"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

vendredi 27 décembre 2013

Ma France, réveille-toi, ils sont (re)devenus fous !

Celui qui ne connait pas son histoire
est condamné à la revivre.

D'un peuple issu de la révolution, de la résistance ou de mai 68, nos élites, aux services et pour les puissances de l'argent (celui qui "n'a pas de visage, pas de parti, qui ne présentera jamais sa candidature, qui ne sera jamais élu et pourtant qui gouverne", F. Hollande 2012) et de l'industrie, ont réduit une grande partie des français à l'état de troupeau bêlant, en une population désorientée dans les anneaux de Kaa. On leur a dit qu'ils étaient trop fatigués pour, une fois rentrés chez eux, réfléchir. On leur a dit reposez-vous, consommez mais ne réfléchissez pas. On leur a dit que tout se valait, que toutes les opinions se valaient, alors ils ont donné du temps de cerveau à TF1 et ils ont préféré la télévision aux livres.

Ils ont rejeté la culture pour le foot.
Ils ont préféré Jean-Pierre Pernaut à Molière.
Ils ont préféré à l'information, la rumeur lue sur la toile.
Préféré "les feux de l'amour" à Maupassant, Balzac ou Rimbaud.
Préféré "secret story" à l'amour de son prochain.
Ils ont préféré le bling-bling au partage.
Préféré la presse people au Monde.
Préféré les FM minables et les animateurs blaireaux à la musique.
Préféré au français, la pauvreté du langage.
Préféré Coca-Cola et MacDo à la découverte culinaire.
Préféré les jeux vidéo au théâtre.

Ils ont rejeté les livres, le cinéma, le théâtre, les arts pour le vide technologique et ultra-connecté qu'on leur disait de préférer. Ils ont abandonné leur libre arbitre et, abreuvés de craintes puis de haines, ils entament, rigolards et sûr d'eux, la route 33.

Aujourd'hui le résultat est là : il y a des relents nauséabonds, des remugles confinés qui suintent en notre belle France. Des murs sont en train de se bâtir, des herses sont en train de s'abaisser, des fossés sont en train d'être creusés et des ponts sont en train d'être détruits. Des armes sont en train de s’affûter. Des positions sont en train de se prendre. Je n'aime pas ce qui est en train de se tramer sur un terreau d'anti-sémitisme, de complot judéo-maçonnique, d'importation d'un conflit israélo-palestinien d'un coté et, d'autre part, d'une soit-disant ultra tolérance pour la religion musulmane qui nous envahirait jusque dans nos rayons de viandes industrielles et qui souhaiterait abattre nos bucoliques clochers au profit de leurs minarets. Je n'aime pas ce qui est en train de se tramer sur le terreau d'une soit-disant perte de valeurs chrétiennes à coup de dénonciation d'une quelconque politique contre la famille (sous entendu blanche, chrétienne et hétérosexuelle). Je n'aime pas ce qui est en train de se monter en France, une paranoïa généralisée où tout le monde semble être persuadé être victime des autres, où tout le monde est persuadé de subir une chasse aux sorcières, une épuration ethnique, semblant donner raison au replis sur soi et ses semblables.


Ce dimanche 26 Janvier 2014, les réactionnaires manifestent à Paris [1]

Je n'aime pas ce qui est en train de se construire en France à coup de quenelles, grossier fist-fucking, "ce mouvement de bras de type fasciste, qui n’ose même pas s’affirmer pour ce qu’il est : un membre raide, mais trop lâche pour se dresser" (Charlelie Couture), de prêcheurs imbéciles ou bien encore de pensées à la Morano. Je me souviens d'un temps où il y avait un geste - un geste anti-système par excellence - qui exprimait la révolte des petits, des ouvriers et des opprimés et utilisé sans interprétation sulfureuse pour le dire, un geste qui criait,  qui hurlait le refus des puissants et de leur monde injuste, c’était le poing gauche levé. A la triste "quenelle" je préfère encore et toujours lever mon poing.

Je vois, je lis, j'entends ... la haine couve sous la roche tendre de notre démocratie, pour mieux tenter une sortie sous forme d'une banane adressée à une ministre noire. Je sens des vents mauvais se lever sur notre vivre ensemble, sur notre république laïque, sur notre fraternité. Des années de luttes contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples sont en train de fondre comme une banquise sous l'effet d'un réchauffement climatique dont tout le monde se fout.

Le dicton dit que l'union fait la force. Depuis plus de 40 ans nous sommes en crise, une crise organisée par les puissants pour diviser puis asservir un peuple qui pouvait croire en sa liberté et en sa force. Depuis les années 80 nous sommes entrés dans une période de perturbations climatiques d'origine anthropique, depuis quelques années nous sommes entrés dans l'ère de la rareté des ressources. Depuis des années la fin des trente glorieuses est une réalité qui nous ouvre des horizons nouveaux, inédits pour l'espèce humaine et potentiellement périlleux pour notre propre survie. Notre modèle n'est pas durable et nous le sentons bien alors il nous faudra des boucs émissaires afin de nous défausser et pouvoir dire que nous ne sommes pas responsables de notre chute.  "C'est pas moi, c'est les autres ! Les autres !". Nous devons faire face à des défis inédits que nous devrions - si nous étions sages - envisager ensemble car il y a de l'intelligence dans l'union alors qu'il y a faiblesse, il y a mort, il y a pleurs, il y a souffrance à se tromper d'ennemis.

"Lorsqu'un peuple, ou une partie importante, n'y croit plus.
Lorsque l'impression d'avoir essayé ici ou là.
Lorsque le désarroi ou la colère sont.
Lorsque la culture historique et économique est faible.
Lorsque le discernement n'est plus.
Lorsqu'il y a généralisation excessive :
Un politique est menteur,
Un immigré est ceci,
Un homme est cela.
Voilà des généralités stupides.
Bref lorsque les rôles deviennent les êtres.
Alors il y a danger.
J'écoute, en effet, autour de moi, des paroles dites décomplexées,
Des rejets de l'autre devenir des opinions.
Oui oui ça dérape fort"
(Mustapha Laroussi)

Ma France, la belle, la rebelle, celle de Hugo, celle des lumières, celle du carrefour des peuples, des mondes, des cultures, celle de schoelcher, celle de la résistance, celle de Stéphane Hessel, réveille-toi, ils sont (re)devenus fous !

Bruno


[1] Ce dimanche 26 Janvier 2014, les réactionnaires manifestent à Paris en un rassemblement, dénommé "Jour de colère". Défilé hétéroclite d'intégristes catholiques, d'opposants au mariage homosexuel, de partisans de Dieudonné, d'identitaires, de patrons en colère et de familles au saluts nazis, quenelles, slogans xénophobes, racistes et antisémites, la manifestation a fédéré les franges les plus extrémistes de la fachosphère..

jeudi 26 décembre 2013

Ou quand l'égocentrisme et l'égoïsme décomplexé est incarné.

Bruno : Laisser passer Notre-Dame-des-Landes, c’est laisser passer l’idée que notre avenir puisse être celui du développement durable. Laisser passer Notre-Dame-des-Landes, c’est faire passer l’idée terrible que l’écologie ne sert à rien sauf à des beaux discours. Laisser passer Notre-Dame-des-Landes, c’est faire une croix sur la transition écologique et énergétique de ce pays. Mais pas plus aujourd'hui qu'en octobre 2012 nous ne laisserons faire ! ces travaux ne commenceront pas ! Sur place, le mouvement est vivace, les liens denses, les champs cultivés et les habitats plus nombreux. Plus de 200 comités locaux se sont créés, en solidarité avec la lutte et pour la faire essaimer par chez eux.

Thibault : Je continue à penser qu'il y a des combats bien plus importants aujourd'hui en termes d'écologie que celui-là. Je ne comprends toujours pas pourquoi tu prends cette lutte spécifiquement si à cœur. But indulge me, comme on dit là-bas.

Bruno : Ne serais-ce que pour la raison qui est écrite sur l'image ci-dessus. Cet aéroport est inutile, climato-destructeur, symbole d'un pays qui ne comprends pas les défis qui se posent à nous et qui poursuit sa fuite en avant et il est le bébé d'une multinationale qui ne sait faire que bétonner et détruire pour le plus grand bénéfice de ses actionnaires. Maintenant si tu ne comprends toujours pas, même en te renseignant ou, à minima, en relisant les anciens articles sur mon blog, sincèrement je ne peux rien pour toi. je t'embrasse mon cousin.

Thibault : Je n'ai pas dit ça; je pense que ce n'est pas un problème très important par rapport à d'autres problèmes écologiques qui devraient nous mobiliser bc plus, et toi le premier. Celui-là est loin physiquement et ne devrait être en tête de tes priorités par rapport aux Ulis. Et non, je ne vois pas le problème. C'est un aéroport de plus qui pourrait désengorger et redynamiser une région qui en a besoin. À ce compte, pourquoi ne fermerait-on pas tous les aéroports. On range tous les avions qui polluent comme pas possible et on s'isole. C'est Marine qui sera super contente... Sérieusement ?

Bruno : Bon, Thibault, on ne va pas rentrer, à nouveau, dans un long débat épistolaire (si tu veux qu'on en discute, appelle moi demain, ce sera plus simple à l'oral). 1. Je ne vais pas me justifier de défendre ce sujet, car j'en défends plein d'autre, tant aux Ulis qu'ailleurs. Et 2, je te propose, si tu n'as pas trop de temps devant toi, de juste lire les articles qui sont sur mon blog et tu auras une réponse pour chacune de tes affirmations erronées et démontrant (excuse moi de la brutalité du propos) une totale méconnaissance du dossier.

Thibault : D'accord avec toi sur ton second point, mais je dirais plutôt et surtout un non-intérêt entraînant une méconnaissance, car je me sens plus concerné par ce qui me touche directement. Je te l'accorde, c'est clairement égoïste. Je ne pourrais pas t'appeler demain car je suis à Tallinn en ce moment, puis Helsinki pour Noël avant de passer le Nouvel An en Laponie à la recherche des aurores boréales. Je te raconterai. Tout ça pour dire que sans les avions, je ne pourrais pas faire tout ça.

Bruno : Au secours Christophe. Je t'en prie, répond quelque chose à Thibault, je n'ai pas envie d'exploser et de faire une réponse que je regretterai après. Merci.

Bruno : En attendant la réponse de Christophe, Thibault, la destruction de l'environnement par pur égoïsme - comme tu le reconnais toi-même le faire - a un prix que nous payerons tous, collectivement, tôt ou tard ... les plus précaires payeront en premier, ceux qui n'y sont pour rien passeront à la caisse en premier, pendant que les plus nantis continuerons à consumer la planète le ventre bien gras ... et c'est profondément dégueulasse. Et n'oublies jamais à quoi mène l'égoïsme, qu'il soit social ou écologique (les deux sujets s'entrecroisent car l'un ne va pas sans l'autre). Ne s'occuper que de ce qui nous touche directement mène à cela :

«Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait personne pour protester.»

