"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 16 décembre 2010

Bien, mais peut faire mieux.

Voici ma déclaration d'orientations politiques faite en Conseil Municipal aux Ulis le 15 Décembre 2010 lors du Débat d'Orientations Budgétaire.

Mes chers Camarades,

Je me souviens que, Chère Maud, dans un petit mot de dédicace, tu m'avais écrit qu'avec moi il était sûr que l'on garderait le cap, faisant référence à mon activité maritime, et je me suis senti très flatté, comme chargé d'une mission particulière au sein de notre équipe municipale. C'est pourquoi je me permets, avec le groupe Europe-Ecologie-les Verts, cette déclaration amicalement critique de notre orientation budgétaire et en préambule je me poserais plusieurs questions redondantes. En quoi notre budget et notre orientation budgétaire s'inscrivent-ils dans le cadre du Développement Durable ? Qu'es-ce qui, dans nos orientations, montre que nous avons entamé le virage vers une véritable prise en compte des défis environnementaux et climatiques qui vont s'imposer à nous et qu'il nous faut anticiper dès à présent ? En quoi notre orientation budgétaire est-elle novatrice à travers ce prisme ?

A ce jour je suis très dubitatif et songeur.

Certes nous avons de belles petites actions mais en dehors de volontés structurantes, révolutionnaires et volontaristes qui voudraient que nous investissions, aujourd'hui, afin d’économiser demain. Force est de constater que nous continuons à bien gérer le présent mais sans vraiment prendre au sérieux les défis environnementaux que nous semblons réserver à des écolos un peu rêveurs. Mais je vous promets que je ne rêve pas, que j’ai les yeux bien ouverts et que j’observe. Ainsi par exemple nous continuons à faire construire, lors du renouvellement urbain, en béton, ce qui est, vous en conviendrez, le degré zéro du développement durable. Nous n'entrons pas dans un programme de restructuration (isolation en matériaux naturels, les murs et les toits …) des équipements municipaux afin d'économiser du chauffage ou de la climatisation, donc des Gaz à Effet de Serre, le tout pour un meilleur confort pour les usagers. Nous ne remplaçons pas un arbre coupé par la plantation d'un pour un. Nous n'avons pas de plan majeur pour nous émanciper du pétrole, alors que tous les experts sont unanimes pour dire que nous approchons dangereusement du pic pétrolier ou que nous l’avons passé en 2006 si l’on en croit l’Agence Internationale de l’Energie. Bref que nous sommes aux portes d’un basculement de société. Nous ne sommes toujours pas au 100% bio et local dans la restauration scolaire afin de préserver la santé de nos enfants. Nos achats municipaux ainsi que nos travaux n'intègrent toujours pas les principes (local, naturel, équitable, durable ...) du Développement Durable. Nous ne sommes pas proactifs auprès des habitants, des artisans ou bien des les entreprises présentes sur notre ville. Nous n’avons pas de plan de déplacements propres (hypomobilité, vélos, véhicules électriques, limitations des déplacements, réflexion sur l’avion …) etc ...

Nous continuons donc à gérer le présent sans prendre en compte le moyen terme environnemental même s'il faut reconnaitre que nous avons toujours bien géré le social et l'économique dans notre ville faisant de celle-ci, une ville qui se veut équitable. Equitable mais pas durable car nous avons oublié l'environnement, relégué aux activités annexes, à faire quand le reste sera réglé.

Alors, oui je suis conscient des contraintes qui s'imposent à nous, et vous les avez largement évoqué précédemment comme, notre engagement dans le renouvellement urbain, les marchés publics, la réforme de la taxe professionnelle ou bien encore la paupérisation de notre population. Alors oui, je connais les difficultés qui s'imposent à nous et les Ulis ne pourront, à eux seul, résoudre les problèmes du monde. Il n'est, bien évidement, pas question de cela. Mais à l'instar du colibri, notre ville a sa partie de partition à jouer. J'affirme donc haut et fort que, contrairement aux idées reçues, le Développement Durable n'est pas une politique de Bobos ou de riches pour les riches, mais est bel et bien une politique de gens pauvres qui investissent pour améliorer leurs conditions de vie présentes et futures. Le Développement Durable est donc un déplacement des priorités, un renoncement aux pratiques anciennes héritées d'un pétrole facile, afin d'aller vers du beau, du solide, du pratique, du confortable, du recyclé et du recyclable, du décarboné, du local, de l'utile et du nécessaire bref du durable.

Certain m'objecterons que nous avons de beaux projets environnementaux comme la crèche HQE, la pose de panneaux photovoltaïques, le programme zéro-phyto etc ..., et je ne peux qu'être d'accord avec eux, mais tout cela reste ponctuelle. Cela n'émane pas d'une réforme structurelle de notre gouvernance. Mais rien n'est perdu, car je nous sais intelligents et productifs et, à l'heure de la mise en place de notre agenda 21, je suis persuadé que nous saurons nous mettre en marche pour préparer, dans les années qui suivent, des orientations budgétaires qui intègrent, à tous les niveaux et de façon pérenne, au même titre que le social et l'économique, les défis environnementaux qui nous menacent, nous et notre population. Car il ne faut pas se leurrer et je ne cesse de le répéter, les atteintes irréversibles à l'environnement, au climat, à la biodiversité et à la planète toucheront, en premiers, les plus faibles de nos compatriotes. J'en appelle donc à l'audace de notre majorité pour savoir investir aujourd'hui afin de gagner demain, permettant, plus tard, à nos enfants de dire que "C'était dur et difficile, mais vous y êtes arrivés ».

