"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mercredi 29 avril 2015

Talon Bishop tuée par un requin, adieux et respect

Dans une lettre ouverte adressée au préfet de la Réunion, Danielle Austin, la mère de Talon Bishop, rend un vibrant hommage à sa fille victime d’une attaque mortelle de requin en février dernier. L’occasion pour elle de lancer un cri de colère face à cette crise et de rappeler notre lien avec la Terre qu'il nous faut respecter. Respect et humilité !


"Ma fille, Talon, 22 ans, est morte en février des suites d’une attaque de requin à l’Etang-Salé. La Réunion est régulièrement secouée par ce type de drames avec à la clé un traitement médiatique qui peut être à échelle variable. Aujourd’hui ma peine est encore immense, et ma colère intacte. Je veux la partager.

Qui était Talon Bishop ?

Née le 2 septembre 1992 à la clinique d’Auchel dans le Pas-de-Calais, Talon est arrivée dans ce monde en urgence, après seulement sept mois et demi de grossesse. Je venais de lui offrir une nouvelle vie, à elle et son frère Reiss, sept ans, loin des quartiers mal famés du sud de Londres où j’avais grandi. Ce jour-là, je coulais d’ailleurs une dalle dans l’ancien corps de ferme que je rénovais, pour le transformer en lieu de vacances destiné aux enfants en difficulté des banlieues européennes. Je me suis toujours battue pour élever mes enfants, près de la nature et en toute sécurité. Talon et moi étions inséparables, mais sa belle enfance au sein de la magnifique propriété et entreprise familiale le Gite de Fléchin était partiellement gâchée par un père irresponsable et surtout absent. Talon n’a eu de contact qu’à deux reprises avec lui, à huit ans, en lui rendant visite à Londres, visite lors de laquelle il jeta ses chaussures préférées à la poubelle, et en recevant un appel de sa part le jour de son seizième anniversaire, alors qu’il ne savait pas quel âge elle avait... Quittant un système scolaire qui ne lui convenait pas avant le bac, elle a cherché et trouvé sa propre voie, à force de caractère et d’indépendance, en réussissant le concours de moniteur-éducateur à l’IRTS de Lille, après une sélection rigoureuse où seules 8 personnes sur 40 étaient retenues. Restée volontairement en métropole, alors que sa famille était partie s’installer à La Réunion, elle a su surmonter l’éloignement et les difficultés, trouver les financements toute seule afin de réussir sa formation. Diplômée en juin 2014, elle est déçue de voir qu’elle n’a aucun droit à l’aide financière de l’Etat pour la soutenir pendant sa recherche de travail. Elle disait ne pas comprendre comment les jeunes de moins de 25 ans pouvaient s’en sortir, sans accompagnement dans cette transition vers la vie professionnelle. Elle décide alors d’orienter sa recherche vers La Réunion, afin de rejoindre sa famille qui lui manquait tant.

Ravie de s’être rapprochée de moi et de sa sœur, elle est confrontée à la difficulté du marché de l’emploi à La Réunion, mais tombe sous le charme de l’île, qu’elle adore pour sa mixité notamment. Pour la première fois de sa vie, on ne fait pas attention à sa couleur de peau ! Quelques jours avant l’accident, je lui avais demandé de considérer la possibilité d’un retour en métropole, car je m’inquiétais pour son avenir. Elle m’a dit "Maman, je suis prête à tout pour rester ici, même changer de métier et reprendre une formation en pâtisserie". Le jour de l’accident, elle était avec son copain et un groupe de personnes, jeunes et moins jeunes. Une copine décide de les amener à l’Étang-Salé, n’ayant pas le permis, Talon suit le mouvement, sans que personne parmi les plus âgés notamment ne réfléchisse plus avant. Pourquoi ? Une fois installés sous le pont Mulla, les deux amoureux ont décidé d’aller tremper leurs pieds dans l’eau sans que personne ne cherche à les en dissuader. Pourquoi ?

Son compagnon revient sur la plage pour chercher quelque chose. Talon était seule dans l’eau quand l’attaque s’est produite, elle avait de l’eau jusqu’à la taille. Qui aurait pu croire qu’une telle chose puisse arriver dans un mètre cinquante d’eau ? Talon a certes fait une erreur ce jour-là, mais elle n’a surtout pas eu de chance et elle l’a tragiquement payé de sa vie. Sous la forme d’un requin de 3m50, la nature a violemment repris ses droits, et l’homme n’est rien face à cette force. Toute le monde a sa part de responsabilité, il est trop facile de blâmer les victimes car elles n’auraient pas dû être là. Talon n’était pas surfeuse, ni zorey, ni célèbre. Elle était face à l’océan, un élément imprévisible sur une île qu’elle ne connaissait pas. Quand on est jeune, que l’on n’a pas forcément la notion du danger de mort, on n’est pas conscient, on pense vivre pour l’éternité. Une fois sur cette plage de plusieurs kilomètres de sable noir, il n’y a rien pour couper l’envie d’aller rejoindre cet océan envoûtant. Le tout petit panneau de mise en garde (50cm) indique l’importance que l’Etat donne à ce problème. Se décharger de cette façon est inhumain !

