"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 6 juillet 2023

Dès lors les banlieues se sont embrasées

 


"Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue." Dom Helder Camara 

Même en étant "connu défavorablement" de la police, même en refusant d'obtempérer, la mort n'était pas une option. Non Nahel n'avait aucunes bonnes raisons d'être tué. Je pense à la famille et fait mienne leur douleur. 

Et c’est comme une histoire qui se répète avec "Monsieur blanc cassis qui continue son délire convaincu que déjà son âme est chez le diable, que sa mort fût trop douce, qu'il méritait pire ... "

"Je vois la France entière du fond de mes ténèbres 

Les charognards sont là, la mort ne vient pas seule 

J'ai la connerie humaine comme oraison funèbre 

Le regard des curieux comme unique linceul 

C'est bien fait pour ta gueule 

Tu n'es qu'un p'tit salaud 

On portera pas le deuil 

C'est bien fait pour ta peau

Renaud

Dès lors les banlieues se sont embrasées … Mais ?!?! 

Mais en quoi piller le Franprix et l'opticien c'est rendre hommage à Nahel ?!?! Franprix ou l'opticien sont-ils responsables de la mort de Nahel ? En quoi les pillages vont-ils régler les problèmes qui se posent dans la police ? Les pillards ne sont que des vandales. En quoi casser la ville cela va-t-il améliorer la qualité de vie des Ulissien.ne.s ? 

Casser, brûler la voiture des Ulissien.ne.s, qui ne sont pas les gens les plus riches de la planète, casser l'une des villes les plus pauvres de l'Essonne, une ville profondément amoureuse et au service de sa population, c'est quoi le message politique ?!?! 

"Déjà que j'avais pas grand chose 

Dans ma petite vie pas toujours rose 

[...] Oublié des hommes et de Dieu 

Entre ma petite femme et mon chien 

J'avais que la télé et puis rien 

[...] On m'a taxé ma seule richesse 

Et je réalise avec tristesse 

Que les voleurs c'est malheureux 

Volent toujours à plus pauvres qu'eux 

Si je tenais l'enfant de gredin 

Qui m'a volé mon nain de jardin 

Je lui ferais passer le goût du pain 

Je lui ferais passer le goût du pain" 

Renaud 

"Moi je te le dis, je condamne fermement les violences. C'est pas bien ! C'est mal ! La colère est légitime, mais les voyous ils n'ont pas à détruire les services publics, les transports ou les hôpitaux. Ça ! C'est le travail de l’État !!!" Wali Dia, France Inter. 

La solution ne peut jamais être la violence en État de droits, la solution est obligatoirement politique, par l'engagement et le vote. C'est en cela que l'apaisement ne se décrète pas mais qu'il se construit ... 

Bouder la Gauche et les écologistes ou s'abstenir c'est s'assurer que des politiques de droites soient au pouvoir et que l'on récolte la misère et la colère. 

La violence ne fait juste que renforcer l'image de racailles que l'on a dans l'esprit des conservateur.trice.s et des réactionnaires qui eux et elles ne s'abstiennent pas de voter à droite. La violence fait le lit des fachos. Les violent.e.s sont les idiot.e.s utiles des fascistes. 

Mais ceci étant dit, je vois dans la colère populaire une colère contre une France qui n'a pas fait son travail autour de notre culture collective colonialiste et un brin raciste qui engendre plafonds de verre et stigmatisation sociale, qui engendre la frustration et donc la colère. Je repense au film "Noirs en France" qui retrace très bien les préjugés qui sont dans nos têtes façonnées par des années de pub racistes et de blagues à la con. Un film qui retrace des histoires individuelles, façonnées par des années de préjugés et de stéréotypes. Qu'y a-t-il de commun entre les Noir.e.s français.e.s ? Pas grand-chose ou pour mieux dire, autant qu'avec n'importe quel.le autre citoyen.ne de France. Pas grand-chose, en effet, hormis leur couleur de peau et le racisme dont ils et elles sont victimes, c'est ce que démontre très bien ce film. 

Je vois dans la colère populaire une colère contre une France qui maintient les castes et enferme ses enfants dans des stéréotypes. Une France qui s'empêche de faire Nation. En "France, aujourd'hui, certaines vies valent moins que d'autres. Certains territoires valent moins que d'autres. L’égalité y est un concept théorique." nous dit très justement Cyrielle Châtelain, Députée EELV. 

Aujourd'hui combien sommes-nous à nous être regardé.e.s honnêtement en face et avons reconnu être forgé.e.s de cette petite, minable, condescendante et insidieuse supériorité blanche, même ceux et celles qui, comme moi, ont été élevé.e.s dans l'anti-racisme ? Combien ? Combien sommes nous à avoir accepté que cela fasse tristement partie de notre histoire, de notre culture collective, mais que jamais cela ne puisse biaiser notre regard, notre écoute et notre respect pour nos semblables issu.e.s d'ailleurs ? 

J'accuse depuis des années et je continue à accuser la droite et le patronat d'être la cause de la désespérance des jeunes en refusant la diversité dans leurs entreprises, en mettant des bâtons dans la vie de nos jeunes issu.e.s des cités et des banlieues. Rien de pire que les racistes non-racistes qui nous expliquent, la main sur le cœur, la voix tremblante d'émotions, que tout ça est dans nos têtes, que tout cela n'existe pas et surtout pas dans leur entreprise. Et pourtant les testing d'SOS racisme, nous disent une autre version de l'histoire. 

Comme le dit mon ami Mustapha L., "Les Mustapha, Rachida, Mamadou et autres, nous avons tous et toutes des "incidents" croustillants et multiples à raconter. Lorsque il a fallut les relater, nous étions dans la victimisation

Les patrons sont responsables de la discrimination sociale, du désespoir et finalement de la colère.

vendredi 23 juin 2023

Les quatre Titanic

Jacques Attali dit, dans une plus belle langue que moi et avec plus de talents, ce que je dis. Lui, moi et plein d'autres personnes avons été frappés par ce que dit vraiment de nous le naufrage du sous-marin Titan. 

