"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

lundi 24 juin 2013

Le campus Paris-Saclay : Une conception autoritaire d'un anachronisme au temps de l'Internet

Extrait de la position de l’association Citoyens Actifs et Solidaires d’Orsay sur l’aménagement du plateau de Saclay et le cluster scientifique - toujours refusé en l’état par les scientifiques - de 600 000 m2, construit sur les terres les plus fertiles de l’Ile de France alors même que les décrets de protection des 2300 ha de terres agricoles, promis par l’état, ne sont toujours pas publiés.


[…] Notre association a, de nombreuses fois, dénoncé les incohérences du projet de Campus scientifique sur le plateau de Saclay sur le plan de sa conception scientifique. La notion de cluster qui est invoquée par l’EPPS pour caractériser la dynamique des institutions de Recherche, d’Enseignement et les entreprises sensées se regrouper sur le plateau n’est pas réellement mise en œuvre. En effet, cette notion repose essentiellement sur la confiance et la coopération entre acteurs, jamais sur la coercition, et pas sur la concurrence frontale. Or, les premiers instruments concrets de cette dynamique, notamment les projets de Laboratoire d’excellence (Labex) et Initiative d’excellence (Idex), reposent essentiellement sur la contrainte (les financements sont conditionnés au déménagement et à la fusion des établissements) et la mise en concurrence des laboratoires de Recherche, des universités et des écoles (concurrence pour l'accès aux ressources publiques et dans l'accès aux partenariats). La dynamique de l’excellence, telle qu’elle est portée, mise, non sur une masse d’initiatives variées et nouvelles, mais sur une sélection très étroite de programmes déjà reconnus.

La proximité géographique permise par le projet ne permettra pas de compenser le déficit de proximité organisationnelle (qui fait que les acteurs sont liés par des réseaux, projets, actions, syndicats..., bref, qu'ils fondent un ensemble cohérent), ni le déficit de proximité institutionnelle (dans laquelle les acteurs partagent un même langage, des mêmes valeurs et bénéficient de dispositifs de confiance qui permettent de travailler en commun).

Certes des programmes sont lancés et des communautés de chercheurs travaillent, mais en quoi travailleraient-ils plus ou mieux ensemble en étant quelques km plus proches mais soumis à une intense rivalité concurrentielle ?

Le projet de création d’une Université Paris Saclay est l’exemple le plus récent de cette mauvaise gouvernance du cluster. Elle vise le gigantisme alors que tout dans la notion de cluster pousse à penser la pluralité des institutions et des entreprises. Le projet est bureaucratique quand le cluster veut de la flexibilité qui vient des petites structures. Il a entraîné une levée de boucliers, le 8 mars 2012, de l’Université Paris Sud lors du congrès de ses trois conseils (Conseil d’Administration, Conseil Scientifique, Conseil des Etudes et de la Vie universitaire), qui a voté à l’unanimité contre l’opacité dans laquelle se prépare ce projet, et pour le maintien d’un fonctionnement démocratique des instances universitaires. Idem à l’INRA où les syndicats ont voté à l’unanimité, lors du dernier Comité technique, contre le transfert de tout ou partie de leurs activités sur le plateau de Saclay à la fois à cause des problèmes d’infrastructures de transport ou de logement, mais aussi du fait des conditions de montage des collaborations scientifiques. Idem à AgroParisTech dont les personnels ont récemment réfuté l’Idex Saclay tel qu’il a été présenté le 30 janvier 2012, au motif des graves problèmes qu’il pose, notamment en termes de gouvernance et de démocratie. […]

Extrait du journal « Le phare » Numéro 48, page 10, mai 2012

dimanche 23 juin 2013

Objectif ? Droit dans le mur !!!!


Plateau de Saclay : Deux conceptions s'opposent sur le plateau de Saclay, comme au triangle de Gonesse ou bien encore à Notre Dame des Landes : l'une qui consiste à poursuivre, comme s'il n'existait pas d'alertes climatique, énergétique, sanitaire etc ... et à continuer à bétonner, à prôner des solutions qui ont montré leurs limites et l'impasse dans laquelle elles nous mènent. Et une autre vision, plus responsable, plus raisonnable qui consiste à se dire que l'on ne peut continuer avec les mêmes principes que ceux qui étaient en vigueur lors des trente glorieuses, qu'il nous faut remplacer les produits chimiques par de la main d'oeuvre afin de créer de l'emploi, limiter les atteintes à la santé et cesser de ruiner les finances de la sécu, préserver l’indépendance alimentaire, limiter les lobbys qui brident la démocratie ... bref il y a les sagouins qui bétonnent le plateau de Saclay, dans un projet purement issu de l’ego de politiques hors-sol et de requins de la finance, sans jamais avoir demandé l'avis des scientifiques qu'ils projettent de déplacer sur un cluster d'un autre age et qui oubli l'internationalisation de la recherche ... et des gens réalistes qui demandent que l'on mette l'argent dans les salaires et les moyens qui permettraient aux scientifiques de mener une recherche de qualité qui s'incrit,  inévitablement, dans le temps ... plutôt que dans des bâtiments peuplés de salariés désœuvrés, faute de moyens financiers. Des gens réalistes qui savent que l'avenir n'est pas dans la technologie mais dans la sobriété et l'humilité. Des gens réalistes qui savent que deux choses sont indispensables à la survie humaine : un toit serein et une nourriture saine et qu'il est impossible d'opposer l'un à l'autre. Des gens réalistes qui s'opposent à une majorité complètement aveuglée par les arguments simplistes de l'habitat que l'on sert comme si cela suffisait.

