"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mardi 27 décembre 2016

Pour un autre monde agricole

Une agriculture biologique, productive, humaniste et respectueuse du vivant est possible. Une démarche encore trop silencieuse.

La ferme permaculturelle de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire (Indre-et-Loire),
pilote des Fermes d'Avenir.

Nous sommes souvent spectateurs des crises à répétitions que connaît le monde agricole : crise de la vache folle, du lait, scandales multiples sur les pesticides… Lors de ces épisodes, les médias braquent les projecteurs sur ces enjeux et la réponse des agriculteurs désespérés, qui vont en général bloquer des routes, verser du fumier sur une préfecture. On se dit tous que c’est injuste, que l’on marche sur la tête à notre époque de ne pas savoir produire des tomates correctement et les vendre à un prix décent, alors qu’on est en mesure d’aller sur la Lune ou de réparer un cœur. On s’offusque le temps d’une crise, on débat beaucoup, puis les agriculteurs récupèrent des aides supplémentaires pour acheter encore un peu plus de poison pour leurs champs, pansements temporaires qui les incitent mécaniquement à s’équiper de technologies toujours plus chères…

L’agriculture doit changer et, si elle continue de connaître ces crises, c’est qu’elle est encore structurellement dans un ancien modèle. Elle continue de fonctionner comme dans les années 60 à 90, sur la croyance dans les engrais chimiques et les pesticides, dans la concentration et la mécanisation des exploitations, alors que cela ne fonctionne pas : pour la grande majorité des exploitants, il n’y a jamais réellement eu d’enrichissement dans cette «révolution agricole».

Le mouvement pour une agriculture biologique, productive, humaniste et respectueuse du vivant sous toutes ses formes est en fait bien en marche. Mais cette marche reste trop silencieuse et peu visible par le plus grand nombre. D’où le lancement de la pétition www.changeonslagriculture.org (Pétition déjà signée par Nicolas Hulot, Pierre Rabhi, Pierre Richard, Muriel Robin, Cyril Lignac.) lancée par l’association Fermes d’avenir. Cette pétition repose sur un plaidoyer, un travail collectif qui prouve qu’une autre agriculture est possible et souhaitable en chiffrant les externalités des agricultures. Fondé sur une série d’études scientifiques et d’expériences concrètes de terrain, il prouve sans ambiguïté que nous avons tous intérêt à changer de modèle agricole, que l’on soit agriculteur, consommateur ou élus d’une collectivité territoriale. La ferme doit faire sa mue, l’agriculteur ne peut rester isolé sur son tracteur, condamné à pulvériser des produits phytosanitaires, produire et vendre à des intermédiaires ou une coopérative à vil prix des produits contaminés, et mourir un jour de Parkinson ou d’un cancer de la prostate ou de la peau.

L’agriculteur de demain est agro-écologue, entrepreneur, travaille en réseau avec les parties prenantes de son terroir, les écoles, les restaurants, les consommateurs qui s’approvisionnent directement chez lui. Il n’utilise plus de produits chimiques mais produit lui-même ses engrais et outils de lutte biologique, créant par là même des emplois et une meilleure rentabilité et résilience pour son exploitation. Il génère des services écosystémiques qu’il vend à la société : il capte du carbone, régénère la biodiversité, produit de l’eau pure et des sols riches qui revalorisent son exploitation et rééquilibrent ses comptes.

Comment recréer de l’emploi dans les campagnes et éviter leur désertification ? Comment revaloriser le travail d’agriculteur et tenter de réduire l’explosion du taux de suicide dans cette profession ?

Au lieu de dépenser tout son budget dans les phytosanitaires polluants, l’agriculteur de demain investit dans les techniques permaculturelles et le capital humain, la formation de son personnel et le travail, certes mécanisé, mais qui valorise l’intervention humaine. Cette agriculture peut créer deux emplois à l’hectare, soit sept fois plus qu’en agriculture conventionnelle. Il ne s’agit rien d’autre que de sortir de l’ère des hydrocarbures (les engrais sont produits à base de pétrole).

Les agriculteurs de demain ne veulent pas l’aumône, ils veulent pouvoir faire leur métier proprement et fièrement. A nous tous, donc, de nous engager pour ne pas rester spectateurs, ne pas juste nous offusquer en attendant la prochaine crise sans rien faire. Pour une agriculture biologique, savoureuse et respectueuse du vivant. Au nom de la Terre, de nos papilles et des générations futures.

Maxime de Rostolan (directeur de l’association Fermes d’avenir)
Tristan Lecomte (président de l’association Fermes d’avenir)

Tribune lue dans : liberation.fr



Signez la pétition ici

vendredi 23 décembre 2016

L'expansion urbaine ou la folie des élus locaux révélée

La décentralisation a transféré le pouvoir de l'aménagement du territoire, de l'état vers les collectivités locales. Résultat, les élus locaux construisent, construisent et construisent toujours plus sur les terres agricoles ou forestières (espaces où il n'y a rien selon eux), qui disparaissent à raison de 100 000 ha par ans. Sans concertation globale et espérant, au mieux, attirer à eux, d’hypothétiques emplois et taxes supplémentaires, de bonne foi ou sous la pression des copains capitalistes et industriels, les élus coulent du béton dans une frénésie dévastatrice. Tous ces cols blancs, qui nous donnent des leçons de bonne gestion, de réalisme et de pragmatisme, ne sont que de dangereux inconscients qui font monter en moi, qui a les yeux ouverts, une forme d'angoisse et d'inquiétude pour l'avenir.


Le résultat de cette inconscience c’est qu’il existe, aujourd’hui, en France métropolitaine, 750 centres commerciaux et que, tous les ans, il s'en ouvre deux. Ce monde est fou. La version officielle de cette folie expansionniste, sans limite, c’est que ce serait bon pour l'emploi local. Brave intention en soi mais la fin justifie-t-elle les moyens ?

La réponse est clairement « NON » si ces moyens sont basés sur les vielles lunes du passé. Un passé où crises écologique, climatique, énergétique et métallique n’existaient pas encore et où le monde semblait sans limite, mais un passé qui a créé ces crises dans un mode fini. Or il est évident qu’en construisant toujours plus, le moyen proposé est basé là sur la consommation et le dogme de la croissance, donc sur l'émission de gaz à effet de serre donc d’impacts climatiques, sur l’épuisement des ressources et sur la destruction des terres nourricières, au détriment des agriculteurs et des consommateurs et de leur santé, au détriment des centres-villes, au détriment de la diversité ... une vision du passé portée par de gens du passé, incapables de voir le monde d'aujourd'hui, incapables de reconnaître ses nouvelles contraintes et de proposer des solutions qui prennent en compte les défis d'aujourd'hui, incapables de voir que la transition écologique est l'avenir. Incapables de penser autrement. Une fois de plus, seul l'écologiste est le réaliste, est le pragmatique, les autres étant tout sauf raisonnables.

Mais cette problématique n'est pas nouvelle, dès les années 70, la loi Royer tentait de limiter l'expansion commerciale afin de protéger les centres-villes. On aurait donc pu penser que depuis 40 ans la raison aurait eu gain de cause, mais rien n'y fit. L'expansion urbaine et commerciale n'a cessé de grignoter les paysages défigurant notre beau pays et mettant en péril notre souveraineté alimentaire (L’île-de-France ne dispose que de 3 à 5 jours d’autonomie alimentaire). Le législateur, pourtant, avait mis en place des commissions chargées d’étudier les implantations de nouveaux centre-commerciaux, mais celles-ci, constituées d'élus locaux, ne s'opposent jamais aux nouveaux projets. Ainsi donc, la seule chose que nos élus sont capables de nous proposer, c'est la fuite en avant avec toujours plus de béton, toujours plus de consommation carbonée, toujours moins de frugalité, toujours plus d'exploitation des plus faibles, toujours plus de précarité et, finalement, de moins en moins de durabilité.

A Noyelles-Godault (Nord) il y a un hyper-centre-commercial qui vide les centres villes des villes et villages alentours. Ainsi, pour répondre à cet hyper-centre-commercial, qui détruit leurs centres-villes, les villes d'alentours (Lens) n’ont rien trouvé de mieux que de répondre par.... la construction d'autres hyper-centre-commerciaux... sur les terres agricoles, bien évidement !!! Et ainsi, dans un climat de baisse de fréquentation, des bulles commerciales se créent, au détriment de tous, la création d'un emploi, vide de sens, en centre commercial entraînant la disparition de deux postes de travail, plus proches des gens et donc plus satisfaisants, en centre ville.

La bulle des centres commerciaux va-t-elle éclater comme à éclaté celle des états unis ? Seuls les élus répondent que non, alors qu'il est évident que cela n'est pas durable. Ces décideurs sont définitivement des incompétents notoires. Ces élus locaux, qui bétonnent leurs terres agricoles pour y construire d'immondes zones commerciales, sont les mêmes qui pleurent devant la désertification de leurs centres villes. Ces responsables politiques ne sont en fait que des irresponsables qui nous emmènent inexorablement vers l’effondrement. Pourtant « la dichotomie économie / écologie, l'opposition entre emploi et environnement c'est une vision du passé » a déclaré, fort justement, Corinne Lepage sur la chaîne public Sénat le 11 décembre 2016.

