"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

lundi 24 octobre 2016

CETA, les lobbies ne feront pas encore la loi.

Arbitrage des conflits entre multinationales et État par des tribunaux d'arbitrage favorables aux entreprises, pas assez de protection pour les agriculteurs … plusieurs raisons ont poussé la Wallonie à refuser de signer ce traité de libre-échange vu comme le cheval de Troie du TAFTA. La Belgique a emboîté le pas de l'entité fédérée, ce qui a bloqué ce traité. Ainsi, le 21 octobre, le Canada a annoncé, sur un ton mélodramatique, l'échec et la fin des négociations sur le CETA et cela pour la plus grande joie de ceux, militants écologistes, altermondialistes, décroissants, qui, depuis des années, s’étaient mobilisés contre ce traité anti-social, risqué pour les services publics et la santé, anti-écologique et climatocide. Mme Freeman, ministre canadienne du Commerce, visiblement émue, s'est brièvement confiée à la presse belge, se disant «très déçue» tout en estimant «qu’il semble évident que l'Union européenne n'est pas capable d'avoir maintenant un accord international, même avec un pays qui a des valeurs aussi européennes que le Canada». A ces mots le parti écologiste belge a rappelé que «Ce n'est pas un combat entre l'Europe et le Canada, mais bien entre les multinationales et la démocratie»

Pourtant, alors que les signaux alarmants de la dégradation de la biosphère se multiplient, on observe, chez beaucoup, croyants embrigadés, une volonté farouche de défendre cet accord et tout ceux initiés par le libéralisme, prometteurs illusoires de commerces, de croissance, d'emplois, de richesse ... de bonheur pour tous. « Contrairement au projet d'accord TAFTA - me dit Ludo sur Facebook - le CETA me semble un accord équilibré, qui prévoit notamment la reconnaissance par le Canada de 157 Indications Géographique Protégées (IGP), l'accès des entreprises européennes aux marchés publics canadiens (aujourd'hui fermés aux entreprises européennes, alors que les marchés publics européens sont ouverts à 90% aux entreprises canadiennes), et des tribunaux d'arbitrages organisés au plan international (et non pas privés, comme prévu dans le projet de TAFTA). Les choses ont bien évolué avec Justin Trudeau comme Premier Ministre du Canada ! »

A cela je réponds qu’à l'instar de Monsieur Magnette (voir vidéo en fin de texte), chef du gouvernement wallon, je me demande pourquoi est-ce que cet accord, que l’on dit si génial pour les citoyens, a été si caché, si secret, si négocié loin des gens, à un tout petit nombre de nébuleux négociateurs ? En fait les élus récoltent, là, la méfiance et la défiance, résultat de dizaines d’années de mensonges fais aux citoyens, de renoncements face aux lobbies et face aux multinationales qui n'ont jamais travaillé pour le bien de l'humanité (ça se saurait).

Aussi il n'y a aucune raison de penser que cet accord, fait par et pour les puissants, soit bon pour les citoyens européens et mon ami Patrick en révèle les évidences, les contradictions.

« Pourquoi négocie-t-on sur l'alimentaire alors que tout le monde est d'accord pour dire qu’industriel ou pas, il faut développer les circuits courts seule logique économique permettant de ne pas tuer les territoires ?

Cet accord souhaite éliminer les droits de douanes pour des échanges longues distances sans taxer le coût de la pollution du transport. Bonjour les Gaz à effet de serre, bonjour le gaspillage. Bonjour la COP21 !

Concernant l’alimentaire, on va importer du porc et du bœuf, que l'on a en surproduction en Europe et on va leur exporter du lait avec notre modèle "libéral" européen de subvention qui a démontrer sa toxicité pour les territoires ?

On ouvre tous les marchés publics canadiens. Super! Faisons vivre aux canadiens le coup d'Alsthom... ils achèteront sans doute des tgv pour faire leur métro. Mais la vraie question est pourquoi sommes nous autant ouvert à 90% contre 10 ?!?!

Comment, également, peut-on accepter qu'un état, gardien d'une cohésion de société, puisse être attaqué par des entreprises dont le seul but est de gagner de l'argent avec des tribunaux plus que douteux... d'avocats d'affaires ? »

Merci donc à nos amis Wallons d'avoir tenu bon et de nous prouver que, même minoritaires, nous pouvons obtenir gain de cause. Merci à la Wallonie qui a, en moins de 2 mois, fait dérailler un processus opaque alors que les 28 Etats membres n'avaient rien obtenu depuis des années de négociations. Merci à nos voisins Belges d’avoir été, en le voulant ou non, les porte-paroles des opposants européens.

Mais il serait illusoire de croire que la guerre est gagnée car dans ces affaires là l’histoire a toujours montré que les puissants ne désarment jamais. Nous avons gagné une bataille, mais pas la guerre. Et pour preuve, après avoir essayé de poser un ultimatum à la Belgique, l’Europe, selon une source européenne nous dit le journal Le Monde, annonce que l’annulation ou le report éventuel du sommet, de jeudi prochain, ne signent pas la fin du CETA, la Commission étant prête à laisser encore quelques semaines supplémentaires à la Belgique pour permettre une signature ultérieure de l’accord de libre-échange. Soyons assurés que les pressions sauront être faites, sur les responsables Belges, à l'instar de cette menace, de la commission européenne, de supprimer les subventions du FEDER (Fonds européen de développement économique et régional) ou bien encore cette lettre de menaces, envoyée à tous les parlementaires Wallons, par un des lobbies les plus influents de Bruxelles, comme nous le dévoile, dans une pétition, les 5 collectifs lorrains STOP TAFTA CETA, pour qu’in fine la Belgique cède et laisse la route libre aux affaires des multinationales, fer de lance du totalitarisme de la croissance.



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Dernières informations :

Finalement, il y aura bien un accord. L'UE et le Canada signeront dimanche 30 octobre, à Bruxelles, leur accord de libre-échange (CETA), mettant fin à deux semaines de psychodrame avec la Belgique et sa région francophone de Wallonie qui bloquait cette signature. "Mission accomplie ! Je viens de me mettre d'accord avec le Premier ministre (canadien) Justin Trudeau pour tenir un sommet UE-Canada ce dimanche", a twitté vendredi, un peu avant minuit, le président du Conseil de l'UE, Donald Tusk, une fois obtenue l'approbation des 28 Etats membres.

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