"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

lundi 30 mars 2009

Révolution.com

Depuis plusieurs mois, le gouvernement tente de réformer la recherche Française (réforme du CNRS et des EPST, statut des enseignants chercheurs, loi LRU, ANR, AERES, etc...). La majorité des personnels estime que ces réformes menacent grandement la recherche publique et s'opposent à leur mise en application. De nombreuses manifestations ont déjà eu lieu sans pour le moment interrompre la marche forcée des réformes.

Il nous était proposé, ce jour, un nouveau moyen de protestation :

La manifestation par courriel

Comment ? En envoyant directement un courriel, à Valérie Pecresse, responsable de la mise en œuvre de cette politique, pour lui manifester notre mécontentement. Et afin de renforcer l'impact de cette action, il était important que l'envoi des courriels soit coordonné, d'où cette journée.

Voici donc ma contribution :

Madame la ministre,

Je me permets de vous écrire à triple titre : Citoyen, Elu local et Agent de la recherche publique.

Je me permets de vous écrire pour vous exprimer toute mon inquiétude face à la destruction programmée de la recherche, en général, et du CNRS, en particulier, qui est, à ce jour, un interlocuteur de renommé mondiale et qui va disparaitre au profit d'universités qui n'ont et n'auront pas les moyens, ni en temps, ni en argent, de mener à bien cette mission de chef d'orchestre de la recherche pluridisciplinaire.

Je m'inquiète de la baisse des subventions de base qui ne permettent plus de maintenir une recherche fondamentale basée sur le long terme. Je m'inquiète de voir mes collègues chercheurs être obligés de passer leur temps à chercher … de l'argent au détriment de leur recherche … scientifique. Je m'inquiète de voir cette recherche ne plus se faire que grâce aux post-docs qui eux, en contrepartie, ne trouvent plus leur place dans le paysage de la recherche car le CDD et la précarité sont devenus les contrats de base depuis la mise en place de l'ANR.

Je voudrais vous dire qu'en temps que citoyen je ne suis dupe d'aucune de vos réformes qui ne font que dégrader la force scientifique de notre pays.

En tant qu'élu, je me suis permis de faire une communication lors du Conseil Municipal du 27 mars 2009, aux Ulis, afin d'alerter mes camarades de la gravité de la situation, car ce que vous faites, détruit et détruira notre système de recherche et cela je ne peux l'accepter.

Je me souviens que nos collègues étrangers nous incitaient à nous battre pour notre système car, lui seul, nous permettait de mener à bien une recherche de haute qualité, sur le long terme. Je me souviens que nos collègues anglo-saxons, alors que nous avions un programme, en Ecosse, avec eux, ne pouvaient se déplacer sur le terrain car ils n'avaient pas assez d'argent pour payer leur mission. C'est, vous en conviendrez, absurde ! Comment réaliser une recherche sérieuse si l'on doit en permanence chercher des financements ?

En cassant notre système vous appauvrissez notre pays, car, et cela est reconnu et démontré, la recherche fondamentale est la base de toute économie.

Un pays sans recherche fondamentale est un pays pauvre.

En espérant avoir été lu et écouté, je vous prie de recevoir, Madame la Ministre, mes salutations distinguées.

Bruno BOMBLED
Technicien de la recherche publique.

http://rechercheendanger.fr.cr/

jeudi 26 mars 2009

Des petits relents de doudouisme


"UN RETOUR AUX ANTILLES APAISÉ POUR YVES JÉGO
En visite pendant deux jours aux Antilles, le secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer, Yves Jégo, était hier à Marie-Galante le temps d’évoquer l’avenir et de boire un punch coco, ici au côté du maire de Capesterre, Marlène Miraculeux-Bourgeois. Le ministre a présenté son plan Co.rail (Contrat de reprise d’activité et d’initiative locale) destiné à soutenir PME et TPE afin de participer au redémarrage de l’activité économique." Extrait de la page 9 de direct matin du 25 mars 2009

Deux-trois remarques acerbes :

Elle n'a pas du tout de petits relents de doudouisme, ni de colonialisme, cette brève. Une bien belle image du bon maitre blanc qui sait se mettre au niveau des nègres qui, c'est bien connu, mangent et boivent dans des noix de coco, car trop arriérés pour savoir utiliser des verres et des couverts comme toute personne civilisée. Après cela il peut, sans état d'âme, continuer son voyage vers Tahiti pour se faire couvrir de colliers de fleurs face aux langoureuses et ondulantes tahitiennes et finir son périple dans une réserve indienne pour y fumer le calumet de la paix. Qu'ils sont bons ces sauvages !