Devant ces constats toujours plus désespérants, très gentiment, ma sœur m'a suggéré le film « Qu'est-ce qu'on attend ? » en me disant qu'il était « à voir d'urgence car – me dit-elle - c'est un film qui fait un bien fou ». Mais à ces mots je me suis demandé pourquoi, au final, ce genre de films ne me fait pas particulièrement du bien ? J'ai été obligé de reconnaître qu'ils me renvoient trop à mon propre échec politique local, à mon incapacité à convaincre et à fédérer. Ce qui est montré dans ce film comme dans tant d'autres (Nos enfants nous accuseront, Homo toxicus, la mort est dans le près, sacrée croissance, ...), je l'ai tant de fois proposé et défendu, sur la ville des Ulis et ses environs, quand j'étais élu, sans avoir été jamais soutenu ni entendu ou pas par grand monde, qu'au final je n'ai rien fait passé. Force est de reconnaître que quand tu n'es pas majoritaire, sans le soutien du maire et du premier adjoint, tu ne peux rien faire, si ce n'est, bien faire marrer tes petits camarades, qui se targuent de réalisme et de pragmatisme tout en te traitant (au mieux) d’écolo doux rêveur. Moi je ne voulais juste faire qu'un quart de ce qui est montré dans ce film (cf la bande annonce).... mais au final nous n'avons rien fait d'écologique. Certes nous avons réalisé de belles actions sociales et culturelles, dont on peut être fier, mais rien qui aille dans le sens de la transition écologique qui aurait permis de faire des Ulis, une ville durable, une ville en transition, une ville résiliente, capable d'encaisser les crises économiques et/ou écologiques. Mais non, notre ville est encore et toujours perfusée au pétrole, dépendante des apports de nourriture (toxique) d'ailleurs alors qu'elle est entouré de champs à perte de vue, vulnérable aux froids et aux aléas climatiques... Notre ville et son vivre ensemble est encore et toujours menacée d'effondrement car aucun des défis (écologique, climatique, énergétique, métallique, ...), qui se posent à nous, n'aura été pris au sérieux. Ainsi je suis content pour les gens d'Ungersheim qui ont eu un maire lucide et éveillé au point de porter des actions véritablement écologiques, tout en me demandant, naïvement, pourquoi on n’en parle pas aux 20h ?!?! Il doit y avoir des intérêts économiques qui cherchent à ce que tout cela ne s'ébruite pas trop. Je suis content pour eux, comme je suis content pour Saint-Pierre-de-Frugie, en Dordogne, qui a su reprend vie en misant tout sur le bio, mais cela ne fait que révéler de façon criante mon propre echec et j’en suis presque humilié.

Le 5 octobre, au Sénat, Emmanuelle Cosse, ministre transfuge, a déclaré : « Nous sommes sortis de la crise du bâtiment et du logement ». Mais, entre nous, si c'est pour construire des pavillons ou des zones commerciales, encore et toujours, sur les terres agricoles et autres espaces naturels, si c'est pour construire en béton (fort émetteur de Gaz à Effet de Serre), si c'est pour ne toujours pas construire en passif, alors je ne vois pas où est le progrès qu'une personne, qui se dit écologiste, pourrait être fière de porter. Si c'est pour faire comme avant, alors je ne trouve pas que ce soit vraiment une bonne nouvelle. Ainsi donc, si l’Anthropocène caractérise l'époque de l'histoire de la Terre durant laquelle l’influence de l’être humain sur la biosphère a atteint un tel niveau qu'elle est devenue une « force géologique » majeure capable de marquer la lithosphère et qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l'écosystème terrestre, alors, définitivement l'anthropocène est bien une preuve de la puissance destructive de l'humanité, de notre capacité de nuisance exceptionnelle à laquelle participent ces élus aveuglés et vaniteux, ces chefs d’états corrompus, ces ministres serviles, ces décideurs inconscients, ces lobbies de l’argent et de l’industrie destructive, qui poursuivent une guerre contre la nature…

S’ils la gagnent, alors nous sommes perdus (Hubers Reeves).

Crédits photo du centre commercial déserté 
(Randall Park - North Randall, Ohio (1976 - 2009)) : Seph Lawless

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Trois films à voir pour compléter

Pour quelques hectares de plus.



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Centres commerciaux : la grande illusion - Documentaire 2015



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La terre en morceaux

samedi 10 décembre 2016

NDDL : Mr Grosvalet seriez-vous prêt à assumer ce que cela pourrait déclencher ?


Avec Bernard Cazeneuve, les zadistes ont gagné du temps. « La menace s'éloigne. On sait le nouveau Premier ministre plutôt pondéré et à l'écoute. La bataille ne s'arrête pas pour autant », indique une des porte-parole du Collectif des élus opposés à l'aéroport de NDDL. Oublié, l'objectif annoncé par Manuel Valls d'évacuer la Zad de Notre-Dame-des-Landes cet automne. Le nouveau locataire de Matignon, Bernard Cazeneuve, veut se donner le temps d'étudier le contentieux sur le sujet avec l'Union européenne. Rappelons que l’Europe a adressé, en 2014, une mise en demeure à la France pour manquement à l’obligation légale de produire une étude d’impact environnementale, estimant que les évaluations, alors établies, étaient trop fragmentées. L'Autorité environnementale, instance ministérielle, a été saisie. Mais Paris n'a toujours pas répondu à ce jour à la mise en demeure, même si un document semble être en préparation.

De plus les forces de police, épuisées, n’étant pas extensibles, dans un contexte de terrorisme national et international, la priorité est donnée à la sécurité des populations, pendant la période des fêtes. Ainsi l'intervention promise à l'automne par Manuel Valls, quand il était Premier ministre, ne va pas se faire tout de suite... Pour Bernard Cazeneuve, qui ne veut pas revivre « un Sivens puissance 27» ou la Bérézina de l'opération César de 2012, l'évacuation des opposants occupant la zone d'aménagement du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, n’est plus une priorité. Les Zadistes vont pouvoir passer Noël tranquille.

Cette situation nouvelle, « première étape de lucidité » selon Yannick Jadot, n’a pas manqué de provoquer les foudres des bétonneurs pro-Ayraultport, parlant de «Honte», de «scandale» et de «lâcheté». Les va-t-en-guerre, belliqueux et haineux, qui voient les bénéfices de leurs copains de Vinci encore s’éloigner, comme Bruno Retailleau, Alain Mustière ou bien le président du conseil départemental de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet ne décolèrent pas et parlent d’un gouvernement de « cague-braille », de « pétochards » et de « trouillards ». C’est dans ce contexte que Françoise Verchère à adressé une longue lettre (ci-dessous) au Président Grosvalet. Je me suis permis de vous la remettre là.

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Le 9 décembre 2016

Cher Philippe,

Le magazine départemental vient d’arriver dans nos boîtes aux lettres et j’y ai lu bien sûr « l’expression du président ». Franchement Philippe, je sais bien que ce n’est pas toi qui écris, mais tout de même...Achever ton texte par « les travaux, c’est maintenant !», tu ne crois pas que c’est un peu … malheureux ? En fait, ce serait presque à mourir de rire, si on avait encore le cœur à rire…quand on voit ce qu’est devenu le slogan socialiste d’il y a cinq ans, à l’épreuve des faits.

Au delà du slogan, je m’interroge. Serais-tu vraiment prêt à envoyer les forces de l’ordre dans le bocage si cela dépendait de toi ? Serais-tu prêt à assumer ce que cela pourrait déclencher ? Y crois-tu à ce point à ce projet « d’aménagement du territoire » pour reprendre la seule explication que tu m’aies jamais donnée à ton soutien à l’aéroport? Aménager à NDDL, c’est détruire de manière irréversible, tu le sais. Aménager à NDDL, c’est gaspiller de l’argent public alors que toutes les collectivités en manquent, tu le sais aussi. Aménager à NDDL, ce n’est pas compatible avec les engagements de la France, du Plan climat départemental, de la baisse des émissions de gaz à effet de serre, tu le sais aussi. Alors ?

Alors, tu vas me dire qu’ il y a la justice et la voix populaire. Que tu les respectes, et que tu nous demandes donc de le faire. Mais tu t’arranges un peu avec la vérité, Philippe.

Affirmer par exemple que 170 décisions favorables donnent une légitimité juridique au projet, c’est continuer à tromper les citoyens, car les opposants ne sont pas allés 170 fois devant la justice et tu le sais très bien. Pourquoi ne parles-tu pas des recours que nous avons gagnés ? Pourquoi ne parles-tu pas de l’argent public que vous avez versé illégalement à une entreprise qui n’en avait nul besoin et que nous lui avons fait rembourser ? Pourquoi ne parles-tu pas de l’infraction constituée vis à vis de la réglementation européenne qui vous empêche de commencer les travaux si vous prétendez respecter le droit ? Pourquoi ne reconnais-tu pas que deux ans après mon éviction d’une certaine commission, par la Préfecture et toi-même, la justice vient de me donner raison ?Il faudrait aussi s’engager dans un long débat sur le juste et le droit , sur la loi et le droit de s’y opposer...Trop long pour cette lettre. Je voudrais juste te rappeler la phrase de Paul Nizan qui devrait encore parler à quelqu’un qui se dit socialiste : « La bourgeoisie travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il lui est nécessaire de faire croire qu’elle travaille, qu’elle exploite, qu’elle massacre pour le bien final de l’humanité. Elle doit faire croire qu’elle est juste et elle-même doit le croire. » Remplace le mot « bourgeoisie » s’il te paraît vieillot mais les faits sont toujours là...et je crains que vous ne soyez complices tout en vous croyant justes.

