"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 31 juillet 2014

Une société sans croissance ...


L’entrée des démocraties occidentales dans une ère sans croissance paraît de plus en plus crédible. [...]

Nicolas Sarkozy se faisait fort d’aller la «chercher avec les dents», tandis que François Hollande la guette désespérément. En son nom, Pierre Gattaz prétend «tout renégocier»: aucun sacrifice ne serait de trop pour précipiter son retour, du Smic aux seuils sociaux dans les entreprises. Au niveau de l’Union européenne (UE), une stratégie baptisée «Europe 2020» lui a été dédiée, en l’affublant des adjectifs «intelligente, durable et inclusive».

L’expansion en volume du produit intérieur brut (PIB), soit la fameuse «croissance», a fini par bénéficier dans nos sociétés d’une adoration quasi religieuse. Et pourtant, nous allons peut-être devoir nous en passer, ce qui constitue un élément majeur à prendre en compte pour tout essai de prospective politique.

La fin de la croissance apparait bien sûr comme un horizon positif pour certains citoyens de sensibilité écologiste. Elle représenterait une chance de limiter suffisamment le réchauffement climatique, pour que celui-ci n’entraîne pas l’effondrement de la civilisation humaine. Ceux qui attendent cette fin sont cependant une minorité. L’invocation permanente dont la croissance fait l’objet, malgré ses coûts humains et environnementaux, équivaut en effet à «une croyance partagée, [plus forte que le savoir], qui rassemble toute la société» (Gilbert Rist, dans le magazine «Le Un» du 9 juillet 2014).

[...] Le postulat du caractère probable de la (quasi) disparition de la croissance, une fois pris au sérieux, oblige en effet à prendre conscience du contraste nécessaire qui se développera entre les coordonnées de la vie politique des années «Trente Glorieuses», qui impriment encore les imaginaires, et celles de la vie politique telle qu’elle évolue déjà.

L’hypothèse de plus en plus sérieuse d’une ère de «grande stagnation»

La thèse d’un essoufflement de la dynamique expansive du capitalisme a longtemps été confinée dans des cercles d’économistes d’inspiration marxiste, qui n’en ont pas moins nuancé et raffiné la prophétie d’un effondrement final du système sous le poids de ses contradictions.

C’est en particulier autour de la Monthly Review, aux Etats-Unis, que plusieurs auteurs ont développé un raisonnement faisant de la financiarisation une réponse fonctionnelle à la tendance à la stagnation des économies occidentales matures. Il faut admettre que ce modèle rend compte de façon assez cohérente de la crise des subprimes et de sa diffusion. Alan Freeman est allé dans le même sens, en montrant que les booms sont les exceptions à expliquer dans l’histoire du capitalisme, bien plus que les phases de dépression, lesquelles apparaissent au contraire comme une sorte de «pente naturelle» du système.

La nouveauté ces dernières années consiste dans la reprise, sinon de ces arguments, en tout cas du pronostic d’une ère longue de stagnation, de la part d’économistes relativement mainstream. Paul Krugman en a ainsi accepté l’hypothèse dans les colonnes du New York Times, tandis que Thomas Piketty, l’auteur du fameux Capital au 21ème siècle, a mis en garde contre l’accentuation à venir du décalage entre d’un côté la hausse continue du patrimoine des plus favorisés, et de l’autre l’évolution plus modeste de la production réelle et des revenus salariaux ordinaires. Interrogé par Télérama, il assure que «les Trente Glorieuses furent une exception; la normalité, c'est 1 % de croissance!».

La probabilité que la crise actuelle débouche sur une stagnation durable du «fétiche PIB» est de fait rendue crédible par de simples constatations empiriques. Au-delà des cycles conjoncturels, il apparaît ainsi que sur le long terme, dans les pays riches mais aussi à l’échelle mondiale, la tendance est au déclin de la croissance et des gains de productivité qui en ont été un moteur crucial.

Pour expliquer cette situation et pourquoi elle va durer, un certain nombre d’arguments ont été avancés par des chercheurs aux sensibilités assez variées, de l’économiste américain Robert Gordon aux auteurs de Penser la décroissance, en passant par le journaliste Richard Heinberg (La fin de la croissance). Ces arguments portent autant sur le développement intensif du capitalisme que sur son développement extensif.

Concernant le premier aspect, il s’agit d’admettre qu’en raison du poids des services, de la trajectoire déjà parcourue par les systèmes techniques, et de l’improbabilité d’un phénomène aussi structurant que l’a été la révolution automobile, les gains de productivité sont appelés à rester bien plus faibles qu’ils ne l’ont été au cœur du 20ème siècle, pendant l’ère fordiste.

