Très récemment, je me suis pris de passion pour une série télévisée américaine nommée « Walking dead ». Mais me direz-vous...comment peut-on être aussi intéressé par l'histoire d'un policier américain affublé d'un costume ridicule qui tente de survivre avec quelques compagnons d'infortune au milieu d'un pays peuplé de zombies ?! Et pourtant ! Une fois dépassé le premier degré, on s'aperçoit rapidement que ce téléfilm (du moins pour la première saison, la seule que j'ai vue pour l'instant) recèle de quantités de symboles porteurs de sens.
En premier lieu, l'action se situe à notre époque, dans une Amérique ravagée par les zombies. Nul ne sait d'où vient ce mal, la seule certitude est que l'immense majorité de la population a été « zombiphiée » et que seuls quelques survivants ont échappé à ce mal. En revanche, on apprend très rapidement que les zombies sont des humains qui voient leur cerveau primaire se réactiver quelques heures après leur mort, ce qui les pousse dans une quête incessante de nourriture (situation particulièrement absurde...puisqu'ils sont morts !). Le seul moyen de se débarrasser d'eux est donc de détruire leur cerveau (du moins ce qu'il en reste). Les zombies pris individuellement sont lents et stupides et ne représentent finalement pas un grand danger. Ce qui fait leur force, c'est leur nombre : rien de résiste à une vague de zombies. Et c'est là que la symbolique prend forme. En effet, les zombies sont une virulente critique de la société de consommation, c'est une façon de nous représenter, de faire passer le message que tout un chacun, individuellement comme collectivement, poussé par une intarissable soif de consommation, se comporte comme eux. C'est une façon puissante de dire que l'homme moderne est devenu un être désincarné mu uniquement par un désir sans fin de consommation et que cette quête sans aucun sens est destructrice.
Il ressort de ce film que la lutte contre le consumérisme exacerbé est non seulement une lutte de tous les instants (baissez la garde et vous serez mordu) mais aussi un combat intérieur. Ainsi, nous pouvons suivre durant quelques épisodes deux sœurs dont l'une finit par se transformer en zombie le jour de son anniversaire (elle s'est faite mordre la veille au cours d'une attaque) alors que sa sœur lui passe autour du cou, en guise d'ultime cadeau, un pendentif représentant un sirène. Cette abomination prend fin après que sa sœur lui tire une balle dans la tête non sans lui dire qu'elle l'aime et qu'elle lui demande pardon. Il est parfaitement possible de voir ces deux sœurs comme les deux faces d'une seule et même personne, à l'instar du dieu romain Janus, se livrant bataille et qui nous délivre comme message que, même si elle est attachante, il faut, s'il on veut survivre, se débarrasser de cette partie mortifère de nous-même qui a cédé aux tentations du consumérisme symbolisées ici par la sirène et par l'anniversaire (fête matérialiste, s'il en est).
En second lieu, le héros est aussi un personnage symbolique fort. Avant le drame, c'est un wasp, policier de métier en proie au doute et aux difficultés de couple. Lors d'une arrestation qui tourne mal, il est grièvement blessé et tombe dans le coma. Il est alors hospitalisé et se retrouve, à son réveil, dans ce monde cauchemardesque. Il est pour moi évident que ce réveil symbolise la prise de conscience d'un individu face à l'absurdité de la société de consommation. Cette renaissance est symbolisée par une scène angoissante et très forte : le héros sort de l'hôpital par un escalier plongé dans le noir qui débouche sur une issue de secours. A l'ouverture de la porte, il est littéralement aveuglé par la lumière du jour et se retrouve tel un nouveau-né sans défense, plongé dans un monde violent dont il ignore tout.
Il est intéressant de noter que le héros est le plus souvent habillé d'un costume de policier. Ce n'est pas innocent car il symbolise ainsi l'ordre et la justice. Ceci est si vrai que dès qu'il quitte son costume, il redevient alors terriblement humain : il doute et se saoule. Toujours est-il que cet homme ordinaire, dans cet environnement hostile et avec l'aide d'un petit groupe d'êtres humains, va se transformer en figure christique et réussir à survivre grâce à certaines valeurs qui fondent notre humanité.
