"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

samedi 31 octobre 2015

Comme un ultime doigt d'honneur du gouvernement aux vrais écologistes et à la COP21

L'État a publié, en fin de semaine dernière, le vendredi 23 octobre, un appel d'offres pour des "travaux de débroussaillage, le rétablissement d'accès et clôtures de la desserte routière de l'aéroport du Grand Ouest". Avec cet appel d'offre, on se rapproche du début des travaux à Notre-Dame-des-Landes. Et donc, Valls, au mépris de la parole donnée par François Hollande et à la veille de la COP21, provoque les vrais écologistes qui refusent de se soumettre au PS. A quelques semaines des élections régionales voilà un mauvais signal pour qui voulait favoriser le rassemblement de la gauche et des écologistes.


Dès lors et devant ce soufflet révélateur, lancé dans la droite ligne d'un fameux "l'environnement ça comment à bien faire" d'un petit président de la République, on peut se demander, à l'instar de Boris Aubel (contact Facebook), si l'on peut croire en la ‪COP21‬ à Paris ?

Un Paris qui va accueillir tous les dirigeants du monde qui se croient grands mais qui sont incapables de nourrir et de protéger leurs frères, incapables de prendre soin des animaux, des arbres, des plantes, qui épuisent les ressources naturelles au nom de la croissance et d'une mondialisation où les humains et l'environnement ne sont que des variables d'ajustement pour des multinationales toutes puissantes.

Paris capitale de la France, nous rappel encore Boris Aubel, où un jeune étudiant de 21 ans a été tué par une grenade lancée par un gendarme mobile sur le site de Sivens. Paris capitale d'une France pays de résistance mais capable de mobiliser quelques 1500 gendarmes mobiles, à Notre Dame des Landes, pour expulser des centaines de citoyens qui refusent de voir bitumés 2000 ha de zones humides et agricoles au profit d'un aéroport maintes fois démontré comme étant inutile et dispendieux et préserver ainsi un espace riche en biodiversité protégé, lui aussi, par la législation de ce même Etat. A la clé plusieurs personnes auront été blessées par les charges des forces de l'ordre français qui pensent agir dans le bon sens, dans le cadre de la loi, alors les recours déposés en justice n'ont pas tous été épuisés.

La liste de telles incohérences est longue. Mais ces deux cas suffisent.

L'histoire des sommets internationaux autour du climat le démontrent, le dérèglement climatique ne se résoudra pas autour de banquets qui nourriraient à eux seuls une bonne partie des SDF parisiens. Il ne se résoudra pas par des politiciens qui n'incarnent aucun changement mais une continuité dogmatique libérale et productiviste. Des politiques inféodés aux lobbies industriels mais qui, conscients de la force populaire, savent très bien endormir les peuples avec de belles publicités et de beaux téléfilms à dormir debout. Ainsi les peuples feraient mieux de se prendre en main plutôt que d'attendre encore que des personnes, soi-disant plus intelligentes, s'occupent d'eux et de la nature. Si les politiciens et les industriels consuméristes, libéraux et croissantistes aimaient la nature et les Hommes et avaient une volonté réelle à lutter contre le dérèglement climatique, cela se saurait.

Pour preuves, l'ONU doute, à la vue des propositions des états, de la possibilité de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés ... et tout le monde d'accuser, fort justement, les états de mettre de la mauvaise volonté. Mais en fin de compte, les engagements des états ne reflètent-ils pas les attentes de leurs citoyens qui veulent toujours plus consommer, toujours plus voyager, toujours plus de clim, de fringues swag et pas chères, de voitures, de pavillons, de saloperies électroniques, de viandes, de fraises en hivers et de fruits exotiques ?

Ainsi en vérité je vous le dis si les états sont clairement irresponsables, les citoyens ne le sont pas moins à refuser le renoncement, la sobriété et la simplicité.

Regardons le message (Envie de capitalisme, de consommation et de libéralisme) que nous envoyons collectivement par nos votes, notre inaction, notre attentisme, notre suivisme et notre soif de biens matériels, à nos gouvernements et ne soyons plus étonnés qu'ils surfent dans le sens du vent.

