"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

lundi 26 novembre 2012

Climat. «Il sera bientôt trop tard»

Le climatologue Jean Jouzel a été l'un des premiers à alerter l'opinion sur le réchauffement de la planète. Ce qui lui a valu de partager, avec Al Gore, le prix Nobel de la Paix. Vice-président du GIEC, il sera présent à Doha où s'ouvre aujourd'hui, et jusqu'au 7 décembre, la conférence sur le climat de l'ONU. La conférence de Doha sera tournée vers deux objectifs centraux : avancer vers l'accord de réduction les émissions mondiales de gaz à effet de serre attendu pour 2015 pour une entrée en vigueur en 2020, en planifiant les grandes étapes, et préserver le protocole de Kyoto, seul outil juridique contraignant. Ambitions frileuses pour le Réseau action climat (RAC) qui considère qu'"il est hors de question d'attendre les bras croisés un accord adopté en 2015 et appliqué à partir de 2020. les gouvernements de la planète doivent accroître leur niveau d'action et d'ambition avant 2020 et établir une feuille de route claire, avec des échéances chaque année, en vue d'un texte ambitieux « prêt à signer » en 2015"


La lutte contre le réchauffement climatique semble être en panne. Est-ce aussi votre avis?
Oui. Tous les rapports qui sortent en ce moment montrent que l'on n'est pas sur la bonne trajectoire. Tous les pays se sont, d'une certaine façon, accordés pour empêcher que le réchauffement dû aux activités humaines ne dépasse pas 2°C d'ici la fin du siècle. Or, on n'en prend pas la route. On sait déjà qu'en 2020, on aura 15% d'émissions en trop pour atteindre cet objectif.

Il y a donc urgence...
Oui. Si on n'agit pas au cours de cette décennie, il sera trop tard. C'est maintenant qu'il faut agir. On n'arrête pas le dire mais il y a un certain scepticisme vis-à-vis de la communauté des climatologues. On nous dit: attendons de voir, est-ce que ça va vraiment se réchauffer ou pas? Même si on n'a seulement que deux ou trois dixièmes de degré supplémentaires dans une dizaine d'années, les gens s'en rendront compte. Et à ce moment-là, ils nous demanderont: pourquoi ne l'avez-vous pas dit, alors que l'on n'arrête pas de le faire.

On assiste régulièrement à des phénomènes climatiques extrêmes. Est-on certain qu'ils sont liés au réchauffement climatique?
On ne veut pas aller trop vite pour attribuer tel ou tel évènement au réchauffement climatique. On préfère prendre notre temps. Il faut un peu de recul mais c'est vrai que pour Sandy, il y a effectivement des études qui montreraient un lien avec le réchauffement de l'océan. C'est un type d'événements qui risque de devenir plus intense. Cela donne, en tout cas, une vision de ce que pourraient être les dégâts liés au changement climatique. On voit bien que dans ce cas-là, se protéger avec une digue, ça ne servirait à rien. Ce cyclone a, au moins, eu le mérite de le faire comprendre.

Le rapport de la Banque mondiale évoque un réchauffement de quatre degrés d'ici 2060. N'est-ce pas, quand même, un peu trop alarmiste?
C'est un scénario extrême mais que l'on ne peut pas exclure. Les émissions deCO2 n'ont jamais augmenté aussi rapidement qu'au cours de ces dix dernières années. Même si ce risque est plutôt pour 2100, quatre degrés, en moyenne globale, c'est énorme. Ça veut dire peut-être 5-6 degrés en France. On rappellera juste, pour mesurer les conséquences d'un tel réchauffement, que 6°C, c'est l'équivalent d'un passage glaciaire-interglaciaire.

Pour bien faire, de combien faudrait-il réduire les émissions de CO2?
C'est très clair: il faut qu'en 2020, le niveau des émissions commence à redescendre. Qu'elles soient divisées par deux par rapport au niveau de 1990, c'est-à-dire au moins par trois en 2050 par rapport au niveau actuel, si on veut avoir une chance de rester en dessous des deux degrés supplémentaires.

Cela vous paraît-il possible?
Techniquement, c'est possible. Mais plus on attendra, plus ce sera difficile et plus cela coûtera cher de basculer vers une société sobre en carbone. Économiquement, c'est un mauvais choix de retarder l'action. J'ai du mal à comprendre cet immobilisme et cet égoïsme de nos générations par rapport à ce risque énorme.

Qu'attendez-vous de la conférence de Doha?
On attend un véritable lancement de la deuxième phase du protocole de Kyoto. Il faut commencer à penser à l'après 2020. Que tous les pays acceptent une certaine forme de contraintes sur leurs émissions de CO2. L'idée forte de Doha, c'est de lancer, sur un bon rythme, des négociations pour aboutir à un accord en 2015.

Pessimiste ou optimiste finalement?
J'ai longtemps été optimiste et je le reste. Mais je crains que l'objectif des deux degrés ne soit pas respecté. On aura beaucoup de mal à rester en dessous.

Propos recueillis par Yvon Corre

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Bruno BOMBLED : C’est avec le plus immense intérêt que l’on écoutera le discours de l’incomparable ministre de l’écologie, Delphine Batho, à Doha (Prochaine Conférence des Nations unies sur le changement climatique qui se déroulera du 26 novembre au 7 décembre). Gageons qu’elle ne manquera pas de souligner combien la France est en pointe dans la lutte contre le changement climatique même en poursuivant le projet à Notre Dame des Landes où bien la relance de l'économie par la consommation ... mais maintenant on sait  tous que les socialistes ont la recette pour offrir la solutions aux problèmes en proposant de vielles solutions sans émissions de Gaz à Effet de Serre !!!

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