Tu rappelles aussi la consultation de juin en disant que son résultat est « univoque » ; sans doute veux-tu dire qu’il n’y a qu’une interprétation à ce résultat ? Certes le oui a gagné et pourtant : 55 % de oui exprimés par 268 977 électeurs sur 967 457 inscrits, cela fait 27,8 % de gens favorables. Exactement ton propre score au dernières élections de mars 2015. Tu reconnaîtras sans doute si tu n’es pas totalement brouillé avec les chiffres que cela ne fait pas un plébiscite ni un raz de marée. Mais il est vrai que les politiques se sont habitués à se sentir légitimes quel que soit le nombre des voix en leur faveur, rapporté au nombre des inscrits. Vois-tu, nous n’avons pas la même conception de la sacralisation du fait majoritaire surtout quand il est si relatif !

Et surtout pourquoi cet avis de 27,8 % des habitants de Loire-Atlantique dont bon nombre ont d’ailleurs été leurrés par les mensonges du dossier ( sur l’emploi ou la création de nouvelles lignes aériennes pour ne citer que les plus gros qui ont marché…) vaudrait-il plus que tout le reste ? Plus que les avis négatifs de scientifiques, par exemple… ? Plus que l’avis éventuel de tous les autres citoyens ( régionaux et nationaux) qui auraient à payer cet aéroport et qu’on s’est bien gardé d’interroger ? Comment peux-tu trouver juste et définitive cette consultation pipée à tous points de vue, comme nous l’avons expliqué en détail?

Te souviens-tu Philippe de cette réunion de l’exécutif départemental où je vous avais dit que l’affaire NDDL était un nouveau Larzac en préparation ? Vous aviez bien ri ( rien à voir, disiez-vous, ni sur le fond ni sur la forme !…). J’avais raison sur la mobilisation , tu le reconnaîtras, mais pas sur votre positionnement car les « socialistes » ne sont plus du même côté ,c’est vrai...

Te souviens-tu de la séance du budget départemental où je vous ai raconté, sur fond de photo représentant les statues de l’Île de Pâques, que la destruction de cette civilisation avait pour cause : une crise écologique ( la coupe des arbres pour ériger les fameuses statues), l’aveuglement des élites, et la guerre qui s’en était suivie ? Te souviens-tu que je vous ai conjuré de faire mentir le dicton qui veut que l’histoire bégaie ? Je pensais surtout à l’aveuglement des élites...Te souviens-tu que vous avez gentiment voté un bel Agenda 21, et plus tard un beau Plan Climat dont vous vous moquez éperdument, sans quoi vous vous poseriez enfin les bonnes questions sur l’aéroport et sur tant d’autres choses ?

Te souviens-tu de ton étonnement quand tu as comparé les budgets que nous gérions tous les deux au Conseil Général, mon pauvre budget « environnement » que je n’arrivais pas à faire augmenter face à ton budget « économie » ? Tu n’en revenais pas qu’il y ait aussi peu d’argent pour l’environnement. Mais quand il s’est agi de passer des paroles aux actes, rien ou si peu…

Te souviens-tu que je t’ai dit un jour que votre problème à vous, hommes politiques était probablement votre rapport difficile voire inexistant à la mort et à la finitude ? Refus de votre mort politique, refus de votre mort tout court, et donc déni des limites de la planète et de la mort possible de notre civilisation et peut-être de notre espèce. Balayée d’un revers de main, la voix qui dit « attention à l’irréversible », « droit des générations futures », « respect du vivant »…

Philippe, je sais que moi je ne suis pas audible ( trop Cassandre ou trop Antigone, trop prof, trop emm...) mais dis moi, quand tu entends ou quand tu lis, si tu en as le temps, Jean Jouzel, Stephen Hawking, Paul Jorion, pour ne citer que ces trois là,dont on parle un peu en ce moment, ça ne te vient pas à l’esprit qu’ils ont raison ? Que votre vision de l’avenir est complètement à côté de la plaque ? Que vos théories de la Croissance du PIB, des investissements soi-disant pourvoyeurs des emplois de demain, de la technologie qui réglerait tous les problèmes, du « ruissellement » ( il faut des riches pour que les pauvres aient des miettes), sont contredites par les faits ? Et que tout ça en plus d’être faux va se fracasser sur la réalité de la modification du climat et de la sixième extinction des espèces ?

Tu dis respecter les opposants, les as-tu au moins regardés ? As-tu vu qui sont ces dizaines de milliers de gens qui viennent inlassablement manifester contre ce mauvais projet ? Qui n’ont d’autre intérêt que celui de laisser un monde vivable à leurs enfants. Comment peux-tu être du côté de Vinci contre eux, comment ? Par quelle paresse de la pensée, par quel aveuglement, par quel enfermement ? Comment peux-tu croire un instant aux compensations environnementales ? Au cas où tu ne le saurais pas, la justice vient de condamner Cosea ( groupement d’entreprises piloté par Vinci )pour non respect de ses engagements sur la construction de la Ligne à Grande Vitesse Paris-Tours ( article de Médiapart du 7 décembre 2016). Au cas où tu ne le saurais pas, AGO n’a pas respecté ses engagements de replantation sur le site de Nantes-Atlantique après avoir eu l’autorisation de détruire un petit bois pour en faire un parking de plus...Ce n’est pas grave n’est-ce pas ?

Je t’écris cette lettre alors que l’Île de France connaît avec d’autres grandes villes de France un pic de pollution « inédit » comme disent les media...Faudra-t-il demain espérer n’avoir que de la pluie et du vent et s’inquiéter du moindre épisode de beau temps si nous sommes incapables d’agir sur la qualité de l’air ? Faudra-t-il accepter que nos enfants soient tous asthmatiques ?

« Quousque tandem ? »pour reprendre la célèbre phrase de Cicéron ? Jusques à quand les politiques feront-ils l’autruche devant les enjeux environnementaux, pour le plus grand profit de quelques-uns ? Jusques à quand refuserez-vous de discuter des solutions encore possibles sur NDDL plutôt que de choisir une position inutilement va-t-en guerre ?

Excuse la longueur de ce courrier, pourtant très incomplet. Je reste bien sûr à ta disposition si l’envie te venait de discuter enfin du fond de ce dossier et peut-être d’autres.

Françoise Verchère

samedi 3 décembre 2016

Le choix de l’insoumission

A la veille de la réunion du Front commun à Montreuil, la Coopérative écologie sociale (dont sont notamment membres Francine Bavay, conseillère fédérale EELV, Sergio Coronado, député EELV des Français de l'étranger, Patrick Farbiaz, conseiller fédéral EELV, Bénédicte Monville-De Cecco, conseillère régionale d’Île de France EELV), profite de l’occasion pour «reposer au sein d’EELV, la question de l’opportunité d’une candidature écologiste à la présidentielle».

La situation nouvelle dans laquelle nous nous trouvons depuis l’élection de Donald Trump et la désignation de François Fillon comme candidat de la droite et du centre nous oblige à réaffirmer les choix, finalement minoritaires, que nous avions portés lors du dernier Congrès d’EELV et alors même que les primaires de l’écologie viennent de s’achever. La victoire sans appel de deux réactionnaires sur les bases d’une révolution ultralibérale, conservatrice, et souverainiste dans deux des six plus grandes puissances du monde conjuguée avec le poutinisme et le renforcement de la prédominance de Xi Jinping en Chine, ou encore d’Erdogan en Turquie change la donne. Le monde dans lequel nous entrons rompt non seulement avec les Trente glorieuses mais aussi, en Occident, avec la promesse de progrès social et démocratique. Le chaos géopolitique se double maintenant d’une hypothèse autoritaire. Le capitalisme n’a plus besoin de la démocratie, nulle part.

Dès lors, l’enjeu de l’élection présidentielle se modifie. Ce n’est plus seulement la défaite de la gauche qui se profile mais la nécessité d’entamer une recomposition politique pour organiser la résistance de celles et ceux qui veulent s’opposer au tsunami réactionnaire et ordo-libéral qui vient. Nous savions déjà, avant la victoire de François Fillon, que le vote à gauche se départagera entre celles et ceux qui, dans la peur d’un 21 avril annoncé, vont nous expliquer que le danger immédiat est celui de la droite et de l’extrême droite et celles et ceux qui estiment, comme en 1969, que l’enjeu est de montrer qu’il est possible d’en finir avec l’hégémonie d’une gauche néoconservatrice sur la gauche sociale, écologique et morale qui se bat depuis quatre ans contre ce gouvernement qui dévoie toutes nos valeurs. Mais si la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis démontre, s’il le fallait encore, que la première réponse est parfaitement inutile à long terme, celle de François Fillon renforce l’idée que la politique de la gauche de gouvernement depuis 2011 dans tous les domaines a encouragé cette révolution conservatrice. Il faut tout faire pour mettre en minorité le Parti Socialiste, responsable au premier chef de cette situation.

