"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 30 janvier 2014

Il était une fois la Terre

Désolé. Vraiment désolé. J’étais vraiment désolé et honteux, ce matin, de m’en prendre à cette petite dame qui témoignait, à la radio, à propos de sa douleur de devoir quitter son logement menacé par l’érosion. Désolé de la traiter de connasse alors que je ne la connais même pas. 


Désolé qu’elle prenne pour tous ceux qui m’énervent et qui me prennent pour un con, mais de dire « ah ben on ne pensait pas que cela serait arrivé si vite » m’a franchement fait sortir de mes gonds. Connasse, cela fait 30 ans, 40 ans qu’on vous alerte pour vous dire qu’il y a un problème d’érosion à cause de vos aménagements de merde, à cause de votre volonté de domestiquer une nature qui sera toujours plus forte, une nature que vous voulez soumettre pour mieux la consommer. Cela fait 30 ans, 40 ans que l’on vous dit qu’il faut changer, s’adapter, respecter, ne pas détruire, ne pas se prendre pour le créateur, ne pas empiéter, qu’il faut protéger, mais vous n’en faites qu’a votre tête, car vous voulez toujours plus de consommation, toujours plus de « marina-pieds-dans-l'eau » type « méga-termitière de béton façon baie des Anges, Grande-Motte ou Leucate », toujours plus de loisirs, de sport d'hiver et de plaisir immédiats, toujours plus de facilité, toujours plus de boulimie territoriale, toujours plus… mais à la fin vous n’avez plus que vos yeux pour pleurer.

Ainsi nous ne retenons rien de nos expériences et nous continuons à construire en zones inondables, à détruire 100 000 ha de terres agricoles par an, à importer à grand renforts de gaz à effet de serre, à pulvériser, à semer des OGM, à exterminer, à confondre plantation d'arbres et forêt, à mener une « joyeuse croisade contre les haies, les talus, le bocage ou les marais » sans vouloir regarder le dragon qui menace. Ainsi nous ne retenons rien de nos expériences et quand, dans 5 ou 10 ans, le pétrole viendra à manquer, comme cela est écrit, et mettra en péril notre propre survie, on entendra toujours des connards nous dire « ah ben si on avait su ! ». Putain, cela fait 30 ans, 40 ans qu’on alerte, que l’on prêche dans le vide, par tous les moyens possibles et imaginables, afin de dire, de crier, de hurler qu’il y a une crise écologique, climatique et énergétique qui nous menace à court terme ... mais ils n’entendent pas. Mais vous n’entendez pas. Ils n’entendent pas, repoussant toujours à plus tard le nécessaire changement de route, le nécessaire changement de comportements et ils viendront nous dire, des trémolos dans la voix, qu’ils ne pouvaient savoir parce qu’on ne les aurait pas informé. Connards !!!!



Dernier épisode de "Il était une fois l'Homme" datant de 1978. Déjà en 1978 on aura essayé d'éduquer les jeunes générations pour en faire des adultes responsables .... mais ... On aura tout essayé, depuis des années, pour essayer de sensibiliser les adultes ... mais ... Aujourd'hui on continu, mais rien n'y fait ...

Quelle est la bonne solution pour sensibiliser aux crises écologiques, climatiques, énergétiques, métalliques ? Quelle est la bonne solution pour éduquer et convaincre qu'il nous faut changer ? On aura essayé les dessins animés, les BD, les conférences sérieuses, les débats citoyens, les débats Télé, les grands reportages, les films, le théâtre, les fictions, la science-fiction, les chansons, les livres. On aura tout essayé et rien n'y fait. Les signaux sont au rouge et pourtant, ivres de consommations compulsives, nous continuons à faire la fête avec le chauffeur ivre qui nous emmène droit vers le ravin. pfff !!!

Photo : La résidence Le signal à Soulac, à la pointe du Médoc, menacée par l'érosion de la plage © PHOTO THEILLET LAURENT

mercredi 22 janvier 2014

NDDL : Ceci n’est pas un camping !

