"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

dimanche 28 février 2016

Succès incontestable de la mobilisation pour l'abandon du projet d'aéroport

Les diverses composantes de la lutte de Notre-Dame-des-Landes (Coordination des opposants, COPAIn, ZAD ...) organisatrices de la mobilisation du samedi 27 février 2016 "pour l'abandon du projet d'aéroport et pour l'avenir de la ZAD", se sont réjouis de l'énorme réussite de cette journée, pourtant organisée, une nouvelle fois, dans un délai très


Sur le bitume se côtoient toutes les générations. Des familles et des amis "sans étiquette", des agriculteurs, des zadistes, des écolos, des militants du NPA, du PCF, d'EELV, de la Confédération paysanne, de la CGT ou de Solidaires. Des drapeaux bretons en côtoient d'autres, des basques, des alsaciens, des occitans, des catalans. Des groupes arrivent d'Angleterre et de Belgique et bien évidement de toute la France. Nous avons vécu, ce jour, certainement la plus grosse manifestation pour la sauvegarde du bocage de Notre-Dame-des-Landes et pour le soutien à celles et ceux qui font vivre cette ZAD.

Cependant les autorités minimisent l’événement en déclarant qu'il n'y aurait eu que 15 000 manifestants. Soyons sérieux !!! Définitivement savez-vous vraiment compter les manifestants ou même évaluer le nombre ? Personnellement, je ne sais pas, dans la foule, décompter le nombre de participants, même si je commence, par expérience et par des signes (temps d'arrêts longs, densité, longueur …) intrinsèques, à savoir évaluer si une manifestation est un succès ou non. Mais hier, force était de constater que tous les signes étaient réunis pour se dire que nous étions dans un mouvement important. Alors 15 000 ou 60 000 ? Si l'on en croit les photos, il semble qu'il serait quand-même très difficile de remplir, aussi densément, les deux sens de la 2x2 voies censée desservir, après travaux, le site du « futur » aéroport avec seulement 15 000 personnes. Peut-on vraiment remplir, densément et à perte de vue, les deux sens d'une double voie rapide avec seulement 15 000 personnes ? Un rapide calcul montre que l'on est plus proche de l'estimation de l'ACIPA que celle des forces de l'ordre : Ainsi, si la largeur d'une voie est de 3,5 m alors une 1x2 voies, avec la bande d'arrêt d'urgence représente, au minimum, une largeur de 8 m. Ainsi une 2x2 voies représente une largeur de 16 m. Si, par ailleurs, on estime la longueur du défilé à, au minimum, 5 000 m (tout en sachant que la manif faisait plus de 5 km de long), cela fait 80 000 m2. Maintenant, si l'on on estime qu'une personne représente, en foule dense, 1 m2 cela nous donne au moins 80 000 personnes défilants hier. On est donc beaucoup plus proche de l'estimation de L'ACIPA (60 000 manifestants) que celle des forces de l'ordre (15 000 manifestants). On est donc bien au niveau du foutage de gueule de la part des autorités qui soit nous prennent pour des cons, soit ne savent pas faire d'évaluations....Soit les deux.

Ainsi les organisateurs ont salué les plus de 60 000 personnes qui se sont déplacées, parfois de très loin (68 cars venus de toute la France), pour apporter leur soutien infaillible à cette lutte emblématique contre un projet inutile - basé sur des mensonges, des secrets et des manipulations - écologiquement et économiquement intenable. 60 000 personnes rassemblées pour dire à nouveau leur hostilité à ce projet stupide, car onéreux et nuisible. 60 000 personnes qui ont pris sur leur temps de loisir, sur leur budget aussi, pour montrer leur détermination. 60 000 personnes qui vous demandent si cela vous va comme référendum, Monsieur le Président ?

Ainsi, devant l'évidence, les médias ont bien été obligés de tout de même reconnaître le succès de ce rassemblement et parlent tous de démonstration de force. "Démonstration de force" ?!?! Oui mais de force pacifique et non violente, de convictions, de force d'espoir pour un monde meilleur, de force des mobilisations citoyennes afin que le vieux monde ouvre enfin les yeux et accompagne cette force alternative plutôt que de poursuivre une fuite en avant croissantiste issue d'un monde révolu qui ne vit plus que dans les espoirs d'une minorité possédante et dirigeante prête à tout pour gagner toujours plus sans conscience.

