"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mardi 1 janvier 2019

2019, passer de la colère légitime à la force tranquille.

« Les mesures favorables aux classes supérieures prises en début de règne devaient provoquer un « choc de confiance ». Elles ont provoqué un choc de défiance » nous fait remarquer, fort justement, Laurent Joffrin. Depuis 6 semaine les « Gilets Jaunes » font vaciller les fondements même de notre démocratie avec leur refus de la représentativité, avec la violence verbales et physiques de certains mais que beaucoup légitimisent, par les outrances racistes de quelques-uns et que peu réprouvent publiquement. Notre République est un système bien fragile me disait souvent mon tendre père. Dieu qu’il avait raison. Aujourd’hui la République vacille et certains nostalgiques d’une eau de Vichy en appellent à l’armée, aux généraux pour renverser un gouvernement élu mais incapable d’être à la hauteur de l’évènement. Ils tâtonnent, ils avancent sans se concerter, reculent, se croient plus intelligents que les autres mais ne répondent pas aux attentes légitimes de justices sociales. Notre Napoléon en guenille et son armée au clinquant usé essaye de garder le cap d’un navire qui prend l’eau. Le mouvement des gilets jaunes est « une catastrophe pour notre économie », estime Bruno Le Maire. J'apprécie et je mesure toute l'humanité qu'il y a dans cette phrase pleine de compassion, mais depuis longtemps on sait que pour la droite, pour les libéraux, pour les capitalistes, ce qui est important ce n'est pas les humains qui vivent un quotidien catastrophique à cause de leurs politiques ultra-libérale, mais bel et bien les bénéfices, l'argent, les thunes, le blé, le flouze, les pépètes, les sous, le fric, l'oseille, le pèze, le pognon pour les actionnaires, les riches et les puissants, qu'importe les conséquences sur les gens et l'environnement. Pour la droite l'économie n'est pas au service de l'Homme mais c'est bien l'Homme qui est au service de l'économie. Ils attisent la haine et les sentiments d'oppression, de spoliation, d'étouffement, ils sèment la misère et s’étonnent de récolter la colère. Pour l’avocat Juan Branco « Aujourd'hui, la seule façon de provoquer un changement, c'est en faisant trembler ces gens, en leur montrant que la politique n'est ni un jeu, ni une opportunité de carrière ; en leur montrant qu'il y a des corps qui la subissent. » Ainsi, si je peux, à force de lectures et de conversations, maintenant comprendre la violence de certains « Gilets Jaunes », je n'arrive toujours pas à l'accepter car, en vérité je vous le dis, on n’obtient rien en en usant si ce n’est toujours plus de répressions de la part de ceux qui ont le pouvoir de le faire, si ce n’est des larmes et du sang. Mais ainsi, si cette violence est faite pour faire peur à Macron et ses copains, alors on peut espérer que cela soit réussi, mais si c’est utilisé dans l’espoir d’obtenir des avancées sociales, alors force est de constater que l’on voit bien que rien de fondamentalement révolutionnaire n'a été lâché. Les riches peuvent continuer de dormir sur leurs dividendes et les pauvres, brûler dans leurs logements insalubres.

Ainsi donc, grâce à Macron -cet objet politique fabriqué, selon Juan Branco, par des Xavier Niel, des Bernard Arnault, des Gabriel Attal, Jean-Pierre Jouyet ou bien encore des Benjamin Griveaux et une constellation d'intérêts - la République vacille faute de fondements humanistes et d’un trop-plein de visions comptables et dogmatiques. « Faut-il être aveugle pour comprendre que ce pouvoir ne tient plus que par la fidélité des forces de l'ordre, dont toute défaillance l'effondrerait ? » nous interroge Juan Branco. Et pendant que certains fous furieux en appellent au sabre, d’autres se retournent en arrière et en appellent au goupillon. Rappellent les valeurs et les traditions chrétiennes de la France, crachent sur l’esprit de laïcité qui anime et soude notre vivre ensemble. La République, sociale et laïque vacille, ses citoyens regardent vers l’extrême droite la Gauche ayant failli, la Gauche ayant trahi depuis 40 ans et c’est effrayant pour moi qui ne crois qu’en elle. Esther Benbassa, sénatrice EELV, pose la question à ses amis, de ce « que pourrait être la réponse politique forte d'une gauche écologiste authentique à un mouvement social de première importance comme les Gilets Jaunes ? Détourner le regard ? Attendre que ça passe ? Dire aux gens « il faut rentrer à la maison » ? » Je lui réponds que dans un premier temps il faut condamner fermement et clairement tous les comportements racistes, xénophobes, antisémites et nationalistes qui fleurissent ici et là. Dire que ces comportements sont indignes d'un soulèvement populaire, incompatibles avec les valeurs de la Gauche et des Ecologistes. Expliquer ensuite, encore et toujours que luttes écologiques et luttes sociales sont intimement liées car pour les riches et les puissants, les gens et l'environnement ne sont que des variables d'ajustements qui permettent de faire toujours plus de profits. Dire, encore et toujours, qu’il ne pourra y avoir de justice sociale dans le chaos environnemental que nous promettent les changement climatiques, l’effondrement de la biodiversité, les pollutions, les saccages des biotopes, l’écocide des terres agricoles, les plastiques ici, là, partout, le sable pillé, … Ensuite il nous faut nous replonger dans les enseignements des grands maîtres de la non-violence et de la désobéissance civile afin de construire une rébellion, juste, forte, déterminée, durable et acceptable. Et enfin apporter une réponse sérieuse, mesurable, vérifiable, honnête et transparente aux causes des maux présents et futurs. Il nous faut penser le présent sans oublier le futur, allier le réalisme et le rêve.



