance démographique, urbanisation et développement des infrastructures… la demande de sable a triplé au cours des deux dernières décennies", note Joyce Msuya, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement. "Nous avons maintenant besoin de 50 milliards de tonnes par an, en moyenne de 18 kg par personne et par jour".

Disparition de 24 îles indonésiennes

Or l’extraction du sable a un vrai impact environnemental. "Le fait de prendre du sable sur la plage enlève les défenses naturelles que l’on a contre les vagues de tempête. Cela a un impact sur les inondations côtières", a rappelé chez RFI Pascal Peduzzi, du Programme des Nations unies pour l’environnement. "Quand vous extrayez du sable sur les rivières, si vous creusez le fond, la dynamique de la rivière va changer. Il peut y avoir des ralentissements, soit des accélérations, donnant lieu des inondations plus fréquentes ou plus intenses, soit à des sécheresses".

Singapour est le plus gros importateur de sable au monde. Selon le rapport, la ville-État a augmenté sa superficie de 20 % au cours des 40 dernières années pour répondre à la croissance démographique. Le sable est principalement importé d’Indonésie. Or cette importation serait responsable de la disparition de 24 îles indonésiennes.

L'impact sur la biodiversité est également pointé du doigt. Les industriels draguent de plus en plus les rivières, lacs et fonds marins, la plupart des mines et carrières de sable étant épuisées. Une pratique qui participe à la destruction des espaces sous-marines et qui dérègle des écosystèmes.

Encadrer l'extraction du sable

"Pour l’une des matières les plus échangées sur la planète, la prise de conscience des impacts généralisés est très faible", atteste le rapport. "C’est l’une des activités les moins réglementées dans de nombreuses régions". Les chercheurs pointent ainsi la présence d'une Mafia du sable au Maghreb et particulièrement au Maroc.

Pour répondre aux enjeux de durabilité, l’ONU propose l’instauration de réglementations internationales pour encadrer l’extraction du sable et obliger à plus de transparence. Les auteurs soulignent la nécessité de réduire la construction des infrastructures et d’utiliser des alternatives au béton.

lundi 6 mai 2019

Biodiversité: Une seule espèce, l’homme, menace l’ensemble du vivant

Les scientifiques de l’Ipbes, « le GIEC de la biodiversité », publient ce lundi la première évaluation depuis 2005 de l’état mondial de la biodiversité et des systèmes écosystémiques



Sur les huit millions d’espèces animales et végétales sur la Terre, un million est aujourd’hui menacé d’extinction au cours des prochaines décennies. Du jamais vu jusqu’à présent dans l’histoire de l’humanité. Depuis 1900, l’abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d’au moins 20 % en moyenne.

Les scientifiques de l’Ipbes, la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystèmiques, avaient prévenu : "le rapport sur l’état mondial de la biodiversité, qu’ils publient ce lundi à Paris, ne serait guère rassurant."

« On ne pourra plus dire qu’on ne savait pas »

Pendant trois ans, 150 chercheurs du monde entier, aidés de 350 autres ont compilé pour l’Ipbes – c’est-à-dire le GIEC de la biodiversité – ont passé en revue 15.000 références scientifiques pour dresser la carte mondiale du vivant : combien restent-ils d’espèces animales et végétales sur Terre ? En quel état sont-elles ? Et, surtout, quelle pression l’homme fait-il peser sur elles ?

