"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

samedi 29 octobre 2016

Les crèches en Mairies ... le retour.

Le 27 Octobre, sur Facebook, Sylvie a partagé un lien qui propose de dire si nous sommes pour ou contre la présence de crèches de Noël dans les lieux publics ? Ce post a relancé, là, un débat que l’état n’a pas eu le courage de trancher dans le sens de la Laïcité et a laissé la décision aux maires. A cette heure, 36400 personnes ont répondu à cette question et 86% se déclarent « pour ». Ça fait peur. Beaucoup, en parallèle, on répondu au post de Sylvie en affirmant qu’ils étaient « pour » et d’autres « contre ». Je me suis permis de mettre mon grain de sel dans ces échanges, car il ne faut rien lâcher devant les coups de boutoirs des religieux, et cela a entraîné un bon échange avec mon ami Marc. Je me suis permis de le reprendre ici.

Moi : Contre, contre et archi-contre comme mon texte de décembre 2014, sur mon blog, l'indique. "Et pourquoi pas - comme me le dit très justement, mon frère - des crucifix dans les salles de classe, après tout c'est un beau message d'amour (Jésus qui donne sa vie pour racheter les péchés des hommes) ? Et pourquoi ne pas jurer sur la bible pour les prestations de serment ?" Les crèches dans les mairies c'est contraire au principe de séparation de l'église et de l'état. C'est affirmer, faussement, que la France est chrétienne. C'est imposer une foi à ceux pour qui cela ne représente rien (imposer est le fondement de toute dictature). C'est un mélange des genres qui affirme la prévalence d'une foi sur d'autres, c'est donc porteur d'exclusions et donc de divisions entre citoyens donc de conflits ce qui est un comble pour une image qui se veut « message de paix ».

Marc : ni pour, ni contre bien au contraire. Une crèche, ce n’est pas plus religieux qu'un père noël en fait, et la crèche a au moins un aspect culturel (et même un aspect interreligieux, car Noël est aussi fêté sans problème par les musulmans, pensez-y). La culture c'est important, sinon on en arrive vite à la beauferie généralisée.

Moi : Pas religieux le p'tit Jésus ?!?! Juste culturel ?!?! Jésus, pour les Chrétiens, n'est-il pas le fils de dieu ? Ha si ! C'est bien le fils de dieu, voir même l'incarnation de dieu sur Terre, selon les dogmes, on est donc bien au niveau de la foi, de la religion et non du culturel. Cela doit donc être séparé de la République. De plus, ce n'est pas parce qu'il y a des crèches dans les mairies que les beaufs seront moins beaufs. J'ai même le sentiment que c'est l'inverse qui se passe. La culture c'est tous les jours que ça se cultive dans l'ouverture d'esprit et l'esprit critique, l'envie d'ouverture et de mélange, dans les livres, le théâtre, le cinéma, la musique, les visites des monuments, des châteaux, des lieux d'histoires, des musées... Je crois que c'est cela qui manque aux beaufs au quotidien. Réduire la culture à une crèche c'est un peu pauvre. Puis c'est marrant (je précise que je ne dis pas ça pour toi Marc), mais de nos jours où la culture est vue comme un truc annexe, pour bobos, où sur FB on préfère la beauferie, les LOL-cats, les incroyables talents, les diatribes anti-réfugiés et autres théories du complot bidons, où à la télé les Peoples sont les rois, le seul moment où les gens te ressortent l'argument culturel c'est pour imposer, aux autres, leur religion.

Marc : "Jésus, pour les Chrétiens, n'est pas le fils de dieu" ben oui et alors ? Tu crois que le père noël, c'est un symbole neutre ? (à part ça si quand tu lis " la crèche a au moins un aspect culturel" tu interprètes "Réduire la culture à une crèche", là tu as un problème d'explication de texte.

Moi : Et alors ? Ben donc si Jésus est le fils de dieu c'est que l'on est bien dans le domaine du religieux. Non ? Le père Noël est le symbole du consumérisme que par ailleurs je combats, tu le sais bien. Je ne comprends pas comment on peut dire que Jésus est le fils de dieu et ne pas reconnaître que cette affirmation est un acte de foi religieux. C'est d'ailleurs pourquoi, quand je dis cela je précise toujours "pour les Chrétiens".

