"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

dimanche 26 mars 2017

Cousteau ou la sage parole oubliée


Yves Paccalet normalien et philosophe, spécialisé en biologie, botanique et zoologie a publié en 1997 une magnifique biographie de Jacques-Yves Cousteau : "Jacques-Yves Cousteau, dans l'océan de la vie" aux éditions JC Lattès. "J'ai rencontré Jacques-Yves Cousteau voici vingt-cinq ans. Pendant plus de quinze ans, j'ai été l'écrivain de son équipe. Je l'ai accompagné dans sa quête. Je l'ai vu vivre. J'ai appris de lui. J'ai voulu retracer son destin sans égal. Comprendre ce qui a fait d'un simple marin un homme universel. Je me suis employé à restituer ce caractère énergique et séducteur, à la fois réaliste et visionnaire. Je l'ai peint sans omettre ses défauts, ses impatiences, ses fameux accès de mauvaise foi. J'ai tenu à offrir une biographie complète, qui rassemble en une même perspective sa vie personnelle et son ahurissante carrière. On s'apercevra vite que la vie et l'oeuvre du Pacha de la Calypso se comparent à celles du capitaine Cook ou de Bougainville. Un océan d'innovations, d'images et d'idées. Il nous a offert une nouvelle vision du monde. Presque une philosophie." nous dit Yves Paccalet. Je vous livre, ici, cinq passages de son précieux livre, qui m’ont paru forts, symboliques et toujours tristement d’actualité, tant l’Homme n’append rien.

Page 241, les boucs émissaires :

"[...] C'est à cette occasion que Cousteau, pour la première fois (fin des années 60), formule sa théorie dite du "Bouc émissaire". Laquelle se résume de la sorte : les humains détruisent les richesses de la nature. Plutôt que de reconnaître leur responsabilité dans les désastres qui se succèdent, ils les imputent à des prédateurs naturels, qu'ils chargent de tous les péchés et qu'ils se donnent ainsi de bonnes raisons d'éliminer. Les boucs émissaires seront punis ... Ici, les étoiles de mer "ravageuses" de récifs. Là, les phoques qui "pilleraient" les bancs de poissons. Ou encore les cormorans. Les éléphants, les tigres, les loups, les faucons .... [...]"

Page 350, l’effondrement des sociétés :

"[...] Conduits par leur roi légendaire Hotu-Matua, des Polynésiens quittèrent en pirogue les îles Marquises et touchèrent l’île de pâques au VII siècle après Jésus-Christ. Leur civilisation devint sublime. Leur population explosa. Ils abattirent leurs arbres, saccagèrent leur environnement et s'entre-tuèrent. A l'apogée de sa splendeur, le peuple pascuan comptait vingt mille sujets. Il n'en reste que ... cent onze en 1877 ! "Le testament de l'île de Pâques" (C'est le titre que les Cousteau donneront à leur film) n'est pas gai. Il stipule que toute terre dégradée devient l'ennemie de l'Homme. un désert hostile. Cette perspective, hélas ! pourrait concerner, demain, toute notre planète. [...]"

Pages 354-355, révélation du grand saccage :

"[...] Lorsque nous bouclons notre grand tour (de la Méditerranée - 1977), explique Cousteau, et que les laboratoires nous rendent leurs résultats d'analyses, nous n'y comprenons plus rien. Les pollutions d'origine domestique, agricole et industrielles sont localement graves. Mais même additionnées, elles n'expliquent pas la gravité de la dégradation du milieu marin que je constate depuis plus de trente ans que j'y plonge. Certaines baies, certains ports ou estuaires sont sales ; mais pas au point que la vie doive s'y effondrer. Il existe un autre facteur de mort. Plus perfide ....

"Nous reprenons nos études, poursuit le pacha. Et tout devient clair. La pollution (les pollutions), dont on parle sans cesse, n'est que la deuxième cause de la diminution des populations végétales et animales. La première, c'est la destruction mécanique directe. Je regroupe sous cette expression, la pêche industrielle qui ravage les fonds ; la pêche à la dynamite ou à la lampe ; et, surtout, les grands travaux de rectification des côtes. Chaque fois que l'on creuse un nouveau port de commerce ou de plaisance, qu'on bâtit un immeuble "pied dans l'eau" ou qu'on agrandit un aéroport côtier, on détruit la portion la plus riche du corps de la mer : l'herbier littoral. [...] Ces végétaux constituent à la fois le poumon, le garde manger et la pouponnière de la mer. [...] ravager cette prairie c'est tuer la mer ..."