"Le dérèglement climatique nous renvoie directement à notre condition humaine, poursuit Boris Aubel, il met en contradiction toute l'élaboration de notre civilisation moderne basée notamment sur l'industrialisation de tous les procédés, l'utilisation de ressources énergétiques considérables et la bitumisation systématique des espaces naturels. L'humain civilisé n'est absolument pas volontaire pour se réharmoniser avec le vivant."

A ne pas vouloir vivre simplement pour que d'autres puissent simplement vivre (Gandhi) , nous nous rendons tous responsables des changements climatiques et des crises écologiques et humanitaires. Si l'on ne fait rien, personne ne le fera à notre place.

Ainsi donc le gouvernement annonce la reprise des travaux à Notre Dame des Landes en 2016, mais, Citoyens de France, n'oubliez pas qu'il y a des élections prochainement et que notre seul poids sur les politiciens qui, une fois élus, se foutent de notre avis, est de ne pas voter pour eux. Et quand je dis ne pas voter pour ces gens-là, c'est aussi bien au premier tour qu'au second. Car comment faire cause commune avec des gens qui trouvent que les pétro-agriculteurs de la FNSEA sont les meilleurs écologistes de France, ou qui souhaitent bétonner NDDL pendant qu'ils bétonnent le plateau de Saclay, qui ont baissé les aides à l'agriculture bio, qui veulent tuer les loups et les requins, qui renoncent, à grands frais et sous la pression des réac aux bonnets rouges, à l'écotaxe, qui justifient la mort d'un manifestant écologiste ... ? En conséquence de quoi et en toute cohérence s'il est clair maintenant que je voterai écolo au premier tour des régionales, au second tour il sera hors de question pour moi de voter pour le PS (et l'UMP et le FN of course) même si EELV en est l'un des partenaires. Et ce n'est pas la honteuse récupération inique de Cambadelis, exprimée dans son twit du 17 octobre où le premier secrétaire du PS affirmait être fiers que les socialistes et les écologistes aient été à l'initiative de la ‪‎COP21,‬ qui m’illusionnera car définitivement l'écologie ne peut s'associer avec le productivisme.
 
Ainsi comme nous avons le pouvoir de non-achat pour faire plier les industriels,
nous avons le pouvoir de non-vote
car nous ne pouvons plus nous contenter du moindre mal.
Le non-vote est notre seule arme contre eux.

Foutons les dehors des régions !

Plus de votes pour le PS, l'UMP et le FN (évidement) 
aux régionales tant au premier tour qu'au second.

Moi c'est ce que je ferai, et vous ?

mardi 20 octobre 2015

Notre-Dame-des-Landes : un Premier ministre sous influence et/ou dans l’ignorance ?

Lors des questions au gouvernement au Sénat jeudi 15 octobre 2015, Manuel Valls a réaffirmé sa volonté de poursuivre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.


Pour justifier ses propos, il a répété comme des mantras des « arguments » dont l’inexactitude a été maintes fois démontrée.

Il est incompréhensible que le Premier ministre ne soit pas en mesure de baser une décision qui engage les finances publiques sur la base d’éléments factuels, détaillés à nombreuses reprises (notamment par les travaux de l’Atelier citoyen, du collectif des pilotes de ligne ou des Naturalistes en lutte), plutôt que sur les affirmations péremptoires de groupes d’influence ayant un intérêt purement financier et spéculatif à voir le projet se réaliser.