Marc : Ben c'est un acte de foi pour ceux qui en font un acte de foi. C'est un choix qui en soi, ne me semble pas dramatique pour la communauté. Car en allant au fond du raisonnement, on pourrait demander (exiger ?) de raser les cathédrales car ce sont des symboles éminemment religieux placés dans l'espace public.

Moi : Voici un argument qui n'est pas digne de toi, mon ami. Tu vaux mieux que ça.

Marc : pourquoi et en quoi ?

Moi : Parce-que tu connais aussi bien que moi les principes de la laïcité et que tu es un homme cultivé.

Marc : bon je précise pour qu'on ne se méprenne pas sur mes intentions. Ma religiosité personnelle se limite à cela : vivre et laisser vivre. Le catholicisme aujourd'hui n'est pas une menace pour la laïcité. Le manque de repères culturels, l'oubli du passé, le manque de la moindre nuance, là ce sont de véritables menaces pour l'humanité entière.

Moi : Les Chrétiens ont aussi leurs intégristes qui n'attendent qu'une chose : soumettre l'ensemble de l'humanité à leur religion, à leur mode de vie. Il n'existe aucune religion sans danger.

Marc : laïcité = neutralité de l’État en matière de religion. Mais dès lors qu'on fête Noël avec force sapins et pères Noël, et puis plein de scènes avec des élans et autres symbolismes creux de partout, je ne vois pas pourquoi une crèche ici ou là, qui permet à une partie de la population de s'y retrouver, devrait forcément gêner l'autre partie de la population. Où alors, il faudrait éradiquer Noël complètement.

Moi : Oui je suis totalement pour éradiquer toutes les fêtes religieuses de l'espace public. Si les gens veulent fêter leur religion, pani pwoblèm, qu'ils prennent des jours de congés et qu'ils fassent cela chez eux sans s'imposer aux autres. C'est d'ailleurs ce que font les musulmans.

Marc : " Il n'existe aucune religion dans danger" cela n'est pas la question. Par exemple la revendication d'athéisme qui est une affirmation en général très péremptoire, est une posture également très religieuse - avec ses propres danger, voir certaines dictatures. En cela, je ne vois pas que la tolérance laïque ne pourrait s'accorder d'une crèche ici ou là, comme symbolisme de noël parmi d'autres. "Qu’ils fassent cela chez eux sans s'imposer aux autres." en général, c'est bien ce qui se passe, la situation n'est pas dramatique.

Moi : Non ce n'est pas ce qui se passe. Toutes nos vacances scolaires sont calées sur les fêtes chrétiennes, les catholiques s'arc-boutent sur les crèches dans les mairies tout en demandant aux juifs et aux musulmans d'être discrets dans leurs pratiques, pendant la période de Noël, à la téloche, nous n'avons que des navets américains qui montrent des gens aller à la messe le soir de Noël, pendant que les écoles privées catholiques ne posent de problème de conscience à personne, on ignore les écoles juives et nous refusons (collectivement s'entend) les écoles musulmanes, etc... Quelle autre religion, en France, a le droit au même traitement ? Aucune. Ce qui ce passe en France est digne du reste des autres pays qui ont tous une religion d'état. Moi je refuse cet état de fait.

lundi 24 octobre 2016

CETA, les lobbies ne feront pas encore la loi.

Arbitrage des conflits entre multinationales et État par des tribunaux d'arbitrage favorables aux entreprises, pas assez de protection pour les agriculteurs … plusieurs raisons ont poussé la Wallonie à refuser de signer ce traité de libre-échange vu comme le cheval de Troie du TAFTA. La Belgique a emboîté le pas de l'entité fédérée, ce qui a bloqué ce traité. Ainsi, le 21 octobre, le Canada a annoncé, sur un ton mélodramatique, l'échec et la fin des négociations sur le CETA et cela pour la plus grande joie de ceux, militants écologistes, altermondialistes, décroissants, qui, depuis des années, s’étaient mobilisés contre ce traité anti-social, risqué pour les services publics et la santé, anti-écologique et climatocide. Mme Freeman, ministre canadienne du Commerce, visiblement émue, s'est brièvement confiée à la presse belge, se disant «très déçue» tout en estimant «qu’il semble évident que l'Union européenne n'est pas capable d'avoir maintenant un accord international, même avec un pays qui a des valeurs aussi européennes que le Canada». A ces mots le parti écologiste belge a rappelé que «Ce n'est pas un combat entre l'Europe et le Canada, mais bien entre les multinationales et la démocratie»