Concernant le second aspect, il s’agit de prendre conscience du problème posé par la dépendance que nos sociétés complexes entretiennent avec des flux constants et gigantesques d’énergie. En effet, cette dépendance est de plus en plus délicate à maîtriser, d’autant que de nombreuses ressources se font de plus en plus rares et/ou coûteuses à extraire, y compris certains métaux pourtant indispensables aux stratégies de croissance «verte». C’est ce que traduit l’idée de «pic géologique et énergétique», que certains ont appelé le peak everything (littéralement, le «pic de tout»).

A ces deux ensembles d’arguments économiques et écologiques, un troisième pourrait être ajouté, d’ordre plus politique. Le sociologue Wolfgang Streeck a récemment émis l’hypothèse que le capitalisme n’avait plus d’adversaires assez puissants pour le corriger de ses tendances au chaos et au déclin. Le résultat à en attendre serait la poursuite paroxystique de sa tendance inégalitaire et ploutocratique, laquelle irait de pair avec la financiarisation et la stagnation de l’économie réelle, ces trois dynamiques s’entretenant mutuellement.

Or, s’il est avéré que la croissance ne reviendra pas (ou seulement de manière éphémère), les implications socio-politiques de cet état de fait seront majeures. Comme le relève Dominique Méda, nos sociétés sont «fondées sur la croissance». Cela signifie que dans le cadre économique et institutionnel en vigueur, un certain nombre de maux sociaux (dont le chômage de masse) se révèlent impossibles à guérir sans son concours. De plus, sans «le grain à moudre» fourni par une expansion continue, les conflits distributifs sont amenés à faire de plus en plus de perdants.

[...]

Extrait de : "Une société sans croissance: la politique à l’heure de la «grande stagnation»" de Fabien Escalona - slate.fr - 28.07.2014

En clair, il nous faudra donc nous adapter à notre nouvelle réalité économique ou bien disparaître corps et âmes.

mercredi 30 juillet 2014

Nature : l’exception culturelle française


Quand on voit l’hystérie provoquée par 300 loups en France, alors que le calme règne chez nos voisins où il est également de retour (Allemagne, Suisse) et là où il a toujours existé (Italie, Espagne), on est en droit de se demander ce qui ne tourne pas rond dans l’Hexagone.

Justement, si le loup est si mal accueilli, y compris dans certains parcs nationaux, c’est parce qu’il fait irruption dans un paysage entièrement domestiqué, véritable usine de fabrication à ciel ouvert des produits du terroir. Cette bestiole sauvage qui apparaît soudain dans ce grand jardin à la française aux allées bien droites, ça fait tache ; pour tout dire, c’est l’anarchie.

En fait, le loup n’est qu’un révélateur, celui d’une France très anti-nature arc-boutée sur ses pratiques rurales, intolérante vis-à-vis de ce qui n’est pas domestique. On chasse dans la majorité des réserves naturelles, on exploite la forêt partout à l’exception des trop rares réserves intégrales, on laisse paître les troupeaux au cœur des parcs nationaux de montagne, ce qui conduit les Cévennes à s’opposer à la présence du loup et les Écrins à faire une battue en zone centrale pour l’en faire sortir, alors que les parcs nationaux sont faits pour protéger la nature sauvage et pas les animaux domestiques.

Pendant ce temps-là, les parcs nationaux allemands agrandissent les surfaces laissées en libre évolution sans agriculture ni sylviculture (Hainich, Forêt Noire, Eifel).

En France, le fait de soustraire des sites naturels à certaines activités humaines, agricoles et forestières, qui influencent fortement la dynamique naturelle est non seulement une mission impossible mais n’est pas souhaité par les autorités publiques ni par les nombreux acteurs du monde rural. Et, comme si cela ne suffisait pas, le lynx a quasiment disparu du massif vosgien trente ans après sa réintroduction, sans aucune réaction du ministère de l’Écologie, qui avait défendu ce projet à l’époque ; les forêts doivent produire plus en perdant leurs vieux arbres pour les unes et en se transformant en plaquettes pour les autres ; enfin, la loi du Grenelle 1 (article 23) prévoit que les plans de conservation de la nature doivent être compatibles avec les activités humaines mais pas l’inverse. Tout est dit sur les priorités de notre pays en matière de protection de la nature.