Martin Niemöller, pasteur protestant, arrêté en 1937 et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen puis transféré en 1941 au camp de concentration de Dachau.

Christophe : Il n'y pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Effectivement, sans avion, difficile de voir autant de chose en si peu de temps. Moi, ce que je ne comprends pas c'est que les gens fassent le tour du monde pour en admirer les beautés en utilisant à outrance un moyen de transport qui justement participe à la destruction de ce monde (pour mémoire, chaque individu peut émettre 2 tonnes de CO2 par an, au delà il participe au changement climatique et un paris NY en AR c'est 2 tonnes, tout est dit). Quel est l'intérêt de faire autant de déplacements : juste une photo pour mettre sur facebook et dire j'y étais (et sous entendu, toi pas) ? C'est juste de la consommation, juste une approche superficielle de la réalité, aucune prise de conscience du fait que nous faisons partie de la biosphère et que sans elle nous ne sommes rien, aucune prise de conscience de l'impermanence et de la fragilité de cette biosphère qui chaque jour se dégrade du fait de nos actions de surconsommation prédatrice. Tout est interdépendant, l'équilibre de la biosphère dépend de nous et nous dépendons de son équilibre. Sur l'aéroport inutile, Bruno a tout dit, pas la peine d'en remettre une louche. Il me semble que la moindre des choses, c'est que ceux qui prennent l'avion compensent leur émissions de gaz à effet de serre. Cela ne changera pas le monde, mais c'est un premier pas vers la prise de conscience et au moins c'est utile. Dans les autres cas, j'avoue que j'ai du mal a envier les gens qui voyagent sans se soucier de l'impact de leur geste...

Discussion facebook du 22 décembre 2013

dimanche 22 décembre 2013

NDDL, nos recours, auront raisons de vos arrêtés


le "lobby du bon sens et de la mobilisation" l'emportera.

Depuis une dizaine de jours, Premier Ministre, président de région, préfet de Loire Atlantique et autre syndicat mixte, s'agitent et gesticulent par voix de média avec le refrain "nous signerons les arrêtés, nous allons signer, nous avons signé ... le projet se fera" la méthode couët, ou les voeux de Noël, à chacun son interprétation. Hier, vendredi 20 décembre, quatre arrêtés préfectoraux ont bien été signés par Christian GALLIARD de LAVERNEE:
  • Le premier autorisant l'aménagement de la desserte routière du futur Aéroport du Grand Ouest,
  • Le deuxième autorisant l'aménagement d'une plate-forme aéroportuaire et du programme viaire sur les communes de Notre Dame des Landes, Vigneux de Bretagne, Grandchamp-des-Fontaines, Treillières et Fay de Bretagne.
  • le troisième portant dérogation aux interdictions de capture, d'enlèvement, de transport, de perturbation intentionnelle, de destruction de spécimens d'espèces protégées et de destruction d'habitats d'espèces protégées pour la réalisation de la plateforme, du programme viaire et de la VC3 de l'Aéroport du Grand Ouest
  • et le dernier portant dérogation aux interdictions de capture, d'enlèvement, de transport, de perturbation intentionnelle, de destruction de spécimens d'espèces protégées et de destruction d'habitats d'espèces protégées pour la réalisation de la desserte routière de l'Aéroport du Grand Ouest
Les réserves soulevées par les commissions du dialogue n'ont pourtant pas été levées, ces arrêtés sont en infraction avec les lois environnementales européennes, sur l'eau, et la protection des espèces. Des recours seront déposés en début de semaine au Tribunal Administratif, contre tous ces arrêtés.

L'Etat et les pro-aéroports entendent passer de nouveau en force. Ils prétendent débuter, dans les mois qui viennent, la destruction des espèces protégées et les chantiers de l'aéroport, menaçant d'une nouvelle vague d'expulsion.

Pas plus aujourd'hui qu'en octobre 2012 nous ne laisserons faire ! ces travaux ne commenceront pas ! Sur place, le mouvement est vivace, les liens denses, les champs cultivés et les habitats plus nombreux. Plus de 200 comités locaux se sont créés, en solidarité avec la lutte et pour la faire essaimer par chez eux.

Extrait du communiqué de presse d'EELV

samedi 21 décembre 2013

NDDL : A mes camarades socialistes du Conseil Municipal des Ulis

Mes chers Camarades,

Je suis triste ce matin. Triste et en profonde colère car selon France Inter - déjà hier soir et encore ce matin - j'apprends que le gouvernement s’apprête, finalement et contre tout bon sens, à signer et publier les arrêtés de destruction d’espaces naturels, ce jour, à Notre Dame des Landes. Pourquoi tant de haine de la part de votre parti pour tout ce qui est naturel ? Pourquoi écouter et donner raison à nos adversaires et ne pas écouter ceux qui sont de votre famille, celle de la Gauche, celle de la révolution, celle du progrès, celle de la réflexion et de l’intelligence ?

Depuis des mois, le gouvernement à donné gain de cause à nombre de contestataires anti-fiscalité : pigeons, poussins, dindons, moutons, tondus, bonnets oranges des centres équestres et les fameux bonnets rouges si médiatisés ; alors qu'une grande partie de ces nouveaux rebelles ont une idéologie libérale ... Pour autant entre pacte d'avenir et autres renoncements, le gouvernement à pris en compte toutes ces revendications corporatistes et provenant très souvent de la "droitosphère".

Vous noterez qu'aucune d'entre elles ne se préoccupent d'environnement (sauf les Bonnets verts qui réclament une éco-taxe ou pollutaxe ) ; même en Bretagne, les bonnets rouges n'ont pas remis en cause le productivisme qui nuit pourtant tellement à la qualité de notre environnement (de l'eau, de la nourriture, de nos rivières et bord de mer ... donc qui nuit à la terre). Je retiendrai également qu'au parlement européen, sous la pression de la députée socialiste française Isabelle Thomas, avec le plein soutien des ministres Frédéric Cuvillier et Jean-Yves Le Drian, le maintien de l'autorisation du chalutage en eau profonde a été obtenu avec 16 voix d'avance et que la liste des atteintes à l'environnement ne cesse de s'enrichir sur le site de Reporterre. Pourquoi tant de haine ?

Alors que des milliers de personnes (partout en France) ont dit NON au grand projet inutile, coûteux et destructeur qu'est le projet d'aéroport à Notre Dame des Landes (alors qu'il y en a un - Nantes-Atlantique - classé Meilleur aéroport de région en Europe qui suffit bien), le gouvernement s’est entêté à le vouloir, à tout prix et en dépit du bon sens, comme s'il s'agissait d'aller vers le progrès ! Alors que des milliers de personnes (partout en France) ont démontré l’inutilité de ce projet et la mauvaise foi de ses promoteurs, le gouvernement s’est entêté. En détruisant une zone humide et en faisant table rase de la loi sur l'eau, en détruisant des espèces protégées, vous et vos partenaires industriels et financiers, vous vous rendez coupable d'un massacre écologique qui doit être évité coûte que coûte !

En plus de cela il est franchement déplorable d'oser faire un bras d'honneur à une population qui a souvent participé à l'élection de votre parti en satisfaisant vos adversaires, c'est tout bonnement incroyable ... à des grévistes de la faim qui ont révélé jusqu'où ils étaient prêts à aller pour le respect de leur terre si attachante (quiconque l'a foulée la garde dans son cœur !) et à tous ceux qui luttent avec convictions vous osez faire un bras d'honneur.

Les dérèglements climatiques impactent chaque jour un peu plus la planète. La France doit faire les bons investissement, c’est-à-dire dans les énergies renouvelables et les économies d’énergie et non dans de nouveaux projets émetteurs de gaz à effet de serre. Alors qu’une loi sur la transition énergétique doit être présentée au Parlement en 2014, construire un nouvel aéroport à Nantes n’aurait tout simplement aucun sens.

Il ne tient qu'à vous d'appréhender l'avenir avec sérénité ou non ; car si vous (le PS) ne lâchez pas, vous porterez pour toujours un fardeau de béton, de pollution et de terre gaspillée pour rien.

Je vous prie de croire, mes chers camarades, en mes salutations profondément amicales et extrêmement déçues.

Bruno

mardi 17 décembre 2013

NDDL : beaucoup de bruit pour rien !


Le préfet de Loire-Atlantique, Christian de Lavernée, concluait ce matin l’année de « concertation » avec les associations mobilisées contre le projet de Notre-Dame-des-Landes. Il devait pour se faire annoncer un calendrier ainsi que la signature de deux arrêtés préalables aux travaux. Il n’en a rien été ce matin : aucun calendrier pour les travaux n’est avancé, les arrêtés ne sont pas signés.

Les élu-e-s écologistes dénoncent la communication dont les partisans du projet ont fait preuve dès vendredi.

« Les promoteurs du projet doivent arrêter de prendre leurs désirs pour la réalité » expliquent les écologistes. « C’est de l’intox : une vaste opération de communication a été orchestrée pour prétendre une nouvelle fois que le projet avance, alors qu’il n’en est rien. Cela fait des mois que le préfet doit signer les arrêtés et annoncer un calendrier. Nous constatons simplement et objectivement que ce n’est toujours pas le cas »

Les réserves de la commission de dialogue n’ont pas été levées. Malgré la main tendue par les opposants dont il faut souligner la qualité du travail technique et la participation active à cette commission, l’État a clairement refusé de rouvrir le dossier et de travailler sérieusement sur les objections précises qui lui ont été soumises. En refusant d’intégrer l’arrivée d’avions moins bruyants ou en restant sur des chiffres absurdes sur les mouvements prévisibles (décollages et atterrissages en baisse en 2013 sur Nantes-Atlantiques), la DGAC a, de fait, confirmé par la faiblesse de son propre dossier, son parti pris en faveur du projet de Notre-Dame des Landes et sa vision idéologique du transport aérien et du développement du territoire.

Malgré ses affirmations, l’État a démontré son incapacité à accepter les contre-expertises : un projet d’Etat reste expertisé par les services de… l’Etat. C’est contraire à l’esprit de la commission de dialogue et à ses préconisations. Nous le regrettons profondément. Les élus écologistes tiennent donc à réaffirmer leur soutien aux associations (ACIPA – CEDPA – COPAIN) menant la lutte sur le site, dans un esprit de non-violence et de respect des personnes.

Mascarade de communication, mascarade de contre-expertise, les écologistes en appellent au Président de la République pour que soient respectées les préconisations des commissions de dialogue et d’experts scientifiques et que soit enfin engagées les études indépendantes nécessaires.