J'ai (l'auteur) été témoin, et un peu l'acteur, de la naissance de cette idée force. L'expression "destruction mécanique" est juste, mais peu médiatique. [...] Au bout du compte, c'est le terme "saccage" que nous choisissons. Pendant 20 ans nous montrerons que le "saccage" incarne bien l’ennemi numéro un de la mer, partout dans le monde. Nous prouverons que l'océan constitue, dans sa grande masse, un désert : il ne produit pas plus de matière vivante par unité de superficie que le Sahara. Mais il recèle des oasis d'une prodigieuse générosité : la prairie littorale d'herbes (en Méditerranée ou aux Caraïbes) ou d'algues (dans les grands océans) ; les récifs de coraux ; les estuaires ; les marais littoraux ; les mangroves tropicales ; les zones de rencontres de courants ; et celles de remontées d'eaux profondes. Or l'Homme investit chacun de ces lieux de vie. Il les détruit par sa grande pêche ou son mur de béton. A coté de ces agressions définitives, les pollutions semblent presque innocentes. Même les consternantes marées noires. Pendant vingt ans, nous lancerons ce slogan : "luttons contre le saccage !" sans succès. Trop d’intérêts en jeu. Pas de bouc émissaire facile à désigner. Même le renom de Jacques-Yves Cousteau n'y suffira pas. Chaque fois, les journalistes reviendront nous demander ce que nous pensons de l'état de la mer menacée par "la" pollution [...]".

Bruno BOMBLED - Aujourd'hui encore, quand nous sommes à quai, et que les badauds nous abordent pour savoir ce que nous faisons à bord de notre navire, la seule question qui leur vient en tête est "est-ce que la mer est polluée ?". Cette constatation du grand saccage, jamais personne ne l'aborde, pourtant ce n'est pas faute de le dénoncer (regardez NDDL pour ne pas le nommer) encore et toujours. Mais accepter, pour le commun des mortels, que son train de vie est la cause directe du grand saccage, serait trop violent et reviendrait à accepter de changer et de renoncer. Alors on préfère accuser (pas complètement à tord) "La" pollution, cela est plus collectif et face aux grandes industries, notre part semble plus dérisoire, plus diluée. Pourtant nous sommes collectivement et individuellement pleinement coupables de l'effondrement de la vie. C'est désagréable à reconnaître mais telle est la vérité qui pique.

Pages 409-410, Mission Amazone - 1983 :

"[…]Les sociétés internationales […] ne respectent que leur profit. Elles saccagent. Routes béantes, mines à ciel ouvert, déchets abandonnés … Au sud de l’Amazonie, dans l’état de Rondônia, près de la ville de Porto Velho, une équipe Cousteau filme l’arrivée massive de colons auxquels le gouvernement brésilien attribue des arpents de forêt à défricher. Les immigrants, venus pour la plupart de la province du Nordeste, quasi désertique, ou de l’énorme banlieue de Sao Paulo, apportent avec eux tous ce qu’ils possèdent. Ils débarquent en train, en voiture brinquebalante, en charrette à cheval. Ils incendient la forêt, labourent, se ruinent en achat de graines et de provisions pour subsister jusqu’à la récolte. La première moisson est abondante, les suivantes de plus en plus médiocres. Sur ces sols tropicaux, la couche d’humus est très fine ; lessivée par les pluies dès que les arbres ne la protège plus. Les sol se transforme en latérites rouge, dure, stérile. Les paysans doivent partir plus loin. Raser et brûler d’autres pans de sylve. Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que le désert…. […] ".

Bruno BOMBLED - C'était en 1983, rien n’indique que le saccage se soit arrêté, bien au contraire. D'ailleurs la petite fille de Cousteau, Céline Cousteau, est en train de finir un documentaire là dessus, Tribes on The Edge. Elle dresse un constat alarmant qui, en substance, nous dit que si rien ne change, les tribus gardiennes de la forêt vont disparaître et la forêt avec.



Pages 525-527, Rio, sommet de la Terre :