D’où vient cette intolérance, pour ne pas dire cette haine, envers la nature sauvage, véritable exception culturelle française ? Cela vient de la primauté du ruralisme et du monde agricole, et du fait que l’agriculture industrielle est une cause nationale. Avec un tel rôle économique et le soutien sans limites de l’État, le monde agricole a eu les pleins pouvoirs (contrôle du foncier, syndicat tout-puissant, création d’un organisme de recherche à son service, soutien inconditionnel de la classe politique, subventions françaises et européennes, etc.) pour mettre l’espace rural sous sa coupe et opposer son veto systématique à tout projet de protection de la nature menaçant ses intérêts.

Ce rôle démesuré accordé au monde agricole dans l’espace rural est de plus facilité par le centralisme jacobin et par le zèle des corps d’ingénieurs d’État (notamment celui du génie rural), autre particularité française, dont la formation cartésienne ne laisse aucune place à une approche sensible.

Jean-Claude Génot (écologue)

Il nous faut donc, en même temps qu'une transition énergétique de notre pays et de l'Europe, une transition écologique de l'agriculture qui soit, bio, vivrière et locale, loin de l'industrie mais en lien avec le reste du vivant pour retrouver une France sauvage et équilibrée, pour que notre pays ne soit plus jamais un jardin à la française ... il n'existe pas d'autres voies de salut que celle de la raison écologique.

Bruno BOMBLED



Photo : J.-L. Klein & M.-L. Hubert / Biosphoto

dimanche 20 juillet 2014

Israël-Palestine : pour une paix durable

"Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. Les gens apprennent à haïr, et s'ils peuvent apprendre à haïr, alors on peut leur enseigner aussi à aimer, car l'amour naît plus naturellement dans le cœur de l'homme que son contraire." Nelson Mandela

Il est un fait à reconnaitre et je vous l'accorderai, je ne connais la situation d'Israël et de la Palestine qu'à travers ce que je lis et j'entends depuis 46 ans, c’est-à-dire avec la possibilité de me faire manipuler. Aussi je m'abstiendrai de porter sur un jugement manichéen sur un conflit aussi complexe et auquel je ne connais pas grand-chose, ni géopolitiquement, ni religieusement, ni viscéralement. J'éviterai de désigner des bons est des méchants même si, comme tout bon observateur étranger pacifiste et idéaliste, disciple de Martin Luther King, de Gandhi et de Mandela, je choisirais le camp de la paix, car l'idée d'un conflit généralisé, comme seule solution, m'est impensable. Mais, même si je n'ai jamais connu la guerre, ni jamais connu ce que c'est que d'être au sous-sol, comme l'ont connu mes parents entre 42 et 45, en entendant siffler les bombes avec mes enfants et que ma prise de position pourra paraitre quelque peu bobo, je m'exprimerai quand même. Je m'exprimerai quand même "moi qui ai toujours aimé tous les Robins des Bois, Les peuples insoumis". Je m'exprimerai quand même car je suis héritier (Cf : "Indignez vous" Stéphane Hessel) de la résistance française, celle qui s'est battue contre l'envahisseur fasciste, celle de la France éternelle, la belle, la rebelle et ainsi mon cœur et mon esprit ne peut rester sans réagir. Certes mon texte vous paraitra un peu naïf et un peu court face à une situation conflictuelle qui dure depuis 70 ans, mais mon texte aura l'envie d'être juste. Certes, également, mon texte ne changera par le cours de l'histoire mais ce texte sera ma contribution de colibri dans le grand maelström des événements.

En préambule et avant toute chose je revendique le droit, sans être taxé d'antisémitisme, de critiquer et de condamner la politique fasciste d'Israël car je réaffirme mon amitié et mon respect pour tous les croyants Juifs pacifistes et épris de justice. Je revendique le droit, sans être taxé d'islamophobie, de condamner les intégristes musulmans qui, sous prétexte d'avoir une vertu religieuse, en ont oublié d'en avoir une morale. En préambule toujours, je considère toujours que les Palestiniens ont le droit à un Etat, qui coexisterait avec celui d’Israël et que la politique de colonisation des territoires occupés est une offense et un crime contre l'humanité. De plus il est clair que nous ne pouvons accepter les massacres de civils ... d'où qu'ils viennent. Je réaffirme, aujourd'hui comme hier, que je ne peux accepter le massacre et/ou la déportation de familles ... ceux qui s'y livrent ne sont pas dignes d'être appelé humain. En préambule enfin, je réaffirmerai mon attachement aux combats de Yasser Arafat qui, après avoir été un guerrier avant d'être un pacifiste, avait toujours eu l'honneur de ne faire la guerre que contre une armée. Yasser Arafat qui, le 14 décembre 1988 réaffirmait que ses vœux de paix aillent à "l'État de Palestine, Israël et les autres voisins", et qu'il "renonçait à toute forme de terrorisme, incluant le terrorisme individuel, de groupe ou d'État".

