"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mercredi 28 août 2013

Faute d’abeilles, agriculteur cherche apiculteur pour pollinisation

Des apiculteurs frappés par le déclin des abeilles et des paysans aux champs moins fertiles s'associent pour recréer ce service naturel en voie de disparition.

Ils se sont trouvés sur un site de rencontre. L’un est agriculteur, l’autre est apiculteur. La raison de leur union : la pollinisation. Ce service, indispensable à la multiplication des semences potagères et oléagineuses (colza ou tournesol), est, en principe, rendu gratuitement par la nature. En principe, car "d’un coté le nombre d’insectes pollinisateurs décline, de l’autre, les besoins de l’agriculture augmentent avec les surfaces de cultures dépendantes de ces insectes, comme les variétés hybrides", résume Bernard Vaissière, chargé de recherche en pollinisation et écologie des abeilles à l’Inra (Institut national de recherche agronomique) d’Avignon (Vaucluse). Résultat : certaines régions d’agriculture intensive, comme la Beauce et ses plaines sans haies ni bosquets, sont confrontées à une pénurie de butineurs. Or, ceux-ci contribuent au moins à 30% de la fécondation des fleurs. Sans eux, certaines productions s’effondrent.

Pour y remédier, les agriculteurs multiplicateurs, spécialisés dans la production de semences oléagineuses, louent les ruches d’apiculteurs pendant les périodes de floraison.

Dégringolade des pollinisateurs sauvages

"ce site ne fait qu’institutionnaliser une pratique déjà très répandue", relate Amandine De La Forge, chargée de communication au sein de l’Union française des semenciers (UFS). "L’introduction de ruches a débuté dans les années 1970, confirme Bernard Vaissière. Longtemps, les insectes pollinisateurs, c’était comme la lumière ou le vent, personne ne se posait la question de leur action." Mais entre 2004 et 2010, en France, le nombre pollinisateurs sauvages a chuté de moitié bien que les pertes soient impossible à chiffrer.

Les butineurs se font alors remarquer par leur absence. "A ce moment-là, les agriculteurs prennent conscience que, pour une majorité de culture, la pollinisation par les insectes leur est indispensable", raconte Bernard Vaissière. Publications et conférences scientifiques à l’appui, le travail des abeilles est peu à peu perçu comme un facteur de production.

Se parler plutôt que de s'affronter

"Beewapi doit nous permettre de nous parler plutôt que de passer notre temps à nous affronter", sourit Thomas Mollet, président de l’Institut de l’abeille (Itsap). Au cœur des tensions, les pesticides, soupçonnés d’affaiblir, de désorienter et au final de décimer les colonies d’abeilles. "Dans notre milieu, l’agriculteur conventionnel passe souvent pour un tueur d’abeilles", reconnaît l’apiculteur. Ainsi l'urgence entraîne l’alliance et certains apiculteurs expérimentent, sélectionnent les meilleurs butineuses, scrute l’activité des ruches pour répondre au mieux aux besoins des producteurs mais "à elles seules, les abeilles domestiquées ne suffisent pas", reconnaît Bernard Vaissière. Une étude de Science Magazine réalisée dans 21 pays le confirme : entre pollinisateurs sauvages et domestiqués il y a "complémentarité". "Pour produire certaines semences de laitue, seules des abeilles sauvages sont capables d’assurer la pollinisation", illustre le biologiste. Un service de la nature auquel aucun professionnel ne saurait se substituer.

Et pendant ce temps, selon l'AFP, les groupes chimiques suisse Syngenta et allemand Bayer ont contesté devant la Cour de justice de l'Union européenne la décision de Bruxelles de restreindre, pendant deux ans, à compter du 1er décembre 2013, l'utilisation du thiaméthoxame, ainsi que de deux autres pesticides néonicotinoïdes (la clothianidine et l'imidaclopride) suspectés d'être nocifs pour les abeilles.

Tout va bien dans le meilleur des mondes.


mercredi 7 août 2013

L'énergie mondiale face à la pénurie ou Colbert et les leçons du "Peak Wood".

Colbert et le " peak wood " du XVIIe siècle

Un seul moment dans l'histoire de l'humanité est comparable à ce qui s'annonce. À partir du milieu du XVIIe siècle se profile une crise énergétique grave en Europe occidentale, notamment en Angleterre et en France. La source d'énergie principale est le bois, la déforestation pour l'agriculture et la surexploitation le rendent de plus en plus rare et cher.

Les forêts du Nouveau Monde sont à portée de main, mais construire des bateaux en bois pour aller chercher du bois n'est pas physiquement rentable (il faudrait mettre plus d'une unité pour récupérer une unité... comme pour une partie du pétrole non conventionnel !).

