"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

dimanche 13 octobre 2019

A toi, le petit garçon qu’un élu de la République a fait pleurer

Vendredi 11 octobre, Julien Odoul, président du groupe RN régional a perturbé la séance de l’assemblée plénière du conseil de Bourgogne Franche-Comté en prenant à partie une mère d’élève dans l’assistance, car elle portait un voile.

A toi, le petit garçon qu’un élu de la République a fait pleurer parce qu’il s’en est pris publiquement à ta maman, je veux te dire que ce n’est pas cela la République. Dijon est la ville où j’ai grandi, alors je ne veux pas que tu gardes ce souvenir amer de ce vendredi.

Sèche tes larmes et sois fier de ta maman, fier de qui tu es, de ta famille et aussi de ton pays. Rassure-toi, nous sommes légions derrière toi pour faire face à ces discours de haine du quotidien, qui montent résistiblement.

Il faut que tu le saches, ce n’est pas cela la promesse républicaine. Oui, ta maman peut s’habiller comme elle le veut et t’accompagner avec tes camarades lors des sorties scolaires, sans se faire moquer ou attaquer comme une dangereuse « provocatrice communautariste » comme l’a traitée M. Julien Odoul.

Nos lois, tout comme l’article 6 du règlement du Conseil Régional invoqué par M. Odoul le disent clairement : « La présidente de région peut interdire l’accès à une personne ou à un groupe de personnes dont le comportement est susceptible de troubler le déroulement d’une séance ».

Ta maman ne perturbait pas la séance, elle avait à cœur de te montrer comment fonctionne une assemblée démocratiquement élue, au pays des droits de l’Homme. Le perturbateur de séance, c’était lui, celui qui a attaqué ta maman pour qu’on le remarque et non pas l’inverse.

Sous prétexte d’être un élu, il pervertit les textes de loi et confond la laïcité avec la censure. La laïcité, ce n’est pas se moquer des autres ou leur interdire l’entrée des lieux de la République, la laïcité, c’est un concept fragile mais qui nous permet de vivre ensemble, en toute liberté.

Dans l’ordre laïque, la place de chacun est respectée et la liberté de chacun est reconnue, ce qui permet l’apprentissage de la liberté réelle : être reconnu par l’autre comme son égal, en tant que sujet libre. La laïcité est un terreau fertile pour l’apprentissage des lois en assurant que la citoyenneté transcende les identités individuelles. La laïcité doit pouvoir donner à tout citoyen le sentiment d’appartenance à une communauté libre, où le respect de sa personne se fait à priori sans distinction et sans prérequis. C’est le rôle de l’éducation républicaine promulguée par la France : montrer le caractère universel et l’aspiration de tous à la liberté.

C’est ce cadeau qu’à voulu te faire ta maman, en t’accompagnant voir le fonctionnement d’une assemblée libre. Ne laisse pas un idiot te le gâcher, cette République est la tienne, la mienne, et aussi la sienne. On peut ne pas être d’accord entre tous les citoyens, mais jamais le fantasme ne fera la loi.

Un jour, tu te poseras peut être la question de la foi religieuse, tu douteras même peut être de l’existence d’un dieu, ce sera ta vie, tu te poseras toutes les questions que tu voudras.

Mais ne doute jamais de l’amitié et du soutien de nous tous, qui avons pleuré avec toi ce jour là.

Par Alexis Poulin

jeudi 8 août 2019

Ne pas culpabiliser le consommateur

A l’occasion du jour du dépassement 2019, qui a été encore plus tôt que l’année dernière, notre chère Nathalie Loiseau a twitté « Nous consommons trop. Le comprendre et agir chacun à son échelle est l’affaire de tous et l’urgence est là. La dette écologique que nous laissons à nos enfants s’aggrave sans cesse. Joignons nos efforts ». Je lui réponds alors la phrase de Bossuet « Le Ciel se rit des fous qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ». #liberalisme #consumerisme #capitalisme #CETA #croissance

Ne pas culpabiliser le quidam

Amusant de lire cela de la part de Nathalie Loiseau. Amusant et triste à la fois de lire cela, car pourtant, à l'orée de la catastrophe écologique, les adeptes du libéralisme, du consumérisme, du productivisme et du dogme de la croissance, se répandent d'articles adjurant le quidam à n'avoir aucune culpabilité à poursuivre sa vie de consommateur, de voyageur aérien, de bouffeur de fruits exotiques et de bidoche, de moteur de la croissance écocidaire car il n'aurait aucune responsabilité dans les crises écologiques, climatiques et de biodiversité qui sont devant nous, ce n'est pas lui qui serait la cause de toute cette merde, ce n'est pas lui c'est ... les autres. Et ces articles, ou tweets ou post sur Facebook d’adjurer le quidam de ne surtout pas écouter les très méchants écolos parisiens, bobos anti-pauvres, gauchos bien-pensants et même pas LREM, qui ne font rien que de le culpabiliser, lui le quidam, avec leurs gourdes en métal et leur eau du robinet, leurs AMAP et leurs fruits et légumes bio, décarbonés, locaux et de saison, leurs vélos et leurs composteur, leur sobriété heureuse et leur renoncement mortifère ... pour les dividendes des entreprises. Le monde du fric et de la crasse, accompagné de ses kapos, entre en résistance contre tout ce qui met en péril ses profits, car il faudra bien essorer la Terre jusqu'à la dernière goutte et qu'importe si nous sommes obligés de boire le calice jusqu'à la lie. Le monde du fric et de la crasse entre en résistance et elle est violente. Leurs idées et leurs mots sont violents. A mon avis les soubresauts de l'effondrement sont là, dans cette résistance qui se met en place.

La consommation le moteur du système

Et pourtant, s'il est un fait établi c’est que notre système économique est basé sur la consommation. Ainsi donc, si nous voulons changer le système il faut agir sur le moteur de ce système : la consommation et donc sur le consommateur. Devant la désaffection des consommateurs pour ses produits à l'huile de palme et non bio, Ferrero a perdu en trois ans, 10 points de part de marché, aux États Unis beaucoup d'américains commencent à se détourner de la mal bouffe et ainsi, chaque année la multinationale Heinz perd des parts de marché de façon non négligeable. Les multinationales ne pourront ignorer cela longtemps si la pression des consommateurs perdure et s'accentue. En démocratie on a deux cartes pour changer le monde, la carte d'électeur et la carte bleue car si nous avons un pouvoir d'achat nous avons aussi un pouvoir de non-achats. Tant que les consommateurs achètent les produits merdiques il n'y a aucune raison pour que les entreprises changent leurs process. Qui est-ce qui achète des voitures ? Qui est-ce qui achète de l'essence de Total pour les faire avancer ? Qui est-ce qui écluse les produits manufacturés, la bouffe industrielle ? Qui est-ce qui achète de l'eau en bouteille plastique ? Qui est-ce qui achète des saloperies chinoises et souvent inutiles, si ce n'est les consommateurs ? Les multinationales profitent juste du marché de la consommation et font tout pour l'entretenir, entretenir le désir de consommation."[...] Fondamentalement, les industriels s'adaptent à une demande et la demande, c'est nous. Donc, nous sommes tous complices de cette manière de produire, basée sur un marché de masse, un recours massif aux matières premières, la recherche d'économies d'échelles… C'est un modèle de société hérité de la seconde guerre mondiale, construit sur une croissance et une démographie fortes. On est en train de le changer mais on ne peut reprocher à l'industrie de nous avoir servis pendant 70 ans. Elle n'est que le reflet des consommateurs. [...] " Agnès Pannier-Runacher (secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Lemaire). Tant qu'il y aura consommation il y aura des entreprises criminelles. Et tant que les électeurs voteront pour le libéralisme, les multinationales seront libres de faire de la merde.

Rendez-vous dans 18 mois

Et pourtant. Et pourtant si l'humanité, dont chacun de mes amis et moi-même faisons partie, veut contenir, d’ici à 2100, le réchauffement climatique en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, si nous voulons réellement atteindre cet objectif ambitieux, alors les émissions mondiales d’origine anthropique doivent obligatoirement atteindre leur plus haut niveau entre 2015 et 2020, puis décroître très rapidement et de façon très très significative. Mais nous en sommes loin puisqu'aucun signe ne montre que l'humanité commence à penser à réduire la voilure. Les derniers événements climatiques majeurs – vagues de chaleur, inondations, ouragans – nous rappellent en effet que d’importants et douloureux efforts vont devoir être entrepris par les principaux décisionnaires et par les citoyens. En clair, si l'on souhaite contenir le réchauffement climatique en dessous de 2 ° cela se joue maintenant, cela se joue dans les 18 prochains mois, ensuite il sera trop tard. Ceci dit comme jamais l'humanité n'a voulu cesser d'émettre des gaz à effet de serre, n'a jamais voulu renoncer à la consommation, au fric et aux voyages, préférant foncer dans le mur plutôt que d'être raisonnable et responsable et cela malgré plus de 40 années d'alertes des scientifiques, relayées par les écologistes, je ne vois pas pourquoi, tout à coup, elle se réveillerait et freinerait, dans un sursaut de lucidité, pour se sauver du dragon qu'elle a elle-même réveillé. Et là on ne parle "que" du réchauffement climatique. En clair je crois sincèrement que c'est foutu. Moi j'aurais fait ma part de boulot, mais j'ai échoué au même titre que tous les écologistes. "J’ai longtemps pensé que les principaux problèmes environnementaux étaient la perte de biodiversité, l’effondrement des écosystèmes et le changement climatique. Je pensais qu’avec 30 ans de bonne science nous pourrions résoudre ces problèmes. Mais j’avais tort. Les principaux problèmes environnementaux sont l’égoïsme, la cupidité et l’apathie ... et pour gérer cela nous avons besoin d’une transformation spirituelle et culturelle. Et nous, scientifiques, nous ne savons pas faire cela." Gus Speth

mercredi 7 août 2019

Un bon dessin vaut mieux qu'un long discours

Ne jamais oublier que la Méditerranée est le grand cimetière de réfugiés en détresse et celui de nos valeurs européennes. Jamais plus je ne pourrais regarder cette mer comme je la regardais avant. Ne jamais oublier.