"[...] Juin 1992. Sommet de la Terre. Rio de Janeiro. Jacques-Yves Cousteau […] rayonne. "Un vent d'espoir se lève, me dit-il. Jamais je n'aurais cru à ce point à l'intelligence des hommes. Ils réalisent enfin !". Le pacha a l'impression que tout ce qui l'a bâti en 50 ans prend son sens et se concrétise. Que son ardeur à défendre la vie paye. 116 chefs d'État l’assurent de leur souci de préserver les écosystèmes du globe et de respecter les "fluides de la vie" - l'air et l'eau … "Cette grand-messe de l'écologie, ajoute le pacha, donne aux humains un sentiment d'urgence et de solidarité face aux périls du 21e siècle : mitage la couche d'ozone, risque climatique, montée des eaux, effondrement de la biodiversité, saccage et pollution des terres et des mers, excès de croissance chez les riches, surpopulation chez les pauvres … chacun prend conscience de l'absolue nécessité de réduire les inégalités entre le Nord et le Sud. Et d'offrir aux enfants du Sud la plus indispensables nourriture : l'éducation." le 7 juin pour la cérémonie d'ouverture Maurice Strong, président de la Conférence présente "Captain Planet" aux délégations. Jacques-Yves Cousteau reçoit les applaudissements du monde […] Jamais, peut-être, un homme n'éprouva un tel sentiment de reconnaissance planétaire. On le salut. On le remercie. On l’encense. […] Quand il revient de Rio, nous avons une longue conversation. Il est persuadé qu'il a remporté, sinon la victoire (il est tout sauf naïf), du moins une bataille. Je suis convaincu du contraire. Je lui dis : "JYC, ce sommet de la terre c'est du pipeau. Il n'en sortira rien. Rendez-vous dans 5 ans. Les promesses seront oubliées. Le réalisme politique, financier et industriel l'emportera sur le souci du bien commun." Je désespère un instant le pacha. Il m'a toujours trouvé trop pessimiste. Il me le reproche une fois encore. Puis il éclate de rire. Au fond il est d'accord. Il me remercie pour ma franchise. J'aime ce Cousteau-là. Lucide. Amoureux de la vie parce que – précisément - la mort rôde. Il a mis en chantier, depuis au moins 15 ans, son "livre de philosophie". […] L'ouvrage paraîtra post mortem […] En le lisant, je m’apercevrai - avec le plaisir des philosophes – que, malgré la griserie de Rio, Jacques-Yves Cousteau est resté un authentique, donc précieux pessimiste. Doté de ce regard tragique qui convient à la situation objective des hommes et de leurs terres."

Bruno BOMBLED - L’histoire donnera tristement raison à Yves Paccalet et cette même histoire se répétera, comme une triste farce, à chaque grande messe de l’environnement (conférences environnementales en France, Grenelle de l’environnement de Sarkozy, COP 21, agendas 21 des villes et régions …). L’environnement, pour beaucoup, et un attrape-mouches et un pot de ripolin vert, mais jamais une conviction que les crises écologiques, climatique, énergétique et métallique sont à prendre à bras le corps. Mais ce n’est pas comme si l’effondrement (cf le club de Rome) nous menaçait vers 2030. Pffff !!!!

samedi 18 mars 2017

Le tourisme, une véritable plaie pour notre Terre

"La colère est très vive aux Raja Ampat, archipel indonésien de la Papouasie occidentale où un petit navire de croisière d’expédition, le Caledonian Sky, a talonné sur un récif corallien considéré comme unique au monde, nous relate le magazine "Mer et Marine" du 17 mars 2017. L’incident s’est produit le 4 mars, mais il n’a fait le tour de la planète que cette semaine, provoquant une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Selon une équipe de scientifiques dépêchée sur place pour évaluer les dégâts, poursuit le journal, 1600 m² de coraux ont été touchés, dévastant l’habitat naturel d’un écosystème marin extrêmement riche et fragile. La coque du navire, s’en est sorti sans avarie sérieuse."


Cet événement nous rappelle, une fois de plus, combien le tourisme de masse - première industrie mondiale - représente une énorme pression sur les zones visitées : érosion des terres, rejets polluants d’eaux usées et de déchets en tout genre, dans les mers et les rivières, destruction des habitats naturels des animaux, pollution de l’air et changements climatiques. Le tourisme de masse induit une consommation démesurée des ressources naturelles comme l'eau douce, gaspillée au sein des grands complexes hôteliers, au détriment des populations locales, pour les piscines ou bien encore les terrains de golfs. Le tourisme émet les mêmes pollutions que n’importe qu’elle autre industrie : pollution de l’air, de l’eau, bruit, déchets solides et liquides, produits pétroliers et résidus chimiques… Le tourisme représente 60% du trafic aérien, il est donc une source majeure d’émissions de Gaz à Effet de Serre, responsables des changements climatiques, de l'acidification des océans et des perturbations des habitats. La biodiversité est largement menacée depuis des années. L’attractivité des milieux riches en biodiversité, qui sont souvent les milieux les plus sensibles aux impacts, subissent le plus, ce que Cousteau appelait "le grand saccage" en raison de l’urbanisation touristique (port de loisirs, hôtels pieds dans l'eau, ...). Les récifs coralliens et les écosystèmes très fragiles sont les victimes de la sur-construction et de la sur-fréquentation des zones littorales.