Pourquoi ce cri de colère ?

Parce que Talon Bishop n’était pas seulement la quatorzième victime d’une attaque de requin à La Réunion. Elle était un être humain avec une personnalité, une histoire et elle ne méritait pas ce qui lui est arrivé. Une magnifique, courageuse, intelligente jeune femme de 22 ans qui était un peu perdue et tellement inquiète de ce que l’avenir lui réservait qu’elle a oublié quelques instants que la nature est plus forte que tout. Ma fille adorée a perdu la vie d’une façon horrible et inimaginable, mais malgré toute ma peine, je ne peux pas en vouloir aux requins.

En revanche je suis outrée par la suite des événements. Le soir de l’accident, j’avais rendez-vous avec des amis dans le centre-ville de Saint-Pierre à 20H00. Dès leur arrivée, mon téléphone s’est mis à sonner. Choquée d’entendre la voix d’un gendarme, j’apprends que ma fille a été victime d’une attaque de requin et que je dois me rendre au CHU de Saint-Pierre. J’avais eu un dernier message de Talon à 17H41 et je ne savais même pas qu’elle allait à la plage. J’arrive avec mes amis, sous le choc, et donne le nom de ma fille à l’accueil. L’hôpital nous fait attendre à l’extérieur, alors que nous sommes convaincus qu’il s’agit d’un simple blessure à la jambe. Je fais venir mon compagnon et notre fille.

On nous demande ensuite de rencontrer un psychologue, complètement dépassé et incompétent face à la situation. Je lui suggère d’aller parler aux personnes qui étaient présentes lors de l’attaque car elles devaient également être traumatisées. Plus d’une heure plus tard, nous voyons arriver un chirurgien et son assistant qui, après nous avoir amenés dans une pièce minuscule, nous annonce brutalement le décès de Talon, en présence de notre fille cadette de dix ans... Le choc et le traumatisme sont amplifiés par le peu de tact et le manque l’humanité de l’équipe hospitalière. J’aurais voulu annoncer cette terrible nouvelle dans le calme à ma deuxième fille, mais à la place, elle gardera pour le reste de sa vie le souvenir de ses deux parents hurlant de douleur pendant ce qui semblait une éternité.

Immédiatement et sans explications supplémentaires d’un point de vue médical, on nous amène à la morgue, à l’opposé du centre hospitalier. Sans aucun autre suivi psychologique ni médical pour surmonter la charge émotionnelle. Dévastés, nous sommes renvoyés chez nous après avoir passé plusieurs heures auprès du corps sans vie de la belle Talon. Une fois rentrés chez nous, l’hôpital n’a par contre pas manqué de nous appeler pour nous demander la donation des rétines de notre fille. Je me suis effondrée. Le lendemain, mon compagnon s’est occupé de toutes les démarches administratives, aller à la gendarmerie et contacter le centre funèraire. Puis mon fils arrive de métropole. Il faut faire vite donc nous allons voir les pompes funèbres les plus proches, à la Ravine des Cabris, où une dame sans aucune compassion nous demande si nous pouvons payer en espèces. L’endroit est glauque, poussiéreux, les murs sont garnis de fausses fleurs sales. Pas de choix, pas de condoléances, mais par contre une surfacturation de plus de 300 euros. On profite pour gagner, voler même, sur la mort.

Où est l’humanité dans tout ça ? Je suis en colère contre l’Homme et ce système qui nous déshumanise ! Quels enseignements tirer de ce drame ? Avant tout, je veux que personne ne parle en mon nom ni en celui de Talon. Nous aimons cette île, bien qu’installés depuis quelques années seulement. C’est un endroit unique au monde, d’une beauté exceptionnelle, mais la nature est aussi pleine de dangers. Faire face et prévoir ces dangers et s’adapter à la nature qui nous entoure plutôt que de vouloir la contrôler est impératif. Les océans sont dans cet état-là à cause de l’Homme et du manque de respect qu’il a pour son environnement naturel. Tuer tous les requins n’est pas la solution ni notre façon de concevoir la vie.