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Plateau de Saclay, Triangle de Gonesse, et tous les projets de bétonnages même combat ... Lutter contre la mort et ses valets.


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Le pyromane fou ... no comment !


mercredi 3 juillet 2019

La crevette, une histoire pas si rose que cela


Peu caloriques, riches en protéines, vitamines et sels minéraux, ces charmants invertébrés sont un mets de choix que l'on consomme, sans modération et sans conscience, partout dans le monde et en toute saison. Mais quelles sont les conséquences, pour l'environnement, de notre appétence pour la crevette ?

L'élevage d'abord. Il est connu et maintenant bien documenté que cette pratique est la cause d’une forte déforestation, de dégâts environnementaux (destruction des coraux, des mangroves et de leur faune et pollution des littoraux) et sources d'émissions de gaz à effet de serre (un sachet de 450 grammes de crevettes surgelées = 1 tonne de CO2). Outre l'élevage lui-même, le bilan carbone est également aggravé par l’impact de la nourriture, des emballages, du stockage et de la logistique nécessaire pour les envoyer à l’autre bout du monde.

Les 3/4 de la production de crevettes proviennent d'Asie (Indonésie, Thaïlande, Philippines, etc.), là où les conditions climatiques permettent une croissance rapide (plus la température de l’eau est élevée plus la crevette grandit vite). L'autre quart de la production mondiale de crevettes d'élevages provient d'Amérique latine. Les élevages de crevettes ont explosé dans les années 1970, grâce à la demande des consommateurs aux États-Unis, en Europe de l'ouest et au Japon. Au total, plus de 4 millions de tonnes de crevettes sont vendues chaque année dans le monde. D’immenses surfaces de mangroves ont été défrichées pour installer des élevages de crevettes, ce qui a gravement perturbé de nombreux écosystèmes très fragiles et causé de fortes érosions. De plus, pour nourrir ces élevages, les producteurs n'hésitent pas, contre toute réglementation, à faire ratisser, au chalut, les mangroves (nurseries pour nombre d'espèces animales) pour surpêcher tout ce qui peut être pêché (poissons adultes, juvéniles, et autres animaux vivant là) afin d'en faire de la farine animale qui sera donnée aux crevettes. Ainsi l'élevage des crevettes, à l'instar de l'élevage de poissons, n'évite en rien la surexploitation des mers. Et une fois de plus, la destruction de l'environnement, la destruction des mangroves met en péril les populations locales qui, depuis toujours, savaient prélever leur nourriture sans détruire ces milieux extrêmement fragiles.

Par la suite, au bout de 3 à 5 ans, les étangs d’élevages de crevettes sont abandonnés à cause des maladies qui prolifèrent dans les bassins (les crevettes développent des bactéries multi-résistantes), de l’acidité et de la contamination des sols. En effet au bout de quelques années d'exploitation intensive, il se forme des dépôts importants de boues toxiques, au fond des bassins (mélange d’excréments et de produits chimiques), formant ainsi une zone inexploitable. Pour que les sols se régénèrent, il faut entre 35 et 40 ans de "jachère".

Quel parcours !

Mais la crevette sauvage n'est pas indemne de tous reproches, ainsi les crevettes surgelées que nous trouvons dans nos assiettes ont une histoire assez incroyable et sont un excellent exemple du partage du travail dans l’économie mondialisée où chaque pays se spécialise sur telle ou telle tâche. Les crevettes sont pêchées en Scandinavie, en Norvège ou en Suède, par des bateaux de pêche spécialisés. Puis elles sont expédiées par camion et vont traverser douze frontières jusqu’au Maroc où elles sont lavées, épluchées par des ouvrières payées, en Dirhams, beaucoup moins cher qu’en Scandinavie. Elles repartent ensuite en camion vers ….la Scandinavie. De là, elles sont réexportées vers toute l’Europe. Pour chaque tonne de crevettes ainsi traitée, on dépense 150 litres de gasoil pour parcourir 10 000 kilomètres avant que les crevettes n’atterrissent dans votre assiette.

Enfin et pour couronner le tableau, la pêche intensive des crevettes conduit à la destruction de la faune marine. En effet, pour 1 kg de crevettes pêchées, jusqu'à 10 kg d'animaux marins et de poissons sont pris dans les filets de pêche. La pêche à la crevette, à elle seule, est à l'origine de plus de 30 % des poissons pêchés puis rejetés à la mer.

L’exemple des crevettes est valable pour d’autres produits. Chaque jour sont acheminés par la route 70 kg de marchandises par européen, soit 25 tonnes par an et par personne !

Une fois de plus et dans un nécessaire changement de comportements, afin de prendre en compte les défis écologiques, climatiques, énergétiques et de biodiversité qui conditionnent, suivant les réponses que l'on apportera, notre durabilité, privilégions une alimentation locale (française), artisanale, de qualité et de saison et si l'on ne trouve pas … et bien l'on s'en passe, on y renonce !

Sources : Conso-globe, Futura planète, Radio Télévision Suisse

mardi 2 juillet 2019

Sauver des vies n'est pas un crime !!!

Après la capitaine Pia Klemp qui risque 20 ans de prison pour avoir sauvé des milliers de vies, voici que Carola risque 10 ans de prison pour avoir également sauvé des vies. La prison alors qu'elles devraient être célébrées comme des héroïnes qui honorent l'Europe ?!?! ... Définitivement l'humanisme a quitté l'Europe, c'est sans conteste, une victoire idéologique et philosophique majeure des fascistes et de ceux qui votent pour eux ... Honte à vous tous qui soutenez et votez pour ces gens-là. Shame on you !!! "Je ne sais pas quel monstre cela va enfanter, mais il y a lieu de s'inquiéter", insiste Pierre Henry délégué général de France Terre d'asile.

Un appel international

Au gouvernement italien
Au Parlement européen, à la Commission européenne et aux gouvernements de l'Europe
A tous les citoyens et citoyennes de l'Europe

En faisant arrêter la capitaine Carola Rackete comme « hors la loi » et l’accusant de « rébellion » militaire, en séquestrant son navire comme « bateau pirate », en menaçant l’ONG propriétaire d’une « maxi-sanction » de dizaines de milliers d’euros, le Ministre Matteo Salvini qui semble exercer désormais dans son pays un pouvoir sans limites vient d’ajouter le délire à l’infamie. C’est lui qui place l’Italie en dehors du droit international et des principes fondamentaux dont nos Etats tirent leur légitimité démocratique. De graves conséquences vont s’ensuivre si on n’y fait pas obstacle.

De son côté, en « forçant le blocus » de la douane italienne après 14 jours d’atermoiements de l’UE et l’aveu d’incapacité lamentable de la CEDH, en accostant malgré l’interdiction à Lampedusa pour sauver ses passagers en détresse, la Capitaine du Sea Watch 3 n’a fait que son devoir. Elle en a assumé les risques mais ne doit pas en payer injustement le prix. Il appartient aux citoyens d’Europe et à leurs gouvernements – premiers concernés et impliqués – de faire immédiatement le nécessaire pour que cesse la persécution illégale et déshonorante contre les sauveteurs et l’équipage du Sea Watch 3.

Ne l’oublions pas cependant : une autre capitaine allemande est jugée en Italie pour avoir sauvé plus d’un millier de vies en Méditerranée : accusée d’aide à l’immigration clandestine et de complicité avec les « passeurs », Pia Klemp risque vingt ans de prison et une amende de 15 000 euros pour chaque vie qu’elle aura sauvée – ce qui provoque l’indignation de beaucoup en Europe et dans le monde mais ne semble pas émouvoir nos gouvernements. On veut faire peur aux sauveteurs, mais Carola et Pia ne seront pas les dernières à prendre de tels risques alors que l’hécatombe des noyades se poursuit en Méditerranée avec la complicité des Etats qui devraient l’empêcher.

Nous exigeons donc que le gouvernement italien se ressaisisse, abandonne ses poursuites, libère immédiatement la capitaine Rackete et débloque le Sea Watch 3 pour qu’il puisse poursuivre sa mission. Nous exigeons qu’il accueille les hommes, femmes et enfants rescapés de la guerre et de la noyade, en concertation avec les ONG et les autres pays européens, et instruise correctement leur demande d’asile. Nous exigeons qu’il cesse de criminaliser la solidarité exercée au nom des droits humains par ses propres citoyens. Nous exigeons qu’il cesse d’ameuter l’opinion publique contre les migrants dénués de tout et forcés de quitter l’Afrique.

Nous appelons le nouveau Parlement européen à proposer, la Commission à élaborer, et les Gouvernements à décider enfin, dans l’esprit de la Convention de Genève, la politique commune de l’asile, ainsi que les règles de répartition équitable des personnes qui permettront à l’Europe de remplir ses obligations, de restaurer sa légitimité morale, en faisant preuve de sa capacité politique. Nous les appelons à respecter les conventions SOLAS et SAR qui imposent le débarquement en lieu sûr des personnes secourues en mer, en déclarant que ni la Libye ni la Tunisie ne sont aujourd’hui des lieux sûrs. Nous les appelons à ordonner la reprise des sauvetages en mer et à cesser de financer et d’entraîner les garde-côtes libyens qui traquent et torturent les fugitifs sous prétexte de lutter contre les trafics. Toute autre attitude est en réalité criminelle, elle relève de la lâcheté et de l’idiotie. En voulant épargner des conflits à l’Europe, elle les aiguise et détruit son propre avenir.