La métaphore est si évidente qu’on hésite à l’utiliser : voir un petit sous-marin touristique ironiquement nommé « Titan », se fourvoyer dans le voisinage de l’épave du Titanic, dans un voyage d’observation obscène, comme si on espérait y apercevoir les restes de ceux qui y sont morts noyés ; le voir ensuite disparaître, comme celui qu’il allait observer ; se rendre compte que ceux qui s’y trouvent sont trois audacieux touristes milliardaires, l’organisateur de ce voyage et un guide ultra compétent ; observer les médias du monde entier s’intéresser à ce fait divers, et en parler ad nauseum ; voir les armées et les entreprises les plus puissantes mettre en scène une opération de sauvetage qui leur sert surtout à faire la publicité de leurs propres machines. Tous les travers de notre époque s’y trouvent rassemblés : la fascination pour le spectacle de la mort, le gout illimité des plus riches pour la consommation la plus luxueuse et pour les sensations fortes, la panne d’une machine à qui on a trop demandé, la passion des médias pour la vie des riches, la folie dispendieuse des puissants faisant tout pour sauver leurs proches, l’usage de tout, même du pire, pour créer des sources de spectacle et de profit. Comme un nouveau Titanic refaisant les mêmes erreurs mortelles que le précèdent. Et dont certains se préparent déjà, d’ailleurs, sans doute à faire des films. 

 Mais il y a plus encore, car il y a aussi au moins deux autres Titanic. 

Les bateaux de réfugiés d’abord, qui coulent, dans l’indifférence générale, en Méditerranée et ailleurs. Et, pour ne parler que de l’un d’entre eux, qui n’est pas tout à fait passé inaperçu, en route vers l’Italie, repoussé au large, et oublié quand il a commencé à couler ; sans qu’on ne consacre, pour sauver 750 enfants, femmes et hommes, le millionième des moyens qu’on a consacré à tenter de secourir cinq personnes. (Qui a cherché à entendre des cognements dans la carcasse de ce misérable bateau de pêche, où on savait qu’avaient été enfermés des centaines de femmes et d’enfants ?). Cela dit, tant de ce qu’est notre monde, où l’aveuglement des puissants, la concentration des richesses et l’oubli des plus pauvres sont devenus la règle. 

 Et enfin, un quatrième Titanic, si énorme qu’on ne le voit pas : notre humanité. Nous sommes tous, comme sur le Titanic, emportés vers l’avenir sans vraiment choisir une destination, fascinés par nos moyens, aveuglés par notre puissance, inconscients des dangers, oublieux des misères des gens qui sont dans la soute. Et, une fois de plus, tardant à utiliser les moyens dont nous disposons pour nous sauver. Le sort des trois autres Titanic nous démontre que ni les plus riches, ni les plus pauvres, ne sont sortis vivants de l’aventure. 

Nous n’avons pas encore coulé. Ni comme le Titanic, ni comme le Titan, ni comme ce bateau de pêche anonyme. Nous ne sommes pourtant pas loin de la catastrophe. C’est une affaire de deux décennies, c’est-à-dire rien. Nous avons encore le temps de faire ce que je nomme « le Grand Virage ». Nous ne sommes absolument pas en train de le faire. On se contente de rassurer les vivants d’aujourd’hui avec quelques mesures de façades qui n’empêcheront pas le monde de devenir, à tres court tres terme, un enfer invivable. Il faut l’assumer. Comme avec les trois autres Titanic, sans une action très rapide et considérable, nous serons les fossoyeurs, sinon les assassins de nos petits-enfants. 

 N’oublions pas d’ailleurs que le nom du Titanic fut justement choisi en référence orgueilleuse aux Titans, nom générique des fils de Gaia et d’Ouranos, dont Chronos qui fut combattu par le seul de ses fils qu’il n’avait pas dévorés ; Zeus qui finit par vaincre son père et le noyer, avec ses oncles (sauf Océan, Thémis, Prométhée et Epiméthée) dans le fleuve Tartare. Zeus garda le ciel pour lui et donna la mer à un de ses frères, Poséidon, et les Enfers à l’autre, Hadès. Là encore, tout est dit. 

Puisse ce fait divers (dont je ne peux que deviner l’issue vraisemblablement tragique à l’heure où j’écris) nous servir de leçon. 

Et si l’issue n’est pas tragique, mettons en œuvre au plus vite les mêmes moyens pour sauver l’espèce humaine.

Jacques Attali 

Image : Scène du film “Titanic”, de James Cameron (1997). © Crédit photo : 20th Century Fox.

jeudi 22 juin 2023

Le Titan ou l'allégorie de l'arrogance

 

Cette recherche de sous-marin en perdition autour de l'épave du Titanic mise en parallèle avec le dernier naufrage meurtrier en Méditerranée, met en lumière l'inégalité écœurante des vies que vous soyez puissant.e ou misérable. 

Que l'on ne se méprenne pas, je souhaite ardemment que l'on retrouve vivants les cinq passagers du sous-marin. Aussi stupides soient ces gens riches qui se croient tout permis parce qu'ils en ont les moyens, personne ne mérite de mourir au fond de l'océan. 

Mourir en mer c'est, pour moi qui suis un gens de mer, un cauchemar. 

Ceci étant dit, c'est une fois de plus la démonstration que la vie humaine n'a pas la même valeur suivant que tu sois riche ou pauvre. Si tu es riche on déploiera des moyens fous pour te venir en aide en revanche, si tu es pauvre et réfugié.e sur une misérable épave flottante, on souhaitera presque que tu ne coules avec tes compagnons d'infortune. 