Jean-Philippe Magnen, Président du groupe EELV conseil régional des Pays de la Loire, Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire Atlantique, Pascale Chiron, Présidente du groupe EELV à Nantes et Nantes Métropole, tête de liste écologiste pour les élections municipales à Nantes, Yannick Jadot, député européen du Grand Ouest, Sandrine Belier, députée européenne, Gaëlle Rougier, conseillère régionale de Bretagne, François de Rugy, Président du groupe écologiste à l’Assemblée nationale.

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Beaucoup de bruit pour rien, peut-être, mais, en attendant, l’état et les partisans de ce projet insensé ont pu voir que la tension est toujours là, qu'elle n'est toujours pas retombée, que les citoyens sont toujours vigilants et que la lutte peut, à tous moments, reprendre.

S’ils voulaient vérifier que nous étions toujours là, ils sont maintenant informés et avertis.

A bon entendeur, salut !

Bruno


Photo : AFP - Franck PERRY

lundi 16 décembre 2013

Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : les fêtes approchent, les travaux aussi…


Dans un appel publié dans les colonnes de Terraeco, dix-sept juristes exhortent l'Etat à ne pas autoriser le début des travaux du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).

Les fêtes approchent : les travaux de construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes aussi. L’Etat s’apprête, cette semaine, à publier les autorisations de destruction d’espèces protégées et de zone humides et à engager les travaux. Nous, juristes en droit de l’environnement, avons décidé de lancer un dernier appel. Elus, citoyens : il faut agir aujourd’hui. Maintenant. Demain, il sera trop tard. Demandons au Gouvernement de ne pas signer les autorisations de destruction qu’il s’apprête à délivrer.

Ce projet est une horreur écologique. Des hectares de terres agricoles, de zones humides et des espèces vivantes sont sur le point d’être détruits de manière irréversible. Tenter d’accroitre le trafic aérien et ses émissions de gaz à effet de serre à la veille de la conférence de Paris sur le climat de 2015 : est-ce vraiment une bonne idée ?

Ce projet est une horreur économique. Conçu dans les années 60, ce projet n’apportera rien aux territoires qu’il massacre. Qui pense qu’Orly et Roissy (les aéroports) ont permis le développement d’Orly et Roissy (les villes, les citoyens) ? Le pays de Notre-Dame des Landes ne gagnera rien avec des avions. A l’heure du développement durable, pourquoi prétendre que le développement économique passerait par…un aéroport, du goudron, du kérosène et du dioxyde de carbone ?

Ce projet est une horreur juridique. L’Etat se prévaut sans cesse du droit pour justifier son projet. Mais le droit a été « modernisé » pour précisément permettre ce projet. En réalité, il est devenu bien plus difficile de construire une éolienne qu’un aéroport. Et insistons : aucune concertation sincère n’a été organisée. Qui peut croire qu’un débat a un sens lorsque la décision a été prise par avance ?

Nous lançons un appel solennel un appel aux français et aux françaises.

Laisser passer Notre-Dame-des-Landes, c’est laisser passer l’idée que notre avenir puisse être celui du développement durable. Laisser passer Notre-Dame-des-Landes, c’est faire passer l’idée terrible que l’écologie ne sert à rien sauf à des beaux discours. Laisser passer Notre-Dame-des-Landes, c’est faire une croix sur la transition écologique et énergétique de ce pays.

A la veille d’échéances électorales importantes, lançons tous un appel au Gouvernement pour qu’il arrête ce projet fou. Chacun peut agir : écrire, lire, informer, signer, tweeter, voter… Chacun peut demander au Gouvernement de ne pas signer les arrêtés de destruction et d’arrêter les convois de police et de pelleteuses !

Tribune co-signée par : Gaëlle Audrain-Demey (Doctorante en Droit Public, Faculté de droit de Nantes), William Azan (Avocat), David Deharbe (Avocat, Maître de conférences, Faculté de droit de Lille), Thomas Dubreuil (Avocat), Béatrice Hagège (Maître de conférences, Faculté de droit Paris XIII), Romain Ecorchard (Juriste pour une ONG nationale), Arnaud Gossement (Avocat), Héloïse Hicter (Avocat), René Hostiou (Professeur émérite, Faculté de droit de Nantes), Marie-Laure Lambert (Maître de conférences en droit, Faculté de droit d’Aix-Marseille), Sébastien Le Briéro (Avocat), Patrick Le Louarn (Professeur de droit, Faculté de droit de Nantes), Blanche Lormeteau (ATER Droit, faculté de droit de Nantes), Sébastien Mabile (Avocat), Michel Prieur (Professeur de droit, Doyen honoraire de la faculté de droit et des sciences économiques de Limoges), Raphaël Romi (Professeur de droit, Doyen honoraire de la faculté de droit de Nantes), Sandrine Rousseaux (Chargée de recherche CNRS).

Photo : FABRICE ELSNER / 20 MINUTES

vendredi 13 décembre 2013

Calypso : Réponse au Ministère


Envoyé ce jour au Ministère de la Culture :

Madame,

Par ce courriel j’accuse réception de votre courrier du 5 décembre et je vous en remercie. Je prends bonne note que vous avez contacté l’équipe Cousteau, propriétaire de la Calypso, afin de connaitre sa position de principe sur l’éventualité d’une mesure de protection au titre des monuments historiques et que vous ne manquerez pas de me tenir informé des suites qui seront apportées à cette demande. Soyez-en remerciée.

Je me permets, suite à mon premier courriel du 2 octobre 2013, à celui de Monsieur le Sénateur Jean-Vincent Placé, en date du 14 novembre 2013, adressé à Madame la Ministre et à la question écrite N°09557 publiée dans le Journal Officiel du Sénat du 5 décembre 2013 de, respectueusement, vous rappeler, ci-après, le lien de l’appel que 9 588 personnes - en moins de deux mois et venant de 60 pays* - adressent à Madame la ministre pour faire classer la Calypso au Patrimoine National tant ce bateau est partie intégrante de leur histoire.

Le but de notre appel n’était pas de récolter un maximum de signature mais de montrer combien ce bateau est dans le cœur des gens. Je crois que la démonstration est faite bien au-delà de nos espérances, au point que nous avons bien dû reconnaitre notre surprise, devant le succès que cet appel a eu, mobilisant même les médias nationaux et régionaux démontrant qu’il existe une véritable attente que l’état ne peut ignorer.

A l’heure des économies de papier et matière première je me suis autorisé à ne vous envoyer que le lien de l’appel publié sur change.org, mais je reste à votre disposition pour vous transmettre le fichier PDF de l’ensemble des signatures, par e-mail, si vous le désirez, afin que vous le transfériez à Madame la ministre.

En vous souhaitant bonne réception et dans l’attente de vos informations sur l’état d’avancement de ce dossier, je vous prie de croire, Madame, en mes salutations respectueuses.

Bruno BOMBLED

* Afrique du Sud, Algérie, Allemagne, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Brésil, Canada, Chili, Chine, Chypre, Colombie, Côte d'Ivoire, Danemark, Djibouti, Egypte, Emirats arabes unis, Espagne, Finlande, France (Métropole & DOM-TOM), Gabon, Grèce, Ile de Man, Indonésie, Irlande, Israël, Italie, Japon, Kazakhstan, Liban, Luxembourg, Madagascar, Maldives, Malte, Maroc, Mexique, Monaco, Monténégro, Norvège, Nouvelle Zélande, Panama, Pays Bas, Pérou, Philippines, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume Uni, Russie, Serbie, Suède, Suisse, Taïwan, Thaïlande, Tunisie, Turquie, Uruguay, USA, Venezuela, Viet Nam

Photo : Bruno BOMBLED - Foire de Paris - mai 2013

mercredi 11 décembre 2013

Plateau de Saclay : l'art ou la manière d'entuber tout le monde


Deux ans qu'on attend la loi officialisant la Zone de Protection Naturelle et forestière du plateau de Saclay qui doit protéger 2340 ha.

Deux ans qu'on attend et elle va enfin sortir, voilà qui est bien, mais ... car il y a toujours un mais dans ces histoires de protection de la nature, mais le moins bien c'est qu'il a été omis (sciemment ?) de lui annexer le règlement qui devait l'accompagner. Règlement pour lequel la chambre d'agriculture et Terre et Cité ont été associés.

Ce qui est une grave faute par omission car si le périmètre est bel et bien protégé, il a déjà été remarqué que quand un site classé n'a pas de règlement, la ''protection'' n'est pas suffisamment bien définis pour que la loi s'applique efficacement. C'est donc pour cela qu'un gros travail avait été fournis sur ce règlement et c'est bien pour ça aussi qu'il n'a pas été annexé alors qu'il n'est pas opposable. S'il n'y a pas de règlement comment définir ce qui peut exister sur une zone agricole ou naturelle ? Surtout qu'il existe qu'une seule ZPNAF en France celle du plateau de Saclay donc pas d'autre référence, pas de jurisprudence...

En gros chaque commune sera donc libre d'interpréter la loi comme bon lui semble.

Dans le même temps chaque jour qui passe semble vouloir démontrer l'aspect totalement mégalomaniaque, déconnecté et anachronique du projet de cluster scientifique sur le plateau de Saclay.

Alors que le monde de la recherche s’apprête à manifester jeudi après-midi pour dénoncer pèle-mêle le désengagement de l'état qui se traduit par de nombreux gels et suppressions de postes dans les universités et les organismes - toutes catégories de personnels concernées -, un budget recherche pour 2014 annoncé encore une fois en baisse et des années 2015 et 2016 catastrophiques, un contexte de pénurie, où les cas de souffrance au travail se multiplient, des conditions où le Service public d'Enseignement supérieur et de Recherche n'a plus les moyens d'assurer la qualité de ses missions, au service du plus grand nombre, les Partenariats Public/Privé et les risque de cessation de paiement pour certains établissements, les travaux et les projets de bétonnages se poursuivent sur le Plateau.

De son coté l’Académie des sciences lance un « cri d’alarme » sur le financement de la recherche. Dans son rapport « Remarques et propositions sur les structures de la recherche publique en France » de septembre 2012, l’Académie des sciences avait attiré l’attention des dirigeants de notre pays sur la faiblesse des crédits dits « récurrents » dans les laboratoires des universités et établissements de recherche. Cette diminution constante, engagée depuis de nombreuses années, n’est nullement compensée par la politique de financements sur projets […].

Les restrictions apportées mettent directement en péril la vie d’équipes et de laboratoires qui ont mis du temps pour s’établir et atteindre souvent le meilleur niveau international. On risque de se retrouver dans la situation où de très nombreux chercheurs, ingénieurs, et techniciens recevront leur salaire et n’auront plus les moyens pour exercer leur activité. Une situation d’autant plus grave que l’on sait par expérience qu’un coup de frein important, même transitoire, donné à la recherche, a des effets néfastes importants pour de nombreuses années. […]

Toute la communauté scientifique est touchée par la diminution des crédits […]

Ainsi le cluster, projet inutile et imposé à la communauté scientifique, imposé car projeté sans concertation, ne sera qu'un écrin de béton construit sur les terres agricoles, pour la plus grande gloire des politiques locaux à l'ego sur-développé et les bénéfices des bétonneurs. Un écrin pour une science sans argent.