Le "peak wood" est là ! L'Europe s'en sortira grâce à la mise en place de réglementations fortes (restrictions étatiques, plans de gestion) et une double révolution technologique. En France, Colbert établit en 1669 l'ordonnance relative à la création et à l'entretien des bois et forêts. Il replante massivement pour préparer l'avenir (en tant qu'ancien ministre de la Marine, il sait qu'il faut 3 000 chênes centenaires pour construire un bateau de guerre). Nous lui devons une bonne partie de nos forêts.

La double révolution technologique viendra d'Angleterre. Vers 1700-1710, Thomas Savery invente la pompe à vapeur, Thomas Newcomen la machine à vapeur. La combinaison des deux permettra l'exploitation des mines de charbon souterraines, en pompant les nappes phréatiques. La révolution industrielle pouvait démarrer.

Aujourd'hui ...

Aujourd'hui, aux limites des réserves fossiles, sans alternative d'envergure suffisante, la production mondiale d'énergie finira par entrer en décroissance. À moins d'une très hypothétique révolution technologique, il nous faudra faire face à une pénurie sans précédent, qui inversera les tendances actuelles avec la réduction des transports, la relocalisation de l'économie, la réapparition du réutilisable et du réparable, et la fin de la culture de l'obsolescence programmée.

Aux limites des réserves fossiles, 
comment augmenter les réserves ?

Découvrir de nouveaux champs ? S'il reste de nouvelles réserves à découvrir (les géologues s'accordent souvent sur environ 150 milliards de tep), l'offshore trouvera bientôt ses limites, puisque au-delà de 3 000 m d'eau on quitte le plateau continental et ses dépôts sédimentaires. Et depuis la fin des années quatre-vingt, on découvre moins de pétrole qu'on n'en consomme (1 baril découvert pour 4 consommés actuellement). La production repose largement sur une soixantaine de champs "supergéants" (plus de 700 millions de tep), qui représentent 40 % des réserves. 70 % à 80 % de la production d'Arabie Saoudite, d'Irak et du Koweït reposent sur 8 champs découverts avant 1970.

Mieux récupérer ? Le taux de récupération est actuellement d'environ 35 % mais les propriétés physiques des roches-mères et des hydrocarbures ne permettent pas d'envisager beaucoup plus. Augmenter les prix ? Revoir les évaluations en augmenter "virtuellement" les réserves ?

En pratique, le phénomène du "peak oil" intervient. Schématiquement, une fois la moitié des réserves sorties de terre, la production va passer par un maximum puis décliner (plus ou moins vite, ce qui permet d'appeler le pic " plafond " ou " plateau "). Le pic est déjà là pour le pétrole (hier selon l'Energy Watch Group, 2010 selon l'ASPO, avant 2020 selon Total) : 33 des 48 pays producteurs y sont déjà passés. Il interviendra dans quelques années pour le gaz, à peine quelques décennies pour le charbon, selon l'usage que nous en ferons.

Ainsi pourrons nous vivre sans énergies fossiles
sans changement de comportements ?

Confronté à cette augmentation de la demande et aux réserves limitées d'énergies fossiles, le réflexe naturel est de rechercher des sources d'énergies alternatives.

Séduisant sur le papier jamais, en l'état, nous ne remplacerons une énergie si concentrée et si facilement transportable, qu'est le pétrole, par d'autres source sans renoncer. Jamais et même combinées l'hydrogène, l'hydroélectricité, le solaire, l'éolien, la géothermie, les biocarburants, le biogaz, la biomasse, le nucléaire, les gaz et huile de schiste, les vagues, les courants marins, la fusion ou le biocarburants de nouvelle génération ne parviendront, sans baisse de la consommation mondiale, à remplacer, un pour un, les énergies fossiles.

Une décroissance inexorable

Lâchons le mot : à moyen terme, la production mondiale d'énergie va donc entrer en décroissance. La consommation mondiale devra s'y adapter. Nous ne parlons pas nécessairement de choc pétrolier ou énergétique. Mais dans un mécanisme de marché, le prix va inexorablement monter pour ajuster la demande à l'offre contrainte. Nous aurons également des problèmes liés à la pénurie pour les applications non énergétiques des ressources fossiles (matériaux, lubrifiants, engrais...). À partir de ce constat simple, nous pouvons dresser quelques conséquences probables pour les entreprises, et d'abord les changements de paradigme que vivront sans doute les générations actuelles ou futures : Relocaliser, Stocker et moins transporter (le juste à temps est très consommateur d'énergie car c'est du stock sur la route ou dans les airs), réparer et réutilisé, faire durer et conserver, mettre à la culture de l'obsolescence programmée ...

Ainsi ...