Il y a clairement deux poids, deux mesures. 

C'est une triste allégorie de notre monde. 

Le Titan ou l'allégorie de l'effondrement. 

Ces stupides gens riches qui sont en perdition dans le sous-marin au dessus du Titanic et qui s'arrogent le droit de le faire parce qu'ils peuvent le faire, parce qu'ils ont les moyens de le faire, c'est une image de notre monde de gens riches, dont nous sommes. 

Nous sommes toutes et tous dans le sous-marin dans les abysses des crises écologiques, climatiques, de biodiversité, énergétiques et métalliques qui menacent notre durabilité. 

Nous sommes dans ce sous-marin, jouissant de la possibilité de naviguer en eaux profondes sans en saisir le danger, jouant même avec le danger. 

Nous sommes stupides de poursuivre la descente alors qu'en surface, si nous cessons l'expérience, notre survie est assurée. 

Et pourtant nous continuons la descente. 

Pire !!! Nous, gens riches, à refuser de renoncer à la jouissance de la toute puissance, nous entraînons, dans le sous-marin le reste de l'humanité et les générations futures. 

Nous sommes ces stupides gens riches dans ce sous-marin en perdition et nous attendons que le monde entier, à notre service parce que nous sommes riches, vienne nous sauver. Nous sommes ces stupides gens riches dans ce sous-marin en perdition, mais personne ne pourra nous sauver malgré la technologie déployée. 

Le Titan ou l'allégorie de l'arrogance


 

dimanche 11 juin 2023

Paris-Saclay, Ligne 18 un obstacle écologique et agricole

 

ZPNAF. Le plateau de Saclay constitue une zone à vocation agricole au sud de Paris et bénéficie, de part sa configuration géologique et géographique, de terres exceptionnellement fertiles et tolérantes à la sécheresse. En 2008-2010, la conjonction de l’Opération d’Intérêt National Paris-Saclay et du projet du Grand Paris annoncent une forte urbanisation du Plateau de Saclay. Les mobilisations de la société civile et d’élus locaux aboutissent à la création d’une zone de protection naturelle, agricole et forestière (ZPNAF) à Paris-Saclay dans le cadre de la Loi du Grand Paris. Cette zone (4115 ha) rend non urbanisables les espaces naturels et agricoles qui la composent. 

 https://epa-paris-saclay.fr/le-territoire/tout-savoir-sur-la-zpnaf/ 

Ligne 18. L’utilité publique de la ligne 18 a été confirmée par le conseil d’État en juin 2018. La ligne 18 relie Orly à Versailles et comporte initialement une section souterraine (Orly-Palaiseau) et une section aérienne en viaduc (Palaiseau-Versailles). En novembre 2020, la Société du Grand Paris (SGP) a décidé de « mettre au sol » une section de 5.1 km entre Saclay et Châteaufort, pour des raisons «à la fois paysagères et budgétaires». Ces 5km au sol coupent en deux la zone de protection naturelle, agricole et forestière (ZPNAF). Une étude d’impact est réalisée par la SGP (SGP juin 2021, mars 2022). Les mesures de réduction des impacts consistent à mettre en place des zones de passages pour la faune pour préserver les continuités écologiques et un tunnel pour la traversée de la Ligne 18 par des engins agricoles. 

Zaclay. Le collectif contre la Ligne 18 (https://nonalaligne18.fr/) s’installe le 22 mai 2021 sur des champs agricoles du Plateau de Saclay, prêtés par des agriculteurs du plateau. Le collectif défend, entre autre, l’abandon du tronçon Massy-Versailles de la Ligne 18 : un transport inadapté aux besoins de la population et surdimensionné. Cette revendication est confirmée (au moins sur la partie Saclay-Versailles) par la publication récente, par la SGP, des prévisions de trafic de voyageurs. La soutenabilité financière du tronçon Saclay-Versailles est questionnée par de nombreuses associations. 

Une proposition alternative au tronçon au sol. Une enquête publique est ouverte du 28 juin au 30 juillet 2021, concernant, notamment, la modification du projet Ligne 18 avec le passage au sol de la Ligne 18 sur le tronçon Saclay-Châteaufort. Le 12 octobre 2021, la commission d’enquête publique remet son rapport. Elle souligne les impacts négatifs de ce passage au sol et propose une solution alternative dont voici un extrait : "Ainsi, il apparaît à la commission d’enquête judicieux d’apporter un correctif au projet modifié présenté en prolongeant en tranchée ouverte avec un passage en tranchée couverte sous la RD938. La ligne 18 pourrait être à la même profondeur entre la zone des Graviers et le rond-point de Châteaufort.

(https://www.prefectures-regions.gouv.fr/ile-de-france/content/download/87795/564358/file/2021-10-12_Conclusions_L18DUPmodif2.pdf). 

Terre & Cité. L’association Terre & Cité (créée dès 2001 pour préserver les terres agricoles du plateau de Saclay, https://terreetcite.org/) et sa présidente Caroline Doucerain (maire des Loges en Josas) tentent de négocier avec la SGP et la préfecture de l’Essonne pour défendre la solution de la tranchée ouverte. La préservation des fonctionnalités agricoles de la ZPNAF inclue la facilitation des circulations agricoles, qui sont menacées par le passage au sol de la Ligne 18. Les plans fournis à l’association par la SGP concernant le passage des engins agricoles sous la Ligne 18 ne sont pas convaincants. De façon générale, chaque nouvel élément d’urbanisation du plateau de Saclay réduit la facilité des circulations agricoles. Une lettre ouverte est adressée par les agriculteurs et les élus locaux du plateau à la Première Ministre le 1er décembre 2022. 