Ces préambules passés, entendons que des leaders sud-africains reconnaissent dans le traitement qui est fait au peuple palestinien un apartheid semblable à celui qu'ils ont connu dans le passé. Voyons aussi que tout un pan de la population palestinienne, athée, humaniste, humain, qui se contrefiche de l'appartenance religieuse de son voisin et veut simplement vivre en toute dignité et liberté, avec des droits basiques, souffre. Ma pensée ira donc aux peuples qui souffrent est qui sont les otages de fanatiques religieux tant juifs qu'islamistes. Ma pensée ira aux peuples qui souffrent, victimes de ces caricatures cauchemardesques d'Hommes de foi, de ces insultes aux messages de paix et d'amour qu'ils prônent. Ma pensée ira pour ces victimes, en demandant l'arrêt des frappes israéliennes, puis l'instauration de conditions de vie durables et dignes en Palestine et à Gaza, en particulier, qui n'est rien d'autre qu'un immense camp de concentration. Ainsi, comme j'ai dénoncé avec d'autres, en son temps, l'apartheid en Afrique du Sud, je dénoncerai encore et toujours, à ceux qui veulent l'entendre, cette ségrégation inique.

Dans le même temps, j'entends la colère qui gronde. Colère qui serait légitime si elle n'était pas religieuse. J'entends la colère qui monte, mais je n'y vois pas une noble colère, une colère constructive qui pousse à se défendre pour trouver, ensuite, le chemin de la paix avec ses ennemis. J'entends une colère raciste, exterminatrice ... religieuse. Car il m'est impossible de ne pas constater, qu'aujourd’hui, le conflit israélo-palestinien est, en grande partie, instrumentalisé par les extrémistes religieux aussi bien israéliens que palestiniens et par ceux qui, en France, font la guerre avec la peau des autres. Alors, malgré l'impression de lâcheté que cela procure, je ne peux défendre le peuple palestinien à travers le HAMAS. Moi qui ai toujours aimé les résistants, je ne vois pas, dans le HAMAS, cette qualité, comme je ne vois pas dans le gouvernement israélien ce qui devrait être la grandeur humaine. Je ne suivrai pas le politiquement correct fusse-t-il de Gauche, car je ne vois pas dans cette colère, qui anime les deux parties, se revendiquant pourtant du même livre originel, la volonté de paix et d'amour de son ennemi que leur dieu de miséricorde leur enseignerait pourtant. "être libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres" Nelson Mandela.

Alors non je n'irais pas manifester aux cotés de religieux, même si cela est pour dénoncer une extermination ethnique, car je sais que, la victoire venue, ces religieux, victimes aujourd'hui, deviendrons les bourreaux de demain. Je n'irai pas manifester aux cotés des amis de Dieudonné. Ma prise de position sera, alors, celle de Leïla Shahid qui seule est légitime pour parler. Leïla Shahid que j'ai toujours eu envie de suivre et d'écouter sur ce sujet. Leïla Shahid femme debout. Leïla Shahid femme déterminée, sans concession mais toujours pacifiste. Quand je pense au peuple palestinien c'est à travers son action que je le vois. Et mon blog sera ma prise de position qui condamnera les propos irresponsables de notre président et de notre premier ministre qui légitiment les frappes d'Israël contre un peuple qui ne plie pas depuis 70 ans. Mon blog sera ma dénonciation du massacre de familles palestiniennes. Mon blog sera ma façon de demander une intervention, sans atermoiement, de l'ONU qui a reconnu l'état palestinien en 1988. Mon blog sera ma façon de demander le retour aux frontières de 1947, au retrait des colonies juives et à la coexistence de deux états. Mon blog sera ma façon de d'appeler au cessez le feu, à la paix et au soutien international du peuple palestinien. Mon blog sera ma façon de rappeler que Mandela a, un jour, remercié les peuples des nations occidentales d'avoir boycotté l'Afrique du Sud ayant, sans conteste, participé à sa victoire.

Dans cette veine là, dans l'immédiat et dans un contexte où l'on ne voit aucun signe, ni même une volonté d'apaisement du conflit, j'en arrive à me dire qu'il n'y aurait aucune autre solution que de voir la communauté internationale mettre sous tutelle ces pays dont les dirigeants successifs ne parviennent pas à s'entendre. Une mise sous tutelle qui durerait plusieurs dizaines d'années, le temps de laisser une nouvelle génération arriver aux commandes avec de véritables objectifs de paix durable. Cela aurait été un beau job pour Mandela.