Une belle mobilisation ce matin, à Palaiseau, contre le bétonnage du plateau de Saclay.

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Aveuglement : J'adore entendre les gens, autour de moi, me dire que j'ai tord d'être pessimiste, qu'il faut voir le positif des choses, que jamais les idées écolos n'ont autant été dans l'air du temps, que jamais cela n'a autant été intégré dans les process industriels, que jamais les lois n'ont autant considérées l'environnement.

FOUTAISE que cela !!!! 

Greenwashing que toutes vos belles avancées. 

Jamais les signaux n'ont autant été au rouge. A la lenteur de vos décisions s'oppose l'urgence climatique, l'urgence démographique, l'urgence énergétique, l'urgence sanitaire, l'urgence de la biodiversité, l'urgence de la crise métallique. Vous ne préparez pas le monde à la transition qui s'imposera, qu'on le veuille ou non, vous nous préparez juste la guerre et la misère.

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Droit de vote : Ce qui me déprime le plus, n'est pas que les fachos soient de plus en plus en vogue dans les intentions de votes et que les français n'adhèrent pas à l'urgence écologique, mais c'est que les partis républicains, et les politicards qui vont avec, n'en tirent aucune conclusion pour changer, qui de comportement, qui de moralité, qui de courage, qui de volonté de véritablement incarner le changement. Tant que les politiques n’apparaîtront que que comme des opportunistes portés par leurs propres intérêts, ne votant que des lois pour eux et leurs copains, les électeurs ne cesseront de se détourner d'eux préférant aller à la pêche, cultiver leur potager ou regarder TF1 ... plutôt que d'aller servir la soupe à des profiteurs qui ne travaillent pas pour le peuple. Ainsi pour ma part, je ne crois pas à une forte augmentation du FHaine. Même si elle existe... Le plus grand problème est l'énorme démobilisation et desespoir du peuple de droite comme de gauche ...

mercredi 19 juin 2013

Les gens réalistes ne sont pas ceux qui se présentent comme tel ....


Courriel de la part de Michel Rouyer,4ème adjoint au Maire chargé de l'Aménagement durable, de l'Environnement et de la salubrité publique à Palaiseau, adressé aux écolos de la CAPS afin de répondre aux bétonneurs du plateau de Saclay.



"Bonjour,

Dans le fond comme je l'ai dit publiquement, bien que nous fassions partie de la majorité municipale, EELV ne prend personne en traître :
  • D'abord nous avions voté contre la révision du PLU en juillet 2012,
  • Je vous invite à lire l'avis laissé sur le dossier d'enquête publique qui est publié intégralement sur notre blog.
Pour reprendre le vrai débat qui mérite qu'on s'y attarde, à entendre nos détracteurs, nous serions tous des fous furieux contre tout ce qu'il faut faire de bien quand on a été élus :
  • Du logement en particulier les besoins de logement social
  • La recherche pour les nouvelles technologies et les emplois de de demain
  • L'emploi bien évidemment
Nous serions pour une ville qui périclite une économie qui stagne et une situation du logement qui ne répondent pas aux besoins des personnes mal logées ...

En bref des reproches qui ressemblent à bien des égards à ceux que profèrent les élus qui sont pour aller jusqu'au bout du projet d'aéroport régional à Notre Dame des Landes à l'encontre de ceux qui s'y opposent !

Bien entendu il n'en est rien, nous ne sommes en effet pas convaincus qu'ils faillent raisonner dans le même logiciel que les trente glorieuses, époque révolue où le progrès et le développement de l'industrie allaient forcément de pair, sans le moindre regard critique sur les conséquences sociales et environnementales de cette marche en avant, notamment en terme d'agriculture avec la désastreuse "révolution verte" (si mal nommée) !

Pour ce qui est de la recherche, et de la croissance désespérément invoquée, il faut également accepter que les recettes de l'après-guerre ne répondent pas aux besoins d'aujourd'hui.

A titre personnel j'ai une autre vision de l’aménagement du territoire et spécifiquement du Plateau avec ses zones humides et espèces protégées, sa configuration paysagère et zones agricole en reconversion, où le logement étudiant et familial est évidemment possible mais en tenant compte du contexte à la fois exceptionnel et fragile de ce territoire, y compris en tenant compte des grandes entreprises et laboratoires de recherche qui y sont récemment installés.

Il est particulièrement intéressant de lire dans le texte les avis déposés sur les 7 registres d'enquêtes publique qui ne se réduisent pas aux simplifications d'un tract qui veut alerter l'opinion publique et créer un mouvement d'opinion pour agir à quelques mois des échéances municipales, mais qui convergent très majoritairement dans le même sens.

Avec plaisir je vous invite à répondre à l'appel des organisations signataires. Aux dernières nouvelles le PC de Palaiseau qui n'était pas signataire du tract appelle aussi à la manifestation du 23 juin !

Amicalement,
Michel Rouyer"


Résistons contre la folle urbanisation du 
Plateau de Saclay,
préservons les terres agricoles.

