"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

dimanche 31 janvier 2010

Mixer le bonheur (1/7)

Introduction :

C'est à Aristote, qui professait que « le bonheur est le principe et la raison d'être de la vie, le but et la finalité suprême de l'existence humaine », que 2300 ans plus tard Anne Frank faisait échos en écrivant dans son célèbre Journal que « nous vivons tous dans le but d'être heureux ; nous menons tous une existence différente qui pourtant est la même ».

Et objectivement, qui se lève le matin en se disant « pourvu que je sois malheureux aujourd'hui » ? Je peux me tromper, mais il me semble que personne ne se réveille avec un tel souhait.

A titre personnel, j'ai mis plus de trente ans à découvrir, et surtout à admettre que finalement ce que je cherchais comme tout un chacun, c'est le bonheur, cette fin vers laquelle tendent tous les moyens.

Alors par quel truchement atteindre le Graal ? Que répondre au poète Claudien qui, il y a 1600 ans s'exclamait : « la nature nous a donné à tous une chance d'être heureux ; que ne savons nous la mettre à profit ! »? Comment saisir cette chance ?

Par la possession matérielle ? Par une profession prestigieuse ? Par un physique avantageux ? Par le pouvoir ? Par une reconnaissance sociale ?

Comme bon nombre de mes semblables, je dois bien avouer que j'ai cru que ces chemins m'y mèneraient. Mais force a été de constater que, me concernant, ces routes se sont révélées être des impasses. J'ai eu des réussites et du plaisir dans tous ces domaines, mais aucune voie ne m'a amené vers un bonheur véritable et durable.

Et puis, il y a quelques temps maintenant, j'ai découvert, à travers mon intérêt grandissant pour le bouddhisme, une évidence; à savoir : l'impermanence de toute chose. Cela a été pour moi une véritable révolution copernicienne.

Si l'on prend quelques instants pour examiner cela, on perçoit aisément que tout change d'un instant à l'autre, que tout est transitoire, que rien ne perdure. Tout ce qui existe est voué à disparaître, il en est ainsi des êtres vivants comme des choses, des montagnes comme des océans, des étoiles et de l'univers tout entier.

Dès lors penser qu'il existe des choses éternelles, immuables, c'est s'attacher à une idée fausse qui peut être source de souffrance. Se défaire de cette idée est en soi une source de libération. Le changement, l'évolution, la disparition ne nous surprennent plus. Ces événements ne nous font plus peur puisque nous savons qu'ils sont intrinsèquement liés à l'existence de toute chose.

Mais alors, le principe d'impermanence ne révèle-t-il pas le caractère chimérique de l'idée qu'il existe un bonheur durable ?

Pour les Bouddhistes, la seule voie possible pour atteindre ce but est l'éveil, c'est-à-dire la cessation de toute souffrance. Selon eux, par l'éveil, l'homme découvre sa nature de Bouddha et met fin au cycle des réincarnations pour atteindre, au moment de sa mort, le Nirvana.

J'avoue qu'en ce qui me concerne, cette croyance, notamment pour ce qui est de la réincarnation, me laisse plutôt perplexe.

Alors, pour le commun des mortels qui, comme moi, est encore loin d'atteindre l'éveil, n'est-il pas illusoire de s'attacher à cette idée de bonheur durable ? La réponse, à ce jour, me semble être tout simplement : oui, c'est illusoire.

Pour autant, cette réponse ne doit pas nous désespérer.

Peut-être pourrait-on comparer notre existence à une table de mixage que l'on trouve dans les studios d'enregistrement de musique ? Je parle de ces grandes machines sur lesquelles se trouvent des centaines de curseurs et de boutons qui permettent au technicien d'ajuster en permanence le son afin d'obtenir la musique la plus harmonieuse, la plus belle.

A l'instar de ce technicien, il nous appartient d'ajuster en permanence les curseurs de notre vie. C'est au prix de cet effort de création d'harmonie que, me semble-t-il, nous pouvons espérer être heureux durant notre existence.

Être heureux, ne serait-ce pas finalement mettre tout en œuvre pour « construire » du bonheur, savoir l'accueillir quand il se présente et, conscient de l'impermanence de toute chose, ne pas s'inquiéter quand il s'amenuise, ne pas tenter de le retenir quand il disparaît, se dire que cette disparition inéluctable peut être le terreau pour l'épanouissement d'un bonheur nouveau ?

