"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mercredi 5 juin 2013

fracturation hydraulique : la géothermie versus l'exploitation pétrolière

 En matière de fracturation hydraulique la géothermie et exploitation pétrolière ne sont pas comparables, en effet la fracturation hydraulique, appliquée à l'exploitation pétrolière induit un risque "essentiellement chimique" de contamination du sous-sol, alors qu'en géothermie le risque est "essentiellement sismique".


Pour appuyer cette analyse, un géologue français, Gérard Lemoine, a réalisé une étude comparative des ces "deux procédés d'exploitations minières fondamentalement différentes tant par leurs objets que leurs méthodes". Certes, dans les deux cas, il s'agit d'utiliser un processus de fracturation par la force hydraulique pour modifier la roche ciblée en vue d'accéder à la ressource (hydrocarbures ou eau chaude), mais il existe cinq points qui traduisent "de grandes différences" entre les deux méthodes.

Première différence : les roches ciblées. Pour la recherche des Gaz de Schiste on vise "un schiste argileux gazéifère, c'est-à-dire une roche sédimentaire feuilletée dont la particularité est de contenir du méthane". Cette roche est à une profondeur minimale de l'ordre du kilomètre. En géothermie, la cible est plus profonde, de l'ordre de plusieurs kilomètres pour atteindre des températures comprises entre 120°C et 270ºC. C'est en général "une roche magmatique de type intrusif (...), voire une roche dure compétente mécaniquement, donc propice à se fracturer, telle un grès". Ces roches comportent d'anciennes fractures naturelles plus ou moins cimentées, explique le géologue, précisant que l'objectif est de "rouvrir ces cicatrices de la roche".

Dans un second temps les méthodes de fracturation "sont fondamentalement différentes sous l'angle de la mécanique des roches". Pour l'exploitation d'hydrocarbures, les contraintes exercées sur la roche "sont avant tout des contraintes de compression hydraulique de l'ordre de 500 à 800 bars. Pour la géothermie, il s'agit de rouvrir d'anciennes fractures et la pression exercée est plus faible".

Troisièmement il faut moins de puits pour la géothermie. Il faut prévoir une densité d'environ 0,25 puits par km2 avec une durée de vie de deux ans pour l’exploitation de Gaz de Schiste sur d'immenses étendues de l'ordre de 100 km2 à 10.000 km2 alors que les anomalies géothermiques à l'origine des réservoirs n'occupent qu'une superficie de 10 à 25 km2. Ainsi trois puits, espacés en surface de quelques dizaines de mètres, soit un puits de production pour deux puits de réinjection, suffisent pour valoriser une anomalie géothermique.

Quatrièmement l’exploitation des Gaz de Schiste implique une gestion de l'eau plus risquée. Le fluide de fracturation utilisé, pour les hydrocarbures, est constitué d'eau à 90% environ (de l'ordre de 1.000 à 2.000 m3 par fracturation, sachant que chaque forage horizontal est fracturé une dizaine de fois en moyenne), les agents soutènement occupant 9,5 % et les additifs chimiques 0,5%. Rien de tel avec la géothermie, explique le géologue, puisque le but est de créer une boucle souterraine fermée. "Par rapport à la fracturation hydraulique SGF (shale gas fracking), le mode de gestion de l'eau en hydrofracturation EGS (Enhanced Geothermal Systems) exclut toute production d'effluents", avance-t-il. Et lors de la fracturation initiale ? Là aussi pas de comparaison possible puisque le fluide de fracturation (constitué d'eau douce) est disséminée dans un réservoir souterrain alimenté naturellement par infiltration des eaux de pluie. "Le seul point commun dans ce domaine entre les deux procédés serait peut-être l'ordre de grandeur du volume de fluide injecté", conclut-il.

Enfin, dernier point, les risques industriels associés sont complètement différents. Concernant l'exploitation d'hydrocarbures, "les risques viennent surtout de l'injection de divers produits chimiques potentiellement polluants et du risque de fuites non contrôlées du gaz", explique le géologue. A l'inverse, "la stimulation hydraulique EGS amène un risque essentiellement sismique". Et de rappeler qu'en décembre 2006, un séisme de 3,4 degrés de magnitude sur l'échelle de Richter a été causé par une opération de stimulation hydraulique de réservoir dans le cadre d'un projet géothermique expérimentale dans la région de Bâle (Suisse). Un projet gelé depuis cet incident.

En attendant et à cette heure, Bruxelles se découvre un nouvel engouement pour les gaz de schiste au nom de la compétitivité et de la sécurité énergétique. Ainsi devant les parlementaires, le président José Manuel Barroso a insisté sur la nécessité de réduire les coûts de l’énergie au nom de la compétitivité et pas une fois, la lutte contre le changement climatique ou la protection de l’environnement n’ont été évoquées. De son coté, indique-t-on à l’Elysée, "Tous les présupposés (1) de la politique énergétique européenne des années 2006, 2007, 2008, ne sont pas totalement balayés, mais doivent être revus" à la lumière de la relance de la compétitivité des entreprises ... on sait donc à quoi s'en tenir avec ces grand partisans du réalisme économique, du pragmatisme et du libéralisme débridé.

La lutte continue car pour nous
les gaz et pétrole de Schiste c'est :

NI ICI, NI AILLEURS, 
NI AUJOURD'HUI, NI DEMAIN !!!!

D’après actu-environnement.com

(1) En 2008, l’UE a adopté une législation de lutte contre le changement climatique d’ici 2020 : réduction de 20 % des émissions de CO2,20 % d’énergie renouvelables, réduction de 20 % de la consommation d’énergie.

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