"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

dimanche 13 juillet 2014

Notre Dame des Landes et TAFTA ... même combat.


Dans son édito du 5 juillet 2014, dans Reporterre, Hervé KEMPF nous pose la question de quel pourrait être l’avenir de la ZAD et quelles sont les questions qui se posent à ceux qui y vivent et à ceux qui s’en sentent proches par la pensée, l’amitié ou la solidarité ?

En préambule il s'empresse de nous avertir que "la page n’est pas encore tournée" à Notre Dame des Landes et que "la victoire n’est pas encore acquise". Que certes, Jean-Marc Ayrault n’est plus Premier ministre et que l’intérêt des pouvoirs pour le projet d’aéroport est maintenant très limité. Que certes, le lancement par la Commission européenne en avril dernier d’une procédure d’infraction contre la France, sur le dossier de Notre Dame des Landes, est un coup très dur porté aux promoteurs du projet et que certes de nombreux indices permettent de penser que ces promoteurs se fatiguent et perdent de leur énergie. Mais véritablement la victoire n’est pas acquise pour autant. Ainsi "la vigilance, la résistance, dans une veille d’autant plus difficile que l’adversaire semble s’assoupir" sont on ne peut plus nécessaire d'autant plus "que l’attention du public se détache de l’enjeu".

Mais qu'y a-t-il derrière Notre Dame des Landes ? Il y a un emballement des politiques soutenus par les capitalistes qui pensent que le salut de leur monde viendra de la croissance. Une croissance qui passera par l'exploitation des plus humbles et la destruction de l'environnement car il ne peut en être autrement puisqu'il n'y a pas assez, sur cette Terre, pour assouvir toutes les avidités. Notre-Dame des Landes est bien l'exemple concret de cette dynamique mortifère : un programme daté et démesuré, dispendieux et reconnu comme inutile, projeté au détriment d'une nature généreuse et d'un climat malmené. "Une chose frappe dans l’état actuel de déliquescence du capitalisme, c’est qu’il déploie une énergie stupéfiante pour se maintenir malgré le délabrement généralisé qu’il provoque tant dans la vie de la biosphère que dans le champ des relations humaines" poursuit Hervé KEMPF.

"Par exemple, on aurait pu penser qu’après l’échec subi en Europe dans la tentative d’imposer les OGM et qu’au vu des conséquences néfastes de leur culture maintenant visibles aux Etats-Unis ou en Argentine, la bataille contre les OGM était gagnée. Eh bien non. A peine le front des opposants aux OGM a-t-il paru s’affaiblir que les multinationales et les zélateurs des transgéniques sont repartis en Europe à l’assaut." (Hervé KEMPF)

Comme pour s'en convaincre, actuellement, L’Union Européenne et les États-Unis négocient - avec un blanc-seing unanime des députés européens français allant du PS à l'UMP en passant par le centre et les amis de Corinne Lepage - un accord de libre-échange, dit TAFTA (Transatlantic Free Trade Agreement). Ces négociations opaques se déroulent dans le dos des peuples d’Europe et d’Amérique du Nord. Elles visent à établir un grand marché transatlantique qui consacrerait la domination des multinationales européennes et américaines au détriment des citoyens de part et d’autre de l’Atlantique. Sous couvert d’une hypothétique relance de la croissance, ces négociations risquent de niveler par le bas les normes sociales, économiques, sanitaires, culturelles et environnementales. Ces nouvelles normes seraient placées sous le contrôle de tribunaux supranationaux d’arbitrage privés, hors de tout contrôle démocratique.

Ce traité, aux noms et aux périmètres des plus variés pour mieux embrouiller les esprits (TAFTA, PTCI, TTIP, GMT, TTIP, TISA ...), est donc une hydre de plus, inventé par les puissances de l'argent pour profiter encore et toujours plus, aux détriments du reste de l'humanité. "Les capitalistes, les productivistes, les croissancistes, les dominants, appelez-les comme vous voulez, n’abandonnent pas un terrain tant qu’on ne leur a pas fait rendre gorge. L’impunité dont ils jouissent aujourd’hui dans la gestion du système social planétaire fait que, s’ils sont contraints de reculer face à une résistance particulière, ce recul n’est que temporaire." (Hervé KEMPF). L'abandon, en octobre 1998, de l’Accord Multilatéral sur l’Investissement (AMI), qui avait été négocié secrètement au sein des vingt-neuf pays membres de OCDE entre 1995 et avril 1997, qui proposait une libéralisation accrue des échanges et qui entraîna de vives protestations de la part des partisans de l'exception culturelle, des mouvements de défense de l’environnement et de quelques mouvements syndicaux lors de sa divulgation au grand public par des mouvements de citoyens américains, en est un exemple. Les capitalistes, tu les chasses par la porte ils reviennent par la fenêtre. Tu les chasses avec l'AMI, ils reviennent avec TAFTA. Mais, comme nous pouvons voir le verre à moitié vide, nous pouvons aussi le voir à moitié plein et vu comme ça cela donne l'espoir de gagner contre cette Nième tentative, des ultra-libéraux, de nous réduire à l'état de potentiel financier pour eux.

