"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mardi 27 décembre 2016

Pour un autre monde agricole

Une agriculture biologique, productive, humaniste et respectueuse du vivant est possible. Une démarche encore trop silencieuse.

La ferme permaculturelle de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire (Indre-et-Loire),
pilote des Fermes d'Avenir.

Nous sommes souvent spectateurs des crises à répétitions que connaît le monde agricole : crise de la vache folle, du lait, scandales multiples sur les pesticides… Lors de ces épisodes, les médias braquent les projecteurs sur ces enjeux et la réponse des agriculteurs désespérés, qui vont en général bloquer des routes, verser du fumier sur une préfecture. On se dit tous que c’est injuste, que l’on marche sur la tête à notre époque de ne pas savoir produire des tomates correctement et les vendre à un prix décent, alors qu’on est en mesure d’aller sur la Lune ou de réparer un cœur. On s’offusque le temps d’une crise, on débat beaucoup, puis les agriculteurs récupèrent des aides supplémentaires pour acheter encore un peu plus de poison pour leurs champs, pansements temporaires qui les incitent mécaniquement à s’équiper de technologies toujours plus chères…

L’agriculture doit changer et, si elle continue de connaître ces crises, c’est qu’elle est encore structurellement dans un ancien modèle. Elle continue de fonctionner comme dans les années 60 à 90, sur la croyance dans les engrais chimiques et les pesticides, dans la concentration et la mécanisation des exploitations, alors que cela ne fonctionne pas : pour la grande majorité des exploitants, il n’y a jamais réellement eu d’enrichissement dans cette «révolution agricole».

Le mouvement pour une agriculture biologique, productive, humaniste et respectueuse du vivant sous toutes ses formes est en fait bien en marche. Mais cette marche reste trop silencieuse et peu visible par le plus grand nombre. D’où le lancement de la pétition www.changeonslagriculture.org (Pétition déjà signée par Nicolas Hulot, Pierre Rabhi, Pierre Richard, Muriel Robin, Cyril Lignac.) lancée par l’association Fermes d’avenir. Cette pétition repose sur un plaidoyer, un travail collectif qui prouve qu’une autre agriculture est possible et souhaitable en chiffrant les externalités des agricultures. Fondé sur une série d’études scientifiques et d’expériences concrètes de terrain, il prouve sans ambiguïté que nous avons tous intérêt à changer de modèle agricole, que l’on soit agriculteur, consommateur ou élus d’une collectivité territoriale. La ferme doit faire sa mue, l’agriculteur ne peut rester isolé sur son tracteur, condamné à pulvériser des produits phytosanitaires, produire et vendre à des intermédiaires ou une coopérative à vil prix des produits contaminés, et mourir un jour de Parkinson ou d’un cancer de la prostate ou de la peau.

L’agriculteur de demain est agro-écologue, entrepreneur, travaille en réseau avec les parties prenantes de son terroir, les écoles, les restaurants, les consommateurs qui s’approvisionnent directement chez lui. Il n’utilise plus de produits chimiques mais produit lui-même ses engrais et outils de lutte biologique, créant par là même des emplois et une meilleure rentabilité et résilience pour son exploitation. Il génère des services écosystémiques qu’il vend à la société : il capte du carbone, régénère la biodiversité, produit de l’eau pure et des sols riches qui revalorisent son exploitation et rééquilibrent ses comptes.

Comment recréer de l’emploi dans les campagnes et éviter leur désertification ? Comment revaloriser le travail d’agriculteur et tenter de réduire l’explosion du taux de suicide dans cette profession ?

Au lieu de dépenser tout son budget dans les phytosanitaires polluants, l’agriculteur de demain investit dans les techniques permaculturelles et le capital humain, la formation de son personnel et le travail, certes mécanisé, mais qui valorise l’intervention humaine. Cette agriculture peut créer deux emplois à l’hectare, soit sept fois plus qu’en agriculture conventionnelle. Il ne s’agit rien d’autre que de sortir de l’ère des hydrocarbures (les engrais sont produits à base de pétrole).

Les agriculteurs de demain ne veulent pas l’aumône, ils veulent pouvoir faire leur métier proprement et fièrement. A nous tous, donc, de nous engager pour ne pas rester spectateurs, ne pas juste nous offusquer en attendant la prochaine crise sans rien faire. Pour une agriculture biologique, savoureuse et respectueuse du vivant. Au nom de la Terre, de nos papilles et des générations futures.

