"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 22 octobre 2009

L'état découvre la nature ... des problèmes


-Le Préfet, oct 09 : "Hé ! les gars, on vient d'inventer l'eau tiède !"

C'est en substance la situation, au combien burlesque, à laquelle on assiste en ce moment.

L'état, via son chargé des basses œuvres (le préfet), découvre qu'il y a un problème environnemental en Bretagne. Qu'il y a un problème dû à une pousse excessive d'algues vertes qui s'amassent sur les côtes et que cela peut poser un problème sanitaire. L'état découvre que les atteintes à l'environnement peuvent porter atteinte à l'humain français et non plus uniquement aux habitants de Lagos (ancienne capitale du Nigeria) dont tout le monde se fout éperdument pourvu que l'on ait tous notre I-Pod (pour ceux qui ne comprennent pas l'allusion, allez voir "le syndrome du Titanic").

L'état découvre que ces déséquilibres environnementaux sont dues à l'activité humaine. Wouah ! Quelle découverte !

Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous !

Oui certes, mais cela a un petit goût d'amertume quand on sait que cela fait des décennies que nous (les écolos) alertons les autorités sur les impacts sur l'environnement que peuvent avoir l'utilisation excessive de fertilisants (sans parler des pesticides et autres herbicides), en agriculture, et ce, trop près des rivières et du littoral alors que l'on a détruit les zones tampons qui pouvaient absorber nos excès avant que ceux-ci ne se retrouvent dans l'environnement sauvage et ne le déséquilibre.

Cela fait des décennies que l'on alerte les autorités pour demander une réorganisation de nos modes de productions pour allier production agricole, protection des milieux et des espèces, protections des emplois, etc... Bref cela fait des années que l'on demande, avant l'heure, une démarche de Développement Durable.

Mais cela fait aussi des décennies que l'on nous rit au nez. Que l'on nous prend pour de doux rêveurs, que l'on nous dit de laisser les gens sérieux travailler et d'aller jouer ailleurs.

Amère ? Oh que oui, mais inquiet aussi, car là je ne vous parle que des algues vertes en Bretagne, mais l'image de cette très, mais vraiment très tardive prise de conscience est à l'image des autres sujets que nous dénonçons depuis trop longtemps : baisse de la biodiversité, utilisation de pesticides, pollution des eaux et de l'atmosphère, pic pétrolier, mondialisation inhumaine, croissance sans conscience et bien d'autres choses encore.

Putain, qu'ils sont lent à la comprenette ces décideurs bien calés dans leurs sièges de cuir noir.

A cette mise en lumière de leur incapacité à comprendre quoi que ce soit d'un peu plus dense que la reprise de la consommation des ménages, ma crainte est qu'ils ne comprennent, enfin, l'enjeu climatique que dans 30 ans. Qu'ils ne comprennent cela que quand il sera, cette fois-ci, vraiment trop tard pour agir et que nous n'ayons plus que nos yeux pour pleurer.

Ainsi et comme pour alimenter mes craintes j'ai vu le résultat, décevant, de la rencontre, au Luxembourg ce 20 octobre, des ministres des finances des Vingt-Sept. Cette réunion, qui se voulait la dernière ligne droite avant les négociations sur le climat avant Copenhague, n'a pas réussi à mettre d'accord les représentants des pays de l'Union sur le montant et la répartition des efforts financiers qu'il faudrait que l'UE consacre afin de lutter contre les changements climatiques. Je crains donc que l'ensemble de l'humanité ne soit condamnée par des technocrates qui n'entendent pas, persuadés, au mieux, qu'ils défendent les intérêts de leur pays alors qu'il ne réalisent pas que celui-ci est lié - de par son appartenance à cette planète - au sort que nous réserverons au reste de l'humanité et aux conditions environnementales que nous préserverons ou non.

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