"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mardi 28 juillet 2015

Le grand bétonnage, une bombe climatique

Il faudrait compléter cet article par le bétonnage, dans le cadre de l’hyper-densification du Grand Paris, des parcelles de terrains de nos banlieues comme le Plateau de Saclay, mais cette analyse sur les liens entre bétonnage et émission des gaz à effet de serre est très pertinente. De quoi voir arriver AUTREMENT le sommet de la terre sur le climat à Paris-Le Bourget à la fin de cette année.

Le grand bétonnage, une bombe climatique
Par Jade LINDGAARD
Article publié le 27 juillet par Médiapart

Centre commercial d’Aéroville, tout près de l’aéroport de Roissy (DR). Aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Center Parcs, autoroutes, zones d’activités commerciales : au nom du développement de l’activité économique, l’État mène une politique de destruction du territoire aux conséquences irréversibles. L’effet sur le climat est catastrophique : selon un calcul inédit de Mediapart, 100 millions de tonnes de CO2 sont émises chaque année, soit près de 20 % de toutes les émissions nationales, par ce bétonnage endémique.

Depuis la création de Mediapart, je reçois chaque mois des lettres d’opposants à des constructions de lotissements, de supermarchés, de parkings, de routes. La plupart sont de petits projets qui passent inaperçus au niveau national. Quelques hectares, quelques tonnes de ciment. Incapable de tout traiter, je les conserve dans un dossier dédié à côté de mon bureau, et dans les archives de mon ordinateur. Ce sont les témoignages d’une inquiétude diffuse, souvent sans grand moyen d’action, face au bétonnage continu et croissant du territoire national depuis 40 ans.

Chaque année, le développement de projets d’activité commerciale (centres commerciaux, centres de loisir, zones logistiques, entrepôts de stockage de la grande distribution…), d’infrastructures de transport (routes, lignes ferroviaires à grande vitesse…) et surtout de logements, détruit entre 50 000 et 100 000 hectares de terres et d’espaces agricoles en France. Les sols artificialisés, c’est-à-dire qui ont perdu leur état naturel, recouvrent 9,3 % du territoire (en métropole).

Ils ont augmenté de près de 70 % en 30 ans – moins depuis la crise de 2008 –, soit beaucoup plus vite que la population. L’équivalent d’un département disparaît tous les dix ans sous le béton. Plus d’un hectare sur deux est consommé par l’habitat individuel.

Ce grand bétonnage cause des dommages irréversibles aux terres agricoles. Entre 2006 et 2014, l’artificialisation s’est faite pour deux tiers à leurs dépens. Chantier après chantier, disparaissent les plaines, la beauté paysagère. Les oiseaux migrateurs perdent les mares où ils avaient l’habitude de se désaltérer. Des grenouilles, des campagnols, des tritons, des moineaux voient leur habitat rogné par les aires de parking. Le territoire se fragmente, s’imperméabilise et empêche les sols de résister aux inondations. Le cycle de l’eau se perturbe, créant un risque de pénurie, alors que la température se réchauffe, inexorablement.

Cette destruction du territoire est aussi une bombe climatique. Selon un calcul inédit réalisé pour Mediapart, le bétonnage du territoire français émet 100 millions de tonnes de CO2 chaque année. Cela représente 20 % de toutes les émissions de gaz carbonique du pays. C’est gigantesque. C’est presque autant que tous les rejets annuels des transports en France. Et pourtant c’est un chiffre tabou. Les émissions de CO2 du bétonnage en France sont invisibles. Elles ne sont pas mesurées. Elles ne sont pas suivies et ne font l’objet d’aucune politique de réduction. Les données de base sont éparpillées dans les tableaux de l’inventaire national des gaz à effet de serre. Chaque année, le Centre d’études sur la pollution atmosphérique, le Citepa, recense toutes les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire national. Il les classe par secteur d’activité (énergie, agriculture, déchets…), selon la présentation habituelle des États. Dans son état « naturel », le sol est un capteur de CO2, alors que recouvert de béton ou de ciment, il perd sa capacité de stockage. Les experts du Citepa prennent donc en compte le changement d’usage des sols comme source de CO2 : 12,6 millions de tonnes pour la France entière en 2013 (voir le détail en Prolonger). Mais ils ne calculent pas les émissions dues aux chantiers, à la voirie induite, aux caractéristiques du bâti sur ces terrains artificialisés.

Bref, à toutes les activités qui se produisent sur les hectares en voie de dénaturalisation.

Myriade de petits projets

Pour obtenir le vrai bilan climatique du grand bétonnage, Mediapart a fait appel à une spécialiste des bilans carbone en France, Hélène Le Teno, ingénieure et directrice entreprise du cabinet de conseil Auxilia. Elle a patiemment agrégé les rejets de dioxyde de carbone nécessaires à la fabrication du béton et des matériaux de chantier, ceux des travaux, et enfin ceux des voiries (tunnels, métros, routes…) pour s’y rendre, une fois les constructions achevées. «Je ne prends pas seulement en compte la destruction du milieu mais aussi ce qui est construit sur le sol », explique-t-elle. Elle obtient ainsi l’estimation d’environ 100 millions de tonnes de CO2 annuels pour le bétonnage en France. C’est une évaluation prudente, qui ne tient pas compte des émissions de gaz à effet de serre produites par l’usage de ces sites, par exemple de toutes les voitures et de tous les camions qui vont rouler sur les nouveaux tronçons routiers et polluer l’atmosphère d’autres substances dangereuses (particules fines, dioxyde d’azote…).

Il ne serait pourtant pas difficile à l’État de surveiller les gaz à effet de serre du bétonnage : les projets d’activité commerciale font l’objet d’autorisation des préfets de région et de départements. Ils pourraient remonter chaque année le nombre d’hectares autorisés à la destruction. Ce suivi n’existe pas. Quant aux nouveaux logements, ils disposent de permis de construire délivrés par les mairies, et recensés dans la base de données Sitadel. Cette absence de coordination statistique fabrique l’invisibilité des effets climatiques de la destruction du territoire. Aucun outil n’est mis en place pour contrôler la consommation des espaces, alors qu’une multitude d’indicateurs sont utilisés chaque jour pour administrer la France. C’est plus que le signe d’une indifférence à ce saccage environnemental : le reflet d’une vision de l’aménagement du territoire inchangée depuis les Trente Glorieuses, et selon laquelle il est toujours bon d’ériger des bâtiments. Sans conscience que ces constructions diverses sont aussi des destructions du patrimoine et des richesses nationales.

