"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

vendredi 6 avril 2012

Mobiliser la société face au pic pétrolier

Après plus d'un siècle d'augmentation importante de la production et de la consommation de pétrole, la Terre s'essouffle et la notion de "pic de production", autrefois ignorée, s'impose comme une réalité inéluctable. Cette tension se manifeste d'ores et déjà à travers le déploiement de techniques d'extraction demandant toujours plus d'investissements, d'énergie et de matériaux. En effet, lorsque des réserves sont limitées, le rythme de leur exploitation suit une courbe croissante, puis elle plafonne à son maximum en formant un plateau, avant de décroître. C'est le cas du pétrole facilement accessible et bon marché dont la plupart des experts, y compris, désormais, l'Agence internationale de l'énergie, admettent qu'il a atteint son pic de production mondial il y a quelques années.

Malgré les découvertes de gisements récemment médiatisées, le monde continue de consommer beaucoup plus de pétrole qu'il n'en trouve par l'exploration. L'extraction du pétrole difficile, appelé non-conventionnel (sables asphaltiques, pétrole de roche-mère, grands fonds marins...) sera beaucoup plus coûteuse et surtout beaucoup plus lente. Elle ne permettra donc pas d'éviter la baisse de la production mondiale après un plateau qui ne devrait durer que jusqu'en 2015-2020. Les énergies alternatives, même si elles sont développées à un rythme soutenu, ne pourront pas compenser le déclin de la production de pétrole, que ce soit en quantité ou en coût de production. Aucune solution de substitution aux carburants liquides n'est disponible à l'échelle de la demande, actuelle ou future.

A l'avenir, nous disposerons fatalement de moins d'énergie et de ressources alors que nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre et que les pays émergents sont en phase d'industrialisation rapide. Par ailleurs, les pays exportateurs consomment une part toujours plus importante de leur production pour alimenter leur développement.

Or force est de constater que le fonctionnement de notre société dépend aujourd'hui d'une croissance économique soutenue qui va de pair avec une consommation toujours plus importante d'énergie et de ressources. L'urgence apparaît donc d'anticiper une inexorable descente énergétique. Les limites physiques devraient déclencher une réelle transition de la société vers une diminution majeure de notre dépendance aux ressources non renouvelables, par un changement profond des comportements, de l'organisation du territoire et de notre économie. Si cette transition n'est pas anticipée, elle sera subie de manière chaotique et provoquera des conséquences économiques désastreuses, à l'image de la crise des subprimes. Les fondements de la démocratie et la paix pourraient donc être menacés.

Dans ce contexte, il est indispensable que les responsables politiques, mais aussi l'ensemble des acteurs sociaux et économiques ainsi que les citoyens français, prennent conscience de cet enjeu et fassent preuve d'anticipation, car nous sommes face à un péril réel pour la cohésion sociale et le fonctionnement de l'ensemble des secteurs vitaux de notre collectivité. Les signataires de cet appel invitent tous les candidats à l'élection présidentielle à tenir compte de cette situation urgente. Ils leur demandent de prendre position sur cette question, dans le cadre de débats et de propositions politiques concrètes. Celles-ci devront être compatibles avec la réalité physique de l'extraction des ressources et permettre de faire face à la décrue énergétique de notre société.

Signé de :

Pierre René Bauquis, ancien directeur de la stratégie et la planification du groupe Total ;

Yves Cochet, député européen, ancien ministre de l'environnement ;

Jean-Marc Jancovici, ingénieur consultant, président de The Shift Project ;

Jean Laherrère, président d' ASPO France (Association pour l'étude du pic pétrolier et gazier), ancien patron des techniques d'exploration du groupe Total ;

Yves Mathieu, ancien chef du projet ressources pétrolières mondiales à l'Institut français du pétrole, auteur du livre Le dernier siècle du pétrole : la vérité sur les réserves mondiales (Editions Technip, 2010).

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JM.Jancovici
colloque Assemblée Nationale sur le pic pétrolier
Janvier 2011

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Les différents pics (peaks)

D'après le groupe indépendant allemand "Energy Watch Group".

Le Pic pétrolier (Peak Oil) : Selon les spécialistes indépendants, le pic a déjà été atteint, et nous sommes dans la phase de plateau qui précède la chute. La production mondiale plafonne à 82 millions de barils par jour. On a commencé à taper dans les stocks pour faire descendre un prix qui a repris le chemin inexorable de la hausse. Le pétrole le plus facile à pomper l’a déjà été. En 2030, la production mondiale devrait avoir diminué de moitié…

Le pic gazier (Peak Gas) : Le gaz, ressource fossile non renouvelable, a vu sa consommation mondiale de gaz doubler depuis 30 ans, et la courbe reste résolument à la hausse. Aujourd’hui, les estimations de la date du Peak gas sont entre 2020 et 2030.

Le pic de charbon (Peak Coal) : Là c’est la surprise. On croyait en avoir encore pour 100 ou 200 ans, mais selon l’Energy Watch Group, c’est vers 2025 que l’extraction de charbon atteindra son pic, 30 % au-dessus de la situation actuelle…

Le pic d’uranium (Peak Uranium) : Selon le Energy Watch Group le pic d’uranium est prévu vers 2035.

Le Pic métallique (Peak Metal) : La « croissance » implique une consommation toujours plus forte de métaux. On croit qu’il s’agit là de ressources infinies. Comme pour le pétrole, on a commencé par extraire ce qui était le plus facile. La teneur en métal du minerai diminue irrémédiablement. Et pour bon nombre d’entre eux — y compris parmi les plus usuels (cuivre,nickel, zinc, plomb, étain…) — le pic est tout proche : vingt, trente ans. Demain, quoi.

Le pic électrique (Peak Electricity) : C’est tout simplement la conséquence des pics précédents. L’électricité n’est pas une énergie primaire, et il faut la produire. Or, les quatre principaux moyens de production actuels (charbon, gaz, pétrole, uranium) vont commencer à manquer. Même si, un jour peut-être on arrivera à produire suffisamment d’électricité avec d’autres sources, cela prendra un temps énorme, et le mal sera fait.

Le pic du sol (Peak Dirt) : On observe tous les jours avec effarement l’avancée de l’urbanisme stupide. On nous parle de récession, de chômage, mais de nouvelles surfaces commerciales continuent à s’installer à un rythme démentiel. Sans négliger les lotissements. Saturés d’engrais, de pesticides, les sols s’appauvrissent. Sans un réveille massif, on ne s’en sortira pas ... Certains pays riches on déjà sentis l'affaire et achètent des terres à l’étranger, notamment en Afrique, où l’on crève pourtant déjà de faim.

D'après SuperNo sur marianne2.fr

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