Mes collègues qui, rappelons-le, forment une grosse part de l'électorat socialiste, me disaient que si, en effet, le gouvernement Ayrault était le pire gouvernement qu'ait eu la France pour sa politique environnementale, il en sera de même pour sa politique en faveur de la recherche publique.

Rendez-vous
jeudi 12 décembre 2013
14H30
à Jussieu direction
le Ministère de l'enseignement Superieur et de la Recherche

Photo : essonneinfo.fr prise lors de la manif contre le Grand Paris et le cluster Saclay du samedi 7 décembre 2013

samedi 7 décembre 2013

Même pour Hollande "l'environnement cela commence à bien faire !"

Deux mauvais signaux tant pour l'environnement, que la santé ou bien l'emplois viennent d'être envoyés ces jours-ci.


Le pacte pour la Bretagne : 
un retour vers le passé polluant
reporterre.net du 6 décembre 2013

Le premier ministre Jean-Marc Ayrault vient d’annoncer un "pacte pour la Bretagne". En matière agricole, il s’agit d’une étonnante régression, encourageant des productions d’exportation à prix subventionnés et des élevages toujours plus polluants.

Le Premier ministre a annoncé jeudi 5 décembre les grandes lignes du « pacte d’avenir pour la Bretagne », censé répondre à l’agitation multiforme qui a animé la Bretagne ces dernières semaines. Si certaines mesures économiques d’urgence peuvent se défendre, force est de constater que le volet agricole du « pacte » ressemble furieusement à un triste retour en arrière.

Le dispositif prévoit ainsi de soutenir les exportations agro-alimentaires, autrement dit d’encourager les dérives qui sont à la source même de la crise industrielle et environnementale bretonne ! La recherche obsessionnelle de l’exportation suppose en effet de nier les fondamentaux de l’agronomie, puisqu’elle conduit à concentrer sur le territoire breton un cheptel animal disproportionné par rapport aux capacités de la Bretagne à nourrir ces animaux… et à absorber leurs déjections. L’agro-alimentaire breton n’est alors plus qu’un maillon dans une chaîne fordienne déshumanisée, où l’alimentation du bétail est importé d’Amérique latine tandis que l’abattage et une partie de la transformation sont délocalisés dans d’autres pays européens. C’est ce modèle-là, qui ne s’autojustifie qu’à coup de concentration industrielle et de « rationalisation », qui est précisément la cause première des licenciements massifs actuels !

L’environnement et le bien-être animal semblent hélas les grands perdants de la « crise » savamment orchestrée ces dernières semaines. En effet, non seulement le renforcement du modèle exportateur massif conduit inéluctablement à augmenter le déséquilibre entre les déjections animales et le territoire réel, mais en outre une autre mesure phare du « pacte » vise à la « simplification administrative ».

Ceux qui vivent en Bretagne ou qui suivent les dossiers agricoles ne sont pas dupes ! Cette « simplification » est systématiquement le prétexte à l’abaissement des garde-fous environnementaux et à l’augmentation du libéralisme agro-alimentaire intégral. Au prétexte de « simplifier », il s’agit avant tout de faciliter les agrandissements d’élevages hors-sol déjà surdimensionnés et ultra-pollueurs, d’éviter la prise en compte des nuisances envers les riverains, et de négliger les atteintes à l’environnement.

En allégeant les garde-fous réglementaires qui sont absolument nécessaires face au cynisme économique néolibéral et en confortant un « modèle » exportateur destructeur de l’environnement et des emplois, les mesures agricoles du « pacte pour la Bretagne » semblent avoir singulièrement omis la notion d’avenir. Ce sont là des recettes du passé, qui risquent d’amplifier la crise bien plus que de la résoudre. Le gouvernement et le Conseil Régional de Bretagne semblent écouter bien davantage la voix des populistes et de quelques magnats agricoles que celle de la raison.

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L'agriculture biologique en péril
Communiqué de Presse de la Confédération Paysanne du 06.12.2013

Le ministère de l'Agriculture a décidé de stopper l'élan de la bio, en totale contradiction avec son intention affichée de transition agroécologique. Au cours de la réunion de mercredi sur les Mesures agro-environnementale (MAE*) au ministère, a été annoncée la possibilité pour les régions de ne pas attribuer les aides au maintien de l'agriculture biologique à tous les paysans. Chaque région pourrait établir des critères de priorité (zone à fort enjeu environnemental, lien à une filière, projets collectifs), voire limiter la période d'aide à cinq ans.

Le président Hollande a annoncé le doublement de l'enveloppe bio, mais le ministère se contente de soutenir la conversion. Ainsi, sous prétexte que les marges brutes sont globalement meilleures que celles des conventionnels, il oublie la volonté affirmée de réorienter l'agriculture. Il oublie surtout que l'agriculture biologique crée beaucoup plus d'emploi paysan. Et quel paysan osera s'engager dans cette courageuse transition sans visibilité au-delà de cinq ans ? Veut-on vraiment développer l'agriculture bio pour le bien de l'environnement et la démocratisation d'une alimentation saine, ou au contraire la contenir au statut de niche pour assurer notre bonne conscience ?

La bio est un laboratoire de l'agriculture de demain, un champ d'expérimentation au service de toutes les agricultures. A ce titre, elle doit être soutenue spécifiquement et durablement. Si des arbitrages budgétaires doivent être faits, la Confédération paysanne dispose d'une liste suffisamment longue de subventions inutiles pour des budgets conséquents. Et si le ministère persiste, ce sont les régions qui subiront nos assauts.

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Voir aussi l’article de Reporterre qui liste les 41 agressions du gouvernement de M. Ayrault contre l’écologie. Le gouvernement Ayrault est-il le pire que la France n’ait jamais connu en matière de politique environnementale ? Reporterre pose la question.

Photo : Wikicommons - Serg!o

samedi 30 novembre 2013

En vrac : Climat, OGM et prostitution

Climat : Le Japon, le Canada, l’Australie reculent sur leurs engagements. La Pologne a bloqué les négociations. Et aucun pays ne fait contrepoids.

Qui a entendu des négociations climatiques de Varsovie qui se sont terminées le 22 novembre ? 

Personne ? Normal la crise climatique qui remet en cause notre mode de vie est définitivement (volontairement ?) Persona non grata dans le concert des dogmes consumériste et productiviste. 

Le Japon a prévenu que ses émissions de CO2 allaient augmenter de 3.8% d’ici à 2020, tandis que l’Australie a annoncé le retrait de sa taxe carbone. Il n’y a plus aucune volonté politique de faire avancer la cause climatique. En ayant organisé le sommet mondial du charbon durant la conférence et en plébiscitant l’exploitation des gaz de schistes, la Pologne se contrefiche ouvertement des questions climatiques. Si la Chine n’est pas très allante sur ses engagements de réduction d’émissions de CO2, les Etats-Unis refusent de s’engager sur des objectifs chiffrés et l’Europe est engluée … A Copenhague, les pays avaient promis de mettre la main au portefeuille en versant 100 milliard de dollars d’ici à 2020. Mais il semble que l’on s’éloigne de ces promesses. De 2010 à 2012, 30 milliards de dollars auraient dû être versés, mais seuls 6 milliards l'ont été. Enfin avant on parlait de milliards destinés aux politiques d’adaptation, maintenant on parle de millions. 

Tout cela alors que la « zone rouge » s’approche selon les scientifiques. Les politiques porteront la responsabilité de leur inaction.

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OGM : Voici donc une étude qui dérange vraiment. L'étude sur les risques à long terme du maïs NK 603 et de son herbicide associé, le Roundup, produits tous les deux par la société Monsanto, publiée en septembre 2012 dérange tellement, que la revue « Food and chemical toxicology », qui avait publié l’article de Gilles Eric Séralini, lui demande de le retirer. La revue cède-t-elle aux pressions de Monsanto comme le dénonce Joël Spiroux, président du Criigen, Corinne Lepage, députée européenne, Paul Deheuvels, statisticien membre de l'Académie des sciences, François Veillerette, président de Générations futures ? Pour Gilles Eric Séralini, la demande qui lui est adressée est liée à "l'arrivée dans le comité éditorial de la revue de Richard Goodman, un biologiste qui a travaillé plusieurs années chez Monsanto", entre 1997 et 2004. "La publication du Pr Séralini pose les bonnes questions sur la toxicité à long-terme des OGM et de l'herbicide Roundup, ce n'est pas en le faisant retirer de la publication que ces questions vont disparaître", conclut Corinne Lepage.

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Prostitution : En ce matin du 25 novembre, sur France Inter, j’ai trouvé mon maître en matière de Naïveté en la très respectable Ministre du droit des femmes, Mme Najat Vallaud-Belkacem. En effet, à la question de Patrick Cohen qui lui demandait si elle conseillerait à une prostituée de dénoncer son proxénète, comme le projet de loi le lui permettra (comme si cela n’existait pas dès à présent), elle de répondre que oui puisque le projet de loi la protégera 6 mois renouvelables le temps de la procédure. Hum, donc selon Mme la ministre les trafiquants et autres mafieux sont les seuls humains qui ne communiquent pas entre eux avec les moyens modernes et instantanés que nous offre notre merveilleux monde de technologies. Ainsi une fois le proxo dénoncé, il est sûr que jamais au grand jamais ses complices ne sauront qui l’a dénoncé et que les menaces mortelles faites sur les familles restées au pays ne s’appliqueront pas, et qu’une fois la protection (sous quelle forme ? avec quels moyens ?) levée et la fille rentrée au pays, celle-ci ne sera pas exécutée pour l’exemple.

Avec ce projet de loi c'est Candide au pouvoir :

"Mon client ne veut pas mettre de préservatif et est violent … je le dénonce à la police, c’est si siiiiiimple !"

"Je dénonce mon proxo et après les 6 mois de protection que m’offre la France, de retour au pays, je ne risque pas de représailles de la part des mafieux qui m’ont envoyé faire le trottoir dans le beau pays des droits de l’Homme. C’est tellement booooo la vie !!!!"

