"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

vendredi 23 mars 2012

Gaz de schiste : Les coups bas du gouvernement


L'hypocrisie du gouvernement sur les gaz et huiles de schiste :
comment contourner en douce une interdiction mise en scène à travers la loi ?

Paris, le 22 mars 2012

Alors que le gouvernement se targue d'être le premier au monde à avoir « interdit » le recours à la fracturation hydraulique, technique jugée « mal maîtrisée et dangereuse » par la ministre de l'Environnement, nous apprenons aujourd'hui la création d'une Commission nationale d'orientation, de suivi et d'évaluation de cette technique ayant pour mission « d'évaluer les risques environnementaux liés à la fracturation hydraulique et émettre un avis sur les conditions de mise en œuvre des expérimentations réalisées à seules fins de recherche scientifique ».

Pourquoi cette évaluation des risques alors que tant d'études scientifiques indépendantes démontrent de manière certaine la dangerosité de cette technique (pollution massive des sols, contamination des nappes phréatiques, risques sanitaires majeurs) ? Pourquoi ces expérimentations scientifiques alors que les citoyens français ne cessent d'exprimer leur totale opposition à l'utilisation de cette technique mortifère pour notre environnement et notre climat ?

Sous couvert de recherches scientifiques, le gouvernement joue aux apprentis sorciers pour le plus grand bonheur des lobbies pétroliers et gaziers.

L'analyse du décret portant création de cette Commission nationale achève de démontrer le parti pris gouvernemental. Certes, une place est laissée à trois représentants d'associations agréées pour la protection de l'environnement mais, à côté des cinq représentants de l’État, y siégeront aussi trois représentants des entreprises gazières et pétrolières, ainsi que trois représentants du personnel de ces industries. Trois personnalités qualifiées au vu de leurs compétences scientifiques seront également de la partie, cette compétence étant laissée à l'appréciation du seul ministre de l'Industrie… L'équilibre des forces et intérêts en présence est donc loin d'être assuré.

Nos associations rappellent en outre que le problème de l'exploration et de l'exploitation des gaz et huiles de schiste ne se limite pas à la question de la fracturation hydraulique. Selon le Potsdam Institute for Climate Impact Research, si l'on veut éviter le pire et contenir le réchauffement global moyen en deçà de 2°C d'ici à la fin du siècle, seul moins du quart des réserves prouvées en combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon) peut être utilisé d'ici à 2050 ! Dans ces conditions, pourquoi sonder le sous-sol ?

Alors que la Bulgarie vient, elle, d'interdire définitivement le recours à la fracturation hydraulique et d'abroger les permis délivrés à Chevron, nos associations dénoncent cet énième pied de nez du gouvernement à l'écologie et à la démocratie. Nul besoin d'une Commission à l'indépendance douteuse pour affirmer notre rejet total de toute utilisation de la fracturation hydraulique et, plus largement, de toute exploration ou exploitation de gaz et d'huiles de schiste en France ou ailleurs.

La conférence de Rio+20 en juin au Brésil sera l'occasion de montrer que la mobilisation citoyenne ne faiblit pas et qu'elle compte bien faire entendre sa voix, comme ce fut le cas il y a peu lors du Forum Mondial de l'Eau à Marseille.

Gaz et huiles de schiste : ni ici ni ailleurs, ni aujourd'hui ni demain !

Signataires : Amis de la Terre, France Libertés, ATTAC, AITEC, RAC, Greenpeace, Helio, CRID, WECF ...

Contact presse Attac :
Maxime Combes 06 24 51 29 44

mercredi 14 mars 2012

Ruiner son capital pour s'enrichir


Pourquoi les politiques d’austérité, en œuvre en Europe, semblent quand même en partie acceptées par l’opinion ? Deux arguments liés l’un à l’autre font mouche en général :
  • un Etat ne peut pas durablement dépenser plus qu’il ne gagne ; nous ne pouvons pas "vivre au-dessus de nos moyens"
  • il va bien falloir payer maintenant pour les excès passés et "purger nos montagnes de dettes"
Ce "bon sens" apparent est difficile à contrer frontalement, même si les conséquences prévisibles des politiques fondées sur un tel raisonnement sont dévastatrices au plan économique, social et bien sûr écologiques parce que l’environnement attendra !

Et pourtant il nous faut ouvrir les yeux sur le fait qu'une vision étroitement comptable peut conduire à faire des choix stupides au plan collectif.

Un petit détour par ce qui se passe en ce moment dans le domaine des énergies renouvelables pourrait peut-être nous aider à ouvrir les yeux. En effet, dernièrement une centaine de députés conservateurs anglais viennent de publier une lettre ouverte contre l’éolien. Leur argument central ? En pleine cure d’austérité, dépenser de l’argent pour les énergies propres est, selon eux, un gaspillage financier. L’argument avancé peut s’appliquer à l’ensemble des dispositifs visant à la transition vers une économie sobre en ressources et bas-carbone. Le propre, l’écologique (dit autrement l’économe en ressources naturelles) coûtent cher et en période de rigueur, il nous faut donc se résigner au sale et se contraindre à ne pas économiser nos ressources naturelles. Pour aller mieux au plan économique, il faudrait donc dilapider notre patrimoine ? Le préserver serait un luxe de riche.

Nous avons perdu ce vrai bon sens pour le remplacer par un "bon sens" inverse qui nous dit qu’il faut détruire la nature (gaspiller nos ressources) au nom de la saine gestion (ne pas gaspiller l’argent). Le diagnostic me semble clair : nous sommes en plein délire.

