"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mardi 31 janvier 2017

Hamon, Jadot, Mélenchon, unissez-vous !


La victoire de Benoît Hamon sur Manuel Valls est une belle surprise, qui rouvre le champ de l’espoir : l’écologie et la justice sociale seront bien dans le débat de l’élection présidentielle, portées par trois candidats, MM. Hamon, Jadot et Mélenchon. Il faut aller plus loin : viser l’union ou l’alliance.


Que de surprises, dans cette campagne présidentielle ! Qui aurait dit il y a un an que François Fillon battrait Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ? Qui aurait dit voici neuf mois qu’Emmanuel Macron serait un possible candidat de second tour ? Qui aurait dit il y a six mois que Benoît Hamon porterait les couleurs du Parti socialiste ?

Célébrons d’abord une bonne nouvelle : Manuel Valls est balayé. Cet homme dangereux et autoritaire a été battu à plate couture par Benoît Hamon dans le deuxième tour de la primaire de la « Belle alliance populaire », dimanche 29 janvier, par 58 % à 41 %. C’est un score digne des « Experts », l’équipe française de handball qui, le même jour, a remporté la Coupe du monde par 33 buts à 26.

Maintenant, où en sommes-nous ? A moins de trois mois du premier tour de l’élection présidentielle, qui aura lieu le 22 avril, le jeu semble bien posé : dans l’ordre alphabétique, François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, et Jean-Luc Mélenchon ont chacun(e) des chances raisonnables de se placer dans une des deux positions de tête. Des surprises pourront encore venir, notamment d’un éventuel effacement de M. Fillon, rattrapé par son comportement népotiste (« népotisme : abus de quelqu’un qui use de son autorité pour procurer des avantages aux gens de sa famille »), d’un effondrement de M. Macron à la façon de Balladur, chéri des sondages, en 1995, ou de tout autre événement, les surprises étant par définition imprévisibles.

Cinq compétiteurs, donc. Représentant avec Fillon une droite dure néo-libérale, avec Le Pen une droite xénophobe et nationaliste, avec Macron une voie néo-libérale de type Fillon mais ouverte sur les questions sociétales, avec Hamon, un socialisme en recomposition axé sur l’écologie, avec Mélenchon, une gauche alliant exigence écologique et de justice sociale.

Résultat du quinquennat de M. Hollande, qui a appliqué une politique néo-libérale contraire à ses engagements de 2012, le Parti socialiste est déchiré entre les néo-libéraux, qui se rallieront - surtout les parlementaires - à Emmanuel Macron, et une base désireuse de revenir à gauche. M. Hamon aura du mal à gérer cet éclatement : il aura l’ascendant dans un parti qu’il connaît parfaitement, mais il ne pourra éviter la fuite d’une partie de ses élus.

La droite, de son côté, va se déchirer, avec un Fillon coincé par la rivalité de Mme Le Pen et l’attraction exercée par le jeune Macron, expert en communication et privilégié par l’oligarchie.

Concrétiser l’union entre l’exigence écologique et 
le souci de justice sociale

Jeu très ouvert, donc. Hamon peut-il nuire à l’essor de Mélenchon ? Sans doute, et c’est l’inquiétude qu’avaient de très nombreux citoyens soucieux de donner le plus de force possible à la dynamique de La France insoumise. Mais la victoire de Hamon permet aussi un éclatement possible du PS et une recomposition d’une force opposée au productivisme qui unit les trois candidats de droite. Elle permet aussi de mettre les questions de la transition écologique au centre du débat, puisque trois candidats la porteront avec force, MM. Hamon, Jadot et Mélenchon.

Mais il faut aller plus loin. Ce qui est en jeu, dès cette année, c’est la formation de cette force qui empêchera la France de glisser vers un régime nationaliste de nature fasciste, ou vers un régime néo-libéral autoritaire appliquant la stratégie du choc. Ce qui est en jeu, c’est la concrétisation de cette union entre l’écologie et la justice sociale, dans une démocratie renouvelée, union à laquelle aspirent tant de citoyens, et qu’expriment tant d’alternatives, de mouvements, de pensées depuis dix ans.

Messieurs, vous avez maintenant une lourde responsabilité

MM. Mélenchon, Hamon, et Jadot, vous avez maintenant une lourde responsabilité. La première est de ne pas vous déchirer, d’aller à cette bataille présidentielle en parfaite courtoisie et respect réciproques, sans céder aux tentations qui vous seront proposées par des médias aux mains des oligarques de vous blesser les uns les autres.

