"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 10 janvier 2019

Mes doléances

Voici mes doléances, du 7 Janvier 2019, exprimées sur le cahier de Doléances ouvert en Mairie des Ulis, à partir des différents textes déjà édités sur ce blog depuis la crise dite des "Gilets Jaunes".


Il paraîtrait, lit-on ici et là, "qu’aucun désaccord, aucun ras-le-bol ni aucune colère ne peuvent légitimer que l’on mette à mal ce qui fait que l’on vit mieux, plus libre et plus heureux en France qu’à peu près n’importe où ailleurs dans le monde." J’ai furieusement envie de dire qui est ce "on" dans ce "on vit mieux" ? Pour moi, tant qu'il y aura des allocataires aux Restos du Cœur, au Secours Catholique ou Populaire, je ne me contenterais pas de ce "on vit mieux". Définitivement les inégalités sont mortifères pour notre démocratie, pour la paix sociale, pour le vivre ensemble. Pour moi tant qu'il y aura de gens qui brûleront dans leurs logements insalubres, tant qu'il y aura des gens qui crèveront de froid dans leurs logements insalubres, tant qu'il y aura des gens qui mourront sous les gravats de leurs logements insalubres, tant qu'il y aura des gens qui seront malades à cause de leurs logements insalubres alors ce "on vit mieux" ne me consolera jamais. Qui sème la misère récolte la colère. 60 ans de trahisons politiques produisent aujourd'hui la moisson de colères de ceux qui sont exclus de ce "on". "Les mesures favorables aux classes supérieures prises en début de règne devaient provoquer un "choc de confiance". Elles ont provoqué un choc de défiance" nous fait remarquer, fort justement, Laurent Joffrin. Et en effet, depuis 6 semaine les Gilets Jaunes réclament plus de justices sociales, plus d’égalité dans la prise en charge de la Nation. Les Gilets Jaunes disent non aux privilèges, disent non à la féodalité qui sont fielleusement instaurés en France depuis des décennies. Je soutiens leurs colère et profite de la mise en place de ce cahier de doléances pour faire part de ce qui me paraît important à reprendre en mains, dans notre pays, pour revenir à la République sociale, chose qu’elle n’est plus depuis longtemps, et la faire évoluer vers une République Ecologique Sociale et Solidaire, seul et unique voie pour un avenir durable, pacifique et désirable. En effet il ne pourra y avoir de justice sociale dans le chaos environnemental que nous promettent les changements climatiques, l’effondrement de la biodiversité, les pollutions, les saccages des biotopes, l’écocide des terres agricoles, les plastiques ici, là, partout, … Les luttes écologiques et luttes sociales sont intimement liées.

Permettez-moi donc de vous faire part, ici de mes doléances pour une France plus solidaire, plus juste et enfin sociale et écologique :

D’un point de vue financier : Il nous faut supprimer le CICE, rendre l’argent à ceux qui en ont besoin, aux projets qui travaillent pour le bien publique et non pour des intérêts privés. Il nous faut lutter de façon volontaire et transparente contre l'évasion fiscale, l'optimisation fiscale et la fraude fiscale causes principales des problèmes financiers de notre pays. Cesser le sauvetage systématique des banques qui ne travaillent jamais pour les citoyens mais uniquement pour des financiers avides d’argent. Arrêt du versement des milliards de dividendes versés aux capitalistes alors que l’on demande toujours plus d’efforts aux familles. "C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches" nous dit Victor Hugo. Dans la même idée il nous faut rétablir l’ISF dont la suppression n’a rien fait ruisseler sur les classes populaires et moyennes mais que celles-ci se doivent de compenser pour équilibrer le budget de l’état. Il nous faut refuser cette mondialisation inhumaine et destructrice pour l'environnement et le climat, retrouvons la voie de la bienveillance. Revenons sur les traités internationaux et taxons le kérosène des avions exonérés, aujourd’hui, de TVA, TIPP/TIC, taxe carbone ... qu’importe le tourisme de masse qui, de toute façon est incompatible avec un monde durable. Car il y a véritablement de la colère contre un système qui prétend être inquiet du bouleversement climatique, mais qui organise l'importation de milliard de tonnes de saloperies par containers entiers transportés par des cargos exonérés de taxes et qu’importe l’impact écologique de cette logique consumériste. Reconnaitre enfin que nous nous sommes fourvoyés avec les dogmes de la croissance et de la consommation et qu’ils ne sont qu'une fuite en avant d'un système qui nous pousse vers notre perte, vers l’effondrement de notre humanité.

