Les élus locaux, les élus départementaux et les parlementaires qui cumulent souvent ces fonctions, se précipitent depuis dimanche matin sur tous les micros qui se tendent pour accuser le ciel de tous les maux, affirmant avant les spécialistes de la météo « qu’ils n’ont jamais vu cela ». Ils reprennent en boucle les remarques des habitants qui, comme nous tous, ont toujours une mémoire sélective et défaillante du temps qu’il a fait. Il est possible d’être indulgent pour ces derniers, tout en se demandant pourquoi certains sont morts ou été blessés en se précipitant pour sauver des bagnoles qui ne sont que des « objets » qui seront remboursés par les compagnies d’assurance. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard que les chaines de télévision privilégient les images des entassements de voitures provoqués par la brusque inondation.
Les élus oublient sans vergogne leurs politiques foncières délirantes, en tentant d’accuser Météo France. Car ce sont ces élus qui contribuent majoritairement à la disparition chaque année de 820 millions de terre agricole ; et, de 2006 et 2014, sont responsables de l’artificialisation 500 000 hectares dont 2/3 de terres vouées à l’agriculture, ce qui réduit quasiment à néant leur capacité d’absorption des pluies. Toutes les statistiques du ministère de l’Ecologie et du ministère de l’Agriculture, montrent que le phénomène prédomine dans le Sud-est de la France. Artificialisation qui a de plus comme conséquence de faire disparaître les cultures de proximité.
La plupart des élus de cette région « oublie » leurs écrasantes responsabilités dans des départements en proie à la folie immobilière. Elle caractérise la plupart des communes dans ces régions ou la densité humaine atteint 300 –et parfois bien plus- au kilomètre carré contre une moyenne de 100 pour le reste du territoire. Ces élus ont facilité depuis des années l’artificialisation de territoire au nom de leurs valeurs foncières. Ils oublient, dans leurs commentaires éplorés, que le taux d’artificialisation est trois fois supérieur dans les zones littorales à celui du reste de la France ;différence encore plus importante sur le littoral de la Région PACA.
La responsabilité des élus revêt plusieurs formes : le tracé de nouvelles routes, la construction de parkings, la dispersion des zones d’habitats, la mise en place d’un urbanisme commercial délirant et la canalisation des petits fleuves côtiers dont la force destructrice est ainsi décuplée en cas de pluies violentes ou d’orages exceptionnels. Ce qui aggrave les dégâts dans les zones les plus basses où aucun permis de construire ne devrait avoir été accordé ; pour les habitations individuelles comme pour les implantations industrielles et les grandes surfaces. Des choix urbanistiques liés aux préoccupations électorales et surtout à la pression des milieux immobiliers qui règnent depuis des lustres sur la région.
La décentralisation et les pouvoirs absolus accordés aux maires a permis, au nom de l’électoralisme, un véritable massacre d’une région qui se retrouvera de plus en plus fréquemment touchée par les dérèglements climatiques que les experts du GIEC ont depuis longtemps annoncé. Sans être entendus par un personnel politique dont l’horizon n’est bordé que par leur prochaine élection. Après eux, le déluge. Et les morts et les dégâts…
La catastrophe survenue est une « belle » illustration de réflexion pour la prochaine conférence sur le climat car de nombreuses régions du monde sont menacées par l’entassement des populations en bord de mer. Mais, comme c’est loin, on en parle moins. Comme pour le glissement de terrain qui vient d’engloutir un village du Guatemala après des pluies violentes.
Par Claude-Marie Vadrot - 4 octobre 2015 - Politis
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Alors en effet, le drame de samedi soir, dans le sud, n'est pas une fatalité. Définitivement nous en sommes les responsables et ceux qui, comme moi, ont les yeux ouverts sur l'état de notre bêtise collective et alertent (Cf ce blog) depuis des années, tout en étant raillés par les décideurs très sérieux, pragmatiques et réalistes et leur courtisans, ne sont pas étonnés des conséquences de cet événement météorologique et de ceux à venir. Vous ne voulez pas entendre, pas croire à ce qui est écrit, vous ne voulez pas changer, pas vous mobiliser... tant pis pour vous vous n'avez pas fini de pleurer.
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