Vouloir porter un discours de changement positif est dans ce cadre une illusion et ne débouchera que sur une nouvelle déception. Faire 2, 3 voire 4 % reviendra à enfoncer un clou supplémentaire sur le cercueil de l’écologie politique alors qu’elle est la seule idée propulsive de l’avenir. Dans ces conditions, une candidature EELV, que notre candidat a qualifiée lui-même de candidature de témoignage à l’élection présidentielle, n’est pas souhaitable. Yannick Jadot a assurément des qualités pour être le candidat d’EELV mais à quoi sert un candidat de témoignage dans la période inédite que nous traversons ? Pourquoi prétendre que l’enjeu se situe encore dans la diffusion des idées écologistes alors qu’il s’agit de manière urgente de se demander comment créer les conditions qui permette de sortir l’écologie politique de la situation de marginalité où depuis la fin du XIXème siècle les forces conservatrices travaillent à la maintenir ? Yannick Jadot ne répond pas à ces questions. A quoi sert dans une période d’exaspération des national-populismes, de mensonges et de négation du dérèglement climatique et de ses conséquences de continuer à prétendre qu’il existe un peuple de l’écologie ? Quelle est la pertinence d’une candidature qui veut faire la synthèse entre une écologie bourgeoise, soucieuse de santé et de préservation de la nature, mais qui pourtant refuse de poser la question des rapports de production et de la prédominance du capital, et une écologie politique, au sens plein du terme, qui affronte la relation fondamentale entre capitalisme et destruction de la nature ? Avons-nous besoin d’une énième candidature de témoignage ? Sans un processus de rassemblement des forces du champ de l’émancipation sociale et écologiste quel sens cette candidature peut avoir ?

Ces dernières années, l’écologie politique a encore souffert du louvoiement, du renoncement, de l’accaparement par une « firme » d’un espace qui pourtant avait réuni plus de 16 % de l’électorat aux élections européennes de 2009. Ce formidable élan a été détruit par les petits marquis qui sont allés sans vergogne rejoindre la cohorte des soldats perdus du gouvernement Hollande-Valls. Notre parti a choisi d’y mettre un terme et c’est tant mieux mais pour quoi faire ?

L’élection présidentielle n’a jamais été le tremplin des candidat-es écologistes aux élections législatives. Ils ont toujours réalisé de meilleurs scores que le candidat parce que les électeurs votent utile en mai et reviennent en partie à un vote de conviction en juin. Cette fois-ci pourtant la revendication d’autonomie intransigeante dont se revendique le candidat EELV à la présidentielle comme d’ailleurs la majorité issue du Congrès de Pantin obère cette possibilité. Sur le terrain, les militant-es écologistes savent bien que l’heure est au désarroi et qu’il s’agit d’abord de regrouper des forces citoyennes en rupture avec le hollandisme pour rebâtir à partir du bas sur une plate forme partagée par l’ensemble des forces de la gauche de transformation sociale et écologique. Crier autonomie, autonomie, autonomie, n’a donc aucun sens sinon conforter celles et ceux qui se fourvoient et travaillent en réalité au maintien de la marginalité écologique. C’est-à-dire les tenants d’une écologie qui doute d’elle-même et de son potentiel de transformation radicale de nos sociétés. SI nous voulons, comme certains le prétendent, « déminoriser » l’écologie, il faut maintenant prendre nos responsabilités en devenant une des forces motrices d’une recomposition qui commencera sur le terrain dès les prochaines législatives.

La prochaine élection présidentielle consacrera la défaite de la gauche sociale libérale qui durant cinq ans aura trahi toutes nos aspirations, tous les engagements signés, toutes les promesses faites à des partenaires vassalisés et réduits à jouer les utilités. Et ce ne sont pas les dernières gesticulations d’une aile « gauche » du PS étrangement silencieuse en dehors des périodes électorales qui y changeront quoique ce soit, même si elles pourront duper certain-es électeurs/électrices. De ce fait, les électrices et électeurs de gauche n’auront que le choix entre des solutions par défaut : soit s’abstenir, soit témoigner, soit désobéir. Comme nous estimons que le vote est un acte politique de citoyenneté minimum, nous ne nous abstiendrons pas. Comme nous considérons que les candidatures de témoignage sont inutiles dans une période où l’écologie politique est dévoyée par le capitalisme vert, nous choisirons la désobéissance, car l’insoumission est le seul vote utile dans une période où le chaos est la règle et la cohérence dans la conviction, l’exception.

Désobéir à la Vème République et à son système présidentialiste qui, avec les primaires, a transformé notre pays en hippodrome de courses de chevaux entraînés par des écuries où suiveurs, courtisans et sponsors cherchent à miser sur le meilleur canasson pour l’emporter tous les cinq ans.

Désobéir à un système partidaire qui s’est coupé du peuple en choisissant la voie de l’oligarchie, de la soumission au gouvernement invisible des lobbies et des multinationales.

Désobéir à son parti politique, défait et laminé par les petites ambitions d’une partie de ses cadres et inviter ses militant-es à considérer avec nous la gravité de la situation et à en tirer toutes les conséquences.

C’est pourquoi nous faisons le choix de participer au front commun qui se dessine. Nous ne ne le faisons ni en fan, ni en groupie, ni en supporter de Jean-Luc Mélenchon. Nous avons des désaccords avec lui : son tropisme jacobin et centralisateur, sa vision géopolitique «campiste » datant de l’affrontement Est/Ouest, ses déclarations à l’emporte pièce, notamment sur l’immigration ou le « récit national » qu’il faudrait adopter « à partir du moment où on est français » … et nous comptons bien le dire haut et fort. Mais il a au moins trois qualités essentielles à nos yeux :

1) Il a réconcilié une partie de la gauche profonde avec l’écologie en faisant la jonction entre justice sociale et justice écologique. En prônant l’éco socialisme, la règle verte, la lutte déterminée contre les Grands projets inutiles et Imposés, [...], il permet à une partie des syndicalistes, de la gauche sociale, de converger avec l’écologie politique. En rompant notamment [...] avec l’immobilisme du PCF et du PS, il écologise en profondeur la gauche et prépare l’étape suivante, celle où l’écologie politique sera le moteur de la gauche.

2) Il a le rôle de voiture bélier dans cette présidentielle où il s’agit enfin de rompre avec une sociale-démocratie qui a rejoint le camp de la droite avec sa politique économique et sociale de régression (CICE, politique de l’offre, lois Macron, loi travail, répression antisyndicale, anti-jeunes, en particulier quand ils ou elles sont issu-es des milieux populaires, anti-militant-es, en particulier quand ils ou elles sont écologistes … ), sa politique productiviste anti écologiste (Notre Dame des Landes, Sivens, boues rouges, algues vertes, diesel, …) sa politique sociétale (déchéance de nationalité, expulsions des Rom, enterrement du droit de vote des étrangers et du contrôle au faciès, Etat d’urgence permanent, méga fichage TES, …), sa politique étrangère (logique de guerre en Afrique et au Moyen Orient, soutien aux dictatures, …). Il faut «hacker» cette présidentielle pour en finir avec le cycle d’Epinay sur lequel a prospéré un PS qui a renié un par un tous ses engagements de départ. Jean-Luc Mélenchon, parce qu’il a toujours dénoncé depuis le début du quinquennat, la présidence et la majorité autour de François Hollande a pour des millions de français cette crédibilité là. Nous devons empêcher non seulement le face-à-face entre les deux derniers présidents complices de la même politique d’austérité mais plus largement faire exploser définitivement le champ politique français constitué depuis des décennies et œuvrer à sa recomposition. Comme en Espagne, au Portugal, aux Etats Unis avec Bernie Sanders et Jill Stein, il faut pirater le système électoral en vigueur.

3) Jean-Luc Mélenchon par son combat permanent pour la VIème République, pour des mandats révocables, pour la proportionnelle, pour une Constituante, pour une majorité rose rouge verte peut enfin être l’occasion de la recomposition du paysage politique à gauche et au delà des partis constitués. Nuit Debout et le mouvement contre la loi Travail, les zadistes, les initiatives citoyennes et écologistes montrent que la recomposition se fera par le bas, qu’elle s’ancrera localement comme à Barcelone et à Madrid dans le communalisme libertaire. Mais l’implosion de ce système doit aussi venir par en haut. Le PS comme le PC (qui vient d’ailleurs de faire le choix de soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon) et à certains égards ce qui reste d’EELV sont des freins qui bloquent cette recomposition par le bas. Si Jean-Luc Mélenchon dépasse ne serait-ce que d’une voix François Hollande ou n’importe quel représentant du social libéralisme, la crise sera telle au PS que nous pourrons nous engager enfin dans une autre voie, celle de la construction d’un mouvement de type nouveau, un bloc social et écologiste où pourront s’agréger les forces motrices du changement issues des mouvements de la protestation sociale, de l’écologie, du féminisme, de l’antiracisme, du pacifisme. La recomposition est à ce prix. Elle ne dépendra pas du Parti de Gauche ou de la France Insoumise car il ne peut y avoir de recomposition par le haut, par le fait du prince. Un présidentiable ne peut jouer le rôle fédérateur d’une force politique au XXIème siècle et c’est une bonne chose. Et ce même si « La France Insoumise » en expérimentant des moyens d’organisation horizontaux où la liberté de chacun de faire campagne, est un mode d’organisation qui pourrait être utile comme on l’a vu avec Momentum, le mouvement pro Corbyn ou avec la campagne de Bernie Sanders.

Nous espérons que notre choix sera l’occasion de reposer au sein d’EELV, la question de l’opportunité d’une candidature écologiste à la présidentielle dans les conditions que nous avons à nouveau spécifiées ici. Si tel n’était pas le cas, celles et ceux qui parmi nous sont à EELV, utiliseront leur droit de retrait durant la campagne des présidentielles en même temps que nous nous battrons pour des candidatures les plus unitaires sur la base de plate–formes citoyennes, de gauche et écologistes aux élections législatives. Nous avons toujours décidé de notre orientation, sans a priori et en fonction de l’analyse d’une situation donnée. Aujourd’hui, au moment où les périls se rapprochent, si nous voulons une recomposition dont l’axe soit la convergence entre le social et l’écologie, il faut savoir rompre avec les attitudes boutiquières et faire le choix d’un front commun.