Les grands projets d’aménagement, dits «grands projets inutiles et imposés » par leurs opposants, comme le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le tunnel ferroviaire du Lyon-Turin, le grand stade de Lyon, le centre commercial Europa City… ne sont pas les seuls en cause. Il y a toute la myriade de petits projets autorisés chaque jour : un nouveau centre de logistique, l’agrandissement d’un centre commercial, l’extension d’un parking. C’est la nappe diffuse, quotidienne, du bétonnage qui mite le territoire dans l’indifférence généralisée.

Depuis l’élection de François Hollande, comme sous le mandat de Nicolas Sarkozy – malgré les promesses du Grenelle de l’environnement – les projets d’aménagement pullulent. Près d’Agen, une «technopole » géante de 600 hectares (300 pour la zone d’activité, 300 pour les rocades et barreaux routiers) doit voir le jour à Sainte-Colombe-en-Brulhois, sur des terres alluviales, très fertiles. Dans l’Allier, un projet de golf et de villas à Montcombrouxles-Mines doit dévorer 300 hectares. Dans la plaine de Gonesse, en région parisienne, le groupe Immochan veut développer un projet de centre commercial et de divertissement (dont une piste de ski), Europa City, sur 300 hectares. Non loin de là, en Seine-et-Marne, Pierre et Vacances s’associe à Disney pour créer un village nature sur 260 hectares. À Roybon dans l’Isère, un Center Parcs doit s’implanter sur 60 hectares. Et à Notre-Dame-des-Landes, la zone réservée pour le projet d’aéroport il y a 40 ans couvre 1 700 hectares (mais l’aérogare sera plus petite).

L’énorme chantier du Grand Paris, avec les 68 nouvelles gares du Grand Paris Express, va lui aussi artificialiser des pans entiers du territoire francilien. A priori, l’augmentation de l’offre de services de transports collectifs permet de réduire l’usage de la voiture individuelle et donc de réduire le CO2 des routes. Sauf qu’en réalité, tout dépend du calibrage des sites, de l’importance des travaux et des conditions d’accès à ces nouvelles rames. Au vu de l’immensité du chantier à venir, 40 années d’utilisation des nouvelles installations pourraient être nécessaires pour compenser tout le CO2 qui aura été émis pour la construction des sites (c’est ce qu’on appelle le «temps retour sur carbone »), selon une estimation du cabinet Carbone 4. Il faudrait attendre presque un demi-siècle pour que leur effet soit bénéfique pour le climat. Ils pointent en particulier le problème du creusement des tunnels, très émetteurs (environ 40 000 tonnes de CO2 par km souterrain). « Le projet de transport et l’urbanisation collatérale sont par eux-mêmes source d’émissions. Les émissions absolues de la région Ile-de-France sont susceptibles d’augmenter par apport de la population et développement d’activité économique », préviennent-ils. Selon eux, du point de vue climatique, il faut choisir des infrastructures légères, des raccordements tram/train et la rénovation des lignes existantes, plutôt que la multiplication de gares somptueuses et d’un maillage excessif sous nos pieds.

« Pour que la France reste la France, nous devons continuer à construire des aéroports »

Le drame, c’est que les critères d’émission de CO2 ne contraignent pas les décisions d’aménagement du territoire. D’ailleurs, quel argument les contraint vraiment ? Les préfets sont les maîtres d’œuvre de ces projets, signent les avis des autorités environnementales et délivrent les autorisations de travaux. L’État est juge et partie. Pour le barrage de Sivens, «la procédure a bien été légale, mais elle est loin d’avoir été démocratique », résume Ben Lefetey, porte-parole du collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, dans son livre Sivens, un barrage pour la démocratie.

La tenue de la COP 21, le sommet sur le climat, au Bourget en décembre a inscrit la question climatique dans l’agenda politique national. Les déclarations d’intention fusent sur le climat et se radicalisent à l’approche de la conférence. François Hollande a récemment déclaré qu’un accord permettant de contenir le réchauffement planétaire à 2 °C «signifierait refuser d’accéder à 80 % des ressources fossiles encore disponibles» et qu’il faut préserver les terres agricoles car elles «pourraient stocker 7 à 8 gigatonnes de CO2, tout en stimulant la fertilité des sols : cela nous permettrait de nourrir l’humanité». Et en même temps, son gouvernement relance le plan autoroutier (3,2 milliards d’euros de travaux). Tandis que son secrétaire d’État à la réforme territoriale, André Vallini, déclare que « pour que la France reste la France, nous devons continuer à construire des aéroports, des barrages, des autoroutes, des lignes de TGV, des équipements de tourisme ». Manuel Valls appelle « tous les pays à se fédérer contre le réchauffement » et accorde le label grande cause nationale à la coalition climat 21, qui regroupe des dizaines de mouvements, associations et syndicats. Et, en même temps, veut lancer les travaux à Notre-Dame-des-Landes, pose la première pierre du village nature de Pierre et Vacances et Euro-Disney en Ile-de-France, et signe un accord avec le premier ministre chinois Li Keqiang pour développer les Center Parcs en Chine. Stéphane Le Foll, le ministre de l’agriculture, annonce un programme de recherche pour améliorer les stocks de matière organique des sols («4 pour 1 000 »). Et en même temps, signe le prolongement de l’autorisation de défrichement de la zone où veut se construire le Center Parcs de Roybon. Laurent Fabius, aux affaires étrangères, est le ministre de la COP 21. Et en même temps, il promeut EuropaCity, le giga-centre commercial d’Immochan dans le Val-d’Oise (300 hectares d’artificialisation).

C’est le festival de la dissonance cognitive. Elle crée de la confusion là où l'on aurait besoin de clarté sur les arbitrages économiques et d’une vision cohérente. Le sujet du climat semble servir de rideau de fumée pour que se poursuive une politique de développement de courte vue et bloquée au XXe siècle.

mardi 21 juillet 2015

Non à la brigade d'emplois jeunes pour aider à mieux tuer les loups !!!!