Continuités écologiques. Le 6 juin 2023, une étude menée par des scientifiques de l’Institut Diversité, Ecologie, Evolution du Vivant (IDEEV) sous la direction de Paul Leadley montre que le passage au sol de la Ligne 18 sur le tronçon Saclay-Châteaufort menace les continuités écologiques du plateau. Elle est disponible sur le lien : 

https://moulon.inrae.fr/news/2023/06/continuit%C3%A9s-%C3%A9cologiques-du-plateau-de-saclay/ 

Conclusions. Les agriculteurs du plateau, les élus, des collectifs citoyens et des scientifiques de l’IDEEV s’accordent pour s’inquiéter des impacts négatifs du passage au sol de la ligne 18 sur le tronçon Saclay-Châteaufort. Le rapport de Paul Leadley pose un regard nouveau sur la question des continuités écologiques. Les négociations entre l’association Terre & Cité et la SGP, qui ne prend pas en compte les recommandations de la commission d’enquête publique pour des questions budgétaires, sont plus que difficiles. Quel est le prix de la préservation de la biodiversité sur le Plateau de Saclay ? 

Par Christine Dillmann, professeure à l’Université Paris-Saclay et dirige l’UMR GQE-Le Moulon, membre fondateur de l’Institut Diversité, Ecologie, Evolution du Vivant (IDEEV). Elle est depuis janvier 2019 responsable du domaine agricole expérimental de l’unité de recherche. A ce titre, elle fait partie du collège agriculteurs de l’association Terre & Cité.

dimanche 2 avril 2023

Sainte-Soline, témoignage de Mathieu Eisinger

Je suis traumatisé. 

Pas la peine d’euphémiser, de tourner autour du pot. 

Je suis traumatisé. 

Par ces deux heures. Était-ce une ? Trois ? Je ne sais pas. 

Le temps s’est fracturé, disloqué, étendu, rétréci. 

Impossible de savoir. 

Pendant tout ce temps où j’étais à Sainte-Soline, j’étais en enfer. 

Un enfer champêtre, entouré d’ami·es, en ayant marché dans la joie, accompagné de drapeaux au vent, de chants d’oiseaux, d‘un timide soleil et de gâteaux à la fleur d’oranger distribués ça et là, à qui en avait envie. Et puis le sol s’est dérobé sous mes pieds. 

Quelqu’un a brutalement changé la bande-son, a poussé le volume à 150db, les bouchons d’oreille que je mettrais plus tard, trop tard, n’y changeront que peu de choses. D’ailleurs merci mille fois à la personne qui a sorti un sac de 20 bouchons et les a distribués aux affamés de silence que nous étions. Je ne te connais pas mais je t’aime. 

Combien d’explosions ai-je entendu 100, 1000 ? plus encore ? De toute façon c’était trop, beaucoup trop. 

Et des lacrymos encore. Partout. De manière aléatoire, disproportionnée et soudaine. 

A l’héroïsme de la lutte du début, à l’affrontement presqu’enfantin de nos oiseaux de bois et de nos pancartes succède une pluie de lacrymogène partout. 

Une nuée de quads vole et attaque le cortège à ma droite. À mon extrême droite ? 

Je vois une chaîne humaine se former pour entourer le talus de terre que je devine être cette méga-bassines encore vide. 

Et cette chaîne mange des lacrymos. Encore et encore. 

Au milieu de ce tumulte, je me sens en danger psychique, je prends le large, je me recule mais là c’est pire. 

Les grenades assourdissantes vont plus loin que les lacrymos. Une d’elle explose à 5m de moi, j’ai le temps de voir la petite lumière rouge qui vibre et boum. L’onde du bruit me percute au thorax, souffle coupé. Je suis sonné debout. Mais où suis-je ? Qu’ai-je donc fait ? 

N’y-a-t-il aucun endroit où je suis en sécurité ? La foule crie pour soutenir les camarades qui partent au combat. 

Je hurle. No Bassaran ! No bassaran ! Je sors la rage qui est en moi. No Bassaran ! No bassaran ! 

Ce caillou qui est à mes pieds, vais-je le lancer ? Tout mon corps crie oui ! Je résiste. Je refuse. Je regrette aujourd’hui. 

Et ça pète. Ça pète sans cesse. Devant, derrière, à gauche, à droite. Des « attention ! » ponctuent chaque minute mais attention où ? En haut ? Il n’y a rien à faire. 

Des « Medic, Medic ! » fusent de plus en plus. 

Des mains se lèvent pour montrer la source de la demande d’un·e Medic. 

Mais quand est-ce que cela va finir ? Jamais ? Heureusement le vent nous aide. Notre agilité collective aussi. Dès qu’une lacrymo tombe nous sommes 8 à venir l’enterrer sous des mottes de terre que nous avons préparées mais contre les grenades de désencerclement ? Contre les grenades assourdissantes ? 

Nous sommes nu·es… Rien à faire. Rien. Nous ne sommes pas des guerriers. La puissance militaire est de leur coté. 

Combat perdu d’avance. Ridicule de nos parapluies contre leurs explosifs. Va-t-il y avoir des morts ? Combien ? 

Et médiatiquement… je sais que nous perdrons. 

Ha qu’il va bien leur servir ce camion qui brûle à cause d’un molotov de chez nous. Oui il y avait des molotov. Défense du pauvre j’ai envie de dire. 

Vous pourrez l’ouvrir votre JT avec cette image du camion CRS « en proie aux flammes » comme vous direz. Toute pensée de ce qui se joue ici s’arrêtera là. « Inacceptable » sera la couverture du Parisien du dimanche. Honte à vous, journaliste de l’ordre. 

Et ça pète encore. Et encore. Medic ! Medic ! Cela doit cesser. 

Nous ne faisons pas le poids. Tant pis. Préservons-nous. Il n’y a pas de mal à reconnaître la supériorité de force de l’ennemi. 