Comme toute industrie libérale, celle du tourisme n'échappe pas à l'idée fausse, mais largement admise dans ce courant de pensée, que l'Homme est naturellement responsable et saura s'autoréguler sans contrainte. Ainsi peut-on lire sur Wikipedia, que si l'on considère que "les touristes ne cherchent pas vraiment à visiter des contrées polluées, alors le développement du tourisme mondial peut se révéler comme un encouragement à la protection de l’environnement. Les régions touristiques ont donc intérêt à préserver leurs atouts naturels, voire à les développer." Le communiqué de "Noble Caledonia", l’opérateur britannique du navire responsable des dégâts sur le récif de corail de Papouasie, ne dit pas autre choses que cela et se déclare, bien évidement, "fermement attaché à la protection de l’environnement". Entendre le contraire aurait été étonnant. Ainsi cet optimisme libéral serait très beau s'il se confirmait dans les faits. Pourtant partout où l'on regarde, malgré les belles vertes paroles des industriels, aux engagements solennels pour des activités eco-friendly, ce n'est que dégradations, dévastations et saccages. L'exemple des Maldives et de son île poubelle de Thilafushi, en est le symbole criant. Les espaces protégés ne sont que les vitrines de coulisses beaucoup moins "cartes postales" où l'environnement et les habitants sont sacrifiés.



Pour quelques espaces préservés, combien de lieux seront définitivement saccagés dans cette consommation effrénée que rien ne semble pouvoir arrêter ? Combien de populations indigènes seront dépossédées, déplacées, expropriées et exploitées pour que nous jouissions ?

Alors que le voyage devrait être un moment de dépassement de soi et de découvertes mutuelles, le tourisme de masse refuse les spécificités culturelles, qu’il vient niveler, et la conscience de l’Autre, qu’il réduit à une relation marchande. L'objectif principal est désormais de s'amuser et de se détendre, dans des atmosphères qui tendent à s'uniformiser, voire à s'aseptiser. Le tourisme est le luxe occidental par excellence, il est aussi un signe extérieur de puissance, individuelle et vaniteuse, sur les peuples visités qui ne peuvent s’offrir ce luxe. De son coté, la nature est devenue un bien de consommation, qu'il faut posséder sans effort, qu'importe notre impact, qu'importe notre prédation sur cette même nature que l'on vient justement admirer. Et après avoir fait son minable petit safari, après s'être amusé en croisière sur un paquebot polluant comme des milliers de voitures, à l'autre bout du monde, à grand coup de Gaz à Effet de Serre, chacun ira de son selfie, sur les réseaux sociaux, en vantant son "amour pour cette nature si généreuse et sublime" qu'il aura participé à ruiner. Dans le Manuel de l'Antitourisme, Rodolphe Christin observe que "l'un des paradoxes du tourisme d'aujourd'hui est de tuer ce dont il vit, en véritable parasite mondophage. Celui-ci préfère le divertissement à la diversité ; le premier est en effet plus confortable car il ne remet rien en cause. Ainsi le touriste déclare son amour à cette planète dans ses moindres recoins, et, ce faisant, il contribue à l'épuiser impitoyablement"

A ces mots mon cousin Thibault, m’adresse cette pertinente interrogation : "Ainsi donc le but c'est qu'on reste tous dans notre bulle microscopique et qu'on n'aille pas ailleurs expérimenter, rencontrer les autres et essayer de comprendre notre monde ?". Piqué au vif je lui réponds que, premièrement je n'ai aucune solution toute faite à proposer et que je ne fais que pointer du doigt, un véritable énorme problème même si cela n'est pas très populaire et que cela bouscule des certitudes ou un certain déni. Comme dans toutes choses c'est l'excès qui tue et l'absence de conscience qui perverti. Et ainsi le tourisme de masse est l’excès du tourisme écologique, culturel et solidaire. Pour la plupart des voyageurs, pour l'immense majorité des touristes, rencontrer les autres et essayer de comprendre notre monde sont des notions dont ils se moquent éperdument. L'essentiel, pour ces gens en short, sera de consommer du loisir et de la plage, se donnant l'illusion, le temps d'un voyage d'être dans la classe des riches et des puissants. Ainsi, pour moi, l'argument de découverte de l'autre, à l’instar de tout autre bel argument humaniste, est du même niveau que ceux utilisés par les multinationales qui, sous prétexte d'offrir du travail (de misère), aux plus pauvres, justifient tous leurs méfaits sociaux et environnementaux: "si nous ne n'étions pas là, ces gens seraient dans la misère, Mon dieu que nous sommes bons !". Les touristes, gonflés d’orgueil, usent et abusent, pour se donner bonne conscience, de ce même storytelling très paternaliste et très colonial: "Grâce à mon argent ces pauvres hères sont moins pauvres. Bon dieu que je suis bon !"