Enfin nous appelons tous les citoyens et citoyennes d’Europe à s’élever contre la politique d’hostilité envers les réfugiés et les migrants dont l’Italie aujourd’hui se fait gloire et que d’autres pays pratiquent de façon hypocrite. Nous les appelons à se solidariser avec Carola Rackete et Pia Klemp. A l’heure où Matteo Salvini et d’autres cherchent ainsi à nous entraîner dans l’ignominie, ces femmes courageuses, avec leurs équipages, sont l’honneur du continent européen. Citoyens et citoyennes de l’UE, battons-nous pour les libérer et rejoignons-les dans leur combat qui s’amplifie. Il est certes difficile, mais ses enjeux sont incontestables : contre l’arbitraire, contre l’hystérie xénophobe et le racisme, pour le droit, pour la vie humaine, pour l’hospitalité et aux côtés de tous ceux qui la font vivre. Ne restons pas spectateurs.

Texte proposé par le Comité Européen contre la Criminalisation du Sauvetage en Mer (CECCSM)

lundi 1 juillet 2019

L'écologisme est-il un totalitarisme? Réponse à Pascal Bruckner

Ce matin, vous pointez une tendance à la mode… 

Oui, certains intellectuels, politiques, polémistes de chaines d’info qui trouvent envahissante la préoccupation écologiste, se demandent si elle ne va pas finir par engendrer un nouveau totalitarisme. Le texte le plus abouti est celui publié ce week-end dans le Figaro par Pascal Bruckner. L’essayiste voit dans l’écologie, seule pensée originale de ce siècle, un potentiel totalitaire. Il compare l’écologie d’aujourd’hui aux débuts du socialisme, quand celui-ci s’est scindé en deux courants, l’un démocratique, l’autre totalitaire. Bruckner perçoit dans l’injonction morale du ‘l’écologie ou la mort’, une pression liberticide. Il y a sur ce créneau de la critique de l’écologie (qui ne nie pas- ou plus- l’urgence climatique) de nombreux libéraux, conservateurs ou socialistes.

La possibilité du totalitarisme verts existe-elle vraiment ?

Elle est intrinsèque à toute idée politique. L’écologisme, c’est vrai, pourrait, puisqu’il s’agit plus d’un impératif existentiel que d’un projet collectif précis, comporter une inclinaison totalitaire. Pour autant, ce procès ne parait pas justifié. D’abord l’écologie politique, très largement émanation du monde associatif, ne connait pas de branche violente ni antidémocratique. Les ZAD et la culture de désobéissance civile y tiennent une bonne place pas vraiment musclée mais il n’y a ni grand manitou ni hommes providentiels. C’est quand même étonnant que Pascal Bruckner sente sa liberté menacée par une jeune fille comme Greta Thunberg, dépeinte en marionnette manipulée. L’image de ces militants écologistes assis sur le pont de Sully, recevant du gaz lacrymogène, donne l’impression d’une force déterminée mais certainement pas totalitaire ! Au contraire, les organisations écolos sont généralement des caricatures de démocratie bavarde et inefficace. On les brocarde assez à ce sujet. Quant à l’injonction morale écologiste qui serait insupportable aux oreilles libérales ou socialistes, constatons qu’elle est loin d’être triomphante. Elle n’a tué ni enfermé personne et fait penser à cet automobiliste citadin, qui, dans ses 2 tonnes de ferraille, explique que c’est le vélo qui est dangereux… Généralement Bruckner se dresse contre l’obscurantisme, comme lorsqu’il démonte (efficacement pour le coup) le piège de l’islamophobie… ici il décrit l’écologie en nouvelle religion. Où a-t-il vu ça ? Les adorations dominantes ne seraient-elles pas plutôt toujours consuméristes ? Pourquoi, sur l’écologie, ne se range-il pas du côté de la rationalité ? Les scientifiques, dans leur ensemble, considèrent que l’urgence climatique exige des changements drastiques. Il y a de nombreuses façons d’y répondre et beaucoup de formes d’écologie possibles. Peu de catéchisme, beaucoup de concret. Rien de totalitaire donc. Ce sont justement les obscurantistes d’aujourd’hui qui refusent la transition : je ne parle pas de l’islamisme (son aspect moyen-âgeux ne lui permet même pas d’appréhender cette question). Mais Donald Trump et Mike Pence, son vice-président fondamentaliste chrétien, climato-sceptique tout comme le massacreur de l’Amazonie Jair Boslonaro, lui aussi religieux ultra. Voilà les obscurantistes du moment ! Quelle liberté fondamentale l’écologie, pour l’instant, a-t-elle tué ? C’est étonnant comme cette obsession anti-politiquement correcte, cache-sexe de ceux qui sont en train de perdre des batailles culturelles, peut faire déraisonner !

Thomas Legrand Éditorialiste politique à France Inter

mercredi 26 juin 2019

L'avocat du diable

Au classement des plus grands importateurs d’avocats, la France obtient la seconde place, juste après les États-Unis, mais devant le Japon. Les Français raffolent des avocats... et contribuent ainsi à la déforestation du Mexique et aux bénéfices des cartels de la drogue. Au Chili, les avocats assèchent les cours d'eau. L'engouement culinaire pour l'avocat dans les pays occidentaux n’est pas sans conséquences sur le plan social, économique et surtout environnemental.

Le Chili en fait les frais depuis presque 30 ans. Avec une exportation en constante augmentation, le Chili a fourni plus de 159 700 tonnes d’avocats à des pays étrangers en 2016. Lorsque l’on sait que pour irriguer un hectare d’avocats, 100 000 litres d’eau quotidiens sont nécessaires (l'équivalent de la consommation d’eau de 1000 habitants), on saisit l’enjeu écologique relatif. Enjeu auquel s’ajoutent les conditions très spécifiques de transport et d’exportation du fruit, très énergivores.

La province de Petorca, située dans la région centrale du Chili, a vu ses cultures traditionnelles de pommes de terre, de tomates et ses vergers disparaître pour laisser place à l’exploitation écrasante des avocatiers. On y trouve aujourd’hui plus de 16 000 hectares de culture, soit une augmentation de 800 % en moins de 30 ans. Les habitants n’ont plus d’eau pour vivre, s’hydrater ou se laver et doivent faire venir l’eau par camion ; les sols étant complètement asséchés par les exploitants agricoles, nous relate le "National Geographic".

Les lits de plusieurs rivières, comme Ligua et Petorca, sont à sec depuis plus de dix ans. Les poissons et autres agents de la faune et de la flore ont également disparus, déréglant considérablement l’écosystème de la zone. Mais plus grave encore : l’absence de cours d’eau rend impossible toute évaporation et ainsi le processus de formation de nuages et donc de précipitations. Dotée d’un climat subtropical, la province de Petorca connaît depuis des années de longues périodes de sécheresse, amplifiées par le phénomène météorologique El niño, poursuit le "National Géographic".

Au Mexique aussi la production d’avocat à grande échelle demande énormément d’eau, ce qui a fait baisser le niveau des rivières, reculer les zones humides et tarir des nappes phréatiques tout en augmentant la température des régions. Par ailleurs, les propriétaires d’exploitations n’hésitent pas à utiliser des produits agrochimiques synthétiques pour protéger leurs récoltes, dont certains sont hautement toxiques et parfois mêmes interdites au Mexique. Ces pesticides pénètrent dans les nappes phréatiques et les ruisseaux qui alimentent en eaux la faune sauvage ainsi que les habitants. Le seul mot d’ordre : la productivité, nous dit fort justement Mr Mondialisation.

Par ailleurs même s'il est légalement, au Michoacán, interdit de convertir des terrains de forêts en zone d’agriculture, la loi autorise de le faire si les arbres sont coupés à la hache ou s’ils ont été incendiés. En 2009, plusieurs incendies géants ont détruit 12 500 hectares de forêts. L’année d’après, la zone a été recouverte de 8 000 hectares d’avocatiers. En 2016, les incendies ont dévasté 9 % de la surface forestière du Michoacán avec une issue similaire. Une pratique également observée en Asie pour le commerce d’huile de palme poursuit Mr Mondialisation

Et comme si tout cela ne suffisait pas, toujours au Mexique, premier producteur mondial d'avocats, c'est racket, enlèvements, exécutions... Les cartels sèment la terreur chez les producteurs d'avocats mexicains. Dans l’état mexicain du Michoacán, en trente ans, les plantations d’avocatiers ont triplé. Pour les habitants de Tancitaro, ville sinistrée par le chômage, l'avocat a représenté un vrai miracle économique. "L'or vert" leur a pourtant coûté très cher. Cette manne attire, en effet, la convoitise des mafias locales qui prélèvent au minimum 10% des revenus des producteurs. L'un des gangs les plus sanguinaires du Mexique, Los Caballeros Templarios ("Les Chevaliers templiers"), sème depuis des années la terreur dans la région, nous révèle l'émission "Envoyé spécial".

Chez nous, nous n'en achetons plus depuis longtemps, exactement pour toutes ces raisons. Plus d'avocats, plus d'ananas, plus de fruits et légumes exotiques chez nous, plus que des fruits locaux et de saison. Si nous avons un pouvoir d'achat nous avons aussi un pouvoir de non-achats qui permet de changer le monde.

samedi 25 mai 2019

Le sable est surexploité et c'est une catastrophe environnementale selon l'ONU

Il est partout. Dans les infrastructures, les ponts, les routes, le verre, les cosmétiques... Le sable est la matière première la plus utilisée après l'eau. Or cette ressource n'est pas illimitée et son extraction a des conséquences désastreuses sur l'environnement. À ce rythme, d'ici 2100, la quasi-totalité des plages pourrait avoir disparu. Un nouveau rapport de l'ONU plaide pour un encadrement international de son utilisation.