D’un point de vue des services rendus à la population : Il nous faut rouvrir des écoles partout car l’éducation doit sortir du dogme de la rentabilité, la culture et le savoir sont l’essence même de notre humanité et cela ne peut être rentable. Il nous faut cesser les fermetures des hôpitaux de proximité et des maternités. Il nous faut investir massivement dans la santé publique et réouvrir les services publics de proximité. Retour aux fondements du CNR pour une Sécurité Sociale au service des citoyens et non au profit du privé. Il nous faut cesser la braderie des autoroutes et aéroport, biens inaliénables des citoyens. Réouverture des petites lignes SNCF et cessation de la mise en concurrence de la SNCF. Cessation des attaques systématiques contre les fonctionnaires, Serviteurs de la Nation, bouc émissaires de choix politiques funestes. Retour à un système de retraite juste, vivable et durable indépendant des moyens de capitalisation des citoyens. Renforcement des moyens de fonctionnement de notre système de Recherche Publique, base de l’économie de tout pays développé. Cessation de l’hypocrisie par rapport au chômage institutionnalisé si utile pour faire taire les colères de ceux qui ont encore un emploi. Reconnaitre que la colère citoyenne est issue de 60 ans de trahisons politiques et qu’il nous faut redonner plus de pouvoir aux citoyens avec plus de contrôles sur les élus.

D’un point de vue environnemental : cesser immédiatement l’utilisation des pesticides, fongicides, herbicides, glyphosate pour une véritable transition écologique de l’agriculture. Militer auprès de l’Europe pour que les aides de la PAC aillent à l’agriculture biologique, de saison et locale. Lutter réellement et non avec des effets d’annonces, s’apparentant à du greenwashing, contre les déchets plastiques, la pollution de l'air, de la terre et de l'eau, la déforestation, le massacre de la biodiversité. Arrêt des additifs alimentaires et des perturbateurs endocriniens. Arrêt du bétonnage sans fin et l'accaparement des terres par des prédateurs financiers. Arrêt de notre système agricole productiviste et polluant, soutenu par la FNSEA et les multinationales de l'agroalimentaire, qui pousse nos agriculteurs au suicide. Arrêt de la souffrance animale. Il nous faut, d’urgence, nous transformer pour arriver à une France décarbonnée.

Lutte contre la violence pour un monde plus pacifique et durable : Cessation de nos participations aux guerres coloniales et cessation de nos ventes d’armes, soyons un pays pacifiste et non-violent. Lutte, encore et toujours, contre les guerres et toutes les violences sexistes, homophobes, racistes et xénophobes. Trouvons les moyens d’être intransigeant vis-à-vis de tous les prêcheurs de haines.

En vous remerciant de transmettre à qui de droit ces doléances et en espérant que celles-ci seront lues et prise en compte. Dans l’espoir qu’enfin des choses puissent changer sans violence et grâce à une écoute sincère, je vous prie de croire en mes sentiments les meilleurs.

Bruno BOMBLED

mardi 1 janvier 2019

2019, passer de la colère légitime à la force tranquille.