On va renouer avec la brigade des mœurs et le flicage des citoyens de base, mais en ne touchant surtout pas les riches héritiers, en goguette à Paris, qui louent les services d'escort-girls. Mme la ministre accorda ce matin là, sur France Inter, que le but est de supprimer la prostitution visible, putain quel cynisme il y a eu dans cet aveux ! Quid, dès lors des réseaux sur internet ? Dans les salons ? Dans les grands hôtels ? Quid des hommes et des transgenres qui se prostituent ? Rien ! On cachera la misère sous le tapis, mais elle sera toujours là, toujours plus underground, loin des associations, toujours plus à la merci des salauds mais notre conscience collective sera bien au chaud. Tout est bien dans le meilleur des mondes.

Non, la lutte contre les réseaux ne doit pas passer par l’utilisation des plus faibles. Nous ne pouvons accepter un transfert de responsabilités et demander aux victimes de se mettre encore plus en danger, elles et leurs familles. La juste et nécessaire lutte contre les réseaux doit se faire par l’installation de moyens policiers et militaires à la hauteur de nos ambitions.

samedi 23 novembre 2013

"Il y aura toujours des clients!" (Elisabeth Badinter)


"l’état n'a pas à légiférer sur l'activité sexuelle des individus"
E. Badinter

Elisabeth Badinter, opposée à l'idée de pénaliser les clients de prostituées, estime dans un entretien au Monde publié mardi que "l'Etat n'a pas à légiférer sur l'activité sexuelle des individus", et "regrette qu'on n'entende pas davantage les prostituées" dans ce débat.

Pour la philosophe, la pénalisation des clients, "c'est la prohibition. Je préfère parler de prohibition plutôt que d'abolitionnisme, car c'est l'objectif des auteurs de la proposition de loi", affirme-t-elle.

"Sous prétexte de lutter contre les réseaux, c'est la prostitution qu'on veut anéantir. L'Etat n'a pas à légiférer sur l'activité sexuelle des individus, à dire ce qui est bien ou mal", insiste-t-elle.

Mme Badinter "n'arrive pas à trouver normal qu'on autorise les femmes à se prostituer, mais qu'on interdise aux hommes de faire appel à elles. Ce n'est pas cohérent et c'est injuste".

Jugeant que la volonté de punir les clients est "une déclaration de haine à la sexualité masculine", elle explique que "ces femmes qui veulent pénaliser le pénis décrivent la sexualité masculine comme dominatrice et violente. Elles ont une vision stéréotypée très négative et moralisante que je récuse". Selon elle, la proposition de loi ne va pas mettre fin à la prostitution: "Je ne connais aucune prohibition qui fonctionne. Elle démultiplie le pouvoir des mafieux".

"Favorable à la pédagogie sur la prostitution et les séquelles qui peuvent en résulter", la philosophe souligne que "dans certaines conditions, la prostitution est difficile à vivre, mais il y a des femmes pour lesquelles ce n'est pas aussi destructeur qu'on le dit".

"Je regrette qu'on n'entende pas davantage les prostituées. Elles seules sont habilitées à parler. Mais quand l'une affirme: +je le fais librement+, on dit qu'elle ment et qu'elle couvre son proxénète. Ce sont les seuls êtres humains qui n'ont pas le droit à la parole", déplore Mme Badinter.

Pour les prostituées victimes de réseaux, "la lutte contre l'esclavage des femmes doit être sans merci", ajoute-t-elle. Il faut "que les femmes prostituées puissent dénoncer leur proxénète à la justice sans craindre pour leur vie. Elles doivent être assurées de leur sécurité, d'avoir des papiers et d'être aidées".

"La loi contient des dispositions en ce sens, mais qui me paraissent vagues. Quel est le budget? Comment le prévoir quand on ne connaît même pas le nombre de prostituées ? Est-ce que la lutte contre les réseaux sera une priorité pour la police? Je n'ai pas le sentiment que cela soit le cas", fait-elle remarquer.

AFP - 19/11/2013

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Ainsi dans cette ligne Elisabeth Badinter, aux cotés de féministes et d'intellectuels qui s'opposent vivement à une telle politique d'interdiction, elle a publié la tribune, ci-après, dans le Nouvel Observateur :

"Si la ministre des Droits des Femmes avait annoncé son intention de mettre un terme à l'esclavage des femmes par les réseaux mafieux, tous, hommes et femmes confondus, applaudiraient son initiative. Cette guerre difficile à mener relève d'un impératif universel. Elle implique, entre autres, une augmentation des effectifs de police, une meilleure coopération internationale, une justice impitoyable et la reconversion ainsi qu'une véritable protection des filles qui dénoncent leurs proxénètes, associée à une possibilité effective de reconversion. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.

Mais l'objectif d'abolir à terme la prostitution, sous prétexte d'en finir avec l'esclavage sexuel est d'une autre nature. Il ne s'agit plus d'un impératif universel, mais d'un parti pris idéologique qui suppose les postulats suivants : 1) La sexualité tarifée est une atteinte à la dignité des femmes. 2) Les prostituées sont toutes des victimes et leurs clients, tous des salauds.

Ces postulats sont éminemment discutables. Comme le clament les prostituées non contraintes par un tiers et qu'on se refuse à entendre, la dignité des femmes ne repose pas sur le critère des pratiques sexuelles. Mieux vaut l'admettre : toutes les femmes n'ont pas le même rapport à leur corps et la promiscuité peut être un libre choix. Une femme n'est pas nécessairement victime de l'oppression masculine lorsqu'elle se livre à la prostitution, soit qu'elle s'y adonne de manière occasionnelle, soit qu'elle choisisse d'exercer à plein temps cette activité plutôt qu'une autre. Enfin, au risque de faire grincer des dents : les hommes qui fréquentent les prostituées ne sont pas tous d'horribles prédateurs ou des obsédés sexuels qui traitent les femmes comme des objets jetables. Etrangement, nul ne fait jamais mention des prostitués homo ou hétérosexuels ni de la nouvelle "demande' des femmes d'une sexualité tarifée.

En réalité, " l'abolition" de la prostitution, contrairement à celle de l'esclavage, est une chimère. La sexualité humaine varie selon les sociétés. Et, dans une même société, elle change selon les époques et les classes. Ce n'est pas une raison pour imaginer qu'elle va se plier, comme une cire molle, à l'utopie d'une sexualité parfaitement régulée. La pénalisation des clients n'entraînera pas la suppression de la prostitution. Ni les call-girls ni les réseaux par internet n'en seront affectés, comme le prouve l'exemple suédois. En souffriront d'abord les prolétaires du sexe, qui seront plus que jamais soumises à l'emprise des proxénètes. Ces derniers profiteront de la situation, eux qui devraient être la cible première de l'action répressive des pouvoirs publics. Nulle inquiétude, les clients les plus favorisés se verront toujours proposer des moyens discrets d'assouvir leurs désirs.

Au nom d'une conception abstraite de l'humanité, les "abolitionnistes" [sic] veulent imposer à la société française leur choix idéologique. Mais qui peut s'ériger en juge dans ce domaine éminemment privé ? Chaque adulte doit être libre de ce qu'il veut faire ou ne pas faire de son corps. Décréter illégal ce qu'on trouve immoral n'est pas un grand pas vers le Bien, c'est une dérive despotique. Le pouvoir politique n'a pas à intervenir dans les pratiques sexuelles des adultes consentants. La priorité, c'est de faire de la lutte contre les trafiquants d'êtres humains une cause nationale et d'y mettre les moyens. Car là est le crime, et là est le défi. Poursuivre les clients, c'est se donner à peu de frais l'illusion d'agir. C'est céder à la tentation prohibitionniste qui consiste à tout espérer de la criminalisation de la consommation. Ce sera au bout du compte écarter de la vue ce qu'on ne veut pas voir et produire un enfer pavé de bonnes intentions."

Elisabeth Badinter, philosophe, Régine Deforges, écrivain, Caroline Eliacheff, pédopsychiatre, Elisabeth de Fontenay, philosophe, Claude Habib, professeur de littérature (Sorbonne-Nouvelle), Nathalie Heinich, sociologue (CNRS), Claude Lanzmann, écrivain et cinéaste, William Marx, professeur de littérature (Paris-Ouest), Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue (EHESS), Philippe Raynaud, professeur de science politique (Panthéon-Assas), Céline Spector, philosophe (Bordeaux-3), Georges Vigarello, historien (EHESS).

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L'express : Pourquoi trouvez-vous honteuse l'idée de poursuivre les clients?

Elisabeth Badinter : Autant nous sommes tous convaincus de la nécessité de faire un effort considérable contre la traite des filles de l'Est et du Sud, qui est de l'esclavage, autant je trouve détestable cette politique des moeurs menée au nom d'un moralisme victorien qui n'a davantage que de ne rien coûter. Je suis pour la liberté sexuelle absolue entre les adultes consentants.

Or, aujourd'hui, une proportion de femmes, certes minoritaire, mais loin d'être négligeable, se prostitue sans proxénètes. Elles pratiquent ce métier - qui n'est pas un métier comme les autres, je le reconnais - pour des raisons qui les regardent. Ces femmes ne sont pas les victimes irresponsables d'affreux clients.

Je ne vois pas pourquoi, au nom des femmes qui sont effectivement réduites à l'état d'esclaves dans les réseaux, on condamnerait la prostitution en général. Cela me semble révéler un profond mépris pour les prostitués hommes et femmes, qu'on traite comme des enfants. En vertu de quel principe faudrait-il les condamner, et condamner les hommes qui paient ces femmes qui veulent bien louer leur corps pour gagner en quelques heures ce que d'autres gagnent en un mois?

Car il y aura toujours des clients! Ceux qui croient que l'on peut supprimer le désir et la satisfaction vénale vivent sur une autre planète! Le week-end, lorsque je me rends à la campagne, je vois des filles dans la plus grande solitude qui se prostituent en bordure de chemin, parce que la loi de 2003 interdisant le racolage passif les a éloignées des villes. En Suède, la prostitution a quitté la rue pour se réfugier aux frontières et sur Internet. Ce sont les réseaux mafieux qu'il faut combattre.

Une des questions est de savoir si l’on peut parler de libre choix pour la prostitution ? mais choisit-on d'avoir des horaires décalés dans un supermarché ? Non, on les subit. L'idée de liberté réelle est utopique, mais la sexualité gratuite ou payée relève, à mes yeux, de la décision de chaque femme ou de chaque homme.

Ainsi on peut faire ce que l'on veut de son corps, sauf le mutiler. Vendre son rein est une atteinte à l'intégrité physique, pas pratiquer un rapport sexuel tarifé. Pour moi, le grand principe fondateur est l'avortement. Il y a trente-six ans, la société française a décidé qu'une femme était libre de disposer de son corps, y compris jusqu'à en faire disparaître un embryon. Aujourd'hui, je ne suis même pas sûre qu'on voterait une loi sur l'IVG.

Par Claire Chartier, publié le 13/04/2011

samedi 9 novembre 2013

NDDL ou quand l’omission discrédite une étude officielle.