Nous sommes aujourd’hui même au troisième anniversaire du début de la calamiteuse opération « César » qui devait faire « place nette » à Notre-Dame-des-Landes. Après tant de temps passé, les services de l’État n’ont-ils donc pas été en mesure d’ouvrir une réflexion de fond sur les arguments de l’opposition, ni même seulement d’en prendre connaissance ?
  • Non, Monsieur Valls, Nantes Atlantique n’est pas plus dangereux qu’un autre aéroport Français, il est classé en catégorie A, la meilleure. Plusieurs autres grandes villes sont survolées par des avions arrivant à l'aéroport, comme Toulouse, Bordeaux, Strasbourg, Marseille, mais aussi Londres sans que cela n’engendre une volonté de déplacement de ces infrastructures. De plus il a reçu en 2011 le trophée ERA Award 2011-2012 du meilleur aéroport européen.
  • Non, Monsieur Valls, les nuisances aériennes n'augmentent pas sur Nantes, le trafic en mouvements ne croît presque pas. 
  • Non, Monsieur Valls, les nuisances de Nantes atlantique ne sont pas plus insupportables - les avions étant de moins en moins bruyants - que celles supportées par les riverains de Roissy ou d’Orly. Ou alors, comme vous semblez vous en soucier, les arguments de délocalisation de l’aéroport de Nantes vous imposent de déménager les deux aéroports parisiens pour le bien être des habitants. 
  • Non le lac de Grand-lieu n'est pas menacé par les avions ainsi selon la note cachée du 9 septembre 2014 "l’allongement de la piste de l’aéroport de Nantes Atlantique ne présente pas de risque pour la faune de la réserve naturelle et n’augmente pas le péril aviaire". "Tout au contraire, l’abandon de Nantes Atlantique constitue une menace bien réelle pour le lac de Grand-Lieu, dans la mesure où ses périmètres de protection (réserve naturelle, site classé Natura 2000) ont été définis au plus juste près du lac, en tenant compte de la protection de fait assurée par le périmètre de protection antibruit de l’aéroport. (…) Le déplacement de l’aéroport mettrait fin à cette protection, et des élus locaux n’attendent d’ailleurs que cette issue pour pouvoir urbaniser tout ou partie de ce corridor", écrit Loïc Marion directeur de la Réserve naturelle. La dissimulation de cette note est inacceptable et démontre la mauvaise foi de l'état dans ce projet ! 
  • Non l’aéroport de Nantes Atlantique ne fermerait pas, quoi qu’il arrive, et c'est une supercherie que de dire le contraire,car Airbus souhaiterait garder l'usage de la piste.
  • Non Monsieur le Premier Ministre, vous ne ferez pas d'économies d'argent et de carbone en construisant l'Ayraultport de NDDL, car il est prouvé maintenant que l'opération de remise à niveau de Nantes-Atlantique coûterait 7 à 10 fois moins cher.
  • Non le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n'est pas « bon pour l'environnement ». Comment le serait-il alors qu'il détruit des zones humides et que l'absence de compensation est un secret de Polichinelle.
  • Non le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n'est pas « bon pour l'environnement ». Comment le serait-il alors que l’énergie gaspillée pour sa construction pourrait largement être déployée à moindre frais pour réaménager l’aéroport existant ? 
  • Non l’aéroport de Notre Dame des Landes ne sera pas écologique car le transport aérien, de façon intrinsèque, n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais écologique de part les émissions de Gaz à Effet de Serre qu’il induit.
  • Non l'aéroport de Nantes Atlantique n'est pas saturé ... loin de là !!! (Cf. image ci-dessus)
  • Non l'aérogare de Notre Dame des Landes ne sera pas plus gand que celui de Nantes Atlantique (2 passerelles pour 5 actuellement à N. A.) en revanche, oui, l'espace commercial sera plus important, nous vous l'accordons.
  • Non Monsieur le premier Ministre la plus grande des deux pistes du projet de Notre-Dame-des-Landes ne sera pas plus grande, elle fera 2900 m comme celle de Nantes-Atlantique ou bien celle de l’aéroport de Nice qui accueille 12 millions de passagers par an, soit trois fois plus que le nombre de passagers à Nantes.
Qu’est ce qui est le plus inquiétant, que le Premier ministre ne connaisse pas le dossier ou qu’il fasse mine de ne pas le connaître pour favoriser les lobbies du béton ?

Comment le croire lorsqu'il dit « comprendre ceux qui s'opposent au projet lui-même de manière pacifique » alors que le gouvernement qu'il dirige les méprise totalement depuis des années : pas de réponse aux courriers, pas de rendez-vous, pas de transmission de documents publics.

Violence de ce mépris, violence des propos tenus sur les occupants de la ZAD, violence de la répression, est-ce la seule réponse de l’État français ?

Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est l’exemple parfait de ce qui nous a conduits à la veille de catastrophes environnementales désormais difficilement évitables. Nous demandons donc qu'en 2016 soit lancée une étude plurielle, indépendante et sérieuse portant sur l’optimisation de l’aéroport existant de Nantes Atlantique et il ne faudra pas être grand sorcier pour imaginer que si une étude indépendante est enfin menée, nous verrons enfin démontré, comme le dit Noël Mamère que "ce dossier est un immense rideau de fumée et un mensonge considérable".

A l'instar de Nicolas Hulot qui fait remarquer qu'à la veille de la COP21, "L'Etat doit faire un geste à Notre-Dame-des-Landes" et que si, en effet, NDDL n'est pas l'alpha et l'omega de la réussite de la Cop 21, "un geste de l'État sur ce dossier serait un superbe symbole", je pense, aux cotés de tous les opposants, que le gouvernement s’honorerait, en effet, à prendre en considération l’important travail de fond du mouvement d’opposition et d’abandonner un projet aussi inutile que dispendieux et destructeur.

dimanche 18 octobre 2015

NDDL : Non aux milices privées anti-ZAD

Préparation d’interventions de milices privées anti-ZAD ?

Communiqué de presse - 16 octobre 2015

Nous avons été informés dans la journée de rumeurs de préparation d’une opération commando sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, par des groupements de types milices privées issues des milieux du transport routier et/ou du BTP pro aéroport.

À Sivens, de telles actions violentes avaient été portées par des milices de la FNSEA et la préfecture du Tarn s’était fait remarquer par son laisser-faire irresponsable.

Envisager, à des fins de politique régionale, que le même scénario puisse se reproduire ici, porté par d'autres organisations pro aéroport, relève de l'inconscience vu les enjeux et les mobilisations en place.

Toute tentative de passage en force directe ou indirecte rencontrera notre détermination, ici et sur l'ensemble du territoire national.

En pleine période de réflexion sur le climat, au lieu de traiter le vrai débat : « Faut-il gaspiller l’argent public et détruire une zone humide pour déplacer un aéroport très performant ? », certains candidats aux élections régionales et les pouvoirs en place - gouvernement et préfecture - préfèrent semer la peur et parler de zone de non droit à éradiquer.

Toutes ces manœuvres ont pour objectif d'éluder le débat sur le fond du dossier pour entraîner l'opinion publique sur des questions de droit commun et de faits divers, bien marginales en regard de l'importance des enjeux.

Tous nos travaux, toutes nos études démontrent à l'évidence l'incohérence de ce projet, nous demandons donc toujours l'annulation de la DUP et la prise en compte des vraies données techniques du projet de Notre-Dame-des-Landes et du réaménagement de Nantes Atlantique.

Copain44 - ACIPA - ADECA

lundi 5 octobre 2015

Inondations du Sud-est : la responsabilité criminelle des élus locaux dans l’artificialisation du littoral

Les élus locaux, les élus départementaux et les parlementaires qui cumulent souvent ces fonctions, se précipitent depuis dimanche matin sur tous les micros qui se tendent pour accuser le ciel de tous les maux, affirmant avant les spécialistes de la météo « qu’ils n’ont jamais vu cela ». Ils reprennent en boucle les remarques des habitants qui, comme nous tous, ont toujours une mémoire sélective et défaillante du temps qu’il a fait. Il est possible d’être indulgent pour ces derniers, tout en se demandant pourquoi certains sont morts ou été blessés en se précipitant pour sauver des bagnoles qui ne sont que des « objets » qui seront remboursés par les compagnies d’assurance. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard que les chaines de télévision privilégient les images des entassements de voitures provoqués par la brusque inondation.

Les élus oublient sans vergogne leurs politiques foncières délirantes, en tentant d’accuser Météo France. Car ce sont ces élus qui contribuent majoritairement à la disparition chaque année de 820 millions de terre agricole ; et, de 2006 et 2014, sont responsables de l’artificialisation 500 000 hectares dont 2/3 de terres vouées à l’agriculture, ce qui réduit quasiment à néant leur capacité d’absorption des pluies. Toutes les statistiques du ministère de l’Ecologie et du ministère de l’Agriculture, montrent que le phénomène prédomine dans le Sud-est de la France. Artificialisation qui a de plus comme conséquence de faire disparaître les cultures de proximité.