Maxime de Rostolan (directeur de l’association Fermes d’avenir)
Tristan Lecomte (président de l’association Fermes d’avenir)

Tribune lue dans : liberation.fr



Signez la pétition ici

vendredi 23 décembre 2016

L'expansion urbaine ou la folie des élus locaux révélée

La décentralisation a transféré le pouvoir de l'aménagement du territoire, de l'état vers les collectivités locales. Résultat, les élus locaux construisent, construisent et construisent toujours plus sur les terres agricoles ou forestières (espaces où il n'y a rien selon eux), qui disparaissent à raison de 100 000 ha par ans. Sans concertation globale et espérant, au mieux, attirer à eux, d’hypothétiques emplois et taxes supplémentaires, de bonne foi ou sous la pression des copains capitalistes et industriels, les élus coulent du béton dans une frénésie dévastatrice. Tous ces cols blancs, qui nous donnent des leçons de bonne gestion, de réalisme et de pragmatisme, ne sont que de dangereux inconscients qui font monter en moi, qui a les yeux ouverts, une forme d'angoisse et d'inquiétude pour l'avenir.


Le résultat de cette inconscience c’est qu’il existe, aujourd’hui, en France métropolitaine, 750 centres commerciaux et que, tous les ans, il s'en ouvre deux. Ce monde est fou. La version officielle de cette folie expansionniste, sans limite, c’est que ce serait bon pour l'emploi local. Brave intention en soi mais la fin justifie-t-elle les moyens ?

La réponse est clairement « NON » si ces moyens sont basés sur les vielles lunes du passé. Un passé où crises écologique, climatique, énergétique et métallique n’existaient pas encore et où le monde semblait sans limite, mais un passé qui a créé ces crises dans un mode fini. Or il est évident qu’en construisant toujours plus, le moyen proposé est basé là sur la consommation et le dogme de la croissance, donc sur l'émission de gaz à effet de serre donc d’impacts climatiques, sur l’épuisement des ressources et sur la destruction des terres nourricières, au détriment des agriculteurs et des consommateurs et de leur santé, au détriment des centres-villes, au détriment de la diversité ... une vision du passé portée par de gens du passé, incapables de voir le monde d'aujourd'hui, incapables de reconnaître ses nouvelles contraintes et de proposer des solutions qui prennent en compte les défis d'aujourd'hui, incapables de voir que la transition écologique est l'avenir. Incapables de penser autrement. Une fois de plus, seul l'écologiste est le réaliste, est le pragmatique, les autres étant tout sauf raisonnables.

Mais cette problématique n'est pas nouvelle, dès les années 70, la loi Royer tentait de limiter l'expansion commerciale afin de protéger les centres-villes. On aurait donc pu penser que depuis 40 ans la raison aurait eu gain de cause, mais rien n'y fit. L'expansion urbaine et commerciale n'a cessé de grignoter les paysages défigurant notre beau pays et mettant en péril notre souveraineté alimentaire (L’île-de-France ne dispose que de 3 à 5 jours d’autonomie alimentaire). Le législateur, pourtant, avait mis en place des commissions chargées d’étudier les implantations de nouveaux centre-commerciaux, mais celles-ci, constituées d'élus locaux, ne s'opposent jamais aux nouveaux projets. Ainsi donc, la seule chose que nos élus sont capables de nous proposer, c'est la fuite en avant avec toujours plus de béton, toujours plus de consommation carbonée, toujours moins de frugalité, toujours plus d'exploitation des plus faibles, toujours plus de précarité et, finalement, de moins en moins de durabilité.

A Noyelles-Godault (Nord) il y a un hyper-centre-commercial qui vide les centres villes des villes et villages alentours. Ainsi, pour répondre à cet hyper-centre-commercial, qui détruit leurs centres-villes, les villes d'alentours (Lens) n’ont rien trouvé de mieux que de répondre par.... la construction d'autres hyper-centre-commerciaux... sur les terres agricoles, bien évidement !!! Et ainsi, dans un climat de baisse de fréquentation, des bulles commerciales se créent, au détriment de tous, la création d'un emploi, vide de sens, en centre commercial entraînant la disparition de deux postes de travail, plus proches des gens et donc plus satisfaisants, en centre ville.

La bulle des centres commerciaux va-t-elle éclater comme à éclaté celle des états unis ? Seuls les élus répondent que non, alors qu'il est évident que cela n'est pas durable. Ces décideurs sont définitivement des incompétents notoires. Ces élus locaux, qui bétonnent leurs terres agricoles pour y construire d'immondes zones commerciales, sont les mêmes qui pleurent devant la désertification de leurs centres villes. Ces responsables politiques ne sont en fait que des irresponsables qui nous emmènent inexorablement vers l’effondrement. Pourtant « la dichotomie économie / écologie, l'opposition entre emploi et environnement c'est une vision du passé » a déclaré, fort justement, Corinne Lepage sur la chaîne public Sénat le 11 décembre 2016.