Si la réponse à cette question est oui, alors il nous appartient de découvrir quels sont ces fameux curseurs et apprendre à nous en servir.

Pour ma part, mes diverses lectures et mes discussions m'ont donné quelques outils dont je me sers aujourd'hui pour « mixer du bonheur ». Je vous propose, dans le texte qui suit, de partager ces quelques bribes de sagesse que j'ai pu récolter. Entendons-nous bien, je ne prétends nullement être à l'origine des méthodes que je vais exposer, je ne suis qu'un modeste passeur. De même, je ne prétends nullement être un maître dans leur mise en œuvre, je ne suis qu'un tout petit disciple faillible et perfectible. Enfin, je ne prétends nullement que ces méthodes sont les seules valables, il en existe évidemment bien d'autres ; celles que je vous propose sont simplement celles qui me conviennent le mieux aujourd'hui et maintenant.

Puissent ces quelques lignes vous aider à trouver la meilleure route où cheminer en compagnie du bonheur.

Suite au prochain épisode …
Christophe BOMBLED

lundi 25 janvier 2010

Réchauffement climatique : La décennie la plus chaude

Selon la NASA, qui publie régulièrement ses études sur le climat, la première décennie du XXIe siècle est la plus chaude que la terre ait connue depuis 130 ans qu’il existe des relevés. Et 2009 vient en seconde position dans le classement des années.

Depuis l’année 1880, les températures sont dûment enregistrées sur toute la surface du globe, océans compris. La Nasa, qui tient ce registre, vient d’annoncer que la première décennie du siècle avait battu tous les records de chaleur. Il faut dire que, dans cette décade, 2005 a emporté la première place des 130 années mesurées, et 2009 la seconde à égalité avec 1998, 2002, 2003, 2006 et 2007. La hausse des températures est de 0,2° par décennies depuis 1980.

Jacques Moulins
developpementdurablelejournal.com

Voir aussi sur :
http://www.columbia.edu/~jeh1/mailings/2010/20100115_Temperature2009.pdf

dimanche 24 janvier 2010

Les Voeux d'Europe-Ecologie 91 aux Ulis

Hier (samedi 23 janvier) a eu lieu les vœux de la liste Europe-Écologie de l'Essonne, aux Ulis.

Une belle après-midi, très réussie, avec une bonne cinquantaine de personnes réunies au Local Commun Résidentiel (LCR) de Vaucouleur. Une bonne cinquantaine de personnes réunies autour des candidats de la liste avec, à sa tête, Jean-Vincent PLACE (directeur de campagne pour l'Ile de France, Secrétaire national adjoint des Verts et président du groupe des élu/es Verts au Conseil régional) et Hasnaa HERAISS (Conseillère municipal, chargée du dossier Soutien aux initiatives des jeunes, aux Ulis et Etudiante en Droit et Sciences politiques), notre candidate Europe-Ecologie pour les Ulis.

L'après midi a débuté à 15 h, pour les militants que nous sommes, afin d'aménager la salle, d'afficher fièrement les couleurs vertes de notre mouvement, préparer les tables du gouter de clôture, positionner les chaises, vérifier la sono et régler les oublis du derniers moment. Puis vers 16 h les candidats ont commencé à arriver afin de réserver, lors de cette après-midi, à notre ville, le petit honneur de réaliser la photo officielle de la campagne des régionales. Puis à 17 h, notre groupe local a accueilli l'auditoire, parmi lequel Carlos D'a Silva (premier secrétaire départemental du PS), par une courte allocution d'Etienne CHARRON (Maire adjoint à la culture de la ville des Ulis) et par le discours, empli de sincérité, d'Hasnaa. Ensuite Jean-Vincent nous a souhaité, sous l'œil attentif du journal "le républicain", ses vœux pour 2010 au nom d'Europe-Écologie, nous a souhaité une belle campagne et une belle victoire. L'après midi s'est poursuivie par le pompeux lancement du site des Verts de l'Essonne (http://www.lesverts91.fr/) puis elle s'est terminée par le fraternel partage de la galette des rois dans un brouhaha sans nom révélant les discussions animées et passionnées des petits groupes qui se formaient autour du verre bio de l'amitié.

Une belle après-midi, très réussie pour le petit groupe de militants locaux que nous sommes.