Minimisez, dénigrez il en restera bien quelque chose. Les habitants de la ZAD rappellent, dans le texte qui suit, la réalité d'une expérience de vie nouvelle, intense, joyeuse et alternative que les médias voudraient saper afin de préparer le terrain, auprès de l'opinion publique, de l'acceptabilité d'une nouvelle opération de destructions policières. Nous ne devons pas être dupe et le dire haut et fort.


"Suite aux annonces sur le démarrage possible des chantiers du projet d’aéroport de Notre dame des landes, une floppée d’articles reprenant peu ou prou les même formulations copiés-collées sont parues dans la presse. L’une d’elle nous a particulièrement frappé. Dans ce contexte où une nouvelle vague d’expulsion et une destruction définitive de la zone menacent de nouveau, on peut en effet lire un peu partout que : "200 altermondialistes campent toujours sur la ZAD". Le chiffre peut paraitre approximatif. Le qualificatif d’"altermondialistes" n’est par ailleurs certainement pas celui dans lequel s’enfermeraient ceux et celles qui ont fait le choix de défendre la zad coûte que coûte et de lutter contre l’aéroport et son monde. Mais qu’importe ! Nous retiendrons surtout cette fois la mauvaise blague consistant à décrire ce qui se vit ici comme un "camping". Elle a pour conséquence nauséabonde de minimiser fortement la portée de ce qui pourrait être détruit si César revenait avec ses troupes sur la zone. Il est permis de se demander si les auteurs de ces dépêches cherchent à dessein à imposer une caricature utra-réductrice du mouvement d’occupation, ou encore si ils se contentent de recopier la terminologie Préfectorale et n’ont juste même pas pris la peine de se rendre sur le terrain pour observer la réalité de leurs propres yeux.

Rappelons que cela fait maintenant plus de 4 ans que de nombreuses personnes sont venus vivre sur la zone à l’appel d’habitant-e-s et paysan-ne-s souhaitant ne pas laisser le bocage se faire progressivement dépeupler par Vinci. A l’automne 2012, l’opération "César" a détruit une vingtaine de maisons occupées et espaces de vie. Plus du double ont été reconstruit dans les mois qui ont suivi avec les moyens du bord, de l’huile de coude, grâce à la solidarité des comités de soutiens et habitants des environs.


En lieu et place de "camping", il y a en fait aujourd’hui plus d’une cinquantaine de lieux d’habitation collectifs auto-construit - maison singulières ou hameaux, ainsi qu’une dizaine de fermes et bâtisses sauvées de la destruction, rénovées et occupées. Si certain-e-s d’entre nous logeons dans des caravanes, roulottes et autres résidences plus mobiles, un grand nombre d’habitats en dur édifiées sur la zone sont de véritables oeuvres artisanales et créatives utilisant une grande diversité de techniques architecturales, usant d’ingéniosité de circonstance et de matériaux à peu près gratuits : terre paille, terre crue, poutres et palettes, pneus, verre, pierre... Certaines maisons reposent à terre, sur pilotis, d’autres sont venus se nicher dans les arbres ou flotter sur l’eau. Nos logis sont sûrement plus joyeux et chaleureux que bien des résidences en série, eco-hlm et autres immeubles gris. Autour de ces habitats, la zad compte une vingtaine de nouveaux projets agricoles et maraîchers, mais aussi des espace collectifs pour faire de la radio, la fête, des cantines, fabriquer du pain, transformer du lait, coudre, lire, jouer, se soigner, réparer des vélos ou des voitures. Des habitant-e-s ou agriculteurs-trices "historiques", ayant fait le choix de résister aux expropriations et menaces d’expulsion vivent toujours là au coté du mouvement d’occupation. Nous sommes tous et toutes aujourd’hui des "habitants qui résistent".

