"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

vendredi 10 juin 2011

L’étalement urbain vers une catastrophe sociale et environnementale.

A l’heure du pic pétrolier qui s’annonce et de l’urgente nécessité de relocalisation des services et des productions, la loi Grenelle 2 aborde la question de l'étalement urbain et de l'artificialisation des sols sans pourtant fixer d'objectifs chiffrés. Pourtant, l'enjeu social, économique et environnemental est capital.

L’étalement urbain touche deux problématiques importantes à l’aube d’un pétrole trop cher pour maintenir en place notre modèle carboné: la mobilité des personnes et l’autonomie alimentaire.

Ainsi aujourd’hui 80 % des Français jugent que la voiture reste aujourd'hui un moyen de transport indispensable. Ce chiffre passe à 90 % pour les ruraux et les plus de 65 ans. Pourtant et c’est heureux dans ce monde organisé autour du tout voiture, cette dernière ne fait plus rêver… Seulement 30 % des personnes interrogées estiment qu'elle est un outil de plaisir. Depuis l'augmentation du prix des carburants, 56 % des sondés l'utilisent moins, 4 % envisagent même de s'en séparer. Il y a également ceux qui envisagent de déménager pour diminuer leurs dépenses de transports (4 %)… Les transports pèsent en moyenne pour 15 % du budget des ménages aujourd'hui. C'est le deuxième poste de dépense, avant l'alimentation.

Concernant l’alimentation, si l’on en croit Coline Serreau dans son film « Solutions locales pour un désordre global », aujourd’hui et avec les politiques agricoles mondialisées qui découragent la production vivrière de proximité, notre pays est entré dans une dépendance alimentaire dangereuse. Dépendance qui, si toute importation devenait impossible, entraine une autonomie de 2 jours de réserves alimentaires pour l’Ile-de-France et de 3 jours pour la France. Plusieurs causes à cela, dont la politique industrielle de l’agriculture qui a déconnecté les activités d’élevages, forestières et de cultures, autrefois intimement imbriquées en cycle de consommation/recyclage, et l’étalement urbain qui grignote l’équivalent d’un département français tous les dix ans

C’est ainsi que je ne me réjouis jamais quand je vois deçà-delà des panneaux, en plein milieu des champs, annonçant ici un nouveau lotissement ou bien encore là, la création d’une zone commerciale, temple de la consommation, peuplée de « boites à chaussures » qui rendent si laides, nos entrées de villes.

L’avenir n’est donc pas à l’utopique maison individuelle, pour tous, qui engendre individualisme, méfiance de l’autre et déplacements aux incompatibles émissions de Gaz à effet de Serre, mais bel et bien, à une reconcentration des citoyens dans les villes et les villages. Une reconcentration pour laisser la place à une agriculture de proximité, vivrière et biologique ainsi qu’aux mobilités douces, sources d’économies pour les ménages. En effet et par exemple le kilométrage annuel effectué en voiture passe de 6.000 km lorsque l’on habite en périphérie à 3.700 lorsque l’on habite en ville. La consommation annuelle de carburant passe de 474 litres à 298. Les émissions de gaz à effet de serre des ménages pour les déplacements baissent de 35 %.

Densifier l'habitat et créer une mixité des fonctions en ville


''L'idée qu'en s'installant loin du centre, on fait des économies est fausse, souligne Jean Sivardière, président de la FNAUT. Si en effet le foncier est moins cher en revanche les dépenses en chauffage et de transports sont plus élevées. Avec une hausse des prix de l'énergie, on s'oriente vers une catastrophe sociale''. Les dépenses d'énergie (habitat, transport) peuvent constituer jusqu'à 60 % du budget des ménages les plus pauvres aujourd'hui.

Si la loi Grenelle 2 inclut, dans les documents d'urbanisme, un objectif de ''consommation économe d'espace'' et une ''analyse de la consommation d'espaces naturels, agricoles et forestiers'', aucun objectif chiffré n'est donné. ''L'étalement urbain se poursuit'', relève Pierre-Yves Appert.

Pour la FNAUT, il faut densifier l'habitat autour des gares afin de concevoir un aménagement en étoile autour des axes de transport collectif, développer des contrats d'axe pour développer les nouveaux quartiers autour de nouvelles lignes de transport. ''Il faut également se méfier des idées reçues : densifier, ce n'est pas entasser les gens dans des immeubles. Les logements haussmanniens sont beaucoup plus denses que les tours du XXIIIè''. explique Jean Sivardière

La FNAUT préconise également de taxer plus fortement les logements inoccupés afin de favoriser leur remise sur le marché. 100.000 logements seraient libres à Paris, 6.000 dans une ville comme Grenoble.

Alors une fois de plus les signaux d’alertes sont au rouge, les experts relayés par les écologistes interpellent, mais les décideurs peinent à réaliser que cette lutte, contre l’étalement urbain, est également une priorité vitale à moyen terme. S’il fallait s’en convaincre il suffirait de regarder le projet mégalomaniaque du Grand Paris avec, notamment, l’aménagement du plateau de Saclay qui prévois le bétonnage de celui-ci, au détriment des terres agricoles et du bon sens (reconstruction de la fac d’Orsay sur le plateau plutôt que sa réhabilitation dans la vallée, par exemple). Alors pour calmer les esprits l’Établissement public Paris Saclay, chargé de l’aménagement du plateau, propose 2300 ha non urbanisables … sans dire que ces hectares comprendraient des parcelles non dédiées à l'agriculture comme par exemple les terres de l'aéroport de Toussus le Noble. La confrontation suicidaire et stupide entre alimentation et logement a encore de beaux jours devant elle.

Bruno BOMBLED, d’après Sophie Fabrégat (actu-environnement.com), Coline Serreau et Europe Ecologie – Les Verts
Photo : Henrick V. (actu-environnement.com)

2 commentaires:

Elisabeth a dit…

Une collègue de Gif me demandait ce midi "Comment tu fais pour vivre sans voiture ? Avec le magasin bio à Gometz, le bébé-gym à 6km, je pourrais pas."
Je lui ai répondu que j'habitais aux Ulis, que je marchais 5 minutes pour le magasin bio, 10 minutes pour emmener ma fille faire de la gym à l'Essouriau.

christophe a dit…

Ce qui est important c'est aussi de créer un environnement urbain apaisant et attrayant, avec des poches de verdures. A défaut, les gens chercherons à quitter la ville tous les week-end pour la campagne et ce que l'on aura gagné en énergie en densifiant la ville on le reperdra en transport. C'est ce que l'on appel l'effet barbecue.