C’est la matière première la plus utilisée après l’eau. Le sable, composant essentiel du béton, est utilisé partout. Dans les routes, les ponts, les immeubles, le verre et même les cosmétiques. Chaque année 40 à 50 millions de tonnes de sable sont extraites. La construction d’une maison moyenne nécessite par exemple l’utilisation de 200 tonnes de sables. Or, la demande de cette ressource ne cesse d’augmenter, alerte un nouveau rapport de l’ONU.

"Déplacement, habitudes de consommation, croissance démographique, urbanisation et développement des infrastructures… la demande de sable a triplé au cours des deux dernières décennies", note Joyce Msuya, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement. "Nous avons maintenant besoin de 50 milliards de tonnes par an, en moyenne de 18 kg par personne et par jour".

Disparition de 24 îles indonésiennes

Or l’extraction du sable a un vrai impact environnemental. "Le fait de prendre du sable sur la plage enlève les défenses naturelles que l’on a contre les vagues de tempête. Cela a un impact sur les inondations côtières", a rappelé chez RFI Pascal Peduzzi, du Programme des Nations unies pour l’environnement. "Quand vous extrayez du sable sur les rivières, si vous creusez le fond, la dynamique de la rivière va changer. Il peut y avoir des ralentissements, soit des accélérations, donnant lieu des inondations plus fréquentes ou plus intenses, soit à des sécheresses".

Singapour est le plus gros importateur de sable au monde. Selon le rapport, la ville-État a augmenté sa superficie de 20 % au cours des 40 dernières années pour répondre à la croissance démographique. Le sable est principalement importé d’Indonésie. Or cette importation serait responsable de la disparition de 24 îles indonésiennes.

L'impact sur la biodiversité est également pointé du doigt. Les industriels draguent de plus en plus les rivières, lacs et fonds marins, la plupart des mines et carrières de sable étant épuisées. Une pratique qui participe à la destruction des espaces sous-marines et qui dérègle des écosystèmes.

Encadrer l'extraction du sable

"Pour l’une des matières les plus échangées sur la planète, la prise de conscience des impacts généralisés est très faible", atteste le rapport. "C’est l’une des activités les moins réglementées dans de nombreuses régions". Les chercheurs pointent ainsi la présence d'une Mafia du sable au Maghreb et particulièrement au Maroc.

Pour répondre aux enjeux de durabilité, l’ONU propose l’instauration de réglementations internationales pour encadrer l’extraction du sable et obliger à plus de transparence. Les auteurs soulignent la nécessité de réduire la construction des infrastructures et d’utiliser des alternatives au béton.

lundi 6 mai 2019

Biodiversité: Une seule espèce, l’homme, menace l’ensemble du vivant

Les scientifiques de l’Ipbes, « le GIEC de la biodiversité », publient ce lundi la première évaluation depuis 2005 de l’état mondial de la biodiversité et des systèmes écosystémiques



Sur les huit millions d’espèces animales et végétales sur la Terre, un million est aujourd’hui menacé d’extinction au cours des prochaines décennies. Du jamais vu jusqu’à présent dans l’histoire de l’humanité. Depuis 1900, l’abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d’au moins 20 % en moyenne.

Les scientifiques de l’Ipbes, la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystèmiques, avaient prévenu : "le rapport sur l’état mondial de la biodiversité, qu’ils publient ce lundi à Paris, ne serait guère rassurant."

« On ne pourra plus dire qu’on ne savait pas »

Pendant trois ans, 150 chercheurs du monde entier, aidés de 350 autres ont compilé pour l’Ipbes – c’est-à-dire le GIEC de la biodiversité – ont passé en revue 15.000 références scientifiques pour dresser la carte mondiale du vivant : combien restent-ils d’espèces animales et végétales sur Terre ? En quel état sont-elles ? Et, surtout, quelle pression l’homme fait-il peser sur elles ?

Aux 1.800 pages du rapport complet, l’Ipbes a ajouté ce lundi, « le résumé aux décideurs », un texte de 40 pages qui leur récapitule les messages clés et esquisse les divers scénarios possibles pour les dirigeants politiques. C’est ce document qui a fait l’objet d’âpres négociations entre les représentants des 132 pays membres de l’Ipbes toute la semaine dernière, au siège de l’Unesco à Paris. C’est ce qui donne une valeur historique à ce document, dit Pierre Cannet, responsable des programmes Nature au WWF France : « Non seulement il s’agit une évaluation très complète de l’état actuel de la biodiversité, ces 15.000 références représentant l’équivalent de près de 18 années de travail scientifique, commence-t-il. Mais, en plus, les conclusions ont été validées, via ce résumé pour décideurs, par 132 pays qui ne pourront plus dire "on ne savait pas". »

La colonisation de la Terre par l’homme

Et ce résumé pour décideurs fait froid dans le dos. Tout autant que le « un million » d’espèces menacées d’extinction ou la perte générale de l’abondance des espèces locales depuis 1900, Pierre Cannet pointe « la colonisation de la Terre par l’homme » au sujet de laquelle le rapport de l’Ipbes fourmille de données.
  • Les trois quarts de l’environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin ont été significativement modifiés par l’action humaine.
  • Plus d’un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage.
  • 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non-renouvelables sont maintenant extraites chaque année dans le monde. Une quantité qui a presque doublé depuis 1980.
  • Les zones urbaines ont plus que doublé depuis 1992.
  • En 2015, 33 % des stocks de poissons marins ont été exploités à des niveaux non durables ; 60 % l’ont été au niveau maximum de pêche durable, et seulement 7 % à un niveau inférieur à celui estimé comme étant durable.
  • La pollution par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980.

« Pour la première fois depuis qu’il y a de la vie sur Terre, nous avons une seule et même espèce, l’homme, qui menace l’ensemble du vivant », résume Pierre Cannet.

Pas qu’une question de hausse de la population mondiale

Certes, cette emprise de l’homme sur le vivant est la conséquence, en partie, d’une démographie galopante. Les scientifiques de l’Ipbes n’éludent pas ce facteur. « Depuis 1970, la population mondiale a plus que doublé passant de 3,7 à 7,6 milliards d’individus », rappelle le rapport. Mais l’évaluation pointe aussi « l’augmentation de la consommation par habitant et l’innovation technologique, dont les dommages causés à la nature ont diminué dans certains cas tandis qu’ils ont augmenté dans d’autres. »

Autrement dit, il n’y a aucun pays qui n’a pas sa part de responsabilité dans cette érosion du monde vivant, même ceux dont la population est stable. « Une tendance qui émerge est celle dite de l’interconnectivité mondiale ou « télécoupling », indique le professeur américano-brésilien Edouardo S. Brondizio, qui a coprésidé le rapport de l’Ipbes. Dans ce cas, l’extraction des ressources et leur production ont lieu dans une partie du monde, mais servent souvent à satisfaire les besoins de consommateurs éloignés, qui vivent dans d’autres régions. » « C’est par exemple l’huile de palme que les pays industrialisés du nord importent d’Indonésie, de Malaisie et de plus en plus d’Afrique, où cette production, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, est source de déforestation, illustre Pierre Cannet. C’est encore le soja, produit massivement au Brésil où elle grignote la savane du Cerrado puis importé dans les pays du Nord pour y nourrir les élevages. »

« Dans les dix pays les plus consommateurs de ressources naturelles, on retrouve alors sans surprise les pays du G7, poursuit le responsable des programmes Nature au WWF France. Les Etats-Unis, l’Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni et la France qui arrive en quatrième position ».

« Agir dès maintenant à tous les niveaux, du local au mondial »

L’Ipbes ne va pas alors par quatre chemins. « Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier », indique son président, l’écologiste Sir Robert Watson. S’il n’est pas trop tard pour agir, « il faut le faire maintenant, à tous les niveaux, du local au mondial », précise le rapport, qui appelle à « un changement transformateur » de nos sociétés.

C’est peut-être une limite de cette évaluation de l’Ipbes pour Pierre Cannet. « Dans les scénarios et les pistes d’améliorations recensées, elle n’est pas aussi précise que peuvent l’être les rapports du GIEC sur le climat », observe-t-il. Quoi qu’il en soit, la feuille de route est connue : fin 2020 se tiendra en Chine la COP15 de la Convention sur la diversité biologique. Elle devra fixer, pour la décennie à venir, des cibles claires pour endiguer la perte de biodiversité et des mécanismes de mise en œuvre afin de les atteindre. Beaucoup appellent à l’adoption d’un accord mondial ambitieux à la mesure de ce qu’a été la COP21 de Paris pour le climat.

La France dit déjà préparer l’événement, via notamment le G7 de l’environnement qu’elle organise depuis dimanche à Metz. Elle devrait aboutir ce lundi à l’adoption d’une charte de la biodiversité par la quinzaine de pays présent. L’occasion pour ces Etats de montrer leur détermination à agir, assure-t-on au ministère de la transition écologique.

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Pourquoi préserver la biodiversité n’est pas qu’un enjeu environnemental ?

« Nous sommes en train d’éroder les fondements même de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier ». Le constat est de Sir Robert Watson, le président de l’Ipbes, dans le rapport publié ce lundi.