Non, nous ne campons pas mais nous construisons, cultivons et inventons tout azimut des formes d’existences émancipatrices, malgré la menace permanente imposée par ceux qui veulent nous voir disparaître. Nous nous organisons depuis des années pour vivre dans le bocage au quotidien, pour faire obstacle à la présence policière et aux travaux engagés par Vinci. Beaucoup d’entre nous comptent bien rester ici après l’abandon du projet d’aéroport, et personne sur la zad ne décampera sans résister. Nous ne sommes pas ancrés à ces terres humides par quelques fragiles sardines mais bien par de solides amarres tressées de liens ingérables par la machinerie gestionnaire et marchande d’aménagement du territoire.


ps : Nous ne sommes pas les seul.e.s, dans les termes du pouvoir, à "camper", surtout lorsqu’il s’agit de nous expulser et de détruire nos habitats, que ceux-ci soient précaires ou bien enracinés. Nous souhaitons exprimer notre entière solidarité avec les autres "campeur-euses" et indésirables qu’ils souhaiteraient rayer de la carte : nomades, rroms, sans-logis ou sans-papiers."

mardi 21 janvier 2014, 
par zadist sur zad.nadir.org

vendredi 17 janvier 2014

Climat : L'humour ne nuit pas à la réflexion.

Ou quand l'humour corrosif dénonce.
De l'humour très sérieux qui donne à réfléchir sur les vérités qui y sont dites

dimanche 12 janvier 2014

Madiba par Maëlle

Madiba


Tu es pour nous un Libérateur
Jamais nous ne t'oublierons
Tu as rêvé d'un monde meilleur
Et ainsi s'achève ta mission
Jamais, non jamais j'oublierai ton nom
Mandela, gravé dans l'Histoire du monde
Grèves, manifestations,
Clandestinité, prison
Sans peur et sans relâche
J'espère que tu es fière de toi
Toute ta vie a été un combat
Sans jamais perdre espoir
Préférant le pardon à la vengeance
Combattant pour la liberté des Noirs
Ton exploit jusqu'en France
Ta disparition dans mon cœur.

Refrain (x2):
Oh thank you Nelson Mandela
Thank you Nelson Mandela
Merci d'avoir existé
Je te remercie Nelson Mandela


Dans ta prison d'un mètre carré
Tu t'es raisonné
Sans jamais trouver la réponse
Mais écoutes-moi
Je te dis que sans toi
Le monde d'aujourd'hui ne serai pas comme ça
Tout le monde était battu
Dans ta prison minuscule
Tu avais le courage, un grand courage
D'écrire des lettres à ta femme
Même si tu n'es plus là
Je voudrai te parler
Te remercier
Pour tout ce que tu as fais
Tout ce que tu as changé
Ton exploit jusqu'en France
Ta disparition dans mon cœur.

Refrain (x2):
Oh thank you Nelson Mandela
Thank you Nelson Mandela
Merci d'avoir existé
Je te remercie Nelson Mandela

Paroles : Maëlle BOMBLED (Janvier 2014)

vendredi 10 janvier 2014

Suis-je vraiment un khmer vert ? courriel à mes oncle et tante.

Merci mes chers oncle et tante, d’avoir pris le temps de me donner vos impressions sur mon positionnement écologique que l’on peut découvrir sur mon blog, aussi je vais prendre le temps de vous répondre. Je vais répondre à une notion que vous avez employé tous les deux : celle de « l’intégrisme » ou de « l’intransigeance » écolo que vous détecteriez chez moi. Je balaierai dans un premier temps ces idées pour me concentrer, ensuite, sur le fond de mon engagement au service d’une écologie sociale et solidaire. Car c’est bien de cela dont il s’agit. Je ne suis pas écologiste pour les beaux yeux des baleines et des oiseaux (même si j’aime les baleines et les oiseaux), mais parce que je pense, je vois et je sais que notre mode vie martyrise notre humanité.