Aux 1.800 pages du rapport complet, l’Ipbes a ajouté ce lundi, « le résumé aux décideurs », un texte de 40 pages qui leur récapitule les messages clés et esquisse les divers scénarios possibles pour les dirigeants politiques. C’est ce document qui a fait l’objet d’âpres négociations entre les représentants des 132 pays membres de l’Ipbes toute la semaine dernière, au siège de l’Unesco à Paris. C’est ce qui donne une valeur historique à ce document, dit Pierre Cannet, responsable des programmes Nature au WWF France : « Non seulement il s’agit une évaluation très complète de l’état actuel de la biodiversité, ces 15.000 références représentant l’équivalent de près de 18 années de travail scientifique, commence-t-il. Mais, en plus, les conclusions ont été validées, via ce résumé pour décideurs, par 132 pays qui ne pourront plus dire "on ne savait pas". »

La colonisation de la Terre par l’homme

Et ce résumé pour décideurs fait froid dans le dos. Tout autant que le « un million » d’espèces menacées d’extinction ou la perte générale de l’abondance des espèces locales depuis 1900, Pierre Cannet pointe « la colonisation de la Terre par l’homme » au sujet de laquelle le rapport de l’Ipbes fourmille de données.
  • Les trois quarts de l’environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin ont été significativement modifiés par l’action humaine.
  • Plus d’un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage.
  • 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non-renouvelables sont maintenant extraites chaque année dans le monde. Une quantité qui a presque doublé depuis 1980.
  • Les zones urbaines ont plus que doublé depuis 1992.
  • En 2015, 33 % des stocks de poissons marins ont été exploités à des niveaux non durables ; 60 % l’ont été au niveau maximum de pêche durable, et seulement 7 % à un niveau inférieur à celui estimé comme étant durable.
  • La pollution par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980.

« Pour la première fois depuis qu’il y a de la vie sur Terre, nous avons une seule et même espèce, l’homme, qui menace l’ensemble du vivant », résume Pierre Cannet.

Pas qu’une question de hausse de la population mondiale

Certes, cette emprise de l’homme sur le vivant est la conséquence, en partie, d’une démographie galopante. Les scientifiques de l’Ipbes n’éludent pas ce facteur. « Depuis 1970, la population mondiale a plus que doublé passant de 3,7 à 7,6 milliards d’individus », rappelle le rapport. Mais l’évaluation pointe aussi « l’augmentation de la consommation par habitant et l’innovation technologique, dont les dommages causés à la nature ont diminué dans certains cas tandis qu’ils ont augmenté dans d’autres. »

Autrement dit, il n’y a aucun pays qui n’a pas sa part de responsabilité dans cette érosion du monde vivant, même ceux dont la population est stable. « Une tendance qui émerge est celle dite de l’interconnectivité mondiale ou « télécoupling », indique le professeur américano-brésilien Edouardo S. Brondizio, qui a coprésidé le rapport de l’Ipbes. Dans ce cas, l’extraction des ressources et leur production ont lieu dans une partie du monde, mais servent souvent à satisfaire les besoins de consommateurs éloignés, qui vivent dans d’autres régions. » « C’est par exemple l’huile de palme que les pays industrialisés du nord importent d’Indonésie, de Malaisie et de plus en plus d’Afrique, où cette production, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, est source de déforestation, illustre Pierre Cannet. C’est encore le soja, produit massivement au Brésil où elle grignote la savane du Cerrado puis importé dans les pays du Nord pour y nourrir les élevages. »

« Dans les dix pays les plus consommateurs de ressources naturelles, on retrouve alors sans surprise les pays du G7, poursuit le responsable des programmes Nature au WWF France. Les Etats-Unis, l’Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni et la France qui arrive en quatrième position ».

« Agir dès maintenant à tous les niveaux, du local au mondial »

L’Ipbes ne va pas alors par quatre chemins. « Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier », indique son président, l’écologiste Sir Robert Watson. S’il n’est pas trop tard pour agir, « il faut le faire maintenant, à tous les niveaux, du local au mondial », précise le rapport, qui appelle à « un changement transformateur » de nos sociétés.