Les 1.800 pages n’inventorient pas seulement les espèces animales et végétales sur Terre, il liste aussi tous les services que rend la nature à l’homme. « Plus de deux milliards de personnes dépendent ainsi du bois pour satisfaire leurs besoins en énergie primaire, environ 70 % des médicaments utilisés contre le cancer sont naturels ou sont des produits synthétiques inspirés par la nature », illustre le rapport. Plus de 75 % des types de cultures vivrières dans le monde, y compris les fruits et légumes mais aussi le café, le cacao et les amandes, dépendent par ailleurs de la pollinisation par les animaux. La nature est par ailleurs un atout de taille dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les écosystèmes marins et terrestres sont les seuls puits d’émissions de carbone anthropiques, avec une séquestration brute de 5,6 gigatonnes de carbone par an (l’équivalent d’environ 60 % des émissions anthropiques mondiales).

Voilà pourquoi, selon l’Ipbes, si nous ne parvenons pas à endiguer cette érosion du vivant, la communauté internationale ne parviendra pas à réussir ses dix-sept Objectifs de développement durable (ODD) qu’elle s’est fixé à atteindre pour 2030. Ceux d’éradiquer la pauvreté et la faim dans le monde par exemple, celui encore d’assurer à tous une eau propre et un assainissement…

Fabrice Pouliquen - 20 Minutes

vendredi 3 mai 2019

La fête du travail est celles des droits des travailleurs à vivre !!!



"Toujours prêt à décrocher le pompon, Emmanuel Macron, le prêcheur de la République, transforme le 1er Mai, journée internationale des travailleurs et travailleuses en lutte pour leurs droits - en fête du travail, de la patrie et du productivisme ... La famille n’est pas loin." nous dit, sur facebook, Esther Benbasa à la parution du tweet du président Macron à l'occasion du 1er mai.

Et en effet, pour moi, la fête des travailleurs est là pour nous rappeler que la vraie vie, celle qui a du sens n'est pas celle enchaînée au poste de travail pour produire des choses mortes, des choses inutiles, des services imbéciles, pour produire de la richesse chez les capitalistes mais, bel et bien, celle que l'on trouve auprès des amis, de la famille, de la nature, de la culture, de l'engagement humaniste et pacifiste. Le travail est evidement nécessaire, mais il faut le laisser à sa place car définitivement il ne sert à rien de perdre sa vie à la gagner.

Mais, je laisse à Jean-Louis Alessandri, la place dans cette publication car je ne saurais mieux dire les choses.

"Putain de Travail!


Depuis quelques années déjà, la réthorique sur le 1er mai tend à faire célébrer le travail. Du “vrai travail” de Pétain à Sarkozy ou encore le dernier tweet de Macron tendent à dévoyer le réel sens de ce jour hautement symbolique pour les travailleurs. Il ne s’agit pas de célébrer “ceux qui aiment le travail” ou le “chérissent parce qu’ils produisent” 1. Au delà du caractère apophasique de cette remarque qui sous entend que le travail est synonyme de “plaisir”, (on aime ce qui nous plaît, on chérit ce qui nous est cher), et que donc seuls les “amoureux” de leur travail, ceux qui le placent au dessus de tout le reste comme valeur humaine, sont les vrais travailleurs, il est évident que cette forme de langage cherche à nous faire penser que nous célébrons le travail tous les 1er mai. Néanmoins, il n’en est rien. L’histoire du mouvement ouvrier depuis le 19ème siècle cherche à s’émanciper du labeur. Au vu des chiffres d’une étude menée en Grande Bretagne, où 49% des travailleurs haïssent leur emploi, il est évident que le travail, pour une moitié d’entre nous, ne revêt pas ce caractère “amoureux” que les politiques veulent nous laisser croire. La révolution industrielle ayant fortement changé le paradigme économique a transformé le terme “métier” en “emploi”. Changement sémantique hautement symbolique puisque l’emploi revêt une idée de “tâche” accomplie étant évaluée à une rémunération, le terme métier, lui, implique une formation, des compétences et des qualités reconnues par la société toute entière. La vision de la société sur le “travail” est devenue biaisée et la horde de travailleurs pauvres n’a fait qu’augmenter tout au long des décennies. Certes, il est évident qu’un travail constitue une forme d’émancipation sociale il n’en reste pas moins que l’idée “de chérir” le travail n’est pas nécessairement en lien avec ce que les travailleurs pensent de leur emploi. Si ce n’est donc as le travail que l’on célèbre le 1er mai, qu’en est-il?

La lutte ouvrière s’est faite dans le sang et les larmes. C’est le combat pour la réduction du temps de travail, pour de meilleures rémunérations, des conditions de labeur plus humaines qui ont été au centre du mouvement ouvrier et syndicaliste. Peu de revendications sociales se basent sur “Aimer son travail”, “le chérir”. Il n’est certes pas incompatible de travailler et d’aimer ce que l’on fait tous les jours, mais pour cela, il faut que les conditions d’emplois soient suffisamment “humaines”. On ne peut aimer ce qui fait souffrir, ce qui ne nous rend pas heureux.

Les manifestants de Hay Market de 1886 tombés sous les balles de la police de Chicago, de Trafalgar Square et du premier Bloody Sunday de l’histoire, le 13 novembre 1887 où 300 manifestants furent arrêtés après avoir vu tomber trois des leurs sous les tirs de la police londonienne, des mineurs de Decazeville en 1886; de Marie Blondeau à Fourmies en 1892, tombée, parmi huit de ses camarades sous les balles des fusils Lebel, des grèves des mineurs à Pontypryd au Pays de galles matées par la troupe, des cheminots dans la vallée de la Rhonda et Tonypandy battus à mort pour certains par les Bobbies anglais, ont tous le point commun d’avoir lutté pour une réduction du temps de travail, des meilleurs salaires et des conditions de labeur humaines. Tous ces événements ont été entachés du sang des manifestants, des exécutions sans preuves et des arrestations. Car, comme le Procureur de la République le dira au sujet des journalistes Roche et Duc Quercy : "Ils ont soutenu des théories sociales. Or, le socialisme est un vain mot"

Un vain mot, voilà ce que le pouvoir a toujours pensé de la lutte ouvrière, une vaine lutte, c’est ÇA le 1er mai, la commémoration de ces luttes ouvrières, de ces tombés sous les coups de buttoirs des différents états, non pas l’amour du travail et de ceux qui le chérissent. Les ouvriers chériront leur travail lorsque leurs revendications sociales, légitimes seront entendues. Que la 7ème puissance mondiale se regarde enfin en face, qu’elle analyse la situation et alors le peuple aimera son travail, le chérira. Jusque là, le 1er mai sera le jour de la commémoration des leurs tombés pour leurs droits à vivre dignement de leur labeur.

mardi 30 avril 2019

Brésil : 100e jour de deuil pour l’environnement et la pensée

Élu avec le soutien du puissant lobby agroalimentaire, Jair Bolsonaro vient de fêter son 100e jour à la tête de l’État brésilien. L’environnement, lui, est en deuil. Depuis son arrivée au pouvoir, on ne compte plus les coups de boutoir que le nouveau président a portés à la politique environnementale de son pays. Si ce travail de sape porte préjudice avant tout à la population brésilienne, en particulier aux peuples autochtones, il a aussi des répercussions sur notre assiette et notre climat.



1. Neutralisation du ministère de l’Environnement

Avant même son élection, le nouveau président avait annoncé qu’il supprimerait le ministère de l’Environnement. Les nombreuses critiques l’ont contraint à renoncer à ce projet, mais il n’en a pas moins réussi à totalement démanteler le ministère. Tout d’abord, il a nommé à sa tête un avocat d’affaires, Ricardo Salles. Alors qu’il était secrétaire à l’environnement de l’État de São Paulo, il a été condamné pour fraude administrative au profit de compagnies minières, et a déclaré que le changement climatique est un problème « secondaire ».

Ensuite, le président Bolsonaro a adopté une flopée de mesures et de décrets visant à affaiblir le ministère de l’Environnement en le privant, à petit feu, de ses moyens d’action.

2. Liquidation des territoires autochtones

Lors de ses 100 premiers jours au pouvoir, J. Bolsonaro a commencé à mettre à exécution ses promesses de campagne, à savoir en finir avec la démarcation des terres indigènes et ouvrir ces dernières à l’exploitation minière, agricole et forestière.

Il a privé la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI) de sa responsabilité de délimiter les territoires indigènes, la transférant au ministère de l’Agriculture. Teresa Cristina, à la tête de ce ministère, a déclaré être « favorable au développement de l’agro-négoce sur les terres indigènes ». Selon la FUNAI, 115 territoires indigènes étaient en attente d’être démarqués au début de l’année.

Ces mesures mettent en péril la forêt amazonienne, où se situent la plupart des territoires indigènes, et aggravent la détresse des peuples autochtones et les violences qu’ils subissent.

Les terres indigènes, qui représentent 13 % du territoire brésilien, constituent un rempart contre la destruction de la forêt : seulement 2 % de la déforestation de la forêt tropicale a lieu à l’intérieur des territoires autochtones.

Lire l’appel des peuples indigènes du monde entier à protéger la nature.

3. Bazardage de la forêt amazonienne

Le président, tout comme ses ministres, ne cessent de répéter dans les réunions internationales que le Brésil va ouvrir encore davantage ses forêts à tous types d’industries. Il a par exemple proposé à D. Trump un partenariat pour explorer l’Amazonie. Cela serait non seulement illégal mais, en outre, irait à l’encontre de la souveraineté du Brésil puisque les zones protégées et les terres indigènes, qui appartiennent aujourd’hui à l’État, pourraient tomber aux mains d’une poignée d’entreprises étrangères.

4. Autorisation en masse de pesticides dangereux

En à peine trois mois, le nouveau gouvernement a autorisé l’utilisation de 121 nouveaux pesticides – un record (à titre de comparaison, 13 pesticides avaient été autorisés sur toute l’année 2010). Or 41 % de ces substances sont classées comme très toxiques ou extrêmement toxiques.