Mais il y a plus encore : vous devez chercher l’union. Certes, le programme de La France insoumise, discuté et réfléchi de longue date, a le mérite de l’antériorité et de toutes celles et ceux qui y ont participé. Certes, M. Mélenchon et ceux qui le soutiennent peuvent arguer de la logique de leur stratégie, et critiquer les errements du Parti socialiste et donc de son actuel champion. Certes, et c’est peut-être le plus important, s’il y a mille points d’accord entre vous sur la transition écologique, sur la politique fiscale, sur la démocratie, la politique étrangère et le rôle de l’Etat font débat, et même parfois opposition.

Mais nous sommes des millions, en France, à penser que ce qui vous unit est plus important que ce qui vous sépare. Pour l’avenir, Messieurs Hamon, Jadot, et Mélenchon, parlez-vous, travaillez ensemble, préparez l’avenir. Et même si nous savons que la vie politique est âpre et la concurrence sévère, nous savons que de belles surprises peuvent encore arriver : unissez-vous !


Signez les appels 
Hamon, Jadot, Mélenchon : un candidat mais pas trois !

Celui de Marc Dufumier, Professeur émérite, AgroParisTech, 
Gérard Filoche, Inspecteur du travail et Membre du Bureau National du PS et 
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Ou celui de Change.org : SIGNEZ ICI

samedi 28 janvier 2017

Le Club de Rome avait raison

En 2012, le Club de Rome célébrait le quarantième anniversaire de son célèbre rapport - "les limites de la croissance" - dit aussi Rapport Meadows, du nom de son principal rédacteur. Ce rapport avait été présenté au public le 1er mars 1972, à partir d’une commande faite par le même Club de Rome (créé en 1968) au Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1970.

A l’occasion de cet anniversaire, un des organisme en charge du rapport, le Smithsonian Institution, a rendu public une version actualisée pour 2012 du rapport de 1972. Il s’agissait, en fait d’un second rapport, utilisant la même méthodologie que le premier, avec les mêmes acteurs, le Club de Rome commanditaire et le MIT exécutant. Les instruments d'analyse ont cependant été modernisés, pour tenir compte des importants progrès accomplis dans les méthodes d'observation et de prévision.

Le point essentiel, que tous les gouvernements, que toutes les entreprises, tous les média auraient dû noter, est que le rapport de 2012 a confirmé celui de 1972. Celui-ci donnait soixante ans au système économique mondial pour s'effondrer, confronté à la diminution des ressources et à la dégradation de l’environnement. La situation est confirmée par la formule du Smithsonian Magazine, "The world is on track for disaster…", autrement dit, "tout se déroule comme prévu pour que survienne le désastre".

Ce désastre, comme le résume le physicien australien Graham Turner, qui a succédé à Dennis Meadows comme rédacteur coordonnateur, découlera du fait que, si l'humanité continue à consommer plus que la nature ne peut produire, un effondrement économique se traduisant pas une baisse massive de la population se produira aux alentours de 2030.

Courbe du rapport Meadows :
Courbe dans le grisé : mesures faites avant 1972. 
En pointillés : modélisation de l'évolution si rien ne change
En gras et après 1972 : mesures faites et comparées au modèle.

Le désastre n'est donc plus loin de nous, mais tout proche. 2020 est d'ailleurs considéré par certains experts comme une date plus probable. L'effondrement pourrait se produire bien avant 2030. Les rapporteurs font cependant preuve d'optimisme, en écrivant que si des mesures radicales étaient prises pour réformer le Système, la date buttoir pourrait être repoussée.

Mais rien ne sera fait, aucune mesure radicale ne sera prises. Le système économico-politique, ne peut, ne veut se réformer. Les gouvernements, les entreprises et les médias convergent pour que tout continue comme avant, business as usual, et ceci jusqu'au désastre. Pour preuve l’absence de publicité, par aucun des acteurs énumérés, à la publication de cette seconde version du Rapport.

Insistons sur le fait que ce n'est pas seulement le réchauffement global qui est incriminé par les rapporteurs, mais plus généralement l’épuisement des ressources et, au-delà, d’une façon plus générale, le saccage catastrophique de l’environnement sous toutes ses formes, autrement dit “la destruction du monde”. Pour l'empêcher, il ne faudrait pas seulement réduire nos émissions de gaz à effets de serre, mais s'imposer une décroissance radicale, à commencer par celle qui devrait être mise en œuvre dans les pays riches, qui sont les plus consommateurs et les plus destructeurs.