Mais en attendant, force est donc de constater que tout est donc bien dans le meilleur des mondes puisque la haine se porte bien. Israël fait chier son monde et joue les fachos, les islamistes terrorisent l'humanité, les Russes et les ricains nous rejouent l'escalade belliqueuse. Pendant que l'humanité se focalise sur ses haines, le temps passe et les crises environnementales, climatiques, métalliques et énergétiques, qui conditionneront la survie ou la disparition de notre espèce, à moyen terme, s'aggravent chaque jour un peu plus. Alors qu'il faudrait une union sacrée pour affronter et regarder le dragon dans les yeux, l'humanité préfère se foutre sur la gueule ou jouer au foot. Tout est bien, tout est bien.

Bruno BOMBLED

dimanche 13 juillet 2014

Notre Dame des Landes et TAFTA ... même combat.


Dans son édito du 5 juillet 2014, dans Reporterre, Hervé KEMPF nous pose la question de quel pourrait être l’avenir de la ZAD et quelles sont les questions qui se posent à ceux qui y vivent et à ceux qui s’en sentent proches par la pensée, l’amitié ou la solidarité ?

En préambule il s'empresse de nous avertir que "la page n’est pas encore tournée" à Notre Dame des Landes et que "la victoire n’est pas encore acquise". Que certes, Jean-Marc Ayrault n’est plus Premier ministre et que l’intérêt des pouvoirs pour le projet d’aéroport est maintenant très limité. Que certes, le lancement par la Commission européenne en avril dernier d’une procédure d’infraction contre la France, sur le dossier de Notre Dame des Landes, est un coup très dur porté aux promoteurs du projet et que certes de nombreux indices permettent de penser que ces promoteurs se fatiguent et perdent de leur énergie. Mais véritablement la victoire n’est pas acquise pour autant. Ainsi "la vigilance, la résistance, dans une veille d’autant plus difficile que l’adversaire semble s’assoupir" sont on ne peut plus nécessaire d'autant plus "que l’attention du public se détache de l’enjeu".

Mais qu'y a-t-il derrière Notre Dame des Landes ? Il y a un emballement des politiques soutenus par les capitalistes qui pensent que le salut de leur monde viendra de la croissance. Une croissance qui passera par l'exploitation des plus humbles et la destruction de l'environnement car il ne peut en être autrement puisqu'il n'y a pas assez, sur cette Terre, pour assouvir toutes les avidités. Notre-Dame des Landes est bien l'exemple concret de cette dynamique mortifère : un programme daté et démesuré, dispendieux et reconnu comme inutile, projeté au détriment d'une nature généreuse et d'un climat malmené. "Une chose frappe dans l’état actuel de déliquescence du capitalisme, c’est qu’il déploie une énergie stupéfiante pour se maintenir malgré le délabrement généralisé qu’il provoque tant dans la vie de la biosphère que dans le champ des relations humaines" poursuit Hervé KEMPF.

"Par exemple, on aurait pu penser qu’après l’échec subi en Europe dans la tentative d’imposer les OGM et qu’au vu des conséquences néfastes de leur culture maintenant visibles aux Etats-Unis ou en Argentine, la bataille contre les OGM était gagnée. Eh bien non. A peine le front des opposants aux OGM a-t-il paru s’affaiblir que les multinationales et les zélateurs des transgéniques sont repartis en Europe à l’assaut." (Hervé KEMPF)

Comme pour s'en convaincre, actuellement, L’Union Européenne et les États-Unis négocient - avec un blanc-seing unanime des députés européens français allant du PS à l'UMP en passant par le centre et les amis de Corinne Lepage - un accord de libre-échange, dit TAFTA (Transatlantic Free Trade Agreement). Ces négociations opaques se déroulent dans le dos des peuples d’Europe et d’Amérique du Nord. Elles visent à établir un grand marché transatlantique qui consacrerait la domination des multinationales européennes et américaines au détriment des citoyens de part et d’autre de l’Atlantique. Sous couvert d’une hypothétique relance de la croissance, ces négociations risquent de niveler par le bas les normes sociales, économiques, sanitaires, culturelles et environnementales. Ces nouvelles normes seraient placées sous le contrôle de tribunaux supranationaux d’arbitrage privés, hors de tout contrôle démocratique.