Patrick Aubert, Bruno Bombled, Etienne Charron, Hasnaa Eraiss, Mustapha Laroussi

Photo : Mustapha Laroussi

vendredi 22 janvier 2010

Taxe carbone : nouvelle mouture, nouvelle fumisterie

"À l'occasion du Conseil des ministres du 20 janvier, le ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, Jean-Louis Borloo a présenté la version 2 de la taxe carbone suite aux reproches du Conseil constitutionnel.

Comme annoncé début janvier par la ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi Christine Lagarde, la nouvelle mouture reprend les principaux aspects du dispositif voté par le Parlement fin décembre : le tarif est ainsi maintenu à 17 euros par tonne de CO2. Cette contribution carbone sera versée par les ménages et les entreprises. Pour certains secteurs ''sensibles et intensifs en énergie'', les exonérations partielles sont maintenues : 75% d'exonération pour l'agriculture et la pêche, 35% d'exonération le transport routier, maritime et fluvial de marchandises.

Une contribution carbone sera également appliquée jusqu'au 1er janvier 2013 aux entreprises des secteurs soumis au système européen de quotas de CO2 mais des dispositions spécifiques sont prévues pour certains secteurs afin de préserver leur compétitivité."

(Florence Roussel, actu-environnement.com)

En clair rien ne change, ni le prix de la tonne de carbone, ni les exonérations, ni les dérogations, ni les dispositions spécifiques, ni le poids sur les salariés !

Rien !

Rien ne change c'est du foutage de gueule.

jeudi 21 janvier 2010

Climat : le scepticisme, un nouveau poujadisme ?

Il est intéressant (du simple point de vue de la curiosité intellectuelle) et effarant (du point de vue de la démocratie, donc de l'aptitude d'un peuple à se gouverner lui-même) de voir la nature des doutes qui sont véhiculés sur le réchauffement climatique global. Le discours rationnel ne semble rien pouvoir contre ceux qui, n'ayant pas ou peu de compétence scientifique, ou éventuellement la flemme (pour ceux qui auraient des compétences) de lire dans le détail des articles scientifiques, ne veulent pas, ne peuvent pas admettre que l'humanité a acquis un pouvoir de nuisance sur son environnement, donc sur elle-même. Tout se passe pour ceux-ci comme si les hommes pouvaient vivre virtuellement, déconnectés d'un monde physique.

Les climato-sceptiques ne peuvent présenter les climatologues que comme une secte malfaisante, un groupuscule de krypto-maltuso-écolo-réchauffistes à la solde d'Al Gore, parce que la réalité est trop dure à supporter.

Peu importe l'invraisemblable somme de travaux mobilisant des docteurs, techniciens et ingénieurs de toutes disciplines (physiciens, chimistes, biologistes, mathématiciens, informaticiens, géologues, historiens, astronomes...) et de toutes nationalités : s'ils touchent au climat, de près ou de loin, ce sont forcément des CLIMATOLOGUES.

Vade rétro satanas! Crucifix et gousse d'ail. On n'est pas loin du mythe du complot judéo-massonique et autres peurs irrationnelles.

Mais est-on sûr que l'on ne se trompe pas de comploteurs ?

Posons nous toujours la question : à qui profite le crime ?

Car en effet ne peut-on comprendre qu'un certain lobby industriel a tout intérêt à semer le doute sur la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique, et même sur sa réalité, afin de maintenir la consommation et ainsi préserver la production polluante telle quelle est aujourd'hui ?

En revanche, honnêtement, on a plus de mal à voir où sont les intérêts des scientifiques à fomenter un mensonge planétaire sur le climat. Nous ne sommes pas actionnaires de nos instituts de recherche. Il est profondément absurde de penser que l'on pourrait nous payer pour répandre des nouvelles alarmantes qui vont contre le système économique actuel (qui en aurait l'intérêt ?). Que nous alarmions ou non nos compatriotes, notre salaire tombera à la fin du mois.

En clair redevenons sérieux et reconnaissons que les scientifiques n'ont aucun intérêt financier (puisque c'est cela qui motive l'humain, la vénalité est un formidable moteur !) à défendre leurs thèses.

En clair reconnaissons que si les scientifiques affirment, contre vents et marées que le climat est en train d'être bouleversé et que nous en sommes la cause, c'est qu'il se passe vraiment quelque chose. Ils ne souhaitent donc pas être complices d'un crime contre l'humanité, en passant sous silence ce qu'ils savent ... cela est tout à leur honneur.

