"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 8 août 2019

Ne pas culpabiliser le consommateur

A l’occasion du jour du dépassement 2019, qui a été encore plus tôt que l’année dernière, notre chère Nathalie Loiseau a twitté « Nous consommons trop. Le comprendre et agir chacun à son échelle est l’affaire de tous et l’urgence est là. La dette écologique que nous laissons à nos enfants s’aggrave sans cesse. Joignons nos efforts ». Je lui réponds alors la phrase de Bossuet « Le Ciel se rit des fous qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ». #liberalisme #consumerisme #capitalisme #CETA #croissance

Ne pas culpabiliser le quidam

Amusant de lire cela de la part de Nathalie Loiseau. Amusant et triste à la fois de lire cela, car pourtant, à l'orée de la catastrophe écologique, les adeptes du libéralisme, du consumérisme, du productivisme et du dogme de la croissance, se répandent d'articles adjurant le quidam à n'avoir aucune culpabilité à poursuivre sa vie de consommateur, de voyageur aérien, de bouffeur de fruits exotiques et de bidoche, de moteur de la croissance écocidaire car il n'aurait aucune responsabilité dans les crises écologiques, climatiques et de biodiversité qui sont devant nous, ce n'est pas lui qui serait la cause de toute cette merde, ce n'est pas lui c'est ... les autres. Et ces articles, ou tweets ou post sur Facebook d’adjurer le quidam de ne surtout pas écouter les très méchants écolos parisiens, bobos anti-pauvres, gauchos bien-pensants et même pas LREM, qui ne font rien que de le culpabiliser, lui le quidam, avec leurs gourdes en métal et leur eau du robinet, leurs AMAP et leurs fruits et légumes bio, décarbonés, locaux et de saison, leurs vélos et leurs composteur, leur sobriété heureuse et leur renoncement mortifère ... pour les dividendes des entreprises. Le monde du fric et de la crasse, accompagné de ses kapos, entre en résistance contre tout ce qui met en péril ses profits, car il faudra bien essorer la Terre jusqu'à la dernière goutte et qu'importe si nous sommes obligés de boire le calice jusqu'à la lie. Le monde du fric et de la crasse entre en résistance et elle est violente. Leurs idées et leurs mots sont violents. A mon avis les soubresauts de l'effondrement sont là, dans cette résistance qui se met en place.

La consommation le moteur du système

Et pourtant, s'il est un fait établi c’est que notre système économique est basé sur la consommation. Ainsi donc, si nous voulons changer le système il faut agir sur le moteur de ce système : la consommation et donc sur le consommateur. Devant la désaffection des consommateurs pour ses produits à l'huile de palme et non bio, Ferrero a perdu en trois ans, 10 points de part de marché, aux États Unis beaucoup d'américains commencent à se détourner de la mal bouffe et ainsi, chaque année la multinationale Heinz perd des parts de marché de façon non négligeable. Les multinationales ne pourront ignorer cela longtemps si la pression des consommateurs perdure et s'accentue. En démocratie on a deux cartes pour changer le monde, la carte d'électeur et la carte bleue car si nous avons un pouvoir d'achat nous avons aussi un pouvoir de non-achats. Tant que les consommateurs achètent les produits merdiques il n'y a aucune raison pour que les entreprises changent leurs process. Qui est-ce qui achète des voitures ? Qui est-ce qui achète de l'essence de Total pour les faire avancer ? Qui est-ce qui écluse les produits manufacturés, la bouffe industrielle ? Qui est-ce qui achète de l'eau en bouteille plastique ? Qui est-ce qui achète des saloperies chinoises et souvent inutiles, si ce n'est les consommateurs ? Les multinationales profitent juste du marché de la consommation et font tout pour l'entretenir, entretenir le désir de consommation."[...] Fondamentalement, les industriels s'adaptent à une demande et la demande, c'est nous. Donc, nous sommes tous complices de cette manière de produire, basée sur un marché de masse, un recours massif aux matières premières, la recherche d'économies d'échelles… C'est un modèle de société hérité de la seconde guerre mondiale, construit sur une croissance et une démographie fortes. On est en train de le changer mais on ne peut reprocher à l'industrie de nous avoir servis pendant 70 ans. Elle n'est que le reflet des consommateurs. [...] " Agnès Pannier-Runacher (secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Lemaire). Tant qu'il y aura consommation il y aura des entreprises criminelles. Et tant que les électeurs voteront pour le libéralisme, les multinationales seront libres de faire de la merde.

Rendez-vous dans 18 mois

Et pourtant. Et pourtant si l'humanité, dont chacun de mes amis et moi-même faisons partie, veut contenir, d’ici à 2100, le réchauffement climatique en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, si nous voulons réellement atteindre cet objectif ambitieux, alors les émissions mondiales d’origine anthropique doivent obligatoirement atteindre leur plus haut niveau entre 2015 et 2020, puis décroître très rapidement et de façon très très significative. Mais nous en sommes loin puisqu'aucun signe ne montre que l'humanité commence à penser à réduire la voilure. Les derniers événements climatiques majeurs – vagues de chaleur, inondations, ouragans – nous rappellent en effet que d’importants et douloureux efforts vont devoir être entrepris par les principaux décisionnaires et par les citoyens. En clair, si l'on souhaite contenir le réchauffement climatique en dessous de 2 ° cela se joue maintenant, cela se joue dans les 18 prochains mois, ensuite il sera trop tard. Ceci dit comme jamais l'humanité n'a voulu cesser d'émettre des gaz à effet de serre, n'a jamais voulu renoncer à la consommation, au fric et aux voyages, préférant foncer dans le mur plutôt que d'être raisonnable et responsable et cela malgré plus de 40 années d'alertes des scientifiques, relayées par les écologistes, je ne vois pas pourquoi, tout à coup, elle se réveillerait et freinerait, dans un sursaut de lucidité, pour se sauver du dragon qu'elle a elle-même réveillé. Et là on ne parle "que" du réchauffement climatique. En clair je crois sincèrement que c'est foutu. Moi j'aurais fait ma part de boulot, mais j'ai échoué au même titre que tous les écologistes. "J’ai longtemps pensé que les principaux problèmes environnementaux étaient la perte de biodiversité, l’effondrement des écosystèmes et le changement climatique. Je pensais qu’avec 30 ans de bonne science nous pourrions résoudre ces problèmes. Mais j’avais tort. Les principaux problèmes environnementaux sont l’égoïsme, la cupidité et l’apathie ... et pour gérer cela nous avons besoin d’une transformation spirituelle et culturelle. Et nous, scientifiques, nous ne savons pas faire cela." Gus Speth

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