J'aime aussi le coté "le temps d’évoquer". Pas trop le temps pour s'éterniser car Môsieur doit avoir un emploi du temps très chargé. Pas le temps de construire du concret. Tout juste le temps d'évoquer l'avenir … et de se bourrer la gueule. Car on va aux Antilles pour la plage, les doudous et le rhum. What else ?

J'aime aussi le nom du plan : CO.RAIL. Putain, y'en a au ministère qui ont du s'éclater autour de grands verres de rhum pour trouver un acronyme comme ça. Ça a dû y aller des grandes blagues lourdes au cabinet du ministre. Qu'es ce qui pourrait faire couleur locale ? Tiens y a bien ti' punch, doudou, zouk ! Nan co.rail ce s'ra pas mal. Pi c'est un nom qu'on pourra réutiliser pour établir le plan de privatisation de la SNCF

Ben on n'est pas encore sortie de l'auberge avec des images comme celle-là.

Raz le bol de ces images d'Épinal qui maintiennent l'ordre social bien établi !

Va falloir encore travailler pour obtenir le respect.

dimanche 8 mars 2009

Vivre entre frères

Je ne me suis pas exprimé, sur ce blog, sur les événements qui se passent en ce moment aux Antilles car j'ai préféré rester observateur attentif d'un mouvement essentiel qui marque un tournant capital dans notre société française. J'ai observé avec admiration l'unité et la force, de mes compatriotes d'outre-mer, pour maintenir, dans la durée et de manière populaire, un mouvement social, légitime, contre les profitations. Mais, à l'heure où les principales revendications semblent avoir été prisent en compte en Guadeloupe, j'observe que ce mouvement a également rouvert le débat sur une blessure qui n'avait jamais vraiment cicatrisée depuis l'abolition de l'esclavage et qui fausse, depuis, les relations entre blancs et noirs.

Vous ne voyez pas où je veux en venir ? Alors laissez moi vous raconter cette petite histoire qui m'est arrivé. Cette petite histoire, je n'arrête pas de la raconter dès que je le peux, car je pense qu'elle est significative des mécanismes qui sont en œuvre en France (métropole et DOM-TOM) et qui maintiennent, en filigrane, une ségrégation sournoise dans notre pays.

Voici mon histoire. Mon épouse et moi-même avons créé ce qu'il est de bon ton d'appeler un couple mixte Guadeloupe-Métrople. Aussi, chez nous, nous regardions beaucoup RFO avant que cela ne devienne la triste "France ô". J'ai, de plus, été élevé (ainsi que mon frère et ma soeur de sang) dans le milieu des "cathos de gauche" et antiracistes. J'ai eu deux frères accueillis, l'un venait (il est décédé maintenant) d'Algérie et qui était musulman, et un autre frère, qui était un réfugié de la guerre du Cambodge, qui est plutôt de culture bouddhiste. Ce petit panorama pour dire que l'on ne peut pas franchement me traiter de raciste. La vie avec d'autres cultures et d'autres couleurs m'est familier et nécessaire. Et bien laissez-moi vous raconter cette petite anecdote. Un soir j'étais en train de regarder les infos sur RFO et il y avait un homme politique, noir, qui disait des choses très sérieuses et très intéressantes. Moi il me faisait marrer ! Tout d'un coup je me suis regardé moi-même et je me suis violement demandé pourquoi je rigolais ?!?! J'ai alors réfléchi et je me suis aperçu - je n'en tire aucune gloire, croyez-le bien ! - qu'il me faisait marrer parce qu'il était noir et qu'il avait un fort accent des îles. Alors quoi ? Moi l'antiraciste j'avais ce genre de pensées : Un noir avec un accent ne pouvait être pris au sérieux ! P'tain, je me suis vraiment déçu. J'étais vraiment abattu. Puis j'ai réfléchi et je me suis rendu compte qu'en France (mais c'est valable pour toute autre civilisation) nous sommes tous clapis de culture collective qui remonte à très loin. Cette culture collective est distillée, en dose homéopathique, dans nos idées, tous les jours, sans que l'on ne s'en rendent vraiment compte (*). Ainsi nous avons eu, entre autres choses peu glorieuses, l'esclavage et le colonialisme. Nous n'avons jamais exorcisé et assumé cela, je veux dire collectivement. Ces périodes restent dans notre tête, encrées comme un pou sur un cheveu, comme un morpion sur un poil pubien. Alors j'ai décidé de faire mon "comming out" du colonialisme et de l'esclavage. J'ai décidé de dire à voix haute, dans un acte volontaire et purgatoire, d'abord pour moi, puis pour tous ceux qui souhaitaient l'entendre, que j'étais l'héritier de cette histoire. Héritier certes, mais avec les mains blanches (au sens propre comme au figuré) et que je ne pouvais rien y changer. En revanche la seule chose que je pouvais faire était d'en être conscient et de refuser, ouvertement, que les fantômes du passé ne pourrissent mon esprit. Je décidais de me libérer de cette culture collective. J'étais libre de choisir ma culture, de choisir ce que je trouvais important ou détestable. Et depuis je vais bien. Je n'ai plus jamais cette petite supériorité blanche qui s'imposait à moi. Je suis libre ! Plus rien ne m'empêche de voir en mon frère, issu d'un ailleurs, un égal à moi-même. Je ne me sens plus petit blanc supérieur … je ne me sens pas non plus complexé d'être blanc, je suis juste l'égal, ni plus ni moins, de tout être humain qui habite cette planète que j'aime tant.