Devant ces constats toujours plus désespérants, très gentiment, ma sœur m'a suggéré le film « Qu'est-ce qu'on attend ? » en me disant qu'il était « à voir d'urgence car – me dit-elle - c'est un film qui fait un bien fou ». Mais à ces mots je me suis demandé pourquoi, au final, ce genre de films ne me fait pas particulièrement du bien ? J'ai été obligé de reconnaître qu'ils me renvoient trop à mon propre échec politique local, à mon incapacité à convaincre et à fédérer. Ce qui est montré dans ce film comme dans tant d'autres (Nos enfants nous accuseront, Homo toxicus, la mort est dans le près, sacrée croissance, ...), je l'ai tant de fois proposé et défendu, sur la ville des Ulis et ses environs, quand j'étais élu, sans avoir été jamais soutenu ni entendu ou pas par grand monde, qu'au final je n'ai rien fait passé. Force est de reconnaître que quand tu n'es pas majoritaire, sans le soutien du maire et du premier adjoint, tu ne peux rien faire, si ce n'est, bien faire marrer tes petits camarades, qui se targuent de réalisme et de pragmatisme tout en te traitant (au mieux) d’écolo doux rêveur. Moi je ne voulais juste faire qu'un quart de ce qui est montré dans ce film (cf la bande annonce).... mais au final nous n'avons rien fait d'écologique. Certes nous avons réalisé de belles actions sociales et culturelles, dont on peut être fier, mais rien qui aille dans le sens de la transition écologique qui aurait permis de faire des Ulis, une ville durable, une ville en transition, une ville résiliente, capable d'encaisser les crises économiques et/ou écologiques. Mais non, notre ville est encore et toujours perfusée au pétrole, dépendante des apports de nourriture (toxique) d'ailleurs alors qu'elle est entouré de champs à perte de vue, vulnérable aux froids et aux aléas climatiques... Notre ville et son vivre ensemble est encore et toujours menacée d'effondrement car aucun des défis (écologique, climatique, énergétique, métallique, ...), qui se posent à nous, n'aura été pris au sérieux. Ainsi je suis content pour les gens d'Ungersheim qui ont eu un maire lucide et éveillé au point de porter des actions véritablement écologiques, tout en me demandant, naïvement, pourquoi on n’en parle pas aux 20h ?!?! Il doit y avoir des intérêts économiques qui cherchent à ce que tout cela ne s'ébruite pas trop. Je suis content pour eux, comme je suis content pour Saint-Pierre-de-Frugie, en Dordogne, qui a su reprend vie en misant tout sur le bio, mais cela ne fait que révéler de façon criante mon propre echec et j’en suis presque humilié.

Le 5 octobre, au Sénat, Emmanuelle Cosse, ministre transfuge, a déclaré : « Nous sommes sortis de la crise du bâtiment et du logement ». Mais, entre nous, si c'est pour construire des pavillons ou des zones commerciales, encore et toujours, sur les terres agricoles et autres espaces naturels, si c'est pour construire en béton (fort émetteur de Gaz à Effet de Serre), si c'est pour ne toujours pas construire en passif, alors je ne vois pas où est le progrès qu'une personne, qui se dit écologiste, pourrait être fière de porter. Si c'est pour faire comme avant, alors je ne trouve pas que ce soit vraiment une bonne nouvelle. Ainsi donc, si l’Anthropocène caractérise l'époque de l'histoire de la Terre durant laquelle l’influence de l’être humain sur la biosphère a atteint un tel niveau qu'elle est devenue une « force géologique » majeure capable de marquer la lithosphère et qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l'écosystème terrestre, alors, définitivement l'anthropocène est bien une preuve de la puissance destructive de l'humanité, de notre capacité de nuisance exceptionnelle à laquelle participent ces élus aveuglés et vaniteux, ces chefs d’états corrompus, ces ministres serviles, ces décideurs inconscients, ces lobbies de l’argent et de l’industrie destructive, qui poursuivent une guerre contre la nature…

S’ils la gagnent, alors nous sommes perdus (Hubers Reeves).

Crédits photo du centre commercial déserté 
(Randall Park - North Randall, Ohio (1976 - 2009)) : Seph Lawless

- - - - - - - - -

Trois films à voir pour compléter

Pour quelques hectares de plus.



- - - - - - - - - -
Centres commerciaux : la grande illusion - Documentaire 2015



- - - - - - - - - - 
La terre en morceaux

samedi 10 décembre 2016

NDDL : Mr Grosvalet seriez-vous prêt à assumer ce que cela pourrait déclencher ?


Avec Bernard Cazeneuve, les zadistes ont gagné du temps. « La menace s'éloigne. On sait le nouveau Premier ministre plutôt pondéré et à l'écoute. La bataille ne s'arrête pas pour autant », indique une des porte-parole du Collectif des élus opposés à l'aéroport de NDDL. Oublié, l'objectif annoncé par Manuel Valls d'évacuer la Zad de Notre-Dame-des-Landes cet automne. Le nouveau locataire de Matignon, Bernard Cazeneuve, veut se donner le temps d'étudier le contentieux sur le sujet avec l'Union européenne. Rappelons que l’Europe a adressé, en 2014, une mise en demeure à la France pour manquement à l’obligation légale de produire une étude d’impact environnementale, estimant que les évaluations, alors établies, étaient trop fragmentées. L'Autorité environnementale, instance ministérielle, a été saisie. Mais Paris n'a toujours pas répondu à ce jour à la mise en demeure, même si un document semble être en préparation.