La plupart des élus de cette région « oublie » leurs écrasantes responsabilités dans des départements en proie à la folie immobilière. Elle caractérise la plupart des communes dans ces régions ou la densité humaine atteint 300 –et parfois bien plus- au kilomètre carré contre une moyenne de 100 pour le reste du territoire. Ces élus ont facilité depuis des années l’artificialisation de territoire au nom de leurs valeurs foncières. Ils oublient, dans leurs commentaires éplorés, que le taux d’artificialisation est trois fois supérieur dans les zones littorales à celui du reste de la France ;différence encore plus importante sur le littoral de la Région PACA.

La responsabilité des élus revêt plusieurs formes : le tracé de nouvelles routes, la construction de parkings, la dispersion des zones d’habitats, la mise en place d’un urbanisme commercial délirant et la canalisation des petits fleuves côtiers dont la force destructrice est ainsi décuplée en cas de pluies violentes ou d’orages exceptionnels. Ce qui aggrave les dégâts dans les zones les plus basses où aucun permis de construire ne devrait avoir été accordé ; pour les habitations individuelles comme pour les implantations industrielles et les grandes surfaces. Des choix urbanistiques liés aux préoccupations électorales et surtout à la pression des milieux immobiliers qui règnent depuis des lustres sur la région.

La décentralisation et les pouvoirs absolus accordés aux maires a permis, au nom de l’électoralisme, un véritable massacre d’une région qui se retrouvera de plus en plus fréquemment touchée par les dérèglements climatiques que les experts du GIEC ont depuis longtemps annoncé. Sans être entendus par un personnel politique dont l’horizon n’est bordé que par leur prochaine élection. Après eux, le déluge. Et les morts et les dégâts…

La catastrophe survenue est une « belle » illustration de réflexion pour la prochaine conférence sur le climat car de nombreuses régions du monde sont menacées par l’entassement des populations en bord de mer. Mais, comme c’est loin, on en parle moins. Comme pour le glissement de terrain qui vient d’engloutir un village du Guatemala après des pluies violentes.

Par Claude-Marie Vadrot - 4 octobre 2015 - Politis
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Alors en effet, le drame de samedi soir, dans le sud, n'est pas une fatalité. Définitivement nous en sommes les responsables et ceux qui, comme moi, ont les yeux ouverts sur l'état de notre bêtise collective et alertent (Cf ce blog) depuis des années, tout en étant raillés par les décideurs très sérieux, pragmatiques et réalistes et leur courtisans, ne sont pas étonnés des conséquences de cet événement météorologique et de ceux à venir. Vous ne voulez pas entendre, pas croire à ce qui est écrit, vous ne voulez pas changer, pas vous mobiliser... tant pis pour vous vous n'avez pas fini de pleurer.

samedi 3 octobre 2015

Hubert Reeves : "Nous ne savons pas à quoi ressemblera cette planète dans 50 ans !"

Après avoir passé toute sa vie à observer le Cosmos, Hubert Reeves milite aujourd’hui pour l’écologie et la biodiversité. Il est l'actif président d'honneur de l'association "Humanité et Biodiversité" qu'il a présidée de 2001 à 2015. Selon lui, si on ne fait rien, si on laisse aller, si on continue à dilapider et à détériorer la nature, l’humanité tout entière pourrait disparaître...


  • L’ECOLOGIE
Comment passe-t-on de la cosmologie à l’écologie ?

Quand on me demande quel est le rapport entre l’astronomie et l’écologie,j’aime bien répondre que ce sont les deux volets d’une même histoire.

L’astronomie, c’est notre passé. Elle décrit les phénomènes stellaires, planétaires, galactiques, physiques, chimiques, etc., qui font que nous sommes tous les deux ici vivants en train de parler ensemble !

L’écologie, c’est notre futur. Elle permet de prendre conscience du fait que notre vie sur la terre pourrait être menacée si nous continuons à détériorer la planète. Ce sont donc deux sciences complémentaires.

  • LA MENACE
Vous semblez inquiet. L’humanité est-elle réellement menacée ?