Ce traité, aux noms et aux périmètres des plus variés pour mieux embrouiller les esprits (TAFTA, PTCI, TTIP, GMT, TTIP, TISA ...), est donc une hydre de plus, inventé par les puissances de l'argent pour profiter encore et toujours plus, aux détriments du reste de l'humanité. "Les capitalistes, les productivistes, les croissancistes, les dominants, appelez-les comme vous voulez, n’abandonnent pas un terrain tant qu’on ne leur a pas fait rendre gorge. L’impunité dont ils jouissent aujourd’hui dans la gestion du système social planétaire fait que, s’ils sont contraints de reculer face à une résistance particulière, ce recul n’est que temporaire." (Hervé KEMPF). L'abandon, en octobre 1998, de l’Accord Multilatéral sur l’Investissement (AMI), qui avait été négocié secrètement au sein des vingt-neuf pays membres de OCDE entre 1995 et avril 1997, qui proposait une libéralisation accrue des échanges et qui entraîna de vives protestations de la part des partisans de l'exception culturelle, des mouvements de défense de l’environnement et de quelques mouvements syndicaux lors de sa divulgation au grand public par des mouvements de citoyens américains, en est un exemple. Les capitalistes, tu les chasses par la porte ils reviennent par la fenêtre. Tu les chasses avec l'AMI, ils reviennent avec TAFTA. Mais, comme nous pouvons voir le verre à moitié vide, nous pouvons aussi le voir à moitié plein et vu comme ça cela donne l'espoir de gagner contre cette Nième tentative, des ultra-libéraux, de nous réduire à l'état de potentiel financier pour eux.

Ainsi donc, à n'en pas douter, la liberté et la démocratie auront un sursis de plus grâce à la mobilisation de tous. Comme nous avons fait capoter l'AMI, nous ferons capoter TAFTA et la ZAD, à l'instar du Larzac, restera l'image de la lutte, de la résistance et de la victoire des Hommes libres contre les puissants qui voudraient nous imposer un monde qui n'est pas le notre.

A cette heure et à l'instar de nombreuses collectivités territoriales, villes (Sevran, Morsang sur Orge ...), départements et régions (Région Ile de France, ...), qui, depuis avril 2014, ont adopté une motion pour se déclarer symboliquement « hors TAFTA », Notre-Dame des Landes s'est déclarée, à sont tour, les 5 et 6 juillet 2014 commune refusant ce dictat.

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Dix bonnes raisons de stopper TAFTA

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Nos normes plus strictes que les normes américaines et que les « normes internationales » (niveaux de pesticides, contamination bactérienne, additifs toxiques, OGM, hormones, etc.), pourraient être condamnées comme «barrières commerciales illégales»

GAZ DE SCHISTE
Les pays européens ne réglementeraient plus les exportations de gaz naturel vers les nations TAFTA. La fracturation hydraulique pourrait devenir un droit pour les sociétés qui pourraient exiger des dommages et intérêts auprès des nations qui s’y opposent.

EMPLOI
Les entreprises souhaitant délocaliser dans les états concernés par le projet TAFTA où les salaires sont inférieurs, seraient protégées. L’Inspection et le code du travail devenant illégaux, plus de préavis de licenciement. Pôle emploi devrait être privatisé ou serait attaqué en justice par les sociétés d’intérim pour concurrence déloyale. Les conséquences du TAFTA sur le taux de chômage en Europe ne seraient que néfastes.

SANTÉ et RETRAITES
Les médicaments pourraient être brevetés plus longtemps, les groupes pharmaceutiques pourraient bloquer la distribution des génériques. Les services d’urgence pourraient être privatisés. Les Assurances privées pourraient attaquer en justice les CPAM pour concurrence déloyale. Les retraites par répartition pourraient être démantelées, les compagnies d’assurances se substitueraient aux CRAM,ARRCO, AGIRC...

EAU et ENERGIE
Ces biens seraient privatisables. Toute municipalité s’y opposant pourrait être accusée d’entrave à la liberté de commerce, idem pour l’énergie (fossile, nucléaire ou renouvelable). La sécurité nucléaire serait réduite. Le prix du gaz et du kW serait libres.

LIBERTÉ et VIE PRIVÉE
Grâce à la révolte publique, les sociétés espérant enfermer et monopoliser l’Internet ont échoué l’année dernière à faire adopter leur ACTA répressif ; des textes plus pernicieux sont dans le TAFTA.

SERVICES PUBLICS
Le TAFTA limiterait le pouvoir des États à réglementer les services publics tels que : services à la personne, transports routiers, ferroviaires, etc. et réduiraient les principes d’accès universel et large à ces besoins essentiels.