Vains espoirs car l'abrutissement des masses se poursuit par la télévision et le consumérisme interposés. Pas de quoi donc couper l'appétit à une humanité qui se moque de son empreinte écologique comme de sa première couche. Pas de quoi couper l'appétit à des politiques qui bétonnent et saccagent au nom du dieu croissance. Les opinions publiques se rassureront en faisant valoir que si ce nouveau rapport n’a pas été discuté, si des milliers d'experts, de tous ordres, ne le mentionnent pas, c'est parce qu'il est le produit d'un étroit groupe de pression comptant sur le catastrophisme pour prospérer.

En 2017 le rapport Meadows est toujours d’actualité car rien n’a vraiment changé en profondeur. Las, on peut se demander à quoi cela sert d'avoir raison trop tôt si c'est sans effet. Quarante cinq ans plus tard, au bord du précipice, les choses ne semblent pas vouloir bouger.

Selon Médiapart, agoravox et Pablo Servigne

dimanche 8 janvier 2017

Des intérêts de la dette publique : pour un financement public des services publics

« Mon ennemi, c’est la finance ».
F. Hollande, Le Bourget, 22 janvier 2012


Constat

Depuis la loi n° 73-7 du 3 janvier 1973, l’Etat Français ne peut plus emprunter auprès de la Banque de France. Cette interdiction a été reprise à l’article 104 du Traité sur l’Union européenne (TUE), qui fait interdiction aux Etats membres de l’UE d’emprunter directement auprès de la BCE ou de leurs banques centrales. En revanche, les marchés financiers peuvent quant à eux se financer directement auprès de la banque centrale.

Depuis 1973, la France doit donc se tourner vers les marchés financiers pour couvrir son déficit public.

De cette situation naît un paradoxe : pour payer les intérêts de sa dette, la France s’endette donc au prix fort(1)  auprès de banques/organismes financiers qui eux se refinancent pour partie à un taux quasi nul auprès des banques centrales(2).

L’intervention de la BCE ne sert donc qu’à créer, mécaniquement, une marge de profit auprès des banques.

Relativement indolore sur les premières années, l’effet « boule de neige » des intérêts constitue aujourd’hui la majorité de notre dette publique, comme le montre le graphique ci-après (cumul à fin 2009, il n’a pas été trouvé de statistiques plus récentes, le cumul des intérêts n’étant pas un indicatif exploité par l’INSEE) :


On constate donc que, sans la loi de 1973 et l’article 104 du TUE, si la France avait pu emprunter directement à un taux quasi nul (dont bénéficient les banques) auprès de la Banque de France, puis de la BCE(3), sa dette publique serait aujourd’hui d’environ 10 % du PIB, au lieu de 100 %.

Les 90 % de la dette constitués par les intérêts supportés depuis 1980 ont donc alimenté la sphère financière, dont on connaît le poids aujourd’hui colossal par rapport à l’économie réelle (rapport de 1 à 100).

Quoi que l’on puisse dire de la gestion de la France par les gouvernements successifs depuis 1980, on constate donc que la dette publique, sans la loi de 1973 et l’article 104 du TUE, devrait être de 10 % du PIB. Sans la ponction opérée année après année par les marchés financiers, les débats politiques de ces dernières années auraient pu se focaliser sur un abaissement de l’âge de départ à la retraite ou un recrutement de plus de fonctionnaires.

Compte tenu de son importance économique et politique, le sujet apparaît donc primordial et doit être débattu sérieusement. Il peut constituer le levier majeur d’un redressement économique du pays sans qu’il soit porté atteinte à notre modèle social.

Proposition : permettre aux Etats d’emprunter directement auprès de la BCE dans la limite de 3% du déficit public

On comprend difficilement l’intérêt économique qu’il y a à aller se financer sur les marchés plutôt qu’auprès de la banque centrale, tout au moins pour les premiers % de déficit, quand on peut considérer que ceux-ci, comme en France, servent pour l’essentiel à couvrir la charge de la dette (approximativement 2,5 points de PIB sur un déficit d’un peu plus de 3 %). En effet, l’Etat emprunte donc essentiellement pour payer les intérêts de la dette, alors que rien ne l’y obligeait.

