"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

vendredi 16 septembre 2016

2017, en avant toute … pour une catastrophe écologique

"Il est étrange de regarder l’état de notre planète et les préoccupations de nos hommes politiques." Nous dit Philippe Torreton dans le journal l'Humanité du 9 septembre 2016. Barbara Pompili précise la pensée dans le Libération du 15 septembre, "Dans la séquence électorale qui s’engage, les questions environnementales ne font pas l’actualité. Pourtant, les candidats à la primaire de la droite préparent en silence un grand retour en arrière."

Déjà en février Luc Chatel, avait prévenu "Les Républicains doivent être le parti du principe d’innovation plus que du principe de précaution, le parti du gaz de schiste, des OGM, des biotechs". De son coté, dans sa région, Xavier Bertrand, abandonne le soutien aux énergies renouvelables et notamment à l’éolien. "Comble de la régression, poursuit Barbara Pompili, voila Nicolas Sarkozy qui nie l’impact des activités humaines sur le réchauffement climatique ! Celui qui avait commencé son quinquennat en recevant Al Gore en est aujourd’hui réduit à singer Donald Trump...". Ainsi donc, Nicolas Sarkozy, ce populiste, arriviste et opportuniste, en saurait plus, sur l'évolution du climat global, que tous les scientifiques du monde. Prochaine étape : la Terre est plate, le Kraken existe et la Terre ne tourne pas sinon les avions ne pourraient pas atterrir... "Ne nous y trompons pas, termine Barbara Pompili : un retour de la droite au pouvoir en 2017 ne marquerait pas, sur le plan environnemental, un coup d’arrêt, mais bien un retour en arrière sans précédent."

De leur coté, dans les territoires, la droite appel, au nom de la productivité et de la compétitivité à la poursuite de la fuite en avant. Inutile de rappeler l'activisme maladif de Bruno Retailleau pour voir le béton couler à Notre Dame des Landes ou bien les fermes-usines, les exploration du sous-sol, les incinération des déchets, les aéroport et lignes à grande vitesse, les centres de loisirs mégalos, les petits et grands projets inutiles et imposés qui fleurissent sur nos territoires et qui font, chaque jour, reculer le vivant devant le béton. Rappelons Roybon, un village vacances « Center Parc » qui doit artificialiser 202 hectares de zone humide ou bien encore EuropaCity, The complexe « ludo-touristico-commercial » du futur qui est vu comme un pôle d’attraction international : 31 millions de visiteurs par an (14,2 à Disneyland Paris), 230 000 m² de surface commerciale, 500 boutiques, 2 700 chambres d’hôtel, un parc aquatique, un cirque, des montagnes russes, un immense parc à neige (3 fois celui de Dubaï) et surtout la destruction des dernières terres agricoles proches de Paris, parmi les plus fertiles d’Europe. De tout cela, la droite en est et en sera l'ardent promoteur comme le prouve l’actuel activisme des élus de droite d’île de France qui œuvrent pour achever le bétonnage du plateau de Saclay. En effet, souvenez vous, l'île de France s'est portée candidate pour accueillir l'exposition universelle de 2025… mais pas à Paris … un des lieux possibles serait le Plateau de Saclay et ses terres agricoles en partie sanctuarisées. Il faut, dès lors, 50 ha pour cette future verrue ! Lors d'une réunion d'aglo, le 15 Septembre 2016 au soir, le maire de Verrières-le-Buisson, Thomas JOLY a été le seul Maire à exprimer des réserves aux cotés de la première adjointe d'Orsay. En revanche les maires de Bures sur Yvette, d'Igny et de Palaiseau ont fait des interventions fortes de soutien à la venue de cette exposition sur le Plateau, prétextant que cela accélérera l'arrivée du métro ! … qui, lui même, du propre aveu du commissaire enquêteur dépêché, à l'époque, sur l'enquête du cluster Paris-Saclay, accélérera l'abrogation de la protection des 2300 ha de terres agricoles et forestières, permettant, de fait, la poursuite du bétonnage du Plateau de Saclay. Car c'est bien connu, en France, les espaces naturels sont protégés jusqu'au premier projet de destruction.

Profitez bien, bande de bobos allumés et rêveurs, des derniers espaces encore non urbanisés de notre territoire car ce n'est pas avec la régression écologique, promise par la droite, que nous pouvons espérer autre chose que du béton, du béton et encore du béton.

Ainsi, la vue de l'arrivée, plus que probable, de la droite en 2017, on se dit que les Socialistes, avec leurs renoncements sociaux et environnementaux, auront bien préparé le terrain de la catastrophe écologique républicaine. Chapeau bas les artistes !

Mais laissons les mots de la fin à celui qui avait commencé ce texte, Philippe Torreton car, comme à son habitude, son franc parlé est salutaire.