CULTURE et PRODUCTION ARTISTIQUE
Les gros producteurs d’audiovisuel pourraient interdire les productions privées ou professionnelles à faible budget comme youtube, vimeo, dailymotion, les financements collaboratifs seraient rendus illégaux. Les musées nationaux perdraient leur droit de préemption sur les trésors artistiques nationaux au profit de collectionneurs privés.

ENSEIGNEMENT
Les universités privées pourraient attaquer en justice l’Éducation nationale pour concurrence déloyale. De la maternelle au doctorat, les sociétés privées contesteraient aux écoles, cantines scolaires et resto U, toutes subventions municipales, régionales ou nationales.

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mardi 1 juillet 2014

L’impossible croissance

L'article (lire ci-après) de l’environnementaliste Georges Monbiot, intitulé “The impossibility of growth” et publié dans "the Guardian" le 28 mai 2014, ne pose pas seulement la question, éminemment systémique, de l’impossibilité de la croissance, Mais une autre, éminemment systémique, elle-aussi, de savoir pourquoi, nous humains, qui ne pouvons pas ne pas savoir cela, au moins intuitivement, ne pouvons et surtout ne voulons rien changer. Il semble qu’une sorte de fatalisme destructeur, cosmologique, analogue sous d’autres formes à celui qui avait provoqué la ruine de Vénus et de Mars en tant que planètes habitables, s’exerce implacablement sur la Terre, et sur nous tous. Ne pensez vous pas qu’il faudrait y réfléchir?

Jean-Paul Baquiast

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Imaginons qu’en 3030 avant J.-C, le total des richesses du peuple d’Égypte tenait dans un mètre cube. Et imaginons que ces richesses aient augmenté de 4,5 % par an. Quelle serait la taille du pactole, arrivé à la bataille d’Actium en 30 av. J.-C ? Voici le calcul qu'a effectué le banquier d’affaires Jeremy Grantham.

Allez-y, devinez. Dix fois la taille des pyramides ? Tout le sable du Sahara ? L’Océan Atlantique ? Le volume de la planète ? Un peu plus ? Oui un peu plus ... 2,5 milliards de milliards de systèmes solaires. Ainsi il ne faut pas contempler ce résultat bien longtemps pour parvenir à la conclusion paradoxale que notre salut dépend de notre effondrement.

Réussir est l’assurance de notre destruction. Échouer est l’assurance de notre destruction. Voici le piège que nous nous sommes tendu. Ignorez, si cela vous chante, le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité, l’épuisement de l’eau, des sols, des minéraux, du pétrole car même si ces problèmes s’évanouissaient d’un coup de baguette magique, l’arithmétique de la croissance composée prouve qu’il est impossible de continuer comme ça.

La croissance économique est une émanation de l’exploitation des combustibles fossiles. Avant que l’on se mette à extraire de vastes quantités de charbon, chaque pic de production industrielle était compensé par une chute de la production agricole, car la puissance en charbon de bois ou en chevaux exigée par l’industrie réduisait les terres cultivables disponibles. Chacune de ces anciennes révolutions industrielles s’est effondrée, car leur croissance n’était pas soutenable. Mais le charbon a brisé ce cycle en permettant – pour quelques centaines d’années seulement – le phénomène que nous appelons aujourd’hui la croissance soutenue.

Ce n’est ni le capitalisme, ni le communisme qui ont rendu possible les progrès et les pathologies (guerres mondiales, concentration sans précédent des richesses, destruction de la planète) de l’ère moderne. C’est le charbon, suivi du pétrole et du gaz. La méta-tendance, le récit principal, c’est l’expansion dopée au carbone. Nos idéologies ne sont que de simples péripéties secondaires. Mais maintenant que les réserves les plus accessibles sont épuisées, nous devons ravager les coins plus reculés de la planète pour préserver notre proposition intenable.

Le 23 mai 2014, quelques jours après que des scientifiques aient annoncé que l’effondrement de la calotte glacière de l’Antarctique de l’Ouest était désormais inéluctable, le gouvernement de l’Équateur a donné son feu vert aux forages pétroliers dans le parc national de Yasuni. Il avait fait une proposition aux autres gouvernements : s’ils contribuaient pour moitié de la valeur du gisement dans cette partie du parc, on le laisserait reposer sous terre. On peut voir cela comme du chantage, ou comme du commerce équitable. L’Équateur est un pays pauvre mais riche en gisements pétroliers : pourquoi les laisser inexploités sans compensation, a fait valoir son gouvernement, alors que tout le monde creuse jusqu’au premier cercle de l’enfer ? Il a demandé 3,6 milliards de dollars mais il en n'a obtenu que 13 millions. Le résultat, c’est que Petroamazonas, une société avec de drôles d’antécédents en matière de destruction et de marées noires, va pouvoir pénétrer l’une des zones les plus riches en biodiversité de la planète, où selon certains, chaque hectare de forêt vierge contient plus d’espèces que toute l’Amérique du Nord.