Une étude officielle relancerait le débat sur le projet Notre-Dame-des-Landes car maintenir l'aéroport actuel de Nantes coûterait plus cher qu'en construire un nouveau, affirme la DGAC. Mais l’omission discrédite cet ultime soubresaut pathétique.


Le maintien de l'actuel aéroport de Nantes coûterait plus cher que la construction du nouvel aéroport sur le site de Notre-Dame-des-Landes. C'est du moins ce qu'affirme la Direction générale de l'aviation civile, dans une étude dévoilée hier, dans le cadre de la commission du dialogue instituée en avril dernier par le gouvernement. Selon la DGAC, les travaux à réaliser à Nantes-Atlantique pour faire face à la progression attendue du trafic, de 3,9 millions de passagers cette année jusqu'à 9 millions à un horizon non précisé, coûteraient au total 685 millions d'euros, contre 602 millions prévus pour le nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes dans sa phase initiale.

Dans le détail, l'aéroport actuel nécessiterait 185,2 millions de travaux pour passer de 3,9 millions à 5 millions de passagers, 255,4 millions supplémentaires pour monter à 7 millions et encore 171,3 millions pour atteindre les 9 millions. L'addition serait notamment alourdie par la nécessité de remettre l'unique piste aux normes de sécurité, souligne l'étude. La piste actuelle présenterait « des creux et bosses avec des écarts de près de trois mètres », affirme la DGAC. De plus, la réfection de cette piste nécessiterait la fermeture de l'aéroport « pour trois à six mois ». Soit un manque à gagner de 85 millions.

Un devis discutable

Autant d'arguments chocs pour la défense du projet gouvernemental de nouvel aéroport qui rencontre une forte opposition locale. En 2006, la DGAC avait déjà réalisé une première étude très contestée, affirmant que l'actuel aéroport ne serait jamais en mesure de faire face à la croissance du trafic. Aujourd'hui, elle concède que « le maintien de l'activité [à l'aéroport actuel, NDLR] n'est pas physiquement impossible, mais serait très coûteux ». Cependant, les montants avancés sont très discutables. A titre de comparaison, l'aéroport de Beauvais (4 millions de passagers) a remis aux normes sa piste et construit un nouvel aérogare en 2009 pour respectivement 14 et 9 millions d'euros, en suspendant son activité pendant une semaine seulement. En 2006, la rénovation de la plus longue piste d'Orly, capable d'accueillir des A380, avait coûté 30 millions. En 2010, la construction d'un nouvel aérogare à Bordeaux-Mérignac avait coûté 5 millions d'euros pour une capacité additionnelle de 1,5 million de passagers. On est loin des sommes colossales du « devis » de la DGAC. Les prévisions de trafic sont tout aussi discutables. L'étude n'avance aucune date, mais, selon toute vraisemblance, le cap des 5 millions ne sera pas atteint avant la fin de la décennie. Quant aux 9 millions, le projet de Notre-Dame-des-Landes l'envisage pour... 2060.

Curieusement, l'étude juge également nécessaire d'allonger à 3.600 mètres la piste actuelle, pour d'hypothétiques A380, ce qui n'est même pas prévu à Notre-Dame-des-Landes. Enfin, la comparaison avec le coût prévu de NDDL a de quoi faire sourire. Les 602 millions évoqués ne concernent que la première phase, pour une capacité de 4 millions de passagers. L'addition monterait à 808 millions pour une capacité de 9 millions. Mais ce chiffre n'englobe ni les surcoûts, ni les infrastructures routières et ferroviaires pour la desserte de l'aéroport. Le coût global du projet, s'il aboutit, se compterait plutôt en milliards d'euros.

Texte : Bruno Trévidic (lesechos.fr)
Photo : Berti Hanna/REA

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Quand la DGAC se décrédibilise elle-même, il n'y a plus besoin de se casser la tête pour combattre ce projet inutile et imposé qu'est l'Ayraultport. Premier point acquis, malgré tout ce qui avait été objecté depuis plus de 10 ans : on peut garder Nantes-Atlantique en le réaménageant ; la prétendue saturation des espaces ou de la piste n'existe pas !...

vendredi 1 novembre 2013

Débat : Pourquoi en arrive-t-on à en avoir ras-le-bol des écolos ?

Mon post, du 24 octobre 2013, sur Facebook où je disais simplement, en réponse au titre du dernier livre de Maud Fontenoy, "ras-le-bol des écolos", Ras-le-bol de Maud FONTENOY !!! a donné lieu à un bel échange entre Catherine Pigré et Christophe, mon frère. J'ai voulu en garder trace et le mettre sur mon blog tellement je le trouve intelligent et constructif, toujours dans le respect et l'avancé. merci à eux.



Ainsi à ce "Ras-le-bol de Maud FONTENOY !!!" Elisabeth Piotelat me demandait "Pourquoi ? Son action me semble tout à fait louable, en particulier auprès des scolaires." je lui répondais alors que "si elle n'aime pas les écolos, qu'elle en a ras-le-bol. Ben ok ! On en prend acte et ainsi nous non plus on ne l'aime pas car il y a d'autre façon d'entrer dans un débat, avec des gens, que de le débuter par un coup de poing envoyé dans la gueule de ses contradicteurs potentiels. Que le titre de son bouquin n'ouvre pas le débat mais le ferme.". A cela Christophe me répond :

Christophe Bombled : Pour une fois, je ne suis pas d'accord avec toi Bruno. J'ai écouté son interview et je suis plutôt d'accord avec elle sur le fond. Il ne faut pas confondre écologie (qui est une science) et écologisme (qui est un courant de pensée politique). Elle est critique envers EELV (Nicolas Hulot l'est aussi), elle en a bien le droit, c'est même sain dans une démocratie. C'est très bien que des gens de droite réfléchissent à ce sujet, se l'approprient, reformulent les problématiques avec leur langage, ils feront ainsi avancer un certain nombre d'idées dans leur camps. Maintenant, elle fait mine de ne pas comprendre ce qu'est la décroissance car tout d'abord il s'agit d'un mot obus destiné à dynamiter la pensée croissanciste dominante, ensuite les décroissants n'ont pas pour discours de voir tout décroitre et partout, mais simplement l'inutile (comme l'i-phone 5 par exemple). Elle a d'ailleurs une pensée décroissante quand elle prône le passage de l'agriculture actuelle à l'agriculture raisonnée (puisque c'est faire moins, mais mieux et dans un meilleur respect de l'environnement même si cela ne vaut pas le bio). De même, elle ne va pas jusqu'au bout de son raisonnement concernant l'épuisement des ressources et le changement climatique car cela lui fait peur, il me semble. Mais cela viendra, les prémices sont bons. Bref EELV n'a pas le monopole de l'écologisme et c'est tant mieux.

Bruno Bombled : Oui je peux entendre ce que tu dis, mais quand tu veux entrer dans le débat tu ne commence pas par le fermer en insultant tes contradicteurs. Elle en a ras-le-bol des écolos (politiques et associatifs) et bien nous on en a rien à foutre d'elle, qu'elle retourne cajoler ses greenwasheurs d'UMP et les vaches seront bien gardées.

Catherine Pigré : un p'ti tour sur sa page facebook et effectivement, Bruno, c'est une belle opération de greenwashing... Ce n'est pas la question d'avoir le monopole ou pas de l'écologie, un peu simpliste comme argumentation pour masquer la collusion de la politique et des lobbies économiques qui nous envoient dans le mur depuis des décennies que représente si bien l'UMP... il est temps de lever le subterfuge... Et toujours aussi amusée de voir comme il est si simple de manipuler les esprits : 
  1. Titre accrocheur et assassin: bien vu... comme quasiment personne n'ira lire le contenu, on en reste à ce constat et comme Mme Fontenoy est une grande navigatrice et qu'elle défend la cause, ben elle doit avoir raison... la peopolisation de la politique, un vrai bonheur !!! 
  2. Son contenu : en résumé, le programme politique écologique de l'UMP, pensée et solutions écologiques à minima... faut pas fâcher... et hop, tu mets sous le tapis toutes les réflexions, politiques et solutions qui proposent une transition de fond indispensable pour sortir du merdier... 

Faut pas fâcher mais surtout, faut pas trop réfléchir... Exemple: l'agriculture raisonnée prônée par cette chère dame et pourquoi pas le bio, le bio issue d'une agriculture paysanne bien entendu ? Aucune traçabilité, aucune charte, de l'OGM si tu veux, de la productivité encore et encore aux mains des lobbies agro industriels etc... et toute sa conception de l'écologie est résumée dans cet exemple... Du survol, aucune réflexion de fond... de la bouillie !!! Si certains en ont "ras le bol des écolos", d'autres en ont ras le bol des écolo tartuffes...

Christophe Bombled : C'est typiquement ce que je n'aime pas chez nous, les écolos, c'est cette incapacité à envisager que d'autres personnes, d'un autre bord politique, puissent partager quand même un certain nombre d'idées. Tout de suite, leur discours est dénigré au seul motif qu'ils sont proches du PS, ou pire de l'UMP. Souvent, les écolos passent leur temps à se déchirer sur ce qui les sépare et sans essayer de se regrouper autour de valeurs communes et à agir. Il est normal qu'il y ait des divergences de vues (et plus on creuse le sujet de l'écologie, moins on a de certitudes). Mais non, le débat se résume à : c'est à celui qui sera le plus vert, le plus saint. Nicolas Hulot, lors des primaires avait ressenti la chose quand il avait indiqué qu'il avait l'impression d'être devant une sorte de tribunal de l'inquisition écolo. J'ai lu pendant des années "la décroissance, le journal de la joie de vivre" (la décroissance j'ai vu, la joie de vivre j'attends encore) qui a inventé le concept d'écolo-tartuffe et qui s'est autoproclamé juge de ce qui est bon ou non en la matière. J'ai cessé de lire cette revue, car si elle m'a ouvert les yeux sur certaines problématiques, il n'en demeure pas moins qu'elle est mortifère dans le sens où elle n'a d'autre projet que de critiquer le système en place. Rien n'est parfait dans ce monde, tout est compromis. Le défis aujourd'hui c'est de faire évoluer massivement les mentalités. J'ai beaucoup d'admiration pour les avant-gardistes comme les fondateurs du hameau des buis, qui font en quelque sorte de la recherche fondamentale. Mais, il ne faut pas non plus être naïf, leur mode de vie demeure dépendant d'un process industriel moderne (ils ont des voitures, des ordinateurs et internet, des panneaux photovoltaïques, ils ont recours à l'hôpital et à tous les services publics, ils roulent sur des routes goudronnées,...). La question n'est pas donc de rejeter la modernité technologique (je serai bien embêté sans lave linge qui, soit dit en passant, à largement participé à l'émancipation des femmes dixit mes grand-mères et mère), mais de l'interroger sans cesse, de faire en permanence la balance avantages/inconvénients afin que le plus grand nombre et de manière durable puisse correctement vivre (car c'est quand même cela le but ultime, il me semble). Les idéaux sont par nature inatteignables. Le fait de ne pas les atteindre ne doit pas pour autant nous empêcher d'avancer. Ils doivent être la source de notre inspiration. Ils ne doivent pas être des obstacles, mais des guides puissants.

