"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

lundi 24 février 2014

Notre Dame des Landes s'invite à Nantes

Ce samedi, François HOLLANDE était au salon de l’agriculture. Passage obligé pour tout Président qui veut redorer son image en brossant dans le sens du poil vaches, agriculteurs industriels et ... patrons de l'agrochimie. Passage obligé pour nous renvoyer une image pleine d’humanité ... mais gare aux miroirs aux alouettes !!! Car pendant ce temps-là, beaucoup (100 000 ha/an) de terres agricoles disparaissent sous le bitume des politiques menées !

Ce même samedi, à Nantes, 500 tracteurs accompagnés de 50 000 personnes de tous ages, des familles, des enfants venant de toute la France, se sont rassemblés pour exprimer leur opposition à la disparition des terres, à la destruction du climat et à la fuite en avant de notre monde au profit de projets démontrés comme étant inutiles, au profit des multinationales et des bétonneurs. 50 000 personnes rassemblées en [...] "une étape notable dans l’histoire de la lutte contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Mais les médias institués n'auront retenu que l’aspect spectaculaire de la confrontation de plusieurs centaines de provocateurs, venus pour en découdre, avec les forces de police."[...] (Hervé KEMPF)

[...]"Au demeurant, les lieux détruits auront été précisément choisis : un bureau de la société Vinci, et deux agences de voyage, l’une de la SNCF (contre le projet Lyon-Turin), et l’autre de Nouvelles frontières (qui promeut des voyages en avion). Il n’y a pas eu de destruction généralisée, de volonté de saccage, de pillage. Les destructions avaient un sens politique, comme l’ont été le tagage d’un commissariat ou de l’hôtel de ville ou la destruction de deux engins de chantier. En même temps, il y a eu volonté de provoquer gendarmes et CRS, massivement présents dans la ville, avec jets de projectiles, fusées, et bientôt pavés de la ligne de tramway, tandis qu’un bureau de cette ligne était incendié.[...] (Hervé KEMPF)

Dès lors que penser de cela ? Rappelons-nous que Gandhi disait qu'entre la violence et la non-violence il préférait la non-violence, mais qu'entre la violence et la lâcheté, il préférait la violence. Ainsi je pense qu'il y a des violences légitimes - mais ultimes qui sont toujours un constat d'échec - qui s'imposent d'elles même, cela s'appelle protéger sa famille ou sa vie contre une agression immédiate, cela s'appelle la résistance au nazisme, cela s'appelle protéger les terres et les habitats alternatifs de Notre Dame des Landes de la destruction policière. Mais cette violence-là porte un noble nom qui est la défense du plus faible et de l'innocent. Mais à Nantes, ce samedi, il n'était pas question de défense. Il n'était pas question d'urgence. Il n'était pas question de résistance. Lutter sur la ZAD cela se conçoit aisément mais sur Nantes ?!?!, au-delà du ciblage politique relevé par Hervé KEMPF, cela n'avait aucun sens qui fasse grandir la cause, même si.[...] au final, la ville de Nantes n’a pas été mise à feu et à sang, et que dès samedi soir, rue de Strasbourg, les voitures des fêtards réoccupaient les trottoirs sans inquiétude"[...] (Hervé KEMPF)

Cela n'a pas empêché, le lendemain, J-M Ayrault de condamner la manifestation de Nantes ?!?! Que condamnait-il exactement ? La manifestation légale, joyeuse, citoyenne, pacifique et responsable ou les casseurs ? Ou bien l'ensemble ? Si c'est cela je dénonce le manque de discernement de ce monsieur car manifester est encore un droit fondamental dans notre pays. De son côté Manuel Valls s'est, une fois de plus, déshonoré en reprochant aux organisateurs de la manifestation pacifique de ne pas avoir su maîtriser les casseurs et les black-blocks alors qu'aucune association pacifique n'est en mesure de maîtriser ces casseurs organisés et ultra-mobiles. C'est à Manuel Valls de faire régner l'ordre et de protéger tous les citoyens qu'ils manifestent ou non.

En vérité je vous le dis, n'oublions jamais qui sont les vrais responsables des violences. A l'évidence le gouvernement qui agresse et met à mal notre durabilité, via Vinci, là-bas, à Notre Dame des Landes, mais aussi ici et ailleurs avec sa politique anti-écologique. A l’évidence le gouvernement qui reste sourd à la contestation anti-aéroport mais qui cède aux lobbys de tout bord, favorisant une certaine forme de colère. A l'évidence le gouvernement qui provoque en disposant ses forces de l'ordre de façon ultra-visible (mur métallique) alors que, d'ordinaire, elles savent se faire discrètes afin de ne pas enflammer les esprits. Un gouvernement qui ne protège pas les symboles de Vinci alors qu'à Paris, lors de la manif du 10 novembre 2012, chaque parking ou bureau Vinci l'était par des cordons de CRS et qui "fige le dispositif policier" avec une "étonnante passivité des ordres reçus" selon le communiqué du 23 février du syndicat Alliance Police Nationale. A l’évidence le gouvernement qui laisse faire des casseurs espérant les instrumentaliser afin de pourrir et de saper de l’intérieur un mouvement solidaire qui ne faibli pas. Un préfet qui modifie le parcours, à la dernière minute, interdisant le cours des 50 Otages, lieu traditionnel des manifestations Nantaises puis qui qualifie les opposants écologistes de "vitrine légale d'un mouvement armé". A l'évidence un gouvernement qui n'aura pas réussi à renverser, en sa faveur, l'opinion publique qui demande encore et toujours, à plus de 55 %, l'arrêt du projet. A l'évidence le président PS de la région Pays de la Loire, Jacques Auxiette, qui demande officiellement, dans un courrier va-t-en-guerre et "très outranciers" (J-P Magnen, vice-président écologiste des Pays de la Loire), adressé à François Hollande, l'évacuation de la ZAD abusivement qualifiée de "base arrière pour des groupes radicaux, violents et armés à 30 km de Nantes.". Oui à l'évidence tous ces braves gens si responsables, aux costumes bien sages et bien sombres, ces responsables bien aux ordres de Vinci, favorisent une certaine forme de colère. De notre coté nous faudra-t-il nous déguiser en pigeons ultra-libéraux et capitalistes, coiffés d'un bonnet rouge puis brûler un portique d'éco-taxe ou le parlement de Bretagne pour nous faire entendre ? Le risque est là.

En attendant et en ce qui me concerne, je retiendrais que ce même samedi, à Nantes, il y avait 500 tracteurs accompagnés de 50 000 personnes qui se sont rassemblés pour dire, sans aucune ambiguïté, NON, NON et encore NON au projet d'Ayraultport !!! Ce même samedi, à Nantes il n'y avait pas que des casseurs et des forces de l'ordre, il y avait, aussi et surtout, 500 tracteurs accompagnés de 50 000 personnes rassemblés dans la joie, la paix et l'allégresse. Ce même samedi, à Nantes, il y avait moi, heureux d'avoir marché avec Etienne, Christine, Anne, Thierry, Claire, Jean-Vincent, Martine, Eric. Content d'avoir pu rencontrer Catherine et Elen. Heureux de participer à une belle manif joyeuse aux cotés de Karima, Julien, Yannick, Eva et José.


Que cet article soit dédié à Quentin 
gravement blessé durant la manifestation.
Il était devant le CHU, sans arme ni cagoule.
Qu'il reçoive toute mon amitié.

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