Pourquoi les politiques d’austérité, en œuvre en Europe, semblent quand même en partie acceptées par l’opinion ? Deux arguments liés l’un à l’autre font mouche en général :
- un Etat ne peut pas durablement dépenser plus qu’il ne gagne ; nous ne pouvons pas "vivre au-dessus de nos moyens"
- il va bien falloir payer maintenant pour les excès passés et "purger nos montagnes de dettes"
Ce "bon sens" apparent est difficile à contrer frontalement, même si les conséquences prévisibles des politiques fondées sur un tel raisonnement sont dévastatrices au plan économique, social et bien sûr écologiques parce que l’environnement attendra !
Et pourtant il nous faut ouvrir les yeux sur le fait qu'une vision étroitement comptable peut conduire à faire des choix stupides au plan collectif.
Un petit détour par ce qui se passe en ce moment dans le domaine des énergies renouvelables pourrait peut-être nous aider à ouvrir les yeux. En effet, dernièrement une centaine de députés conservateurs anglais viennent de publier une lettre ouverte contre l’éolien. Leur argument central ? En pleine cure d’austérité, dépenser de l’argent pour les énergies propres est, selon eux, un gaspillage financier. L’argument avancé peut s’appliquer à l’ensemble des dispositifs visant à la transition vers une économie sobre en ressources et bas-carbone. Le propre, l’écologique (dit autrement l’économe en ressources naturelles) coûtent cher et en période de rigueur, il nous faut donc se résigner au sale et se contraindre à ne pas économiser nos ressources naturelles. Pour aller mieux au plan économique, il faudrait donc dilapider notre patrimoine ? Le préserver serait un luxe de riche.
Nous avons perdu ce vrai bon sens pour le remplacer par un "bon sens" inverse qui nous dit qu’il faut détruire la nature (gaspiller nos ressources) au nom de la saine gestion (ne pas gaspiller l’argent). Le diagnostic me semble clair : nous sommes en plein délire.
A quoi cela est-ce dû ? A mon avis, à ce qui pourrait apparaître comme une subtilité sémantique : l’usage inapproprié des mots "coût" ou bien encore "richesse", dont on ne sait ce qu’ils veulent dire tant que l'on ne précise pas "coût pour qui ?" ou que l'on ne défini pas la notion de richesse.
Et ainsi nous tombons dans le délire d’inversion quand nous appliquons des critères et des raisonnements microéconomiques à des enjeux macroéconomiques. C’est alors que nous justifions la destruction de nos richesses au motif que ce serait un moyen de cesser de s’appauvrir ! Tout comme le mot coût, le mot richesse est une source de confusion permanente. La richesse d’un citoyen est-ce son patrimoine (un stock) ou son revenu (un flux) ? Première confusion. Deuxième confusion encore plus grave : la richesse d’une collectivité c’est son patrimoine (naturel, culturel, industriel, humain) ou son PIB ? La réponse est évidente. Peut-on et doit-on appauvrir une nation (au sens réel de son patrimoine) pour l’enrichir (au sens conventionnel de son PIB) ?
Dans l'histoire de l'humanité les exemples de ce délire d'inversion sont légions et montrent, par l'extinction des civilisations qui l'ont subit, combien il est dangereux. Pour s'en convaincre souvenons-nous que c’est bien ce qui est arrivé, comme l’a montré Jared Diamond, à des civilisations entières qui n’ont pas su préserver leur patrimoine naturel dont elles dépendaient. Que l’on pense à la salinisation des sols due aux réseaux d’irrigation de la civilisation mésopotamienne ou bien encore à l’île de Pâques, symbole d’une civilisation détruite par idolâtrie des indicateurs comptables, il s'agit là de ce même aveuglement vis-à-vis de l'environnement dont dépend la vie.
Dès lors les réalistes ne sont pas ceux que l'on croit et les idéalistes sont bien ceux qui pensent que l'on va pouvoir indéfiniment puiser et épuiser notre environnement, sans que cela ne se retourne contre nous. Alors, en vérité je vous le dis, la seule voie sage pour une vie humaine durable est celle de l'écologie car issue de l'observation des équilibres planétaire que notre vanité humaine nous ordonne d'ignorer alors que nous dépendons de ceux-ci.
La seule voie sage pour une vie humaine durable est celle de l'écologie il est plus que temps d'ouvrir les yeux, ce n'est pas faute de prévenir !
