"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

vendredi 19 juin 2009

Vers une loi contre la burqa ?

Attention à la remise en cause des libertés individuelles.

Attention aux lois qui, sous prétexte que se soit pour notre bien, restreignent le champ de notre libre arbitre. En effet, même si notre libre arbitre nous détruit, nous devons être libres de gérer notre vie comme bon nous semble. Doit-on interdire la cigarette, l'alcool, le sexe non protégé, la voiture, les avions et l'industrie qui provoquent le réchauffement climatique etc. ? En est-il de même du projet de légiférer sur le port de la burqa ?

En préambule je tiens à dire que je n'ai aucune sympathie pour tout ce qui est voile. J'ai toujours un pincement au cœur quand je croise une femme, dans la rue, qui n'est qu'un fantôme noir dénuée de toute humanité. J'ai beaucoup de peine face à une loi religieuse qui cache la beauté. Regarder la beauté n'est pas pécher, bordel !

Maintenant et pour ouvrir la réflexion voici ce que je dis toujours à mes enfants (ils sont en primaire). Je leur dis que pour faire un choix citoyen, dans la vie, il faut se poser trois questions :

  • Cela est il dangereux (physiquement ou législativement) pour moi ?
  • Cela est-il dangereux pour les autres ?
  • Cela me fait-il plaisir de le faire ?

Ainsi, si l'on répond de façon satisfaisante à ces trois questions alors on peut faire ce que l'on souhaite et personne n'a rien à y redire. Pour illustrer cette méthode je leur prends l'exemple de la drogue, et je leur demande de se poser ces questions. Ils me répondent, alors, qu'en effet pour l'une au moins, la bonne réponse n'est pas validée. Ils en déduisent donc qu'il n'est donc pas bon de se droguer.

Peut-on appliquer cela au port de la burqa pour débuter une réflexion moins crispée ? Oui, je le pense.
  • Porter la burqa est-il dangereux pour ma vie ? Non.
  • Cela est-il dangereux pour les autres ? Non.
  • Cela me fait-il plaisir ? Plaçons nous dans le cas d'un libre choix, alors la réponse peut être, Oui.

Les conditions principales étant validées, je n'ai rien à y redire.

Malgré tout, est-on sûr que cela est un choix personnel pour toutes ? Rien ne l'est moins. Mais je n'ai aucun moyen de savoir si les femmes qui portent ces vêtements le font de leur propre initiative ou sous la pression familiale. Dès lors je ne peux rien dire, n'étant pas mandaté par quiconque pour venir en aide à de quelconques femmes soumises contre leur grès à une tradition qui n'est pas la mienne et qui n'ont manifestées aucun désir d'être aidée. On ne peut aider que ceux qui souhaitent l'être ou ceux qui sont en danger. Il en est de même, à mon sens, pour le législateur qui ne peut légiférer à partir d'à priori ou parce que cela dérange la pensée collective.

Puis ensuite, comme je le disais plus haut, attention aux lois liberticides, car si l'on va par là et que l'on commence à légiférer sur les vêtements qu'es-ce qui nous garantie que l'on pourra ensuite se vêtir comme l'on souhaite à l'avenir ? Car en effet chacune de nos actions est potentiellement choquantes pour autrui, il en est ainsi de nos propres habitudes vestimentaires. Un ventre à l'air ou un pantalon qui tombe peut choquer une mère catho bien pensante. Faudra-t-il interdire ces pratiques ? Il faudrait aussi interdire les capuches qui donnent des airs de voyous et qui font peur aux passants. A mon époque aurions nous légiféré pour que j'ôte mon blouson noir, mes jeans troués et mes tiagues car je faisais mauvais garçon alors que je ne faisais de mal à personne ? Il faudra aussi interdire les jupes bleues plissées et corsages blancs des versaillaises car cela discrimine les cathos. Bref légiférer là-dessus est à manier avec précaution. C'est la boite de pandore.

Il n'en reste pas moins que ces vêtements, ostensiblement religieux, portent sur eux le symbole fort d'une prison portative ne permettant pas la découverte de l'autre … gage de paix civile.

Enfin et pour finir le seul point de vue que je peux donner est celui de l'homme occidental respectueux des femmes (ma mère, ma sœur, mon épouse, mes collègues, mes voisines et toutes mes concitoyennes) que je prétends être. Ainsi, d'un point de vu purement masculin, je trouve que cette tendance, à vouloir se cacher des regards des hommes, est humiliante et injurieuse pour nous. Car en effet l'idée qu'il y a derrière les burqas et autres tchadors c'est la volonté de se cacher du regard avide et concupiscent des hommes. C'est donc considérer tous les hommes comme des voyeurs en puissance, des violeurs potentiels, des pervers permanents. En tant qu'homme je me sens donc insulté et je n'aime pas cela du tout, ce qui ne me pousse pas, in fine, à vouloir défendre ces pratiques vestimentaires.

4 commentaires:

souklaye.sylvain a dit…

À l’épreuve de l’idéal
Depuis que la boîte à dépêches autorise les jugements préventifs et les exécutions numériques, le libre arbitre n’est plus un préalable, mais une excuse.
Le trop de temps à perdre gagne par abandon de l’adversité et par mimétisme du divertissement.
Quand les choses reflètent plus les gens qu’elles ne les relatent, les faits divers concèdent aux croyances populistes l’inutilité d’un raisonnement isolé.
La suite ici
http://tiny.cc/UguLg

Bruno BOMBLED a dit…

?!?!

Boggy a dit…

Belle logorrhée de notre ami sylvain.
Inutile d'ajouter que l'intelligence participative encourage l'attrait avéré de progresser dans la direction d'une focalisation qui se traduit par un choc de méfiance. Pour ma part, j'ai depuis longtemps défendu l'idée que la dynamique vertueuse contraint la plupart d'entre nous à repenser les fondements d'une décroissance tangible du nombre d’individus dans la fatalité.
Amitiés.

JC GUILLOU a dit…

Bruno, encore une opinion bien ecrite en pleine de bon sens et de tact. J'aime bien ton approche pour expliquer aux enfants.

Sujet difficile en effet.

Maintenant si je me ballade tout nu ou si je tiens ma femme en laisse.. ca n'est pas dangereux ni pour moi ni pour les autres, ca me fait plaisir (et prenons l'hypothese tres tres hypothetique que ma femme aussi). Donc je rentre dans tes criteres. Ce qui est acceptable ou pas est decide par des annees de tradition et quelque part fait partie de l'identite nationale (j'ai fait expres !!).

Si les gens veulent se voiler moi ca ne me gene pas (bien sur quand je vois ces phantomes cela fait quelque chose) et comme tu dis il est difficile de savoir si ce sont des pressions familiales, un acte de rebellion ou un reel choix (a part un canon qui se fait harceler je ne vois pas bien l'interet).

En legiferant on crie haut et fort que la france est un pays seculaire et que le fondamentalisme n'a pas lieu d'etre... c'est bien. Mais aussi on stygmatise un extremisme lattant et on risque fort de voit les burqua se multiplier .. par reactions.
De plus il sera pratiquement impossible d'appliquer la loi...

Je ne comprends pas que nos politiciens n'est pas choisi d'etre malin en tournant cette loi de facon securitaire. Chaque citoyen doit etre identifiable. Essaye de descendre dans la rue avec un cagoule et des vetements amples et d'aller au commercant du coin.. il vont tous croire a un hold up.
Comme pour le PACS qui a ete tourne en pacte entre 2 personnes alors qu'il s'agissait d'une mesure pour les homos... pour la Burkha passer par la securite aurait ete plus facile meme si personne n'aurait ete dupe..