Je voudrai donc rendre hommage, par ce billet, au courage de mes collègues qui dépensent une énergie (non carbonée) incroyable sur leur temps précieux pour répondre, sur tous les médias, sereinement et scientifiquement à chaque remise en cause de leur probité. Remise en cause de leur honnêteté que le net n'arrange pas en permettant de répandre de lâches calomnies anonymes, faciles et méchantes. Souvenons nous toujours qu'il faut toute une vie pour se construire sa crédibilité et qu'il faut, en revanche, trente secondes, à une personne mal intentionnée, pour la ruiner.

J'affirme donc que cette méfiance vis-à-vis des scientifiques est, une fois de plus, une pure manipulation des lobbys capitalistes et industriels qui ne souhaitent surtout pas changer d'un iota, leurs procès pour investir dans une production environnementalement propre et socialement équitable, bref durable, qui pourrait grignoter sur leurs bénéfices indécents.

Une manipulation qu'il m'appartient de dénoncer.

samedi 9 janvier 2010

Tribunal climatique pour crimes contre l'humanité

Olivier répond, ci-après, à une demande que je lui avais faite, lors d'une campagne océanographique en Bretagne, et qui consistait à me relater ses impressions, lors de sa participation, au premier tribunal international pour la justice climatique afin que je puisse les publier sur mon blog. Il a eu la gentillesse de le faire, après avoir transmis au journal Pachamama la primeur de ses écrits. Tribunal Climatique à l'instar du projet du procureur argentin Antonio Gustavo Gomez qui défend la création d'une cours pénale internationale de l'environnement. Pourquoi ne pas mixer les deux et l'installer à Venise qui a déjà accepté de libérer un bâtiment pour accueillir la future entité du Tribunal de l'Environnement ?

Tribunal climatique ?!?! Tribunal de l'environnement ?!?!

J'entends déjà mes opposants commencer à nous traiter de Khmer-Verts, de totalitaristes de l'écologie, d'obscurantistes de l'environnement. Je les entends déjà, bien blottis chez eux, au chaud et confortablement installés dans leurs douillettes maisons, me dire que nous allons trop loin et qu'ensuite nous établirons une inquisition de l'environnement. Je demanderais juste à ces gens là de me dire la même chose mais en regardant dans les yeux les esclaves modernes qui triment et meurent pour que nous ayons tout (pétrole, gaz, minerais rares, précieux ou utilitaires, fruits et légumes, agro-carburants) et tout le temps, comme n'importe quel gosse de riche qui ne regarde pas le pillage et la misère qu'il engendre avec ses besoins gargantuesques.

Je dirais à ceux que l'idée de traduire devant la justice les responsables des dégradations environnementales, choque, de regarder, en face, ces Kenyans qui accourent pour travailler dans les serres qui servent à produire la rose du Kenya et qui sont devenues les premières fournisseuses de ces fleurs pour l'Europe. Ce nouvel eldorado apparaissait alors comme une opportunité unique d'échapper à la misère, mais cette chance comporte aussi ses revers (toujours les mêmes quelque soit les exemples) pour nombre d'employés entassés dans les bidonvilles autour des serres : Conditions de travail décriées, faibles salaires, impacts, d'une production industrielle et chimique, sur l'environnement, les réserves en eau et la santé, dénoncés.

Dans la même veine, pour fournir à l'Europe, un ananas élaboré exclusivement pour nos petits palais délicats (le sweet), l'Américain, Del Monte, a introduit l'ananas doux au milieu des années 90 au Costa Rica. Aujourd'hui, dans ce pays la situation semble encore pire que dans la production de banane : salaires misérables, absence de protections contre les produits chimiques, la liste des droits élémentaires bafoués est longue. Depuis la production n'a cessé de croître, mais ce formidable essor a son prix, celui que paye la population et l'environnement en ayant vu, en bonne partie, la forêt tropicale éliminée, en ayant vu les eaux contaminées par une multitude de pesticides, en ayant vu également l'érosion des sols et leur contamination favorisées et surtout la contamination des travailleurs obligés de vivre, respirer, manger au sein des pulvérisations de pesticides.