Oui, l’humanité est malheureusement menacée. Il faut vraiment être aveugle pour en douter : le réchauffement climatique, l’acidification des océans, la pollution, l’érosion de la biodiversité… Nous avons profondément transformé notre planète par nos activités.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Il y a environ 10 millions d’années une espèce animale a reçu sur la terre un cadeau magnifique : une super intelligence ! Pourquoi ? Comment ? On ne le sait pas très bien. Ce que l’on sait, c’est que cette super intelligence a permis à nos ancêtres de survivre dans des conditions très difficiles. Ils n’avaient pas de grandes dents, pas de carapaces, ne couraient pas très vite. Grâce à cette super intelligence ils ont su fabriquer des pièges et des frondes pour se défendre et se nourrir. Mais plus tard les hommes ont imaginé des armes plus sophistiquées : des fusils, des canons et même des bombes atomiques qui auraient pu éliminer l’humanité toute entière pendant la guerre froide !

D’autre part, nous sommes une espèce très fragile qui a besoin de beaucoup de conditions pour survivre. Or nous avons détérioré notre environnement.

Je vous donne un exemple. Aujourd’hui nous avons des bateaux de pêche qui prennent des quantités énormes de poissons en un rien de temps. Résultat, nous pêchons deux fois plus de poissons qu’il ne s’en reproduit. Là, vous avez toute l’histoire en résumé ! Nous sommes une espèce très saccageuse.
Il faut bien comprendre que la Terre n’est pas infinie, que les réserves ne sont pas infinies.

Comment s’en sortir ?

Il ne s’agit pas de sauver la terre ! La terre va très bien. Elle tourne toujours autour du soleil ! Non, il s’agit plutôt de gérer notre intelligence. C’est à dire, évitez que nos propres créations nous éliminent, changer notre rapport avec la nature, cesser de la détériorer et de la dilapider.

Vous savez, les espèces qui durent sur la planète sont celles comme les tortues, depuis plus de 200 millions d’années, vivent en harmonie avec la nature.

  • LE MESSAGE
Quel est votre message Hubert Reeves ? Qu’avez-vous envie de dire aux politiques ?

D’abord les mettre au courant de la gravité de la situation. Ensuite ne pas les désespérer. Je crois qu’il faut envoyer ces deux messages en simultané.

On peut agir. Il faut agir ! En écologie, il se fait d’ailleurs des choses depuis longtemps. Par exemple, il y a 150 ans, aux Etats-Unis, en Californie, est né le Sierra Club, le premier club où des gens se mettent ensemble pour protéger la nature, pour que l’on arrête de couper des séquoias par milliers et d’exterminer tous les bisons et toutes les baleines.

Ce groupe a une influence politique, a insisté pour avoir des législations. Ce sont des précurseurs.
Aujourd’hui nous sommes dans une situation conflictuelle entre deux grandes forces : la détérioration de la nature et la restauration. Personne ne sait aujourd’hui qui en sortira vainqueur. L’avenir est inconnu. Nous ne savons pas à quoi ressemblera cette planète dans 50 ans !

Mais si on ne fait rien, si laisse aller, nous les humains, tôt ou tard, serons éliminés.

Et que diriez-vous à un enfant d’aujourd’hui ?

Pour les enfants, l’important ça n’est pas « dire » mais le « faire ». Ils n’ont pas besoin de conférences savantes ; ils ont besoin qu’on leur montre l’exemple. Les professeurs et les parents qui ont une attitude écologique, par des gestes simples que l’on connaît, les impressionnent bien davantage. Et cela qui compte.

  • LA COP 21
Que faut-il en attendre, en espérer ?

C’est une conférence très importante. Les décisions prises auront une influence sur des siècles et des siècles. En pratique, il faut essayer de ne pas dépasser 2 degrés de température et, pour cela, réduire considérablement les émissions de gaz carbonique.

Il y a des éléments positifs, notamment l’implication de la Chine et des Etats-Unis. Ils ont fait des propositions concrètes de réduction d’émission de gaz carbonique. Ça ne sera vraisemblablement pas suffisant mais ce sera un premier pas….