Article publié, par la Coopérative Ecologie Sociale, dans le Blog des invités de Médiapart, le 2 Décembre 2016

lundi 21 novembre 2016

La droite m'aura fait passer une excellente soirée

"Franchement - me dit, hier soir, mon ami Olivier Bardin, sur facebook, en me parlant de la soirée consacrée aux résultats de la primaire à droite - je m'en foutais pas mal de la primaire de droite ... je ne mesurais pas comme cette soirée me ferait plaisir !!" Je n'ai pu qu'être d'accord avec cette réflexion, car je me suis dis exactement la même chose en fin de soirée. Je me suis dis que j'avais finalement passé une excellente soirée devant ma télé.

Pourtant c'était mal parti. En effet en début de soirée, je me disait que ça faisait quand même mal au cul de passer une soirée, devant la TV, à ne voir que des tronches très propres sur elles, très "premiers de la classe", très blanches, très catho ... des tronches de droite. Un avant-goût amer, âpre et détestable des cinq prochaines années ? C'est à craindre. Un grand merci au parti socialiste pour tous ces renoncements, ces lois travail, cette tentation pour la déchéance de nationalité, ces concessions faites à la finance et aux bonnets rouge et qui ont engendré tant de déceptions, tant de désillusions et tant de désertions à Gauche. "Beaucoup, écœurés par le monde politique, par les promesses trahies, par les difficultés et les injustices du quotidien, par l'absence de perspectives d'avenir et par la fin des utopies - me dit Paquito Perez sur facebook - ont tiré le rideau pour ne plus voir le vieux monde en train de se recroqueviller sur ses fantasmes sécuritaires."

Je me désolais de ce que je lisais sur facebook. Tout le monde disait qu'il y avait eu un monde fou et des queues incroyables pour aller voter au premier tour de ces primaires, en ce dimanche 20 Novembre. Je ne pouvais m'empêcher de mettre cela en parallèle avec les bureaux de vote vides lors de vraies élections et je me disais que décidément les gens avaient des priorités qui m'échappaient et m’interrogeais sur la finalité de tout ce cirque pitoyable ? Tout cela pour bonnet blanc et blanc bonnet ?!?! Tout ce cirque pour que des vieux décident que les plus jeunes régressent socialement et que l'environnement et l'avenir, des générations futures, soient fusillés sur l'autel de la croissance. "C'est, en regardant les images d'hier, assez pour constater que la Primaire de la Droite n'est que la revanche des vieux et, le triomphe de Fillon, celui d'une vieille France [...]. Hier, la jeunesse de ce pays est restée totalement hors-jeu." Paquito Perez (Facebook).

Puis la première satisfaction est venue quand les premières estimations sont tombées et que j'ai vu la tronche de Ciotti afficher une immense déception. Quel bonheur que de le voir dans cette situation. Ce n'est pas très charitable comme sentiment, je le confesse, mais c'est comme ça, je n'ai pu retenir un certain plaisir sadique et revanchard.

La seconde satisfaction est arrivée immédiatement après quand j'ai vu que Copé ne recueillait que 0,3 % des voix. Du pur bonheur !!!!

Je n'ai pu, ensuite, qu'être d'accord avec Raffarin (GLUPS !!!) quand celui-ci s'est désolé de la division de la Gauche qui faisait le jeu du FN. Mais alors que faire puisque la machine à perdre, à Gauche, est en marche ? En effet, il y a des logiques, à Gauche, qui m'échappent : sous prétexte de ne pas vouloir voir un duel LR-Mélenchon, certains me disent qu'ils voteront soit EELV, soit PCF (deux choix très respectables par ailleurs. Suicidaires mais respectables), ou pire, PS - tous pourtant assurés de ne pas être au second tour - préférant voir un duel FN-LR plutôt qu'un duel entre les Républicains et les progressistes rassemblés qui ne seraient pas de leur camps ?!?! La politique m'apparaît comme un grand jeu dans une cour d'école où tout le monde joue, tant les joueurs que les spectateurs. On joue au mec très sérieux sans prendre la mesure de la gravité de la situation du pays et du monde. On joue la posture. On joue dans une grande guignolade de primaires. On joue en faisant semblant. On tente le jeu du bonimenteur. On joue mais la réalité on s'en fout, l'essentiel c'est que notre équipe ne soit pas éliminée. On joue pour notre équipe et pas pour résoudre les problèmes. Seule notre équipe compte, le reste on s'en tape. On joue même contre les équipes amies parce que "si j'ai toutes les chances de perdre il ne faut surtout pas que les copains gagnent". Voilà pourquoi je ne suis pas partisan et que je me range derrière Mélenchon qui a l'avantage d'être crédité de pourcentages (quoi qu'aujourd'hui comment donner foi aux sondage ?) très honorables qui lui permettent d'imaginer d'être au second tour, qui porte une radicalité sociale évidente et qui a pris les urgences écologiques au sérieux (selon Nicolas Hulot) au point de dire que l'écologie doit être au centre de son programme.

La troisième, et non des moindres, des satisfactions, celle que j'attendais, celle pour laquelle je suis resté devant ma télé est venue quand Sarkozix a reconnu sa défaite et pour la seconde fois a fait ses adieux à la vie publique. Putain, que c'était bon !!! Aller !!! Casse toi !!!

Mais que l'on ne s'y méprenne pas, mon immense plaisir de voir Sarkozix éliminé de la course, n'implique pas, chez moi, le plaisir de voir Fillon arriver en tête. Non, car son avènement est bien l'avènement de la droite chrétienne traditionaliste, homophobe (en 1981, il votait contre la dépénalisation de l'homosexualité, en 1999 il votait contre le PACS, aujourd'hui il se retrouve proche de la Manif pour Tous et contre l'adoption pour tous les couples) et anti-avortement.

Une droite qui pense que la colonisation visait juste à "partager sa culture".

Une droite ultra-libérale et anti-sociale : Fin de l'ISF, aides aux actionnaires via les allègements de charges des entreprises (parce qu'il ne faut pas croire que les allègements de charges des entreprises ira à l'embauche, cela n'a jamais été le cas, cela ne le sera jamais), allongement du temps de travail pour ceux qui en ont et même plus, plus de limitation, par la loi, de la durée du temps de travail (avec négociations au sein des entreprises comme si les salariés étaient en position de négocier) et plus de majoration de salaire pour les heures sup, baisse des allocations chômage, fin de la revalorisation systématique du SMIC, allongement du temps de cotisations pour la retraite alors que des jeunes souhaiteraient bosser, augmentation de la TVA, impôt injuste par excellence qui frappe, pauvres et puissants, sans prise en compte des situations… Quand t'es chrétien on ne t'apprend pas le partage et la justice ? Enfin moi, c'est ce que mes parents m'ont inculqué. Dès lors où sont-elles, ces notions, chez Fillon qui prône plus d'avantages pour ceux qui en ont déjà beaucoup et plus d'efforts pour ceux qui triment ? Elle est où l'égalité sociale chez le très chrétien Fillon ?

Fillon c'est le retour d'une droite violente et stigmatisante vis-à-vis des fonctionnaires (500 000 postes à supprimer). Quels métiers font ces centaines de milliers de feignasses de fonctionnaires que veulent supprimer les Républicains ? Enseignants, policiers, infirmiers, chercheurs ... ? Finalement que des gens inutiles pour la Nation, non ? Quelqu'un peut-il me dire s'il y a des salariés et des fonctionnaires parmi les électeurs de Fillon ? Si oui, sont-ils adeptes du sadomasochisme ?

Une droite partisane des OGM, "Osons relancer les recherches qui ont été interrompues au nom du principe de précaution, notamment en génétique", a lancé le député de Paris dans une tribune adressée aux agriculteurs avant de souhaiter faire de la France le "leader en Agriculture 3.0". Une droite partisane des gaz de schiste, du béton pour les pauvres et de l'air pur de la campagne pour les riches, des pesticides pour les pauvres et du bio pour les riches, de la fin du principe de précaution, jugé "dévoyé et arbitraire" .... Une droite, productiviste, croissantiste et totalement anti-écologique où les notions de biodiversité et de protection de la nature sauvage n'existent pas. Une droite qui suivra un François Fillon qui aura réaffirmé son soutien au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en appelant, il y a deux semaines, à "évacuer de façon musclée […] les hors-la-loi qui occupent un territoire de la République et contrôlent les identités". Ainsi les habitants de la ZAD de Notre-Dame des Landes ont bien des cheveux blancs à se faire, car cette droite-là ne s'embarrassera pas de bons sentiments face à ceux qui s'opposent à leurs folies. Pour la droite, un bon écologiste est un écologiste mort, semblent nous dire les yeux de Bruno Retailleau. Pour la raison d'état ils n'hésiteront pas à tuer et avec l'approbation du bon peuple de droite qui veut de l'ordre et qui flippe d'insécurité dans leurs résidences secondaires au coin du feu. "La France d'hier, celle de Fillon, n'est que la moitié visible de la France, celle des petits vieux terrorisés." Paquito Perez

Après Trump, Fillon est un très mauvais signal envoyé aux générations futures. Nous ne sommes pas prêts de cesser les combats.

mardi 15 novembre 2016

NDDL ou l'entêtement pour un avenir sombre écologiquement et politiquement


Lettre à mon fils et à vos enfants, vous les obscurantistes...