La société pétrolière britannique Soco espère, pour sa part, pénétrer le plus ancien parc national d’Afrique, Virunga, en République démocratique du Congo ; l’un des derniers bastions du gorille des montagnes et de l’okapi, des chimpanzés et des éléphants des forêts. En Angleterre, où 4,4 milliards de barils de gaz de schiste potentiels viennent d’être identifiés dans le sud-est, le gouvernement rêve de transformer les banlieues arborées en un nouveau delta du Niger. Pour y parvenir, il modifie le droit régissant la violation de propriété pour permettre les forages sans consentement préalable, et il graisse généreusement la patte des résidents. Ces nouvelles réserves ne règlent rien. Elles ne réduisent pas notre appétit pour ces ressources, elles l’exacerbent.

La trajectoire du taux de croissance indique que le saccage de la planète ne fait que commencer. Avec l’expansion de l’économie mondiale, chaque endroit qui abrite des éléments concentrés, inhabituels ou précieux sera débusqué et exploité, ses ressources extraites et dispersées, réduisant les merveilles du monde si diverses et variées en un tapis de gravats uniformément gris.

Certains essaient de résoudre cette équation impossible en invoquant le mythe de la dématérialisation : l’affirmation selon laquelle l’optimisation des processus et la miniaturisation des gadgets feraient qu’au total, nous utiliserions moins de matériaux. Il n’y a aucune indication que ça soit le cas. La production de minerai de fer a augmenté de 180 % en dix ans. L’organisation professionnelle, Forest Industries, nous dit que "la consommation mondiale de papier a atteint un niveau record et va continuer à croître". Si nous ne parvenons pas à réduire notre consommation de papier à l’ère du numérique, quel espoir y a-t-il pour d’autres produits de base ?

Observez le train de vie des super-riches, qui donnent le "La" de la consommation mondiale. Leurs yachts rétrécissent-ils ? Leurs demeures ? Leurs œuvres d’art ? Leurs achats de bois précieux, de poissons ou de pierres rares ? Ceux qui en ont les moyens achètent des maisons de plus en plus grandes pour y stocker des quantités croissantes de possessions dont ils n’auront jamais le loisir de profiter avant leur mort. Imperceptiblement, une proportion croissante de la surface du globe sert à extraire, fabriquer et stocker des choses dont nous n’avons pas besoin. Ce n’est peut-être pas si surprenant que les rêves de colonisation de l’espace — qui nous permettrait d’exporter nos problèmes au lieu de les résoudre — refont surface.

Comme le souligne le philosophe Michael Rowan, les conséquences inévitables de la croissance composée signifient qu’en projetant la prévision de taux de croissance mondial de 2014 (3,1 %), même si nous parvenions à réduire notre consommation de matières premières de 90 %, nous ne repousserions l’inévitable que de 75 ans. L’efficacité ne résout rien tant que la croissance se poursuit.

L’échec incontournable d’une société bâtie sur la croissance et sa destruction des organismes vivants de la Terre sont les fondements accablants de notre existence. Dès lors, ils ne sont mentionnés pratiquement nulle part. Ils constituent le grand tabou du XXIe siècle, les sujets qui n’ont de cesse d’agacer vos amis et vos voisins. Nous vivons comme si nous étions prisonniers du supplément dominical de nos journaux : obsédés par la célébrité, la mode et par les trois pénibles piliers des conversations des classes moyennes : les recettes, les travaux de décoration et les lieux de villégiature. Tout sauf le sujet qui exigerait notre attention.

Le défonçage de portes ouvertes, le résultat de calculs élémentaires sont traités comme autant de distractions aussi ésotériques que déplacées, tandis que la proposition intenable qui régit nos vies paraît si rationnelle, normale et banale à nos yeux qu’elle n’est même pas digne d’être mentionnée. C’est d’ailleurs à cela que l’on mesure la gravité du problème : à notre incapacité ne serait-ce que d’en débattre.

Georges Monbiot

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" L'homme saccage sa planète et mène une guerre contre la nature, s'il la gagne, il est perdu ! "

Hubert Reeves.