Courrier de protestation envoyé, hier,  à dr.alpes-mediterranee-corse@oncfs.gouv.fr à la demande de l'association FERUS

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Madame, Monsieur,

Dans votre annonce du 20 juillet vous annoncez chercher des jeunes, entre 18 et 25 ans, en emploi d'avenir afin de participer, dites-vous très diplomatiquement parlant, à la mise en œuvre des mesures de gestion des populations de loups et de réalisation des constats de dommages sur animaux domestiques. En clair vous appelez à monter une brigade de jeunes pour mieux tuer les loups, espèce protégée. Ainsi pendant que des associations tentent de mettre en place des bénévoles pour assister les éleveurs et favoriser la cohabitation, l'état embauche des jeunes pour tuer des loups.

Cherchez l’erreur et qui est sur la bonne voie ?

Je suis aux regrets de constater, qu'une fois de plus, votre annonce se place bien dans notre monde actuel où la nature se doit d'être soumise à une humanité qui se pense toute puissante et autorisée à tout. Dogme totalement absurde qui oublie les réalités biologiques de notre propre survie sur cette Terre où tous les maillons de la biodiversité sont indispensables. L'érosion de la biodiversité - que nous observons actuellement est qui correspond, selon les spécialistes à une 6ème extinction massive d'espèces - c'est comme un immense château de cartes : on peut retirer plusieurs cartes sans que rien ne se passe et puis un jour, on retire une carte et c'est la catastrophe, tout s'effondre.

De façon plus générale toutes les actions et tous les arrêtés de destructions qu’il s’agisse d’espèces protégées (protégées jusqu’au premier projet de bétonnage) comme à Notre Dame des Landes, que d’espèces dites nuisibles (mais qui est le plus nuisible entre une humanité folle, prédatrice et destructive et des espèces qui essayent de vivre en équilibre malgès nous ?) où bien d’espèces considérées en surnombre (claquant comme un aveux d’échec du mandat de gestion donné aux chasseurs) dénotent d’une volonté maladive, primaire et inconséquente de notre humanité à contraindre une nature dépeinte comme hostile et prédatrice alors que nous dépendons totalement de ses équilibres. " L'homme saccage sa planète et mène une guerre contre la nature, s'il la gagne, il est perdu ! " nous dit, avec sagesse, Hubert Reeves ... Il est temps de changer de paradigmes.

Ainsi Madame, Monsieur, je me permets par le présent mail, de vous demander, très respectueusement, de renoncer à votre choquant projet porté par cette annonce et qui va à l'encontre du nécessaire changement de paradigme que nous imposent les crises environnementales qui sont là.

Dans l’espoir d’avoir été entendu, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en mes salutations respectueuses.

Bruno BOMBLED

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Breaking News : Pour répondre à la colère des éleveurs français qui ont multiplié les blocages ces derniers jours, le gouvernement a présenté en ce matin du 22 juillet, en Conseil des ministres, un plan de soutien à l'élevage français. Outre un renforcement des actions engagées pour lutter contre la faiblesse des prix et des mesures visant à soulager la trésorerie des exploitants les plus en difficulté (600 M€ de soutien financier), le gouvernement a présenté plusieurs mesures touchant à la problématique environnementale dont celle qui concerne la confirmation que le gouvernement engageait les démarches de déclassement du loup comme espèce strictement protégée, auprès de la Convention de Berne et de l'Union européenne. Trop facile !!! On a un problème, on élimine le problème sans se remettre en cause. Désespérant !

lundi 20 juillet 2015

8 choses à savoir sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Notre-Dame-des-Landes. Tout le monde connaît ce nom mais qui connaît vraiment le projet ? Si l'opposition entre les pro et les anti aéroport est célèbre, France Nature Environnement profite de deux grands rendez-vous pour revenir sur quelques points parmi tant d'autres du fond du dossier.

1 Dépollution de l'eau, stockage de carbone... un projet d'aéroport sur une zone d'exception

1 200 hectares de zones humides et de bocages sont promis à la destruction avec l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Trop souvent méconnues, les zones humides recèlent pourtant bien des atouts : elles contribuent à améliorer la qualité des eaux en les dépolluant, elles assurent une fonction d’éponge qui limitent les effets des inondations et des sècheresses, elles stockent du carbone, sont des réservoirs de biodiversité... Pourtant, elles sont trop souvent saccagées. Deux tiers d'entre elles ont été détruites en un siècle. Par ailleurs, deux Zones naturelles d'intérêt écologiques, faunistiques et floristiques (bois et landes de Rohanne et des Fosses noires et bois, landes et bocage du Sud-ouest de Notre-Dame-des-Landes) ont également vocation à disparaître avec un tel projet.

2 Des inventaires réalisés par des myopes devins

Plus 100 espèces protégées différentes et plusieurs milliers de spécimens de certaines d'entre elles cohabitent sur les terres du projet. Pour connaître cette biodiversité, il est obligatoire de réaliser un inventaire dans le cadre d'une étude d'impact. A Notre-Dame-des-Landes, le bureau d'études en charge du dossier a remis un travail largement bâclé. A titre d'exemple, son étude faune-flore pour l'enquête publique de 2012 a été remise en avril 2012 mais c'est un mois plus tard, en mai, que l'inventaire sur le terrain a été fait. Un rapport avant même le travail de terrain ? à l'épreuve de tout bon sens.

Une incohérence parmi tant d'autres que le collectif des Naturalistes en lutte dans lequel les militants de nos associations sont très actifs, ont mis en évidence dans un contre inventaire. Parmi d'autres, Loïc Macron, chercheur en écologie au CNRS applaudit ce travail qui « a permis de démontrer les faiblesses de l'inventaire du bureau d'étude Biotope mandaté par l'État. Sur la méthode d'investigation pratiquée par les Naturalistes en lutte, il n'y a rien à redire. C'est un travail de grande valeur scientifique ».

3 Une expérience non vérifiée en guise de compensation

Des mesures de compensation, obligation légale censées recréer ou restaurer l'écosystème qui a été détruit, ont également été proposées par les porteurs du projet. Seulement, « à un inventaire incomplet s'ajoute une méthode de compensation qui n'a jamais été éprouvée sur le terrain. » souligne le collège d'experts scientifiques mandaté par la préfecture en 2013. Des mesures compensatoires dans une étude d'impact contre laquelle le collège égrène 12 réserves qui soulignent le manque de sérieux et de validité du travail. Ce point de vue est partagé par le Conseil National de Protection de la Nature qui reprend ces critiques en soulignant là encore « le manque de justifications et l'inopérance de la méthode ».

