Présent, avec 40.000 manifestants lors du week-end de "réoccupation" du site du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le paysan du Larzac, devenu député européen en appelle à François Hollande. Il réclame, avec les autres élus d'Europe Ecologie, la nomination d'un médiateur "pour tout remettre à plat".
A la veille du rassemblement de Notre-Dame-des-Landes, François Hollande a parlé de "la force du droit et de la primauté de la volonté" pour justifier la construction du futur aéroport. Que lui répondez-vous ?
Je pense que François Hollande a commis une erreur politique en montant au créneau. Il l'a fait sans doute pour soutenir Jean-Marc Ayrault. Mais je pense que le rôle du chef de l'Etat doit être, en nommant un médiateur, de préserver une porte de sortie, y compris à son premier ministre. Il faut tout remettre à plat sur ce dossier mal engagé : les nuisances, l'aménagement du territoire, les atteintes à l'environnement. Le choix à la fois de la construction de l'aéroport et de ce site ont été faits il y a quarante ans dans un autre contexte économique. J'espère donc que la position de Hollande n'est pas définitive et qu'il saura entendre les arguments, légitimes, des opposants.
Est-ce vraiment un nouveau Larzac, comme on l'a beaucoup écrit ?
Il y a beaucoup de similitudes entre ces deux luttes. D'abord le noyau dur des paysans qui refusent les expropriations à Notre-Dame-des-Landes est constitué des anciens paysans-travailleurs de Loire Atlantqiue qui, avec Bernard Lambert dans les années 70, avaient soutenu les paysans du Larzac. Ensuite, nous nous trouvons face au même rouleau compresseur : l'utilité publique du projet ne se discute pas, la disparition de terres agricoles, le chantage à l'emploi avec les arguments soit-disant économiques, l'usage des forces de l'ordre, etc.
L'alliance jeunes squatters – paysans vous paraît-elle durable sur le site de Notre-Dame-des-Landes, notamment sur l'usage de la non violence comme moyen d'action ?
Au Larzac, il n' y avait pas eu autant d'installation sur le territoire convoité par l'armée car nous étions éloignés des grands centres urbains. Là, le site de Notre-Dame-des-Landes est seulement à une vingtaine de kilomètres de Nantes, donc il y a plus d'installations. Pour la plupart, ce sont des jeunes qui sont venus il y a trois ans, qui ont passé deux hivers et qui ont su tissé des liens avec les paysans et les riverains. Cette jonction de générations et de milieux différents est la condition même du succès de ce combat car la question de la construction d'une stratégie d'action non violente doit se poser en permanence. L'élargissement de la lutte en dépend, mais avec 40.000 personnes présentes pacifiquement sur le site le week-dernier, c'est plutôt bien parti.
Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, a déjà dit que les constructions illégales seraient de nouveau démontées par les forces de l'ordre.
Manuel Valls devrait bien regarder son dossier. Toutes les constructions provisoires du week-end ont été faites sur des parcelles appartenant à des agriculteurs et donc, d'un point de vue juridique, non expulsables pour le moment. Et cela tant que tous les recours contre les expropriations n'ont pas été tranchées par la justice. Et puis, il y a aussi les recours à propos du respect de la loi sur l'eau. La solution ne viendra donc pas des CRS mais d'une décision politique, comme François Mitterrand avait su le faire pour le Larzac. De notre côté, nous continuerons la mobilisation – pourquoi pas une grande manifestation sur le site durant l'été 2013 – pour convaincre l'Etat que, sur ce dossier, il fait fausse route.
Source : La Vie
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