Le convoi, venu de l'est, était composé d'une cinquantaine de tracteurs - présence voulue symbolique afin de rappeler l'enjeu de préservation de la terre agricole - et d'un millier de personnes à vélo dès le point de départ de l'Erette. Il a rejoint, sous les acclamations, l'impressionnante marche venue de l'ouest, festive, musicale et colorée pour s'achever par l'érection d'une "vigie" qui, culminant à 9,60 m, est un symbole visible, depuis la route, de la formidable mobilisation du 27 février 2016 et qui montre notre vigilance par rapport à toute avancée discrète des travaux.

Les nombreux messages de soutien venant de partout (Allemagne, Italie, Turquie, Belgique, Grande-Bretagne, Québec...) prouvent, s'il en était encore besoin, que la lutte au départ locale de Notre-Dame-des-Landes rejoint désormais des préoccupations globales de choix de société. Le constat de l'incohérence entre, organiser la COP21 et, quelques mois après, vouloir construire un aéroport près d'une ville qui en possède déjà un, a été lui aussi renouvelé.

L'ambiance festive qui a régné toute la journée ne doit pas faire oublier la détermination farouche des opposant-e-s pour obtenir rapidement l'arrêt des procédures d'expulsion et l'abandon du projet. Les prochaines semaines seront déterminantes.

L'annonce d'un référendum sur le projet d'aéroport - dont l'organisation reste pour le moins floue et sujette à caution - n'a pas affaibli le mouvement d'opposition, bien au contraire, l'idée même est critiquée de toute part, "Une arnaque !", "Une non-réponse à une vraie question", "Le dernier joker de Hollande qui sent qu'on marque des points", estiment des participants.


"On ne lâchera rien ! L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne se fera jamais ! Si vous commencez quoi que ce soit, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui sont prêtes à se mobiliser et à venir faire barrage." Voici l'autre message adressé, ce samedi, au gouvernement, à Mr Retailleau et aux promoteurs.

jeudi 25 février 2016

Le débat public, un vernis démocratique

En Ile-de-France, entre l’aéroport du Bourget et l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, on s’apprête à détruire, 300 hectares de terres agricoles parmi les plus fertiles de France. Cela se passera sur le «triangle de Gonesse», à moins de 7 kilomètres du Parc des Expositions de Paris-Le Bourget où fut signé, à l’issue de la COP21, l’accord de Paris sur le climat.

La filiale immobilière du Groupe Auchan a en effet jeté son dévolu sur ce terrain afin d’y construire Europa City, un complexe à la fois gigantesque, démesuré et contre-nature dont l’ouverture est envisagée entre 2021 et 2024. Près d’un milliard d’euros d’investissement public seront mobilisés pour y bâtir 230 000 m2 de galeries marchandes, 50 000 m2 de parc d’attractions, 2 700 chambres d’hôtel, un parc aquatique de 20 000 m2, une piste de ski, un cirque, un auditorium et plusieurs salles de spectacle, le tout destiné à accueillir plus de 30 millions de visiteurs par an, soit deux fois plus que Disneyland Paris. Tout cela dans un contexte bien connu où les grands complexes commerciaux en France et les galeries marchandes déjà sur place peinent à attirer plus de la moitié du trafic projeté au moment de leur création.

Le projet est même tellement insensé qu'il a reçu, par le site l'abeille et l'architecte, dans leur petit exercice annuel et plutôt perfide qui permet aux professionnels de la profession d'architecte de se moquer d'eux-mêmes, le prix du "Parpaing d'or du projet qui, à vue de nez, est absurde, nuisible et sans lendemain". Ce prix a été donné, en 2015, à la jeune et très médiatique agence danoise BIG qui a concouru et remporté la commande révoltante, détestable, honteuse, obscène, ridicule (ajoutez les adjectifs de votre choix) d'Europa City, sorte d'attrape consommateurs-couillons, tueur de commerces de centres-villes et saccageur de terres agricoles ! Il arrive donc, de temps en temps, que les architectes se posent aussi de bonnes questions. S'interrogent sur la finalité politique de leur métier, sur les limites de la recherche à tout prix — à n'importe quel prix ? — de la commande qui fera tourner leur agence. Mais cela ne suffit visiblement pas, puisqu’aujourd’hui le débat public commence, montrant que le projet avance. Et il est à parier que, là comme ailleurs, tout est ficelé, que les coups sont partis, que les jeux sont fait comme nous le décrypte très bien Françoise Verchère dans son livre "Notre Dame des Landes : la fabrication d'un mensonge d’État".