Manifestation
dimanche 23 juin
à 10h,
RDV gare de Palaiseau

mardi 18 juin 2013

OGM : les insectes contre la prétention humaine

Il existe de plus en plus de cas d'insectes résistant à la protéine Bt de plantes génétiquement modifiées pour être protégées contre leurs attaques, une résistance qui varie en fonction des pratiques agricoles, affirme une étude publiée ce lundi.

Les auteurs de ces travaux, publiés dans Nature Biotechnology, ont passé en revue 77 études conduites dans huit pays et cinq continents à partir de données issues de champs abritant des OGM, principalement du maïs et du coton.

Des plantes sont génétiquement modifiées pour développer une protéine bactérienne (bacillus thuringiensis, Bt) qui est toxique pour les ravageurs.

Des cas observés aux Etats-Unis, en Inde et en Afrique du Sud

Sur les 13 types de ravageurs étudiés, cinq espèces étaient devenues résistantes en 2011, contre une seule en 2005. Le ravageur est considéré comme résistant lorsque plus de 50% des insectes d'un champ ont développé cette résistance. Sur les cinq insectes résistants, trois s'attaquent aux champs de coton et deux aux cultures de maïs.

Trois des cinq cas de résistance ont été recensés aux Etats-Unis, qui abritent la moitié des surfaces d'OGM produisant la protéine Bt, les deux autres en Afrique du Sud et en Inde. Un autre cas de résistance a été repéré aux Etats-Unis mais moins de 50% des insectes du champ étaient devenus résistants.

Dans ce contexte, les scientifiques ont aussi démontré que le délai de survenue de la résistance variait de manière significative en fonction des pratiques agricoles. Dans le pire des cas, les signes de résistance sont apparus au bout de deux ou trois ans, alors que dans d'autres cas les plantes OGM étaient toujours efficaces contre les ravageurs 15 ans plus tard.

Une adaptation des ravageurs aux plants OGM Bt est inéluctable.

La différence vient de la pratique ou pas de «zones refuges», soit des parcelles de plants non OGM plantés à côté de champs OGM. Cette configuration réduit la probabilité que deux insectes résistants se reproduisent en transmettant chacun le gêne de la protéine Bt. Pour qu'un insecte naisse résistant, il faut que ses deux parents lui transmettent le gêne de la protéine.

Les auteurs de l'étude estiment qu'une adaptation des ravageurs aux plants OGM Bt est inéluctable mais que les zones refuges permettent de la ralentir.

Des plants d'OGM Bt ont été plantés dans plus de 420 millions d'hectares dans le monde depuis le milieu des années 90.

Ha, la prétention humaine ....

Source : Le parisien du 11 juin 2013

lundi 17 juin 2013

Notre Dame des Landes : l’Etat veut enclencher les travaux en septembre


Rien n’est gagné à Notre Dame des Landes : le préfet veut enclencher dès septembre les procédures permettant l’ouverture des travaux, et AGO vient de demander le permis de construire de l’aérogare. Les élus opposés à l’aéroport dénonce l’autisme des autorités.

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Lettre ouverte du CéDpa au Préfet de Région

Notre Dame des Landes, le 12 juin 2013

Monsieur le Préfet,

Nous avons le regret de vous informer que le C.A du CéDpa s’est réuni cette semaine et a décidé de suspendre sa participation au travail auquel vous nous aviez conviés à la suite du rendu des rapports des trois commissions sur le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes. Nous étions déjà assez inquiets après nos premières réunions car nous avions senti que nous n’avions pas la même lecture des rapports et notamment du rapport scientifique, mais nous étions encore prêts à « jouer le jeu ». Cependant, depuis, plusieurs faits ont malheureusement renforcé notre méfiance :

1) La commission du dialogue n’a visiblement pas l’intention de répondre au courrier que nous lui avons envoyé le 1er mai dernier. Or, n’ayant pas été invités lorsque vous avez présenté ce rapport en présence de Monsieur Chéreau, nous n’avons pas pu lui poser nos dernières questions. Ce silence est assez désagréable alors que nous avons répondu de notre côté à toutes les sollicitations qui nous ont été faites. Une première erreur du rapport (sur la création d’emplois) vient d’être pointée publiquement par une journaliste (cf article de Rue89) ; sans réponse à nos questions, nous allons donc soulever les autres.

2) La réunion technique du 4 juin avec la DGAC et la DDTM, sous la direction de Monsieur Doré, nous a montré que les services de l’État avaient l’intention d’aller vite ; le mois de septembre a été cité à plusieurs reprises comme terme des études, ce qui ne nous laisse pas espérer un vrai travail contradictoire et transparent. Lorsque nous avons demandé que le PEB prévoie trois horizons de temps, comme cela se fait habituellement, nous avons senti l’embarras (« prendre plus de temps », « coûter plus cher », « pas le feu vert pour cela »…). Lorsque nous avons redemandé un véritable travail avec la DGAC sur les questions restées pendantes de l’étude coût/bénéfices de la DUP, M. Doré a commencé par affirmer qu’il ne pouvait y avoir discussion puisque nous étions en contentieux sur le sujet. J’ai alors rappelé que vous-même aviez trouvé normal d’éclaircir ce point. La réunion s’est achevée sans engagement clair sur le sujet.

3) AGO vient de déposer une demande de permis de construire pour l’aérogare, qui est donc en cours d’instruction, selon la technique bien française du « saucissonnage » des dossiers.