Ainsi donc, à n'en pas douter, la liberté et la démocratie auront un sursis de plus grâce à la mobilisation de tous. Comme nous avons fait capoter l'AMI, nous ferons capoter TAFTA et la ZAD, à l'instar du Larzac, restera l'image de la lutte, de la résistance et de la victoire des Hommes libres contre les puissants qui voudraient nous imposer un monde qui n'est pas le notre.

A cette heure et à l'instar de nombreuses collectivités territoriales, villes (Sevran, Morsang sur Orge ...), départements et régions (Région Ile de France, ...), qui, depuis avril 2014, ont adopté une motion pour se déclarer symboliquement « hors TAFTA », Notre-Dame des Landes s'est déclarée, à sont tour, les 5 et 6 juillet 2014 commune refusant ce dictat.

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Dix bonnes raisons de stopper TAFTA

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Nos normes plus strictes que les normes américaines et que les « normes internationales » (niveaux de pesticides, contamination bactérienne, additifs toxiques, OGM, hormones, etc.), pourraient être condamnées comme «barrières commerciales illégales»

GAZ DE SCHISTE
Les pays européens ne réglementeraient plus les exportations de gaz naturel vers les nations TAFTA. La fracturation hydraulique pourrait devenir un droit pour les sociétés qui pourraient exiger des dommages et intérêts auprès des nations qui s’y opposent.

EMPLOI
Les entreprises souhaitant délocaliser dans les états concernés par le projet TAFTA où les salaires sont inférieurs, seraient protégées. L’Inspection et le code du travail devenant illégaux, plus de préavis de licenciement. Pôle emploi devrait être privatisé ou serait attaqué en justice par les sociétés d’intérim pour concurrence déloyale. Les conséquences du TAFTA sur le taux de chômage en Europe ne seraient que néfastes.

SANTÉ et RETRAITES
Les médicaments pourraient être brevetés plus longtemps, les groupes pharmaceutiques pourraient bloquer la distribution des génériques. Les services d’urgence pourraient être privatisés. Les Assurances privées pourraient attaquer en justice les CPAM pour concurrence déloyale. Les retraites par répartition pourraient être démantelées, les compagnies d’assurances se substitueraient aux CRAM,ARRCO, AGIRC...

EAU et ENERGIE
Ces biens seraient privatisables. Toute municipalité s’y opposant pourrait être accusée d’entrave à la liberté de commerce, idem pour l’énergie (fossile, nucléaire ou renouvelable). La sécurité nucléaire serait réduite. Le prix du gaz et du kW serait libres.

LIBERTÉ et VIE PRIVÉE
Grâce à la révolte publique, les sociétés espérant enfermer et monopoliser l’Internet ont échoué l’année dernière à faire adopter leur ACTA répressif ; des textes plus pernicieux sont dans le TAFTA.

SERVICES PUBLICS
Le TAFTA limiterait le pouvoir des États à réglementer les services publics tels que : services à la personne, transports routiers, ferroviaires, etc. et réduiraient les principes d’accès universel et large à ces besoins essentiels.

CULTURE et PRODUCTION ARTISTIQUE
Les gros producteurs d’audiovisuel pourraient interdire les productions privées ou professionnelles à faible budget comme youtube, vimeo, dailymotion, les financements collaboratifs seraient rendus illégaux. Les musées nationaux perdraient leur droit de préemption sur les trésors artistiques nationaux au profit de collectionneurs privés.

ENSEIGNEMENT
Les universités privées pourraient attaquer en justice l’Éducation nationale pour concurrence déloyale. De la maternelle au doctorat, les sociétés privées contesteraient aux écoles, cantines scolaires et resto U, toutes subventions municipales, régionales ou nationales.

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