[...] "Toutes les procédures ont été respectées." C'est le leitmotiv qui est régulièrement asséné pour faire taire l'opposition et convaincre l'opinion publique du bien fondé d'un projet. D'ailleurs, beaucoup de citoyens sont persuadés que les nombreuses concertations, consultations, enquêtes publiques qui jalonnent de fait le processus d'élaboration d'un projet sont le gage du bon droit final de la décision... […] Mais ceux qui y participent, loyalement, constatent (ndt : très rapidement) qu'en réalité « les jeux sont faits » et que « la démocratie participative » n'est qu'un simulacre... […] La définition de l'utilité publique en est le cœur du problème. En effet c'est l'utilité publique, décidée par le Préfet ou le Ministre, après enquête, qui donne au porteur du projet le droit capital d'expropriation puis justifie les transformations du site retenu (destruction de zones humides, d'espèces protégées ou non, modification des écoulements, perte de terres agricoles, artificialisation, etc.) au nom de « l'intérêt général ». Tout le monde peut s'accorder assez facilement sur l'intérêt général que représente la construction d'un nouveau collège ou d'une nouvelle école … (ndt : mais un centre commercial ? Une piste de ski en IdF ? Là, honnêtement, il est beaucoup plus compliqué d'établir ce qu'est l'intérêt général.) […] Il en est comme si le fait que ce projet soit désiré par des élus, par l’État ou par une entreprise privée soutenue par des élus, suffisait à le justifier. En théorie pourtant, le débat public qui est mené en amont d'un projet ou l'enquête publique qui devrait valider ou non son utilité publique permettant de discuter de l'opportunité du dit projet et pas seulement des modalités de sa réalisation. Ce premier moment de débat devrait donc en bonne logique permettre à la population concernée de discuter du projet au fond : cette ligne Grande Vitesse est-elle utile ? A qui ? Quel est le besoin ? Comment a-t-il été détecté et mesuré ? Vaut-il mieux une LGV ou une amélioration des trains du quotidien ? Quel serait le coût pour l'usager, pour le contribuable de tel ou tel choix ? Sur le papier du journal officiel, tout semble presque pour le mieux dans le meilleur des mondes […] et ainsi la première question qui devrait être posée aux citoyens est celle du besoin réel. […] Mais en réalité le débat public passe, assez vite, sur la question du besoin, parce que le projet a déjà été choisi, et le débat se concentre uniquement sur la forme et les modalités de réalisation. « C'était hier ! Aujourd'hui, ce n'est plus vrai, la parole citoyenne est vraiment reconnue ! » diront ceux qui voudraient nous faire prendre des vessies pour des lanternes et nous faire croire que la démocratie n'est pas sous contrôle. […] "Braves gens, vous avez participé et nous vous avons écoutés mais nous continuons « notre » projet." […] La vérité, c'est que l'étape du « débat démocratique » est un passage obligé, une sorte de concession politiquement correcte. La vérité c'est qu'il n'y a pas d'alternatives réelles proposées par le porteur du projet. Celles qui sont présentées le sont pour la forme, pour faire croire au choix possible. Tout le monde le sait bien, qui a un jour été dans un endroit de décision où l'on présente trois scénarios. Trois pour amuser la galerie, le bon scénario a déjà été choisi mais évidemment si le groupe le choisit de son plein gré, c'est encore mieux ! Menée avec talent, la consultation du public aboutira non pas à modifier substantiellement un projet ou à l'abandonner mais à le rendre plus acceptable car doté d'un vernis démocratique. Au mieux à l'amender à la marge…." […]

Une nouvelle ZAD ?

dimanche 21 février 2016

Manif de droite pour un aéroport à Notre Dame de la Baule

L'humour pour faire passer des messages


Une manif de droite réclamant "Un aéroport international à Notre Dame de la Baule" s'est déroulée dans le calme et la dignité le samedi 20 février 2016 à La Baule...

Des pancartes et des slogans scandés par des messieurs-dames habillés chic ponctuaient la marche sur la belle avenue de Gaulle :

Des avions pas des moutons ! Des avions pas des hérons !

Des avions pour nous un point c'est tout !

Écolos en prison, nous on veut des biftons !

Vinci viens ici !

Vinci notre Messie !

Gavons-nous pendant qu'il en est encore temps !

Le kérosène ça rend zen !

La pollution c'est bon pour no't pognon !

Le shopping à Pékin c'est trop bien !

Des Airbus et des 4/4 !

La biodiversité un frein pour le marché !

Y'a pas d'réchauffement, on vous ment !

Retailleau président, on en veut pour notre argent !

Je veux faire La Baule-New-York en concorde !

Saccageons nos régions !