Si l’on autorisait les Etats membres à emprunter auprès de la BCE (ou de leur banque centrale dans le cadre d’un retour à la monnaie nationale, mais là n’est pas le débat) à un taux quasi nul dans une limite de 3 % maximum de déficit (pour retenir le taux de déficit acceptable défini par le pacte de stabilité), la marge de profit des banques/marchés serait réattribuée de facto aux Etats pour réduire leur dette.

Cela réduirait d’autant le taux moyen d’intérêt réel et gommerait logiquement tout effet boule de neige.

D’un point de vue macroéconomique, cette solution ne présente a priori pas de risque ; il faut relever ici que les deux principaux arguments que l’on peut opposer à un recours direct des Etats auprès de la Banque centrale consistent :

  • en un risque d’inflation, évoqué comme un corollaire classique de la « planche à billets » (traumatisme allemand des années 20)
  • en un risque de laxisme des Etats, qui disposeraient d’emprunts « gratuits » et ne seraient plus incités à veiller à une gestion saine des finances publiques :

Or, ces arguments, présentés comme frappés au coin du bon sens, ne résistent pas à l’examen :

  • il n’y aurait pas plus de création monétaire qu’à l’heure actuelle, puisque le déficit public de l’Etat est aujourd’hui bien couvert par emprunt, donc par création monétaire, et il n’y aurait donc aucun impact sur l’inflation(4)  ; le mécanisme proposé aurait même théoriquement l’effet inverse puisque la création monétaire sera diminuée du montant de la charge de la dette(5)  ;
  • il n’y aurait pas d’encouragement au laxisme puisque les Etats auraient tout intérêt à contenir leur déficit dans la tranche maximale de recours direct auprès de la BCE, que l’on propose de fixer à 3%, dans la mesure où au-delà de 3 % ils seraient livrés, comme c’est le cas aujourd’hui dès le premier euro de déficit, à l’arbitrage des marchés financiers ;

On relèvera d’autant plus l’aberration du système actuel que la BCE, pour faire face à la crise des dettes souveraines, s’est résolue, pour contourner l’interdiction de l’article 104 du TUE, à monétiser les dettes publiques en rachetant des obligations d’Etat sur le marché secondaire émises à des taux très élevés : la BCE n’intervient donc que pour garantir la marge de profit des marchés ; au lieu de prêter directement aux Etats à un taux quasi nul, elle prête aux banques une première fois pour financer indirectement les emprunts consentis aux Etats à des taux largement supérieurs à celui du refinancement, puis rachète les obligations émises majorées des intérêts perçus par les banques.

Christophe Onadis - Courriel du 6 janvier 2017
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1) Moins élevé depuis 2-3 ans, reconnaissons-le, mais sans que cela ait diminué sensiblement la charge de la dette et en s’exposant à une remontée des taux qui feraient exploser cette dernière.
2) Le refinancement ayant également lieu sur le marché interbancaire.
3) Notons que le débat porte ici sur le mécanisme de recours aux banques centrales, ce qui est sans incidence directe sur un débat euro/franc.
4) Si tant est que la première ait réellement des effets sur la seconde, ce qui est discuté dans les milieux autorisés ; à noter par exemple que les très fortes émissions de monnaie par la BCE ces dernières années se conjuguent à un taux d’inflation qui reste très faible.
5) 40 à 45 milliards d’euros sur les dernières années ; ce poste, qui fut pendant un certain temps le premier des dépenses de l’Etat, se situant aujourd’hui à la quatrième place compte tenu des faibles taux d’intérêts de ces dernières années.

dimanche 1 janvier 2017

En 2017, soyons des artisans de paix

« Ne doutez jamais qu'un petit groupe de gens réfléchis et engagés puisse changer le monde. En fait, c'est toujours comme cela que ça s'est passé. » - Margaret Mead (1901 - 1978) - Anthropologue.

« L’automne touche à sa fin - nous écrivent quelques occupant(e)s de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en décembre - et l’autre jour on a regardé les infos. Comme d’habitude, les politiques disaient tout et n’importe quoi. Comme d’habitude, les médias en faisaient toute une salade. Et comme d’habitude, on se disait « cause toujours, tu m’intéresses ». Malgré tout, contrairement à ce qu’ils avaient annoncé, il semblerait qu’ils aient plus tant l’intention que ça de nous expulser, ni même de commencer des travaux dans un coin.

