"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

vendredi 27 novembre 2009

Climat : "Notre objectif n'est pas de faire peur aux gens"

Vint-six climatologues de renom ont publié, mardi 24 novembre, un document d'une soixantaine de pages, synthétisant les travaux publiés sur le réchauffement climatique publiés depuis le dernier rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat) en 2007. Parmi eux, Nathalie de Noblet, directrice de recherches au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE : UMR CEA-CNRS-UVSQ), explique les raisons de cette publication, à quelques jours de la conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique.

Pourquoi avez-vous publié Copenhagen Diagnosis ?

L'idée était de faire un état des lieux des recherches à l'intention des décideurs et de toutes les personnes intervenant à Copenhague. Il y a eu plusieurs centaines de papiers publiés depuis les trois dernières années et nous souhaitions donner tous les éléments aux décideurs afin qu'ils puissent prendre les meilleures décisions possibles, en toute connaissance de cause.

Que disent ces dernières études ?

Elles montrent que ce qui avait été prévu dans les derniers rapports du GIEC concernant les augmentations de gaz à effet de serre, les fontes des glaciers, le retrait de la glace des mers, la montée du niveau des mers, est en train de se produire sur la marge haute des prévisions que nous avions faites jusqu'à présent.

Est-ce une réponse aux climato-sceptiques ?

Non. Les climato-sceptiques font beaucoup de bruit pour rien. Ils n'avancent aucun argument scientifiquement valable. Et nous on dépense beaucoup d'énergie pour leur répondre. En tant que scientifiques, nous continuons à observer la nature, à la modéliser en sophistiquant nos outils qui prennent en compte de plus en plus de rétroactions. Plus nous les complexifions, plus nous nous rendons compte qu'il se passe des choses. Notre objectif est que les décideurs puissent réagir correctement face à ce qui se passe. Si nous voulions contrer les climato-sceptiques, nous ne ferions plus que ça et nous ne travaillerions plus. Leur dernière action, d'aller fouiller dans les e-mails de climatologues, prouve bien qu'ils n'ont pas grand-chose à se mettre sous la dent.

N'avez-vous pas peur d'être trop alarmiste ?

Alarmiste, c'est l'interprétation qu'on en fait. Nous, en tant que scientifiques, nous restons factuels. Nous mesurons, nous simulons, et nous donnons nos résultats avec la meilleure précision et le meilleur encadrement d'erreur possible. Après, l'interprétation qu'on en fait peut être alarmiste : ce qu'il faut voir, c'est qu'il se passe des choses dont on ne mesure pas forcément toutes les conséquences parce que nous n'avons pas tous les moyens d'évaluer les conséquences de nos actes. Je pense qu'il faut prendre des décisions puisque l'on sait qu'à la base de ça il y a l'action de l'homme. Il faut que les cerveaux des scientifiques se mettent en route pour lutter contre la production de gaz à effet de serre, que la société prenne conscience qu'elle émet des gaz à effet de serre et qu'elle ralentisse sa production.

Notre objectif n'est pas de faire peur aux gens. Notre objectif, c'est d'être objectifs, de travailler et de faire avancer la science. On n'a pas cherché à créer des problèmes. C'est l'observation de la Terre qui nous a fait voir qu'il se passait des choses. Après, chacun a son interprétation en tant que citoyen. Je pense qu'effectivement il se passe des choses importantes qui n'ont pas été observées dans le passé et que c'est important de voir comment on peut lutter pour contrer ces effets-là.

En tant que citoyenne, quel regard portez-vous sur la conférence de Copenhague ?

Je ne sais pas. J'estime que les scientifiques ont fait leur boulot. Idem pour les médias qui ont relayé l'ensemble des informations parues depuis le rapport du GIEC de 2007. Les décideurs ont donc tous les éléments qu'il faut pour réfléchir. Sur la partie décisionnelle, c'est quelque chose qui ne m'appartient plus. En tant que citoyenne, j'espère qu'il sortira quelque chose de cette conférence. Je pense que la prise de conscience des gens sur leur mode de vie est importante. Il sera également important de soutenir les gouvernements s'ils prennent des décisions car ces dernières seront certainement douloureuses au début pour les citoyens. Il faut que les citoyens soient prêts à accepter ça.

Propos recueillis par Raphaëlle Besse Desmoulières
LEMONDE.FR

1 commentaire:

Unknown a dit…

brunon, à quand un pamplet pour contrer les arguments des sceptiques ? je m'y essaierai bien mais j'ai bien peur de ne pas avoir ta plume !! ps: c pour quand le communiquer de la part de votre labo ? bon week end, bises !