La majeure partie de ces pesticides sont utilisées pour les cultures du maïs ou du soja, qui servent ensuite à alimenter le bétail, au Brésil mais aussi dans le monde entier, et notamment en Europe (37 % du soja importé dans l’UE vient du Brésil). Ainsi, même si certains de ces pesticides sont interdits en Europe car trop dangereux, ils pourraient bien se retrouver directement ou indirectement dans nos assiettes.

La politique de sape environnementale de J. Bolsonaro sert les intérêts des industriels qui l’ont fait élire, au détriment de la santé de la population brésilienne, des droits des peuples autochtones et de la préservation de la biodiversité. Alors que la déforestation est repartie à la hausse au Brésil, l’ouverture des territoires autochtones et des forêts aux industriels ne présage rien de bon non plus pour le changement climatique. C’est aussi le climat mondial qui porte le deuil.

Texte : Greenpeace

4. Breaking news : l'interdiction de penser

Le président du Brésil a une vision bien singulière de ce que doit être l’enseignement. Selon maître Jair Bolsonaro, penser par soi-même, aiguiser son esprit critique, relève du supplément d’âme. Dans la lignée des brûleurs de livres, ce chantre de l’extrême droite a ainsi décrété vendredi, dans un tweet hallucinant, que la philosophie et la sociologie ne feraient plus l’objet de financements publics dans les universités fédérales. Au diable les sciences humaines, place aux filières rentables,...

samedi 13 avril 2019

TRIBUNE Lettre ouverte de SOS Méditerranée à Christophe Castaner

SOS Méditerranée a souhaité réagir aux propos du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner qui, le 5 avril dernier, s'est exprimé sur les ONG venant en aide aux migrants. Il a notamment évoqué une « collusion » entre les ONG et les passeurs. Francis Vallat, président, et Sophie Beau, directrice générale de SOS Méditerranée ont donc décidé de rédiger une lettre ouverte au ministre.


« Marseille, le 9 avril 2019

Monsieur le Ministre,

Nous avons pris connaissance de vos déclarations concernant les ONG de sauvetage en mer, lors de la conférence de presse clôturant la réunion des ministres de l’intérieur du G7, vendredi 5 avril.

A la question suivante d’un journaliste : « Nous savons que M. le Ministre italien Matteo Salvini, a une position très claire concernant le rôle des ONG en mer Méditerranée, c’est-à-dire que les ONG aident les filières de passeurs. Je voudrais savoir si sur ce point en particulier il y a un accord entre les pays européens au sein du G7 ? », vous avez répondu :

"Vous semblez découvrir une réalité documentée et évoquée depuis juillet 2017. (…) Ce que nous savons, c’est que les ONG jouent un rôle essentiel pour apporter une aide aux migrants, cela ne fait aucun doute. Toutefois, en Méditerranée centrale, on a observé de façon tout à fait documentée, je vous le dis, une réelle collusion, à certains moments, entre les trafiquants de migrants et certaines ONG. On a observé que certains navires d'ONG étaient ainsi en contact téléphonique direct avec des passeurs qui facilitaient le départ des migrants depuis les côtes libyennes dans des conditions effroyables, souvent au péril de leur vie. Les ONG, dans ce cas-là, ont pu se faire complices des passeurs. Les ONG doivent avoir une attitude responsable."

Ces propos relaient de graves accusations à l’encontre des ONG de sauvetage en mer, dont l’action a été attaquée en Italie dès le début de l’année 2017, dans un climat politique délétère. Or à notre connaissance il ne s’agit que de rumeurs : aucune de ces accusations n’a jamais été démontrée ni étayée par la moindre preuve. Aucune des procédures judiciaires entamées n’a abouti. Aucune de ces allégations ne peut viser SOS MEDITERRANEE.

Parce que vos déclarations portent atteinte à leur honneur et à leur considération et jettent un discrédit général sur les acteurs du sauvetage en mer, dont l’action est plus que jamais aujourd’hui entravée en Méditerranée centrale, nous vous demandons instamment des précisions, des preuves, à l’appui de ces allégations.

Nous vous demandons également de rétablir les faits concernant les ONG de sauvetage, telles que SOS MEDITERRANEE, qui travaillent systématiquement dans le respect absolu du droit maritime international, en toute transparence et en totale coordination avec les autorités maritimes, ce que vous n’ignorez pas. Nous n’avons jamais eu et n’aurons jamais le moindre contact avec les passeurs et trafiquants d’êtres humains dont nous sommes les premiers à condamner les agissements criminels.

Nous vous rappelons que la mer Méditerranée centrale reste l’axe migratoire le plus mortel au monde où plus de 18.000 personnes ont perdu la vie ces cinq dernières années. Pourtant, le droit y est bafoué depuis le mois de juin 2018, avec la fermeture des ports italiens et le transfert des responsabilités du sauvetage aux garde-côtes libyens. Depuis, aucun mécanisme de débarquement des rescapés conforme au droit maritime n’a été mis en place par les Etats européens.

Pour conclure, Monsieur le Ministre, vous demandez que les ONG aient une attitude responsable. Nous en appelons à votre responsabilité pour faire cesser les attaques infondées, et protéger les acteurs du sauvetage en mer injustement incriminés. Car, alors que l’Union européenne a progressivement abdiqué son devoir d’assistance en Méditerranée centrale, il est de votre responsabilité et de celle des autres Etats européens de faire appliquer le droit. Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.

Francis Vallat Président
Sophie Beau Cofondatrice et directrice générale SOS MEDITERRANEE France »

Photo : Laurin SCHMID / SOS MEDITERRANEE / PICTURE ALLIANCE

mardi 19 mars 2019

Manifestants pour le climat, soyons cohérents, soyons radicaux

Par Hervé Kempf (Reporterre)

Un moment de basculement est en train de se produire pour le climat. Il appelle de la part de celles et ceux qui manifestent et ont pris conscience un engagement réel et durable. Qui ne sera pas toujours facile.


Le succès de la marche pour le climat samedi 16 mars à Paris et dans de nombreuses autres villes, les quelque 2 millions de signatures à l’appui de l’Affaire du siècle, le mouvement international des jeunes pour le climat, et pour tout dire, la vague qui s’est levée depuis septembre dernier pour déclarer l’état d’urgence climatique, constituent un mouvement de fond, un moment de basculement. La question écologique est clairement en train de passer un nouveau cap, de sortir des invocations floues et distantes pour s’incarner dans une forte revendication populaire. Et c’est un moment réconfortant, joyeux, stimulant, roboratif.

Mais pour que la vague soit vraiment puissante, qu’elle envahisse comme la marée la plage atone du conservatisme des politiques et des habitudes, les manifestantes et manifestants doivent être cohérents, et donc radicaux. Cohérents ? Si l’on affirme qu’il y a urgence climatique, qu’il n’y a plus que cinq, dix, quinze ans pour éviter un réchauffement planétaire d’1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, qu’il faut agir fortement à la mesure de la gravité du moment, on ne peut se contenter de retourner chez soi et de continuer comme avant. Il faut réfléchir davantage, s’engager plus loin, changer plus avant.

La cohérence, c’est de comprendre que les mots ne sont pas futiles : que les slogans « Justice climatique, justice sociale » et « Ce n’est pas le climat qu’il faut changer, c’est le système » appellent une transformation globale de la société. Comprendre aussi que revendiquer, parce qu’elle est indispensable, une division par huit des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050 suppose un changement radical du mode de vie et des habitudes de consommation dans le sens de la sobriété. Et ce ne sera pas facile (y compris pour l’auteur de ces lignes !) : pas ou presque plus d’avion, du vélo et beaucoup moins d’autos, moins de viande, beaucoup moins de tous ces objets dont on a pris l’habitude de les considérer comme normaux, pas ou plus de publicité, on en passe. Pour le dire autrement, faire face à l’urgence climatique, ce n’est pas mettre des éoliennes partout, c’est réduire drastiquement la consommation d’énergie donc la consommation matérielle. Autant l’avoir en tête si l’on ne veut pas se bercer d’illusions.

Être cohérent implique aussi d’être radical. Changer le système implique que ce ne sont pas les gestes de chacun — même s’ils sont indispensables — qui changeront la donne, comme voudraient nous le faire croire les dominants, à commencer par M. Macron. Non, cela implique de changer les politiques et les rapports de pouvoir.

Et dès lors, la radicalité commence par un constat : les gouvernants, aujourd’hui, ne sont pas de braves gens qui, par pure ignorance, ne voudraient pas agir pour le climat et qu’il faudrait ramener à la raison. Ce sont les instruments d’une oligarchie qui vise essentiellement à maintenir la position privilégiée des ultra-riches et un système économico-financier qui préfère la prédation de la planète à la baisse des profits. Autrement dit, les gouvernants aujourd’hui ne sont pas des alliés, mais des ennemis, et seul le rapport de force — ou le changement de gouvernants — peut faire évoluer fortement les politiques.

La radicalité se prolonge par un engagement : celui de ne pas en rester à des paroles, à des slogans, à des pancartes. Mais de s’engager soi-même ou au moins de soutenir effectivement celles et ceux qui agissent. On peut le faire de façon non violente mais avec efficacité — en se mettant d’ailleurs en danger juridique voire physique — comme le montrent, entre autres, les militants d’ANV-COP21, quand ils vont décrocher les portraits de Macron, les étudiants pour le climat quand ils vont envahir la Société générale, les militants contre le « grand contournement ouest » de Strasbourg ou contre Europacity — pour ne citer que quelques exemples.