Pourtant, alors que les signaux alarmants de la dégradation de la biosphère se multiplient, on observe, chez beaucoup, croyants embrigadés, une volonté farouche de défendre cet accord et tout ceux initiés par le libéralisme, prometteurs illusoires de commerces, de croissance, d'emplois, de richesse ... de bonheur pour tous. « Contrairement au projet d'accord TAFTA - me dit Ludo sur Facebook - le CETA me semble un accord équilibré, qui prévoit notamment la reconnaissance par le Canada de 157 Indications Géographique Protégées (IGP), l'accès des entreprises européennes aux marchés publics canadiens (aujourd'hui fermés aux entreprises européennes, alors que les marchés publics européens sont ouverts à 90% aux entreprises canadiennes), et des tribunaux d'arbitrages organisés au plan international (et non pas privés, comme prévu dans le projet de TAFTA). Les choses ont bien évolué avec Justin Trudeau comme Premier Ministre du Canada ! »

A cela je réponds qu’à l'instar de Monsieur Magnette (voir vidéo en fin de texte), chef du gouvernement wallon, je me demande pourquoi est-ce que cet accord, que l’on dit si génial pour les citoyens, a été si caché, si secret, si négocié loin des gens, à un tout petit nombre de nébuleux négociateurs ? En fait les élus récoltent, là, la méfiance et la défiance, résultat de dizaines d’années de mensonges fais aux citoyens, de renoncements face aux lobbies et face aux multinationales qui n'ont jamais travaillé pour le bien de l'humanité (ça se saurait).

Aussi il n'y a aucune raison de penser que cet accord, fait par et pour les puissants, soit bon pour les citoyens européens et mon ami Patrick en révèle les évidences, les contradictions.

« Pourquoi négocie-t-on sur l'alimentaire alors que tout le monde est d'accord pour dire qu’industriel ou pas, il faut développer les circuits courts seule logique économique permettant de ne pas tuer les territoires ?

Cet accord souhaite éliminer les droits de douanes pour des échanges longues distances sans taxer le coût de la pollution du transport. Bonjour les Gaz à effet de serre, bonjour le gaspillage. Bonjour la COP21 !

Concernant l’alimentaire, on va importer du porc et du bœuf, que l'on a en surproduction en Europe et on va leur exporter du lait avec notre modèle "libéral" européen de subvention qui a démontrer sa toxicité pour les territoires ?

On ouvre tous les marchés publics canadiens. Super! Faisons vivre aux canadiens le coup d'Alsthom... ils achèteront sans doute des tgv pour faire leur métro. Mais la vraie question est pourquoi sommes nous autant ouvert à 90% contre 10 ?!?!

Comment, également, peut-on accepter qu'un état, gardien d'une cohésion de société, puisse être attaqué par des entreprises dont le seul but est de gagner de l'argent avec des tribunaux plus que douteux... d'avocats d'affaires ? »

Merci donc à nos amis Wallons d'avoir tenu bon et de nous prouver que, même minoritaires, nous pouvons obtenir gain de cause. Merci à la Wallonie qui a, en moins de 2 mois, fait dérailler un processus opaque alors que les 28 Etats membres n'avaient rien obtenu depuis des années de négociations. Merci à nos voisins Belges d’avoir été, en le voulant ou non, les porte-paroles des opposants européens.