De plus les forces de police, épuisées, n’étant pas extensibles, dans un contexte de terrorisme national et international, la priorité est donnée à la sécurité des populations, pendant la période des fêtes. Ainsi l'intervention promise à l'automne par Manuel Valls, quand il était Premier ministre, ne va pas se faire tout de suite... Pour Bernard Cazeneuve, qui ne veut pas revivre « un Sivens puissance 27» ou la Bérézina de l'opération César de 2012, l'évacuation des opposants occupant la zone d'aménagement du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, n’est plus une priorité. Les Zadistes vont pouvoir passer Noël tranquille.

Cette situation nouvelle, « première étape de lucidité » selon Yannick Jadot, n’a pas manqué de provoquer les foudres des bétonneurs pro-Ayraultport, parlant de «Honte», de «scandale» et de «lâcheté». Les va-t-en-guerre, belliqueux et haineux, qui voient les bénéfices de leurs copains de Vinci encore s’éloigner, comme Bruno Retailleau, Alain Mustière ou bien le président du conseil départemental de Loire-Atlantique, Philippe Grosvalet ne décolèrent pas et parlent d’un gouvernement de « cague-braille », de « pétochards » et de « trouillards ». C’est dans ce contexte que Françoise Verchère à adressé une longue lettre (ci-dessous) au Président Grosvalet. Je me suis permis de vous la remettre là.

- - - - - - - - -

Le 9 décembre 2016

Cher Philippe,

Le magazine départemental vient d’arriver dans nos boîtes aux lettres et j’y ai lu bien sûr « l’expression du président ». Franchement Philippe, je sais bien que ce n’est pas toi qui écris, mais tout de même...Achever ton texte par « les travaux, c’est maintenant !», tu ne crois pas que c’est un peu … malheureux ? En fait, ce serait presque à mourir de rire, si on avait encore le cœur à rire…quand on voit ce qu’est devenu le slogan socialiste d’il y a cinq ans, à l’épreuve des faits.

Au delà du slogan, je m’interroge. Serais-tu vraiment prêt à envoyer les forces de l’ordre dans le bocage si cela dépendait de toi ? Serais-tu prêt à assumer ce que cela pourrait déclencher ? Y crois-tu à ce point à ce projet « d’aménagement du territoire » pour reprendre la seule explication que tu m’aies jamais donnée à ton soutien à l’aéroport? Aménager à NDDL, c’est détruire de manière irréversible, tu le sais. Aménager à NDDL, c’est gaspiller de l’argent public alors que toutes les collectivités en manquent, tu le sais aussi. Aménager à NDDL, ce n’est pas compatible avec les engagements de la France, du Plan climat départemental, de la baisse des émissions de gaz à effet de serre, tu le sais aussi. Alors ?

Alors, tu vas me dire qu’ il y a la justice et la voix populaire. Que tu les respectes, et que tu nous demandes donc de le faire. Mais tu t’arranges un peu avec la vérité, Philippe.

Affirmer par exemple que 170 décisions favorables donnent une légitimité juridique au projet, c’est continuer à tromper les citoyens, car les opposants ne sont pas allés 170 fois devant la justice et tu le sais très bien. Pourquoi ne parles-tu pas des recours que nous avons gagnés ? Pourquoi ne parles-tu pas de l’argent public que vous avez versé illégalement à une entreprise qui n’en avait nul besoin et que nous lui avons fait rembourser ? Pourquoi ne parles-tu pas de l’infraction constituée vis à vis de la réglementation européenne qui vous empêche de commencer les travaux si vous prétendez respecter le droit ? Pourquoi ne reconnais-tu pas que deux ans après mon éviction d’une certaine commission, par la Préfecture et toi-même, la justice vient de me donner raison ?Il faudrait aussi s’engager dans un long débat sur le juste et le droit , sur la loi et le droit de s’y opposer...Trop long pour cette lettre. Je voudrais juste te rappeler la phrase de Paul Nizan qui devrait encore parler à quelqu’un qui se dit socialiste : « La bourgeoisie travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il lui est nécessaire de faire croire qu’elle travaille, qu’elle exploite, qu’elle massacre pour le bien final de l’humanité. Elle doit faire croire qu’elle est juste et elle-même doit le croire. » Remplace le mot « bourgeoisie » s’il te paraît vieillot mais les faits sont toujours là...et je crains que vous ne soyez complices tout en vous croyant justes.