Qu’il garde la vacuité de son combat. 

Le ridicule de la situation. 

Ces 3000 robocops grotesques qui défendent un trou. Un immense trou que leur bêtise ne pourrait remplir tellement il est grand et pourtant… Ce sont des lâches, des faibles. Ils ne savent que taper. 

Et ça pète. Ça pète. 

Et puis ça s’arrête. 

Silence. 

Je suis devenu sourd ? Non, ça marche. Des cris. Des gens boitent. 

De la musique sur une remorque tirée à bout de bras arrive. Irréel. 

Ai-je rêvé cet enfer ? 

Petit à petit tout le monde s’affale, s’étend. 

On dort. On danse. On respire. 

On se retrouve. 

Donnez-moi des bras. 

Dans lesquels m’enfouir, m’enfuir, m’évanouir, disparaître. 

Des pétards d’artifices explosent. 

Mais n’en avez vous pas eu assez ?? 

Premier sursaut post-assaut. 

Je comprends instantanément que ce bruit s’est imprégné en moi. 

Profondément. 

Je marche sans réfléchir. 

Je suis le flot. 

I am the flow 

Mes yeux tombent sur deux compresses imbibées de sang. 

Tâche rouge sur la terre marron. 

La terre a bu du sang. 

La terre a bu du sang parce que des puissants s’accaparent l’eau. 

La terre a bu du sang parce que l’État protège les puissants. 

La terre a bu du sang parce que la propriété privé est plus forte que le bien commun. 

Ce qui se passe ici est essentiel. 

L’eau c’est la vie. 

La vie n’appartient à personne. 

Et surtout pas aux jeteurs de grenades ni à leur chef. 

La terre a bu du sang. 

Pourquoi ? Pourquoi tout ça ? Tout ça pour ça ? Quelle absurdité. 

Nous rentrons abattus. 

Je traverse la soirée comme un zombie. 

Envie d’être là. Envie d’être ailleurs. 

Le dimanche se passe. 

Je suis brassé mais rien de précis. 

Ça monte. 

Une chorale chante « à bas l’État policier » Nous reprenons à 300 voix. 

Je pleure. Ça monte. 

Le lundi, je me retrouve en salle de montage devant des images de la lutte de samedi. 

La bande son. 

Cette bande son me saute au visage. 

Je ne vais pas pouvoir regarder ça longtemps. 

J’écourte ma journée. 

Mardi manif. J’arrive place de la République. 

Un pétard explose. 

Je suis pétrifié. 

Panique-attaque. 

Je ne peux pas vraiment bougé. 

Heureusement je ne suis pas seul. 

-Ça va ? 

-Heu pas trop en fait. 

Des frissons montent le long de mes jambes. 

Je pleure. 

Je respire pour me calmer. 

Je redescend. 

Je pars dans le cortège. 

Re pétard. 

Puis un autre, celui de trop, à cinq mètres de moi. 

Je n’en peux plus. 

Je dois partir. 

J’ai du mal à marcher. 

Je remonte le cortège pour récupérer mon vélo laissé place de la République.

 C’est la République qui m’a gazé ? 

C’est la République qui m’a fait ça ? 

Je croise 40 CRS. 

Je me glace. 

Je suffoque.

Je marche mais je suis paralysé.

Je bouge mais je meurs. 

Je suis traumatisé. 

Pas la peine d’euphémiser, de tourner autour du pot. 

Je suis traumatisé.

lundi 27 mars 2023

Non à la réforme des retraites !!!!


« Penser les retraites du monde à venir, c’est penser un équilibre vivable pour toutes et tous, un projet qui permette à toutes les générations de bien vivre et de ne pas transmettre en héritage à nos enfants la dette sociale comme on reporte aujourd’hui la dette écologique. Les travailleurs et travailleuses ont besoin de repos, la planète aussi ! » Nous dit, très justement, EELV 

 « Cette réforme des retraites n’a aucune légitimité, ni populaire, ni parlementaire. Emmanuel Macron refuse d’entendre le mouvement social massif et exemplaire, les manifestations d’une ampleur inédite, sans équivalent depuis plus de 50 ans, les millions de personnes qui continuent à se mettre en grève, en sacrifiant plusieurs jours de salaire. 

Depuis des semaines, nous dénonçons et luttons contre cette réforme injuste, inégalitaire et qui risque d’enfermer toute une partie de la population dans une précarité inextricable. Depuis des semaines, le gouvernement nous oppose brutalité et passages en force. 

Ce passage en force augmente encore notre détermination à continuer le combat et à défendre un autre modèle de système de retraites, plus juste, plus équitable et avec l’objectif commun de la retraite à 60 ans. » Poursuit, avec raison, la NUPES. 

Face à nos mobilisations monstres, le Président Macron s’est exprimé Mercredi 22 mars dans une interview totalement lunaire et, selon lui, ce que nous aurions réclamé, lors des manifs, ce serait de mettre au boulot les pauvres qui profitent, lâchement, du système sans rien faire de leurs journées, pendant que les travailleurs et travailleuses triment … et bien sûr, pas un mot sur ses copains les riches. Lunaire on vous dit.