Ainsi premièrement le terme intégriste est un terme fort et pour lequel il ne faut pas être susceptible pour le recevoir. Je vais donc le prendre entouré de l’amour familial et de la confiance que nos liens de sang m’autorisent à y voir accolés. Pourtant, souvent, quand j’entends ce terme pour me définir, je me demande quelle sera la prochaine étape ? Irons-nous jusqu’au terme de terroriste, comme Sarkozy l’a souvent fait (cf : déplacement à Bayonne le 1er mars 2012 par exemple) devant des militants pacifiques ? Irons-nous jusqu’au terme de terroriste ? Telle est la question que je me pose même si la réponse est déjà, plus ou moins, une réalité puisque toutes les personnes activistes, dans le domaine de la protection de l’environnement sont, depuis le mandat précédent, classées personnes à surveiller. De son côté le FBI considère l'écologie comme la deuxième menace terroriste la plus importante après le fondamentalisme islamique. Concernant l’intransigeance écolo, je réfute également ce qualificatif tant mon action municipale démontre le contraire. Je passe mon temps à transiger, à négocier, à faire des compromis et des concessions dans le cadre de mon action d’élu aux Ulis. Mais si l’on qualifie mes convictions profondes et l’énergie que je mets à les défendre d’intégrisme écolo, alors oui, je suis cela. Mais suis-je vraiment un facho vert ? Ne dit-on pas que, « qui veut tuer son chien, l’accuse d’avoir la rage » ? Suis-je vraiment un Khmer Vert ? Si je le suis ce ne peut être qu’en réaction à la pensée unique qui s’articule autour du dogme de la croissance et portée par, ce que je nomme, les Khmers consuméristes et productivistes. Cela est tellement vrai qu’en France, s’opposer à ce dogme est perçu comme être un mauvais patriote, presque comme une trahison nationale et donc un danger potentiel pour le pays. Pour être un bon Français il faudrait consommer. Mais je n’ai, avec d’autres, que ma réflexion, mes mots et mon pouvoir de non-achat comme arme, alors qu’eux ont tous les pouvoirs, celui des médias, de l’industrie, des finances et de la politique. Et ces gens, réunis au sein d’associations comme le « Siècle » par exemple, nous font vivre dans une matrice. Nous font vivre dans une illusion (que nous acceptons quand nous les laissons faire) de stabilité, d’abondance et de permanence, le tout aidé par la cupidité, l’envie et la peur. Ces gens nous font vivre dans une illusion alors que les réalités géologiques, physiques et chimiques de la planète sont toutes autres : nous sommes limités aux stocks non-renouvelables de matières premières, de pétrole, nous sommes contraints dans une très fine couche d’atmosphère respirable. Alors quand je vois que la balance n’est pas en ma faveur je me dis que ce n’est pas obligatoirement moi l’intégriste et l'irréaliste.

Mais alors quelle est cette énergie qui me pousse ? Je suis comme Ferrat qui se questionne, « je ne sais ce qui me possède et me pousse à dire à voix haute, ni pour la pitié ni pour l'aide, ni comme on avouerait ses fautes, ce qui m'habite et qui m'obsède ». Eveillé depuis une trentaine d’année par des gens comme Cousteau, Wangari Muta Maathai, Hulot ou bien encore Hubert Reeves, Jean-Marie Pelt, Pierre Rabhi, Edgar Morin ou Jean-Marc Jancovici, je ne peux plus fermer les yeux. Depuis mes 18 ans la réalité me saute aux yeux et je sais. Je sais que notre monde carboné n’est qu’un épiphénomène dans la grande Histoire de l’Homme. Notre confort, notre santé, notre espérance de vie sont directement corrélés au nombre de barils que nous brûlons. Il y a eu un avant pétrole, il y aura un après-pétrole … avec les conséquences que cela aura si nous n’anticipons pas. Nier cela n’arrangera pas l’avenir. Depuis mes 18 ans la réalité me saute aux yeux, je ne peux rien y faire et je ne peux me taire. Et surtout je ne vais pas me taire parce que mes concitoyens ont mal aux yeux.