Catherine Pigré : Vous êtes à ce point naïf... il ne s'agit pas d'être plus vert que le voisin mais les compromis ne se font pas avec des renoncements de fond... l'exemple de l'agriculture raisonnée est quand même parlant, on va vous faire une p'tite touche de verditude et pendant ce temps on ne touche pas aux lobbies des OGM et on ne réforme ainsi surtout pas la PAC parce que l'agriculture raisonnée, ça va aussi de pair avec la productivité et le modèle concentrationnaire agricole... y'a pas de transformation de fond, pas de heurt et tout le monde est content... il faut vous secouez un peu, vous faiblissez... Les écolo tartuffes, oui... ceux qui survolent les dossiers sans vision systémique , ceux qui font de l'écologie light sans approfondir les connaissances et les ramifications de fond, ceux qui donc entretiennent la pauvreté du discours politique et ainsi la paresse citoyenne... le livre de Mme Fontenoy, c'est aussi tout ça...

Bruno Bombled : @ Catherine : Pour info, mon frangin est tout sauf naïf, sa pensée est issu d'une profonde réflexion qui oblige à la prendre en compte. J'aime sa pensée qui cherche toujours à construire des ponts plutôt que de creuser des fossés. Non il n'est pas naïf, sois en sûr.

Catherine Pigré : construire des ponts, pas de problème mais pas avec ceux qui veulent le dynamiter...

Bruno Bombled : Oui c'est ce que je reproche au titre du bouquin de Maud Fontenoy, c'est qu'il creuse un fossé et ne construit pas de ponts, son ouvrage est donc inutile dans le débat qui devrait être partout.

Catherine Pigré : et pas seulement le titre...

Christophe Bombled : "construire des ponts, pas de problème mais pas avec ceux qui veulent le dynamiter...", je suis désolé, mais avec de telles idées on ne va pas bien loin. Penser ainsi, c'est empêcher tout débat. Non, mon expérience (je n'ai pas à montrer patte verte, si quelqu'un doute de mon engagement et de mes actions, qu'il commence par m'expliquer ce qui lui permet de penser que lui il sait ce qu'il faut faire et qu'en plus il fait "bien" les choses) montrent que pour faire avancer les choses, il faut discuter, discuter, discuter, discuter et accepter de faire des compromis pour permettre à chacun de s'approprier les changements de ligne, que chacun puisse être entendu et se sentir gagnant. Arriver dans un débat en disant : écoute coco, t'es bien gentil mais je vais t'expliquer la vie et tu vas voir comme tu te trompes et comme j'ai la lumière, c'est (d'expérience) le meilleur moyen de se casser les dents. En revanche, écouter l'autre, le questionner, essayer de comprendre ses convictions, ses besoins, ses craintes, avoir la modestie de savoir que l'on ne connait jamais tout d'un sujet et que d'autres personnes ont des savoirs complémentaires, proposer ses solutions, laisser les autres les critiquer afin de voir si celles-ci sont de bonnes idées ou de fausses bonnes solutions, voilà les bases d'une discussion plus riche me semble-t-il. Mais c'est long, diablement long. Ainsi, pour l'agriculture, évidemment que le bio (mais à quel niveau de label, le label bio européen, le label Nature et progrès, ou encore le label demeter ?) est le but à atteindre (cela dit penser bio sans penser réduction de la consommation de viande, ce n'est pas possible). Mais maintenant, entre une agriculture dite conventionnelle massive actuelle et une agriculture raisonnée massive demain matin, je préfère la seconde. Une personne qui se lance dans cette démarche est sur la bonne piste, il ne faut donc pas la décourager en lui faisant la leçon, mais l'encourager à pousser sa réflexion. Idem pour le consommateur. Pour ce qui est de l'habitat, que vaut-il mieux : des maisons bioclimatiques neuves perdues dans la pampa comme on en voit plein dans les pages de "la maison écologique" qui entretient le mythe de la maison individuelle pour tous, ou alors des logements collectifs rénovés BBC bien desservis par des transports en commun ? Evidemment que l'idéal se sont des immeubles passiv'hauss dans des zones d'habitation plus denses, mais pour l'instant, ce n'est pas possible de façon massive pour beaucoup de raisons. Il faut y aller progressivement et réfléchir collectivement à la question. Au lieu de tirer à boulets rouges sur Maud Fontenoy qui a l'outrecuidance de nous critiquer, nous ferions bien de nous demander comment se fait-il qu'une personne comme elle, sensible à nos thématiques, réagisse ainsi ? Quel est le point de blocage dans notre discours ?

Catherine Pigré : Je comprends bien votre désir de rassembler mais la réalité est bien plus cruelle: reprenons, l'exemple de l'agriculture raisonnée, vous vous en satisferiez et bien pas moi.....un seul exemple: les OGM, l'agriculture raisonnée non seulement ne la remet pas en question mais l'intègre donc vous amplifiez le pouvoir des multinationales comme Mosanto, Syngenta, Dupont and co, vous amplifiez la dépendance des paysans pour l'achat des semences, vous amplifiez la contamination des parcelles sur laquelle ces mêmes multinationales réclameront leur dû de brevet, donc vous appauvrissez les paysans ce qui implique la disparition des agricultures à échelle humaine, la prise en main de l'agro-industrie et en prime vous mettez en péril la biodiversité du vivant qui elle sait produire de l'adaptation pourtant... c'est pour demain, non, c'était déjà hier et c'est aujourd'hui... et c'est ainsi que Mme Fontenoy soutient ce qu'elle nomme le développement durable et auquel vous semblez souscrire... cette écologie là, désolée mais je n'y souscris pas, pas parce que je suis plus verte qu'une autre mais parce qu'elle met en péril le devenir du monde...

Christophe Bombled : Effectivement l'agriculture raisonnée n'interdit pas les OGM. Toutefois, en France, sauf erreur de ma part, seul le maïs OGM peut être cultivé et encore sous certaines réserves. Dès lors, je ne vois pas en quoi l'agriculture raisonnée intègre nécessairement, du moins chez nous, les OGM. Maintenant je ne souscris à rien, j'essaye (mais c'est difficile) de ne pas m'enfermer dans une case (je suis DD, je suis décroissant,...). Une fois encore il y a des idéaux et puis il y a la réalité humaine qui a du mal à tenir compte des réalités physiques. L'homme n'est pas un animal censé, c'est un émotionnel. Si vous le braquez vous n'arrivez à rien. Cela ne sert à rien d'avoir raison tout seul, sauf à se faire plaisir (quoique). Il faut plus de subtilité, il faut accompagner le mouvement qui ne peut se faire qu'en douceur. La plupart des gens adorent le Mac Do et de but en blanc vous voulez les convertir à une alimentation bio limite végétarienne ? Moi aussi j'aimerais bien, mais ce n'est pas possible. L'écologisme (du moins tel que je le conçois) doit être pacifiste, il n'est pas question d'imposer sa volonté par la force. C'est pourquoi, en fois encore, il faut être subtile. Par ailleurs, je repose ma question, comment se fait-il qu'une personne comme MF, plutôt, quoique vous en disiez, proche de nos idées (protection des océans, réalité du changement climatique, épuisement des ressources énergétiques,...) en arrive à produire un tel titre ? Quel est le point de blocage dans notre discours ?

Catherine Pigré : Pour ce qui concerne les OGM, vous êtes quand même au courant des combats constants qui doivent être menés pour ne pas les voir inonder l'Europe...En résumé, votre position très louable omet les rapports de force qui sont loin d'être en faveur de l'écologie, je ne pense avoir à vous citer le poids des lobbies de tout poil (pétrole, OGM, etc...) qui n'ont rien de pacifique, ni de démocratique... un petit exemple comme l'accaparement des terres par Bolloré et le Crédit Agricole vous parle, je pense... Mme Fontenoy leur laisse la porte grande ouverte... dans le développement dit durable ou capitalisme vert, il y a capitalisme, je ne pense pas là aussi devoir vous rappeler, ce qui est son "éthique" et sa finalité... si cela vous convient... Et pourquoi ce serait "notre discours" qui serait un point de blocage ? Quel est "notre discours"? Je pense que c'est celui qui ne remet pas en cause des fondamentaux : un monde au service de l'écologie et des générations futures et pas l'inverse...Pourquoi arrive-t-elle à produire un tel titre... là, il faudrait lui demander... on peut quand même retenir qu'elle a été candidate de l'UMP et qu'elle souscrit à leurs thèses sur l'écologie... Vous voulez accompagner les choses en douceur mais n'y a-t-il pas urgence ? Vous prenez la rhétorique, comme Mme Fontenoy, de remettre en question ceux qui alertent depuis des décennies et qui proposent un autre projet de société qui doit se construire sur le fond et non pas des mesurettes et des petits pas, ne faisant que renforcer ceux qui nous amènent dans le mur....pour ma part, je reste sur celle qui consiste à ce que ce soit ceux qui nous mènent droit dans le mur qui soient bousculés... ceux qui se sont imposés par la force de leur pouvoir hégémonique, Mac Do par exemple....et woui, la force est quand même de ce côté ci, il me semble... ne vous trompez pas d'ennemi... vous invoquez le pacifisme, pas de problème... dans ce cas, un des seuls moyens en notre possession pour marquer les choses à grande échelle, est celui des urnes, à l'échelle nationale et européenne... mon choix est tout trouvé et ce sera celui qui porte l'écologie comme fondement et non comme substrat... vous êtes dans le "ce n'est pas possible"... il fut un temps où contre le servage, ce n'était pas non plus possible et on peut multiplier les exemples... vous invoquez la passion contre la raison, effectivement là, gros problème, on peut aussi évoquer le principe de plaisir et celui de réalité: en psychologie, celui qui attend le principe de réalité, c'est l'adulte... effectivement nous sommes dans une société consumériste (merci les multinationales et le primat de l'économie sur tout le reste) basée sur le principe de plaisir qui fait de nous des immatures centrés sur notre toute puissance... vous voulez en rester là, pas moi...

