"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

mercredi 22 avril 2020

Le monde d’après ... le challenge ultime.

Pour reprendre, en préambule, ce que disait Agnès Sinaï, du journal Actu-Environnement, à l'époque de l’éruption du volcan Eyafjöll en 2010, "seule l'extrême densité énergétique du pétrole permet à l'avion d'atteindre la performance étonnante de son vol. L'aviation est entièrement tributaire du pétrole." A l’époque du monde d’avant, "le mythe d'Icare, emportant des touristes enchantés vers des destinations de rêve, conjurant les limites de l'espace et du temps, célébrant le droit à l'urgence et le nomadisme de plaisir, entretenait l'illusion d'une abondance sans limites" aux conséquences environnementales et climatiques qui souciaient finalement assez peu de monde. "Rien n'y fait. La paralysie momentanée du transport aérien ne suscite pas le vrai débat : celui d'un système qui engendre autant de liberté que de servitudes et qui, tôt ou tard, butera sur les limites des ressources fossiles."

Pourtant, aujourd’hui et à l’heure du Coronavirus, de ce que je peux lire, voir et entendre, il me semble qu'il y a un consensus scientifique pour dire que ce confinement de l'humanité est une bénédiction pour l'environnement, les milieux et les espèces. J'ai le sentiment que nous avons là l'image réelle ce qu'il nous faudrait faire, de façon pérenne, pour espérer contrer le réchauffement climatique, restaurer les milieux naturels et contrer l'effondrement de la biodiversité. Cela nous donne une bonne image des efforts drastiques et dramatiques (arrêt total de l'hyperconsommation, arrêt total du tourisme de masse, arrêt de la mondialisation capitaliste, retour au juste nécessaire, à la simplicité, acceptation du renoncement, questionnement sur l'utilité et sur l'importance que l'on donne à certaines activités, questionnement sur l'équité, sur la redistribution des richesses, ...) qu'il faudrait que l'humanité fasse, si elle veut se sauver. Cela donne une image du niveau d'arrêt qu'il faut atteindre pour préserver les dernières gouttes de ce précieux pétrole, énergie magique et unique, que des imbéciles gâchent dans des avions destinés à rejoindre d'immondes paquebots polluants comme des millions de voitures. Cela donne une image de la futilité des politiques des petits pas et des petits gestes et que si l'on veut vraiment agir alors il faut arriver à ce niveau d'arrêt des activités humaines. C'est dire notre capacité de nuisances que l'on peut vraiment mesurer, là, aujourd'hui. C'est dire le challenge qui est devant nous (reproduire la même chose, tout en permettant aux humains de vivre libres et épanouis). C'est dire les choix vertigineux qui sont devant nous. C'est dire la hauteur du mur que nous avons devant nous. C'est dire le temps que nous avons perdus, alors que nous alertons depuis 40 ou 50 ans en disant que plus on attendra, plus la marche sera haute. Aujourd'hui la marche est un mur. Ce n’est vraiment pas gagné.

"Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l'Homme, mais pas assez pour assouvir sa cupidité" disait le Mahatma Gandhi

Mais d’ores et déjà, "en raison de la crise due au coronavirus, les firmes françaises poussent le gouvernement et Bruxelles à revoir leur réglementation dans plusieurs domaines, comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre." titre le Monde. Par ailleurs la chute du cours du baril de pétrole est une mauvaise nouvelle pour le climat, une mauvaise nouvelle qui ne va pas donner, à qui que ce soit, l’envie d’investir dans la transition écologique mais, au contraire, va pousser possiblement le gouvernement à soutenir notre secteur pétrolier et plus seulement les grands groupes. Cela alors que soutenir l'industrie aérienne ou pétrolière c'est investir directement dans le réchauffement climatique et la dégradation de l'environnement. Sans oublier également que soutenir la pétro-agriculture, l'élevage intensif, l'industrie agro-alimentaire, l'industrie automobile, les banques privées, la mondialisation capitaliste, le tourisme de masse etc... c'est également investir directement dans le réchauffement climatique et la dégradation de l'environnement, des habitats et de la biodiversité. Investir dans le monde d'avant, comme nous le démontre notre accalmie environnementale actuelle, c'est se mettre une balle dans le pied.

Il est temps de penser à un autre mode de développement qui respect les équilibres naturels et écologiques et l'humanité, de penser à un autre mode de vie plus résilient, plus durable, plus solidaire et plus social. Ça urge !!!

Je n’ai aucune prétention de croire que ce sera facile, je n'ai aucune prétention de dire que de simples YAKA et FAUKON suffiront, mais je crois que l'on peut et que l'on doit être en droit de pouvoir attendre, de la part de ceux qui en ont le pouvoir, de l'imagination, de l'audace, de l'envie … la volonté de sortir du pragmatisme et du réalisme qui stérilise toutes les énergies. Nous sommes en droit de demander à nos responsables de faire tomber, comme ils savent si bien le faire aujourd'hui, pour sauver l'économie capitaliste, les dogmes de la doxa capitaliste, pour créer un monde écologique, social et solidaire. Jean-Marc Jancovici ne dit pas autre chose "Alors que le pays vient de franchir la barre d'un salarié sur deux au chômage partiel dans les entreprises (ce qui signifie, en pratique, que le taux de chômage atteint actuellement 50%), le Haut conseil pour le climat rappelle lui aussi qu'il faudrait que la relance ne se fasse pas "à l'identique", c'est à dire avec la même dépendance aux émissions de gaz à effet de serre." Et les citoyens, comme toujours, ont un rôle énorme dans cette affaire en refusant de retourner dans le monde d'avant, en utilisant leur pouvoir de non-achats, en s'engageant ouvertement et durablement pour la transition écologique et en cessant de voter pour des conservateurs. Si massivement les citoyens s'engagent les politiques suivront.


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