4) Enfin, l’interview que vous avez accordée à Presse-Océan a conforté notre sentiment. Vous évoquez à nouveau la rentrée de septembre, parlez des arrêtés loi sur l’eau et du possible démarrage des travaux à la suite. Même si M. Lapouze a ensuite téléphoné à l’une de nous pour dire que vos propos n’avaient pas été retranscrits fidèlement par le journaliste, vous ne les avez pas démentis depuis et le journaliste les confirme. Or l’émoi qui a suivi la parution de ce papier samedi est grand, et nous élus du CéDpa ne voulons pas être caution d’études complémentaires dont nous avons le sentiment qu’elles sont destinées à nous faire admettre une conclusion déjà faite. Et que nous pourrions déjà écrire !

Un an est nécessaire pour une analyse de l’état initial

C’est pourquoi, à ce jour nous préférons nous retirer d’un cadre visiblement biaisé. Pour votre complète information, sachez que nous écrivons à Monsieur le Président de la République pour lui expliquer les raisons de ce choix et en appeler à son arbitrage clair. La commission scientifique a parlé de la nécessité d’un délai d’un an voire plus pour avoir une analyse correcte de l’état initial ; la Commission européenne qui a engagé une procédure « EU-pilot », a trouvé les réponses de l’État français si insuffisantes qu’elle lui a renvoyé de nouvelles demandes ; la commission des pétitions a clairement affirmé qu’elle ne voulait pas « arriver trop tard » dans ce dossier. La rapidité affichée par les porteurs politiques du projet, rapidité que vos propos valident, n’est absolument pas compatible avec tous ces éléments importants.

Vous nous aviez dit que vous donneriez un nouveau calendrier fin juin, nous l’attendons donc pour infirmer ou confirmer nos craintes présentes et voir la suite à donner. Une reprise de notre participation aux travaux d’études ne pourrait se faire qu’à la condition d’établir un vrai climat de transparence et de prendre les moyens d’une réelle démarche contradictoire.

Avec nos regrets, nous vous prions de croire, Monsieur le Préfet, à nos salutations les plus distinguées.

Les coprésidents du CéDpa :

Françoise Verchère – Jean Paul Naud – Isabelle Loirat

Source : Reporterre

mercredi 12 juin 2013

Comment nos inégalités polluent la planète ?

Extrait de : Pourquoi nos inégalités polluent la planète
A lire sur : http://www.terraeco.net/

Tant que les questions écologiques ne seront pas systématiquement éclairées sous le jour des réalités sociales, elles demeureront de l’ordre de la politique étrangère pour la majorité des citoyens, soutient l'économiste Eloi Laurent.


Des inégalités environnementales aux inégalités sociales : le cycle de l’injustice

Si les inégalités de revenu et de pouvoir contribuent puissamment à nos crises écologiques, elles s’incarnent aussi dans la montée en puissance des inégalités environnementales. Ces dernières sont multiples, on se concentrera ici sur deux de leurs dimensions : l’inégalité face aux désastres dits « naturels » et l’inégalité face aux nuisances et aux pollutions. L’inégalité sociale devant des catastrophes non pas « naturelles » mais social-écologiques – dès lors que, de plus en plus, leurs causes et leur impact sont déterminés par les sociétés humaines – est bien documentée : la canicule ayant frappé Chicago en 1995, la canicule de 2003 en France et en Europe ou encore l’ouragan Katrina en 2005 furent autant de révélateurs et de catalyseurs de l’inégalité sociale.

L’inégalité humaine n’est pas moins grande face aux nuisances et aux pollutions quotidiennes de l’environnement. C’est d’abord vrai au plan mondial, les études de l’OMS montrant que l’environnement affecte de manière significative plus de 80% des principales maladies et déterminent notamment les facteurs déclencheurs des maladies chroniques, qui représentent désormais près des deux tiers des décès annuels sur la planète. Le médecin et chercheur à Harvard Paul Farmer montre dans ses très nombreux travaux comment de nombreuses maladies sont, dans le monde en développement, des « symptômes biologiques de lignes de fracture sociales ». C’est ensuite vrai en Europe, où la commission Marmot – de l’Organisation mondiale de la santé – a établi en 2010 qu’un écart de dix ans dans l’espérance de vie pouvait séparer les habitants des quartiers les plus favorisés des quartiers les plus défavorisés au Royaume-Uni. C’est enfin vrai en France, où deux types de résultats commencent à être articulés et soumis à l’attention des responsables politiques : le lien entre pollutions et mortalité et morbidité et le lien entre exposition aux pollutions et indicateurs de défaveur sociale (voir les travaux de Julien Caudeville à l’Ineris et les résultats du projet Equit’Aréa).

La combinaison dynamique des dimensions sociale et environnementale de l’inégalité donne le vertige. Les travaux sur les effets de la pollution atmosphérique dans la région de Los Angeles donnent à voir le lien entre exposition aux pollutions et résultats scolaires, via les maladies respiratoires qui se développent chez les enfants (l’asthme en particulier). Plus vertigineux encore, les résultats obtenus par la chercheuse de Princeton Janet Currie, qui propose une théorie de la perpétuation social-écologique de la pauvreté : les enfants issus de familles défavorisées (appartenant souvent, aux Etats-Unis, aux minorités ethniques) ont de fortes chances de naître en mauvaise santé du fait de l’environnement malsain dans lequel la grossesse de leur mère se sera déroulée, cette faiblesse sanitaire infantile se traduisant par des scolarités heurtées et des parcours professionnels difficiles. L’injustice se perpétue alors en cycle, d’inégalités environnementales en inégalités sociales.