L’un des rôles de cette conférence comme celles qui lui ont précédée est aussi d’éveiller les consciences. Depuis la conférence de RIO, le mot écologie est entré dans le vocabulaire mondial et dans tous les foyers, en partie grâce aux journalistes présents et venus de tous les pays. De plus, les tempêtes auxquelles nous avons assisté récemment aux Etats-Unis ou aux Philippines font que de plus en plus de personnes s’éveillent sur ce sujet.

On a un peu le sentiment de passer un examen de passage ?

Absolument ! Nous sommes au défi, à un moment charnière, comme si la nature nous disait : je vous ai fait un beau cadeau mais maintenant débrouillez-vous ! Prouvez que l’intelligence n’est pas un cadeau empoisonné ! »

Cette question se pose d’ailleurs pour toutes les planètes où il y aurait une vie analogue. On peut parfaitement imaginer qu’ailleurs se joue ou se soit joué le même scénario. Comment coexister avec son intelligence ?

  • DES RAISONS D’ESPERER ?
Les humains n’ont pas fait que des bêtises. Ils ont créé des choses qu’aucune autre espèce n’a jamais faite. Je pense à l’art, à la musique (Mozart, Beethoven), aux sciences… Et aussi à la compassion. Imaginez un nid d’oiseau où il y a un oisillon malade et un autre bien portant. Les parents nourrissent l’oisillon qui se porte bien et laisse mourir l’autre. C’est cruel, mais c’est comme ça. Pour l’avenir de la lignée, il vaut mieux soigner des oisillons en santé.

Voici maintenant une famille humaine avec un enfant en santé et un enfant malade. Les parents s’occupent de l’enfant malade. Peut-être même davantage que de l’autre. Pourquoi ? Parce que nous sommes capables de compassion ! Nous supportons mal la vue de quelqu’un qui souffre. Nous éprouvons de l’empathie. Le résultat, c’est la Croix rouge, Amnesty international...

Ces trois éléments : art, science, compassion sont des éléments que les humains ont apporté sur la Terre et qui justifient qu’on cherche à préserver leur existence.

La vie a t-elle un sens ?

Y’a-t-il un sens à la vie ? Ou n’y en a-t-il pas ? Je ne sais pas. C’est écrit nulle part dans le ciel !
Comme disait Aragon : « de temps en temps, la terre tremble ». Oui, la vie humaine est difficile. Nous sommes dans une humanité souffrante, avec beaucoup de malheurs. Mais je pense que s’il y a un seul sens à donner à la vie, à sa vie… C’est de l’embellir ! De l’embellir dans l’espace et le temps qui nous sont donnés. D’user de nos facultés et de nos talents pour agir positivement sur le monde qui en a bien besoin.

Qu’est-ce qui vous touche le plus Hubert Reeves aujourd’hui ?

C’est la nature ! J’adore la nature. J’ai une maison de campagne avec des plantes et des arbres où je passe du temps. Et puis j’aime aussi la musique. J’en écoute très souvent et je trouve formidable de pouvoir suivre aujourd’hui des concerts à la télévision partout dans le monde, car alors, je peux voir les visages des musiciens. Pour moi, un orchestre qui joue, c’est l’humanité à son meilleur !

Si vous aviez une baguette magique, quel serait votre souhait pour la planète ?

J’aimerais réduire la fraction des gens qui souffrent, permettre à tous d’avoir une vie convenable et de pouvoir développer ses capacités.

On dit qu’il y a 30 millions de personnes aujourd’hui dans les camps de réfugiés. Il n’y a pas d’avenir dans un camp de réfugiés. Il n’y a pas d’école. Mettez-vous à leur place ? Ils mangent, ils sont vêtus, mais ils n’ont aucune possibilité d’évoluer ni de prouver ce dont ils sont capables.

Dans le futur, les riches s’en sortiront toujours, mais je ne voudrais pas qu’un petit groupe d’êtres humains soit à l’abri des dangers et tous les autres dans la misère.

Pour continuer à évoluer, l’humanité ne doit surtout pas rester fermée sur elle-même ni sur ses privilèges.


Propos recueillis par Caroline de Juglart
Photo : M6info/Caroline de Juglart - Septembre 2015