Dès lors le message est clair : il est des valeurs qui constituent un rempart à la « lobotomisation » générale et sont comme un guide pour nous aider à garder le cap, malgré nos faiblesses et les difficultés rencontrées. Ce sont elles que ce téléfilm va chercher à mettre en lumière
Ainsi par exemple, l'une de ces valeurs cardinales est la solidarité : les membres du groupe ont tous bien à l'esprit que l'espérance de vie d'un homme seul au milieu des zombies est très limitée. La survie de chacun passe donc nécessairement pas le groupe ; dès lors il est impératif d'en protéger chaque membre ce à quoi chacun s'y emploie avec plus ou moins de succès tout au long des épisodes.
Sur cette valeur se greffe celle de l'antiracisme. Ainsi, à sa sortie de l'hôpital, le héros est pris en charge par un homme et son jeune fils, noirs, qui après l'avoir pris pour un zombie le libèrent une fois qu'ils comprennent que c'est un survivant comme eux. Autrement dit, c'est un noir qui par son aide initiale, permet à un homme symbolisant les valeurs les plus justes de survivre. Comment ne pas voir ici une référence à l'histoire esclavagiste américaine et la reconnaissance faite à ces générations de noirs qui, par leur travail et leur condition, ont permis à l'Amérique de se développer et devenir ce qu'elle est aujourd'hui ? Et comment ne pas être touché par cette inversion qui voit l'homme noir libérer l'homme blanc de ses entraves ? N'est-ce pas là un moyen de reconnaître la dette qu'ont les USA à l'égard de noirs ? N'est-ce pas aussi un moyen de remercier et de rendre grâce à ceux qui ont lutté contre l'esclavagisme et la discrimination et de reconnaître qu'en se libérant ils ont aussi rendu leur dignité et leur liberté aux blancs ? Ce message contre le racisme est aussi présent dans le groupe de survivants. En effet, celui-ci est constitué de blancs, de noirs, d'hispaniques, d'asiatiques : il se veut représentatif du melting-pot américain et ce n'est pas un hasard si le méchant du groupe se révèle être une sorte de hell's angel blanc et raciste. Enfin, ce melting-pot a aussi pour intérêt de montrer que ce combat ne concerne pas que les occidentaux mais qu'il est mondial.
Tout au long des épisodes, d'autres valeurs sont mis en exergue comme celle du féminisme et de la résistance à l'oppression machiste, la responsabilité individuelle et la liberté de faire ses propres choix, le respect de la parole donnée, etc..
Ce téléfilm, qui reprend le mythe fondateur de la conquête de l'ouest, est pour moi enthousiasmant car il témoigne d'un monde nouveau qui tente, sur une planète en plein bouleversement, de se refonder sur des valeurs modernes et progressistes auxquelles je ne peux qu'adhérer.
Christophe BOMBLED
En premier lieu, l'action se situe à notre époque, dans une Amérique ravagée par les zombies. Nul ne sait d'où vient ce mal, la seule certitude est que l'immense majorité de la population a été « zombiphiée » et que seuls quelques survivants ont échappé à ce mal. En revanche, on apprend très rapidement que les zombies sont des humains qui voient leur cerveau primaire se réactiver quelques heures après leur mort, ce qui les pousse dans une quête incessante de nourriture (situation particulièrement absurde...puisqu'ils sont morts !). Le seul moyen de se débarrasser d'eux est donc de détruire leur cerveau (du moins ce qu'il en reste). Les zombies pris individuellement sont lents et stupides et ne représentent finalement pas un grand danger. Ce qui fait leur force, c'est leur nombre : rien de résiste à une vague de zombies. Et c'est là que la symbolique prend forme. En effet, les zombies sont une virulente critique de la société de consommation, c'est une façon de nous représenter, de faire passer le message que tout un chacun, individuellement comme collectivement, poussé par une intarissable soif de consommation, se comporte comme eux. C'est une façon puissante de dire que l'homme moderne est devenu un être désincarné mu uniquement par un désir sans fin de consommation et que cette quête sans aucun sens est destructrice.
Il ressort de ce film que la lutte contre le consumérisme exacerbé est non seulement une lutte de tous les instants (baissez la garde et vous serez mordu) mais aussi un combat intérieur. Ainsi, nous pouvons suivre durant quelques épisodes deux sœurs dont l'une finit par se transformer en zombie le jour de son anniversaire (elle s'est faite mordre la veille au cours d'une attaque) alors que sa sœur lui passe autour du cou, en guise d'ultime cadeau, un pendentif représentant un sirène. Cette abomination prend fin après que sa sœur lui tire une balle dans la tête non sans lui dire qu'elle l'aime et qu'elle lui demande pardon. Il est parfaitement possible de voir ces deux sœurs comme les deux faces d'une seule et même personne, à l'instar du dieu romain Janus, se livrant bataille et qui nous délivre comme message que, même si elle est attachante, il faut, s'il on veut survivre, se débarrasser de cette partie mortifère de nous-même qui a cédé aux tentations du consumérisme symbolisées ici par la sirène et par l'anniversaire (fête matérialiste, s'il en est).
