"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mercredi 30 décembre 2015

En vrac : Capitalisme, pollutions marines, étalement urbain ...

Capitalisme : Le MEDEF et le Gouvernement vous souhaitent un joyeux Noël.


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Pollution : C’est un revers pour les défenseurs de l’environnement dans l’affaire des boues rouges. Le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) a autorisé la société Alteo, mardi 29 décembre, à poursuivre l’exploitation de ses usines sur le site de Gardanne et surtout à rejeter en mer, pendant six ans encore, les effluents aqueux résultant de la production d’alumine, en plein cœur du Parc national des Calanques, à 7 km au large de Marseille et Cassis. Plus de 20 millions de tonnes de boues rouges ont été ainsi déversées sur les fonds marins de la fosse de Cassidaigne depuis 50 ans. « A l’heure où l’opinion française redoute les délocalisations », il est impératif de « sauvegarder plusieurs centaines d’emplois », avaient justifié les commissaires chargés de l’enquête.

Définitivement le chantage à l'emploi est une chose bien commode pour les pollueurs et autre sagouin. Au nom de l'emploi le pire est toujours justifiable. La fin justifie toujours les moyens dans notre monde et qu'importe les conséquences pour les Hommes, l'environnement et l'avenir.


Un chien de mer, petit squale, péché à la palangre 
le 16 juillet 2015 par 300 m de fond dans le canyon de Cassidaigne. 
Le pêcheur ne connaissait pas la zone... Photo : Gérard Carrodano
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Étalement Urbain : Le regroupement de communes n'est-il pas une fuite en avant ? Le regroupement de communes n'est-il pas la porte ouverte à l'expansion urbaine qui représente, en France métropolitaine, aujourd'hui 100 000 ha de terres artificialisées tous les ans ?

Le regroupement de communes, en une seule (différent des interco), destiné à palier aux baisses de subventions de l'état, ne risque-t-il pas d'être un appel à bétonner les "dents creuses", ces espaces naturels ou agricoles - méprisés par les élus car cela rapporte moins qu'une immonde zone commerciale ou un lotissement - qui existent entre chaque communes et cela sous les prétextes d'unité géographique, d'homogénéité ou de continuité territoriale ?

Cet argument de la "dent creuse" est cet argument que l'on me sortait, en permanence, quand j'étais élu et quand je disais que ces espaces agricoles ou naturels n'étaient pas des "dents creuses" et qu'il était important de les préserver, on me disait "mais y'a rien là !!!!". Pfff !!!!

L'étalement urbain de l'agglomération parisienne 
au cours du 20ème siècle (à gauche en 1900 – à droite en 1994)

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samedi 26 décembre 2015

Pierre Rabhi : "Un changement de la société sans changement humain est irréaliste"

Cela fait plusieurs dizaines d’années qu’il répète la même antienne. Mais ce n’est que depuis peu que Pierre Rabhi suscite enfin l’intérêt. Conférences dans la France entière, ouvrages devenant des best-sellers, interviews à la pelle… Né dans une oasis au sud de l’Algérie avant de s’installer en France, le paysan et philosophe de 77 ans inspire au-delà du cercle des initiés et attire autour de lui de nombreuses personnalités, notamment du monde de l’entreprise. Pionnier de l’agroécologie, il défend le principe d’une vie sobre et frugale, plus respectueuse de l’homme et de la terre. Rencontre.


Novethic. Vous étiez très critique à l’égard de la COP21, la conférence onusienne sur le climat. Elle s’est conclue par un accord entre 195 pays, qualifié d’ "historique et d’ambitieux". Est-ce que vous êtes revenu sur votre position ?

Pierre Rabhi. Pas du tout. Je ne suis pas pour ces grand-messes où l’on traite la question de l’écologie de façon subsidiaire, en la mettant à l’agenda pendant deux semaines, alors que c’est le fondement même de la vie. Cela ne rime à rien tant que l’humanité n’aura pas compris que l’écologie est son avenir. Le danger c’est que l’on fait croire aux citoyens que l’on agit pour la planète alors qu’en réalité, nous continuons à épuiser partout ses ressources. Nous entretenons là une immense illusion. Je dis toujours que s’il y a des extra-terrestres quelque part qui nous regardent, ils doivent se dire que l’homme est tout sauf intelligent. Je trouve que la formule de l’écrivain Alain Fournier "nous ne savons pas où nous allons mais nous y allons" est des plus actuelles. Ce qu’il faut, c’est prendre les choses à bras le corps et prendre des décisions radicales.