Je dirais également à mes opposants de se souvenir du film "Le cauchemar de Darwin" qui a révélé au grand public l'amère expérience environnementale puis humaine de l'introduction, dans le lac victoria, de la perche du Nil. Ce poisson, à la "mode" dans les années 90 en Europe, est certes un véritable désastre écologique, mais pas seulement. En effet les pêcheurs, du lac Victoria, sont de plus en plus nombreux à s'entasser dans de sordides bidonvilles tout droit sortis des plus sombres romans de Zola, où les familles ne peuvent plus que se nourrir des carcasses de perches dont les filets ont été retirés pour être exportés en Europe, où l'environnement est complètement détruit, l'eau corrompue et où les violences faites aux enfants et aux femmes sont quotidiennes.

Enfin je rappellerais au bon souvenir de la conscience de mes compatriotes les plus tranquilles dans leur certitudes, les bidonvilles de Lagos (photo ci-dessus) au Nigeria où vivent, pire que des cafards, des familles démunies de tout, dans des lieux improbables où l’environnement est dans un état de dégradation extrême (hangars de gares de triage, ponts d'autoroutes, lagunes croupies…). Et comme si cela ne suffisait pas, ces populations pourraient bien être obligées de quitter "leur maisons" à cause de l’augmentation du niveau de la mer dans les cinquante prochaines années.

Nous pourrions multiplier les exemples à l'infini de situations de dégradations de l'environnement qui amènent misères et désolation chez les plus fragiles de nos frères. Mais la démarche de ce billet n'est pas de faire un inventaire exhaustif de nos responsabilités collectives, qui sont grandes, mais de dire que la démarche de lancer la première pierre d'un tribunal climatique et, pourquoi pas, environnemental est, non seulement pertinente mais aussi légitime que la cours pénale internationale de la Haye pour crime contre l'humanité. Puis enfin, au delà de tous ces exemples sordides la réponse à faire à nos opposants, comme me le suggère dans un mail, Olivier, c'est que lorsque l'on parle d'un tribunal, on ne parle pas d'un simili de justice. On parle de droit tout simplement. Et un vrai droit, avec de vrais jurés, de vrais avocats, de vrais juges, bref de vrais tribunaux avec de vraies sanctions, c'est la base de la démocratie au contraire ! On y juge les criminels ! Dès lors, je pense que lorsque ce tribunal aura très officiellement vu le jour, beaucoup de responsables politiques et industriels auront des cheveux blancs à se faire.

Bonne lecture.
Bruno

-------------------------------------------

"Bonjour,

Je reviens de Bolivie où j’ai eu la chance de "rencontrer" la Pachamama. J’en suis revenu impressionné et probablement, renforcé dans certaines convictions. Je ne suis pas journaliste mais je vais essayer de vous rendre compte de ce que j’y ai vu.

C’est à Cochabamba, que s’est tenu le premier tribunal international pour la justice climatique. L’essence même de ce tribunal, tient dans la dimension éthique du changement climatique. Les pays développés sont responsables de 80 % des émissions passées de CO2, alors que les premières conséquences du changement climatique induit par ces émissions se font déjà ressentir pour les populations les plus vulnérables, essentiellement situées dans l’hémisphère sud.

C’est une plateforme Bolivienne qui est à l’origine de ce tribunal. Elle regroupe, d’un côté des organisations et mouvements sociaux (syndicats, jeunesses, femmes…) et de l’autre, des ONG, tant environnementales que sociales. L’idée a été proposée pendant le Forum Social de Belem (Brésil) en janvier 2009. Elle a été entérinée officiellement à Puno (Pérou) pendant le 4ème somment continental des peuples indigènes de Abya Yala (mai 2009). Le lieu choisi pour ce tribunal est très symbolique : c’est à Cochabamba en effet, que les mouvements sociaux Boliviens ont remporté une première importante victoire contre une multinationale lors de la "guerre de l’eau", en 2000. D’une façon plus générale, la Bolivie d’Evo Morales est très en pointe dans la lutte des pays du Sud pour une justice climatique, et la reconnaissance d’une dette climatique des pays du Nord sur laquelle je reviens par ailleurs.

Pendant deux jours, les 13 et 14 octobre 2009, sept cas différents, en lien direct avec le changement climatique, ont été présentés devant un jury composé d’universitaires, d’experts climatiques, de membres d’ONG environnementales et sociales (Les Amis de la Terre International, Jubile South…). Bien entendu, ce tribunal était plus politique, éthique, que réellement juridique. Il y a eu présentation des faits, réquisitoire contre un certain nombre d’accusés (gouvernements, multinationales…), demande de réparations. Mais pas de défense et encore moins de juges et de sanctions. L’objectif était donc d’attirer l’attention sur la dimension éthique du changement climatique, trop souvent oubliée. Avant peut-être, dans les années à venir, de constituer un véritable tribunal, avec un cadre juridique à construire probablement.

