Extrait de la position de l’association Citoyens Actifs et Solidaires d’Orsay sur l’aménagement du plateau de Saclay et le cluster scientifique - toujours refusé en l’état par les scientifiques - de 600 000 m2, construit sur les terres les plus fertiles de l’Ile de France alors même que les décrets de protection des 2300 ha de terres agricoles, promis par l’état, ne sont toujours pas publiés.
[…] Notre association a, de nombreuses fois, dénoncé les incohérences du projet de Campus scientifique sur le plateau de Saclay sur le plan de sa conception scientifique. La notion de cluster qui est invoquée par l’EPPS pour caractériser la dynamique des institutions de Recherche, d’Enseignement et les entreprises sensées se regrouper sur le plateau n’est pas réellement mise en œuvre. En effet, cette notion repose essentiellement sur la confiance et la coopération entre acteurs, jamais sur la coercition, et pas sur la concurrence frontale. Or, les premiers instruments concrets de cette dynamique, notamment les projets de Laboratoire d’excellence (Labex) et Initiative d’excellence (Idex), reposent essentiellement sur la contrainte (les financements sont conditionnés au déménagement et à la fusion des établissements) et la mise en concurrence des laboratoires de Recherche, des universités et des écoles (concurrence pour l'accès aux ressources publiques et dans l'accès aux partenariats). La dynamique de l’excellence, telle qu’elle est portée, mise, non sur une masse d’initiatives variées et nouvelles, mais sur une sélection très étroite de programmes déjà reconnus.
La proximité géographique permise par le projet ne permettra pas de compenser le déficit de proximité organisationnelle (qui fait que les acteurs sont liés par des réseaux, projets, actions, syndicats..., bref, qu'ils fondent un ensemble cohérent), ni le déficit de proximité institutionnelle (dans laquelle les acteurs partagent un même langage, des mêmes valeurs et bénéficient de dispositifs de confiance qui permettent de travailler en commun).
Certes des programmes sont lancés et des communautés de chercheurs travaillent, mais en quoi travailleraient-ils plus ou mieux ensemble en étant quelques km plus proches mais soumis à une intense rivalité concurrentielle ?
Le projet de création d’une Université Paris Saclay est l’exemple le plus récent de cette mauvaise gouvernance du cluster. Elle vise le gigantisme alors que tout dans la notion de cluster pousse à penser la pluralité des institutions et des entreprises. Le projet est bureaucratique quand le cluster veut de la flexibilité qui vient des petites structures. Il a entraîné une levée de boucliers, le 8 mars 2012, de l’Université Paris Sud lors du congrès de ses trois conseils (Conseil d’Administration, Conseil Scientifique, Conseil des Etudes et de la Vie universitaire), qui a voté à l’unanimité contre l’opacité dans laquelle se prépare ce projet, et pour le maintien d’un fonctionnement démocratique des instances universitaires. Idem à l’INRA où les syndicats ont voté à l’unanimité, lors du dernier Comité technique, contre le transfert de tout ou partie de leurs activités sur le plateau de Saclay à la fois à cause des problèmes d’infrastructures de transport ou de logement, mais aussi du fait des conditions de montage des collaborations scientifiques. Idem à AgroParisTech dont les personnels ont récemment réfuté l’Idex Saclay tel qu’il a été présenté le 30 janvier 2012, au motif des graves problèmes qu’il pose, notamment en termes de gouvernance et de démocratie. […]
Extrait du journal « Le phare » Numéro 48, page 10, mai 2012
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