A quoi cela est-ce dû ? A mon avis, à ce qui pourrait apparaître comme une subtilité sémantique : l’usage inapproprié des mots "coût" ou bien encore "richesse", dont on ne sait ce qu’ils veulent dire tant que l'on ne précise pas "coût pour qui ?" ou que l'on ne défini pas la notion de richesse.

Et ainsi nous tombons dans le délire d’inversion quand nous appliquons des critères et des raisonnements microéconomiques à des enjeux macroéconomiques. C’est alors que nous justifions la destruction de nos richesses au motif que ce serait un moyen de cesser de s’appauvrir ! Tout comme le mot coût, le mot richesse est une source de confusion permanente. La richesse d’un citoyen est-ce son patrimoine (un stock) ou son revenu (un flux) ? Première confusion. Deuxième confusion encore plus grave : la richesse d’une collectivité c’est son patrimoine (naturel, culturel, industriel, humain) ou son PIB ? La réponse est évidente. Peut-on et doit-on appauvrir une nation (au sens réel de son patrimoine) pour l’enrichir (au sens conventionnel de son PIB) ?

Dans l'histoire de l'humanité les exemples de ce délire d'inversion sont légions et montrent, par l'extinction des civilisations qui l'ont subit, combien il est dangereux. Pour s'en convaincre souvenons-nous que c’est bien ce qui est arrivé, comme l’a montré Jared Diamond, à des civilisations entières qui n’ont pas su préserver leur patrimoine naturel dont elles dépendaient. Que l’on pense à la salinisation des sols due aux réseaux d’irrigation de la civilisation mésopotamienne ou bien encore à l’île de Pâques, symbole d’une civilisation détruite par idolâtrie des indicateurs comptables, il s'agit là de ce même aveuglement vis-à-vis de l'environnement dont dépend la vie.

Dès lors les réalistes ne sont pas ceux que l'on croit et les idéalistes sont bien ceux qui pensent que l'on va pouvoir indéfiniment puiser et épuiser notre environnement, sans que cela ne se retourne contre nous. Alors, en vérité je vous le dis, la seule voie sage pour une vie humaine durable est celle de l'écologie car issue de l'observation des équilibres planétaire que notre vanité humaine nous ordonne d'ignorer alors que nous dépendons de ceux-ci.

La seule voie sage pour une vie humaine durable est celle de l'écologie il est plus que temps d'ouvrir les yeux, ce n'est pas faute de prévenir !


Texte très largement emprunté à Alain Grandjean

Économiste et co-auteur des livres "Le plein s'il vous plaît" et "C'est maintenant", collaborateur de.M Jancovici , il travail à concevoir et pousser des mesures visant à faire émerger un nouveau modèle économique, sobre et solidaire.

lundi 12 mars 2012

La presse souligne les «contradictions» de Nicolas Sarkozy face à l'Europe

Nicolas Sarkozy ayant annoncé vouloir réformer les accords de Schengen, dimanche à Villepinte, de nombreux éditorialistes pointent la contradiction, le candidat PS ayant été vilipendé par l'UMP pour avoir annoncé son intention de renégocier un traité pas encore appliqué.

Dans Libération, Paul Quinio trouve que "le président sortant est apparu plein de contradictions. A force d'avoir compris beaucoup de choses et de se repentir à longueur de discours, Nicolas Sarkozy frôle le tête-à-queue". Et de souligner comme d'autres qu'il y encore contradiction "quand il s'arroge la possibilité de modifier les traités européens mais l'interdit à son adversaire."

Dans L'Alsace, Patrick Fluckiger fait chorus: "Quand Hollande réclame la renégociation d'un traité qui n'est pas encore appliqué, le président-candidat n'hésite pas à envisager la suspension de traités en vigueur depuis des années. Il veut coller au plus près des préoccupations des électeurs, ce qui le mène à des acrobaties spectaculaires. Et en l'occurrence, au tête-à-queue."

"Ainsi donc, quand Nicolas Sarkozy reproche vertement à François Hollande de vouloir renégocier le traité européen sur la stabilité et la gouvernance signé le 2 mars, jure-t-il qu'il se soustrairait, lui, à la règle commune si celle-ci ne changeait pas" s'étonne Ivan Drapeau de La Charente Libre.

"Hier accusé par Nicolas Sarkozy de vouloir remettre en cause la parole de la France, François Hollande va sans doute apparaître ce matin comme un réformateur très modéré aux yeux de nos voisins européens!" ironise Hervé Favre dans La Voix du Nord.

"Pour en avoir dit bien moins encore pour ce qui est de l'ampleur des points à renégocier, François Hollande était qualifié voici peu "d'irresponsable", par François Fillon", note Jean-Michel Helvig La République des Pyrénées.

"Ses homologues conservateurs de Londres, Madrid ou Berlin, qui refusent de recevoir François Hollande parce que celui-ci veut renégocier le dernier traité européen, vont-ils aussi boycotter Nicolas Sarkozy qui veut à son tour renverser la table ?» se demande Bruno Dive dans Sud-Ouest.

Hier donc, un Sarko identique à lui même, sans programme, sans vision pour la France, plein d’incantations testostéronées, plein de promesses qui n’engageront que ceux qui voudront bien y croire, plein de stigmatisation, plein d’œillades vers l’extrême droite. Bref un Sarko qui n'a pas changé et qui prend toujours autant les Français pour des truffes, croyant qu'il pourra leur refaire le coup des promesses sans que le peuple ne s’aperçoive de la supercherie.

D'après 20minutes.fr