4 Une amende de l'UE plane au dessus du projet

Effarées par la multiplication d'irrégularités, nos associations ont saisi en 2012 la Commission des pétitions du Parlement européen. Après enquête, la Commission européenne a ouvert une procédure d’infraction contre la France, pour violation du droit de l’Union Européenne, et l’a mise en demeure de régulariser sa situation en reprenant l’ensemble des études environnementales. Une requête réclamée de longue date mais toujours restée lettre morte. Un nouveau contentieux pourrait donc amener la France devant la Cour de Justice de l’Union Européenne, sanctions financières à la clé.

5 Une destruction de nature pourquoi ? Un aéroport plus petit et moins confortable

Le permis de construire recueilli en octobre 2014 par le Canard enchaîné a fortement battu en brèche l'argumentation du projet. En comparant les plans, le projet d'aéroport à Notre-Dames-des-Landes s'avère plus petit que l'actuel aéroport de Nantes Atlantique sur bien des points. Zone de parking pour avions, halls de départ et d'arrivées, salles d'embarquement, caserne de pompier, ou encore zones de maintenance... toutes inférieures. Et le rétrécissement touche aussi le nombre de passerelles d'embarquement ou encore de comptoirs d'enregistrement.

Comment alors l'aéroport peut-il être plus grand ? Doublez la surface de galerie commerciale et la magie opère. En guise de réponse, la préfecture de Loire Atlantique a souhaité préciser que ce permis était « évolutif ».

6 Des dépenses pharaoniques financées... par nos impôts

Vinci Airports a annoncé un coût de 556 millions d’euros hors taxes pour la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-landes. 43 % de cette somme sont financées par des subventions publiques des collectivités et de l'État et ce coût global affiché serait largement sous estimé, selon les architectes Ivan Fouquet et Franco Fedele alors qu'un aménagement de l'aéroport actuel de Nantes-Atlantique serait deux fois moins coûteux.

7 L'aéroport actuel encore loin d'être saturé

L'aéroport de Nantes-Atlantique est saturé et ne pourra jamais accueillir plus de 4 millions de passagers par an affirment systématiquement les militants pro-Notre-Dame-des-Landes. Pourtant, la Direction Générale de l’Aviation Civile a remis en 2013 une étude indiquant que la capacité de l’aéroport actuel pourrait être portée à 9 millions de passagers par an. Et 9 millions, c'est justement le trafic espéré par les porteurs de projet de Notre-Dame-des-Landes pour… 2060. De plus, ce réaménagement de l'aéroport apporterait plus de richesse pour la France selon un bureau d’étude néerlandais indépendant. Pourquoi alors s'entêter ?

8 Lutter contre le dérèglement climatique et développer les aéroports ? Où est la logique ?

2015 voit fleurir de grands discours écologiques à l'approche de la grande conférence internationale de Paris climat 2015. « La France doit être exemplaire », « sur le climat, la France doit être en tête » martèle François Hollande. Alors pourquoi vouloir construire et développer le transport aérien ? La vocation internationale de cet aéroport en fera un des plus émetteurs pour la France et alourdirait considérablement notre bilan carbone. À l’heure de l’optimisation des infrastructures existantes et de la modération des moyens de transport énergivores, il serait peut-être temps de revoir la copie car en plus de promouvoir un mode de déplacement au coût environnemental élevé, l'éloignement de l'aéroport et de Nantes ajouterait un surplus de temps et d'émissions de gaz à effets de serre pour rejoindre la ville.

Nos demandes
  • Annuler le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes et étudier sérieusement et de façon indépendante les possibilités d’aménagement de l’aéroport de Nantes Atlantiques (amélioration de la plate-forme aéroportuaire, arrivée du tramway jusqu'aux terminaux passagers, piste transversale évitant le survol de Nantes...).
  • Privilégier des investissements durables et créateurs d’emplois pour les territoires.
  • Financement par l'État d’une nouvelle étude comparative sur la solution proposée d’aménagement de l’aéroport de Nantes Atlantiques.

samedi 18 juillet 2015

Il n'existe pas de planète de rechange

Interstellar : Alors que la Terre se meurt, une équipe d'astronautes franchit un trou de ver apparu près de Saturne conduisant à une autre galaxie. Ceci dans le but d'explorer un nouveau système stellaire et d'espérer trouver une nouvelle planète habitable pour l'humanité, dans l'espoir de la sauver. ... Wall-E, un petit robot, est le dernier être sur Terre ! 700 ans plus tôt, l'humanité a déserté notre planète en lui laissant le soin de nettoyer la Terre ... Elysium, en l’an 2154. Deux catégories séparent les hommes : les riches, privilégiés, vivent sur la station spatiale parfaite créée par les hommes appelée Elysium, station où il n’y a pas de pauvreté, pas de guerre, pas de maladies. Les autres, pauvres, vivent sur la Terre surpeuplée et ruinée ...

Hier j'ai regardé l'excellent film, Interstellar. Superbe film, aux images magnifiques et au scénario original. J'ai vraiment adoré d'autant plus que le propos du film est une interrogation écolo : comment survivre sur Terre sans biodiversité ? La réponse est : on ne le peut pas ! Ce que l'on ne sait pas en revanche, dans ce film, ou cela m'a échappé, c'est la cause de cette perte de biodiversité, est-elle d'origine humaine ou naturelle ? Quoi qu'il en soit le résultat en est le même et c'est un fait, dès à présent avéré, dans la réalité, on ne peut survivre sans biodiversité. Cela est vraiment bien illustré dans ce film.