Mon métier, que j’ai choisi en fonction de cette conscience, confirme toutes ces craintes. Mon métier, qui tourne autour de l’observation de la planète, m’amène à côtoyer nombre de scientifiques (cf mes deux préfaceurs de mon blog) dont, aux incertitudes près, les constats convergent vers une dégradation de notre environnement. Ce n’est pas nous, scientifiques et écologistes, qui créons les problèmes mais c’est bien l’observation du globe qui nous les révèle. Un satellite ou un dosage n’a pas d’opinion politique. Dans le cadre de mon métier, je suis amené à beaucoup voyager (en me disant qu’il y a des maux nécessaires) et je vois. Je vois les plastiques en mer, les glaces qui auraient dues être là et qui n’y sont pas, les efforts désespérés qui sont fait pour sauver, de la naïveté passée, le biotope des Kerguelen, la poussée suicidaire des métropoles chinoises. Je vois, j’écoute, j’observe et j’en déduis que notre monde n’est pas durable à court terme. Mon dernier voyage en Chine fut la démonstration de cela. En effet les chinois, qui envient et copient notre modèle occidental, remplacent, aujourd’hui, un vélo par une voiture et construisent, à coups de béton, de sable, de fer, d’énergie et de gaz à effets de serre, des milliers de tours d’habitations détruisant aussi bien leur histoire que les champs et les espaces naturels. Comme nous ne pouvons les blâmer de vouloir accéder, comme nous, au confort et à la facilité, j’en ai déduis que nous devions, nous, nous interroger sur notre propre modèle de vie, sur notre propre compatibilité avec les contraintes géologiques, climatiques et écologiques que notre petite Terre, aux espaces finis, nous impose. Nous devrions nous poser en permanence la question de notre durabilité … et, collectivement, nous ne le faisons pas. Ce qui est de la totale inconscience.

Se questionner, voilà bien le propre de l’Homme, non ? Et c’est à partir de cette réflexion que je vais tenter de répondre à ta question, mon oncle : que doit-on faire pour ces embouteillages permanents à la Réunion si ce n’est construire toujours plus de routes ? J’y suis allé deux fois là-bas et, en effet, j’ai vu ces interminables queues de voitures et cette impossibilité à se déplacer correctement démontrant qu’il y a trop de voitures pour un si petit territoire. Alors que pouvons-nous faire ? Un, je pense qu’il faut se poser la question de savoir si cela peut durer ? La réponse est clairement non, tant cela est néfaste pour les gens et pour l’environnement. Deux, il faut faire un constat et se demander si la géographie d’une île ronde et montagneuse, où la majeur partie de la population se trouve sur une fine tranche de littoral est compatible avec une augmentation permanente du nombre de véhicules personnels ou si travailler loin de son domicile est une bonne chose ? Constater, également, que jamais au grand jamais, le fait d’adapter une route au trafic n’a, à terme, arrangé les choses, puisque cela pousse les automobilistes qui alors avaient refusé de prendre leur voitures, devant la facilité qui leur est faite, se mettent à prendre leur véhicule. In fine les embouteillages reviennent avec encore plus de voitures et plus de pollution. Les embouteillages sont la résultante de la politique du «tout voiture» développée en France depuis l'après-guerre. Bref pour répondre à ta question, il faut, dans un premier temps, changer de paradigmes et accepter de réfléchir autrement, accepter de réfléchir sur cette bougeotte que nous avons tous, réfléchir en pensant proximité, en pensant transports en commun etc … La Réunion ne serait-elle pas un bon modèle de la durabilité de notre monde moderne, comme le fut l’île de Pâque en un autre temps, tant en terme d’espace, que de ressources, que d’énergie, que de peuplement ?