On ne va pas crier victoire tout de suite ni trop s’envoyer de fleurs, mais avec les flics qui râlent, les marchés de Noël à passer au peigne fin et les autres joyeusetés de l’état d’urgence, ça a pas l’air très stratégique de venir s’embourber dans le bocage. D’autant plus que c’est le moment d’avoir l’air plus malin que ses petits camarades pour espérer gagner l’élection présidentielle.

On a fait de notre mieux, cet automne, pour ne pas leur donner envie de venir. Ce n’était pas reposant de passer ces trois mois entouré(e)s par des signes d’intervention imminente et de se préparer à résister. Faut bien reconnaître que dans l’urgence, on ne prend pas toujours le temps de faire des processus de discussion horizontaux ni de prendre tout le monde en compte dans les actions. Mais on a quand même réussi à bien leur mettre la pression : formations et préparation matérielle à la défense sur le terrain, mise en place de l’accueil en cas d’expulsion, manifestation et constructions du 8 octobre, actions d’information et de solidarité un peu partout. Depuis les villes ou les petits coins de campagne, les cabines de tracteurs, les maisons occupées ou les cabanes dans les bois, on a tout(e)s contribué à les faire reculer.

Et maintenant ?

La menace n’a pas disparu, on en est bien conscient(e)s.

Mais on a plus de place dans nos têtes et de temps dans nos semaines pour voir plus loin que la défense immédiate de la ZAD. On peut de nouveau prendre soin de la vie et de la lutte ici. On met en place des façons de mieux accueillir les gens qui passent ici, que ce soit pour un après-midi ou pour une semaine. On reparle tou(te)s ensemble de l’usage des terres. On essaie de définir des limites collectives et on apprend à prendre en charge nos embrouilles et nos conflits nous-mêmes. On relance les dynamiques d’infotours.

Pendant ces moments de panique collective, on a aussi crée plein de liens. Les liens perdurent et se renforcent avec les soignant(e)s qui sont prêt(e)s à venir nous aider sur le terrain, avec les habitant(e)s du coin qui nous ont proposé des hébergements, avec les comités locaux qui se sont investi(e)s dans les lieux d’accueil ou la défense en cas d’expulsion, les travailleur(euse)s syndiqué(e)s qui ont appelé à exercer leur droit de retrait, et tous les groupes et personnes qu’on a croisé(e)s pendant cette période.

Mais avec la panique on tombe facilement dans des rôles stéréotypés, identité de « zadistes » dans laquelle les médias s’empressent de nous enfermer. Comme si la seule chose qui nous rassemblait était d’habiter sur la ZAD contre un projet d’aéroport, alors qu’en vrai on aspire, tou(te)s différemment, à beaucoup plus que ça. Comme si il y avait, d’un côté les « zadistes » et de l’autre les « gentil(le)s », ce qui creuse le fossé entre nous. On souhaite profiter de ces moments plus calmes pour faire vivre ensemble la lutte contre l’aéroport, mais aussi le « et son monde ». On voudrait qu’il y ait autant d’énergie qu’on en trouve ici pour lutter aussi ailleurs et contre tout ce qui nous révolte dans ce monde : les frontières qui bloquent la route des migrant-e-s, l’état d’urgence et les prisons, les projets de pipelines comme au Dakota du Nord, etc. Pour refuser ce qui nous est imposé d’en haut, pour construire des vies qui nous ressemblent, pour partager des histoires et des pratiques de lutte avec d’autres et construire des solidarités réciproques.

Alors bravo à tou(te)s, et à bientôt, ici ou ailleurs ! »

« La transition écologique n’est pas une théorie ; encore moins une vue de l’esprit », nous dit, de son coté, l’association « Agir pour l’Environnement ». « Elle est déjà une réalité concrète pour des dizaines de milliers de citoyennes et citoyens, engagés au quotidien.

Du développement des énergies renouvelables à la promotion des circuits courts, de la réduction des déchets au soutien à une finance éthique, la vitalité de cette transition silencieuse ne peut que nous remplir d’espoir.

En cette nouvelle année, formulons le vœu que ces mille révolutions tranquilles fleurissent ! »

Belle et heureuse année 2017 à tous. Que la paix et l’amour soient toujours avec vous et ceux que vous aimez. Je forme le vœux que nous soyons, encore et toujours, les porteurs de ces lumière afin que nous éclairions ce monde pour lui redonner l’espoir en un avenir qui serait enfin désirable.