Des inégalités environnementales aux inégalités politiques : la démocratie par l’écologie ?

Ce lien entre inégalités et environnement n’est pas seulement une fatalité : il peut s’avérer un puissant levier politique. Le combat pour la justice environnementale aux Etats-Unis a permis à la lutte pour les droits civiques de franchir dans les années 1980 et 1990 un cap social. De même, en Europe et en France, la reconnaissance des inégalités environnementales permettrait une véritable refondation des politiques sociales et de l’Etat providence. Un pays incarne mieux que les autres cette voie écologique vers le progrès politique : la Chine.

On ne peut qu’être frappé de la continuité écologique entre l’URSS et la Chine contemporaine, à ceci près que le développement de cette dernière s’appuie sur un modèle économique plus ouvert et nettement plus dynamique, qui inflige à l’environnement un impact décuplé. Le cas de la Chine constitue une combinaison particulièrement toxique sur le plan écologique d’autoritarisme politique et de capitalisme débridé. Il illustre également le fait qu’un développement économique sans contrepoids démocratique peut progressivement conduire à un sous-développement humain par « insoutenabilité » écologique.

Cette « insoutenabilité » écologique, dans laquelle l’explosion des inégalités sociales joue un rôle certain, remet en effet en cause les perspectives de long terme de la Chine en matière de développement humain, ce que reconnaissent d’ailleurs depuis peu les dirigeants chinois*. Ainsi l’actuel ministre de l’Environnement Zhou Shengxian s’interrogeait-il en février 2011 à haute voix en amont du Congrès national du peuple : « Si notre territoire est détruit et que nous perdons notre santé, quel bien notre développement nous fait-il ? ». Selon le ministre lui-même, on dénombrerait annuellement en Chine plusieurs dizaines de milliers de mouvements populaires contre les inégalités environnementales.

Deux événements récents laissent penser que l’ampleur de ces inégalités environnementales peut ouvrir une brèche de transparence dans l’autoritarisme politique chinois au plan national et local. D’abord, les autorités de Pékin se sont vues récemment contraintes d’informer la population des niveaux alarmants atteints par la pollution atmosphérique dans la ville. Cette décision résulte de la pression combinée des habitants et de l’ambassade des Etats-Unis à Pékin, qui, via Twitter, informe quotidiennement depuis deux ans ses ressortissants sur le niveau de dangerosité de la pollution aux particules fines. L’autre événement est la publication récente d’une liste de « villages-cancer » par le gouvernement chinois, villages dont la prévalence anormale de cancers résulte de pollutions environnementales (en particulier du système hydraulique, dégradé par le secteur dit « industriel-rural »). Trente ans après son irruption aux Etats-Unis, la justice environnementale est devenue en quelques années un sujet incontournable dans la Chine contemporaine. Et si la Chine se démocratisait par l’écologie ?

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* En témoigne par exemple le discours du Premier ministre Wen Jiabo à la 6ème conférence nationale sur la protection de l’environnement, le 17 avril 2006, évoquant la protection de l’environnement comme « protection des fondations du développement de la nation chinoise » et plaçant cet objectif à l’égal de la croissance économique. Ce discours marque l’avènement d’une véritable politique environnementale chinoise.

mardi 11 juin 2013

Gaz de schiste : un baron du PS fusille le rapport de l’Office parlementaire des choix technologiques

Jean-Paul Chanteguet, député PS de l’Indre et président de la Commission du développement durable de l’Assemblée nationale, a publié une vive critique du rapport de l’OPECST favorable au gaz de schiste.


L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques a publié ce jeudi 6 juin un rapport d’étape sur « les techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels », qui concerne principalement le gaz de schiste.

Les propositions de ce rapport, visent à relancer un débat tranché par le gouvernement et le parlement, qui ont interdit la fracturation hydraulique, seule méthode capable d’extraire de la roche mère le gaz de schiste

Les arguments avancés par l’OPECST n’apportent aucun élément nouveau susceptible de revenir sur les choix opérés. Ils font également état d’affirmations profondément contestables concernant les avantages à explorer et exploiter le gaz de schiste.

La création de 100 000 emplois avancée par le cabinet privé SIA Conseil donnerait la mesure de l’enjeu économique. Le chiffre attire évidemment l’attention en cette période de chômage massif. Il donne malheureusement de faux espoirs.

L’expérience américaine démontre qu’une fois le puits mis en place, il faut moins d’une personne pour le faire fonctionner. Seule la course éperdue, qui a conduit à creuser 500 000 puits aux Etats-Unis en huit ans, a permis de renouveler les emplois. Ce qui n’est pas réalisable en France, étant donné l’occupation de notre espace géographique et notre densité de population.

La compétitivité de notre industrie serait relancée grâce à la baisse du prix du gaz. Là encore comparaison n’est pas raison. Le marché américain, qui fixe un prix en fonction de l’offre et de la demande sur le court terme, permet des baisses considérables.