Mais il serait illusoire de croire que la guerre est gagnée car dans ces affaires là l’histoire a toujours montré que les puissants ne désarment jamais. Nous avons gagné une bataille, mais pas la guerre. Et pour preuve, après avoir essayé de poser un ultimatum à la Belgique, l’Europe, selon une source européenne nous dit le journal Le Monde, annonce que l’annulation ou le report éventuel du sommet, de jeudi prochain, ne signent pas la fin du CETA, la Commission étant prête à laisser encore quelques semaines supplémentaires à la Belgique pour permettre une signature ultérieure de l’accord de libre-échange. Soyons assurés que les pressions sauront être faites, sur les responsables Belges, à l'instar de cette menace, de la commission européenne, de supprimer les subventions du FEDER (Fonds européen de développement économique et régional) ou bien encore cette lettre de menaces, envoyée à tous les parlementaires Wallons, par un des lobbies les plus influents de Bruxelles, comme nous le dévoile, dans une pétition, les 5 collectifs lorrains STOP TAFTA CETA, pour qu’in fine la Belgique cède et laisse la route libre aux affaires des multinationales, fer de lance du totalitarisme de la croissance.



- - - - - -

Dernières informations :

Finalement, il y aura bien un accord. L'UE et le Canada signeront dimanche 30 octobre, à Bruxelles, leur accord de libre-échange (CETA), mettant fin à deux semaines de psychodrame avec la Belgique et sa région francophone de Wallonie qui bloquait cette signature. "Mission accomplie ! Je viens de me mettre d'accord avec le Premier ministre (canadien) Justin Trudeau pour tenir un sommet UE-Canada ce dimanche", a twitté vendredi, un peu avant minuit, le président du Conseil de l'UE, Donald Tusk, une fois obtenue l'approbation des 28 Etats membres.

vendredi 21 octobre 2016

ZAD : Valls sans retour.

Alors que nous écrivons ces lignes, le bruit de l'hélicoptère tente de briser notre concentration. Il tourne, désormais quotidiennement, là-haut où les avions ne volent pas, répandant sa rumeur de guerre et de reconquête. César guette et cherche à impressionner. Parfois il se met légèrement sur le flanc, pour nous mieux observer. Est-il surpris par la ronde des tracteurs qui depuis quelques jours déposent des balles de foin aux carrefours ? Par ces comités de soutien qui viennent repérer les lieux les plus stratégiques où ériger leurs barricades ? Par les formations qui chaque fin de semaine regroupent plus de cent personnes venues se préparer aux expulsions annoncées ? Peut-être l'est-il davantage encore de tous ces gestes qui perdurent. Sylvie et Marcel qui soignent leur troupeau, les moissons du sarrasin, un fest-noz célébrant la récolte de patates, quatre-vingt charpentiers bâtissant l'ossature d'un gigantesque hangar ou une bibliothèque tout juste inaugurée. Son regard peut-il embrasser avec les 2000 hectares toute la richesse de la vie qui les peuplent ? Celle qu'il prétend détruire dans le mois à venir...

Les préparatifs d'une nouvelle opération d'occupation et de destruction du bocage à sept mois des élections présidentielles ont quelque chose d'irréel. Après un printemps de grèves, de blocages économiques, d'agitation de rue contre la loi travail, en plein état d'urgence, quel serait l'enjeu de transformer ce coin de campagne mais aussi la ville de Nantes en véritables poudrières ? Ce n'est certes pas seulement pour construire un aéroport de plus et ainsi honorer les « accords public-privé » avec la multinationale Vinci. S'il est vital pour les gouvernants d'écraser la zad, c'est qu'elle constitue une démonstration insolente d'une vie possible sans eux. Et d'une vie meilleure. À l'heure où la seule prise politique qui nous est proposée consiste à choisir, le nez bouché, le moins pire des affairistes en mesure de battre le FN (mais d'en appliquer le programme), le surgissement d'un territoire hors et contre le principe même de gouvernement leur est insupportable.