Respecter la nature et vivre avec.

Il faut d’abord s’interroger sur les pratiques de pêche. La pêche intensive effectuée au large par de nombreuses entreprises, françaises et autres, hors de notre vue pour que l’on ne se pose pas de questions, déséquilibre la chaîne alimentaire. Donc la nourriture des requins, baleines, dauphins, qui deviennent à leur tour des victimes collatérales de cette pêche dévastatrice pour l’écosystème océanique. Les pêcheurs locaux qui posent des drumlines près des zones de baignade, augmentent la possibilité que les requins se rapprochent de ces sources de nourriture devenues régulières. Par ailleurs de nombreuses personnes, organisations et entreprises déversent leurs ordures quotidiennement dans la nature, les eaux usées rejetées dans la mer, notamment en période de cyclone, et plus globalement tous ceux qui considèrent l’océan comme un garde- manger et une poubelle.

De manière générale, les politiques et pratiques mises en place avec la récurrence des attaques de requins le sont sans concertation avec des experts rompus à ces problématiques dans d’autres endroits du globe. Je suis favorable à la préservation de la Réserve marine. Mais le manque de capacité à proposer des solutions concrètes, depuis la sensibilisation au risque dès l’école (on le fait bien pour la route) jusqu’à la mise en place de vrais moyens humains, est révélatrice d’un échec à protéger durablement nos plages. Il faut protéger la population et les touristes, les protéger parfois d’eux-mêmes. La banalisation du problème fait croire aux gens, surtout aux jeunes, que rien ne peut leur arriver.

J’aurais préféré que ma fille prenne une amende de 500 euros car elle est allée dans l’eau dans une zone de baignade interdite. Il est vrai que nous ne pouvons pas protéger toutes les côtes de La Réunion, mais on peut créer des zones sécurisées pour les baigneurs et mettre en place une vraie surveillance des plages, ce qui pourrait en outre créer de l’emploi. Quant au surf à La Réunion, il semblerait que l’activité soit devenue trop dangereuse pour être pratiquée en ce moment. On ne dompte pas un océan entier comme ça ! Après réflexion, je suis contre la pêche intensive de toutes les espèces, requins inclus. Je suis contre le fait que ce problème devienne politique et racial, que les organisations se battent entre elles plutôt que de trouver des solutions ensemble.

Je suis opposée à ce que des dizaines de millions d’euros soient consacrés inefficacement à cette crise, alors que La Réunion a d’autres problèmes aussi importants à gérer : violences intra-familiales, drogue, chômage, alcoolisme, suicide ou désespoir, fléaux auxquels beaucoup de Réunionnais doivent faire face quotidiennement. Les jeunes en détresse, sans avenir ni perspectives, me touchent beaucoup plus que le fait que l’on ne puisse plus surfer à La Réunion. L’importance de l’amour, le respect d’autrui et de l’environnement sont des choses que j’ai inculquées à mes enfants dès leur plus jeune âge. Je déplore que notre système n’en fasse pas autant. Nous sommes une famille métisse, je suis créole anglaise, mon compagnon est franco-vietnamien, j’ai des enfants noir et blanc et j’ai trouvé mon paradis. Je n’ai pas envie de le voir détruit par la politique, le profit et l’inaction. l faut travailler tous ensemble pour préserver ce cadeau que la nature nous a donné, l’île de La Réunion.

Repose en paix ma fille, avec notre amour éternel."

Danielle Austin, 
Photo : DR - Facebook

lundi 13 avril 2015

Les requins et les sots

Elio Canestri, un jeune surfeur (13 ans) du Pôle Espoir de La Réunion est décédé des suites d’une attaque de requin sur le spot des Aigrettes, ce dimanche matin. La famille est en deuil et moi, qui suis père, je me mets à la place des parents. Leur douleur est insondable, qu'ils aient toute ma compassion. Et alors que nous devrions tous rester dignes on entend, au loin, le sot vengeur hurler "TUEZ LES TOUS !!! Tuez !!! Tuez !!!!".


Ainsi nous voici avec un nouvel accident, à la Réunion, mettant en cause les requins alors que le jeune adolescent surfait dans une zone interdite à la baignade depuis le dernier accident en date, en février dernier.

Pourtant à l'heure où, comme à l'habitude, les requins sont désignés comme responsables, il convient de rappeler certains faits afin d'établir les responsabilités de chacun et de dénoncer le caractère non seulement inefficace mais sans doute contre productif des opérations cathartiques de pêches "post attaques", sensées être destinées à "tuer le coupable" (mais comment savoir quel est l’individu responsable ?) alors quelles ne cherchent qu'à apaiser les esprits toujours épris de cette haine millénaire pour les squales.