Le marché européen, basé sur des contrats à long terme, indexe le prix du gaz sur celui du pétrole et l’aligne toujours sur le prix le plus élevé, de façon à permettre de couvrir les coûts du gaz importé. Ni les ménages ni les entreprises n’ont donc à attendre de baisse du prix. Sur le long terme, même les Etats-Unis risquent de vivre l’éclatement d’une bulle. Les rendements sont si décroissants que des compagnies gazières, telles que Chesapeake Energy Corp jugent le prix insoutenable et que le PDG d’Exxon affirmait en juin dernier : « Nous perdons tous nos chemises. Nous ne faisons pas d’argent. Tous les signaux sont au rouge. »

Une exploration des gaz de schiste respectueuse de l’environnement serait possible, puisque « la fracturation peut se concevoir uniquement avec des produits de type ménager et/ou d’usage alimentaire ».

Pourtant cette technique de production utilise aujourd’hui 750 composés chimiques, dont 29 ont été reconnus cancérigènes et à risque pour la santé humaine, auxquels il faut ajouter l’arsenic et les éléments radioactifs qui remontent des couches fracturées vers la surface. La captation de la ressource en eau (20 millions de litres par puits) provoque des conflits d’usage entre l’industrie pétrolière, les citoyens et les agriculteurs.

Enfin la noria de camions (un millier de trajets par puits) pour transporter le matériel, l’eau et le gaz provoque des nuisances sonores, oblige à un lourd entretien des routes et entraîne l’artificialisation de territoires naturels et la destruction d’écosystèmes.

Le gaz de schiste français devrait pouvoir se substituer aux coûteuses importations d’énergie fossile, poursuivent les rapporteurs, qui prennent pour acquis que les ressources mondiales sont très importantes.

Pourtant la Pologne, qui a fondé sa décision d’exploration sur la base des estimations des agences américaine et internationale, a dû rapidement déchanter. Sur les 43 puits creusés, seuls 12 ont produit du gaz, provoquant le retrait de deux compagnies américaines du territoire polonais.

Si l’on ne sait donc pas ce que recèle notre sous-sol, il convient de l’estimer, défendent les rapporteurs. Ils proposent pour ce faire, d’utiliser la « sismique », une technologie non invasive basée sur le principe de l’échographie. Pour être non destructrice, cette technique est également purement indicative et destinée en fait à ouvrir la porte à « quelques dizaines de fracturations » qui seules donneraient de réels renseignements.

La réforme du code minier devrait faire bénéficier les propriétaires du sol de l’exploitation des ressources du sous-sol, proposent les rapporteurs, afin de créer un intérêt local à l’exploitation. Non seulement ce code doit au contraire maintenir l’Etat dans son rôle d’arbitre de l’intérêt public, qui n’est pas la somme de quelques intérêts privés mais sa réforme doit conduire à une meilleure défense de l’environnement, à laquelle nous oblige de toute façon le renforcement du droit européen (directives eau, sol, Reach).

Enfin les rapporteurs proposent de financer les énergies renouvelables grâce aux « éventuelles retombées financières du gaz de schiste ».

L’existence de ces retombées reste à prouver, surtout après le paiement de toutes les externalités négatives, qui ne sont considérées à aucun moment dans ce rapport.

Par ailleurs l’empreinte carbone du gaz de schiste est équivalente à celle du charbon à travers ses émissions de gaz carbonique et de méthane. Son exploitation ne ferait au contraire que retarder le passage à l’énergie du futur, en s’obstinant dans une voie du passé et en exploitant à des coûts toujours croissants pour le climat, l’environnement et la santé les dernières ressources fossiles disponibles.

Source : Courriel à Reporterre

dimanche 9 juin 2013

Gaz de schiste : Les grandes manoeuvres

Recherche d'huile de Schiste en Seine et Marne, juin 2013 !!!!!
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Ce jeudi 6 juin, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) a présenté les premières conclusions de ses travaux en cours sur les techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels.

Le rapporteur, Christian Bataille, député PS du Nord, explique d'emblée "Nous souhaitons participer au débat sur la transition énergétique"

? ! ? !

Il y a quelque chose qui vient de m’échapper ou bien on est en train de nous embobiner avec de belles paroles et du Greenwashing parlementaire ?

Je pencherais pour la seconde solution. On est en train de se faire mettre bien profond par les lobbys pétrolier avec le soutien de nos élus. Il faudrait peut-être rappeler à ce monsieur que lorsque l’on parle de transition énergétique c’est pour passer des énergies fossiles aux énergies renouvelables afin de préparer un monde qui sera inéluctablement décarboné à court terme. Or non seulement les hydrocarbures de schistes se révèlent moins abondants que prévus mais également ils sont des énergies fossiles qui participent aux changements climatique.

Compatible avec le facteur 4

Les rapporteurs de l'Opecst, a propos des techniques alternatives à la fracturation hydraulique, répondent, par avance aux opposants à l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels, qui la juge incompatible avec l'impératif de réduction des émissions de gaz à effet de serre : "Les hydrocarbures exploités en France ne s'ajouteraient pas à la consommation française actuelle - expliquent-ils - mais se substitueraient aux importations". Un raisonnement qui, selon eux, ne s'oppose pas aux premières conclusions du débat national qui suggèrent que pour atteindre le Facteur 4 qui impose, d'ici 2050, de diviser par deux la consommation énergétique française si l'on souhaite participer à la stabilisation du climat. "Nous ne sommes pas dans l'addiction au pétrole et au gaz", résume Jean-Claude Lenoir.

MON ŒIL !!!!

