Notre-Dame-des-Landes. Tout le monde connaît ce nom mais qui connaît vraiment le projet ? Si l'opposition entre les pro et les anti aéroport est célèbre, France Nature Environnement profite de deux grands rendez-vous pour revenir sur quelques points parmi tant d'autres du fond du dossier.
1 Dépollution de l'eau, stockage de carbone... un projet d'aéroport sur une zone d'exception
1 200 hectares de zones humides et de bocages sont promis à la destruction avec l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Trop souvent méconnues, les zones humides recèlent pourtant bien des atouts : elles contribuent à améliorer la qualité des eaux en les dépolluant, elles assurent une fonction d’éponge qui limitent les effets des inondations et des sècheresses, elles stockent du carbone, sont des réservoirs de biodiversité... Pourtant, elles sont trop souvent saccagées. Deux tiers d'entre elles ont été détruites en un siècle. Par ailleurs, deux Zones naturelles d'intérêt écologiques, faunistiques et floristiques (bois et landes de Rohanne et des Fosses noires et bois, landes et bocage du Sud-ouest de Notre-Dame-des-Landes) ont également vocation à disparaître avec un tel projet.
2 Des inventaires réalisés par des myopes devins
Plus 100 espèces protégées différentes et plusieurs milliers de spécimens de certaines d'entre elles cohabitent sur les terres du projet. Pour connaître cette biodiversité, il est obligatoire de réaliser un inventaire dans le cadre d'une étude d'impact. A Notre-Dame-des-Landes, le bureau d'études en charge du dossier a remis un travail largement bâclé. A titre d'exemple, son étude faune-flore pour l'enquête publique de 2012 a été remise en avril 2012 mais c'est un mois plus tard, en mai, que l'inventaire sur le terrain a été fait. Un rapport avant même le travail de terrain ? à l'épreuve de tout bon sens.
Une incohérence parmi tant d'autres que le collectif des Naturalistes en lutte dans lequel les militants de nos associations sont très actifs, ont mis en évidence dans un contre inventaire. Parmi d'autres, Loïc Macron, chercheur en écologie au CNRS applaudit ce travail qui « a permis de démontrer les faiblesses de l'inventaire du bureau d'étude Biotope mandaté par l'État. Sur la méthode d'investigation pratiquée par les Naturalistes en lutte, il n'y a rien à redire. C'est un travail de grande valeur scientifique ».
3 Une expérience non vérifiée en guise de compensation
Des mesures de compensation, obligation légale censées recréer ou restaurer l'écosystème qui a été détruit, ont également été proposées par les porteurs du projet. Seulement, « à un inventaire incomplet s'ajoute une méthode de compensation qui n'a jamais été éprouvée sur le terrain. » souligne le collège d'experts scientifiques mandaté par la préfecture en 2013. Des mesures compensatoires dans une étude d'impact contre laquelle le collège égrène 12 réserves qui soulignent le manque de sérieux et de validité du travail. Ce point de vue est partagé par le Conseil National de Protection de la Nature qui reprend ces critiques en soulignant là encore « le manque de justifications et l'inopérance de la méthode ».
4 Une amende de l'UE plane au dessus du projet
Effarées par la multiplication d'irrégularités, nos associations ont saisi en 2012 la Commission des pétitions du Parlement européen. Après enquête, la Commission européenne a ouvert une procédure d’infraction contre la France, pour violation du droit de l’Union Européenne, et l’a mise en demeure de régulariser sa situation en reprenant l’ensemble des études environnementales. Une requête réclamée de longue date mais toujours restée lettre morte. Un nouveau contentieux pourrait donc amener la France devant la Cour de Justice de l’Union Européenne, sanctions financières à la clé.
5 Une destruction de nature pourquoi ? Un aéroport plus petit et moins confortable
Le permis de construire recueilli en octobre 2014 par le Canard enchaîné a fortement battu en brèche l'argumentation du projet. En comparant les plans, le projet d'aéroport à Notre-Dames-des-Landes s'avère plus petit que l'actuel aéroport de Nantes Atlantique sur bien des points. Zone de parking pour avions, halls de départ et d'arrivées, salles d'embarquement, caserne de pompier, ou encore zones de maintenance... toutes inférieures. Et le rétrécissement touche aussi le nombre de passerelles d'embarquement ou encore de comptoirs d'enregistrement.
Comment alors l'aéroport peut-il être plus grand ? Doublez la surface de galerie commerciale et la magie opère. En guise de réponse, la préfecture de Loire Atlantique a souhaité préciser que ce permis était « évolutif ».
6 Des dépenses pharaoniques financées... par nos impôts
Vinci Airports a annoncé un coût de 556 millions d’euros hors taxes pour la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-landes. 43 % de cette somme sont financées par des subventions publiques des collectivités et de l'État et ce coût global affiché serait largement sous estimé, selon les architectes Ivan Fouquet et Franco Fedele alors qu'un aménagement de l'aéroport actuel de Nantes-Atlantique serait deux fois moins coûteux.
7 L'aéroport actuel encore loin d'être saturé
L'aéroport de Nantes-Atlantique est saturé et ne pourra jamais accueillir plus de 4 millions de passagers par an affirment systématiquement les militants pro-Notre-Dame-des-Landes. Pourtant, la Direction Générale de l’Aviation Civile a remis en 2013 une étude indiquant que la capacité de l’aéroport actuel pourrait être portée à 9 millions de passagers par an. Et 9 millions, c'est justement le trafic espéré par les porteurs de projet de Notre-Dame-des-Landes pour… 2060. De plus, ce réaménagement de l'aéroport apporterait plus de richesse pour la France selon un bureau d’étude néerlandais indépendant. Pourquoi alors s'entêter ?
8 Lutter contre le dérèglement climatique et développer les aéroports ? Où est la logique ?
2015 voit fleurir de grands discours écologiques à l'approche de la grande conférence internationale de Paris climat 2015. « La France doit être exemplaire », « sur le climat, la France doit être en tête » martèle François Hollande. Alors pourquoi vouloir construire et développer le transport aérien ? La vocation internationale de cet aéroport en fera un des plus émetteurs pour la France et alourdirait considérablement notre bilan carbone. À l’heure de l’optimisation des infrastructures existantes et de la modération des moyens de transport énergivores, il serait peut-être temps de revoir la copie car en plus de promouvoir un mode de déplacement au coût environnemental élevé, l'éloignement de l'aéroport et de Nantes ajouterait un surplus de temps et d'émissions de gaz à effets de serre pour rejoindre la ville.
Nos demandes
- Annuler le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes et étudier sérieusement et de façon indépendante les possibilités d’aménagement de l’aéroport de Nantes Atlantiques (amélioration de la plate-forme aéroportuaire, arrivée du tramway jusqu'aux terminaux passagers, piste transversale évitant le survol de Nantes...).
- Privilégier des investissements durables et créateurs d’emplois pour les territoires.
- Financement par l'État d’une nouvelle étude comparative sur la solution proposée d’aménagement de l’aéroport de Nantes Atlantiques.
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