Et bien tu vois mon petit Valentin, après ta belle rentrée dans ton nouveau collège Diwan et tes gentils mots d'encouragement pour le verdict du tribunal de Nantes sur Notre Dame des Landes, la journée à été un vrai tragico-comique ! Sept juges ont désavoué les préconisations de la rapporteure publique recommandant l'annulation des autorisations de travaux.

J'ai eu la confirmation mon fils que nous vivions dans un pays ou la justice est à géométrie variable. Que ce projet de NDDL était plus un symbole qu'un projet aéroportuaire.

Alors, j'ai honte de payer des impôts dans un pays ou on ne respecte pas les lois et notamment le Code de l'environnement. Je suis écoeuré de voir comment "une caste" organise les ramifications qui conduisent à ces décisions iniques.

Je n'ai plus confiance dans la justice de mon pays.

Européen convaincu, je souhaite que la commission européenne qui a mis la France en procédure d'infraction sur ces questions depuis 2014, soit saisie et puisse dire si Me la rapporteuse a préconisé l'application des directives européennes et si la justice Française s'est conformée à ces directives.

Triste journée, mon fils, j'ai surtout des doutes que de telles pratiques puissent fabriquer des hommes et des citoyens. Cette oligarchie, c'est l'encouragement aux Trump et à ses jumeaux Français.. Beurk !

Mais attention, ils ont montré par les violations permanentes du droit qu'à NDDL, rien n'est comme ailleurs, rien n'est normal... Si Ayrault- Retailleau- Valls et leurs sbires veulent intervenir, ce sera terrible.... Qui sème le vent récolte la tempête !

Je veux que tu saches mon fils que ton père et d'autres s'opposent et vont continuer à le faire. Qu'ils ne seront aucunement responsables de cet avenir sombre écologiquement et politiquement que ces irresponsables vous préparent au nom d'un monde dépassé par lui-même.Un jour, leurs enfants les accuseront !

Oui, les loups sont entrés dans.....ton monde Valentin.

Ton papa qui t'aime.

Gilles Denigot

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communiqué commun du mouvement anti-aéroport
après la décision de la cour administrative d’appel de Nantes

Fait très exceptionnel, la cour d'appel a choisi d'aller à l'encontre de l'avis, développé le 7 novembre devant la juridiction administrative de Nantes, de Madame le rapporteur public. Pour la première fois devant un tribunal, dans son réquisitoire, celle­-ci avait démontré le caractère destructeur du projet, mis en avant à partir de textes officiels de la DGAC l'existence de l'actuel aéroport de Nantes Atlantique comme alternative crédible et validé bon nombre des arguments des opposants en s'appuyant sur le droit européen et français (éviter, réduire, compenser... les dégâts environnementaux). Elle a demandé l'annulation des arrêtés préfectoraux autorisant les travaux d'aménagement de l'aéroport et ne l'a pas obtenue. Les requérants examinent dès demain la poursuite des recours.

La décision de la Cour d'appel n'entame en rien la légitimité de notre combat face à la destruction du vivant et à la marchandisation du monde. L'ensemble du mouvement anti­-aéroport réaffirme qu'il ne laissera place à aucun début de travaux ni d'expulsion sur la zad de Notre­ Dame­ des­ Landes.

Nos appels à soutien et réactions immédiates et massives, au niveau local, régional et au ­delà, restent inchangés en cas de démarrage de chantiers ou de tentative d'expulsion. Nous les mettrons en oeuvre avec toute la détermination nécessaire.

Il n'y aura pas d'aéroport à Notre-­Dame­-des-­Landes. La zad fleurira !

Le 14 novembre 2016, l'ensemble du mouvement anti-­aéroport : l’ensemble des organisations de la Coordination des opposants au projet d'aéroport – Copain 44 -­ Naturalistes en lutte – des occupant.e.s de la zad

Zone A défendre - http://zad.nadir.org/

vendredi 11 novembre 2016

Trump, ou le plus grand "fuck you" jamais vu dans l'histoire de l'humanité

Quelques semaines avant la triste élection de Donald Trump, Michael Moore, qui garde les yeux ouverts, qui observe et se renseigne sur le Monde dans lequel il vit, prédisait le résultat lors d’une conférence filmée.

« […] Que Trump y croit vraiment ou non (à ses idées antisystème), là n’est pas le problème, ce qui est pertinent, c’est qu'il ait dit ces choses-là aux gens qui souffrent. Et c'est pourquoi tous les misérables, les infâmes, les travailleurs oubliés qui faisaient partie de ce qui s'appelait la «classe moyenne», aiment Trump. Il est le cocktail Molotov humain qu'ils ont attendu. La grenade humaine qu'ils pourront jeter légalement dans le système qui les a dépossédés, le 8 Novembre, jour de l'élection. Ils le pourront, même s'ils ont perdu leur emploi. Même s'ils ont été évincés par la banque et divorcés et maintenant que l'épouse et les enfants sont absents, que la voiture a été reprise, qu'ils n'ont pas eu de vraies vacances depuis des années, même s’ils ont essentiellement tout perdu ce qu'ils avaient... Ils ont encore une chose. La seule chose qui ne leur coûte pas un centime et qui est garantie par la Constitution américaine: le droit de vote! Ils sont peut-être sans le sou. Peut-être sans-abri. Malmenés et brisés. Ça n'a pas d'importance, car tout est égalisé ce jour-là. Un millionnaire a le même nombre de vote qu'une personne sans emploi: UN SEUL! Et il y a davantage de personnes issues de l'ancienne classe moyenne, que de gens dans la classe des millionnaires... Ainsi, le 8 Novembre, les dépossédés marcheront dans l'isoloir, avec un bulletin de vote. Ils fermeront le rideau, prendront ce levier —ou un stylo ou l’écran tactile— et mettront une grosse croix en face du nom de l'homme qui a menacé de bouleverser et de renverser le système qui a ruiné leur vie: Donald J. Trump! Ils voient que ces mêmes élites, qui ont ruiné leur vie, détestent Trump. CorporateAmerica déteste Trump. WallStreet déteste Trump. Les politiciens de carrière détestent Trump. Les médias détestent Trump... après l'avoir aimé et créé. Maintenant, ils le détestent. Et comme l'ennemi de mon ennemi est celui pour qui je vote, le 8 Novembre, l'élection de Trump va être le plus grand FUCK YOU jamais vu dans l'histoire de l'humanité. […] » - Michael Moore.

Ainsi donc le vote Trump, le Brexit ou bien l’abandon, par les citoyens, des idées humanistes de Gauche au profit de l’individualisme de la Droite ou de l’extrême droite, sont bel et bien l'expression absurde d'un raz-le-bol, justifié et légitime, du libéralisme et de la finance toute puissante, qui ne pensent qu'agent, bénéfices, croissance et chiffre d'affaires au détriment des humains. L’accord de libre-échange Nord-Américain (ALENA) qui a eu des effets désastreux, tant au Mexique qu'aux Etats-Unis, ou bien encore l'accord transpacifique, TPP, tant décrié par les Américains, ne sont pas étrangers à l'élection de Trump. Ce système inhumain, construit pour une ultra-minorité de privilégiés, où les salariés et l'environnement ne sont que des variables d'ajustement, où les gens se disent: « et moi là dedans ? Ne suis-je donc qu'une machine à produire de la richesse pour les riches ? », engendre le monstre. Ce sentiment d’abandon et de mépris qui se répand, assez justement, partout, engendre des réponses effrayantes de la part des électeurs

Ainsi une des causes de l'élection de Trump serait la mauvaise répartition des fruits de la croissance américaine. Il a été calculé que le 1 % les plus riches des Américains aura capté, à lui seul, 85 % de la hausse des revenus intervenue entre 2009 et 2013. « Du coup, pour protester, le bon peuple américain a voté pour un milliardaire dont une des rares propositions est de baisser les impôts des plus riches et le taux horaire du revenu minimum. Il y a là une logique qui m'échappe !?!? » me dit mon frère. Mais c'est bien là toute l'absurdité et le seul coté comique de cette élection : les gens ont voté contre un système en mettant aux manettes un homme issu du système, un pur produit de ce système !!! Cette élection est une énorme escroquerie.

L’élection de Trump me confirme ce que je pressentais depuis longtemps : en matière de politique, l'intelligence ne paye pas … c'est pourquoi, l'écologie politique n'a aucune chance d’accéder aux plus hautes fonctions.

Et maintenant ? Quelle leçon tirer de cet événement pour la France et pour une Europe qui refuse de se faire sociale ? Quand donc, les chantres du libéralisme et de la finance mondialisée, les partisans du sauvetage des entreprises mais pas des salariés, reconnaîtront-ils qu’ils sont totalement les responsables du désordre mondial qui ne cesse de monter en puissance et de la montée des nationalismes ? « Rien ne serait pire que de perpétuer le système » nous dit Benoît Hamon, car comme les mêmes causes, dans des systèmes équivalents, produisent les mêmes effets, quand la société ne veut rien faire pour protéger l’individu, ce dernier se tournera vers un(e) démagogue qui lui parle de lui … et de lui d’abord qu’importe le reste du monde. Trump, Sarkozy, Le Pen, Juppé... C’est d’abord le vote du chacun pour soi et fuck le collectif. « Quand on ne protège pas le peuple, il se venge. Il s’est vengé aux états Unis et il se vengera en Europe» - Benoît Hamon. Ainsi nos oppositions aux négociations de traités de libres échanges, que ce soit le CETA ou bien le TAFTA, ainsi qu'au libéralisme et au capitalisme, qui ne sont pas destinés à protéger les Hommes mais bien les intérêts des entreprises et donc des actionnaires, prennent tout leur sens.