Pas de planète de rechange

Alors, pour survivre, l'humanité cherche une nouvelle Terre ... Et là il m'est apparue qu'il fallait rappeler quelques évidences afin de contrer cette idée, communément rependue dans la tête de mes contemporains, et qui leur donne l'espoir que "si l'on ne peut plus vivre sur Terre, cela n'est finalement pas bien grave car on ira vivre ailleurs" et tenue comme plausible. Cela parait stupide dit comme cela, mais pourtant cette idée est bien ancrée dans l'imaginaire collectif. Combien de fois j'ai entendu des propos du genre : "une fois la Terre détruite on trouvera bien les moyens de s'en sortir, on construira des vaisseaux spatiaux et on colonisera une autre planète". C'est con mais beaucoup de gens croient en cela. Ce sont des technocroyants. Notre société est technocroyante : "L'homme s'est toujours sortis d'affaire, qu'importe les réalités physiques, géologiques et énergétiques, au pied du mur, nous trouverons la solution. Alors pourquoi s'inquiéter ? Pourquoi se priver maintenant ? Nos enfants trouverons, pour nous, la solution." nous disent-il dans un optimisme béa et totalement irréaliste. Cette croyance est alimentée par ceux qui ne veulent rien faire afin de continuer à profiter, à consommer ... à consumer la planète, encore, maintenant et toujours, qu'importe les conséquences et, de façon insidieuse, par de, néanmoins, magnifiques films de cinéma comme Elysium ou bien encore Wall-E qui nous font prendre des vessies pour des lanternes, qui nous illusionnent, nous font croire qu'il suffira d'un "y-a-qu'à-faut-qu'on" pour que l'on puisse ... qui font vivre, dans notre imaginaire, le mythe du canot de sauvetage.

Le Syndrome du Titanic

Mais il serait temps de comprendre et d'accepter que ce ne sont que des films, que de la fiction, que des histoires. La réalité est toute autre : Nous n'avons pas les moyens et n'aurons jamais les moyens de réaliser ce que nous avons si superbement mis en images au cinéma. Pas assez de métaux, pas assez n'énergie et pas de mondes de rechange à proximité. Nous sommes condamnés à vivre et à mourir sur cette Terre. Nous n'avons et n'aurons jamais de Terre bis. Nous n'aurons jamais d'immenses vaisseaux spatiaux pouvant sauver l'humanité.

Une humanité, bien réelle cette fois-ci, qui, comme les passagers du Titanic, fonce dans la nuit noire en dansant et en riant, avec l’égoïsme et l’arrogance de ceux qui sont convaincus d’être "maîtres d’eux-mêmes comme de l’univers" (Nicolas Hulot). Une humanité qui nie l'accumulation des signes annonciateurs du naufrage : dérèglements climatiques, pollution omniprésente, extinction exponentielle d’espèces animales et végétales, pillage anarchique des ressources, multiplication des crises sanitaires. "Nous nous comportons comme si nous étions la dernière génération d’hommes à occuper cette Terre et après nous, le déluge." (Nicolas hulot)

Ainsi, en vérité je vous le dis, définitivement, le seul et unique vaisseau spatial capable de nous véhiculer est la Terre. Ne cherchez plus, il n'y en a pas d'autres. Dès lors et si nous ne voulons pas que le propos - la destruction, par notre faute, de notre seul et unique habitat rendant notre survie impossible - de ces fictions devienne la réalité, alors que tous les signaux sont au rouge, nous nous devons de devenir enfin sages et de sérieusement commencer à prendre conscience massivement qu'il nous faut ralentir, renoncer, décroître, faire "mieux avec moins", changer d'idéologie, mettre l’écologie au centre de nos décisions individuelles et collectives afin de tendre vers un développement humain qui soit réellement durable. Nous nous devons de changer immédiatement notre comportement pour créer une humanité en harmonie avec les équilibres naturels et non plus une humanité prédatrice et destructrice ... sans cela nous sombrerons inéluctablement sans que cela ne soit une fiction.

vendredi 17 juillet 2015

NDDL : les recours des opposants rejetés par la justice et Valls rallume la mèche

Le Tribunal de Nantes a donc rejeté la totalité des recours déposés en février 2014 par les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ces derniers avaient saisi la justice pour faire annuler plusieurs arrêtés préfectoraux dits «environnementaux» portant sur la «loi sur l'eau» et la protection des espèces protégées et visant à autoriser le début des travaux du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes et de sa desserte routière

José Bové avait relativisé, quelques heures avant, la décision qui était attendue ce vendredi 17 juillet à Nantes et qui se révèle conforme aux conclusions formulées, en juin, par le rapporteur public.

« Ce qui va se passer ce vendredi, disait-il, n'est qu'une péripétie juridique qui ne remet pas en cause l'accord de 2012 puisque tous les recours ne seront ni épuisés ni purgés. La vraie question juridique toujours pas tranchée, c'est celle qui est posée par l'Europe et qui vise l'étude d'impact qui a été saucissonnée. Rien n'est donc réglé vis-à-vis du droit européen notamment ».

« Le courage politique, c'est d'abandonner ce dossier »

« D'un point de vue politique cette fois, et à cinq mois du sommet Climat, il serait invraisemblable que le gouvernement ait la tentation de passer en force. Ce serait une vraie tâche sur tous les discours officiels et le véritable courage politique, c'est maintenant d'abandonner ce dossier. D'ailleurs, de nombreux députés PS européens à qui j'en parle me disent qu'il ne faut pas faire cet aéroport » poursuit José Bové qui avance néanmoins ce dernier argument : « Comment construire une nouvelle majorité dans la perspective de 2017 en s'arc-boutant sur de tels projets inutiles... ». Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire-Atlantique, est sur la même longueur d'onde « On ne peut pas rassembler la gauche et faire l’aéroport ». 

Valls rallume la mèche

Argument que semble rejeter d'un revers de mains méprisant et dogmatique, le premier ministre qui joue les incendiaires. Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes « va pouvoir se poursuivre » dans « un souci d’excellence environnementale », a déclaré Manuel Valls. « Le Premier ministre, Manuel Valls, prend acte de cette décision qui doit entraîner la reprise des travaux. La réalisation du projet est ainsi à nouveau engagée après avoir été suspendue depuis fin 2012 », écrit Matignon dans un communiqué. Le préfet de Loire-Atlantique qui, en juin, s'était prononcé en faveur d’un démarrage des travaux durant l’été se voit conforté par les plus hautes instances ... on peut craindre le pire même si, Ségolène Royal s'est dite stupéfaite, en direct sur France 5, par la déclaration du Premier ministre Manuel Valls et déclare qu'elle n'était pas au courant. « Je lui laisse l'entière responsabilité de sa déclaration », a-t-elle dit. « Bon courage », a-t-elle ajouté.

Les défenseurs du bocage nantais, peu surpris par cette décision, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils feraient appel de cette décision, si besoin ensuite avec un recours au Conseil d’État et une saisie de la Cour européenne de justice. L’optimisme reste donc de mise sur la ZAD, où la mobilisation ne faiblit pas, en dépit des déclarations des pro-aéroport.