Texte très largement emprunté à Alain Grandjean
Économiste et co-auteur des livres "Le plein s'il vous plaît" et "C'est maintenant", collaborateur de.M Jancovici , il travail à concevoir et pousser des mesures visant à faire émerger un nouveau modèle économique, sobre et solidaire.
Et pourtant il nous faut ouvrir les yeux sur le fait qu'une vision étroitement comptable peut conduire à faire des choix stupides au plan collectif.
Un petit détour par ce qui se passe en ce moment dans le domaine des énergies renouvelables pourrait peut-être nous aider à ouvrir les yeux. En effet, dernièrement une centaine de députés conservateurs anglais viennent de publier une lettre ouverte contre l’éolien. Leur argument central ? En pleine cure d’austérité, dépenser de l’argent pour les énergies propres est, selon eux, un gaspillage financier. L’argument avancé peut s’appliquer à l’ensemble des dispositifs visant à la transition vers une économie sobre en ressources et bas-carbone. Le propre, l’écologique (dit autrement l’économe en ressources naturelles) coûtent cher et en période de rigueur, il nous faut donc se résigner au sale et se contraindre à ne pas économiser nos ressources naturelles. Pour aller mieux au plan économique, il faudrait donc dilapider notre patrimoine ? Le préserver serait un luxe de riche.
Nous avons perdu ce vrai bon sens pour le remplacer par un "bon sens" inverse qui nous dit qu’il faut détruire la nature (gaspiller nos ressources) au nom de la saine gestion (ne pas gaspiller l’argent). Le diagnostic me semble clair : nous sommes en plein délire.
A quoi cela est-ce dû ? A mon avis, à ce qui pourrait apparaître comme une subtilité sémantique : l’usage inapproprié des mots "coût" ou bien encore "richesse", dont on ne sait ce qu’ils veulent dire tant que l'on ne précise pas "coût pour qui ?" ou que l'on ne défini pas la notion de richesse.
Et ainsi nous tombons dans le délire d’inversion quand nous appliquons des critères et des raisonnements microéconomiques à des enjeux macroéconomiques. C’est alors que nous justifions la destruction de nos richesses au motif que ce serait un moyen de cesser de s’appauvrir ! Tout comme le mot coût, le mot richesse est une source de confusion permanente. La richesse d’un citoyen est-ce son patrimoine (un stock) ou son revenu (un flux) ? Première confusion. Deuxième confusion encore plus grave : la richesse d’une collectivité c’est son patrimoine (naturel, culturel, industriel, humain) ou son PIB ? La réponse est évidente. Peut-on et doit-on appauvrir une nation (au sens réel de son patrimoine) pour l’enrichir (au sens conventionnel de son PIB) ?
Dans l'histoire de l'humanité les exemples de ce délire d'inversion sont légions et montrent, par l'extinction des civilisations qui l'ont subit, combien il est dangereux. Pour s'en convaincre souvenons-nous que c’est bien ce qui est arrivé, comme l’a montré Jared Diamond, à des civilisations entières qui n’ont pas su préserver leur patrimoine naturel dont elles dépendaient. Que l’on pense à la salinisation des sols due aux réseaux d’irrigation de la civilisation mésopotamienne ou bien encore à l’île de Pâques, symbole d’une civilisation détruite par idolâtrie des indicateurs comptables, il s'agit là de ce même aveuglement vis-à-vis de l'environnement dont dépend la vie.
Dès lors les réalistes ne sont pas ceux que l'on croit et les idéalistes sont bien ceux qui pensent que l'on va pouvoir indéfiniment puiser et épuiser notre environnement, sans que cela ne se retourne contre nous. Alors, en vérité je vous le dis, la seule voie sage pour une vie humaine durable est celle de l'écologie car issue de l'observation des équilibres planétaire que notre vanité humaine nous ordonne d'ignorer alors que nous dépendons de ceux-ci.
La seule voie sage pour une vie humaine durable est celle de l'écologie il est plus que temps d'ouvrir les yeux, ce n'est pas faute de prévenir !
Texte très largement emprunté à Alain Grandjean
Économiste et co-auteur des livres "Le plein s'il vous plaît" et "C'est maintenant", collaborateur de.M Jancovici , il travail à concevoir et pousser des mesures visant à faire émerger un nouveau modèle économique, sobre et solidaire.
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