"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mercredi 22 janvier 2014

NDDL : Ceci n’est pas un camping !

Minimisez, dénigrez il en restera bien quelque chose. Les habitants de la ZAD rappellent, dans le texte qui suit, la réalité d'une expérience de vie nouvelle, intense, joyeuse et alternative que les médias voudraient saper afin de préparer le terrain, auprès de l'opinion publique, de l'acceptabilité d'une nouvelle opération de destructions policières. Nous ne devons pas être dupe et le dire haut et fort.


"Suite aux annonces sur le démarrage possible des chantiers du projet d’aéroport de Notre dame des landes, une floppée d’articles reprenant peu ou prou les même formulations copiés-collées sont parues dans la presse. L’une d’elle nous a particulièrement frappé. Dans ce contexte où une nouvelle vague d’expulsion et une destruction définitive de la zone menacent de nouveau, on peut en effet lire un peu partout que : "200 altermondialistes campent toujours sur la ZAD". Le chiffre peut paraitre approximatif. Le qualificatif d’"altermondialistes" n’est par ailleurs certainement pas celui dans lequel s’enfermeraient ceux et celles qui ont fait le choix de défendre la zad coûte que coûte et de lutter contre l’aéroport et son monde. Mais qu’importe ! Nous retiendrons surtout cette fois la mauvaise blague consistant à décrire ce qui se vit ici comme un "camping". Elle a pour conséquence nauséabonde de minimiser fortement la portée de ce qui pourrait être détruit si César revenait avec ses troupes sur la zone. Il est permis de se demander si les auteurs de ces dépêches cherchent à dessein à imposer une caricature utra-réductrice du mouvement d’occupation, ou encore si ils se contentent de recopier la terminologie Préfectorale et n’ont juste même pas pris la peine de se rendre sur le terrain pour observer la réalité de leurs propres yeux.

Rappelons que cela fait maintenant plus de 4 ans que de nombreuses personnes sont venus vivre sur la zone à l’appel d’habitant-e-s et paysan-ne-s souhaitant ne pas laisser le bocage se faire progressivement dépeupler par Vinci. A l’automne 2012, l’opération "César" a détruit une vingtaine de maisons occupées et espaces de vie. Plus du double ont été reconstruit dans les mois qui ont suivi avec les moyens du bord, de l’huile de coude, grâce à la solidarité des comités de soutiens et habitants des environs.


En lieu et place de "camping", il y a en fait aujourd’hui plus d’une cinquantaine de lieux d’habitation collectifs auto-construit - maison singulières ou hameaux, ainsi qu’une dizaine de fermes et bâtisses sauvées de la destruction, rénovées et occupées. Si certain-e-s d’entre nous logeons dans des caravanes, roulottes et autres résidences plus mobiles, un grand nombre d’habitats en dur édifiées sur la zone sont de véritables oeuvres artisanales et créatives utilisant une grande diversité de techniques architecturales, usant d’ingéniosité de circonstance et de matériaux à peu près gratuits : terre paille, terre crue, poutres et palettes, pneus, verre, pierre... Certaines maisons reposent à terre, sur pilotis, d’autres sont venus se nicher dans les arbres ou flotter sur l’eau. Nos logis sont sûrement plus joyeux et chaleureux que bien des résidences en série, eco-hlm et autres immeubles gris. Autour de ces habitats, la zad compte une vingtaine de nouveaux projets agricoles et maraîchers, mais aussi des espace collectifs pour faire de la radio, la fête, des cantines, fabriquer du pain, transformer du lait, coudre, lire, jouer, se soigner, réparer des vélos ou des voitures. Des habitant-e-s ou agriculteurs-trices "historiques", ayant fait le choix de résister aux expropriations et menaces d’expulsion vivent toujours là au coté du mouvement d’occupation. Nous sommes tous et toutes aujourd’hui des "habitants qui résistent".

Non, nous ne campons pas mais nous construisons, cultivons et inventons tout azimut des formes d’existences émancipatrices, malgré la menace permanente imposée par ceux qui veulent nous voir disparaître. Nous nous organisons depuis des années pour vivre dans le bocage au quotidien, pour faire obstacle à la présence policière et aux travaux engagés par Vinci. Beaucoup d’entre nous comptent bien rester ici après l’abandon du projet d’aéroport, et personne sur la zad ne décampera sans résister. Nous ne sommes pas ancrés à ces terres humides par quelques fragiles sardines mais bien par de solides amarres tressées de liens ingérables par la machinerie gestionnaire et marchande d’aménagement du territoire.


ps : Nous ne sommes pas les seul.e.s, dans les termes du pouvoir, à "camper", surtout lorsqu’il s’agit de nous expulser et de détruire nos habitats, que ceux-ci soient précaires ou bien enracinés. Nous souhaitons exprimer notre entière solidarité avec les autres "campeur-euses" et indésirables qu’ils souhaiteraient rayer de la carte : nomades, rroms, sans-logis ou sans-papiers."

mardi 21 janvier 2014, 
par zadist sur zad.nadir.org

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