L'accident de ce dimanche s'est produit juste à côté de la zone où a été "expérimenté" le programme "Cap Requins" et où ont eu lieu la majorité des captures du programme Ciguatera. Ce sont des dizaines de requins, qui ont été tués dans cette zone l'année dernière. Plus grave encore, des drums lines (lignes avec hameçons appâtés) ont été installés de part et d'autre de la zone de l'accident il y a une douzaine de jours comme à Etang Salé, lieu d'un accident en février dernier où des drums lines avaient été installées à proximité des lieux du drame.

ENCORE COMBIEN DE MORTS HUMAINES ET MARINES avant d'enfin considérer l'océan comme un milieu sauvage, non aménageable et auquel nous devons nous adapter et non l'inverse ?

La Réunion est une île ouverte sur l'océan, dès lors, et tant qu'il restera des requins dans cette portion de l'océan indien, ces derniers viendront. D'autant plus s'ils sont attirés par des lignes appâtées aux abords des zones de baignade. Alors à moins que l'ambition soit d'éradiquer jusqu'au dernier squale sur des milliers de kilomètres carrés, la solution devra être cherchée ailleurs que dans la pêche. C'est un mélange de mesures de surveillance et de sensibilisation et dans une approche plus humble du milieu sauvage qu'est l'océan que se trouve la solution.

La Terre et la Mer ne sont pas notre propriété. Nous n'en sommes que des locataires temporaires au même titre que les autres espèces. De quel droit régulons-nous ? De quel droit exterminons-nous ? De quel droit épuisons nous les ressources ? De quel droit nous approprions-nous la Terre ? Faire fondre la neige "Hors piste" pour éviter les morts dans les avalanches serait aussi intelligent que de tuer des requins comme cela se fait aujourd'hui à la Réunion. La mer n'est pas notre habitat, nous n'y sommes que des goujats qui la violente. Nous nous devons de nous adapter et partager l'espace ou disparaître... mais finalement la nature s'en chargera-t-elle pas bien tôt ou tard (et avec notre aide qui plus est) ? Cela d'autant plus qu'actuellement "L'Homme poursuit une guerre contre la nature, s'il la gagne, il est perdu." nous dit avec sagesse Hubert Reeves.

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Le père d'Elio, le jeune surfeur tragiquement décédé, m'a bien énervé au JT de France 2 du 15 avril. La douleur, légitime et que je partage, lui fait perdre tout bon sens. Alors qu'il reconnait que son fils est allé, après que ce dernier l'en ait informé, surfer dans une zone interdite et que, autant lui que son fils, le savait et qu'il aurait dû prendre ses responsabilités de père en lui interdisant d'y aller et cela sans négociation avec l'enfant, ce monsieur accuse, les yeux droits dans la caméra, les autorités et l'état qui n'auraient pas pris les dispositions adéquates. C'est le monde à l'envers !!!!

mardi 7 avril 2015

Le PS ou l'écologie "Canada Dry"

D'après le discours de politique générale de David Cormand (EELV) prononcé en séance plénière le 7 avril 2015.


"Il y a quelques jours, nous apprenions que le Ministère de l’écologie avait décidé d’escamoter un rapport de l’ADEME, qui devait être présenté au colloque organisé par cette Agence les 14 et 15 avril prochain à Paris.

De quoi s’agissait-il donc pour que les services du ministère de l’écologie bloquent ainsi la diffusion de ce rapport ? S’agissait-il d’une nouvelle lubie d’écologistes intégristes ? Y avait-il urgence à intervenir pour empêcher la diffusion d’un document des tenants de la fameuse «écologie punitive» si chère à la Ministre de l’Ecologie ?

En réalité, il s’agissait d’une étude qui présente un scénario parfaitement réaliste permettant d’atteindre en 2050 un mix électrique français 100% renouvelable. Cela signifie qu’à l’horizon 2050, dans moins de deux générations, il est possible de tirer 100% des besoins électriques de notre pays du vent, du soleil, des barrages, de la biomasse et des énergies marines.

On pourrait penser qu’en pleine année de la COP 21, qui se tiendra à Paris en décembre, un tel scénario aurait été plébiscité par notre Gouvernement.

D’autant plus que celui-ci complète une série d’études, comme le scénario Négawatt par exemple, qui indiquent la même chose : La France peut […] décarboner sa consommation énergétique en créant d’avantage d’emplois et en bénéficiant d’une énergie meilleure marché.