Car ici, l'expression « zone de non droit », qu'ils voudraient effrayante, a pris une acception radicalement positive. Contrairement à ce qui a lieu dans les rues des villes « policées », à la zad, personne ne dort dehors et chacun mange à sa faim. De grands dortoirs accueillent les arrivants, un « non-marché » hebdomadaire propose les légumes, la farine, le lait, le pain et les fromages produits sur place, sans qu'un prix ne vienne en sanctionner la valeur. Dans les nombreuses infrastructures collectives, mais aussi dans les échanges ou les travaux collectifs, les relations se basent sur la confiance et la mise en commun, à l'envers des logiques ayant cours qui s'appuient sur le soupçon et l'individualisme. Ce que les cyniques de tous bords taxent d'utopie irréalisable est éprouvé dans les gestes et la matière. Même l'absence de police et de justice - les gendarmes ne fréquentant plus la zone depuis 2013 - n'a pas produit le chaos que d'aucuns auraient imaginé et souhaité. Les opposants à l'aéroport ont démontré qu'ils étaient capables de vivre ensemble sans aucune tutelle les surplombant. Une communauté de lutte a donc patiemment vu le jour, nouant des liens tissés pour résister aux attaques comme au pourrissement. Tout ceci ne va pas sans heurts, évidemment, si déshabitués que nous sommes à décider nous-mêmes de nos devenirs. Nous réapprenons, nous apprenons, et rien n'est plus joyeux et passionnant que de se plonger dans cet inconnu.

C'est pour toutes ces raisons que la zad représente une véritable expérience révolutionnaire, de celles qui redessinent radicalement les lignes de conflit d'une époque. Le mouvement anti-aéroport s'étend aujourd'hui dans des pans de la société habituellement plus sensibles au chantage à l'emploi et à la crise qu'à la défense d'un bocage. Les salariés de Vinci, mais aussi de l'actuel aéroport, ont clairement exprimé, via leurs sections CGT, qu'ils rejoignaient la lutte et ne seraient jamais des « mercenaires ». De même, les lycéens et étudiants mobilisés au cours du mouvement contre la loi travail s'apprêtent à bloquer leurs établissements dès l'arrivée des troupes. Trop d'espoirs sont condensés ici pour que nous puissions être vaincus, il en va de notre avenir, de nos possibilités d'émancipation. Nombreux sont ceux qui le pressentent, se tenant prêts à transformer la bataille de Notre-Dame-des-Landes, si elle a lieu, en véritable soulèvement populaire, capable de rabattre l'arrogance d'un État qui pense pouvoir impunément casser les travailleurs, précariser la population, mutiler les manifestants, tuer Rémi Fraisse, Adama Traoré et tant d'autres, donner un blanc-seing à sa police et continuer allègrement sa chasse aux migrants.

Face à leurs fusils semi-létaux, face à leurs blindés à chenilles, nous aurons les armes séculaires de la résistance : nos corps, des pierres, des tracteurs et des bouteilles incendiaires, mais surtout notre incroyable solidarité. Peu importe que la partie soit inégale, elle l'était tout autant en 2012, quand après des semaines dans la boue, derrière les barricades, nous leurs avons finalement fait tourner les talons. Il y a quelques semaines déjà, alors que sous le hangar de la Vacherit l'assemblée du mouvement touchait à sa fin, un octogénaire se lève, un éclat de malice dans le regard et des cartons plein les bras. Il déballe fièrement les mille lance-pierres qu'il a fabriqués avec quelques complices pour projeter des glaçons de peinture. Tous rient, mais en essaient l'élastique. Car s'il faut à nouveau prendre les sentiers de la guerre pour défendre ce bocage, nous serons nombreux à le faire, ici, partout. C'est ce que nous avons affirmé ensemble une fois de plus lors de la grande manifestation du 8 octobre. Brandissant nos bâtons, nous avons scellé ce serment : nous défendrons ce bocage comme on défend sa peau ; policiers, soldats, politiciens, vous pouvez venir raser les maisons, abattre le bétail, détruire les haies et les forêts, ne vous y trompez pas : la fin de votre mandat ne suffirait pas à éteindre ce que vous embraseriez à Notre-Dame-des-Landes.