Différents gouvernements et entreprises ont donc été accusés devant le tribunal pour avoir porté atteinte aux droits de l’homme, des peuples et de la nature. Soit pour contribution directe à l’émission de gaz à effet de serre, soit pour avoir encouragé la mise en place de ce qui est appelé des "fausses solutions", qui conduisent à de la destruction d’écosystèmes, ou à l’expropriation de gens pour remplacer les cultures vivrières par des plantations d’arbres (compensation carbone) ou des agro-carburants. Je voudrais simplement illustrer trois cas qui ont été particulièrement bien présentés.

Le premier cas présenté l’a été par des représentants de la Communauté Khapi, qui vit à une soixantaine de kilomètres de La Paz, au pied du glacier Chacaltaya. Le retrait de ce glacier, que les populations observent depuis plus d’une décennie, met en péril la disponibilité en eau de cette communauté. Les implications pour la vie quotidienne de ces populations sont multiples (potabilité, cuisson, pâturages pour les animaux, cultures...), les amenant aujourd’hui à s’interroger sur leur capacité à demeurer dans leur habitat. Dans un cas comme celui-ci, la cause du problème étant bien identifiée, c’est l’ensemble des pays ayant contribué à l’effet de serre qui sont accusés et qui devraient aider ces populations à s’adapter au changement climatique en cours, qui les affecte directement.

Les deux autres cas que j’aimerais évoquer ont trait aux "fausses solutions", ils sont des conséquences indirectes du changement climatique et ont pour but de démontrer qu’on ne peut pas faire n’importe quoi, au seul prétexte qu’il y a un problème majeur à résoudre.

En Equateur, autre pays en pointe dans la lutte pour la préservation de biens publics mondiaux (Yasuni), le cas présenté concernait une entreprise Hollandaise, la Fondation FACE, qui a lancé un programme de plantation d’arbres, sur 150 000 hectares, dans ce pays, comme en Afrique, pour compenser ses émissions de CO2. Ce cas a parfaitement illustré la formule "on plante du carbone, on récolte la misère". Misère des populations qui ont été expropriées et chassées vers les villes. Misère de la terre et des écosystèmes, les nouvelles plantations affectant la qualité des sols, la biodiversité, la ressource en eau… Le cas Colombien était très proche, dans sa philosophie. Cette fois-ci cependant, la réquisition de terres était motivée par l’extension des champs de canne à sucre, qui permet depuis 2005 de produire de l’éthanol. Il s’agit de contribuer à la production d’agro-carburants (loi 693 de 2001), avec des conditions de travail qui, pour le moins, laissent à désirer.

Dans ces deux cas, toute une série de droits de l’homme ont été bafoués, et les présentateurs se sont appuyés sur nombre de conventions internationales pour étayer leur argumentation. Ce ne sont pas seulement les pays développés qui ont été accusés. Mais également, les entreprises qui se lancent aveuglément dans la production d’agro-carburants ou dans le marché du carbone, volontaire ou non, le plus souvent dans les pays du sud, sans se préoccuper des droits les plus élémentaires des populations locales. Et les gouvernements de ces pays également, qui permettent ce type d’activités. L’arrêt de ces pratiques et la restitution des terres à leurs véritables propriétaires font partie des premières demandes de réparations qui ont été formulées.

Lors de la dernière demi-journée, tandis que les jurés délibéraient, un forum s’est tenu, qui a permis à de nombreux orateurs qui n’avaient pu défendre leur cas dans le strict cadre du tribunal, de s’exprimer. Des représentants d’organisations sociales également : les paysans, les femmes, les jeunes… Tous sont venus exprimer leur colère, parfois de façon très prenante. Au cours de ces deux journées, tous sont venus raconter leur expérience déjà sensible du changement climatique. De ses impacts sur les populations. De ses impacts surtout, sur la Pachamama, cette terre-mère dont ils sont encore très proches. C’est ce rapport à la nature qui m’a beaucoup impressionné, parce qu’on l’a oublié depuis longtemps dans nos sociétés, me semble t-il.