La lutte n'est donc pas terminée !!!

Chacun peut la poursuivre à la hauteur de ses moyens, 
de son temps et de ses capacités. 

On ne lâche rien !!!

Photo AFP

jeudi 16 juillet 2015

Notre-Dame-des-Landes 2015 : On ne lâche rien !


Lettre de Michel Tarin aux participants à NDL2015

Lettre lue par Agnès Belaud en clôture du rassemblement

A Toutes et à Tous, Bonjour !

C'est avec beaucoup de tristesse, mais aussi d'espoir, que j'ai accepté une nouvelle hospitalisation 4 jours avant ce grand rassemblement.
Cela fait partie du combat que je mène, avec les miens, contre la maladie...
Mais j'espère pour revenir plus fort à vos côtés !

Je vous souhaite 2 grandes journées de réflexions et de luttes. Continuez toujours à faire des propositions et mener des actions pour imposer un autre développement en faisant barrage aux projets inutiles et destructeurs de Notre-Dame-des-Landes et d'ailleurs...

Il faut toujours renforcer la coordination entre les luttes par l'association contre les Grands Projets Inutiles et Imposés, soutenir le travail engagé auprès du Tribunal Permanent des Peuples et faire connaître à tous les citoyens le travail colossal des ateliers citoyens.

Vendredi prochain, la justice rendra son jugement sur nos recours au Tribunal administratif. Tout d'abord, attendons le résultat... mais déjà les Pro-aéroport et certains élus sont sûrs d'avoir obtenu le début des travaux !

Pour cela pourtant, seule une décision politique au plus haut niveau de l’État peut en prendre la décision.

Si jamais cette décision était prise, il leur faudrait passer par la violence d’État avec ses forces policières pour évacuer la zone... (Alors une pensée pour Rémi Fraisse et les blessés des luttes précédentes).

Mais, nous serions plusieurs dizaines de milliers dans la non-violence, mais en désobéissance civile à revenir sur le terrain comme en novembre 2012 !

Ce serait également un moyen concret de participer par l'action à la Conférence internationale sur le Climat de décembre prochain à Paris.

De même pour les élection régionales, les candidats qui font des discours sur l’Écologie tout en soutenant les Projets Inutiles n'auront pas ma voix !

NE LÂCHONS RIEN, « QUAND LE PEUPLE LUTTE, LE PEUPLE GAGNE » !

Nous sommes donc « condamnés » à gagner pour l'avenir de notre planète et les générations futures.

A TRÈS BIENTÔT DANS LA LUTTE.

Michel

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Notre-Dame-des-Landes 2015 : 
Une détermination renforcée par le succès du 15ème rassemblement.

Par l'ACIPA

La réussite éclatante du quinzième rassemblement annuel Notre-Dame-des-Landes 2015, organisé par la Coordination des opposants au projet d'aéroport, laisse, selon l'un de nos adhérents, « peu de doute sur l'impossibilité pour le Pouvoir de passer de nouveau à l'acte de destruction ». Si la lutte de Notre-Dame-des-Landes est devenue le « phare » des luttes européennes, nous avons, après ce week-end plus que chaleureux, accumulé assez d’énergie pour contribuer à éclairer les autres luttes pendant encore très longtemps.

Bravo et merci aux membres des commissions qui travaillent depuis 6 mois autour de ceux qui sont devenus au fil des rassemblements de vrais pros de l'organisation, aux comités de soutien et aux très nombreux bénévoles qui les ont aidés jusqu'au bout, ainsi qu’aux producteurs qui ont donné des produits ou prêté du matériel.

Bravo et merci aux 15 000 participants de ce grand rendez-vous d'avoir répondu à notre appel encore une fois ! L'ambiance détendue mais déterminée qui s’est installée - sous un soleil généreux cette année - nous a valu de très nombreuses félicitations enthousiastes.

Bravo et merci aux organisations venues de partout en France - Roybon, Sivens ... et même de Grande Bretagne et d'Allemagne - pour apporter de l'information sur un stand ou/et débattre au travers de la quarantaine de forums proposés. La qualité des échanges augmente chaque année et nous permet de dire que notre traditionnel rendez-vous festif est devenu un rendez-vous militant de très haut niveau répondant à une forte attente des citoyens.

Bravo et merci aux artistes venus nous faire danser et aux bénévoles de l'occupation du ciel pour ces instants magiques.

Nous avons été très honorés par la présence de M. Tognoni, secrétaire général du Tribunal Permanent des Peuples et nous le remercions d'avoir été à nos côtés en cette période importante de notre lutte.

Les hommages rendus à Rémi Fraisse en ouverture du rassemblement et du meeting politique ont été des moments forts, remplis d'émotion et de respect. Chacun avait conscience qu'un tel drame ne doit pas se reproduire.

Rien n'est encore acquis pour l'abandon total du projet. Nous devons continuer de travailler sur les trois piliers de notre action :

  • Nous attendons sereinement le rendu de jugement prévu le vendredi 17 juillet sur les 17 recours déposés notamment au titre de la Loi sur l'Eau et des Espèces protégées. Ce n'est « qu'une première manche dans un match en 3 sets » selon un autre militant.
  • Du côté politique, nous devons nous préparer pour le mois de décembre en prévision des élections régionales (surtout en PDL et en Bretagne, financeurs potentiels du projet de Notre -Dame-des-Landes) et de la COP 21 dont on peut dire que le débat a déjà commencé ce weekend à Notre Dame des Landes.
  • Sur le terrain, nous resterons vigilants, toutes composantes unies, pour décourager la moindre velléité de début de travaux, convaincus que notre désobéissance est légitime. Toutes les composantes de la lutte travaillent à un avenir commun sans aéroport, riche d’échanges de pratiques agricoles nouvelles et de respect pour un vivre ensemble en bonne harmonie après l’abandon du projet.
Nous souhaitons un bel été à tous !

Portez la lutte de Notre-Dame-des-Landes partout où vous allez cet été pour la renforcer !

Pensez aux autres luttes venues à Notre-Dame-des-Landes ce week-end qui ont besoin de nous pour les soutenir !