Depuis Notre-Dame-des-Landes par le collectif Mauvaise Troupe

mardi 11 octobre 2016

Notre Dame des Landes : Serment du 8 Octobre 2016

Tout le monde sait que cet aéroport n'est pas nécessaire, que Nantes Atlantique est suffisamment dimensionné pour accueillir le trafic aérien des prochaines années, que les zones humides ont un rôle protecteur et écologique irremplaçable, que nous devons valoriser et protéger nos terres nourricières et qu'enfin, pour limiter le réchauffement climatique, il faut drastiquement diminuer nos consommations d'énergies fossiles ... et bien non ! Nos dirigeants persistent et s'obstinent sur ce grand projet du siècle dernier "mal enclenché dès le départ, avec un déni de démocratie, un déni de transparence, un manque de dialogue, un manque d'explications, un manque de justification" selon Ségolène Royal (Lundi soir sur iTélé). La Ministre le reconnait elle-même "Certains élus locaux ou lobbys se sont obstinés. On aurait dû prendre le temps de bien écouter ce qui se passait." Et la ministre de continuer, "l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été surdimensionné, sans doute pour des intérêts financiers, ou parce qu’il fallait justifier qu’il fallait déplacer cet aéroport. Et jamais une autorité médiatrice n’a dit Comparons les deux projets, et voyons ce qui se passe".

Ainsi donc, non, Messieurs les promoteurs, le rassemblement du 8 Octobre à Notre Dame des Landes de 40 000 manifestants, n'est pas un baroud d'honneur, mais bel et bien une prise de conscience qui fait tâche d'huile.

Les opposants que nous sommes mettront toute leur énergie pour que ce symbole d'un système qui nous conduit dans le mur reste le fantasme de gens qui ont une vue court-termiste que seul le business motive.

Cet aéroport "ne verra pas le jour" !!! Et ce n'est pas moi qui le dit mais le Président de la République, lui-même, dans un livre intitulé "Un président ne devrait pas dire ça... Les Secrets d'un quinquennat", de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, journalistes au Monde, qui ont recueilli les confidences de François Hollande et qui leur aurait également confié, qu'il était, à titre personnel, hostile à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Et ben alors ? Qu'attend-t-il, lui qui en a le pouvoir, pour signer l'arrêt du projet ?

Mais en attendant, samedi dernier, à donc eu lieu, un rassemblement sur place et François témoigne.



Où allez vous camarades, avec vos bâtons gravés ?
Dans les roues de Vinci, nous allons les déposer !

Ce matin là, on avait rendez-vous, fallait arriver de bonne heure pour éviter les encombrements (ou camper). Alors la veille, on est monté à la capitale, on a encore pris les bus (et les autoroutes du vilain entrepreneur), et hop, nous voilà à l'aube à Notre Dame des Landes. On a traversé les champs (et le camping) endormis pour rejoindre la vache-rie. Et on a bien rigolé autour des cafés.

Et puis, on s'est mis en route, dans les chemins creux ; ça ne favorise pas la vitesse, mais plutôt les échanges. Et il y en a eu, sur tout, avec tous ; pas des avis tranchés de spécialistes, nous n'en sommes pas. Tout ce qu'on sait, c'est que c'est une hérésie criminelle que de vouloir bétonner, ici et ailleurs. La terre n'est pas comme leur volonté de profits, elle est limitée.

Et voilà, après avoir aussi retrouvé les luttes de Calais, contre les compteurs dits intelligents ..., nous avons collectivement déposé nos bâtons, prêts à venir les reprendre pour les mettre dans les roues de ceux qui voudraient poursuivre ce projet fou.

Combien étions nous ? Une méthode originale : évaluer la densité de bâtons plantés. Une méthode aérienne : compter le nombre de passages de l'hélico de service (faut croire qu'il ne paie pas ses heures de vol).

Une méthode classique : compter le nombre de caméras. La méthode militante : on est 40000, le champ est plein en début d'après-midi, et il en arrive encore !

Celles et ceux qui sont venus ont montré leur volonté de ne pas laisser faire un quelconque chantier. Le "D" de ZAD !

Nous avons déclaré :

"En ce 8 octobre, nous saisissons nos bâtons, symbole de notre détermination et outil de protection de cette ZAD que nous aimons. En les plantant aujourd’hui, nous scellons dans le sol de Notre-Dame-des-Landes notre serment collectif de revenir, si nécessaire,défendre la ZAD. Nous ne nous soumettons ni à la loi du profit, ni à celle du plus fort : nous sommes là, nous serons là !"

Texte et photos : François Guigon