"Le motif de base de la résistance était l'indignation. Nous vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l'héritage de la résistance et ses idéaux. Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature des marchés financiers qui menacent la paix et la démocratie.

Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux."

Stéphane Hessel

jeudi 21 octobre 2010

Pénurie à la pompe : tirer des enseignements

Je remets ici, au propre, une réflexion que, faute de temps, je n'ai pas pu faire en Bureau Municipal le lundi 18 octobre 2010. Cette assemblée hebdomadaire rassemble élus et chefs de services, autrement dit les forces motrices de la municipalité. Elles me semblent donc être les personnes à sensibiliser et à convaincre en premier afin qu'elles relayent ensuite les idées auprès de leur personnel. Ce soir là je voulais rebondir sur l'actualité. Ce soir là je voulais rebondir sur cette pénurie de pétrole aux pompes à essence qui instaure un sentiment d'inquiétude chez nos compatriotes. Il aurait dû s'agir d'une suite au post que j'avais rédigé la veille, sur faceboock, et qui dénonçait le manque de réflexion des élus sur l'après pétrole en cette période de démonstration d'une situation plausible dans un futur très proche si nous n'anticipons pas le pic pétrolier dès maintenant.

Je suis toujours désolé et navré de voir que certaines situations ne débouchent pas sur un questionnement général afin d'anticiper des événements que nous savons proches à court et moyen termes. On peut, légitimement, penser que nous assistons actuellement à une répétition de ce que seront nos difficultés, dans une dizaine d'années, quand le pétrole ne sera plus ce liquide bon marché qui coule en abondance dans nos artères. Difficultés pour aller au travail, pour approvisionner les supermarchés, pour déplacer les services d'urgences (police, pompiers, ambulances) etc... Et à cette crise, quelle réponse ? Juste une solution de l'immédiat, aucune vision à long terme. La seule réaction que l'on entend c'est que l'on va forcer les barrages pour réouvrir des raffineries et que la situation redeviendra normale dans 3 à 4 jours, comme si notre modèle carboné était un modèle durable par excellence, qu'il ne devrait jamais péricliter et qu'il ne mériterait pas de modifications. Nous fermons les yeux, nous agissons "business as usual", pourvu que l'on puisse partir en vacances loin de notre quotidien et aller se dorer au soleil lors des prochain congés.

Mais mon désespoir de voir que la réflexion ne s'installe pas est modéré par l'inquiétude qui habite mes concitoyens car ceux-ci ne sont pas dupes. En effet en deux ou trois jours de pénurie, ils s'inquiètent de voir leur pétro-perfusion leur être retirée et se demandent, à juste titre, comment ils vont survivre. Ils sentent bien qu'ils ne pourront tenir, en l'état actuel de l'organisation de notre monde, sans pétrole ... même si, pour l'heure, cette crainte ne se porte que sur la motorisation de leurs voitures et non sur des conséquences plus importantes mais moins immédiatement perceptibles.

Je souhaiterais que nous comprenions, une bonne fois pour toute, et que nous ouvrions les yeux sur notre modèle qui ne peut être pérenne et que cette période de grève révèle. Et une fois de plus, ce sont les plus faibles et les plus pauvres, ceux qui, pour des raisons de loyers trop importants, sont obligés d'habiter loin de leur travail, ceux qui sont obligés d'utiliser leur voiture car ils travaillent de nuit et, qu'à ces heures, il n'y a pas de transports en commun, ceux qui ne pourront assumer la hausse des denrées alimentaires, ceux qui ne pourront plus se chauffer qui trinqueront en premier. Mais on en a cure, car ceux qui dirigent le monde ne font pas partie de cette catégorie de petites gens éternellement maltraitées par les puissants. Que crève la plèbe !

Il est donc de notre responsabilité, en tant que responsables politique, d'entamer une réelle réflexion pour de réelles actions modificatrices en vu d'un développement qui puisse être durable. Des milliers de personnes, des centaines d'associations et de villes ont expérimenté, avec succès, des solutions alternatives, nous permettant de dire que des solutions existent aujourd'hui, pourvu que nous en ayons la volonté politique. Ainsi le temps n'est plus à l'unique expérimentation mais à la mise en œuvre et à la généralisation de ces essais qui fonctionnent. Cette réflexion pour ne plus jamais entendre d'irresponsables paroles, d'optimistes béats et inconscients, dire qu'il ne sert à rien de s'inquiéter et que nous trouverons bien, le moment venu, des solutions. Nous avons tous, à notre échelle (c'est la raison d'être de mon engagement personnel) et à nos niveaux de responsabilités le devoir d'œuvrer à la construction d'une société qui saura anticiper ...

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