Voila mon histoire. Et depuis, je pense que la France n'a jamais fait son "comming out" et qu'elle devrait le faire. Je pense que reconnaître ouvertement que l'on possède, en nous et malgré nous, ces idées peu glorieuses, peut aider grandement à lutter puis à oeuvrer pour arriver au vrai métissage.

Pour conclure, il est toujours amusant de remarquer que lorsque je raconte cela à mes compatriotes blancs et antiracistes, ils me prennent pour un doux-dingue ... mais ils reviennent tous, quelques jours après, en me disant qu'ils ont réfléchi à ma petite histoire et que celle-ci à fait son chemin et qu'elle leur a ouvert les yeux sur une partie d'eux même qu'ils ne connaissaient pas, et qu'ils ont depuis combattu.

Alors oui je pense que ce qui est en train d'être dit aux Antilles sur cette ségrégation, qui est toujours en place, est une réalité qui dépasse les plages de Guadeloupe et de Martinique pour être aussi dénoncée en Métropole. Je pense que la question est enfin ouvertement posée. Le loup est enfin débusqué et nous nous devons de réfléchir collectivement sur notre passé commun, sur notre vision que nous avons de l'autre, sur nos rancœurs et nos minableries. Nous devons profiter que la blessure est enfin à jour pour accepter notre passé, notre couleur afin de dépasser tout cela pour enfin vivre, suivant notre devise nationale, libre, égaux et fraternels. J'attends donc avec impatience et plein d'espoir les états généraux de l'outre-mer en souhaitant des discutions avec de la hauteur, sans tabou ni haine.

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(*) : Pour exemple : Mon frère me faisait remarquer, un soir de février 2009, une pub pour Nouvelles Frontières où l'on voit une succession de lieux peuplés d'hommes de couleurs. Cette succession de lieux est liée par un fil rouge. Le message est clair et potentiellement beau, puisqu il semble être dit que l'ensemble de l'humanité, répartie sur l'ensemble de la planète, est lié. Les voyages, révélant ces liens, favoriseraient les échanges culturels, la connaissance de l'autre et donc la paix. Mais comme dans toutes chose, le défit n'est pas de lire ce qui est écrit mais de décrypter ce qui n'est pas dit. Là, en l'occurrence, ce qui n'est pas dit c'est la volonté de maintenir un certain ordre établi, car qu'y voit-on ? On y voit des gens de toutes les couleurs, dans des pays pauvres mais à potentiel touristique, et une séquence de gamins blancs s'ébattant dans une belle piscine (d'hôtel). En bien j'affirme que par ce genre de montage on maintien la ségrégation entre les blancs et les noirs, car qui es-ce qui à le droit au luxe et à l'oisiveté ? C'est une fois de plus les blancs. On pourrait, également, rajouter une réalité qui consiste à remarquer que plus on monte en hiérarchie, dans notre pays (DOM et Métropole), plus la couleur de peau blanchit, pour ne plus former qu'une blanche élite masculine ... sans que cela ne provoque beaucoup de rebellions au sein de notre société. Cela doit sembler normal et dans l'ordre des choses ... On peut multiplier les exemples à l'infini, en citant, par exemple les pubs, en métropole, qui ne montre que des familles bien blanches maintenant l'idée d'une France uniquement blanche.

samedi 7 mars 2009

Un espace de liberté et de résistance est en danger


Mes Chers Camarades,

Je vous lance un appel important via ce billet, en effet, en ce moment un espace de liberté et de résistance est en train de mourir.

L'un des derniers espaces de libres penseurs est en train de disparaître.

Témoignage Chrétien, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est en pleine crise et demande à ce que toutes les bonnes volontés de gauches, qu'elles soient chrétiennes, juives, musulmanes, athées ou agnostiques se mobilisent pour renflouer les caisses et faire que ce journal, libre de toute obédience, puisse survivre et puisse continuer, de façon pérenne, son travail de contre pouvoir qu'il a su faire depuis 70 ans.

Merci de réserver un accueil favorable à mon appel et de le relayer auprès de toutes vos relations progressistes attachées à la liberté.

Amicalement à tous
Bruno