Novethic. Comment justement faire bouger les lignes ?

Pierre Rabhi. Le premier maillon de l’action est déjà de prendre conscience de notre inconscience. Nous sommes installés dans ce qui est proposé comme une vérité mais qui détruit la vie. Nous avons besoin de la nature mais la nature n’a pas besoin de nous. Une fois que nous aurons compris cela, nous pourrons sortir de notre inconscience.

Croire qu’il peut y avoir un changement de la société sans qu’il y ait un changement humain est irréaliste. On ne peut pas d’un côté manger bio et de l’autre exploiter son prochain. On ne peut pas se défausser. Si je veux que le monde change, je dois changer pour être dans la cohérence. Le système éducatif par exemple doit inciter les enfants à la coopération. La subordination des femmes, qui est une anomalie terrible, doit cesser. Tant que tout cela ne sera pas mis en place, je ne vois pas comment il peut y avoir un réel changement.

"L’être humain peut parfaitement se nourrir sans dégrader la nature"

Novethic. Pour changer de paradigme, vous prônez notamment l’agroécologie, que vous pratiquez depuis plus de 40 ans dans votre ferme. Le concept est de plus en plus usité et est même à l’origine de la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, adoptée en 2014. Est-ce une bonne chose ?

Pierre Rabhi. Je crois qu’il y a beaucoup trop de théories dans ce monde et pas assez d’actions. La question de la famine dans le monde n’est pas réglée avec un enfant qui meurt de faim toutes les sept secondes. Quand j’étais ouvrier agricole, j’ai vécu de près l’impact des pesticides sur la santé et sur l’environnement. J’ai vu des collègues mourir, intoxiqués. C’est pourquoi je défends le modèle de l’agriculture écologique.

L’être humain peut parfaitement se nourrir sans dégrader la nature et même en l’améliorant, c’est ce que je fais dans ma ferme. Mais l’agriculture écologique ce n’est pas seulement une technique, c’est une philosophie, une déontologie. Elle s’accompagne forcément d’un changement humain.

Nous ne pouvons pas rester dans le processus "me nourrir en détruisant". Nous ne sommes pas sur cette terre pour servir un système injuste et inégalitaire. Un système où une minorité insatiable ruine et affame le reste. Dissiper les ressources, polluer les océans, détruire les forêts, tout cela rentre dans l’idée de croissance économique. On ne regarde que le résultat comptable sans prendre en compte les conséquences de cette économie. Nous sommes à côté de la plaque, dans l’obscurité la plus totale.

Novethic. Vous dites que le déclic pourrait venir d’une crise alimentaire…

Pierre Rabhi. Une crise alimentaire pourrait en effet permettre de remettre les pendules à l’heure et de se rendre compte de ce qui est vraiment essentiel. Nous croyons être dans la certitude. Mais l’organisation même de la production de nourriture, la monoculture extensive, la standardisation font que le moindre grain de sable dans la machine - sécheresses, virus, pluies extrêmes…- peut créer une pénurie de très grande ampleur, qui affectera en priorité les villes.

J’assiste avec beaucoup de tristesse à l’extinction du monde paysan. Près de chez moi, il n’y a plus aucune ferme, les agriculteurs ont disparu d’années en années, laissant leur place à des industriels de la terre. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont devenus la catégorie professionnelle qui se suicide le plus. Ils nourrissent les banques, les marchands d’engrais, les supermarchés tandis qu’eux n’ont cessé de s’appauvrir.

Je pense qu’il faut revenir à des petites ou moyennes structures, de la polyculture, de l’élevage, tout cela à taille humaine. Ce serait plus rassurant, notamment dans le contexte de changement climatique que nous connaissons et avec les conséquences qu’il va avoir sur la production agricole.

"La société vit dans une immense détresse"

Novethic. Aujourd’hui, nous assistons à un foisonnement d’initiatives locales, de solutions citoyennes. Est-ce que nous sommes en train d’opérer ce changement ?