Bien sûr le problème ne viendrait pas du système inégalitaire dont il s’est arrogé le rôle de gardien. Bien évidemment le problème ne viendrait pas des cadeaux fait aux riches et aux puissants où, ce qu’ils perdent, ce sont les françaises et le français qui le remboursent et ce qu’ils gagnent, ce sont les français et les françaises qui le perdent. Tel Don Salluste dans « La folie des grandeurs » de Gérard Oury, Macron nous dit, en substance, que « les pauvres c’est fait pour être très pauvre et les riches pour être très riche ». Le gouvernement verse 216 milliards d’euros sous forme de cadeaux aux riches et aux puissants (refus de lutter contre la fraude fiscale, augmentation de la fortune des milliardaires sans redistribution, suppression de l’ISF, baisse des impôts de production et des bénéfices des entreprises, refus de taxer les super-profits, acceptation que Total ne paye aucun impôt en France, etc…) mais il est incapable de trouver 12 milliards d’euros par ans pour compléter les 345 milliards du budget des retraites. Est-on sûr que l’on a cherché partout ? Non, le faux problème du financement des retraites n’est pas un problème d’allongement de l’espérance de vie, ni de démographie, c’est juste un problème de choix politiques capitalistes où les humains et l’environnement ne sont que des variables d’ajustements. C'est tellement facile, pour les capitalistes et les libéraux, après avoir organisé la faillite de l'Etat, aux profits des entreprises privées et du capital, de réclamer, ensuite, aux salarié.e.s de payer les pots cassés, sous le faux et fétide prétexte que "c'est ça ou la banqueroute", alors que ce n'est juste qu'une question de choix politiques. C'est tellement facile. C'est tellement immoral. 

Mercredi 22 mars, nous avons eu le droit à un président à la logorrhée directement sortie de la droite de Thénardiers, où se mêle mépris, irresponsabilité des français.e.s, valeur travail, ordre et sécurité ... Un président complètement agaçant. Un président totalement hors sol. 

Plus personne ne peut dire, qu'en politique, les choses ne sont pas claires : La droite travaille pour les riches et les puissants, la Nupes travaille pour les vrais gens avec le seul projet social et écologique. Tout ne se vaut pas, Macron l'a démontré ! Mais tout de même je ne peux m’empêcher de penser que si les français.e.s avaient massivement voté et surtout massivement voté pour la NUPES, aux dernières législatives, on n'en serait pas là, on ne serait pas obligé de faire grève, ni de défiler dans la rue, ni de bloquer le pays. C’était aux dernières législatives qu’il fallait bloquer Le Président. Les français.e.s, aux dernières législatives, ont voté pour donner une majorité au Président Macron ou se sont abstenu mais, quand on s'abstient, on vote pour le ou la gagnant.e, .... la majorité des votant.e.s a donc préféré une droite de Thénardiers à une Nupes émancipatrice. Les français.e.s ont préféré le joug, la sueur et la peine à la vie, à la justice sociale, à l'équité. Que d'énergies perdues. Que de temps perdu. Que d‘opportunités perdues ! 

Mercredi 22 mars, nous avons eu le droit à un Président aux faux airs de père de la Nation alors que nous avons un Président qui martyrise ses compatriotes. Un Président qui gaz, qui humilie, qui éborgne et mutile des pères et mères de familles qui sont loin d’être des casseurs et des casseuses. Macron gaz et martyrise les jeunes qui sont l’avenir de notre Nation. Il gaz et martyrise les travailleurs et travailleuses qui sont l’énergie de cette Nation. Les écologistes expriment leur indignation face à la multiplication des témoignages de violences policières et aux stratégies d’intimidation des manifestant·es. Nous dénonçons également un schéma national de maintien de l’ordre aussi brutal qu’inefficace. Les écologistes réaffirment leur opposition à toute violence qu’elle soit dirigée vers les forces de l’ordre (que je préfèrerais revoir baptisée, « gardiens de la paix », leurs missions en seraient toute autres) ou qu’elle soit dirigée vers les citoyens et citoyennes. La Police et la Gendarmerie devraient être là pour nous protéger et non pour nous martyriser. 

Mercredi 22 mars nous avons eu le droit à un Président qui n’entend rien et reste, comme d’autres avant lui, droit dans ses bottes, campé dans ses certitudes, persuadé de la justesse de ses choix, seul contre toutes et tous. 

Et cela alors que nos arguments sont clairs : Nos vies ne sont pas destinées à être enchainées au travail, à user notre patience dans les embouteillages, à respirer les gaz d’échappements et à mourir le plus vite possible quand nous ne serions plus productifs et productives. La vie c’est aussi les week-ends, les vacances, les RTT et la retraite. La vie c’est pouvoir visiter la France et découvrir ses trésors, marcher dans la nature, se baigner dans la mer, vivre en famille en bonne santé, se cultiver… VIVRE en somme ! Souvenons-nous pourtant qu’actuellement 2/3 des plus de 60 ans sont au chômage et les plus de 55 ans sont ceux et celles qui ont le plus de mal à retrouver un emploi, les entreprises ne voulant pas embaucher les seniors. Dès lors quel sens cela a-t-il de repousser l'âge de départ à la retraite ? « A 62 ans 25 % des plus pauvres sont déjà morts, contre 5% des plus riches. La retraite à 64 ans c’est achever les classes populaires pour financer les retraites des plus riches » nous dit très justement Karima Delli, eurodéputée EELV. 

« Le rapport du COR ne nous prédit pas un monde invivable en 2050, le rapport du GIEC, si !!! Travailler plus, c'est produire plus, c'est extraire plus, c'est polluer plus. C'est pourquoi, avec la majorité de la population, nous, les écologistes, sommes opposés à cette réforme des retraites. Elle participe d'une logique qui épuise les humains et la planète en visant les objectifs insoutenables d'une croissance infinie dans un monde fini. » nous disent, dans une tribune publiée sur France-info le 5 mars, les principales associations environnementales et des personnalités, comme la militante Camille Etienne, qui appellent à manifester contre la réforme des retraites, qu'elles jugent préjudiciable pour la lutte contre le réchauffement climatique. 