En second lieu, le héros est aussi un personnage symbolique fort. Avant le drame, c'est un wasp, policier de métier en proie au doute et aux difficultés de couple. Lors d'une arrestation qui tourne mal, il est grièvement blessé et tombe dans le coma. Il est alors hospitalisé et se retrouve, à son réveil, dans ce monde cauchemardesque. Il est pour moi évident que ce réveil symbolise la prise de conscience d'un individu face à l'absurdité de la société de consommation. Cette renaissance est symbolisée par une scène angoissante et très forte : le héros sort de l'hôpital par un escalier plongé dans le noir qui débouche sur une issue de secours. A l'ouverture de la porte, il est littéralement aveuglé par la lumière du jour et se retrouve tel un nouveau-né sans défense, plongé dans un monde violent dont il ignore tout.
Il est intéressant de noter que le héros est le plus souvent habillé d'un costume de policier. Ce n'est pas innocent car il symbolise ainsi l'ordre et la justice. Ceci est si vrai que dès qu'il quitte son costume, il redevient alors terriblement humain : il doute et se saoule. Toujours est-il que cet homme ordinaire, dans cet environnement hostile et avec l'aide d'un petit groupe d'êtres humains, va se transformer en figure christique et réussir à survivre grâce à certaines valeurs qui fondent notre humanité.
Dès lors le message est clair : il est des valeurs qui constituent un rempart à la « lobotomisation » générale et sont comme un guide pour nous aider à garder le cap, malgré nos faiblesses et les difficultés rencontrées. Ce sont elles que ce téléfilm va chercher à mettre en lumière
Ainsi par exemple, l'une de ces valeurs cardinales est la solidarité : les membres du groupe ont tous bien à l'esprit que l'espérance de vie d'un homme seul au milieu des zombies est très limitée. La survie de chacun passe donc nécessairement pas le groupe ; dès lors il est impératif d'en protéger chaque membre ce à quoi chacun s'y emploie avec plus ou moins de succès tout au long des épisodes.
Sur cette valeur se greffe celle de l'antiracisme. Ainsi, à sa sortie de l'hôpital, le héros est pris en charge par un homme et son jeune fils, noirs, qui après l'avoir pris pour un zombie le libèrent une fois qu'ils comprennent que c'est un survivant comme eux. Autrement dit, c'est un noir qui par son aide initiale, permet à un homme symbolisant les valeurs les plus justes de survivre. Comment ne pas voir ici une référence à l'histoire esclavagiste américaine et la reconnaissance faite à ces générations de noirs qui, par leur travail et leur condition, ont permis à l'Amérique de se développer et devenir ce qu'elle est aujourd'hui ? Et comment ne pas être touché par cette inversion qui voit l'homme noir libérer l'homme blanc de ses entraves ? N'est-ce pas là un moyen de reconnaître la dette qu'ont les USA à l'égard de noirs ? N'est-ce pas aussi un moyen de remercier et de rendre grâce à ceux qui ont lutté contre l'esclavagisme et la discrimination et de reconnaître qu'en se libérant ils ont aussi rendu leur dignité et leur liberté aux blancs ? Ce message contre le racisme est aussi présent dans le groupe de survivants. En effet, celui-ci est constitué de blancs, de noirs, d'hispaniques, d'asiatiques : il se veut représentatif du melting-pot américain et ce n'est pas un hasard si le méchant du groupe se révèle être une sorte de hell's angel blanc et raciste. Enfin, ce melting-pot a aussi pour intérêt de montrer que ce combat ne concerne pas que les occidentaux mais qu'il est mondial.
Tout au long des épisodes, d'autres valeurs sont mis en exergue comme celle du féminisme et de la résistance à l'oppression machiste, la responsabilité individuelle et la liberté de faire ses propres choix, le respect de la parole donnée, etc..
Ce téléfilm, qui reprend le mythe fondateur de la conquête de l'ouest, est pour moi enthousiasmant car il témoigne d'un monde nouveau qui tente, sur une planète en plein bouleversement, de se refonder sur des valeurs modernes et progressistes auxquelles je ne peux qu'adhérer.
Christophe BOMBLED
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