Le tribunal s’était ouvert par un rituel dédié à la Pachamama, pour lui demander que tout se passe bien et que justice soit rendue. Pour moi, il s’est terminé sur ces impressions très fortes, de ces gens en colère. C’est un joli nom que vous avez choisi pour cette revue, j’espère qu’il nous fera réfléchir. Et surtout agir."


Olivier Ragueneau.
Directeur de recherches au CNRS

dimanche 3 janvier 2010

Quand Sarcelles ou Nanterre payeront pour Neuilly

Voici encore une loi qui est passée inaperçue du grand public. Une loi passée en catimini sans renfort médiatique pour éviter toutes réactions hostiles. Les médias auraient-ils répondu à des injonctions de l'état afin de museler toutes réactions et étouffer le scandale du "chèque cadeau éducation" offert aux clients de l'UMP ? Même moi (mais il est vrai que je suis loin d'être infaillible), je n'en avais pas entendu parler jusqu'à ces dernières semaines. Pourtant quand on navigue sur le web on trouve des articles dénonçant, en leur temps, ce nouveau dispositif, mais c'est à croire que si les choses ne sont "vues à la TV" cela ne fait pas bouger les masses. C'est peut être une Nième démonstration des limites d'Internet en matière de révolution.com.

Ainsi la loi Carle, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, institue une obligation de financement par une commune, sans accord préalable entre les parties, pour un élève inscrit dans une école privée hors de sa commune de résidence. En effet le 10 décembre 2008, une proposition de loi du sénateur Jean-Claude Carle, concernant le financement des élèves fréquentant des écoles élémentaires privées sous contrat d’association, hors de leur commune de résidence a été adoptée par le Sénat, ce texte a été, ensuite, adopté par la majorité de l’Assemblée Nationale.

Ce nouveau dispositif législatif est en rupture avec la logique même de la loi Debré du 31 décembre 1959 qui met, à la charge de la commune, les dépenses de fonctionnement des écoles privées sous contrat avec l’État implantées sur son territoire, et elles seules. La loi Carle, elle, comme l'article 89 de la loi de 2004 aggrave cette loi Debré et crée de nouvelles obligations, ici l’usager se voit attribuer le droit d’imposer le financement de sa scolarité dans toutes les écoles privées hors de sa commune de résidence.

Alors certes, la loi Carle limite les obligations de la commune aux motifs suivants : obligations professionnelles des parents dans les communes ; l’inscription d’un frère ou d’une sœur dans un établissement scolaire de la même commune ; raisons médicales. Mais les motifs ne sont justifiés qu’a posteriori par les parents autant dire que c'est mettre les communes sur le fait accompli. De plus et enfin, au-delà de ces obligations, la commune a la faculté de financer tous les autres cas.

Cette loi, en substituant au rapport institutionnel école-commune, né des lois Ferry, une relation marchande usager-commune, est un nouveau pas vers la privatisation de l’école laïque. Il constitue une menace prévisible pour l’existence des écoles des communes rurales et une fuite discriminatoire des écoles publiques de la banlieue vers les écoles confessionnelles du centre-ville. Nanterre paierait pour Neuilly…

Les défenseurs de la loi Carle introduisent, pour la première fois, une corrélation entre "liberté de l’enseignement" et obligation d’un financement public. Ils imposent aussi, pour la première fois dans une loi de l’éducation, le concept de "parité" de traitement public-privé. Manipulation éhontée, que nul n’oserait s’hasarder à établir ailleurs que dans l’enseignement. La "liberté d’aller et venir" est, après tout, tout aussi fondamentale que la liberté de l’enseignement. Pour autant, la puissance publique n’a d’obligation que pour les transports en commun et l’usager qui, par convenance personnelle et intérêt particulier, choisit le taxi, à la décence citoyenne de ne pas revendiquer le financement public de sa course.

C'est donc une loi ouvertement favorable à l’école privée, donc injuste pour plusieurs raisons :
  • Elle met en danger l’école publique de proximité, en particulier dans les campagnes, et va faire peser sur le budget de communes pauvres le financement des établissements privés voisins

  • Elle confond droit à l’éducation et droit à s’inscrire dans l’enseignement privé. Or celui-ci ne peut pas être mis à égalité avec le public, car il n’a pas les mêmes obligations, notamment l’accueil de TOUS les élèves et l’éducation à la laïcité, composante essentielle de notre citoyenneté !