C’est peut-être une limite de cette évaluation de l’Ipbes pour Pierre Cannet. « Dans les scénarios et les pistes d’améliorations recensées, elle n’est pas aussi précise que peuvent l’être les rapports du GIEC sur le climat », observe-t-il. Quoi qu’il en soit, la feuille de route est connue : fin 2020 se tiendra en Chine la COP15 de la Convention sur la diversité biologique. Elle devra fixer, pour la décennie à venir, des cibles claires pour endiguer la perte de biodiversité et des mécanismes de mise en œuvre afin de les atteindre. Beaucoup appellent à l’adoption d’un accord mondial ambitieux à la mesure de ce qu’a été la COP21 de Paris pour le climat.

La France dit déjà préparer l’événement, via notamment le G7 de l’environnement qu’elle organise depuis dimanche à Metz. Elle devrait aboutir ce lundi à l’adoption d’une charte de la biodiversité par la quinzaine de pays présent. L’occasion pour ces Etats de montrer leur détermination à agir, assure-t-on au ministère de la transition écologique.

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Pourquoi préserver la biodiversité n’est pas qu’un enjeu environnemental ?

« Nous sommes en train d’éroder les fondements même de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier ». Le constat est de Sir Robert Watson, le président de l’Ipbes, dans le rapport publié ce lundi.

Les 1.800 pages n’inventorient pas seulement les espèces animales et végétales sur Terre, il liste aussi tous les services que rend la nature à l’homme. « Plus de deux milliards de personnes dépendent ainsi du bois pour satisfaire leurs besoins en énergie primaire, environ 70 % des médicaments utilisés contre le cancer sont naturels ou sont des produits synthétiques inspirés par la nature », illustre le rapport. Plus de 75 % des types de cultures vivrières dans le monde, y compris les fruits et légumes mais aussi le café, le cacao et les amandes, dépendent par ailleurs de la pollinisation par les animaux. La nature est par ailleurs un atout de taille dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les écosystèmes marins et terrestres sont les seuls puits d’émissions de carbone anthropiques, avec une séquestration brute de 5,6 gigatonnes de carbone par an (l’équivalent d’environ 60 % des émissions anthropiques mondiales).

Voilà pourquoi, selon l’Ipbes, si nous ne parvenons pas à endiguer cette érosion du vivant, la communauté internationale ne parviendra pas à réussir ses dix-sept Objectifs de développement durable (ODD) qu’elle s’est fixé à atteindre pour 2030. Ceux d’éradiquer la pauvreté et la faim dans le monde par exemple, celui encore d’assurer à tous une eau propre et un assainissement…

Fabrice Pouliquen - 20 Minutes

vendredi 3 mai 2019

La fête du travail est celles des droits des travailleurs à vivre !!!



"Toujours prêt à décrocher le pompon, Emmanuel Macron, le prêcheur de la République, transforme le 1er Mai, journée internationale des travailleurs et travailleuses en lutte pour leurs droits - en fête du travail, de la patrie et du productivisme ... La famille n’est pas loin." nous dit, sur facebook, Esther Benbasa à la parution du tweet du président Macron à l'occasion du 1er mai.

Et en effet, pour moi, la fête des travailleurs est là pour nous rappeler que la vraie vie, celle qui a du sens n'est pas celle enchaînée au poste de travail pour produire des choses mortes, des choses inutiles, des services imbéciles, pour produire de la richesse chez les capitalistes mais, bel et bien, celle que l'on trouve auprès des amis, de la famille, de la nature, de la culture, de l'engagement humaniste et pacifiste. Le travail est evidement nécessaire, mais il faut le laisser à sa place car définitivement il ne sert à rien de perdre sa vie à la gagner.

Mais, je laisse à Jean-Louis Alessandri, la place dans cette publication car je ne saurais mieux dire les choses.

"Putain de Travail!