Pierre Rabhi. Le fait que le modèle de société soit en faillite crée une insécurité. Et c’est cette insécurité qui amène à se demander s’il n’y a pas d’autres voies, d’autres chemins. Nous sommes effectivement en phase de transition, mais on ne sait pas bien vers quoi. Soit l’humanité s’élève et donne une bonne orientation à son histoire, soit elle reste prisonnière dans cette mentalité archaïque et ça ira alors de plus en plus mal. En résumé, s’il y a des initiatives qui essaient de construire un nouveau modèle, il perdure un système qui lui ne cesse de détruire. Donc je suis un peu dans ce dilemme : ni pessimiste, ni optimiste.

Ce qui est sûr c’est que la société vit dans une immense détresse – il n’y a qu’à voir la consommation exponentielle d’anxiolytiques – et en tant qu’humaniste, je refuse cette situation. Quelque chose me pousse à ne jamais baisser les bras, à ne jamais renoncer. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé le mouvement des Colibris (1) et nous appelons chacun à ne pas se lamenter mais à faire sa part, tout comme le petit oiseau qui tente d’éteindre l’immense incendie. Mon vœu le plus profond est que l’humain soit heureux, qu’il soit dans la légèreté, dans cette sensation supérieure à toutes les autres qui est la joie, le bonheur d’exister. Tout le monde court après ça. Mais on court très mal.

"Nous voulons sortir de la marginalité"

Novethic. Pour parvenir à ce bonheur, vous défendez aussi l’idée d’une sobriété heureuse. Est-ce que vous l’avez atteinte en vous installant définitivement en Ardèche comme paysan ?

Pierre Rabhi. Avoir ma ferme en Ardèche était pour moi une évidence et une protestation. Lorsque l’on m’a proposé de troquer toute mon existence contre un salaire, j’ai dit non parce que je considérais que ma vie valait plus qu’un salaire. Je n’avais pas envie d’avoir cette laisse. Par le retour à la terre, j’ai trouvé un moyen d’être en cohérence avec moi-même mais aussi de protester pacifiquement et de montrer qu’autre chose était possible, de matérialiser l’alternative. C’est pourquoi je dis toujours que je suis un homme d’action, et que mes mots ne sont pas que de belles paroles.

L’idéologie dominante prône que c’est avec la modernité que l’être humain va être libéré. Mais au lieu de ça, il est incarcéré à vie dans ce système. De la maternelle à l’université, il est enfermé, les jeunes appelant ça le bahut. Puis, ils vont travailler dans des boîtes, auxquelles ils se rendent en caisse. Et le week-end, ils vont encore s’amuser en boîte. Il y a même la boîte où on met les vieux quand on les a bien usés avant qu’ils rejoignent une autre boîte, définitive celle-là.

Novethic. Outre le mouvement des Colibris que vous avez initié, vous avez fondé le mouvement Terre et Humanisme pour la transmission de l’éthique et de la pratique agroécologique en France mais aussi au Niger, au Mali ou au Maroc. Quelles sont vos ambitions ?

Pierre Rabhi. Notre objectif, avec les différentes initiatives que nous mettons en place en France mais aussi en Afrique, ce n’est pas d’être seulement ceux qui rafistolent le système. Nous voulons sortir de la marginalité pour entrer au cœur de la problématique sociale. Une problématique qui est éminemment politique. Nous voulons démontrer qu’il n’est pas possible de garder un modèle comme celui que nous connaissons puisqu’il ne satisfait pas, qu’il dégrade la nature et crée des inégalités et de la misère.

Propos recueillis par Concepcion Alvarez - Novethic
Photo : Guillaume Atger - Novethic

jeudi 24 décembre 2015

Et si nous atteignions les limites de la croissance économique ?


[...] Le culte de la croissance est à ce point ancré dans l’esprit des dirigeants politiques que, même lorsqu’ils tiennent des discours enflammés sur la lutte contre le changement climatique, ils s’empressent de rappeler qu’elle demeure un impératif. M. François Hollande a donné le ton lors de son intervention à Sassenage, en Isère, en août 2015 : « Vous savez que la France va accueillir la Conférence sur le climat ; elle doit donc être exemplaire. En même temps, la transition énergétique, l’enjeu climatique, est aussi un défi pour la croissance. La croissance, nous voulons la soutenir, la stimuler. En définitive, elle est là dès lors que nous utilisons les outils de la transition énergétique. » Le président français a ensuite prononcé le mot « croissance » quatorze fois en deux minutes. [...]