Travailler plus, mais pour quoi faire ? Pour produire quoi ? Pour poursuivre le dogme de la croissance écocidaire ? Pour renforcer le productivisme climatocide ? pour bétonner ? pour épuiser la planète et les humains ? Je dis, haut et fort que je suis pour la transition écologique de la vie et cela passe par le droit de vivre sa retraite en bonne santé pendant de longues années. Je dis haut et fort que je suis opposé.e.s à la réforme des retraites du Président Macron et je réclame avec la majorité de Français.e.s purement et simplement sa suppression.

lundi 2 janvier 2023

A vous pour 2023, par Sonia Roisin


Voilà plus de trente ans que je vais à la rencontre des enfants des écoles de la République avec instruments, chansons, musiques de toutes époques et tous styles…. Cela avec beaucoup d’enthousiasme partagé… 

Plus de 30 ans que j’observe les mutations de notre société à travers leurs réactions, leurs questionnements, leur créativité. Et ce que cela révèle de leur rapport aux adultes et au monde. 

Une réflexion s’impose de manière toujours plus prégnante : l’école fait face à des bouleversements profonds dont elle ne peut seule assumer tous les défis, y compris celui de la transmission. 

Nous avons basculé dans l’ère du numérique, et il est urgent d’ « enseigner à vivre » selon Edgar Morin. 

Je fais partie de la dernière génération à ne pas être née avec les écrans et le tout numérique. 

Aussi, me semble-t-il important, pour les générations futures, de témoigner et de dire ce que le numérique a apporté de positif à nos vies, mais également tout ce qu’il a profondément modifié et parfois altéré. 

Oui Internet, nous a ouvert un champ de connaissances et d’explorations quasiment infini, et les enfants sont bien plus éveillés que notre génération dans bien des domaines quand ils sont bien accompagnés dans leurs navigations sur la toile. Il est fascinant d’avoir toutes ces informations à portée de clic, d’être connectés les un.es aux autres d’un bout à l’autre de la planète. 

Mais, les réseaux sociaux nous ont aussi isolés tout en nous donnant l’illusion de communauté. Ils ont séparé les générations, chacun vit désormais dans son univers virtuel. 

 Le temps de transmission culturelle inter générationnel s’est nettement réduit, les enfants sont de plus en plus tôt face à leurs écrans casques vissés sur les oreilles. Ils n’écoutent plus la musique de leurs parents, qui inversement sont de plus en plus déconnectés de l’univers culturel et virtuel de leurs enfants. 

A l’heure où nous devrions prendre le virage de la sobriété, internet a boosté notre consommation toujours plus rapidement assouvie, nous donnant l’illusion que tout est accessible et en quantité infinie. Renforçant nos instincts de prédation et nos pulsions au détriment de notre capacité à penser le temps long, celui de la sobriété. 

Les enfants sont l’avenir de l’humanité et pourtant notre société prend-elle la mesure de ce à quoi elle devrait être vigilante en termes de transmission ? 

La numérisation de leur univers a profondément modifié l’accès au monde des enfants. Comme je l’ai déjà dit, ils peuvent tout explorer sur la toile et découvrir de nombreux domaines passionnants. 

Mais les enfants, souvent seuls face aux écrans, sont aussi livrés sans filtres, ni accompagnement aux influenceurs et influenceuses de tout genre, aux Fake news, à la pornographie, la violence, au harcèlement, à l’addiction des jeux en ligne …Le tout numérique a également fait voler en éclat le droit à l’oubli et donc réduit leur espace de liberté… 

Le virtuel, les a extraits d’une immersion (réelle) dans la nature, ses odeurs, ses textures, ses reliefs, ses lumières, ses sons… A modifié leur rapport au vivant… 

Les enfants ne demandent qu’à explorer le monde. Prenons donc le temps de les ancrer aussi et surtout dans le réel. 

Oui, prenons le temps de les emmener dans nos belles forêts, faisons-leur partager les plaisirs simples de la vie, de ceux qui laissent une trace indélébile dans le corps et l’âme des futurs adultes qu’ils deviendront. 

Jouons avec eux sous la pluie, dans l’eau des rivières, de la mer, observons ensemble les étoiles, la nature, ressortons les jeux de société, allons au spectacle vivant, au concert, organisons des jeux de pistes dans nos quartiers, à la campagne, sortons dehors sentir l’odeur de la terre mouillée, faisons-leur écouter et reconnaitre le chant des oiseaux, préparons de bons petits plats avec eux, faisons-leur découvrir les goûts, les odeurs, chantons avec eux encore et encore... 

Apprenons l’observation, l’empathie, la solidarité loin des logiques d’accumulation, et d’individualisme. Cultivons le jardin de la paix, seule voie possible pour construire et préserver un monde vivable. Ne l’oublions jamais, la guerre détruit l’intelligence, la beauté et l’avenir. 

« Le vent se lève, il faut tenter de vivre ! » Paul Valéry 

Transmettons aux enfants le pouvoir de vivre ! 

Belle année à vous ! 

Sonia ROISIN (Marcoussis)

dimanche 1 janvier 2023

Bonne et heureuse année 2023


En ce premier janvier mes pensées pacifistes vont à toutes les victimes de violences et de guerres.

N'étant pas superstitieux, je connais le côté vain des vœux mais ils racontent tout de même toute la bienveillance que l'on porte à nos proches et nos ami.e.s. Alors pourquoi s'en priver ? 

Aujourd'hui je pense aux iranien.ne.s et aux Ukrainien.ne.s et je leur souhaite que 2023 voit la fin de leur calvaire et que leur combat pour la liberté soit couronné de toutes les victoires espérées. 

À vous toutes et tous je vous souhaite une belle et heureuse année 2023 riche de tous les possibles. 

À nous tous et toutes je nous souhaite qu'enfin notre espèce découvre la sagesse afin que nous puissions réellement relever le défi de la durabilité. Ça urge !!!! 