Urgence climatique ? Urgence sociale, urgence politique, urgence d’agir.

Photo : Manifestation pour le climat, 16 mars 2019 (© Eric Coquelin/Reporterre)

vendredi 8 mars 2019

#Metoo ... dans l'Eglise Catholique


« Avec les révélations du livre Sodoma sur l’homosexualité au Vatican, on cesse de rire. Car on est en droit d’exiger des hommes qui s’instituent juges de leurs frères et de leurs sœurs qu’ils mettent leurs actes en conformité avec ce qu’ils exigent des autres. Leur hypocrisie est déjà un immense scandale. Le pape François a-t-il la force, les moyens et l’intention de faire la lumière sur ce monde du mensonge et du double langage ? » Nous dit fort justement l’excellente revue « Témoignage Chrétien ».

De son coté, Arte a diffusé, le 5 mars, un documentaire dénommé « Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Eglise » qui traite du sort des religieuses abusées sexuellement et qui font face au silence de l'Eglise et au patriarcat institutionnalisé en dogme.

Pédophilie, homosexualité en son sein et réprouvée pour les laïques, viols, prostitution ... L'Eglise catholique (mais j'imagine tous les groupes religieux également) a vraiment un problème avec le sexe. L'Eglise doit revoir ses dogmes, tous ses dogmes ! Notamment ceux qui ont trait à la Sexualité. À refuser d’admettre l’importance de la sexualité, l’église catholique risque de finir par disparaître complètement.

Ainsi donc, depuis des décennies, des religieuses de tous les continents sont abusées sexuellement par des prêtres prédateurs. Si la parole des victimes de prêtres pédophiles s’est libérée ces dernières années, celle de sœurs agressées sexuellement, par des hommes d’Église, peine à franchir le mur du silence. Pourtant, elles sont nombreuses, partout dans le monde, à subir des viols par des ecclésiastiques abusant de leur autorité. Certains prêtres n’hésitent pas même à détourner les textes des Évangiles pour disposer impunément du corps des religieuses. Lesquelles, lorsqu’elles se retrouvent enceintes, sont exclues de leurs congrégations ou contraintes d’avorter. Quand ces crimes sont avérés, les coupables sont seulement mutés par la justice cléricale et malgré des dénonciations répétées au sein de l’institution, trois papes se sont succédé, sans jamais remédier aux violences sexuelles perpétrées contre les religieuses.

Le silence de l'Eglise sur les crimes commis, par des prêtres, sur des religieuses est une honte profonde, est une infamie, une insulte faite aux victimes, faite aux croyants, faite à l'humanité, faite à dieu. Ce film d'Arte est l'ultime chance pour l'Eglise de retrouver le chemin de l'honneur. Ce film est une chance. L'Eglise doit saisir cette chance. Ce film est une chance et devrait lui être comme un électrochoc parce que, aujourd’hui, beaucoup de gens se détournent d'elle (dans le début des années 60, 35 % des français disaient aller à la messe tous les dimanches, aujourd'hui on atteint à peine 5%) et que si elle persiste dans son hautaine et méprisante position il est à craindre que la situation ne s'aggrave. Ainsi la crise des vocations est un phénomène qui prends de l’ampleur en France, il n'y a plus assez de candidats à la prêtrise comme le montre la fermeture, dernièrement, du séminaire de Lille faute de séminaristes. La crédibilité de l’Eglise est extrêmement écornée et si elle ne révolutionne pas ses comportements et ses dogmes elle sera totalement inaudible. Et enfin, définitivement, l'Eglise a perdu son honneur en se taisant, en étouffant ces affaires, elle s'honorerait à en tirer les bonnes conclusions, à condamner, à exclure et à réformer ses dogmes.

L'impunité des prélas ne peut plus être tolérée !!! L'Eglise ne peut plus se taire !!! L'Eglise doit s'exprimer publiquement !!! L'Eglise doit jouer la transparence !!! L'Eglise doit condamner publiquement les agissements et ceux qui détruisent des enfants, des femmes, des hommes et par la même occasion le message de la bonne nouvelle !!! L'Eglise doit faire le ménage en interne et répudier tous ses criminels !!! La révolution féministe doit aussi passer dans l'Eglise catholique !!! L'église se doit de revoir ses dogmes pour plus de liberté en son sein. « Il y a un besoin urgent de faire la vérité pour rendre sa crédibilité à la parole catholique officielle. Une révolution culturelle est également nécessaire. » nous dit l'essayiste Christine Pedotti dan Témoignage Chrétien.

Si elle ne le fait pas (la fenêtre de tir est étroite) alors elle sera définitivement discréditée et ne pourra jamais plus se présenter devant nous pour nous enseigner car tout sonnera faux, tout ne sera qu'hypocrisie. Ses valeurs sont écornées elle se doit de les redorer ou disparaitre. La communauté des croyants doit demander des comptes à l'Eglise !!! En ce qui me concerne, en tant que catholique j’ai regardé ce documentaire. En tant que catholique j’ai fait la différence entre ma foi en dieu et la perversion, la cruauté, la saleté de certains hommes qui se croient des dieux.

Toutes mes pensées vont aux victimes.

jeudi 28 février 2019

Quand les écolos seront des saints ...


Le 22 Février, le journal Le Monde titrait « L’avion, plaisir coupable de l’écolo voyageur ». En préambule on pouvait lire « En vacances, j’oublie tout, surtout mon empreinte carbone. Pour le citoyen « responsable », le voyage côté hublot fait partie de ces petits arrangements avec la conscience écologique. Dans de nombreux pays, les incitations à la détox aérienne se multiplient. Ils ont renoncé aux Coton-Tige, au Nutella et même à l’harmonie scandinave de la cuisine depuis l’adoption du lombricomposteur et des moucherons qui vont avec. Alors pas question d’annuler le ­Paris-New York de cet été… […] Malaise et premières tensions entre copains, devant la pizza quatre ­légumes. Peut-on se dire écolo tout en s’envolant pour le week-end à Porto ? L’avion sème la zizanie. D’un côté, ceux qui connaissent les chiffres et commencent à s’interroger. De l’autre, ceux qui ne veulent surtout ne rien savoir de peur d’objectiver ce qu’ils pressentent : tous ces efforts louables pour acheter en vrac ou cuisiner les légumes bizarres du panier Amap n’auront rimé à rien s’ils prennent la direction de l’aéroport. Ne me dites pas… Qu’un aller-retour Paris-New York envoie plus d’une tonne de gaz carbonique dans l’atmosphère par passager, soit autant qu’une année de chauffage et le cinquième des émissions annuelles d’un Français. Que tout trajet national ou européen en avion pollue quarante fois plus que le TGV, sept fois plus que le bus, deux fois plus qu’une voiture avec trois passagers. Que le secteur aéronautique est responsable de 2 % des émissions mondiales de CO2. Soit deux fois plus qu’un pays comme la France. 2 % seulement ? Et vous me priveriez pour si peu de la petite semaine andalouse prévue à Pâques ? »

Alors oui j’en connais des écolos qui s’arrangent avec la réalité, moi aussi, tous les 4 ou 5 ans je retourne au pays (par alliance). On est « Schizophrène », comme le dit Pierre Grante, 30 ans, blogueur « d’Un notre monde ». Oui c’est vrai j’en connais, mais que dire, également, de celui et de celle qui se fout éperdument de tout cela ? Qui se fout de manger de l'huile de palme ? De jeter par terre ses merdes ? De changer de téléphone tous les 6 mois ? De bouffer de l'ananas tous les jours à la cantine ? De bouffer des fraises en hiver ? De bouffer de la viande à outrance ? D'habiter à 60 bornes de son taf (qu'importe le budget essence qu'il demandera à l'état de subventionner car définitivement ces taxes sont Insupportables pour son budget !) pour jouir, le dimanche, de son carré de jardin pris sur les terres agricoles ? D'acheter plus de fringues que de raison ? D'acheter des bouteilles d'eau minérale au bilan écologique et carbone dramatique ? De celui qui pense qu'il existe parce qu'il consomme ? Quid de celui qui roule en Pick-up pour bien faire voir comment il emmerde bien le monde entier ? Quid de celui ou celle qui se fout du changement climatique et de l'effondrement de la biodiversité dont il est aussi la cause ? Quid de celui et celle qui refuse de renoncer, car "on a qu'une vie !" et qui ne laisse donc aucune lueur d'espoir aux générations futures et qui, bien évidemment, prend l'avion pour un oui ou pour un non ? Que dire de tous ces gens-là qui foutent ma planète au tombeau ?