[...] Et si nous atteignions les limites de la croissance économique ? [...]

Deux articles passionnants sur ce sujet, l'un sur Reporterre et l'autre sur le Monde diplomatique.

Reporterre : 
Le prix du pétrole est bas ? C’est pourtant sa fin. 
Qui annonce la fin de la croissance.

Le Monde diplomatique : 
Croissance, un culte en voie de disparition.

mardi 22 décembre 2015

l'ACIPA accuse ....


Devant le silence assourdissant des responsables face à nos arguments contre le "transfert" de l'aéroport de Nantes-Atlantique à Notre Dame des Landes, devant la poursuite implacable d'un projet inutile, coûteux et destructeur, devant les annonces réitérées de reprise imminente des travaux, nous sommes contraints de dénoncer les comportements irresponsables et condamnables qui ont mené à cette impasse.

Nous accusons de rétention d'informations capitales :

la Direction Générale de l’Aviation civile (DGAC) pour n'avoir toujours pas transmis, malgré l'avis de la Commission d'Accès aux Documents Administratifs (CADA) l'étude complète du cabinet JLR conseil sur les gains de temps pour les passagers, étude qui a permis de justifier économiquement le transfert et donc fondé la Déclaration d'Utilité Publique en 2007 ; la même DGAC pour n'avoir jamais répondu aux questions techniques du CéDpa posées à la fois par l'intermédiaire de la commission du dialogue et en direct lors des réunions de l'automne 2013 ;

l’État qui, même après la signature du contrat de concession avec Aéroport du Grand Ouest, n'a jamais transmis le cahier des charges initial qu'il avait proposé aux candidats à la construction d'un nouvel aéroport.

Nous accusons de manipulations et mensonges :

la DGAC, notamment M. Schwach, ancien sous-directeur, signataire de la convention de financement, et M. Gandil directeur et supérieur hiérarchique de M. Schwach, pour avoir produit en 2013 deux études partiales pour justifier à nouveau le transfert de l'aéroport. La première étude portait sur la possibilité technique de rester à Nantes-Atlantique en adaptant l'infrastructure, la seconde sur le Plan d'Exposition au Bruit (PEB) qui résulterait du maintien de l'aéroport sur place. Présentées lors de trois réunions en préfecture de Nantes (28/10, 06/11, et 27/11 2013), elles ont été orientées pour aboutir à un coût excessif de rénovation, et à une augmentation invraisemblable des zones de bruit :

Preuves flagrantes de la manipulation :

  • les superficies prévues au contrat de concession signé par l’État avec AGO pour la nouvelle aérogare de Notre Dame des Landes, sont inférieures à celles de l'actuel aéroport mais aussi très largement inférieures à celles demandées par la même DGAC pour rester à Nantes-Atlantique (cf article du Canard enchaîné du 13 octobre 2014, travaux de l'Atelier Citoyen) ;
  • le coût estimé de la rénovation est majoré de façon abusive, voire ridicule (600 000€ pour la déconstruction et reconstruction du chenil) par rapport à toutes les réalisations récentes (Bordeaux, Marseille par exemple) ;
  • alors que les zones de bruit rétrécissent en France et dans le monde (CDG, USA, Royaume Uni) le PEB réalisé par la DGAC pour 2030 et au-delà a été bâti sur des hypothèses totalement contraires à la vraisemblance et déjà démenties par la réalité.

M. Gandil, numéro 1 de la DGAC, pour avoir, lors de la conférence de presse tenue avec M. le Préfet de Région Christian de Lavernée le 16 décembre 2013, affirmé sur la base de ces études mensongères que se trouvait à nouveau validée la nécessité du transfert, au mépris de la vérité et de la transparence promise pourtant par F.Cuvillier, Ministre des Transports ;

M. Doré, sous-préfet en charge du dossier à la Préfecture de Région de 2011 à 2015, pour avoir édulcoré le compte rendu de la dernière réunion du 27 novembre 2013, en refusant le verbatim fourni. Il a ainsi évité que n'apparaissent certains propos tenus par la DGAC et son sous-directeur, sans doute gênants. Après interpellation insistante, le Préfet aurait rajouté le verbatim au compte rendu en annexe, annexe que personne ne lira jamais ;

la Commission du Dialogue pour avoir volontairement laissé dans son rapport une contre-vérité sur la nécessité d'isolation phonique supplémentaire pour toute construction en zone D du PEB alors qu'elle a été avertie avant la fin de la rédaction que ce n'était plus le cas ;