« Les mesures favorables aux classes supérieures prises en début de règne devaient provoquer un « choc de confiance ». Elles ont provoqué un choc de défiance » nous fait remarquer, fort justement, Laurent Joffrin. Depuis 6 semaine les « Gilets Jaunes » font vaciller les fondements même de notre démocratie avec leur refus de la représentativité, avec la violence verbales et physiques de certains mais que beaucoup légitimisent, par les outrances racistes de quelques-uns et que peu réprouvent publiquement. Notre République est un système bien fragile me disait souvent mon tendre père. Dieu qu’il avait raison. Aujourd’hui la République vacille et certains nostalgiques d’une eau de Vichy en appellent à l’armée, aux généraux pour renverser un gouvernement élu mais incapable d’être à la hauteur de l’évènement. Ils tâtonnent, ils avancent sans se concerter, reculent, se croient plus intelligents que les autres mais ne répondent pas aux attentes légitimes de justices sociales. Notre Napoléon en guenille et son armée au clinquant usé essaye de garder le cap d’un navire qui prend l’eau. Le mouvement des gilets jaunes est « une catastrophe pour notre économie », estime Bruno Le Maire. J'apprécie et je mesure toute l'humanité qu'il y a dans cette phrase pleine de compassion, mais depuis longtemps on sait que pour la droite, pour les libéraux, pour les capitalistes, ce qui est important ce n'est pas les humains qui vivent un quotidien catastrophique à cause de leurs politiques ultra-libérale, mais bel et bien les bénéfices, l'argent, les thunes, le blé, le flouze, les pépètes, les sous, le fric, l'oseille, le pèze, le pognon pour les actionnaires, les riches et les puissants, qu'importe les conséquences sur les gens et l'environnement. Pour la droite l'économie n'est pas au service de l'Homme mais c'est bien l'Homme qui est au service de l'économie. Ils attisent la haine et les sentiments d'oppression, de spoliation, d'étouffement, ils sèment la misère et s’étonnent de récolter la colère. Pour l’avocat Juan Branco « Aujourd'hui, la seule façon de provoquer un changement, c'est en faisant trembler ces gens, en leur montrant que la politique n'est ni un jeu, ni une opportunité de carrière ; en leur montrant qu'il y a des corps qui la subissent. » Ainsi, si je peux, à force de lectures et de conversations, maintenant comprendre la violence de certains « Gilets Jaunes », je n'arrive toujours pas à l'accepter car, en vérité je vous le dis, on n’obtient rien en en usant si ce n’est toujours plus de répressions de la part de ceux qui ont le pouvoir de le faire, si ce n’est des larmes et du sang. Mais ainsi, si cette violence est faite pour faire peur à Macron et ses copains, alors on peut espérer que cela soit réussi, mais si c’est utilisé dans l’espoir d’obtenir des avancées sociales, alors force est de constater que l’on voit bien que rien de fondamentalement révolutionnaire n'a été lâché. Les riches peuvent continuer de dormir sur leurs dividendes et les pauvres, brûler dans leurs logements insalubres.

Ainsi donc, grâce à Macron -cet objet politique fabriqué, selon Juan Branco, par des Xavier Niel, des Bernard Arnault, des Gabriel Attal, Jean-Pierre Jouyet ou bien encore des Benjamin Griveaux et une constellation d'intérêts - la République vacille faute de fondements humanistes et d’un trop-plein de visions comptables et dogmatiques. « Faut-il être aveugle pour comprendre que ce pouvoir ne tient plus que par la fidélité des forces de l'ordre, dont toute défaillance l'effondrerait ? » nous interroge Juan Branco. Et pendant que certains fous furieux en appellent au sabre, d’autres se retournent en arrière et en appellent au goupillon. Rappellent les valeurs et les traditions chrétiennes de la France, crachent sur l’esprit de laïcité qui anime et soude notre vivre ensemble. La République, sociale et laïque vacille, ses citoyens regardent vers l’extrême droite la Gauche ayant failli, la Gauche ayant trahi depuis 40 ans et c’est effrayant pour moi qui ne crois qu’en elle. Esther Benbassa, sénatrice EELV, pose la question à ses amis, de ce « que pourrait être la réponse politique forte d'une gauche écologiste authentique à un mouvement social de première importance comme les Gilets Jaunes ? Détourner le regard ? Attendre que ça passe ? Dire aux gens « il faut rentrer à la maison » ? » Je lui réponds que dans un premier temps il faut condamner fermement et clairement tous les comportements racistes, xénophobes, antisémites et nationalistes qui fleurissent ici et là. Dire que ces comportements sont indignes d'un soulèvement populaire, incompatibles avec les valeurs de la Gauche et des Ecologistes. Expliquer ensuite, encore et toujours que luttes écologiques et luttes sociales sont intimement liées car pour les riches et les puissants, les gens et l'environnement ne sont que des variables d'ajustements qui permettent de faire toujours plus de profits. Dire, encore et toujours, qu’il ne pourra y avoir de justice sociale dans le chaos environnemental que nous promettent les changement climatiques, l’effondrement de la biodiversité, les pollutions, les saccages des biotopes, l’écocide des terres agricoles, les plastiques ici, là, partout, le sable pillé, … Ensuite il nous faut nous replonger dans les enseignements des grands maîtres de la non-violence et de la désobéissance civile afin de construire une rébellion, juste, forte, déterminée, durable et acceptable. Et enfin apporter une réponse sérieuse, mesurable, vérifiable, honnête et transparente aux causes des maux présents et futurs. Il nous faut penser le présent sans oublier le futur, allier le réalisme et le rêve.