Tu rappelles aussi la consultation de juin en disant que son résultat est « univoque » ; sans doute veux-tu dire qu’il n’y a qu’une interprétation à ce résultat ? Certes le oui a gagné et pourtant : 55 % de oui exprimés par 268 977 électeurs sur 967 457 inscrits, cela fait 27,8 % de gens favorables. Exactement ton propre score au dernières élections de mars 2015. Tu reconnaîtras sans doute si tu n’es pas totalement brouillé avec les chiffres que cela ne fait pas un plébiscite ni un raz de marée. Mais il est vrai que les politiques se sont habitués à se sentir légitimes quel que soit le nombre des voix en leur faveur, rapporté au nombre des inscrits. Vois-tu, nous n’avons pas la même conception de la sacralisation du fait majoritaire surtout quand il est si relatif !

Et surtout pourquoi cet avis de 27,8 % des habitants de Loire-Atlantique dont bon nombre ont d’ailleurs été leurrés par les mensonges du dossier ( sur l’emploi ou la création de nouvelles lignes aériennes pour ne citer que les plus gros qui ont marché…) vaudrait-il plus que tout le reste ? Plus que les avis négatifs de scientifiques, par exemple… ? Plus que l’avis éventuel de tous les autres citoyens ( régionaux et nationaux) qui auraient à payer cet aéroport et qu’on s’est bien gardé d’interroger ? Comment peux-tu trouver juste et définitive cette consultation pipée à tous points de vue, comme nous l’avons expliqué en détail?

Te souviens-tu Philippe de cette réunion de l’exécutif départemental où je vous avais dit que l’affaire NDDL était un nouveau Larzac en préparation ? Vous aviez bien ri ( rien à voir, disiez-vous, ni sur le fond ni sur la forme !…). J’avais raison sur la mobilisation , tu le reconnaîtras, mais pas sur votre positionnement car les « socialistes » ne sont plus du même côté ,c’est vrai...

Te souviens-tu de la séance du budget départemental où je vous ai raconté, sur fond de photo représentant les statues de l’Île de Pâques, que la destruction de cette civilisation avait pour cause : une crise écologique ( la coupe des arbres pour ériger les fameuses statues), l’aveuglement des élites, et la guerre qui s’en était suivie ? Te souviens-tu que je vous ai conjuré de faire mentir le dicton qui veut que l’histoire bégaie ? Je pensais surtout à l’aveuglement des élites...Te souviens-tu que vous avez gentiment voté un bel Agenda 21, et plus tard un beau Plan Climat dont vous vous moquez éperdument, sans quoi vous vous poseriez enfin les bonnes questions sur l’aéroport et sur tant d’autres choses ?

Te souviens-tu de ton étonnement quand tu as comparé les budgets que nous gérions tous les deux au Conseil Général, mon pauvre budget « environnement » que je n’arrivais pas à faire augmenter face à ton budget « économie » ? Tu n’en revenais pas qu’il y ait aussi peu d’argent pour l’environnement. Mais quand il s’est agi de passer des paroles aux actes, rien ou si peu…

Te souviens-tu que je t’ai dit un jour que votre problème à vous, hommes politiques était probablement votre rapport difficile voire inexistant à la mort et à la finitude ? Refus de votre mort politique, refus de votre mort tout court, et donc déni des limites de la planète et de la mort possible de notre civilisation et peut-être de notre espèce. Balayée d’un revers de main, la voix qui dit « attention à l’irréversible », « droit des générations futures », « respect du vivant »…

Philippe, je sais que moi je ne suis pas audible ( trop Cassandre ou trop Antigone, trop prof, trop emm...) mais dis moi, quand tu entends ou quand tu lis, si tu en as le temps, Jean Jouzel, Stephen Hawking, Paul Jorion, pour ne citer que ces trois là,dont on parle un peu en ce moment, ça ne te vient pas à l’esprit qu’ils ont raison ? Que votre vision de l’avenir est complètement à côté de la plaque ? Que vos théories de la Croissance du PIB, des investissements soi-disant pourvoyeurs des emplois de demain, de la technologie qui réglerait tous les problèmes, du « ruissellement » ( il faut des riches pour que les pauvres aient des miettes), sont contredites par les faits ? Et que tout ça en plus d’être faux va se fracasser sur la réalité de la modification du climat et de la sixième extinction des espèces ?

Tu dis respecter les opposants, les as-tu au moins regardés ? As-tu vu qui sont ces dizaines de milliers de gens qui viennent inlassablement manifester contre ce mauvais projet ? Qui n’ont d’autre intérêt que celui de laisser un monde vivable à leurs enfants. Comment peux-tu être du côté de Vinci contre eux, comment ? Par quelle paresse de la pensée, par quel aveuglement, par quel enfermement ? Comment peux-tu croire un instant aux compensations environnementales ? Au cas où tu ne le saurais pas, la justice vient de condamner Cosea ( groupement d’entreprises piloté par Vinci )pour non respect de ses engagements sur la construction de la Ligne à Grande Vitesse Paris-Tours ( article de Médiapart du 7 décembre 2016). Au cas où tu ne le saurais pas, AGO n’a pas respecté ses engagements de replantation sur le site de Nantes-Atlantique après avoir eu l’autorisation de détruire un petit bois pour en faire un parking de plus...Ce n’est pas grave n’est-ce pas ?