Quoi qu’il en soit nous voici donc bien, maintenant, dans un monde plein d’incertitudes. Un monde où les progressistes ont reçu, en pleine face, un véritable uppercut. Un monde nouveau où la première puissance prône la production de gaz de schiste et de charbon, nie l’importance de la pollution industrielle sur la santé et le dérèglement climatique, doute de la science, est partisane des OGM, a à sa tête un belliciste et un chauvin, un xénophobe et un haineux, a un Vice-président, Mike Pence, sexiste, homophobe, ultra-religieux, créationniste et anti-avortement. Alors je me dis que depuis le temps que l'humanité prépare sa disparition, dans une lente mais inexorable agonie, cet événement américain peut, peut-être, nous porter le coup de grâce et abréger les souffrances d'une humanité absurde, dans un chaos et un effondrement planétaire.

mardi 1 novembre 2016

Avant le déluge.

Dans les années 50, Albert Falco, alors jeune équipier de la Calypso, découvre le monde et ses dérives. Déjà, à l’époque, il voit la beauté du Monde et pressent les dégradations à venir que l’Homme, au fur et à mesure de son développement, va infliger à son environnement. D’un chasseur sous-marin émérite, Albert Falco, deviendra rapidement une conscience éclairée de l’urgente nécessité de préserver l’environnement. Cela se sent parfaitement dans son livre, « capitaine de la Calypso » (Arthaud Ed.) et en voici trois courts extrait.

Page 167 : "[...] En 1954, nous entrons dans le Port de Mahé, où nous nous accordons plusieurs jours d'escale. Les Seychelles, avant le tourisme : une pure splendeur ! ... Si la notion de paradis terrestre a jamais signifié quelque chose, c'est ici ... [...]". Falco avait parfaitement compris le danger de l’industrie du Tourisme. " [...] Les plus fameuse îles des Maldives subissent la pression des Hommes, notamment des touristes. [...]" se désole-t-il, en 1967. Le Tourisme, l'un des maux du siècle. Le tourisme, une industrie bien aussi polluante et destructive que n’importe quelle autre industrie. Et en effet, le tourisme de masse est une véritable plaie, tant pour les peuples envahis par des hordes de gras touristes profiteurs et vulgaires, en short et en tongues, que pour l'environnement que ces derniers, rien que par leur unique présence, viennent polluer, transportés par des paquebots aussi polluant que des milliers de voitures (Un paquebot, à quai, pollue comme un million de voitures).

En page 201 Falco énonce assez bien la condition de bête humaine que collectivement nous sommes : "[...] Ce ne sera pas la première fois que la Calypso mettra, sans le vouloir, son faux nez dans un coin un peu trop brûlant de la planète. Nous sommes excellents, à bord, pour deviner les réactions des requins ou des barracudas ; mais nuls quand il s'agit de prévoir les brutalités des Hommes. Cela ne m'étonne pas : les animaux obéissent à un petit nombre de stimulus (la faim, le sexe, le territoire, la hiérarchie ...). On peut analyser - donc prédire assez justement - leurs réponses. Rien de tel avec l'espèce humaine : elle agit sans logique, sous l'empire des passions, avec une brutalité qu'aucune autre espèce zoologique n'égale. Elle fait preuve d'une sauvagerie incroyable, qu'elle attribue abusivement aux requins ou aux barracudas. [...]" Constat peu glorieux pour nous mais qui n’émeut pas grand monde autour de moi.

Enfin, en page 204, Falco raconte un épisode qui s'est passé, dans le carré de la Calypso, avec Le commandant Cousteau et qui évoque sa découverte des prémisses de l’inexorable invasion humaine dans les milieux même les plus lointains : "[...] C'était à l'occasion d'une des premières mission du bathyscaphe. Ici-même dans la fosse de Toulon, en 1953 .... [...] Nous atteignons le fond de la tranchée. Mille cinq cent mètres sous la surface : le record du monde à l'époque. [...] Je distingue (dans le faisceau des projecteurs), posée sur le sédiment noir, une forme fantomatique, blanche et plate. Je m'écrie : "Une raie géante !" [...] Quand nous touchons le "monstre sous-marin", je constate qu'il s'agit ... d'un exemplaire déplié du journal Le Figaro, [...] Je me dis que la première fois que l'Homme descend à mille cinq cent mètres de profondeur, il y rencontre un vieux journal jeté à l'eau - une preuve de sa négligence et de sa saleté ... raconte le Commandant Cousteau. En voyageant autour de la Terre, nous aurons - hélas - bien des occasions de déplorer que l'espèce humaine se serve de la mer comme d'une poubelle commode et gratuite ...[...]"

Tous ces exemples d’alertes anciennes pourraient être multipliées à l’infini tant celles-ci ont été nombreuses, et l'on pourrait faire des livres entiers de toutes celles qui ont été lancées jusqu'à aujourd'hui. Ces exemples pour montrer que les alertes sont sonnées depuis des dizaines et des dizaines d’années sans que cela n’ait jamais vraiment stoppé les dégradations, cela n’ait vraiment mobilisé, cela n’ait vraiment freiné notre développement prédateur. Aujourd’hui les résultats sont là. Tous les signaux sont au rouge écarlate et personne n’ose prononcer le nom de notre état, car il n’est pas très vendeur, pas très électoralement correct, mais pourtant il faudra bien, à un moment, nommer un chat, un chat, car la situation est catastrophique.

Ainsi si en 1953 Cousteau découvrait un journal biodégradable au fond de la mer, nous, au XXIème siècle, nous pouvons observer des continents de plastiques dans les gyres océaniques qui détruisent poissons, tortues marines, oiseaux et mammifères marins. De mon coté je me souviens, lors d'une exploration du fond océanique, en 2011, avec le ROV de l'IFREMER, Victor 6000, à 5000 m au large du fleuve Congo, dans le désert de ses lobes de dépôts, que nous sommes tombés sur une bouteille de Jack Daniel's. Je me souviens, également, en Manche, d'avoir croisé, en surface, des ballons de baudruche, posés là, très certainement suite à un lâché de ballons lors d'une fête ou d’une commémoration, dans une cité anglaise ou française. Je me souviens également de cette balade faite en 2013, sur la plage Napoléon, en Camargue, constellée de déchets à perte de vue. Et c’est sans parler des images ramenées de Méditerranée, par l’IFREMER, et qui montrent des quantités affligeantes de macro-déchets en plastiques au fond de la grande bleue. Les Hommes, encore aujourd'hui, et possiblement encore plus aujourd’hui, ne voient dans la mer qu'une poubelle dans laquelle, pourtant, ils puisent leur nourriture ... en clair nous nous nourrissons dans notre poubelle. "[...] Au fil des missions auxquelles je suis associé, je deviens le témoin de la rapidité à laquelle l'environnement marin se dégrade. Je compare la richesse actuelle de la Méditerranée  à ce qu'elle fut du temps que j'apprenais à nager, dans ma calanque de Sormiou. Quel effondrement ! [...] Je constate de plus en plus qu'à une scène de nature superbe succède un spectacle de saccage ou de désolation imputable à la méprisante saleté des Hommes. J'ai mal à ma mer, quand je la vois offerte aux égouts, aux effluents d'usine, au bétonnage, au cancer de l'urbanisation, au tourisme ravageur ou à la surpêche industrielle. [...]" Falco (pg 267)

Tous les signaux sont au rouge et depuis que j’écris ce blog je ne cesse de le dire et de le démontrer mais personne n’entend. En Guadeloupe 80% des récifs de corail ont disparu, d'abord à cause de la surpêche puis de la pollution, puis aujourd’hui à cause du réchauffement climatique qui achève le travail. Résultat, il y a un vrai problème de ressources halieutiques, à tel point que de façon absurde, les Hommes sont obligés de capturer, au large des côtes de l’île aux belles eaux, des alevins puis de les élever en aquarium afin de les relâcher, plus âgées, afin de repeupler des fonds aux habitats détruits. Quelles chances de succès ? Cela me fait penser à la pollinisation manuelle des plantes alimentaires, qui se pratique de plus en plus, afin de palier à la raréfaction des insectes pollinisateurs. Est-ce durable ? Jérôme Salle dit que, pour son film « l’Odyssée » qui retrace la vie de Cousteau, l’un des rares effets spéciaux qu’il a dû utiliser aura été de rajouter des poissons en Méditerranée car lors du tournage il n’y en avait plus.

Tous les signaux sont au rouge, le réchauffement climatique augmente plus rapidement que ce qui était prévu. Chaque année qui passe est plus chaude que la précédente. Les glaciers du Groenland fondent à une vitesse vertigineuse. Le niveau des mers augmente inexorablement inondant et mettant en péril les îles du pacifiques comme les Kiribati ou bien encore Palaos mais aussi les rues de Miami.

Des métropoles comme Pékin sont asphyxiées. Dans le monde, près d’un enfant sur sept, soit quelque 300 millions, vit dans une région où le niveau de toxicité de l’air extérieur dû à la pollution dépasse d’au moins six fois les directives internationales, selon un nouveau rapport de l’UNICEF. La pollution de l’air contribue grandement au décès de quelque 600 000 enfants de moins de cinq ans chaque année.