Nous accusons d'obstruction délibérée :

la DGAC et les Préfets successifs, présidents de la commission consultative de l'environnement de l'aéroport de Nantes-Atlantique, pour avoir refusé depuis des années la révision du Plan de Gêne Sonore de l'aéroport alors même que les trajectoires ont été modifiées par la même DGAC. Cette révision pourrait en effet montrer une réduction des zones de bruit, ce qui mettrait à mal un des arguments les plus utilisés pour justifier le transfert.

Nous accusons d'inconséquence ou de mensonge :

l’État qui affirme d'intérêt général majeur le transfert à NDL notamment au nom des nuisances sonores et de la santé publique, mais qui a renoncé au transfert de l'aéroport de Toulouse alors que les logements inclus dans le Plan de Gêne Sonore y sont au nombre de 20 543 contre 1751 à Nantes ;

le Préfet des Pays de Loire, M.Comet qui a affirmé à un journal local (Ouest-France du 21 juin 2014) ne pas s'être occupé de l'aéroport de Toulouse alors qu'il a signé une lettre expliquant pourquoi l’État renonçait à son transfert avec des arguments identiques à ceux qui sont les nôtres ici (lettre de février 2013 au Président du SCOT de l'Ariège).

Nous accusons de mauvaise gestion délibérée :

la Chambre de Commerce et d'Industrie, gestionnaire de Nantes-Atlantique jusqu'en 2010 pour avoir sciemment refusé de maintenir à niveau l'aéroport pour mieux justifier le transfert à Notre Dame des Landes : extensions limitées, gaspillage de l'espace par agrandissement des parkings, aménagements intérieurs inefficaces ;

l’État pour les mêmes raisons (absence de radar, et autres équipements d'aide à la navigation).

Nous accusons d'erreur manifeste d'appréciation et/ou d'incompétence :

les élus partisans de ce transfert, et notamment les Présidents des grandes collectivités locales (JM. Ayrault, J. Auxiette, P. Mareschal) qui ont emporté le vote de leurs assemblées. Nous les accusons pour leur refus d'examen du fond du dossier, pour leur engagement irréfléchi d'argent public et pour leur mépris des contre-expertises produites ;

les ministres des transports et les premiers ministres successifs pour les mêmes raisons.

Nous accusons de provocation et de manipulation de l'opinion publique :

tous ceux qui veulent criminaliser et discréditer notre opposition en nous assimilant à de dangereux terroristes ; nous ne sommes ni la « vitrine légale d'un mouvement armé » ni une « minorité ultra-violente ».

Nous accusons le gouvernement de méthodes bien peu démocratiques (fichage de la presse, surveillance des opposants, interdictions injustifiées) et d'usage disproportionné de la force lors de manifestations.

Nous accusons toutes les personnes nommées ci-dessus de comportements indignes de politiques en charge de l'intérêt général et de hauts fonctionnaires d’État. Nous les tenons pour responsables de la faillite intellectuelle et morale que révèle ce dossier.

Nous mesurons la gravité de nos accusations et attendons sereinement les réactions qu'elles pourraient susciter.

Nous attendons enfin du Président de la République qu'il entende notre colère légitime, lui qui a affirmé « que la transparence est la première condition de la démocratie participative », lui qui a affirmé vouloir que « sur chaque grand projet, tous les points de vue soient considérés, que toutes les alternatives soient posées, que tous les enjeux soient pris en compte » (discours du 27 novembre 2014).

Les co-présidents de l'ACIPA
Anne-Marie Chabod - Dominique Fresneau - Christian Grisollet

dimanche 13 décembre 2015

COP21 : Sauver la planète sans contrarier le système qui la détruit.

Quelle est belle cette humanité que l'on voit à la télé, à la radio et sur les réseaux sociaux devant l'accord à minima sur les changements climatiques, qui a été obtenu, à Paris, lors de la COP21. La communication aura été bien faite alors que nous sommes toujours sur la trajectoire des +3 degrés. 


Essayons de comprendre ce qui découle de la signature de l'accord de Paris et révélons l'arnaque.