Depuis quelques années déjà, la réthorique sur le 1er mai tend à faire célébrer le travail. Du “vrai travail” de Pétain à Sarkozy ou encore le dernier tweet de Macron tendent à dévoyer le réel sens de ce jour hautement symbolique pour les travailleurs. Il ne s’agit pas de célébrer “ceux qui aiment le travail” ou le “chérissent parce qu’ils produisent” 1. Au delà du caractère apophasique de cette remarque qui sous entend que le travail est synonyme de “plaisir”, (on aime ce qui nous plaît, on chérit ce qui nous est cher), et que donc seuls les “amoureux” de leur travail, ceux qui le placent au dessus de tout le reste comme valeur humaine, sont les vrais travailleurs, il est évident que cette forme de langage cherche à nous faire penser que nous célébrons le travail tous les 1er mai. Néanmoins, il n’en est rien. L’histoire du mouvement ouvrier depuis le 19ème siècle cherche à s’émanciper du labeur. Au vu des chiffres d’une étude menée en Grande Bretagne, où 49% des travailleurs haïssent leur emploi, il est évident que le travail, pour une moitié d’entre nous, ne revêt pas ce caractère “amoureux” que les politiques veulent nous laisser croire. La révolution industrielle ayant fortement changé le paradigme économique a transformé le terme “métier” en “emploi”. Changement sémantique hautement symbolique puisque l’emploi revêt une idée de “tâche” accomplie étant évaluée à une rémunération, le terme métier, lui, implique une formation, des compétences et des qualités reconnues par la société toute entière. La vision de la société sur le “travail” est devenue biaisée et la horde de travailleurs pauvres n’a fait qu’augmenter tout au long des décennies. Certes, il est évident qu’un travail constitue une forme d’émancipation sociale il n’en reste pas moins que l’idée “de chérir” le travail n’est pas nécessairement en lien avec ce que les travailleurs pensent de leur emploi. Si ce n’est donc as le travail que l’on célèbre le 1er mai, qu’en est-il?

La lutte ouvrière s’est faite dans le sang et les larmes. C’est le combat pour la réduction du temps de travail, pour de meilleures rémunérations, des conditions de labeur plus humaines qui ont été au centre du mouvement ouvrier et syndicaliste. Peu de revendications sociales se basent sur “Aimer son travail”, “le chérir”. Il n’est certes pas incompatible de travailler et d’aimer ce que l’on fait tous les jours, mais pour cela, il faut que les conditions d’emplois soient suffisamment “humaines”. On ne peut aimer ce qui fait souffrir, ce qui ne nous rend pas heureux.

Les manifestants de Hay Market de 1886 tombés sous les balles de la police de Chicago, de Trafalgar Square et du premier Bloody Sunday de l’histoire, le 13 novembre 1887 où 300 manifestants furent arrêtés après avoir vu tomber trois des leurs sous les tirs de la police londonienne, des mineurs de Decazeville en 1886; de Marie Blondeau à Fourmies en 1892, tombée, parmi huit de ses camarades sous les balles des fusils Lebel, des grèves des mineurs à Pontypryd au Pays de galles matées par la troupe, des cheminots dans la vallée de la Rhonda et Tonypandy battus à mort pour certains par les Bobbies anglais, ont tous le point commun d’avoir lutté pour une réduction du temps de travail, des meilleurs salaires et des conditions de labeur humaines. Tous ces événements ont été entachés du sang des manifestants, des exécutions sans preuves et des arrestations. Car, comme le Procureur de la République le dira au sujet des journalistes Roche et Duc Quercy : "Ils ont soutenu des théories sociales. Or, le socialisme est un vain mot"

Un vain mot, voilà ce que le pouvoir a toujours pensé de la lutte ouvrière, une vaine lutte, c’est ÇA le 1er mai, la commémoration de ces luttes ouvrières, de ces tombés sous les coups de buttoirs des différents états, non pas l’amour du travail et de ceux qui le chérissent. Les ouvriers chériront leur travail lorsque leurs revendications sociales, légitimes seront entendues. Que la 7ème puissance mondiale se regarde enfin en face, qu’elle analyse la situation et alors le peuple aimera son travail, le chérira. Jusque là, le 1er mai sera le jour de la commémoration des leurs tombés pour leurs droits à vivre dignement de leur labeur.