Rendez-vous à la mi-août pour reprendre très activement nos actions dans la non violence - c'est à dire des actions cohérentes avec le monde que nous voulons contribuer à bâtir - dans le respect des biens et des personnes et avec une détermination non seulement intacte mais complètement renforcée par ce qui vient de se passer autour de Notre-Dame-des-Landes 2015.

L'ACIPA

lundi 13 juillet 2015

Europe : Que reste-t-il des idéaux sous la mitraille ?

Franchement je ne suis pas fier du comportement de nos pays Européens car "Si l'accord pour la Grèce signifie une victoire du projet européen, il est alors difficile d'imaginer à quoi ressemblerait une défaite" (New York Times). Pas fier de ces pays arrogants qui, après avoir menacé de lâcher, d'abandonner la Grèce dans la tempête qu'ils ont eux même provoqué, lui propose un accord au nœud coulant, une mise sous tutelle humiliante source de toutes les rancœurs.

"Au parlement européen tous les partis qui ont dirigé la Grèce avant Alexis Tsipras et Syriza lui reprochent de ne pas avoir défait ce qu'ils ont contribué à mettre en place: clientélisme, fraude, évasion fiscale, corruption, protection des armateurs et de l'église orthodoxe. Mais ils oublient de dire qu'il y a moins de quinze jours les institutions européennes ont exactement refusé la proposition du gouvernement Grec de taxer les plus hauts revenus. On n'a jamais vécu un tel climat de haine envers un dirigeant européen dans l'enceinte du parlement européen." (Patrick Le Hyaric). Moi je croyais à une Europe solidaire même si je la savais de la finance. Définitivement il ne fait pas bon être dans la merde dans un régime libéral. Comment ces gens peuvent ils dormir tranquille alors qu'ils étranglent chaque jours toujours plus de personnes ? Je suis triste pour l'idée que je me faisais de l'Europe.

"Dans les années 70, au collège, la première langue que j'ai apprise fut l'Allemand. Mes parents et grands parents pensaient à juste titre qu'on ne faisait pas la guerre à des gens dont on connait la langue et la culture. L’Europe, construite pas à pas de la CECA à la monnaie unique était un gage de paix de progrès, de prospérité. Elle était dans nos esprits par essence solidaire et belle. J’étais fier d’avoir sur mes passeports « communauté Européenne » puis « union Européenne » nous faisions parti d’un ensemble magnifique avec une culture commune et une diversité assumée. Et puis les années Thatcher et Reagan ont instillé l’argent roi et la finance débridée, et l’Europe a suivi ce chemin avec un dogmatisme paré d’un faux pragmatisme, entrainant ses populations dans des crises à répétitions dont elles payèrent et continuent de payer les frasques financières. Le recrutement d’élites obtuses et complètement inféodées à ce système délétère a accéléré le délitement politique de l’Europe, livrée aux staff des banques et multinationales. Les exemples ne manquent pas hélas des manquements de l’Europe à la sécurité et au bien être de ses citoyens, le seul but étant toujours le profit à court terme de quelque uns. Cette Europe là, corrompue et idéologiquement biaisée est un danger pour la paix, pour l’environnement, pour la culture Européenne, pour la démocratie.

Il est temps de refaire une Europe des peuples, où le but ne soit pas « la concurrence libre et non faussée » mais l’harmonie de nos vies, de nos peuples et une vraie politique sociale et environnementale. L’argent doit être remis à sa place, c’est à dire un moyen d’échange de notre travail, pas une bête immonde qui vit sa vie au profit d’une petite élite dévoyée qui fait ses pronunciamientos économiques. Il n’est pas question de laisser à quelques politiciens et hauts fonctionnaires médiocres et corrompus cette Europe qui est la notre. Je veux continuer à être fier d’être européen, d’une Europe généreuse dont le but est le progrès de l’humanité. Nous ne vous laisserons pas faire, vous devez partir. Vous partirez de gré ou de force, cette force c’est celle des urnes. La démocratie, une très belle invention grecque. Je propose un referendum européen sur les buts de l’Europe, avec une question sous jacente, celle du primat de la politique, du citoyen, sur la finance. Le contraire est ce coup d’état permanent que nous vivons de plus en plus tristement.

Alors et si on retrouvait ensemble le sens du mot démocratie ? Aux urnes citoyens !" (Marc Victor)

Votez ? Mais pour quoi faire ? Votez nous disent les politiques, faites entendre votre voix nous implorent-ils, inscrivez-vous sur les listes électorales nous exhortent-ils. Voter ? Après la spoliation de vote du NON au référendum sur la constitution européenne, il y a 10 ans, par les députés socialistes et UMP, prouvant, ce jour-là, qu'ils méprisaient les gueux que nous sommes, même pas capables de voter comme il faut et qu'ainsi la démocratie c'est "cause toujours !" ?

Voter à l'heure de TAFTA ? Cela a-t-il encore un sens ? Car après cinq mois de débats agités, les eurodéputés ont finalement donné leur feu vert, mercredi 8 Juillet 2015, à la poursuite des négociations commerciales avec Washington. Martin Schulz aura réussi son coup. Ses passages en force des dernières semaines auront payé. Le président du parlement est parvenu à dégager une majorité sur le traité de libre-échange en négociations avec les États-Unis (TTIP dans le jargon bruxellois, ou TAFTA pour ses adversaires). Ils sont 436 à s'être prononcés pour, 241 contre, et 32 à s'être abstenus, mercredi lors d'un vote en séance plénière à Strasbourg.

Alors, véritablement, je pose la question, voter cela a-t-il encore un sens alors que les élus européens transférèrent le peu de pouvoir qui leur restait, aux multinationales ? Définitivement voter ne sert plus à rien car ce sont bien les multinationales, qui feront et déferont les lois. Les élus ne serviront donc plus à rien car ce sera le tribunal privé qui fera et défera les règlements, au détriment des états, pour toujours plus de liberté et de profits pour les multinationales. Adieu protection sociale, et environnementale, adieu démocratie. Depuis TAFTA, voter ne servira plus qu'a maintenir une aristocratie en place qui s'agitera et fera de l'esbroufe mais qui ne servira plus à rien. En livrant l'Europe à TAFTA, les élus ont condamné les restes d'une démocratie déjà bien en miettes.