Enfin je terminerai sur le thème de l’écologie sociale et solidaire avec « cet émerveillement » que tu décris, mon oncle, « devant les spectacles magnifiques que nous propose toujours la nature ». Tel est bien un privilège de riches (dont nous sommes) qui peuvent s’évader, le temps des vacances, loin de leur ville, loin de la pollution. Mais ceux qui sont les plus pauvres, les plus précaires, ne profitent pas de « ces spectacles magnifiques que nous propose toujours la nature ». Quand tu vis le long du périf. ou de l’autoroute, à respirer les pots d’échappements à longueur de jours et de nuits et que la mer, tu ne la vois qu’une après-midi par an parce que le secours populaire t’y emmène, « les spectacles magnifiques que nous propose toujours la nature » sont franchement bien loin. La nature (apprivoisée et domestiquée s’entend) est pour les riches … le béton et la grisaille pour les pauvres, voici le modèle de notre société. Plus loin de nous, les plus pauvres des plus pauvres subissent, dans notre totale indifférence, les affres de notre confort, ils sont les migrants chinois, les saigneurs de latex au Libéria, les habitants du Golf du Niger, de Lagos ou bien encore des bords du lac Victoria. Ils démontrent que la dégradation de l’environnement touche d’abord les plus pauvres et cette réalité nous oblige à ne pas nous contenter. Je ne m’en contente pas, cela m’empêche souvent de dormir mais comme je ne peux sauver le monde j’agis là où je le peux quand et je le peux, je cris et j’écris pour ne pas être le premier à laisser tomber.

Voici un court résumé de ma pensée j’espère que vous me comprendrez un peu mieux. Court résumé, car si vous voulez l'approfondir vous avez mon blog que j’alimente depuis 2006.

Votre pénible et étrange neveu Bruno qui vous embrasse et vous aime.

mardi 7 janvier 2014

Pour 2014 ...

Il ne sert à rien à l’Homme 
de gagner la Lune, 
s’il vient à perdre la Terre.

Les atteintes à l'environnement, à la paix et aux Hommes ont encore été nombreuses en 2013, dans le monde en général et en France en particulier.

2013 est une année qui s'est achevée sur le constat d'une transition écologique à l'arrêt ... si tant est qu'elle ait démarré un jour. Une année 2013 aux constats accablants sur l'absence de volonté de prendre en considération l'environnement des Hommes. Entre un pacte de régression pour la Bretagne, le soutien à la pêche profonde, la relance du projet de l’autoroute A 831 dans le Marais poitevin, l'engagement de la route autour de l’île de la Réunion (malgré les avis négatifs du Conseil national de protection de la nature et du Conservatoire botanique), le refus du projet de loi sur l'obsolescence programmée, les autorisations d’abattage des loups (animal protégé par la Convention de Berne), la suspension de l’écotaxe sur les poids lourds, l'absence de traductions concrètes des conclusions de la conférence environnementale, le report de la loi sur la transition énergétique, l'absence d'engagements contraignants contre l’artificialisation des terres dans la loi ALUR, le relèvement du seuil d’autorisation d’installation de porcheries industrielles, le maintien des autorisations des épandages de pesticides par hélicoptère et  (la liste n'est pas exhaustive) le refus obstiné d’abandonner le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, la liste commence à être longue sur ce qu'il n'aurait pas dû être fait par un gouvernement issu de l'union de la Gauche et des écologistes.

Car en effet, si le gouvernement Sarkozy/Fillon nous avait habitué à ce que l'environnement ne soit considéré que comme un sujet annexe et mineur, comme si les français vivaient hors-sol, ne respiraient pas les polluants de nos diesels, ne mangeaient pas leurs 1.5 kg de pesticides par an, ne subissaient pas les risques chimiques, comme si notre nourriture n'était pas issue de la Terre, avec le Président François Hollande et deux ministres écologistes à ses cotés, nous pouvions croire à un changement de vision.