Et en effet, la lutte pour l’environnement versus les dégradations de la planète est une course de vélo contre un TGV. Personne ne peut dire que nos idées n’infusent pas les groupes humains, mais à un rythme qui ne permet pas de contrebalancer les atteintes irréversibles que notre humanité inflige à son seul et unique vaisseau spatial. Tout prend trop de temps et du temps on en a de moins en moins. L’ADN des écologistes c’est d’être des lanceurs d’alertes et de ne pas relâcher la pression devant une opinion qui est plus encline à s’illusionner de bonnes petites nouvelles, au détriment des catastrophes annoncées, afin de se rassurer et poursuivre tranquillement notre fuite en avant. En matière d’écologie, l’opinion préférera, aux vérités qui dérangent, les mensonges qui rassurent. La maison brule et nous regardons ailleurs. Et pourtant, depuis plus de 50 ans nous alertons sur les défis climatiques, de biodiversité, énergétiques, écologiques et métalliques qui sont devant nous et qui conditionnent notre durabilité suivant les réponses collectives que nous apporterons ou non. Depuis plus de 50 ans nous alertons et l’histoire nous donne tristement raison. Il y a urgence dans la mobilisation générale. 

Mais en ce début d’année, fatigué de plus de 30 ans de militantisme, j’ai envie de voir le verre à moitié rempli afin de nous redonner un peu d’énergie positive pour poursuivre, demain, avec entrain et volonté, les luttes écologiques, sociales et solidaires. Pour ces vœux de nouvelle année, une fois n’est pas coutume, je vais m’efforcer de regarder ce qui a été encourageant en 2022 afin de se dire que 2023 pourra être encore mieux et montrer que c’est possible dès lors que la mobilisation est collective. Ainsi janvier 2022 a vu la loi « antigaspillage » entrer en vigueur et aura aussi marqué l’interdiction de nombreux plastiques à usage unique. De même le projet controversé d’extraction de sable coquillier en baie de Lannion (Côtes-d’Armor) a été abandonné par la Compagnie armoricaine de navigation qui le portait. Le 1er février, le tribunal administratif de Paris a mis fin aux activités de la cellule Demeter censée lutter contre « l’agribashing » et qui servait à surveiller et entraver les associations écologistes. Toujours en février, l’Islande a annoncé qu’elle mettra fin à la pêche à la baleine à partir de 2024. Le 31 mars, le tribunal administratif de Besançon a annulé le permis de construire et l’autorisation environnementale accordés à Amazon pour un projet d’entrepôt de 76 000 mètres carrés prévu à Fontaine (Territoire de Belfort). En 2022 il s’est vendu plus de bicyclettes neuves que de voitures, motos et scooters réunis. Depuis septembre 2022 les menus végétariens sont devenus la norme dans les cantines de Grenoble (Isère). Fin juin, le gouvernement des Pays-Bas a annoncé son intention de limiter le trafic de l’aéroport Amsterdam-Schiphol. Le 17 août, le groupe Florian, industriel du bois, a abandonné son projet de méga-scierie à Lannemezan (Hautes-Pyrénées). Le 5 septembre, l’installation du premier parc éolien en mer de France a été achevée au large de Saint-Nazaire. Loups, ours, baleines ou aigles démontrent que lorsqu’on la laisse prospérer, la faune sauvage parvient à faire son retour, comme le révèle un rapport de l’ONG European wildlife comeback paru le 26 septembre. Le 21 octobre, la France s’est retirée du Traité sur la charte de l’énergie (TCE), jugé incompatible avec les objectifs de l’accord de Paris suivie par l’Union Européenne le 24 novembre. Le 25 octobre, le tribunal administratif de Grenoble (Isère) a suspendu le projet de construction d’une retenue collinaire visant à alimenter la station de ski de la Clusaz (Haute-Savoie). Le 2 décembre, la Commission européenne a validé la suppression, en France, de certaines lignes aériennes lorsqu’il existe une alternative en train de moins de 2h30. Dans la nuit du 5 au 6 décembre, le Parlement européen et les États membres se sont accordés pour interdire l’importation de plusieurs produits, comme le cacao, le café ou le soja, lorsqu’ils contribuent à la déforestation. Etc, etc, etc … Le site « Vert, le média » ressence 80 bonnes nouvelles dans son article « Bonnes nouvelles (ou presque) pour l’écologie en 2022 ». Merci à lui pour cet article qui fait du bien dans ce monde de brutes. 

De notre côté, aux Ulis, le chemin vers la résilience avance après 40 ans de déni municipal. Ainsi et entre autres, notre ville a été désignée « Ville engagée pour la biodiversité » par la Région Ile de France, c’est une belle étape pour atteindre le titre de capitale de la biodiversité. La Municipalité que par ailleurs je soutiens ne veut pas regarder la maison bruler et même si le chemin de la résilience, pour notre ville et ses habitant.e.s, n’est pas encore gagné, je reconnais que l’écoute et la volonté sont là et je m’en félicite. 

Mais tout ceci n’est pas venu de la seule et unique bonne volonté des dirigeant.e.s de cette planète, il aura fallu la mobilisation sans faille, des écologistes du monde entier, pendant des années et des années, pour arracher ces avancées. L’écologie est la démonstration de l’union fait la force, que la mobilisation paye. Je vous appelle donc à vous mobiliser, à vous engager pour 2023 et les années qui suivront pour l’écologie concrète, politique et/ou associative. Nous n’avons plus le choix que la lutte engagée, déterminée, comme les jeunes de « Bigger than us » nous y invitent, et pacifique et ce ne sera jamais que groupé.e.s que nous y parviendrons. Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas juste de le prévoir mais de le rendre vivable, viable, paisible, désirable, en un mot … durable. Engagez-vous ! rejoignez-nous ! rejoignez les Ecologistes 

Bonne et heureuse année 2023 à toutes et à tous