"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

lundi 13 juillet 2015

Europe : Que reste-t-il des idéaux sous la mitraille ?

Franchement je ne suis pas fier du comportement de nos pays Européens car "Si l'accord pour la Grèce signifie une victoire du projet européen, il est alors difficile d'imaginer à quoi ressemblerait une défaite" (New York Times). Pas fier de ces pays arrogants qui, après avoir menacé de lâcher, d'abandonner la Grèce dans la tempête qu'ils ont eux même provoqué, lui propose un accord au nœud coulant, une mise sous tutelle humiliante source de toutes les rancœurs.

"Au parlement européen tous les partis qui ont dirigé la Grèce avant Alexis Tsipras et Syriza lui reprochent de ne pas avoir défait ce qu'ils ont contribué à mettre en place: clientélisme, fraude, évasion fiscale, corruption, protection des armateurs et de l'église orthodoxe. Mais ils oublient de dire qu'il y a moins de quinze jours les institutions européennes ont exactement refusé la proposition du gouvernement Grec de taxer les plus hauts revenus. On n'a jamais vécu un tel climat de haine envers un dirigeant européen dans l'enceinte du parlement européen." (Patrick Le Hyaric). Moi je croyais à une Europe solidaire même si je la savais de la finance. Définitivement il ne fait pas bon être dans la merde dans un régime libéral. Comment ces gens peuvent ils dormir tranquille alors qu'ils étranglent chaque jours toujours plus de personnes ? Je suis triste pour l'idée que je me faisais de l'Europe.

"Dans les années 70, au collège, la première langue que j'ai apprise fut l'Allemand. Mes parents et grands parents pensaient à juste titre qu'on ne faisait pas la guerre à des gens dont on connait la langue et la culture. L’Europe, construite pas à pas de la CECA à la monnaie unique était un gage de paix de progrès, de prospérité. Elle était dans nos esprits par essence solidaire et belle. J’étais fier d’avoir sur mes passeports « communauté Européenne » puis « union Européenne » nous faisions parti d’un ensemble magnifique avec une culture commune et une diversité assumée. Et puis les années Thatcher et Reagan ont instillé l’argent roi et la finance débridée, et l’Europe a suivi ce chemin avec un dogmatisme paré d’un faux pragmatisme, entrainant ses populations dans des crises à répétitions dont elles payèrent et continuent de payer les frasques financières. Le recrutement d’élites obtuses et complètement inféodées à ce système délétère a accéléré le délitement politique de l’Europe, livrée aux staff des banques et multinationales. Les exemples ne manquent pas hélas des manquements de l’Europe à la sécurité et au bien être de ses citoyens, le seul but étant toujours le profit à court terme de quelque uns. Cette Europe là, corrompue et idéologiquement biaisée est un danger pour la paix, pour l’environnement, pour la culture Européenne, pour la démocratie.

Il est temps de refaire une Europe des peuples, où le but ne soit pas « la concurrence libre et non faussée » mais l’harmonie de nos vies, de nos peuples et une vraie politique sociale et environnementale. L’argent doit être remis à sa place, c’est à dire un moyen d’échange de notre travail, pas une bête immonde qui vit sa vie au profit d’une petite élite dévoyée qui fait ses pronunciamientos économiques. Il n’est pas question de laisser à quelques politiciens et hauts fonctionnaires médiocres et corrompus cette Europe qui est la notre. Je veux continuer à être fier d’être européen, d’une Europe généreuse dont le but est le progrès de l’humanité. Nous ne vous laisserons pas faire, vous devez partir. Vous partirez de gré ou de force, cette force c’est celle des urnes. La démocratie, une très belle invention grecque. Je propose un referendum européen sur les buts de l’Europe, avec une question sous jacente, celle du primat de la politique, du citoyen, sur la finance. Le contraire est ce coup d’état permanent que nous vivons de plus en plus tristement.

Alors et si on retrouvait ensemble le sens du mot démocratie ? Aux urnes citoyens !" (Marc Victor)

Votez ? Mais pour quoi faire ? Votez nous disent les politiques, faites entendre votre voix nous implorent-ils, inscrivez-vous sur les listes électorales nous exhortent-ils. Voter ? Après la spoliation de vote du NON au référendum sur la constitution européenne, il y a 10 ans, par les députés socialistes et UMP, prouvant, ce jour-là, qu'ils méprisaient les gueux que nous sommes, même pas capables de voter comme il faut et qu'ainsi la démocratie c'est "cause toujours !" ?

Voter à l'heure de TAFTA ? Cela a-t-il encore un sens ? Car après cinq mois de débats agités, les eurodéputés ont finalement donné leur feu vert, mercredi 8 Juillet 2015, à la poursuite des négociations commerciales avec Washington. Martin Schulz aura réussi son coup. Ses passages en force des dernières semaines auront payé. Le président du parlement est parvenu à dégager une majorité sur le traité de libre-échange en négociations avec les États-Unis (TTIP dans le jargon bruxellois, ou TAFTA pour ses adversaires). Ils sont 436 à s'être prononcés pour, 241 contre, et 32 à s'être abstenus, mercredi lors d'un vote en séance plénière à Strasbourg.

Alors, véritablement, je pose la question, voter cela a-t-il encore un sens alors que les élus européens transférèrent le peu de pouvoir qui leur restait, aux multinationales ? Définitivement voter ne sert plus à rien car ce sont bien les multinationales, qui feront et déferont les lois. Les élus ne serviront donc plus à rien car ce sera le tribunal privé qui fera et défera les règlements, au détriment des états, pour toujours plus de liberté et de profits pour les multinationales. Adieu protection sociale, et environnementale, adieu démocratie. Depuis TAFTA, voter ne servira plus qu'a maintenir une aristocratie en place qui s'agitera et fera de l'esbroufe mais qui ne servira plus à rien. En livrant l'Europe à TAFTA, les élus ont condamné les restes d'une démocratie déjà bien en miettes.

Bienvenue dans le beau monde de l'ultralibéralisme ou l'humain et l'Environnement ne sont plus rien. Bienvenue dans la dictature, absolue et sans limite, de l'argent et du chacun pour soi afin de sauver sa peau. Mais mes compatriotes s'en soucient-ils ? Pas vraiment semble-t-il, car ils ont d'autres priorités en tête, comme celle de consommer encore et toujours plus de biens inutiles mais très high-tech, très tendance, très m'as-tu-vu ... très futils. Et ainsi il est possible de dire que la finance, en distillant le rêve hypnotique de la consommation, aura réussit là où les Maîtres et les Seigneurs auront toujours échoué. La consommation aura fait d'un peuple enclin à la révolte et à la révolution, un peuple docile, un peuple de moutons apeurés, avides et insatiables. Comment cela finira-t-il alors que nous savons pertinemment que cela n'est pas tenable ? Je crains que cela ne se termine bien mal.

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