Commençons par du positif, l'accord qui vient d'être signé, acte que les états reconnaissent des responsabilités différenciées dans les changements climatiques et vise de limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5 degrés. Super !!!! La mention du seuil de 1,5 °C était une revendication portée par les petits Etats insulaires menacés de submersion par la montée des mers. Mais il faut bien le reconnaître elle a surtout une portée symbolique et politique, car rester sous le plafond de 1,5°C est parfaitement irréaliste en l’état actuel des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ce 1,5°C est donc un objectif pieux car les contributions actuelles des états ne permettent pas d'espérer un réchauffement à moins de trois degrés. Dans l'accord il est seulement prévu de viser « un pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre dès que possible ». Dès que possible !?!? Et c'est quand « dès que possible » ? Et il aura quelle hauteurs, ce pic ? Des versions antérieures retenaient pourtant un objectif de baisse de 40 % à 70 %, ou même de 70 % à 95 %, d’ici à 2050. Ces mentions, jugées trop contraignantes par certains pays, ont été gommées. Rappelons que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) juge nécessaire de baisser de 40 % à 70 % les émissions mondiales d’ici à 2050, pour éviter un emballement climatique incontrôlable.

Ainsi l'accord ne fait pas référence à la nécessite de réduire la consommation des fossiles et n’évoque pas les énergies renouvelables. La taxation du gaz carbonique destinée à promouvoir les économies d’énergie et la réduction des émissions de gaz à effet de serre a été abandonnée. Tout cela alors que selon les scientifiques il nous faut renoncer à l’exploitation de 80% des gisements d’énergies fossiles : pétrole, gaz, charbon. Il faut les laisser dormir dans le sous sol pour espérer stabiliser le climat mondial.

Un grand absent, également, des négociations aura été l'agriculture industrielle alors que ses émissions de gaz à effet de serre représentent près de 30% des émissions mondiales. Le texte souligne que les réductions d’émissions de gaz à effet de serre ne doivent pas menacer la production agricole. « C’est une façon pour les États de repousser la transition – pourtant urgente et nécessaire – et leurs systèmes agricoles vers des modèles moins polluants », s’alarme Peggy Pascal, d’Action contre la faim.

De plus l'accord se dit contraignant mais sans savoir ce qui sera mis en place pour contraindre et l’expression « doit » a été remplacé par « devrait ».

Enfin, pour que l'accord voté à Paris entre en vigueur en 2020 (oui en 2020, en attendant on ne change rien) il faut que 55 pays représentant au moins 55 pour cent des émissions de gaz à effet de serre le ratifient. Mais, « à tout moment, après un délai de trois ans à partir de l’entrée en vigueur de l’accord pour un pays », celui-ci pourra s’en retirer, sur simple notification. C'est génial !!! Et puis franchement, les échéances n’incitent pas à la mobilisation : 2050, 2100 ... Les gouvernants d’aujourd’hui ne seront plus là pour répondre de leur inaction. Alors décider pour que nos successeurs agissent c'est facile, mais décider, aujourd’hui, avec des impacts immédiats sur les économies et le mode de vie des populations, afin d'assurer l’avenir de l’humanité, cela aurait certes plus de gueule mais ... c’est plus compliqué et n'entre probablement pas dans le plan de carrière de nos politiciens.

Donc il ne me semble pas que nous soyons dans ce jour historique où, selon Hollande, les humains ont sauvé l'humanité mais bel et bien où elle fait de la communication verte pour surtout ne rien bousculer chez les financiers et les puissants. Greenwashing quand tu nous tiens ! Maintenant le piège est refermé, les politiques capitalistes, libéraux, croissantistes, productivites et consuméristes et les industriels pollueurs vont pouvoir clamer qu'ils ont sauvé le monde et les vrais écologistes, conscients de l'arnaque, passeront encore une fois pour des mauvais coucheurs. Fabuleux ! Rien ne change. Business as usual and the show must go on et pendant ce temps là, le Conseil d’Etat valide les assignations à résidence des militants écologistes.

Le temps n'est vraiment pas aux réjouissances !!!!

mercredi 2 décembre 2015

NDDL : Valls fait du Valls sur Europe 1

Manuel Valls versus Daniel Cohn-Bendit. C'était le duel du jour, hier matin en direct sur Europe 1. L’ancienne figure des Verts au Parlement européen a invité le Premier ministre a renoncer au chantier de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes pour offrir un symbole concret et très français à la Cop21. En vain. Retour sur cette passe d'armes.