Bruno Bombled : Oui il y a beaucoup de choses justes dans ce que tu dis là, mais non je ne crois pas que mon frère ait jamais dit qui souhaitait "en rester là". Il a juste une approche plus pragmatique que la notre qui sommes des révoltés et des impatients, mais comme nous, il est conscient des méfaits des notre monde et s'il le pouvait il changerait tout d'un seul coup ... mais il sait très bien que ce n'est pas possible, qu'il faut faire avec les humains qui l'entour, aussi il déplore que les choses soit longues à changer mais il n'y peut rien, aussi il passe par l'explication, les petites avancées. Et c'est utile car il est crédible pendant que nous, nous qui nous agitons, qui vociférons, qui râlons contre tout (à juste raison par ailleurs) nous perdons chaque jours plus d'audience ... ce qui est contre productif. Nous ne pouvons malheureusement pas faire le bonheur des gens contre eux, il nous faut faire avec eux. Et c'est lent, très lent, trop lent.

Catherine Pigré : J'ai bien compris son point de vue... mais pourquoi n'avons nous pas d'audience ? vous voulez vous soumettre à la grande majorité qui n'a pas d'exigence, qui ne veut pas se remettre en question, qui n'entend répondre qu'à ses désirs de toute puissance... c'est de ça que nous sommes malades... désolée mais je ne choisis pas le nivellement par le bas...

Christophe Bombled : J'entends très bien vos arguments avec lesquels je suis d'accord pour la plupart. Je pense aussi que Bruno a été très clair sur ma position. Ce que je nous reproche, c'est l'absence de discours positif, nous sommes au fond des conservateurs qui nous opposons à tout. Je ne dis pas qu'il faut tout accepter, être naïf, la critique est indispensable, mais il faut quand même reconnaître que si nous sommes doté d'une certaine lucidité pour faire certains constats, nous ne sommes pas doués pour ce qui est d'entraîner la société dans notre sillage. Maintenant j'irai plus loin, nous reprochons à "nos adversaires" leur incapacité à changer de logiciel. Mais nous, sommes nous capables de changer de logiciel et d'interroger nos modèles de pensée qui, pour beaucoup, sont nés dans les années 1970, au regard des enjeux présents et futurs et des savoirs actuels ? Par exemple (attention, je m'attaque à un sujet tabou, âme sensible s'abstenir), plus le temps passe, plus je m'interroge sur la fixation que nous faisons sur le nucléaire. Les choses étant ce qu'elles sont et compte tenu de l'urgence et de la gravité climatique, je pense par exemple qu'il conviendrait de faire un moratoire sur la lutte contre le nucléaire et se mobiliser nos forces sur les économies d'énergie et l'efficacité énergétique et sur notre sevrage au pétrole qui passe par une réorganisation du territoire (en gros, repeupler les petites villes et vider les banlieues pavillonnaires) et par une réflexion sur les transports en commun et par un travail sur les huiles d'algues auxquelles je crois beaucoup pour le remplacer (au moins partiellement). Je m'explique, compte tenu du niveau de notre consommation d'énergie électrique en France, il est illusoire de penser que l'on pourra remplacer (et en plus rapidement) celle-ci par de l'électricité issue exclusivement des énergies renouvelables (sauf à noyer des vallées entières dans les Alpes, couvrir le pays d'éoliennes, couvrir les toits de PV, repenser entièrement le réseau électrique, le tout à un prix astronomique, cela me fait beaucoup de mal de le dire, mais c'est malheureusement le constat que l'on peut faire quand on se penche sur les chiffres). En plus, l'exemple allemand montre que les énergies renouvelables (qui sont extrêmement consommatrices en métaux dans des proportions bien plus importantes que les autres énergies) ne viennent pas remplacer les énergies fossiles et nucléaires, mais viennent se rajouter à elle. Par ailleurs, la sortie du nucléaire entraîne chez nos voisins un boum du charbon qui est une vraie saloperie. Le Japon va pour sa part se doter massivement de centrales au gaz, ce qui, compte tenu de sa consommation, va tendre un peu plus le marché et donc creuser encore plus les déficits publics français ce qui va encore plus nous ralentir dans la prise de virage nécessaire, encourager l'exploitation des gaz de schiste (étant précisé que les japonais travaillent à récupérer les hydrates de méthane pour sortir de leur dépendance énergétique, s'ils y arrivent, ce sera une vraie catastrophe climatique car les réserves mondiales sont immenses) et accélérer le relargage de tonnes supplémentaires de co² dans l'atmosphère. Est-ce cela que nous voulons ? Moi pas. Je me répète, si je ne crois pas, pour beaucoup de raisons, que la solution à terme passe par le nucléaire, je pense qu'actuellement, nous devons peut-être accepter de faire avec, pour nous concentrer sur les économies d'énergie qui rendront certainement a terme plus pertinentes les énergies renouvelables. Je ne sais pas si la vérité est là, ce que j'essaye de faire, c'est d'interroger mon logiciel et de voir honnêtement si je suis capable de le changer face à des arguments pertinents. C'est un exercice bien difficile(en tous les cas pour moi) et qui force à la modestie.

Catherine Pigré : "Il faut sans cesse s'appuyer sur une avant-garde agissante. Il n'existe jamais de consensus préalable à l'innovation. On n'avance pas à partir d'une opinion moyenne qui est, non pas démocratique, mais médiocratique ; on avance à partir d'une passion créatrice. Toute innovation transformatrice est d'abord une déviance." Edgar Morin...

Christophe Bombled : Intéressant, Edgard Morin parle de passion et non de raison (voir plus haut). Toutefois, cette phrase n'est qu'un constat et ne démontre nullement qu'être à la marge est suffisant pour penser que l'on a raison. Hitler, Staline, Pol pot et beaucoup d'autres grands criminels (la liste est effroyablement longue) étaient d'abord à la marge, mais ils ont su, en jouant sur le registre émotionnel et en bridant tout débat démocratique, entraîner des millions d'hommes dans leur folie de haine destructrice. Maintenant, je pense qu'effectivement il est indispensable qu'il y ait des gens à la marge qui remettent en cause le fonctionnement de nos sociétés, mais pour autant cela ne doit pas les dispenser de se soumettre à la critique démocratique, c'est même le seul moyen pour tout le monde d'évaluer si les thèses qu'ils défendent sont bénéfiques (fin de l'esclavage, égalité des sexes, mariage homosexuel,...) ou maléfiques.

Catherine Pigré : Passion CREATRICE et INNOVATION transformatrice... n'oubliez pas tous les termes...on est dans la conviction mais aussi la transformation, le projet et pas le projet DESTRUCTEUR (à la différence de Hitler, Staline PolPot) donc la raison... E.MORIN se situe dans le champ de la démocratie...On n'avance pas à partir d'une OPINION MOYENNE qui est, non pas démocratique mais MEDIOCRATIQUE"... L'opinion moyenne aujourd'hui, c'est celle qui s'incarne dans le consumérisme et donc la toute puissance (passion) qui n'a rien de créateur (soumission au pouvoir des marchés et perte de la notion du politique par la PERTE DU LIBRE ARBITRE, condition essentielle pour bouleverser les choses : un beau conditionnement... Hitler et consort doivent être vexés car on peut savoir réagir à la force physique, mais peu à la force mentale et psychologique, en tout cas, c'est encore trop long dans nos sociétés peu au fait de ces mécanismes)... l'opinion moyenne est donc bien médiocratique (constat et non jugement) et le désir de rassemblement pour une transformation ne tient donc pas... l'absence de conscience de cette opinion moyenne est bien un obstacle car elle se suffit seulement d'ajustements et non de transformation...

Christophe Bombled : Certains vous diront que votre projet n'est pas créateur puisqu'il consiste au préalable à détruire le système capitaliste. Par ailleurs, les monstres sanguinaires dont nous parlons étaient dans une passion créatrice (délirante et abjecte) et une innovation transformatrice (mais destructrice). Maintenant, je suis d'accord, il est exact que l'innovation ne provient pas du consensus (ce serait d'ailleurs contraire au principe de l'homéostasie). En revanche, il est nécessaire qu'il y ait consensus pour que l'innovation perdure. Une innovation imposée de force ne survit pas très longtemps (car là encore contraire à l'homéostasie). Il suffit de voir ce qu'a donné comme résultat le mythe de la dictature du prolétariat. On ne commence pas à avancer à partir d'une opinion moyenne, certes, mais on ne peut pas continuer à avancer sans cette opinion moyenne (sauf à vouloir considérer que la société est au service de nos idées personnelles, ce qui est de la dictature). On en revient donc à ce que je soutenais au début de ce long échange (dont je vous remercie bien chaleureusement au passage), à savoir que pour qu'une idée innovante perdure, elle doit nécessairement faire l'objet au minimum d'une adhésion majoritaire en démontrant qu'elle n'est pas mortifère lors du passage de l'application particulière à l'application générale pour ensuite faire consensus jusqu'à la prochaine innovation. Dans ce processus, l'idée innovante initiale fera nécessairement l'objet d'ajustements et de compromis (notamment en raison du changement d'échelle : on passe d'une application micro à une application macro : par exemple, c'est peut-être une bonne idée au niveau individuel d'avoir une piscine particulière de 40 m², cela l'est surement moins au niveau collectif si tout le monde en a une de cette surface, le compromis serait peut-être que soit chacun ait une petite piscine à boudins ou encore qu'il y ait de grandes piscines collectives) afin que la majorité puisse se l'approprier et en bénéficier. Et tout cela, de mon point de vue, ne peut se faire que dans le dialogue, ce qui est long, très long.

Catherine Pigré : Nous sommes d'accord : ce qui est long, très long... or, il y a urgence, on fait comment ? "on ne peut pas continuer à avancer sans cette opinion moyenne", certes mais je pense que vous ne prenez pas assez en compte l'état des mentalités de nos sociétés : l'opinion moyenne est aujourd'hui dans une démarche individualiste qui a oublié le sens de l'intérêt général, un beau travail de la pensée consumériste, bien joué... on opère sur le terrain du conditionnement et ce n'est pas une mince affaire, il est en marche à l'échelle mondiale depuis la fin de la guerre, je vous raconte pas le boulot... des générations entières sont inscrites dans ce conditionnement... pourquoi l'écologie politique (qui a pour essence l'intérêt général et un intérêt général élargie à tout le vivant) ne marche pas et bien pour cette essentielle raison, je pense... On est dans l'esprit social d'avoir pour être... Votre exemple de la piscine est intéressant comme illustration : la piscine collective suffit, je pense, il y en a à foison, car elle s'inscrit dans une rationalisation de l'eau et offre l'ouverture vers l'autre...la piscine à boudins est encore une manifestation de l'avoir pour être car elle est à multiplier en millions (et woui, nous ne sommes pas seuls) et pas de rationalisation de l'eau, utilisation de matières douteuses à la fabrication et peu d'ouverture à l'autre... et mieux que tout cela, il y avait les rivières, les lacs... pollués ou à sec par notre soif d'avoir... dommage... urgence et dégradation du sens de l'intérêt général... on fait comment? Et merci aussi pour cet échange...

Bruno Bombled : C'est moi qui vous remercie tous les deux pour ces échanges véritablement intéressants.