Leur indignation cache notre aveuglement actuel
Il aura fallu 60 ans pour que le romancier et cinéaste français, Gérard Mordillat, attire l’attention des gens, avec sa chronique "Le Monde du silence, un film naïvement dégueulasse", sur le premier grand film de cinéma du commandant Cousteau. La question que l'on peut se poser légitimement est : "mais pourquoi maintenant ?". Pourquoi maintenant, 60 ans après la sortie du film et 18 ans après la disparition du Pacha de la Calypso ? Pourquoi maintenant si ce n'est pour mettre en relief le chemin parcouru dans la prise de conscience environnementale, si ce n'est pour montrer - et c'est un bon point pour tous ceux qui nous ont ouvert les yeux sur l'écologie dont Cousteau fut l'un des grands artisans - combien nos normes changent et les méthodes aussi. Mais je doute que l'objectif fut tel.
Alors oui, l'attaque de Mordillat est dure, surtout 60 ans après. Pourtant ce qui est dit dans cette chronique est assez juste même si cela traduit, évidement, que le film a beaucoup vieilli et que ce qui était acceptable hier, ne l’est plus aujourd’hui et en voilà un bel exemple. Nous ne pouvons que nous en réjouir. Notre vision du monde a changé grâce, notamment à des films comme "le monde du silence", les documentaires de Christian Zuber, ou les films, plus récents, de Nicolas Hulot, d'Al Gore ou de Marie-Monique Robin . Il est ainsi parfaitement exact qu'aujourd'hui ce film ne pourrait plus passer. Il serait défoncé, fort justement, par les écolos en général et par moi en particulier.
Mais il faut, bel et bien, le replacer à son époque où la conscience environnementale et la connaissance de la fragilité de la mer n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. Ainsi, nous dit Franck Machu, "Les explorateurs du Monde du Silence découvrent de nouveaux territoires avec l’innocence des pionniers. Le débarquement aux Seychelles est éloquent : on touche à tout, on grimpe sur tout, on se disperse en tous sens, tel une classe de mer en villégiature. Leurs seules limites sont celles qu’ils se fixent, libres et aventureux, croquant une nature vierge, vaste, inépuisable, sans préoccupations morales. La nature est généreuse, personne ne saurait avoir la moindre gêne à agrémenter les repas d’œufs et de steaks de tortue (hors film) ; un exemple symptomatique de l’évolution des mœurs et des pratiques. Le Monde du Silence est le témoignage d’une époque et d’un monde disparus. C’est un mirage de paradis invulnérable, monde naïf né de nos imaginations d’enfants, où l’on peut chevaucher une tortue par jeu, taquiner un gros poisson par envie, faire sauter un récif à la dynamite par bêtise, harponner une baleine par instinct, battre un requin par haine. Un monde de jeu, un univers de conte, où tout est permis, même de s’y perdre, pour se réveiller, attristé, mais responsable, dans un monde d’adultes"
N'oublions pas, non plus, que Cousteau, issu de la Marine, se définissait, à ce moment-là, comme un océanographe aventurier et surement pas comme écologiste. A l'instar de Nicolas Hulot qui dit qu'il n'est pas né écologiste mais qu'il l'est devenu, Cousteau ne viendra à l'écologie qu'avec le temps et au fil de ses pérégrinations. "Il suffit de rapprocher le commentaire du Monde du Silence du commentaire de Requins, premier film de la série de l’Odyssée sous-marine, pour mesurer le chemin parcouru, en dix ans. Dans le premier, Cousteau donne l’image du requin, ennemi mortel du marin, dans le second, il prend soin de dédramatiser l’animal, l’assimilant à un poltron qui fuit plus souvent qu’à son tour. Aujourd'hui, nul doute que Cousteau ferait parti des voix pour mettre fin au massacre. Il aurait même surement une idée d'avance sur tous ces donneurs d'opinion qui découvrent aujourd'hui la mer." poursuit Franck Machu.
Ainsi définitivement ce film a ouvert les yeux de son temps avec les yeux de ce temps-là sur un monde totalement ignoré du plus grand nombre. Il ne faut pas le voir autrement que comme une archive qui marque l'évolution positive de la conscience environnementale de notre Monde. Une fois n'est pas coutume, je trouve qu'il est plutôt réconfortant de voir que nous sommes allés dans le bon sens même s'il faut bien le reconnaître nous ne sommes pas sortis du tunnel et qu'il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir si nous voulons poursuivre notre route sur cette Terre que nous continuons à maltraiter. Car dans cette veine-là, comment, dans 60 ans, nos enfants nous jugeront ils à l'aune des crises climatique, énergétique, métallique, écologique et sociale connues mais pas anticipées et surtout niées par nous ? Sommes nous en mesure de jeter la première pierre à Cousteau et ses camarades ? Non, définitivement non, car " le passé ne peut jamais être "jugé" que dans son contexte" nous dit Marc.
Dans sa grande sagesse et pour finir, mon frère Christophe nous propose une conclusion heureuse que j'ai aimé reprendre ici et où il trouve que finalement "tout cette polémique (ndt : un peu vaine) a du bon puisque cela montre que Cousteau a été un homme comme tous les autres (avec ses ignorances) et qui, à force d'ouvrir les yeux, a su évoluer vers une plus grande compréhension du monde, de la nature, et de la place de l'homme. Je ne sais pas comment il était dans le privé, mais en tous les cas, il est l'exemple que tout le monde est capable d'évoluer et de gagner en sagesse". Merci mon frère, merci à tous.
1 commentaire:
il a ouvert des voie que le monde ignorait il a tous découvert et en voyant ce qui l'entourait est devenu défenseur de la mer quant à manger des oeufs de tortues c'était aussi le repas des indigènes de ces iles
SERGE AGNES
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