Ce fut plus qu’une turbulence dans la matinale d’Europe 1 "spéciale Manuel Valls". Un crash.

Au lendemain de l’ouverture de la COP21, l’occasion était trop belle pour Daniel Cohn-Bendit, chroniqueur maison, de placer le Premier ministre face à ses responsabilités sur le dossier Notre-Dame-des-Landes : Manuel Valls n’avait-il pas répété, à plusieurs reprises, la détermination du gouvernement à mener à bien le projet d’aéroport du Grand Ouest (entre Nantes et Rennes) qui déchaîne la colère des écologistes depuis des années ?

Des déclarations à la limite de la provocation au moment où le PS tentait laborieusement de constituer des listes communes aux régionales avec ses frères et sœurs ennemi(e)s d’EELV.

Le feu vert administratif donné le mois dernier aux défricheuses chargées d’ouvrir une voie aux travaux a entraîné un logique carton rouge des écologistes de la majorité, pour une fois d’accord entre eux pour se rebeller contre l’incroyable obstination de Matignon.

Dany "ne comprend pas" cet acharnement

Ce mardi matin, "Dany" est donc reparti bravement à l’assaut avec les solides arguments contre "l’Ayraultport" (l’ancien Premier ministre était son grand promoteur) qu’il ne cesse de répéter avec constance, et depuis des mois, à l’oreille sourde du pouvoir.

Pourquoi s’accrocher à ce "Toutankhamon de l’aménagement du territoire", imaginé au temps du plan des années 1970… pour faire voler Concorde de Nantes à New York ? C’est de l’ordre de l’irrationnel. Dany "ne comprend pas" cet acharnement anachronique.

Pourquoi déployer tant d’énergie politique pour un chantier qui va ravager un espace naturel exceptionnel au nom d’une ambition de développement aérien non seulement dépassée mais qui, aussi, défigure les horizons du développement durable ? Pourquoi cette contradiction au moment même où la France organise le plus grand rassemblement de l’histoire pour l’avenir de la planète ?

Ce mardi matin, en direct, Cohn-Bendit, délibérément positif, a proposé au Premier ministre de saisir l’occasion offerte par la COP21 pour renoncer solennellement à la funeste entreprise qui va, immanquablement, ravager un milieu jusque-là préservé. Une porte ouverte formidable pour faire entrer un peu de soleil réconfortant sur le gris paysage du futur climatique.

Inflexible, Valls a fait du Valls

L’espace d’un instant, on a rêvé que le chef du gouvernement de la France allait profiter de ce grand courant d’air frais et se libérer, à la façon d’un personnage de Cabu, de toutes ses anciennes certitudes.

Qu’il allait se laisser emporter par le vent de l’audace. Qu’il allait, enfin, retrouver un peu de légèreté dans cette atmosphère si lourde, et faire une croix verte sur les ailes noires des avions doublement carbonifères.

Mais non. Inflexible, Valls a fait du Valls. Il a tenté une contre-offensive avec un argumentaire fatigué : l’aéroport de Nantes est déjà saturé, urbain et il provoque une pollution sonore continue sur toute l’agglomération nantaise. [...] Il faudrait, si on le comprend bien, régler des nuisances environnementales urbaines au prix d’un désastre écologique rural.

Pour faire bonne figure, et dans la panique il a aussi avancé que les "petits aéroports" bretons seraient fermés au profit d’un seul grand, comme si c’était une bonne nouvelle : Quimper et Lorient, notamment, vont apprécier...

Des airs de ministre de l’ère pompidolienne

La démonstration a donc explosé en vol en répandant des ondes négatives immédiatement perceptibles à l’oreille. Dany a bien essayé, jusqu’au bout, de sauver Manuel de ce piqué en vrille, en invoquant l’efficacité, prouvée, de l’interconnexion TGV avec Paris et même la solution démocratique : un référendum régional… En vain.

Le Premier ministre a jugé que le processus démocratique était déjà largement suffisant… On aurait cru entendre un ministre de l’industrie de l’ère pompidolienne. Que dire de plus, sinon qu’on est triste ?