"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 6 juillet 2023

Dès lors les banlieues se sont embrasées

 


"Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue." Dom Helder Camara 

Même en étant "connu défavorablement" de la police, même en refusant d'obtempérer, la mort n'était pas une option. Non Nahel n'avait aucunes bonnes raisons d'être tué. Je pense à la famille et fait mienne leur douleur. 

Et c’est comme une histoire qui se répète avec "Monsieur blanc cassis qui continue son délire convaincu que déjà son âme est chez le diable, que sa mort fût trop douce, qu'il méritait pire ... "

"Je vois la France entière du fond de mes ténèbres 

Les charognards sont là, la mort ne vient pas seule 

J'ai la connerie humaine comme oraison funèbre 

Le regard des curieux comme unique linceul 

C'est bien fait pour ta gueule 

Tu n'es qu'un p'tit salaud 

On portera pas le deuil 

C'est bien fait pour ta peau

Renaud

Dès lors les banlieues se sont embrasées … Mais ?!?! 

Mais en quoi piller le Franprix et l'opticien c'est rendre hommage à Nahel ?!?! Franprix ou l'opticien sont-ils responsables de la mort de Nahel ? En quoi les pillages vont-ils régler les problèmes qui se posent dans la police ? Les pillards ne sont que des vandales. En quoi casser la ville cela va-t-il améliorer la qualité de vie des Ulissien.ne.s ? 

Casser, brûler la voiture des Ulissien.ne.s, qui ne sont pas les gens les plus riches de la planète, casser l'une des villes les plus pauvres de l'Essonne, une ville profondément amoureuse et au service de sa population, c'est quoi le message politique ?!?! 

"Déjà que j'avais pas grand chose 

Dans ma petite vie pas toujours rose 

[...] Oublié des hommes et de Dieu 

Entre ma petite femme et mon chien 

J'avais que la télé et puis rien 

[...] On m'a taxé ma seule richesse 

Et je réalise avec tristesse 

Que les voleurs c'est malheureux 

Volent toujours à plus pauvres qu'eux 

Si je tenais l'enfant de gredin 

Qui m'a volé mon nain de jardin 

Je lui ferais passer le goût du pain 

Je lui ferais passer le goût du pain" 

Renaud 

"Moi je te le dis, je condamne fermement les violences. C'est pas bien ! C'est mal ! La colère est légitime, mais les voyous ils n'ont pas à détruire les services publics, les transports ou les hôpitaux. Ça ! C'est le travail de l’État !!!" Wali Dia, France Inter. 

La solution ne peut jamais être la violence en État de droits, la solution est obligatoirement politique, par l'engagement et le vote. C'est en cela que l'apaisement ne se décrète pas mais qu'il se construit ... 

Bouder la Gauche et les écologistes ou s'abstenir c'est s'assurer que des politiques de droites soient au pouvoir et que l'on récolte la misère et la colère. 

La violence ne fait juste que renforcer l'image de racailles que l'on a dans l'esprit des conservateur.trice.s et des réactionnaires qui eux et elles ne s'abstiennent pas de voter à droite. La violence fait le lit des fachos. Les violent.e.s sont les idiot.e.s utiles des fascistes. 

Mais ceci étant dit, je vois dans la colère populaire une colère contre une France qui n'a pas fait son travail autour de notre culture collective colonialiste et un brin raciste qui engendre plafonds de verre et stigmatisation sociale, qui engendre la frustration et donc la colère. Je repense au film "Noirs en France" qui retrace très bien les préjugés qui sont dans nos têtes façonnées par des années de pub racistes et de blagues à la con. Un film qui retrace des histoires individuelles, façonnées par des années de préjugés et de stéréotypes. Qu'y a-t-il de commun entre les Noir.e.s français.e.s ? Pas grand-chose ou pour mieux dire, autant qu'avec n'importe quel.le autre citoyen.ne de France. Pas grand-chose, en effet, hormis leur couleur de peau et le racisme dont ils et elles sont victimes, c'est ce que démontre très bien ce film. 

Je vois dans la colère populaire une colère contre une France qui maintient les castes et enferme ses enfants dans des stéréotypes. Une France qui s'empêche de faire Nation. En "France, aujourd'hui, certaines vies valent moins que d'autres. Certains territoires valent moins que d'autres. L’égalité y est un concept théorique." nous dit très justement Cyrielle Châtelain, Députée EELV. 

Aujourd'hui combien sommes-nous à nous être regardé.e.s honnêtement en face et avons reconnu être forgé.e.s de cette petite, minable, condescendante et insidieuse supériorité blanche, même ceux et celles qui, comme moi, ont été élevé.e.s dans l'anti-racisme ? Combien ? Combien sommes nous à avoir accepté que cela fasse tristement partie de notre histoire, de notre culture collective, mais que jamais cela ne puisse biaiser notre regard, notre écoute et notre respect pour nos semblables issu.e.s d'ailleurs ? 

J'accuse depuis des années et je continue à accuser la droite et le patronat d'être la cause de la désespérance des jeunes en refusant la diversité dans leurs entreprises, en mettant des bâtons dans la vie de nos jeunes issu.e.s des cités et des banlieues. Rien de pire que les racistes non-racistes qui nous expliquent, la main sur le cœur, la voix tremblante d'émotions, que tout ça est dans nos têtes, que tout cela n'existe pas et surtout pas dans leur entreprise. Et pourtant les testing d'SOS racisme, nous disent une autre version de l'histoire. 

Comme le dit mon ami Mustapha L., "Les Mustapha, Rachida, Mamadou et autres, nous avons tous et toutes des "incidents" croustillants et multiples à raconter. Lorsque il a fallut les relater, nous étions dans la victimisation

Les patrons sont responsables de la discrimination sociale, du désespoir et finalement de la colère.