La planète on s'en fout !

Non à la dictature qui respecte la nature !

Le climat on s'en fout, nous on veut des avions partout !

Évacuons la Zone A Baigneurs !

Frimer à Dubaï, aïe aïe aïe !

Quelques réactions

La plupart des passants souriaient, certains s'arrêtaient et à la question posée "Qu'en pensez-vous ?" les réactions étaient variées :

"Ils sont pour, non contre ? J'ai du mal à deviner..."

"C'est drôle ! C'est marrant !"

"J'aime bien la façon dont c'est tourné, je préfère ça aux manifs habituelles où il y a parfois de la violence !"

"C'est bien d'utiliser la dérision comme ça pour faire passer un message, avec l'humour ça passe toujours mieux."

"Au début je me suis vraiment demandé, je me disais en les écoutant dénigrer les écolos "mais c'est de moi dont ils parlent" et puis quand j'ai vu les panneaux notamment celui "du shopping à Pékin c'est trop bien" là j'ai compris qu'on était du même bord et ça m'a bien fait rire !"

Un film a été tourné durant le parcours de la manif, avec quelques interviews de trottoir, il sera diffusé par Les Pieds dans le Paf dans les semaines à venir. Merci à Lucas, vidéaste de l'association.

Cette manif de droite a été imaginée et préparée par les comités de soutien de Guérande, St Nazaire et Sud vilaine.

mardi 16 février 2016

Les républicains, le parti du gaz de schiste et des OGM.


Pour Luc Chatel, « Les Républicains doivent être le parti du principe d’innovation plus que du principe de précaution, le parti du gaz de schiste, des OGM, des biotechs ». Il faut aussi supprimer l’ISF : « La question aujourd’hui n’est plus de savoir si c’est juste ou pas d’avoir un ISF. La seule question qui vaille c’est qu’on est les seuls à en avoir un et ça pèse sur la compétitivité française ».

Maud FONTENOY, sort de ce corps !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Cher Luc ! Tu as sûrement oublié de citer que ton parti devra également être celui des pesticides, de la déforestation, de l'assèchement des zones humides probablement inutiles, à tes yeux, pour la croissance, de l'ultra surveillance des citoyens, de la souffrance animale organisée, de la pétro-agriculture, du soutien à l'automobile, aux camions et aux autoroutes, du transport aérien, du bétonnage des terres agricoles et de Notre-Dame-des-Landes, de la destruction des loups, des ours, des lynx et des requins, obstacles insupportables au tourisme de masse et à l'exploitation de la nature .... Mais aussi le parti des cancers, de la pollution, des lobbies, de TAFTA et du changement climatique qui doit probablement être, pour toi, une invention de crypto écolo-gauchistes. Et vive l'écologie de droite !!!

«Si l’on doit mesurer la modernité de Les Républicains (LR) à l’aune de ses projets environnementaux - nous dit, dans son édito, Alexandra Schwartzbrod Directrice adjointe de la rédaction de Libération - le parti de Nicolas Sarkozy apparaît soudain terriblement ringard. Alors que la COP21 a montré que les mentalités étaient en train de changer et que la préservation de la planète était désormais un combat quotidien et mondial, Luc Chatel, tout juste élu président du conseil national de LR, a cru bon de déclarer dimanche que son parti devait être celui «du gaz de schiste» et «des OGM»,«le parti du principe d’innovation plus que du principe de précaution».

Nul besoin d’être un écolo chevronné pour être consterné par ces propos. Quand on voit la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les producteurs de gaz de schiste aux Etats-Unis, on se félicite que la France ait appliqué le principe de précaution lorsque cette technologie est devenue à la mode. Celle-ci nécessite en effet de gros investissements qui ne sont rentables qu’avec un coût du pétrole élevé. Avec la baisse durable des cours du baril de brut, une bonne partie des producteurs américains qui s’étaient rués têtes baissées sur le gaz de schiste se retrouve donc en faillite ou quasi. Et l’on ne parle même pas des dégâts géologiques (ndt : et également écologiques, climatiques et sanitaires) causés par le système de la fracturation hydraulique.

Quant aux OGM, même pour ceux qui y voient un progrès, l’idée de s’en remettre pieds et poings liés à une multinationale comme Monsanto doit inquiéter. A l’heure où le monde tangue, où les politiques font chaque jour la preuve de leur inconséquence et de leur aventurisme, on ne peut s’empêcher de découvrir bien des vertus au principe de précaution. »

Ben au moins il est clair que ces gens sont de grands malades et qu'ils n'apprennent rien.