"Il est étrange de regarder l’état de notre planète et les préoccupations de nos hommes politiques. C’est un exercice, si vous le faites, qui peut affecter durablement votre moral. Nos hommes politiques pourtant lisent des rapports alarmants sur l’état de notre planète, ils regardent comme vous et moi des documentaires, ils se font interpeller souvent, reçoivent des pétitions, ils sont informés, aucun d’entre eux ne peut affirmer ignorer les dangers qui pèsent sur la planète et qui autorisent des scientifiques tout à fait sérieux à estimer la fin de plus en plus probable de l’espèce humaine. Cette ignorance n’est donc plus permise car elle n’est plus possible, ainsi chaque député, chaque sénateur, chaque eurodéputé, en votant une loi ou un amendement qui va à l’encontre des intérêts écologiques de l’humanité, sait ce qu’il fait. Chaque vote électronique à main levée ou à bulletin secret n’allant pas dans le sens d’un impératif environnemental est donc une décision prise en toute âme et en toute conscience par le délégué européen ou national qui le fait.

Le modèle économique qui consiste à retrouver de la croissance à tout prix est périmé et surtout dangereux, dangereux non seulement pour les acquis sociaux, mais pour le devenir de l’humanité, car cette croissance repose sur un monde consommant et c’est précisément ce monde qui est pénalisant pour l’espèce humaine. La campagne présidentielle qui nous pend au nez ne sera pas centrée autour de l’écologie, il y sera question de migrants, de sécurité et de flexibilité dans les entreprises, le futur président peut être tranquille, il n’aura à faire preuve d’aucun courage, d’aucune vision d’avenir pour la planète. Il pourra faire sa petite popote néolibérale ou sociale-démocrate bien pépère, calé dans son fauteuil aux quatre pieds cloués… À moins qu’une catastrophe climatique ne s’abatte sur le pays dans les prochains mois, il en sera ainsi et il en sera ainsi encore longtemps car les Verts, chez nous, sont tombés dans tous les pièges du pouvoir et de la lutte pour y arriver. Il en sera ainsi car un homme ou une femme politique qui s’émouvrait de la disparition prochaine des gorilles par exemple serait instantanément certain de ne remporter aucun scrutin.

C’est pour cela que j’en appelle aux catastrophes, je m’en remets à la nature et à ses colères, j’appelle la pluie, le vent, le sable à nous venir en aide, j’implore les mers et nos océans à bomber leurs poitrines, la raison nous reviendra lorsque nous aurons un genou à terre, lorsque nos visages pleins de poussière laisseront voir des yeux suppliants, vous savez, ces mêmes yeux dont nous avons confié la gestion à la Turquie pour 6 milliards d’euros."

jeudi 8 septembre 2016

Rentiers : 35 - Smicards : 0

Il y a des médailles d'or dont on s’honore et celles que l'on dissimule sous le tapis. Dans la seconde catégorie, on classera la médaille d'or des dividendes versés aux actionnaires. 

La France y a été sacrée championne d'Europe pour la troisième année consécutive, excusez du peu. 

Sur le Vieux Continent, aucun autre pays n'a réussi à atteindre les 35 milliards d'euros distribués par les groupes du CAC40 en 2016. Cela représente une hausse de 11,2% en un an, à comparer avec celle du SMIC net mensuel, qui a augmenté de 0,5% en un an, soit 5,6 € de mieux entre janvier 2015 et janvier 2016. On ajoutera que le Smic n'a connu aucun coup de pouce depuis quatre ans au nom de la « Compétitivité » des entreprises, nouveau mantra réunissant, dans un même chœur, les ténors de la droite décomplexée et les petites voix de la Gauche complexée. 

Il faut croire que les sommes exorbitantes versées aux rentiers sont des bienfaits du ciel, comme les petits pains que le Christ distribua aux disciples. 

La croissance de la France a été nulle aux deuxième trimestre. La production industrielle n'a toujours pas retrouvé son niveau de 2008. Le chômage ne bouge qu'à la marge. Le commerce extérieur boit la tasse. Les émissaires du Medef tendent la sébile à l’état pour obtenir de nouveaux subsides publics, en expliquant que les entreprises sont étranglées, qu'elles ne peuvent équilibrer leurs comptes et qu'il faut alléger les « charges » qui fondent pourtant le pacte social à la française. Or pendant ce temps, les sommes versées aux actionnaires alimentent un puits sans fond, et nul n'en parle.

Il est de bon ton de fustiger les « assistés » et d'assimiler les pauvres à des profiteurs sans foi ni loi. Mais jamais on ne dénonce les prébendes des actionnaires, ces assistés de la finance. Jamais on ne s'interroge sur le coût du capital qui freine l'emploi, l'investissement et la recherche. En vertu de la vulgate qui tient lieu de prêt-à-penser, les rentiers ont des privilèges comparables aux droits seigneuriaux de l'ancien régime. 

En son temps, Keynes voulait « euthanasier les actionnaires ». Il disait : « Nous serions capables d’éteindre le soleil et les étoiles parce qu'ils ne rapportent aucun dividende. » Aujourd'hui, Keynes serait passible du tribunal pénal international pour crime contre l'esprit.

Par Jack Dion - Marianne n°1013 du 2 au 8 septembre 2016 page 33
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lundi 5 septembre 2016