Les terres agricoles sombrent, à raison de 100 000 ha/an, sous le béton en France, les forêts boréales, au Canada, sont détruites pour extraire les dernières gouttes de pétrole et les forêts en Indonésie sont incinérées pour produire de l’huile de palme au détriment des populations locales, du climat, des derniers rhinocéros asiatiques, des tigres, des derniers orang-outans … de la biodiversité. Les populations de mammifères, poissons, oiseaux, amphibiens et reptiles dans le monde se sont effondrées de 58% en quarante deux ans (entre 1970 et 2012) et ce déclin va se poursuivre si nous ne faisons rien, alerte le WWF dans son rapport Planète vivante 2016. Quand à la biodiversité agricole son sort n'est pas plus enviable, elle est devenue pauvre en espèces et est sous le joug de quelques multinationales aux OGM cancérigènes. "L'Homme n'utilise jamais avec sagesse les richesses de la nature. Sitôt qu'il les connait, et sitôt qu'il en a la possibilité technique, il les surexploite. il puise dans le capital au lieu de se contenter des intérêts." Falco - 1975

Mais au final qu'est-ce qu'on s'en fout de tout ça, hein ? Si on veut voir des animaux on n'a qu'à aller au zoo ou regarder YouTube. Si l'on veut manger on n'a qu'à aller au supermarché ! Y'a quand même plus important dans la vie que de s'occuper de la vie sur Terre, y'a.... Y'a ?!?! Y'a la croissance à maintenir, y'a à sauver les multinationales et leurs profits, y’a à prendre l’avion pour aller se dorer la couenne sur la plage, à l’autre bout de la planète, y’a à frimer avec le dernier téléphone portable ou une belle voiture toute rutilante et toute rugissante, y’a à frimer avec son fric et son harem de filles faciles, y’a à affirmer « puisque je peux, j’ai le droit ! Et fuck le monde !!! » … Y'a plus urgent, point barre !!! Ainsi vous préférez un beau mensonge qui rassure et vous dédouane de vos responsabilités, que cette vérité vous dérange ? Qu'importe ! La réalité est là et à ne pas vouloir ralentir, ni refuser les diktats consumériste et croissantiste, ni renoncer à une bonne partie de ce qui fait notre vie d’occidentaux, ni à retrouver le sens des saisons et du local, ni renoncer aux dernières réserves d'énergies fossiles, ni à devenir sobre et frugal, et bien alors l'Homme disparaîtra par sa faute, par sa stupidité et sa cupidité, dans le sang et les larmes … et bien, bon débarras !!!

samedi 29 octobre 2016

Les crèches en Mairies ... le retour.

Le 27 Octobre, sur Facebook, Sylvie a partagé un lien qui propose de dire si nous sommes pour ou contre la présence de crèches de Noël dans les lieux publics ? Ce post a relancé, là, un débat que l’état n’a pas eu le courage de trancher dans le sens de la Laïcité et a laissé la décision aux maires. A cette heure, 36400 personnes ont répondu à cette question et 86% se déclarent « pour ». Ça fait peur. Beaucoup, en parallèle, on répondu au post de Sylvie en affirmant qu’ils étaient « pour » et d’autres « contre ». Je me suis permis de mettre mon grain de sel dans ces échanges, car il ne faut rien lâcher devant les coups de boutoirs des religieux, et cela a entraîné un bon échange avec mon ami Marc. Je me suis permis de le reprendre ici.

Moi : Contre, contre et archi-contre comme mon texte de décembre 2014, sur mon blog, l'indique. "Et pourquoi pas - comme me le dit très justement, mon frère - des crucifix dans les salles de classe, après tout c'est un beau message d'amour (Jésus qui donne sa vie pour racheter les péchés des hommes) ? Et pourquoi ne pas jurer sur la bible pour les prestations de serment ?" Les crèches dans les mairies c'est contraire au principe de séparation de l'église et de l'état. C'est affirmer, faussement, que la France est chrétienne. C'est imposer une foi à ceux pour qui cela ne représente rien (imposer est le fondement de toute dictature). C'est un mélange des genres qui affirme la prévalence d'une foi sur d'autres, c'est donc porteur d'exclusions et donc de divisions entre citoyens donc de conflits ce qui est un comble pour une image qui se veut « message de paix ».

Marc : ni pour, ni contre bien au contraire. Une crèche, ce n’est pas plus religieux qu'un père noël en fait, et la crèche a au moins un aspect culturel (et même un aspect interreligieux, car Noël est aussi fêté sans problème par les musulmans, pensez-y). La culture c'est important, sinon on en arrive vite à la beauferie généralisée.

Moi : Pas religieux le p'tit Jésus ?!?! Juste culturel ?!?! Jésus, pour les Chrétiens, n'est-il pas le fils de dieu ? Ha si ! C'est bien le fils de dieu, voir même l'incarnation de dieu sur Terre, selon les dogmes, on est donc bien au niveau de la foi, de la religion et non du culturel. Cela doit donc être séparé de la République. De plus, ce n'est pas parce qu'il y a des crèches dans les mairies que les beaufs seront moins beaufs. J'ai même le sentiment que c'est l'inverse qui se passe. La culture c'est tous les jours que ça se cultive dans l'ouverture d'esprit et l'esprit critique, l'envie d'ouverture et de mélange, dans les livres, le théâtre, le cinéma, la musique, les visites des monuments, des châteaux, des lieux d'histoires, des musées... Je crois que c'est cela qui manque aux beaufs au quotidien. Réduire la culture à une crèche c'est un peu pauvre. Puis c'est marrant (je précise que je ne dis pas ça pour toi Marc), mais de nos jours où la culture est vue comme un truc annexe, pour bobos, où sur FB on préfère la beauferie, les LOL-cats, les incroyables talents, les diatribes anti-réfugiés et autres théories du complot bidons, où à la télé les Peoples sont les rois, le seul moment où les gens te ressortent l'argument culturel c'est pour imposer, aux autres, leur religion.

Marc : "Jésus, pour les Chrétiens, n'est pas le fils de dieu" ben oui et alors ? Tu crois que le père noël, c'est un symbole neutre ? (à part ça si quand tu lis " la crèche a au moins un aspect culturel" tu interprètes "Réduire la culture à une crèche", là tu as un problème d'explication de texte.

Moi : Et alors ? Ben donc si Jésus est le fils de dieu c'est que l'on est bien dans le domaine du religieux. Non ? Le père Noël est le symbole du consumérisme que par ailleurs je combats, tu le sais bien. Je ne comprends pas comment on peut dire que Jésus est le fils de dieu et ne pas reconnaître que cette affirmation est un acte de foi religieux. C'est d'ailleurs pourquoi, quand je dis cela je précise toujours "pour les Chrétiens".

Marc : Ben c'est un acte de foi pour ceux qui en font un acte de foi. C'est un choix qui en soi, ne me semble pas dramatique pour la communauté. Car en allant au fond du raisonnement, on pourrait demander (exiger ?) de raser les cathédrales car ce sont des symboles éminemment religieux placés dans l'espace public.

Moi : Voici un argument qui n'est pas digne de toi, mon ami. Tu vaux mieux que ça.

Marc : pourquoi et en quoi ?

Moi : Parce-que tu connais aussi bien que moi les principes de la laïcité et que tu es un homme cultivé.

Marc : bon je précise pour qu'on ne se méprenne pas sur mes intentions. Ma religiosité personnelle se limite à cela : vivre et laisser vivre. Le catholicisme aujourd'hui n'est pas une menace pour la laïcité. Le manque de repères culturels, l'oubli du passé, le manque de la moindre nuance, là ce sont de véritables menaces pour l'humanité entière.

Moi : Les Chrétiens ont aussi leurs intégristes qui n'attendent qu'une chose : soumettre l'ensemble de l'humanité à leur religion, à leur mode de vie. Il n'existe aucune religion sans danger.

Marc : laïcité = neutralité de l’État en matière de religion. Mais dès lors qu'on fête Noël avec force sapins et pères Noël, et puis plein de scènes avec des élans et autres symbolismes creux de partout, je ne vois pas pourquoi une crèche ici ou là, qui permet à une partie de la population de s'y retrouver, devrait forcément gêner l'autre partie de la population. Où alors, il faudrait éradiquer Noël complètement.

Moi : Oui je suis totalement pour éradiquer toutes les fêtes religieuses de l'espace public. Si les gens veulent fêter leur religion, pani pwoblèm, qu'ils prennent des jours de congés et qu'ils fassent cela chez eux sans s'imposer aux autres. C'est d'ailleurs ce que font les musulmans.

Marc : " Il n'existe aucune religion dans danger" cela n'est pas la question. Par exemple la revendication d'athéisme qui est une affirmation en général très péremptoire, est une posture également très religieuse - avec ses propres danger, voir certaines dictatures. En cela, je ne vois pas que la tolérance laïque ne pourrait s'accorder d'une crèche ici ou là, comme symbolisme de noël parmi d'autres. "Qu’ils fassent cela chez eux sans s'imposer aux autres." en général, c'est bien ce qui se passe, la situation n'est pas dramatique.

Moi : Non ce n'est pas ce qui se passe. Toutes nos vacances scolaires sont calées sur les fêtes chrétiennes, les catholiques s'arc-boutent sur les crèches dans les mairies tout en demandant aux juifs et aux musulmans d'être discrets dans leurs pratiques, pendant la période de Noël, à la téloche, nous n'avons que des navets américains qui montrent des gens aller à la messe le soir de Noël, pendant que les écoles privées catholiques ne posent de problème de conscience à personne, on ignore les écoles juives et nous refusons (collectivement s'entend) les écoles musulmanes, etc... Quelle autre religion, en France, a le droit au même traitement ? Aucune. Ce qui ce passe en France est digne du reste des autres pays qui ont tous une religion d'état. Moi je refuse cet état de fait.