Je t’écris cette lettre alors que l’Île de France connaît avec d’autres grandes villes de France un pic de pollution « inédit » comme disent les media...Faudra-t-il demain espérer n’avoir que de la pluie et du vent et s’inquiéter du moindre épisode de beau temps si nous sommes incapables d’agir sur la qualité de l’air ? Faudra-t-il accepter que nos enfants soient tous asthmatiques ?

« Quousque tandem ? »pour reprendre la célèbre phrase de Cicéron ? Jusques à quand les politiques feront-ils l’autruche devant les enjeux environnementaux, pour le plus grand profit de quelques-uns ? Jusques à quand refuserez-vous de discuter des solutions encore possibles sur NDDL plutôt que de choisir une position inutilement va-t-en guerre ?

Excuse la longueur de ce courrier, pourtant très incomplet. Je reste bien sûr à ta disposition si l’envie te venait de discuter enfin du fond de ce dossier et peut-être d’autres.

Françoise Verchère

samedi 3 décembre 2016

Le choix de l’insoumission

A la veille de la réunion du Front commun à Montreuil, la Coopérative écologie sociale (dont sont notamment membres Francine Bavay, conseillère fédérale EELV, Sergio Coronado, député EELV des Français de l'étranger, Patrick Farbiaz, conseiller fédéral EELV, Bénédicte Monville-De Cecco, conseillère régionale d’Île de France EELV), profite de l’occasion pour «reposer au sein d’EELV, la question de l’opportunité d’une candidature écologiste à la présidentielle».

La situation nouvelle dans laquelle nous nous trouvons depuis l’élection de Donald Trump et la désignation de François Fillon comme candidat de la droite et du centre nous oblige à réaffirmer les choix, finalement minoritaires, que nous avions portés lors du dernier Congrès d’EELV et alors même que les primaires de l’écologie viennent de s’achever. La victoire sans appel de deux réactionnaires sur les bases d’une révolution ultralibérale, conservatrice, et souverainiste dans deux des six plus grandes puissances du monde conjuguée avec le poutinisme et le renforcement de la prédominance de Xi Jinping en Chine, ou encore d’Erdogan en Turquie change la donne. Le monde dans lequel nous entrons rompt non seulement avec les Trente glorieuses mais aussi, en Occident, avec la promesse de progrès social et démocratique. Le chaos géopolitique se double maintenant d’une hypothèse autoritaire. Le capitalisme n’a plus besoin de la démocratie, nulle part.

Dès lors, l’enjeu de l’élection présidentielle se modifie. Ce n’est plus seulement la défaite de la gauche qui se profile mais la nécessité d’entamer une recomposition politique pour organiser la résistance de celles et ceux qui veulent s’opposer au tsunami réactionnaire et ordo-libéral qui vient. Nous savions déjà, avant la victoire de François Fillon, que le vote à gauche se départagera entre celles et ceux qui, dans la peur d’un 21 avril annoncé, vont nous expliquer que le danger immédiat est celui de la droite et de l’extrême droite et celles et ceux qui estiment, comme en 1969, que l’enjeu est de montrer qu’il est possible d’en finir avec l’hégémonie d’une gauche néoconservatrice sur la gauche sociale, écologique et morale qui se bat depuis quatre ans contre ce gouvernement qui dévoie toutes nos valeurs. Mais si la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis démontre, s’il le fallait encore, que la première réponse est parfaitement inutile à long terme, celle de François Fillon renforce l’idée que la politique de la gauche de gouvernement depuis 2011 dans tous les domaines a encouragé cette révolution conservatrice. Il faut tout faire pour mettre en minorité le Parti Socialiste, responsable au premier chef de cette situation.

Vouloir porter un discours de changement positif est dans ce cadre une illusion et ne débouchera que sur une nouvelle déception. Faire 2, 3 voire 4 % reviendra à enfoncer un clou supplémentaire sur le cercueil de l’écologie politique alors qu’elle est la seule idée propulsive de l’avenir. Dans ces conditions, une candidature EELV, que notre candidat a qualifiée lui-même de candidature de témoignage à l’élection présidentielle, n’est pas souhaitable. Yannick Jadot a assurément des qualités pour être le candidat d’EELV mais à quoi sert un candidat de témoignage dans la période inédite que nous traversons ? Pourquoi prétendre que l’enjeu se situe encore dans la diffusion des idées écologistes alors qu’il s’agit de manière urgente de se demander comment créer les conditions qui permette de sortir l’écologie politique de la situation de marginalité où depuis la fin du XIXème siècle les forces conservatrices travaillent à la maintenir ? Yannick Jadot ne répond pas à ces questions. A quoi sert dans une période d’exaspération des national-populismes, de mensonges et de négation du dérèglement climatique et de ses conséquences de continuer à prétendre qu’il existe un peuple de l’écologie ? Quelle est la pertinence d’une candidature qui veut faire la synthèse entre une écologie bourgeoise, soucieuse de santé et de préservation de la nature, mais qui pourtant refuse de poser la question des rapports de production et de la prédominance du capital, et une écologie politique, au sens plein du terme, qui affronte la relation fondamentale entre capitalisme et destruction de la nature ? Avons-nous besoin d’une énième candidature de témoignage ? Sans un processus de rassemblement des forces du champ de l’émancipation sociale et écologiste quel sens cette candidature peut avoir ?