Les multinationales comme les touristes sont tout, sauf des bienfaiteurs, mais juste des profiteurs d'une mondialisation inhumaine dont ils sont les maîtres et rois. Je maintiens donc que le tourisme est une véritable plaie pour notre Terre. 

samedi 4 mars 2017

Les Ulis: la mairie n'aime pas le développement durable mais adore le béton.

Les Ulis, conçue selon les préceptes de Le Corbusier, est une merveilleuse ville à la campagne … même si elle fut construite, à une époque où la protection des terres agricoles n’était pas devenue une priorité vitale, sur des champs de fraises. Une ville aux trois parcs majeurs (le Parc Nord, le Parc Urbain et le Parc Sud), une ville contrastée, une ville métissée, une ville aux milles couleurs, aux milles origines ou le "vivre ensemble" n’est pas un vain mot, n'est pas un slogan. Jeune ville de 40 ans, les Ulis peut s’enorgueillir d’être une véritable réussite où, malgré la densité urbaine, il fait bon vivre grâce à la vitalité de sa population et aux nombreux espaces verts entretenus, avec passion et talents, par les agents municipaux, à la campagne et aux forêts que l’on atteint après 10 minutes de marche à pied.

Mais ce bien vivre est mis en péril par la politique sécuritaire et anti-écologique de la majorité actuelle.

En effet je viens d'apprendre que la municipalité prévoit, dans le cadre du projet de révision du PLU (actuellement soumis à enquête publique) de détruire une partie du parc urbain de la ville, lieu de respirations et de récréations pour les habitants, afin d'agrandir le temple local de la consommation, "Les Ulis 2". Ce projet sonne comme un exemple visible et symbolique d'un culte de la croissance qui grignote, petit à petit mais inexorablement, l'espace vital des humains.

Je me souviens combien les élus de la majorité actuelle, à l'époque où ils étaient dans l'opposition, avaient bataillés pour que notre majorité ne transfert pas le centre commercial sur la décharge du parc sud, recouverte, encore aujourd'hui, de gravats de chantiers et de déchets en tout genres, et nous empêchaient de libérer de l'espace en ville pour y construire un éco-quartier exemplaire... et maintenant les voici qui souhaitent réduire les espaces verts de la ville.

Mais la mairie ne s’arrête pas là et prévoit d'urbaniser 60% du parc sud. Elle prévoit de noyer, sous le béton, 22 hectares de bois et de biodiversité, réduisant les 35 hectares actuels à une peau de chagrin … Préservant à peine la zone protégée. Ainsi, dans ce projet de bétonnage du parc sud, nos élus souhaiteraient déplacer les jardins familiaux sur la décharge du parc sud et bétonner l’espace libéré, construire sur les terres patiemment travaillées et enrichies, depuis 40 ans, par les Ulissiens qui y cultivent, avec passion et camaraderie, leurs fruits et légumes. Cerise sur le gâteau, à priori, les surfaces prévues ne seraient pas suffisantes pour reconstituer la surface actuelle.

Terres polluées pour les jardins familiaux et espaces verts détruits aux profits de la consommation … Bonjour le symbole !!!

Mais si vous n'étiez pas encore convaincus que Madame le Maire n'aime pas l'environnement, il vous suffit de lire le journal municipal, de ce mois-ci, qui fait la retape pour l'exposition universelle de 2025 qu'il est prévu de bâtir, sur les terres agricoles du plateau de Saclay. Pour justifier ce choix profondément douteux, la Mairie vante à longueur de ligne, l'attractivité du plateau et nous parle des chercheurs, des étudiants du Paris-Saclay, de ses dynamiques entrepreneurs, mais jamais de ses agriculteurs qui tentent la transition écologique de l'agriculture pour sauver les terres les plus fertiles d’Île de France.

Combien de terres agricoles, de montagnes, de forêts ou de rivières ont été suppliciées sur l'autel de jeux olympiques ou d'expositions éphémères et laissées en friches une fois l'extase passée ?

La mairie milite pour le bétonnage des terres agricoles sous le slogan de l'exposition, "la connaissance à partager, la planète à protéger".

Quelle inconséquence !!!

Donnez votre avis (négatif) sur la révision du PLU des Ulis :