Quelques semaines avant la triste élection de Donald Trump, Michael Moore, qui garde les yeux ouverts, qui observe et se renseigne sur le Monde dans lequel il vit, prédisait le résultat lors d’une conférence filmée.
« […] Que Trump y croit vraiment ou non (à ses idées antisystème), là n’est pas le problème, ce qui est pertinent, c’est qu'il ait dit ces choses-là aux gens qui souffrent. Et c'est pourquoi tous les misérables, les infâmes, les travailleurs oubliés qui faisaient partie de ce qui s'appelait la «classe moyenne», aiment Trump. Il est le cocktail Molotov humain qu'ils ont attendu. La grenade humaine qu'ils pourront jeter légalement dans le système qui les a dépossédés, le 8 Novembre, jour de l'élection. Ils le pourront, même s'ils ont perdu leur emploi. Même s'ils ont été évincés par la banque et divorcés et maintenant que l'épouse et les enfants sont absents, que la voiture a été reprise, qu'ils n'ont pas eu de vraies vacances depuis des années, même s’ils ont essentiellement tout perdu ce qu'ils avaient... Ils ont encore une chose. La seule chose qui ne leur coûte pas un centime et qui est garantie par la Constitution américaine: le droit de vote! Ils sont peut-être sans le sou. Peut-être sans-abri. Malmenés et brisés. Ça n'a pas d'importance, car tout est égalisé ce jour-là. Un millionnaire a le même nombre de vote qu'une personne sans emploi: UN SEUL! Et il y a davantage de personnes issues de l'ancienne classe moyenne, que de gens dans la classe des millionnaires... Ainsi, le 8 Novembre, les dépossédés marcheront dans l'isoloir, avec un bulletin de vote. Ils fermeront le rideau, prendront ce levier —ou un stylo ou l’écran tactile— et mettront une grosse croix en face du nom de l'homme qui a menacé de bouleverser et de renverser le système qui a ruiné leur vie: Donald J. Trump! Ils voient que ces mêmes élites, qui ont ruiné leur vie, détestent Trump. CorporateAmerica déteste Trump. WallStreet déteste Trump. Les politiciens de carrière détestent Trump. Les médias détestent Trump... après l'avoir aimé et créé. Maintenant, ils le détestent. Et comme l'ennemi de mon ennemi est celui pour qui je vote, le 8 Novembre, l'élection de Trump va être le plus grand FUCK YOU jamais vu dans l'histoire de l'humanité. […] » - Michael Moore.
Ainsi donc le vote Trump, le Brexit ou bien l’abandon, par les citoyens, des idées humanistes de Gauche au profit de l’individualisme de la Droite ou de l’extrême droite, sont bel et bien l'expression absurde d'un raz-le-bol, justifié et légitime, du libéralisme et de la finance toute puissante, qui ne pensent qu'agent, bénéfices, croissance et chiffre d'affaires au détriment des humains. L’accord de libre-échange Nord-Américain (ALENA) qui a eu des effets désastreux, tant au Mexique qu'aux Etats-Unis, ou bien encore l'accord transpacifique, TPP, tant décrié par les Américains, ne sont pas étrangers à l'élection de Trump. Ce système inhumain, construit pour une ultra-minorité de privilégiés, où les salariés et l'environnement ne sont que des variables d'ajustement, où les gens se disent: « et moi là dedans ? Ne suis-je donc qu'une machine à produire de la richesse pour les riches ? », engendre le monstre. Ce sentiment d’abandon et de mépris qui se répand, assez justement, partout, engendre des réponses effrayantes de la part des électeurs
Ainsi une des causes de l'élection de Trump serait la mauvaise répartition des fruits de la croissance américaine. Il a été calculé que le 1 % les plus riches des Américains aura capté, à lui seul, 85 % de la hausse des revenus intervenue entre 2009 et 2013. « Du coup, pour protester, le bon peuple américain a voté pour un milliardaire dont une des rares propositions est de baisser les impôts des plus riches et le taux horaire du revenu minimum. Il y a là une logique qui m'échappe !?!? » me dit mon frère. Mais c'est bien là toute l'absurdité et le seul coté comique de cette élection : les gens ont voté contre un système en mettant aux manettes un homme issu du système, un pur produit de ce système !!! Cette élection est une énorme escroquerie.
L’élection de Trump me confirme ce que je pressentais depuis longtemps : en matière de politique, l'intelligence ne paye pas … c'est pourquoi, l'écologie politique n'a aucune chance d’accéder aux plus hautes fonctions.
Et maintenant ? Quelle leçon tirer de cet événement pour la France et pour une Europe qui refuse de se faire sociale ? Quand donc, les chantres du libéralisme et de la finance mondialisée, les partisans du sauvetage des entreprises mais pas des salariés, reconnaîtront-ils qu’ils sont totalement les responsables du désordre mondial qui ne cesse de monter en puissance et de la montée des nationalismes ? « Rien ne serait pire que de perpétuer le système » nous dit Benoît Hamon, car comme les mêmes causes, dans des systèmes équivalents, produisent les mêmes effets, quand la société ne veut rien faire pour protéger l’individu, ce dernier se tournera vers un(e) démagogue qui lui parle de lui … et de lui d’abord qu’importe le reste du monde. Trump, Sarkozy, Le Pen, Juppé... C’est d’abord le vote du chacun pour soi et fuck le collectif. « Quand on ne protège pas le peuple, il se venge. Il s’est vengé aux états Unis et il se vengera en Europe» - Benoît Hamon. Ainsi nos oppositions aux négociations de traités de libres échanges, que ce soit le CETA ou bien le TAFTA, ainsi qu'au libéralisme et au capitalisme, qui ne sont pas destinés à protéger les Hommes mais bien les intérêts des entreprises et donc des actionnaires, prennent tout leur sens.
Quoi qu’il en soit nous voici donc bien, maintenant, dans un monde plein d’incertitudes. Un monde où les progressistes ont reçu, en pleine face, un véritable uppercut. Un monde nouveau où la première puissance prône la production de gaz de schiste et de charbon, nie l’importance de la pollution industrielle sur la santé et le dérèglement climatique, doute de la science, est partisane des OGM, a à sa tête un belliciste et un chauvin, un xénophobe et un haineux, a un Vice-président, Mike Pence, sexiste, homophobe, ultra-religieux, créationniste et anti-avortement. Alors je me dis que depuis le temps que l'humanité prépare sa disparition, dans une lente mais inexorable agonie, cet événement américain peut, peut-être, nous porter le coup de grâce et abréger les souffrances d'une humanité absurde, dans un chaos et un effondrement planétaire.
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