Ces dernières années, l’écologie politique a encore souffert du louvoiement, du renoncement, de l’accaparement par une « firme » d’un espace qui pourtant avait réuni plus de 16 % de l’électorat aux élections européennes de 2009. Ce formidable élan a été détruit par les petits marquis qui sont allés sans vergogne rejoindre la cohorte des soldats perdus du gouvernement Hollande-Valls. Notre parti a choisi d’y mettre un terme et c’est tant mieux mais pour quoi faire ?

L’élection présidentielle n’a jamais été le tremplin des candidat-es écologistes aux élections législatives. Ils ont toujours réalisé de meilleurs scores que le candidat parce que les électeurs votent utile en mai et reviennent en partie à un vote de conviction en juin. Cette fois-ci pourtant la revendication d’autonomie intransigeante dont se revendique le candidat EELV à la présidentielle comme d’ailleurs la majorité issue du Congrès de Pantin obère cette possibilité. Sur le terrain, les militant-es écologistes savent bien que l’heure est au désarroi et qu’il s’agit d’abord de regrouper des forces citoyennes en rupture avec le hollandisme pour rebâtir à partir du bas sur une plate forme partagée par l’ensemble des forces de la gauche de transformation sociale et écologique. Crier autonomie, autonomie, autonomie, n’a donc aucun sens sinon conforter celles et ceux qui se fourvoient et travaillent en réalité au maintien de la marginalité écologique. C’est-à-dire les tenants d’une écologie qui doute d’elle-même et de son potentiel de transformation radicale de nos sociétés. SI nous voulons, comme certains le prétendent, « déminoriser » l’écologie, il faut maintenant prendre nos responsabilités en devenant une des forces motrices d’une recomposition qui commencera sur le terrain dès les prochaines législatives.

La prochaine élection présidentielle consacrera la défaite de la gauche sociale libérale qui durant cinq ans aura trahi toutes nos aspirations, tous les engagements signés, toutes les promesses faites à des partenaires vassalisés et réduits à jouer les utilités. Et ce ne sont pas les dernières gesticulations d’une aile « gauche » du PS étrangement silencieuse en dehors des périodes électorales qui y changeront quoique ce soit, même si elles pourront duper certain-es électeurs/électrices. De ce fait, les électrices et électeurs de gauche n’auront que le choix entre des solutions par défaut : soit s’abstenir, soit témoigner, soit désobéir. Comme nous estimons que le vote est un acte politique de citoyenneté minimum, nous ne nous abstiendrons pas. Comme nous considérons que les candidatures de témoignage sont inutiles dans une période où l’écologie politique est dévoyée par le capitalisme vert, nous choisirons la désobéissance, car l’insoumission est le seul vote utile dans une période où le chaos est la règle et la cohérence dans la conviction, l’exception.

Désobéir à la Vème République et à son système présidentialiste qui, avec les primaires, a transformé notre pays en hippodrome de courses de chevaux entraînés par des écuries où suiveurs, courtisans et sponsors cherchent à miser sur le meilleur canasson pour l’emporter tous les cinq ans.

Désobéir à un système partidaire qui s’est coupé du peuple en choisissant la voie de l’oligarchie, de la soumission au gouvernement invisible des lobbies et des multinationales.

Désobéir à son parti politique, défait et laminé par les petites ambitions d’une partie de ses cadres et inviter ses militant-es à considérer avec nous la gravité de la situation et à en tirer toutes les conséquences.

C’est pourquoi nous faisons le choix de participer au front commun qui se dessine. Nous ne ne le faisons ni en fan, ni en groupie, ni en supporter de Jean-Luc Mélenchon. Nous avons des désaccords avec lui : son tropisme jacobin et centralisateur, sa vision géopolitique «campiste » datant de l’affrontement Est/Ouest, ses déclarations à l’emporte pièce, notamment sur l’immigration ou le « récit national » qu’il faudrait adopter « à partir du moment où on est français » … et nous comptons bien le dire haut et fort. Mais il a au moins trois qualités essentielles à nos yeux :

1) Il a réconcilié une partie de la gauche profonde avec l’écologie en faisant la jonction entre justice sociale et justice écologique. En prônant l’éco socialisme, la règle verte, la lutte déterminée contre les Grands projets inutiles et Imposés, [...], il permet à une partie des syndicalistes, de la gauche sociale, de converger avec l’écologie politique. En rompant notamment [...] avec l’immobilisme du PCF et du PS, il écologise en profondeur la gauche et prépare l’étape suivante, celle où l’écologie politique sera le moteur de la gauche.