Moi j'ai décidé de ne plus prendre l'avion pour partir en vacances (je me limite à ce que je peux faire en voiture ou en train et, comme dit plus haut, à un retour au pays tous les 4 ou 5 ans) !!! Fini pour moi les belles plongées en Égypte, en Grèce ou aux Seychelles !!! J'ai renoncé avant que la planète ne me l'impose car oui, définitivement oui, l'écologie n'est pas de la philo, ni du fanatisme, ni de l'ordre du religieux, c'est de la biologie, de la géologie et de la physique qui nous indiquent que l'effondrement guette. Par ailleurs, chez nous, nous refusons le tourisme consumériste. Nous avons supprimé une voiture, nous avons un appartement, chauffé au chauffage municipal, qui est à 10 km de nos tafs respectifs et nous co-voiturons. Chez moi, pour aller en ville, je préfère la marche à pied ou le vélo. Nous n'allons jamais en voiture à Paris, le métro et le RER nous conviennent très bien ! Sur Internet je n'utilise jamais le Cloud, j'utilise ECOSIA comme moteur de recherche, je limite au strict minimum mes envois de mails, fait régulièrement le ménage dans ma boîte mail et préfère les favoris plutôt que de faire une recherche sur internet. Je ne recharge jamais mon téléphone la nuit et ne le laisse branché que le strict necessaire. Nous achetons toujours de saison et le plus local possible (AMAP, fermes locales), nous sommes à zéro huile de palme et zéro fruits exotiques autre que ceux des DOM-TOM (et encore ! avec parcimonie), nous limitons notre consommation de viande. Nous préferons cuisiner plutôt que d'acheter des plats préparés. Nous achetons parce que nous avons besoin et non pas parce que nous en avons envie. Les magasins sont, pour moi, des temples de la consommation, cette religion dogmatique source de l'impace dans laquelle est l'humanité. Mes actes d'achats sont des choix politiques, ce que j'achète ou non, participe à déterminer le monde que je laisserai à mes enfants. Je sais que mon pouvoir de non-achat peut faire bouger les choses. Ce n'est pas parce que je peux faire les choses, que j'en ai les moyens et que j'en ai le droit que je fais ... avant d'agir je réflechi à mon impact. Nous préférons faire réparer plutôt que de racheter. Mes habits et mes chaussures vont jusqu'à l'usure. Nous ne jetons jamais de nourriture, le tri sélectif est devenu une évidence et nous travaillons sur notre consommation d'emballages (mais c'est pas encore ça 😕), nous faisons notre compostage sur notre balcon. Mon bilan carbone personnel est de 700 kg de carbone par an (500 kg étant la neutralité climatique) contre 2000 pour un français moyen. Qui dit mieux ? Je travaille dans la Recherche Publique sur le climat et l'Environnement, je participe à enrichir le savoir de l'humanité et non les poches d'actionnaires prédateurs. Chez nous, nous cherchons l'amélioration permanente car la perfection n'est pas de ce monde. Je suis pacifiste, non-violent, anti-raciste, ami des LGBT, contre toutes les discriminations et pour le vivre ensemble ... je soutiens toutes les causes qui ont trait à l'écologie sociale et solidaire, je vote en cohérence avec mes idées (écolo), je me fais beaucoup d'animosités quand je dis ce que je fais, je suis le chieur de service,...

Ce genre d’article fait partie de cette mouvance qui permet à ceux qui ne veulent rien faire de le justifier à moindre coût. « Je me bougerai pour la planète quand les écolos seront des saints », autant dire que ce n’est pas demain la veille.

jeudi 10 janvier 2019

Mes doléances

Voici mes doléances, du 7 Janvier 2019, exprimées sur le cahier de Doléances ouvert en Mairie des Ulis, à partir des différents textes déjà édités sur ce blog depuis la crise dite des "Gilets Jaunes".


Il paraîtrait, lit-on ici et là, "qu’aucun désaccord, aucun ras-le-bol ni aucune colère ne peuvent légitimer que l’on mette à mal ce qui fait que l’on vit mieux, plus libre et plus heureux en France qu’à peu près n’importe où ailleurs dans le monde." J’ai furieusement envie de dire qui est ce "on" dans ce "on vit mieux" ? Pour moi, tant qu'il y aura des allocataires aux Restos du Cœur, au Secours Catholique ou Populaire, je ne me contenterais pas de ce "on vit mieux". Définitivement les inégalités sont mortifères pour notre démocratie, pour la paix sociale, pour le vivre ensemble. Pour moi tant qu'il y aura de gens qui brûleront dans leurs logements insalubres, tant qu'il y aura des gens qui crèveront de froid dans leurs logements insalubres, tant qu'il y aura des gens qui mourront sous les gravats de leurs logements insalubres, tant qu'il y aura des gens qui seront malades à cause de leurs logements insalubres alors ce "on vit mieux" ne me consolera jamais. Qui sème la misère récolte la colère. 60 ans de trahisons politiques produisent aujourd'hui la moisson de colères de ceux qui sont exclus de ce "on". "Les mesures favorables aux classes supérieures prises en début de règne devaient provoquer un "choc de confiance". Elles ont provoqué un choc de défiance" nous fait remarquer, fort justement, Laurent Joffrin. Et en effet, depuis 6 semaine les Gilets Jaunes réclament plus de justices sociales, plus d’égalité dans la prise en charge de la Nation. Les Gilets Jaunes disent non aux privilèges, disent non à la féodalité qui sont fielleusement instaurés en France depuis des décennies. Je soutiens leurs colère et profite de la mise en place de ce cahier de doléances pour faire part de ce qui me paraît important à reprendre en mains, dans notre pays, pour revenir à la République sociale, chose qu’elle n’est plus depuis longtemps, et la faire évoluer vers une République Ecologique Sociale et Solidaire, seul et unique voie pour un avenir durable, pacifique et désirable. En effet il ne pourra y avoir de justice sociale dans le chaos environnemental que nous promettent les changements climatiques, l’effondrement de la biodiversité, les pollutions, les saccages des biotopes, l’écocide des terres agricoles, les plastiques ici, là, partout, … Les luttes écologiques et luttes sociales sont intimement liées.

Permettez-moi donc de vous faire part, ici de mes doléances pour une France plus solidaire, plus juste et enfin sociale et écologique :

D’un point de vue financier : Il nous faut supprimer le CICE, rendre l’argent à ceux qui en ont besoin, aux projets qui travaillent pour le bien publique et non pour des intérêts privés. Il nous faut lutter de façon volontaire et transparente contre l'évasion fiscale, l'optimisation fiscale et la fraude fiscale causes principales des problèmes financiers de notre pays. Cesser le sauvetage systématique des banques qui ne travaillent jamais pour les citoyens mais uniquement pour des financiers avides d’argent. Arrêt du versement des milliards de dividendes versés aux capitalistes alors que l’on demande toujours plus d’efforts aux familles. "C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches" nous dit Victor Hugo. Dans la même idée il nous faut rétablir l’ISF dont la suppression n’a rien fait ruisseler sur les classes populaires et moyennes mais que celles-ci se doivent de compenser pour équilibrer le budget de l’état. Il nous faut refuser cette mondialisation inhumaine et destructrice pour l'environnement et le climat, retrouvons la voie de la bienveillance. Revenons sur les traités internationaux et taxons le kérosène des avions exonérés, aujourd’hui, de TVA, TIPP/TIC, taxe carbone ... qu’importe le tourisme de masse qui, de toute façon est incompatible avec un monde durable. Car il y a véritablement de la colère contre un système qui prétend être inquiet du bouleversement climatique, mais qui organise l'importation de milliard de tonnes de saloperies par containers entiers transportés par des cargos exonérés de taxes et qu’importe l’impact écologique de cette logique consumériste. Reconnaitre enfin que nous nous sommes fourvoyés avec les dogmes de la croissance et de la consommation et qu’ils ne sont qu'une fuite en avant d'un système qui nous pousse vers notre perte, vers l’effondrement de notre humanité.

D’un point de vue des services rendus à la population : Il nous faut rouvrir des écoles partout car l’éducation doit sortir du dogme de la rentabilité, la culture et le savoir sont l’essence même de notre humanité et cela ne peut être rentable. Il nous faut cesser les fermetures des hôpitaux de proximité et des maternités. Il nous faut investir massivement dans la santé publique et réouvrir les services publics de proximité. Retour aux fondements du CNR pour une Sécurité Sociale au service des citoyens et non au profit du privé. Il nous faut cesser la braderie des autoroutes et aéroport, biens inaliénables des citoyens. Réouverture des petites lignes SNCF et cessation de la mise en concurrence de la SNCF. Cessation des attaques systématiques contre les fonctionnaires, Serviteurs de la Nation, bouc émissaires de choix politiques funestes. Retour à un système de retraite juste, vivable et durable indépendant des moyens de capitalisation des citoyens. Renforcement des moyens de fonctionnement de notre système de Recherche Publique, base de l’économie de tout pays développé. Cessation de l’hypocrisie par rapport au chômage institutionnalisé si utile pour faire taire les colères de ceux qui ont encore un emploi. Reconnaitre que la colère citoyenne est issue de 60 ans de trahisons politiques et qu’il nous faut redonner plus de pouvoir aux citoyens avec plus de contrôles sur les élus.

D’un point de vue environnemental : cesser immédiatement l’utilisation des pesticides, fongicides, herbicides, glyphosate pour une véritable transition écologique de l’agriculture. Militer auprès de l’Europe pour que les aides de la PAC aillent à l’agriculture biologique, de saison et locale. Lutter réellement et non avec des effets d’annonces, s’apparentant à du greenwashing, contre les déchets plastiques, la pollution de l'air, de la terre et de l'eau, la déforestation, le massacre de la biodiversité. Arrêt des additifs alimentaires et des perturbateurs endocriniens. Arrêt du bétonnage sans fin et l'accaparement des terres par des prédateurs financiers. Arrêt de notre système agricole productiviste et polluant, soutenu par la FNSEA et les multinationales de l'agroalimentaire, qui pousse nos agriculteurs au suicide. Arrêt de la souffrance animale. Il nous faut, d’urgence, nous transformer pour arriver à une France décarbonnée.

Lutte contre la violence pour un monde plus pacifique et durable : Cessation de nos participations aux guerres coloniales et cessation de nos ventes d’armes, soyons un pays pacifiste et non-violent. Lutte, encore et toujours, contre les guerres et toutes les violences sexistes, homophobes, racistes et xénophobes. Trouvons les moyens d’être intransigeant vis-à-vis de tous les prêcheurs de haines.

En vous remerciant de transmettre à qui de droit ces doléances et en espérant que celles-ci seront lues et prise en compte. Dans l’espoir qu’enfin des choses puissent changer sans violence et grâce à une écoute sincère, je vous prie de croire en mes sentiments les meilleurs.

Bruno BOMBLED