Le rêve. Le rêve je viens de l’avoir en écoutant le discours anticonformiste de Clément Choisne, jeune ingénieur fraîchement diplômé de Centrale Nantes. D'un ton calme et posé, le jeune homme, se souvient « avec amusement » du discours d'entrée du directeur de l'école, « il nous invitait à prendre la parole, à donner un rôle, un vrai, à l'ingénieur dans notre société, à faire entendre notre voix ». « Je la prends aujourd'hui la parole », lance le jeune homme invité à la tribune pour se voir remettre son diplôme. Car si Clément fait ce discours c'est « parce qu'il y a des choses qui ne sont jamais remises en cause dans nos études d'ingénieur », explique le jeune diplômé originaire du Mans, « notamment la remise en cause d'un modèle qui crée des élites qui devront trouver des solutions sans jamais se demander si les solutions que l'on trouve sont pérennes, durables et égalitaires pour la société. […] Je vous rappelle que nous, les ingénieurs, nous sommes les géniteurs de l’obsolescence programmée. […] Je ne pense pas que le changement puisse venir de l'intérieur de ce système d'entreprises qui ont des modèles d'affaire fortement carbonés », explique Clément Choisne, « il y a toute une société alternative qui est en train de se monter par des solutions qui ont un sens, avec des initiatives locales, de votre fournisseur d’énergie à la manière dont vous vous déplacez ou encore la manière dont vous faites vos courses, tout est à repenser ».

Ce discours est réconfortant car il rappelle que nos vies se doivent d’avoir du sens afin qu’elles nous soient gourmandes. Ce discours est réconfortant car il rappelle que nous ne sommes pas des « parts de marchés » ni des « temps de cerveaux disponible », là est la vraie révolution ! Puisse-t-il y avoir encore et toujours plus de jeunes comme ce jeune. Puisse-t-il y avoir encore est toujours plus d’actions solidaires et je pense au Samu social, aux petits frères des pauvres, aux restos du cœur, aux pompiers volontaires, aux personnels des EPHAD, aux infirmières et aux infirmiers ... Malgré tout, malgré les difficultés, malgré les bâtons dans les roues, tous et toutes, ils et elles sont là ... Les bénévoles par milliers ... Il me faut aussi regarder de ce côté parce que c’est aussi ça qui nous porte et nous empêche de sombrer. Ils et elles sont la vraie France, la solidaire, la grande, la belle et la rebelle, la révolutionnaire.

C’est sur cette vison positive que je veux résolument ouvrir cette nouvelle année 2019, loin des violents, loin des méchants, loin des asséchés du cœur. C’est en pensant à tous ceux qui rêvent le monde autrement que par le profit - et qui risquent parfois leur vie (83 défenseurs de l’environnement ont encore été assassinés, en 2018, de par le monde) - mais par la bienveillance et l’engagement que je veux ouvrir mon année 2019.

Et c’est avec bienveillance que je vous souhaite une belle et heureuse année 2019. Que cette année vous apporte la joie, le bonheur, la paix et l’amour que vous méritez. Soyez révolutionnaires, soyez des artisans de paix et d’amour afin de bâtir un monde rempli d’envies sobres et écologiques, de rêves d’avenirs désirables, d’aventures humaines en équilibre avec notre seul et unique vaisseau spatial, avec notre seule et unique planète, berceau de notre vie, biosphère finie et fragile. Belle et heureuse année 2019.