2) Il a le rôle de voiture bélier dans cette présidentielle où il s’agit enfin de rompre avec une sociale-démocratie qui a rejoint le camp de la droite avec sa politique économique et sociale de régression (CICE, politique de l’offre, lois Macron, loi travail, répression antisyndicale, anti-jeunes, en particulier quand ils ou elles sont issu-es des milieux populaires, anti-militant-es, en particulier quand ils ou elles sont écologistes … ), sa politique productiviste anti écologiste (Notre Dame des Landes, Sivens, boues rouges, algues vertes, diesel, …) sa politique sociétale (déchéance de nationalité, expulsions des Rom, enterrement du droit de vote des étrangers et du contrôle au faciès, Etat d’urgence permanent, méga fichage TES, …), sa politique étrangère (logique de guerre en Afrique et au Moyen Orient, soutien aux dictatures, …). Il faut «hacker» cette présidentielle pour en finir avec le cycle d’Epinay sur lequel a prospéré un PS qui a renié un par un tous ses engagements de départ. Jean-Luc Mélenchon, parce qu’il a toujours dénoncé depuis le début du quinquennat, la présidence et la majorité autour de François Hollande a pour des millions de français cette crédibilité là. Nous devons empêcher non seulement le face-à-face entre les deux derniers présidents complices de la même politique d’austérité mais plus largement faire exploser définitivement le champ politique français constitué depuis des décennies et œuvrer à sa recomposition. Comme en Espagne, au Portugal, aux Etats Unis avec Bernie Sanders et Jill Stein, il faut pirater le système électoral en vigueur.

3) Jean-Luc Mélenchon par son combat permanent pour la VIème République, pour des mandats révocables, pour la proportionnelle, pour une Constituante, pour une majorité rose rouge verte peut enfin être l’occasion de la recomposition du paysage politique à gauche et au delà des partis constitués. Nuit Debout et le mouvement contre la loi Travail, les zadistes, les initiatives citoyennes et écologistes montrent que la recomposition se fera par le bas, qu’elle s’ancrera localement comme à Barcelone et à Madrid dans le communalisme libertaire. Mais l’implosion de ce système doit aussi venir par en haut. Le PS comme le PC (qui vient d’ailleurs de faire le choix de soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon) et à certains égards ce qui reste d’EELV sont des freins qui bloquent cette recomposition par le bas. Si Jean-Luc Mélenchon dépasse ne serait-ce que d’une voix François Hollande ou n’importe quel représentant du social libéralisme, la crise sera telle au PS que nous pourrons nous engager enfin dans une autre voie, celle de la construction d’un mouvement de type nouveau, un bloc social et écologiste où pourront s’agréger les forces motrices du changement issues des mouvements de la protestation sociale, de l’écologie, du féminisme, de l’antiracisme, du pacifisme. La recomposition est à ce prix. Elle ne dépendra pas du Parti de Gauche ou de la France Insoumise car il ne peut y avoir de recomposition par le haut, par le fait du prince. Un présidentiable ne peut jouer le rôle fédérateur d’une force politique au XXIème siècle et c’est une bonne chose. Et ce même si « La France Insoumise » en expérimentant des moyens d’organisation horizontaux où la liberté de chacun de faire campagne, est un mode d’organisation qui pourrait être utile comme on l’a vu avec Momentum, le mouvement pro Corbyn ou avec la campagne de Bernie Sanders.

Nous espérons que notre choix sera l’occasion de reposer au sein d’EELV, la question de l’opportunité d’une candidature écologiste à la présidentielle dans les conditions que nous avons à nouveau spécifiées ici. Si tel n’était pas le cas, celles et ceux qui parmi nous sont à EELV, utiliseront leur droit de retrait durant la campagne des présidentielles en même temps que nous nous battrons pour des candidatures les plus unitaires sur la base de plate–formes citoyennes, de gauche et écologistes aux élections législatives. Nous avons toujours décidé de notre orientation, sans a priori et en fonction de l’analyse d’une situation donnée. Aujourd’hui, au moment où les périls se rapprochent, si nous voulons une recomposition dont l’axe soit la convergence entre le social et l’écologie, il faut savoir rompre avec les attitudes boutiquières et faire le choix d’un front commun.

Article publié, par la Coopérative Ecologie Sociale, dans le Blog des invités de Médiapart, le 2 Décembre 2016