Ainsi comme et avec Europe-Ecologie, je refuse que le service public d’éducation soit remplacé par un marché scolaire favorable aux plus riches, où l’argent des contribuables servirait à financer un enseignement confessionnel. Même s'il est vrai que ce billet arrive un peu tard il a le mérite de dénoncer une fois de plus les manipulations graves que nous subissons de la part d'un gouvernement résolument hostile aux services publics et les transformations majeurs, de notre pays, vers une organisation ultra-libérale injuste et élitiste. Ne les laissons plus faire, les années restantes avant 2014 sont notre dernière chance avant l'état totalitaire (cf. le billet du 16 décembre sur ce blog sur la réforme territoriale) ... faisons gagner la Gauche.


Sources : http://www.laicite-laligue.org/ ; http://www.bakchich.info/ ; Europe-Ecologie

vendredi 1 janvier 2010

Tous mes voeux pour 2010

Tout en étant totalement réfractaire à toute forme de tradition je me plie, toute fois, à celles qui ne m'ôtent pas ma liberté d'action et mon libre arbitre, car c'est bien là le danger des traditions que de celui de risquer d'enfermer les femmes et les hommes dans des règles qui les empêchent de vivre libres, les maintenant dociles, aux salauds qui savent en profiter, grâce aux chaînes de la mauvaise conscience.

Ainsi il est de tradition, en chaque début d'année, de souhaiter de bonnes choses aux gens que l'on aime. Peut-il y avoir de plus belles pensées que de souhaiter que nos entourages traversent l'année à venir à l'abri du souci et de la peine ? Certes cela est un peu utopique et naïf car, nous le savons tous, la vie n'est pas un long fleuve tranquille, mais, si le cœur y est, la symbolique prend alors toute son importance.

C'est donc dans cet esprit que je vous souhaite une bonne et heureuse année 2010, que cette année vous soit paisible et remplie de cet amour qui fait battre les cœurs et qui transporte nos âmes vers la grandeur, la beauté, l'art ...

Je vous souhaite aussi un bon bilan carbone et une conviction environnementale toujours plus affirmée et ancrée dans une écologie joyeuse et solidaire.

Je souhaite, enfin et plus largement, que nos sociétés puissent trouver le temps de la raison qui fera enfin apparaître l'impérieuse nécessité de réconcilier l'Homme avec son environnement afin d'assurer son propre salut. Je souhaite que nos sociétés consuméristes se sortent de cet ennui issu de la faillite de nos certitudes sur la puissance de l'avoir. Je souhaite que nos hommes politiques nationaux sachent se sortir de leur suffisance et ouvrent enfin les yeux sur l'urgence de la modification de notre système pour nous mener vers un monde de solidarité et de partage où le simpliste slogan de "l'augmentation du pouvoir d'achat" ne serait plus érigé en dogme indiscutable. J'émets aussi le vœu que chaque personne, sur cette planète, se sente responsable de ce qui adviendra ou non à la surface de la terre et agisse, éclairée par la conscience du lien biologique et écologique de tout ce qui fait ce monde : l'Homme, l'air, l'eau, la terre et tout ce qui y vit. J'émets le vœu que chaque personne, sur cette planète, sente enfin qu'une atteinte à un élément du système engendre perturbations et déséquilibres sur l'ensemble, avec, au final, beaucoup de souffrances pour les plus faibles d'entre nous car nul ne peut se soustraire à ce Grand Tout. J'émets donc le vœu que chaque personne, sur cette planète, enfin consciente de tout cela, ne se sente plus en dehors du système et puisse ainsi agir, sans tarder, à sa propre pérennité, à celle de ses enfants et celle de ses frères. En fin de compte, j'émets le vœu que l'émergence, nécessaire et libératrice, de la conscience individuelle, révélée par quatre siècles de modernité, ne nous enferme pas dans le piège de la tentation du repli sur soit et nous empêche de nous ouvrir au Grand But Commun que nos sociétés devraient se donner afin que nous puissions poursuivre pacifiquement, harmonieusement et écologiquement, bref durablement, notre développement humain, car, en paraphrasant une collègue, "Ce n'est pas la planète qui est en danger, c'est la stabilité de nos civilisations".

Tout cela ressemble fortement à des voeux pieux mais qui ne souhaite rien ne peut espérer.
Et ne dit-on pas que l'espoir fait vivre ?

Soyons réalistes, demandons l'impossible !

Bonne et heureuse année 2010.