Le rêve. Le rêve je viens de l’avoir en écoutant le discours anticonformiste de Clément Choisne, jeune ingénieur fraîchement diplômé de Centrale Nantes. D'un ton calme et posé, le jeune homme, se souvient « avec amusement » du discours d'entrée du directeur de l'école, « il nous invitait à prendre la parole, à donner un rôle, un vrai, à l'ingénieur dans notre société, à faire entendre notre voix ». « Je la prends aujourd'hui la parole », lance le jeune homme invité à la tribune pour se voir remettre son diplôme. Car si Clément fait ce discours c'est « parce qu'il y a des choses qui ne sont jamais remises en cause dans nos études d'ingénieur », explique le jeune diplômé originaire du Mans, « notamment la remise en cause d'un modèle qui crée des élites qui devront trouver des solutions sans jamais se demander si les solutions que l'on trouve sont pérennes, durables et égalitaires pour la société. […] Je vous rappelle que nous, les ingénieurs, nous sommes les géniteurs de l’obsolescence programmée. […] Je ne pense pas que le changement puisse venir de l'intérieur de ce système d'entreprises qui ont des modèles d'affaire fortement carbonés », explique Clément Choisne, « il y a toute une société alternative qui est en train de se monter par des solutions qui ont un sens, avec des initiatives locales, de votre fournisseur d’énergie à la manière dont vous vous déplacez ou encore la manière dont vous faites vos courses, tout est à repenser ».

Ce discours est réconfortant car il rappelle que nos vies se doivent d’avoir du sens afin qu’elles nous soient gourmandes. Ce discours est réconfortant car il rappelle que nous ne sommes pas des « parts de marchés » ni des « temps de cerveaux disponible », là est la vraie révolution ! Puisse-t-il y avoir encore et toujours plus de jeunes comme ce jeune. Puisse-t-il y avoir encore est toujours plus d’actions solidaires et je pense au Samu social, aux petits frères des pauvres, aux restos du cœur, aux pompiers volontaires, aux personnels des EPHAD, aux infirmières et aux infirmiers ... Malgré tout, malgré les difficultés, malgré les bâtons dans les roues, tous et toutes, ils et elles sont là ... Les bénévoles par milliers ... Il me faut aussi regarder de ce côté parce que c’est aussi ça qui nous porte et nous empêche de sombrer. Ils et elles sont la vraie France, la solidaire, la grande, la belle et la rebelle, la révolutionnaire.

C’est sur cette vison positive que je veux résolument ouvrir cette nouvelle année 2019, loin des violents, loin des méchants, loin des asséchés du cœur. C’est en pensant à tous ceux qui rêvent le monde autrement que par le profit - et qui risquent parfois leur vie (83 défenseurs de l’environnement ont encore été assassinés, en 2018, de par le monde) - mais par la bienveillance et l’engagement que je veux ouvrir mon année 2019.

Et c’est avec bienveillance que je vous souhaite une belle et heureuse année 2019. Que cette année vous apporte la joie, le bonheur, la paix et l’amour que vous méritez. Soyez révolutionnaires, soyez des artisans de paix et d’amour afin de bâtir un monde rempli d’envies sobres et écologiques, de rêves d’avenirs désirables, d’aventures humaines en équilibre avec notre seul et unique vaisseau spatial, avec notre seule et unique planète, berceau de notre vie, biosphère finie et fragile. Belle et heureuse année 2019.

2 commentaires:

Mustapha a dit…

Bien... Très bien
L espoir c est essentiel

Mustapha a dit…

Vive l'espoir