Mauvaise foi

Le gaz de schiste partage avec d'autres activité énergétique le goût de ses promoteurs pour les images métaphoriques. Ainsi le député socialiste Christian Bataille et le sénateur UMP Jean-Claude Lenoir, n’ont pas dérogé à cette règle. Toujours lors de la présentation de leur rapport sur les techniques alternatives à la fracturation hydraulique, ils ont multiplié les analogies à visée pédagogique. Évoquant, par exemple, les additifs chimiques utilisés dans les forages par fracturation hydraulique – l’une des principales sources de pollution- le sénateur brandit la petite bouteille d’eau posée sur sa table, et disserte sur les différents sens du mot "chimique" : "dans cette bouteille, il y a un produit chimique qui s’appelle de l’eau". De là à comparer l'eau à l’éthylène glycol présent dans les fluides de fracturation, il y a une belle acrobatie rhétorique réalisée par l'élu.

Dans le même ordre d’idée, le sénateur UMP compare les "micro fissures" de la roche provoquées par la fracturation, à des "cheveux".

Plus greenwashing, tu meurt !

Si l’exploitation des gaz et huiles de schiste dégrade l’environnement, c’est en grande partie à cause des additifs chimiques contenus dans les fluides de fracturation bombardés sous terre : acide chlorhydrique, polyacrylamide, éthylène glycol… Selon le rapport Bataille-Lenoir, cette fracturation peut se concevoir uniquement avec des produits de type ménager, peu ou pas toxiques. Voire même avec des produits d’usage alimentaire, telle la gomme de guar, une fibre végétale soluble utilisée par l’industrie agroalimentaire. A titre d’exemple, nous est présentée la composition de la substance "cleanstim" fabriquée par le groupe américain Halliburton  : pâte de soja, jus de fruits, amidon alimentaire, sucre glace, lait et crème de noix de coco, chocolat de glaçage, blancs d’œufs … On en mangerait !

Ce produit est utilisé à ce jour dans 32 puits précisent les rapporteurs. Trente-deux puits sur les 500 000 puits de gaz de schiste creusés aux Etats-Unis. Soit 0,0064% des forages. Même avec beaucoup de mauvaise foi, difficile de considérer cet exemple comme représentatif.

Les grandes manoeuvres sont à l'oeuvre. Rappelons tout de même que la fracturation hydrolique "utilise aujourd’hui 750 composés chimiques, dont 29 ont été reconnus cancérigènes et à risque pour la santé humaine, auxquels il faut ajouter l’arsenic et les éléments radioactifs qui remontent des couches fracturées vers la surface" (Jean-Paul Chanteguet, président de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale)

La lutte continue car pour nous
les gaz et pétrole de Schiste c'est :

NI ICI, NI AILLEURS,
NI AUJOURD'HUI, NI DEMAIN !!!!

vendredi 7 juin 2013

Le sable - Enquête sur une disparition

De Bombay à la Bretagne en passant par Dubaï, Tanger ou les Maldives, cette passionnante enquête en forme de thriller dévoile une urgence, planétaire et donc humaine, inconnue du grand public 

Le film ici

On le trouve dans le béton, qui alimente, au rythme de deux tonnes par an et par être humain, un boom immobilier ininterrompu. Mais aussi dans les puces électroniques, le papier, le plastique, les peintures, les détergents, les cosmétiques… Ce sable que nous aimons fouler du pied ou laisser filer entre nos doigts s’est glissé à notre insu dans tous les interstices de notre quotidien. L’industrie le consomme en quantités croissantes, plus encore que le pétrole. Peut-être parce que, contrairement à l’or noir, cette matière première perçue comme inépuisable est restée à ce jour pratiquement gratuite. 

Alors que le sable des déserts est impropre à la construction, les groupes du bâtiment ont longtemps exploité les rivières et les carrières. Puis ils se sont tournés vers la mer, provoquant ce qui est en train de devenir une véritable bombe écologique. Car le sable joue un rôle essentiel dans la protection des côtes et l’équilibre des écosystèmes marins. Les conséquences de cette surexploitation apparaissent peu à peu au grand jour. Petit à petit, les appétits économiques ont grignoté au moins 75 % des plages du monde, et englouti des îles entières, en Indonésie et aux Maldives, tandis que Singapour ou Dubaï ne cessaient d’étendre leur territoire en important, parfois frauduleusement, du sable. 

Disparition des poissons, impact aggravé de l’érosion et des tempêtes, bords de mer devenus lunaires … : face aux timides régulations adoptées pour tenter de limiter le pillage, la “ruée vers le sable” s’est en réalité accélérée, sous l’égide de grandes entreprises multinationales et de mafias locales.

Ainsi les effets du bétonnage ne se font pas sentir que localement. Quand on pense bétonnage on pense, à juste titre aux pertes de terres agricoles et forestières locales et aux pertes de biodiversités et d’indépendance alimentaire qui vont avec ... mais l’on pense rarement à l’impact, que cette soif de béton a sur des populations lointaines subissant destruction et mafias. Alors il est vrais que les Ulis et ses environs ou bien encore toutes ces villes qui s'étendent au rythme de 100 000 ha/an ne sont pas Dubaï ni Singapour mais n’oubliez pas que le monde est peuplé de gens qui n’ont aucun impact sur l’environnement …

C’est pas moi, c’est les autres !!!

mercredi 5 juin 2013

fracturation hydraulique : la géothermie versus l'exploitation pétrolière

 En matière de fracturation hydraulique la géothermie et exploitation pétrolière ne sont pas comparables, en effet la fracturation hydraulique, appliquée à l'exploitation pétrolière induit un risque "essentiellement chimique" de contamination du sous-sol, alors qu'en géothermie le risque est "essentiellement sismique".