Bienvenue dans le beau monde de l'ultralibéralisme ou l'humain et l'Environnement ne sont plus rien. Bienvenue dans la dictature, absolue et sans limite, de l'argent et du chacun pour soi afin de sauver sa peau. Mais mes compatriotes s'en soucient-ils ? Pas vraiment semble-t-il, car ils ont d'autres priorités en tête, comme celle de consommer encore et toujours plus de biens inutiles mais très high-tech, très tendance, très m'as-tu-vu ... très futils. Et ainsi il est possible de dire que la finance, en distillant le rêve hypnotique de la consommation, aura réussit là où les Maîtres et les Seigneurs auront toujours échoué. La consommation aura fait d'un peuple enclin à la révolte et à la révolution, un peuple docile, un peuple de moutons apeurés, avides et insatiables. Comment cela finira-t-il alors que nous savons pertinemment que cela n'est pas tenable ? Je crains que cela ne se termine bien mal.

mardi 7 juillet 2015

Quand 60 ans après, les journalistes redécouvrent "le monde du silence"

Leur indignation cache notre aveuglement actuel

Il aura fallu 60 ans pour que le romancier et cinéaste français, Gérard Mordillat, attire l’attention des gens, avec sa chronique "Le Monde du silence, un film naïvement dégueulasse", sur le premier grand film de cinéma du commandant Cousteau. La question que l'on peut se poser légitimement est : "mais pourquoi maintenant ?". Pourquoi maintenant, 60 ans après la sortie du film et 18 ans après la disparition du Pacha de la Calypso ? Pourquoi maintenant si ce n'est pour mettre en relief le chemin parcouru dans la prise de conscience environnementale, si ce n'est pour montrer - et c'est un bon point pour tous ceux qui nous ont ouvert les yeux sur l'écologie dont Cousteau fut l'un des grands artisans - combien nos normes changent et les méthodes aussi. Mais je doute que l'objectif fut tel.

Alors oui, l'attaque de Mordillat est dure, surtout 60 ans après. Pourtant ce qui est dit dans cette chronique est assez juste même si cela traduit, évidement, que le film a beaucoup vieilli et que ce qui était acceptable hier, ne l’est plus aujourd’hui et en voilà un bel exemple. Nous ne pouvons que nous en réjouir. Notre vision du monde a changé grâce, notamment à des films comme "le monde du silence", les documentaires de Christian Zuber, ou les films, plus récents, de Nicolas Hulot, d'Al Gore ou de Marie-Monique Robin . Il est ainsi parfaitement exact qu'aujourd'hui ce film ne pourrait plus passer. Il serait défoncé, fort justement, par les écolos en général et par moi en particulier.

Mais il faut, bel et bien, le replacer à son époque où la conscience environnementale et la connaissance de la fragilité de la mer n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. Ainsi, nous dit Franck Machu, "Les explorateurs du Monde du Silence découvrent de nouveaux territoires avec l’innocence des pionniers. Le débarquement aux Seychelles est éloquent : on touche à tout, on grimpe sur tout, on se disperse en tous sens, tel une classe de mer en villégiature. Leurs seules limites sont celles qu’ils se fixent, libres et aventureux, croquant une nature vierge, vaste, inépuisable, sans préoccupations morales. La nature est généreuse, personne ne saurait avoir la moindre gêne à agrémenter les repas d’œufs et de steaks de tortue (hors film) ; un exemple symptomatique de l’évolution des mœurs et des pratiques. Le Monde du Silence est le témoignage d’une époque et d’un monde disparus. C’est un mirage de paradis invulnérable, monde naïf né de nos imaginations d’enfants, où l’on peut chevaucher une tortue par jeu, taquiner un gros poisson par envie, faire sauter un récif à la dynamite par bêtise, harponner une baleine par instinct, battre un requin par haine. Un monde de jeu, un univers de conte, où tout est permis, même de s’y perdre, pour se réveiller, attristé, mais responsable, dans un monde d’adultes"

N'oublions pas, non plus, que Cousteau, issu de la Marine, se définissait, à ce moment-là, comme un océanographe aventurier et surement pas comme écologiste. A l'instar de Nicolas Hulot qui dit qu'il n'est pas né écologiste mais qu'il l'est devenu, Cousteau ne viendra à l'écologie qu'avec le temps et au fil de ses pérégrinations. "Il suffit de rapprocher le commentaire du Monde du Silence du commentaire de Requins, premier film de la série de l’Odyssée sous-marine, pour mesurer le chemin parcouru, en dix ans. Dans le premier, Cousteau donne l’image du requin, ennemi mortel du marin, dans le second, il prend soin de dédramatiser l’animal, l’assimilant à un poltron qui fuit plus souvent qu’à son tour. Aujourd'hui, nul doute que Cousteau ferait parti des voix pour mettre fin au massacre. Il aurait même surement une idée d'avance sur tous ces donneurs d'opinion qui découvrent aujourd'hui la mer." poursuit Franck Machu.

Ainsi définitivement ce film a ouvert les yeux de son temps avec les yeux de ce temps-là sur un monde totalement ignoré du plus grand nombre. Il ne faut pas le voir autrement que comme une archive qui marque l'évolution positive de la conscience environnementale de notre Monde. Une fois n'est pas coutume, je trouve qu'il est plutôt réconfortant de voir que nous sommes allés dans le bon sens même s'il faut bien le reconnaître nous ne sommes pas sortis du tunnel et qu'il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir si nous voulons poursuivre notre route sur cette Terre que nous continuons à maltraiter. Car dans cette veine-là, comment, dans 60 ans, nos enfants nous jugeront ils à l'aune des crises climatique, énergétique, métallique, écologique et sociale connues mais pas anticipées et surtout niées par nous ? Sommes nous en mesure de jeter la première pierre à Cousteau et ses camarades ? Non, définitivement non, car " le passé ne peut jamais être "jugé" que dans son contexte" nous dit Marc.

Dans sa grande sagesse et pour finir, mon frère Christophe nous propose une conclusion heureuse que j'ai aimé reprendre ici et où il trouve que finalement "tout cette polémique (ndt : un peu vaine) a du bon puisque cela montre que Cousteau a été un homme comme tous les autres (avec ses ignorances) et qui, à force d'ouvrir les yeux, a su évoluer vers une plus grande compréhension du monde, de la nature, et de la place de l'homme. Je ne sais pas comment il était dans le privé, mais en tous les cas, il est l'exemple que tout le monde est capable d'évoluer et de gagner en sagesse". Merci mon frère, merci à tous.