Il est clair également que ces gens, à l'instar des Socialistes, n'aiment pas l'écologie, la nature, la vie et leurs amoureux.

Il est clair enfin, pour ceux qui en doutait encore, que l'écologie ne peut s'accommoder de partis de droite, libéraux et productivistes. Ainsi entre les OGM et les gaz de schiste, la suppression de l'ISF et la remise en cause, par NKM, du statut des fonctionnaires, on sent bien que l'on risque d'être bien servis avec les Républicains. D'un autre côté on sait maintenant, même si finalement on l'a toujours su, à quoi s'en tenir s'ils reviennent à la tête de l'état.

samedi 13 février 2016

Référendum sur NDDL. Au pire infaisable, au mieux contestable

François Hollande a proposé jeudi l'organisation d'un référendum « local » sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais de quoi ce référendum est-il le nom ?


Mais que diable François Hollande est-il allé faire dans cette galère ? Point n’est besoin d’être grand expert pour constater qu’à Notre-Dame-des-Landes, son remède à l’absence de décision, un « référendum local », est pire que le mal.

Un référendum a force de loi (s’il est national) ou force décision (s’il est local). Le seul fait de l’annoncer revient à dire que la « décision », répétée de Manuel Valls de construire l’aéroport, n’en était donc pas une.

D’un point de vue juridique, parler de référendum revient à valider l’idée que les procédures jusque-là respectées, les recours, et autre déclaration d’utilité publique, n’ont aucune valeur.

Admettre l’idée qu’il puisse y avoir refus du projet, c’est poser la question de ce que l’on fait des terrains et surtout de ce que l’on fait des dossiers d’expulsion et d’expropriation exécutés ou à venir. Et ce serait décider que les décisions des élus de toutes les collectivités concernées n’ont aucune légitimité. Intéressant !

Un référendum local s’applique à un territoire précis et pour une affaire de la compétence de ce territoire. Le pays (article 11 de la Constitution), s’il s’agit d’un sujet national. La commune ou l’intercommune (article 72-1 de la Constitution) s’il s’agit d’un sujet précis concernant la population d’un territoire précis.

Or, la maîtrise d’ouvrage de Notre-Dame-des-Landes n’est pas assurée par une collectivité, mais par l’État qui a signé lui-même la déclaration d’utilité publique. Que ce soit le président de la République qui propose un référendum confirme d’ailleurs qu’il s’agit d’un sujet d’intérêt national pour lequel un vote local n’a pas de fondement.

Pour qu’une commune, un département ou une Région organise un référendum sur une autorisation prise par l’État, il faudrait donc une loi !

Quant au territoire, il pourrait s’agir de la Zad (ce n’est pas une collectivité, que l’on sache, plutôt une zone de non-droit), du département (sauf que la zone de chalandise de l’aéroport couvre 7 départements), de la Région (sauf qu’il y en a deux, la Bretagne et les Pays de la Loire) ou de la zone de résidence des contribuables sollicités (7 départements, 2 Régions, 2 métropoles, le pays pour ce qui est de la participation de l’État). Les opposants au projet voient venir le piège.

S’il ne s’agit pas d’un référendum, il s’agit alors d’une consultation, qui n’est qu’une demande d’avis (article L 1112-20). Mais là aussi se pose la question de savoir si l’on interroge les quelques centaines de zadistes ou les 4 millions d’habitants de la zone de chalandise de l’aéroport. Là aussi, la demande d’avis ne peut légalement concerner que les affaires relevant de la compétence de la collectivité concernée.

La loi Macron d’août 2015 prévoit bien la possibilité de consultation sur une « aire territoriale » (qu’il faudrait définir par ordonnance), sauf sur les sujets nationaux (ce qui exclut NDDL). S’il s’agit de demander un avis aux habitants les plus concernés, pourquoi ne pas solliciter d’abord celui des Nantais survolés chaque jour à basse altitude ?

Ce que vient de proposer François Hollande est au pire infaisable, au mieux contestable. De là à penser que c’est le but recherché…

Il y avait les pro et les anti-aéroport. Il y a maintenant les pro-référendum, qui sont pour ou contre l’aéroport. Les anti-référendum, qui sont contre et pour l’aéroport. Pour sortir de la non-décision, on pourrait peut-être organiser une consultation sur l’opportunité d’un référendum, disons en… 2022 ?

Michel URVOY (ouest-france)

Lire aussi : Notre-Dame des Landes: le droit permet-il l’organisation d’un référendum local ?