Pour appuyer cette analyse, un géologue français, Gérard Lemoine, a réalisé une étude comparative des ces "deux procédés d'exploitations minières fondamentalement différentes tant par leurs objets que leurs méthodes". Certes, dans les deux cas, il s'agit d'utiliser un processus de fracturation par la force hydraulique pour modifier la roche ciblée en vue d'accéder à la ressource (hydrocarbures ou eau chaude), mais il existe cinq points qui traduisent "de grandes différences" entre les deux méthodes.

Première différence : les roches ciblées. Pour la recherche des Gaz de Schiste on vise "un schiste argileux gazéifère, c'est-à-dire une roche sédimentaire feuilletée dont la particularité est de contenir du méthane". Cette roche est à une profondeur minimale de l'ordre du kilomètre. En géothermie, la cible est plus profonde, de l'ordre de plusieurs kilomètres pour atteindre des températures comprises entre 120°C et 270ºC. C'est en général "une roche magmatique de type intrusif (...), voire une roche dure compétente mécaniquement, donc propice à se fracturer, telle un grès". Ces roches comportent d'anciennes fractures naturelles plus ou moins cimentées, explique le géologue, précisant que l'objectif est de "rouvrir ces cicatrices de la roche".

Dans un second temps les méthodes de fracturation "sont fondamentalement différentes sous l'angle de la mécanique des roches". Pour l'exploitation d'hydrocarbures, les contraintes exercées sur la roche "sont avant tout des contraintes de compression hydraulique de l'ordre de 500 à 800 bars. Pour la géothermie, il s'agit de rouvrir d'anciennes fractures et la pression exercée est plus faible".

Troisièmement il faut moins de puits pour la géothermie. Il faut prévoir une densité d'environ 0,25 puits par km2 avec une durée de vie de deux ans pour l’exploitation de Gaz de Schiste sur d'immenses étendues de l'ordre de 100 km2 à 10.000 km2 alors que les anomalies géothermiques à l'origine des réservoirs n'occupent qu'une superficie de 10 à 25 km2. Ainsi trois puits, espacés en surface de quelques dizaines de mètres, soit un puits de production pour deux puits de réinjection, suffisent pour valoriser une anomalie géothermique.

Quatrièmement l’exploitation des Gaz de Schiste implique une gestion de l'eau plus risquée. Le fluide de fracturation utilisé, pour les hydrocarbures, est constitué d'eau à 90% environ (de l'ordre de 1.000 à 2.000 m3 par fracturation, sachant que chaque forage horizontal est fracturé une dizaine de fois en moyenne), les agents soutènement occupant 9,5 % et les additifs chimiques 0,5%. Rien de tel avec la géothermie, explique le géologue, puisque le but est de créer une boucle souterraine fermée. "Par rapport à la fracturation hydraulique SGF (shale gas fracking), le mode de gestion de l'eau en hydrofracturation EGS (Enhanced Geothermal Systems) exclut toute production d'effluents", avance-t-il. Et lors de la fracturation initiale ? Là aussi pas de comparaison possible puisque le fluide de fracturation (constitué d'eau douce) est disséminée dans un réservoir souterrain alimenté naturellement par infiltration des eaux de pluie. "Le seul point commun dans ce domaine entre les deux procédés serait peut-être l'ordre de grandeur du volume de fluide injecté", conclut-il.

Enfin, dernier point, les risques industriels associés sont complètement différents. Concernant l'exploitation d'hydrocarbures, "les risques viennent surtout de l'injection de divers produits chimiques potentiellement polluants et du risque de fuites non contrôlées du gaz", explique le géologue. A l'inverse, "la stimulation hydraulique EGS amène un risque essentiellement sismique". Et de rappeler qu'en décembre 2006, un séisme de 3,4 degrés de magnitude sur l'échelle de Richter a été causé par une opération de stimulation hydraulique de réservoir dans le cadre d'un projet géothermique expérimentale dans la région de Bâle (Suisse). Un projet gelé depuis cet incident.

En attendant et à cette heure, Bruxelles se découvre un nouvel engouement pour les gaz de schiste au nom de la compétitivité et de la sécurité énergétique. Ainsi devant les parlementaires, le président José Manuel Barroso a insisté sur la nécessité de réduire les coûts de l’énergie au nom de la compétitivité et pas une fois, la lutte contre le changement climatique ou la protection de l’environnement n’ont été évoquées. De son coté, indique-t-on à l’Elysée, "Tous les présupposés (1) de la politique énergétique européenne des années 2006, 2007, 2008, ne sont pas totalement balayés, mais doivent être revus" à la lumière de la relance de la compétitivité des entreprises ... on sait donc à quoi s'en tenir avec ces grand partisans du réalisme économique, du pragmatisme et du libéralisme débridé.

La lutte continue car pour nous
les gaz et pétrole de Schiste c'est :

NI ICI, NI AILLEURS, 
NI AUJOURD'HUI, NI DEMAIN !!!!

D’après actu-environnement.com

(1) En 2008, l’UE a adopté une législation de lutte contre le changement climatique d’ici 2020 : réduction de 20 % des émissions de CO2,20 % d’énergie renouvelables, réduction de 20 % de la consommation d’énergie.