Mais les vieux démons du productivisme, du consumériste et du court-termisme, attisés par des lobbies industriels aux tables ouvertes dans les ministères depuis toujours, ont eu raison du peu de volonté d'un gouvernement où l'absence de culture écologique est criante. Le climat, la biodiversité ont disparu des écrans radars au profit du dogme de la croissance et de la consommation sensé lutter contre un chômage qui trouve ses causes dans la fin d'un monde. Un chômage aux batailles de chiffres récurrentes qui permettent d'occulter tant les causes systémiques de ce mal que les problèmes connexes, que ces mêmes causes engendrent. Pourtant il est un impératif : arrêter de croire au retour de la croissance comme au retour de la bonne fortune et prendre des mesures radicales. La transition énergétique est créatrice de nombreux emplois mais elle suppose un engagement volontariste et massif de l’Etat vers les énergies renouvelables, les circuits courts, une agriculture biologique, le développement des services de proximité, la culture, la recherche et l'éducation qui sont autant de sources d’emplois et de bien être. La préservation de l’environnement et de la biodiversité représentent un potentiel de 250 000 emplois, 700 000 emplois crées par la transition énergétique selon le centre d’analyse stratégique, 75 000 emplois pour une agriculture durable… Bref les sources existent mais sont très dépendantes des politiques publiques menées et nous disposons des moyens d’engager cette transition écologique. Mettons en place un plan Marshall de la transition écologique pour l’emploi, la paix sociale et un développement durable.

Mais en attendant ce vœux pieux, la fuite en avant a d'ors-et-déjà gagnée une bataille avec l'aide béate de citoyens légitimement angoissés par une crise fabriquée dont ils sont à la fois victimes et coupables. Une bataille gagnée avec l'aide de consumateurs soûlés, étourdis, enivrés d'achats compulsifs et carbonés. Une bataille menée par notre humanité contre la nature, qui, si nous la gagnons, nous perdra, nous alerte Hubert Reeves. Une bataille d'humains ivres d'angoisses devant le vide intersidéral que nous propose notre monde technologique et artificialisé. Nous rêvons de la Lune puis de Mars pour mieux oublier la Terre, mais il ne sert à rien à l’Homme de gagner la Lune, s’il vient à perdre la Terre.

Cette année 2014 sera une année d'élections (Municipales et Européennes). En tant que républicain je ne peux qu'appeler à s'exprimer par le vote. Mais voter, oui, mais voter pour quoi ? Tel est la question que nous devrions tous nous poser avant de mettre notre bulletin dans l'urne. Au niveau communal la réflexion devrait, si nous étions sages, nous pousser à décliner, localement, des enjeux globaux. Au niveau européen nous devrions nous interroger sur la pertinence de maintenir un système moribond, un système issu des 30 glorieuses et inadapté aux défis écologiques et énergétiques que nous pose le XXIème siècle. Nous devrions nous interroger sur la pertinence de maintenir une Europe des finances, de maintenir un système capitaliste et libéral où l'environnement et les Hommes ne sont que des variables d'ajustement. Il nous faut le changement partout, ici et ailleurs, maintenant, dans les faits et dans les consciences.

Quatre ans après un "Home" magnifique ou un "syndrome du Titanic" magistral, l'année 2013 aura été, une fois de plus et comme tous les ans, un véritable échec pour la prise de conscience environnementale. Dès lors que faudrait-il pour que, collectivement, nous ouvrions les yeux ? "Ne voyez-vous pas que votre maison est cette Terre ?" A-t-on envie de crier. Devant ces constats, si peu propices à l'espoir, que pourrait-on bien nous souhaiter alors que tout a déjà été souhaité ? Naïvement je souhaiterai que nos dirigeants trouvent le chemin de la sagesse afin de pouvoir ouvrir les yeux devant le dragon. Je souhaiterai qu'ils aient le courage de nos aînés qui, jadis, ont dis "NON !"

Et à nous, nous colibris parmi les colibris, je nous souhaite de trouver les moyens de nous unir afin de pouvoir enfin faire masse et influencer des décisions qui gèrent notre propre survie. Je nous souhaite une année 2014 où l'espoir d'un monde meilleur pourrait ne pas juste être incarné par une belle peinture verte mais par une prise de conscience des urgences. Je nous souhaite une année 2014 de combats pacifiques et de victoires réelles. je nous souhaite une année d'amitiés, de paix, de fraternité, de sobriété heureuse, de partage pour la construction d'un monde durable.