Hélas, une nouvelle fois, la nécessaire transition énergétique de notre pays se heurte aux lobbies et aux inerties politiques. […]

En vérité, tous nos territoires et leurs habitant-e-s pâtissent du recours aux énergies fossiles […]. Depuis sa décision de sortir du nucléaire en 2010, l’Allemagne a baissé sa production électrique d’origine pétrolière et gazière de 25%. Et depuis 2013, c’est la production électrique issue du charbon qui baisse pour revenir à son niveau de 2010.

Comment cela est-il possible ?

Deux chantiers sont mis en œuvre. Ces chantiers génèrent énormément d’emplois non-délocalisables, ils réduisent la précarité énergétique, ils rééquilibrent la balance commerciale, ils améliorent le sort de la planète.

Premier chantier : celui de l’efficacité et de la sobriété énergétique : isolation, déplacements, aménagement du territoire, économie circulaire, circuits courts, agriculture paysanne.

Sur ce chapitre, nous sommes en panne sur tout :

Sur le logement ? Les ambitions initiales sont à l’arrêt faute de moyens et du fait de retards dans la mise en œuvre de modes de financement innovants type « tiers-financement ».

Sur les déplacements urbains ? Pas de taxe poids lourds, et donc pas de recettes nécessaires pour le cofinancement de plus de 100 projets dans les agglomérations de notre pays.

Sur l’aménagement du territoire ? Les projets délirants favorisant la bagnole, les camions et les avions sont toujours ardemment défendus par les élu-e-s nationaux et locaux.

Sur une économie alternative ? Le CICE, le pacte de responsabilité sans conditions et les interventions locales trop timides condamnent les initiatives innovantes dans un contexte de crise.

Sur l’agriculture? Le premier ministre, il y a une dizaine de jours, a choisi son camp lorsque s’adressant à la FNSEA, il leur a indiqué qu’ils étaient les premiers écologistes de France … à votre avis, pour qui ont voté les membres de la FNSEA que Manuel Valls essayait de séduire à trois jours du second tour des élections départementales ?

Il est vrai qu’ils sont sans doute autant écologistes que lui-même est socialiste…

Le deuxième chantier est celui des énergies renouvelables…

L’enterrement de première classe de ce rapport de l’ADEME situe bien le niveau d’ambition de la Ministre et de la France dans ce domaine.

Même la parution d’un rapport pose problème aux tenants de l’écologie canada dry… Pourtant, c’est possible d’agir. En Allemagne toujours, la production d’électricité renouvelable a progressé de 53% en 4 ans.

Le statu-quo, le manque d’ambition et de volonté politique forte dans le domaine de l’énergie, sont en train de condamner l’avenir économique de notre pays.

Pourtant, la transition énergétique est indissociable de la transition écologique de notre économie. Ne pas le comprendre, c’est nous condamner à la triple peine : la peine écologique, économique et sociale.

Dans un contexte de crise écologique, économique et démocratique profonde, on ne peut que déplorer ce spectacle du renoncement permanent.

On ne peut que ressentir de la colère face au décalage grandissant entre ce qui est dit en matière d’écologie, comme dans d’autres domaines, et ce qui est fait.

Les Françaises et les Français ont d’ailleurs exprimé leur ras-le-bol face à cette situation et cette inertie lors des dernières élections départementales, en s’abstenant massivement, en votant pour l’extrême-droite et en sanctionnant durement les exécutifs socialistes locaux. […]

On ne sait plus quel ton utiliser pour que chacun se ressaisisse et qu’en premier lieu, le Gouvernement et le Président de la République fassent ce pour quoi les Françaises et les Français avaient majoritairement voté pour eux en 2012 : le changement."

Voici des paroles bien senties de la part de David Cormand et qui contrastent étrangement avec les impatiences de certains EELV qui étouffent, fébrilent qu'ils sont, de ne pas encore être entrés au gouvernement. Hum ?!?! Les écologistes, enfin ceux dignes de ce noble nom, rentrer au gouvernement de Monsieur Valls, non mais c'est une mauvaise blague ? Cautionner un gouvernement de droite, quand bien même est-il politiquement correct, profondément libéral et productiviste, bétonneur et faible devant les lobbies, qui trouve que les pétro-agriculteurs sont les meilleurs écologistes de France, c'est aimer se faire flageller et le ridicule. Et nous faire croire qu'ils iraient pour infléchir des dogmatiques de la croissance c'est vraiment nous prendre pour des cons.