Ainsi ceux qui se prépareront à temps à ces changements, en termes d'innovation produits et services, de réflexion sur la conception, la fabrication, la distribution et la fin de vie de leurs produits, de positionnement marketing, de gestion du risque, seront les gagnants de cette mutation énergétique mondiale. Bien entendu tous les secteurs ne seront pas logés à la même enseigne, entre la capacité plus ou moins grande à sortir de "l'oléodépendance" et la perception, par des clients tendus sous ambiance inflationniste, de l'utilité réelle des biens et services rendus. Mais c'est d'abord la capacité à regarder la réalité en face et l'anticipation qui feront les gagnants et les perdants de demain.

Faut-il continuer sur notre lancée en attendant un improbable successeur de Colbert et une hypothétique révolution technologique ? Il paraît plus réaliste d'intégrer d'ores et déjà dans nos comportements, mais aussi dans l'évolution de l'économie et des entreprises, la nécessaire baisse de la consommation d'énergie et les conséquences pour les entreprises aussi bien en termes d'offre et de modèle économique qu'en termes de choix opérationnels.

Très largement inspiré de : La revue de la communauté polytechnicienne. Merci à Jean-Marc Jancovici, via Facebook, de nous fournir ces articles de référence.

samedi 3 août 2013

En vrac : Huile de Palme, Biodiversité, Plastique ...

Huile de Palme : Jean-Marc Ayrault en déplacement en Malaisie, deuxième producteur mondial d'huile de palme, a affirmé lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre malaisien Najib Razak, "la France n'est pas hostile à l'huile de palme". Qu'importe la déforestation , la biodiversité et la santé pourvu que les firmes mondialisées puissent continuer à faire du profit. Pour enfoncer le clou il a rappelé que "c'était d'ailleurs un Français" qui avait diffusé le palmier à huile en Malaisie. "Il n'est pas du tout envisagé une pénalisation fiscale de l'huile de palme", a insisté le Premier ministre français enterrant ainsi la proposition des écologistes, débattue l'automne dernier, de taxer à 300% les importations de cette huile. Les cours de l'huile de palme ont triplé ces dix dernières années, alimentant une déforestation galopante en Afrique et en Asie du Sud-Est. L'Indonésie et la Malaisie, premier et deuxième producteurs mondiaux avec 85% de la production, ont perdu plus de 11 millions d'hectares de forêts entre 2000 et 2010, soit la taille du Danemark.

L'Expansion.com avec AFP - publié le 30/07/2013

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Nature hostile : Abeilles tueuses, requins mangeurs d'Hommes, chiens mordeurs, invasions d'animaux, inondations meurtrières ... La nature en général et les animaux en particulier semblent, en une vision anthropomorphique, s'attaquer volontairement à l'Homme. Cette vision est sans compter que la nature ne connait pas les notions de vengeance ni de méchanceté aussi ne reste, comme explication à ces atteinte humaines, que la question de l'impact que notre humanité a sur la nature : apprentis sorcier sur les abeilles ou sur les OGM, destruction des habitats, destruction des réserves alimentaires, empiétement sur les espaces naturels, rejets de perturbateurs dans la nature, invasion humaine, surpopulation, pression anthropique, etc ...

A maltraiter la planète ne vous étonnez pas que cela nous retombe dessus, nous le prédateur ultime.

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Biodiversité : Les eaux de mer de la caraïbe sont naturellement pauvres en sels nutritifs ce qui ne permet pas la prolifération des algues mais la pousse (lente) du corail. Cependant aujourd'hui, en Guadeloupe, la mauvaise épuration des eaux, voir l'absence complète d'épuration des eaux usées entraîne, à l'instar des causes des marées vertes en Bretagne, un apport massif de nutriments en mer. Ajoutée au réchauffement et à l'acidification des eaux qui font blanchir puis mourir le corail, la pousse anormale des algues sera-t-elle le coup de grâce donné aux récifs guadeloupéens ?

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Pollution : Que de plastiques ! Que de plastiques au fond. Familles alanguies sur la plage, enfants s'ébattant dans l'eau, jeunes rejouant l'éternel jeu de l'amour, cigarettes au bec à la James Dean et au mégot dans le sable des belles plages de Guadeloupe. Insouciance des vacances et de la consommation ... la nature - cette grande invisible aux yeux de ces prédateurs que nous sommes - n'est que le support de tous nos jeux et le réceptacle muet de tous nos excès. J'ai envie de hurler à tous ces jouisseurs afin de les implorer de mettre un masque et d'ouvrir les yeux sous l'eau et de regarder ... regardez et voyez ... voyez toute la merde que produit notre société dénaturée et nos vacances sans conscience ... Voyez que rien ne se perds, que rien ne disparaît mais que tout reste là ... détruisant à petit feu. Voyez, regardez et prenez conscience !!!

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Réflexion : L'Homme s'est sorti de son état de proie grâce à son cerveau, celui-ci sera-t-il sont pire ennemi si nous n'avons pas la sagesse de renoncer et d'adopter la sobriété heureuse ?