Je mesure la difficulté de la tache, car le problème de prendre des mesures correctives préventives, en matière de réchauffement climatique ou d'atteintes à l'environnement, c'est que cela décrédibilise, à postériori, le danger qui a été ainsi évité, ce qui entraine un paradoxe alimentant le scepticisme en un cercle très vicieux !

Je mesure la difficulté de la tache et qu'il me soit donc permis, ce soir, de rendre hommage à toute notre équipe municipale ainsi qu'aux services pour leurs compétences et leur efficacité en matière de bonne gestion des deniers publics, mais l'heure est venue de passer à la reconversion écologique de l'économie et rompre ainsi avec le modèle libéral et capitaliste si destructeur et si inhumain. Je mesure la difficulté mais je reste optimiste, car nous avons su engager deux actions qui pourront nous servir de guide pour les années à venir si nous avons la réelle volonté de nous y conformer. Avec notre agenda 21 nous pourrons prioriser les actions et évaluer leurs impacts sur notre quotidien. Avec notre bilan carbone nous devrions voir, de façon claire, les domaines dans lesquels les efforts, en matière de réduction d'émissions de Gaz à Effet de Serre, doivent être menés. J'espère que nous sauront, collectivement, prendre ce virage afin de faire de notre ville la première éco-ville de France.

En conclusion, je dirai que nous avons, aujourd'hui une très bonne analyse du présent et un bon diagnostique des problèmes économique et sociaux de notre futur proche, mais pas de vision qui nous mènerait vers la si nécessaire reconversion écologique de notre société, seule voie de salut pour un monde durable et paisible. Mais malgré tout cela et après avoir pesé le pour et le contre, et pour la bonne gestion économique passée et future de notre ville, je voterai, avec vous mes camarades, le budget 2011.

Je vous remercie.

Bruno BOMBLED

dimanche 5 décembre 2010

Le pic a eu lieu en 2006 !


Le pic pétrolier s'est produit en 2006, indique l'Agence Internationale de l'Energie. En bonne logique, cette phrase aurait dû faire la "une" de la presse mondiale, les Bourses auraient chuté, et l'on aurait enfin répondu à la question : "Sachant que ce système est totalement vermoulu, à quel moment en change-t-on ?" La réponse aurait été : "Maintenant !"

Reprenons les faits. Le pic pétrolier est le moment où la production de pétrole commence à décroître. Depuis une quinzaine d'années, nombre de géologues avertissent de l'imminence de ce moment capital : il signifie en effet que le régime énergétique du monde, fondé sur l'or noir depuis près d'un siècle, va devoir changer radicalement. On ne va pas manquer de carburant du jour au lendemain, mais il va falloir diminuer sa consommation. La théorie du pic pétrolier s'est imposée. Et la question est devenue : quand aura-t-il lieu ?

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) vient de répondre dans son rapport annuel, intitulé World Energy Outlook 2010, publié à la mi-novembre. Elle énonce ainsi sa prévision : "La production de pétrole brut se stabilise plus ou moins autour de 68-69 Mb/j (millions de barils par jour) à l'horizon 2020, mais ne retrouve jamais le niveau record de 70 Mb/j qu'elle a atteint en 2006." Autrement dit, le pic s'est produit en 2006.

Depuis 2006, justement, il y a eu une forte hausse des prix du pétrole (en partie spéculative), puis une crise économique. Cette augmentation des prix a rentabilisé l'exploitation de pétroles "non conventionnels", tels que les sables bitumineux, qui compensent en partie le déclin du pétrole.

L'AIE prévoit une augmentation mondiale de la consommation d'ici à 2035. Comment la satisfaire ? En pompant davantage les réserves de l'Arabie saoudite, et en développant sables bitumineux, pétrole de l'Arctique et pétrole sous-marin très profond. Problème : ces exploitations sont encore plus polluantes que la production de pétrole classique, et l'on peut douter des capacités de l'Arabie saoudite. Conclusion mezza voce : la crise pétrolière approche à grands pas.

Comment y échapper ? Le moins mauvais des scénarios de l'AIE est dit "450" : on limite les émissions de gaz à effet de serre pour ne pas dépasser un réchauffement de 2 °C. Il suppose de réduire rapidement la demande de pétrole : outre le gain pour le climat, cela permettrait d'éviter la pollution due aux pétroles non conventionnels, et réduirait les investissements nécessaires à leur développement, ce qui est bon pour l'économie. Mais cela impliquerait de... changer de politique... maintenant. Ah, horreur !

LE MONDE | 23.11.10

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Et pendant ce temps là on fait comme si de rien n'était, comme si tout était pérenne. Nous ne préparons rien. Au pied du mur nous n'aurons plus que les yeux pour pleurer.